HB-F-Version-2019-2
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L’Association Médicale Mondiale, Inc.
Manuel des Politiques de l’AMM
Historique des versions
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© Association médicale mondiale
Version 2011, Montevideo; imprimée en Décembre 2011
Version 2012, Bangkok; imprimée en Octobre 2012
• Replacements
Code Titre abrégé
D-2002-04-2002 par
D-2002-04-2012
Technologies Médicales Innovantes (modifiée en 2012)
S-1956-01-2006 par
S-1956-01-2012
Conflit Armé (modifiée en 2012)
R-2002-05-2002 par
R-2002-05-2012
Utilisation Abusive de la Psychiatrie (modifiée en 2012)
• Suppression des politiques supprimées et archivées par la 63e
Assemblée générale
de l’AMM, Bangkok, Thaïlande, Octobre 2012
R-2002-03-2002 Services de Soins de Santé en Afghanistan
R-2002-04-2002 Organisation Panamericaine de la Santé
• Additions des politiques adoptées par la 63e
Assemblée générale de l’AMM,
Bangkok, Thaïlande, Octobre 2012
S-2012-01-2012 Cigarettes Electroniques
S-2012-02-2012 Actions Collectives de Médecins
S-2012-03-2012 Stérilisation Forcée et Contrainte
S-2012-04-2012 Don d’Organes et de Tissus
S-2012-05-2012 Immunisation
S-2012-06-2012 Violence dans le Secteur de la Santé
R-2012-01-2012 Prix Plancher pour l’Alcool
R-2012-02-2012 Emballage Neutre des Cigarettes
R-2012-03-2012 Peine Capitale
R-2012-04-2012 Professeur Cyril Karabus
Version 2013-1, Bali; imprimée en Avril 2013
• Replacements
Code Titre abrégé
D-1981-02-1999 par
D-1981-02-2010
Correction (en 2010, il a été réaffirmé, non modifié)
S-2003-02-2003 par
S-2003-02-2013
Directives Anticipees (réaffirmée en 2013)
R-2002-01-2002 par
R-2002-01-2013
Euthanasie (réaffirmée en 2013)
R-2003-01-2003 par
R-2003-01-2013
Journee Annuelle de l’Ethique Médicale
(réaffirmée en 2013)
Version 2013-2, Fortaleza; imprimée en Février 2014
• Replacements
Code Titre abrégé
D-1964-01-2008 par
D-1964-01-2013
Recherche Médicale impliquant les Etres Humains
(modifiée en 2013)
S-2003-01-2003 par
S-2003-01-2013
Investigatiods Médico-légales des Personnes Dispareus
(modifiée en 2013)
R-2002-06-2002 par
R-2002-06-2013
Droit des Femmes aux Soins de Santé
(modifiée en 2013)
• Suppression des politiques supprimées et archivées par la 64e
Assemblée de l’AMM,
Fortaleza, Brésil, Octobre 2013
R-2003-04-2003 SRAS
• Additions des politiques adoptées par la 64e
Assemblée générale de l’AMM,
Fortaleza, Brésil, Octobre 2013
S-2013-01-2013 Maladie Fongique
S-2013-02-2013 Papillomavirus Humain
S-2013-03-2013 Variante Naturelle de la Sexualité Humaine
S-2013-04-2013 Victimes de la Torture
S-2013-05-2013 Peine de Mort
R-2013-01-2013 Criminalisation de la Pratique Medicale
R-2013-02-2013 Situation Soins de Santé en Syrie
R-2013-03-2013 Interdiction des Armes Chimiques
R-2013-04-2013 Normalisation dans la Pratique Medicale et la
Securite du Patient
R-2013-05-2013 Soutien à l’AMB
Version 2014-1, Tokyo; imprimée en Juin 2014
• Replacements
Code Titre abrégé
R-2004-01-2004 par
R-2004-01-2014
WFME (réaffirmé en 2014)
Version 2014-2, Durban; imprimée en Janvier 2015
• Replacements
Code Titre abrégé
D-2002-01-2003 par
D-2002-01-2012
Armes Biologiques (réaffirmé en 2012)
D-2002-03-2002 par
D-2002-03-2012
Sécurité du Patient (réaffirmé en 2012)
S-2002-01-2002 par
S-2002-01-2012
Sécurite des Injections dans les Soins de Santé
(modifiée en 2012)
S-2002-02-2002 par
S-2002-02-2012
Automédication (réaffirmé en 2012)
S-2003-03-2003 par
S-2003-03-2014
Recrutement des Medecins au Niveau International
(modifiée en 2014)
S-2004-03-2004 par
S-2004-03-2014
Eau et Soins de Santé (modifiée en 2014)
R-2002-02-2002 par
R-2002-02-2012
Foeticide Féminin (réaffirmé en 2012)
R-2003-03-2003 par
R-2003-03-2014
Non-Commercialisation des Eléments Humains de
Reproduction (modifiée en 2014)
• Suppression des politiques supprimées et archivées par la 65e
Assemblée de l’AMM,
Durban, Afrique du Sud, Octobre 2014
S-2004-01-2004 Communication et Coordination des Urgences Sanitaires
• Additions des politiques adoptées par la 65e
Assemblée générale de l’AMM,
Durban, Afrique du Sud, Octobre 2014
D-2014-01-2014 Protection du Personnel de Santé
S-2014-01-2014 Traitements Esthétiques
S-2014-02-2014 Pollution de l’air
S-2014-03-2014 Confinement Solitaire
R-2014-01-2014 Maladie Virale Ebola
R-2014-02-2014 Santé et la Sécurité des Travailleurs Migrants au Qatar
R-2014-03-2014 Virus Ebola
Version 2015-1, Oslo; imprimée en Juin 2015
• Replacements
Code Titre abrégé
D-1981-01-2005 par
D-1981-01-2015
Lisbonne (Droits du Patient) (réaffirmé en 2015)
D-1987-01-2005 par
D-1987-01-2015
Euthanasie (réaffirmé en 2015)
D-1989-01-2005 par
D-1989-01-2015
Hong Kong (Mauvais Traitements des Personnes Agées)
(réaffirmé en 2015)
S-2005-02-2005 par
S-2005-02-2015
Substitution des Médicaments (réaffirmé en 2015)
S-2005-04-2005 par
S-2005-04-2015
Réforme sur la Responsabilité Médicale (réaffirmé en
2015)
R-1988-01-2005 par
R-1988-01-2015
Sanctions ou Boycotts Académiques (réaffirmé en 2015)
Version 2015-2, Moscou; imprimée en Janvier 2018
• Replacements
Code Titre abrégé
S-2011-04-2011 par
D-2011-04-2015
Déterminants Sociaux de la Santé (adopté en 2011 et
changé de titre (S à D) en 2015)
S-1995-02-2006 par
S-1995-02-2015
Patients atteints de Maladie Mentale (modifié en 2015)
S-1985-01-2005 par
S-1985-01-2015
Non-Discrimination vis-à-vis des Medecin en matière
d’Affiliation et d’Activités professionnelles (modifié en
2015)
S-1998-01-2008 par
S-1998-01-2015
Armes Nucléaires (modifié en 2015)
R-1999-01-1999 par
R-1999-01-2015
Programme des écoles de Médecine du monde entier
(modifié en 2015)
• Additions des politiques adoptées par la 65e
Assemblée générale de l’AMM,
Moscou, Russie, Octobre 2015
D-2015-01-2015 Alcool
S-2015-01-2015 Santé Mobile
S-2015-02-2015 Bien-être des Médecins
S-2015-03-2015 Aide fournie aux Enfants des Rues
S-2015-04-2015 Agents Chimiques anti-émeutes
S-2015-04-2015 Riot Control Agents
S-2015-05-2015 Personnes Transsexuelles
S-2015-06-2015 Carence en Vitamine D
S-2015-07-2015 Interventions Médiatiques promotionnelles des
Médecins
R-2015-01-2015 Soins de santé en Turquie
R-2015-02-2015 Bombardement de l’Hopital de MSF à Kunduz
R-2015-03-2015 Crise Mondiale des Réfugiés
Version 2016-1, Buenos Aires, Argentine; imprimée en Janvier 2019
• Replacements
Code Titre abrégé
S-1988-04-2006 par
S-1998-04-2016
Questions Environnnementales (réaffirmé en 2016)
S-1989-01-2006 par
S-1989-01-2016
Utilisation des Animaux dans la Recherche Biomédicale
(réaffirmé en 2016)
S-1993-03-2006 par
S-1993-03-2016
Protection des Intérêts du Patient (réaffirmé en 2016)
R-2006-02-2006 par
R-2006-02-2016
Sécurité des Enfants pendant les Voyages en Avion
(réaffirmé en 2016)
R-2006-04-2006 par
R-2006-04-2016
Essais Nucléaires de la Corée du Nord (réaffirmé en
2016)
Version 2016-2, Taipei, Taiwan; imprimée en Janvier 2019
• Replacements
Code Titre abrégé
D-1968-01-2006 par
D-1968-01-2016
Détermination de la Mort (modifié en 2016)
D-1975-01-2006 par
D-1975-01-2016
Détention et Emprisonnement (modifié en 2016)
D-2002-02-2002 par
D-2002-02-2016
Bases de données sur la santé et les biobanques
(modifié en 2016)
S-1984-01-2006 par
S-1984-01-2016
Mauvais Traitements et Négligence envers les Enfants
(modifié en 2016)
S-1990-01-2006 par
S-1990-01-2016
Contrôle des Accidents (modifié en 2016)
S-1990-04-2006 par
S-1990-04-2016
Accidents de la Route (modifié en 2016)
S-1991-01-2006 par
S-1991-01-2016
Suicide et Adolescents (modifié en 2016)
S-1992-01-2006 par
S-1992-01-2016
Alcool et Sécurité Routière (modifié en 2016)
S-1993-01-2005 par
S-1993-01-2016
Fouille Corporelle de Prisonniers (modifié en 2016)
S-1993-02-2005 par
S-1993-02-2016
Mutilation Génitale Féminine (modifié en 2016)
S-1995-04-2006 par
S-1995-04-2016
Santé Publique (modifié en 2016)
S-1996-05-2006 par
S-1996-05-2016
Armes de Guerre (modifié en 2016)
S-2006-05-2006 par
S-2006-05-2016
Obésité(modifié en 2016)
S-2006-06-2006 par
S-2006-06-2016
Abus d’Opiacés et de Psychotropes (modifié en 2016)
CR-2005-05-2005
par R-2005-05-2016
Tabac-OMS FCTC (modifié en 2016)
CR-2016-01-2016
par R-2016-03-2016
Réfugiés et les Migrants (adoptée en tant que
Résolution du Conseil en avril 2016 et adoptée en tant
que Résolution en octobre 2016)
CR-2016-02-2016
par R-2016-04-2016
Infection par le Virus Zika (adoptée en tant que
Résolution du Conseil en avril 2016 et adoptée en tant
que Résolution en octobre 2016)
• Suppression des politiques supprimées et archivées par la 67e
Assemblée de l’AMM,
Taipei, Taiwan, Octobre 2016
R-2006-03-2006 VIH/SIDA
• Additions des politiques adoptées par la 67e
Assemblée générale de l’AMM,
Taipei, Taiwan, Octobre 2016
Code Titre abrégé
S-2016-01-2016 Vieillissement
S-2016-02-2016 Attaques cybernétiques des infrastructures de santé
S-2016-03-2016 Désinvestissement des énergies fossiles
S-2016-04-2016 Stages de médecine dans le monde
S-2016-05-2016 Obésité des enfants
R-2016-01-2016 Etablissements de santé et du personnel en Syrie
R-2016-02-2016 Santé et la sécurité au travail et dans l’environnement
Version 2017-1, Livingstone, Zambia; imprimée en Janvier 2019
• Replacements
Code Titre abrégé
R-2007-01-2007 par
R-2007-01-2017
Droits Humains au Zimbabwe (réaffirmé en 2017)
Version 2017-2, Chicago, United States; imprimée en Janvier 2019
• Replacements
Code Titre abrégé
D-1948-01-2006 par
D-1948-01-2017
Genève (modifié en 2017)
D-1991-01-2006 par
D-1991-01-2017
Grévistes de la Faim (modifié en 2017)
D-1997-02-2007 par
D-1997-02-2017
Refuser la Torture (réaffirmé en 2017)
D-2009-01-2009 par
D-2009-01-2017
Changements Climatiques (modifié en 2017)
D-2015-01-2015 par
D-2015-01-2017
Alcool (modifié en 2017)
S-1983-01-2005 par
S-1983-01-2017
Boxe (modifié en 2017)
S-1984-01-2016 par
S-1984-01-2017
Mauvais Traitements et Négligence envers les Enfants
(modifié en 2017)
S-1988-02-2006 par
S-1988-01-2017
Accès aux Soins de Santé (modifié en 2017)
S-1992-05-2007 par
S-1992-05-2017
Pollution Sonore (réaffirmé en 2017)
S-1994-01-2006 par
S-1994-01-2017
Catastrophes (modifié en 2017)
S-1996-04-2007 par
S-1996-04-2017
Droit des Femmes et planning Familial (réaffirmé en
2017)
S-2004-03-2014 par
S-2004-03-2017
Eau et Soins de Santé (modifié en 2017)
S-2006-03-2006 par
S-2006-03-2017
VIH/SIDA et la Profession Médicale (modifié en 2017)
S-2006-04-2006 par
S-2006-04-2017
Formation Médicale (modifié en 2017)
S-2012-04-2012 par
S-2012-04-2017
Don d’Organes et de Tissus (modifié en 2017)
R-1997-02-2007 par
R-1997-01-2017
Embargos Economiques et Santé (réaffirmé en 2017)
R-2006-01-2006 par
R-2006-01-2017
Voyages en Avion (modifié en 2017)
R-2006-05-2006 par
R-2006-05-2017
Tuberculose (modifié en 2017)
R-2007-02-2007 par
R-2007-02-2017
Associations Médicales en Amérique Latine et aux
Caraïbes (réaffirmé en 2017)
• Suppression des politiques supprimées et archivées par la 68e
Assemblée de l’AMM,
Chicago, United States, Octobre 2017
Code Titre abrégé
S-1997-01-2007 Rapporteur des NU sur l’Indépendance et l’Intégrité des
Professionnels de Santé
S-2005-01-2005 Alcoolisme sur la Santé et la Société
R-2012-01-2012 Prix Plancher à l’Unité pour l’Alcool
• Additions des politiques adoptées par la 68e
Assemblée générale de l’AMM,
Chicago, United States, Octobre 2017
D-2017-01-2017 Qualité de la formation médicale initiale
D-2017-02-2017 Commerce équitable de fournitures médicales
S-2017-01-2017 lntimidation et le harcèlement au sein de la profession
S-2017-02-2017 Conflits armés
S-2017-03-2017 Thérapeutique du cannabis
S-2017-04-2017 Coopération des AMN pendant un conflit ou dans la
période suivant un conflit
S-2017-05-2017 Épidémies et pandémies
S-2017-06-2017 Lutte contre l’exploitation dans le cadre des adoptions
R-2017-01-2017 Pologne
R-2017-02-2017 Examens anaux forcés
S-2017-04-2017
Version 2018-1, Riga, Lettonie; imprimée en Janvier 2019
• Replacements
Code Titre abrégé
R-1998-05-2008 par
R-1998-01-2018
Convention d’Ottawa (réaffirmé en 2018)
Version 2018-2, Reykjavik, Iceland; imprimée en Janvier 2019
• Replacements
Code Titre abrégé
D-2008-01-2008 par
D-2008-01-2018
Autonomie Professionnelle et l’Indépendance Clinique
(modifié en 2018)
D-1970-01-2006 par
S-1970-01-2018
Interruption médicale de grossesse (changé de nom et
modifié en 2018)
S-1997-02-2007 par
S-1997-02-2018
Médecins reconnus coupables de génocide ou crimes
(changé de nom et modifié en 2018)
S-1998-01-2015 par
S-1998-01-2018
Armes Nucléaires (modifié en 2018)
S-2006-02-2006 par
S-2006-02-2018
Pandémie de Grippe Aviaire (modifié en 2018)
S-2007-02-2007 par
S-2007-01-2018
Télémédecine (modifié en 2018)
S-2008-02-2008 par
S-2008-02-2018
Mercure (réaffirmé en 2018)
S-2010-01-2010 par
S-2010-01-2018
Dégradation de l’Environnement (modifié en 2018)
R-2008-03-2008 par
R-2008-01-2018
Médecine Vétérinaire (réaffirmé en 2018)
• Suppression des politiques supprimées et archivées par la 69e
Assemblée de l’AMM,
Reykjavik, Iceland, Octobre 2018
S-1996-03-2006 Responsabilité Professionnelle
R-1981-01-2008 Peine Capitale
R-2008-01-2008 Crise Économique
R-2008-02-2008 Pavots à des Fins Médicales en Afghanistan
• Additions des politiques adoptées par la 69e
Assemblée générale de l’AMM,
Reykjavik, Iceland, Octobre 2018
S-2018-01-2018 Médicaments biosimilaires
S-2018-02-2018 Carnet de santé maternelle et infantile
S-2018-03-2018 Place des femmes dans la médecine
S-2018-04-2018 Tourisme médical
S-2018-05-2018 Développement durable
R-2018-01-2018 Migrations
R-2018-02-2018 Peine Capitale
Version 2019-1, Santiago, Chili; imprimée en Mai 2019
• Replacements
Code Titre abrégé
S-1999-01-2009 par
S-1999-01-2019
Dépôts de Brevet pour les Procédures Médicales
(réaffirmé en 2019)
R-2009-03-2009 par
R-2009-03-2019
Transfert de Tâches (réaffirmé en 2019)
S-2012-05-2012 par
S-2012-05-2019
Immunisation (réaffirmé en 2019)
Version 2019-2, Tbilissi, Georgie; imprimée en Février 2020
• Replacements
Code Titre abrégé
D-1997-01-2009 par
D-1997-01-2019
Amélioration de la Qualité des Soins de Santé (réaffirmé
avec révision mineure en 2019)
D-2009-02-2009 par
D-2009-02-2019
Régulation assurée par la Profession (modifié en 2019)
S-1996-01-2008 par
S-1996-01-2019
Résistance aux Antimicrobiens (changé de nom et
modifié en 2019)
S-2003-04-2008 par
S-2003-04-2019
Violence et Santé (modifié en 2019)
S-2005-03-2009 par
D-2005-01-2019
Génétique et Médecine (changé de nom et de titre (s à
D) et modifié en 2019)
S-2008-01-2008 par
S-2008-01-2019
Consommation Alimentaire de Sel (modifié en 2019)
S-2014-03-2014 par
S-2014-03-2019
Isolement Cellulaire (modifié en 2019)
R-1997-03-2008 par
S-1997-03-2019
Accès aux Soins de Santé des Femmes et des Enfants
(changé de titre (R à S) et modifié en 2019)
R-2002-02-2012 par
S-2002-03-2019
Foeticide Féminin (changé de nom et de titre (R à S) et
modifié en 2019)
R-2009-01-2009 par
R-2009-01-2019
Législation contre l’Avortement au Nicaragua (modifié
en 2019)
CR-2003-01-2003
par D-2003-01-2019
Droit et l’Ethique (adoptée en tant que Résolution du
Conseil en 2003 et adoptée en tant que Déclaration en
2019)
• Suppression des politiques supprimées et archivées par la 70e
Assemblée de l’AMM,
Tbilissi, Georgie, Octobre 2019
Code Short Title
D-1987-01-2015 Euthanasie
S-1992-06-2015 Suicide Médicalement Assisté
R-1998-03-2009 Investissements dans la Santé Publique
R-2002-01-2013 Euthanasie
• Additions des politiques adoptées par la 70e
Assemblée générale de l’AMM, Tbilissi,
Georgie, Octobre 2019
D-2019-01-2019 Euthanasie et le Suicide Médicalement Assisté
S-2019-01-2019 Intelligence Artificielle ou Augmentée dans les Soins
Médicaux
S-2019-02-2019 Consommation des Sucres
S-2019-03-2019 Nécessité pour tous de recevoir des Informations de
Santé
S-2019-04-2019 Demandeurs d’asile Mineurs non accompagnés
R-2019-01-2019 Urgence Climatique
R-2019-02-2019 Recommandation de l’OMS sur l’Emploi d’Opiacés
L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
PREFACE
Avant la fin de la seconde guerre mondiale, un certain nombre d’associations médicales se
réunirent à Londres pour réinventer une approche de la collaboration internationale entre
médecins. Le vieux modèle représenté avant la guerre par “Association Professionnelle
Internationale des Médecins” (APIM), ne répondait désormais plus aux besoins de la pro-
fession médicale. L’heure était venue d’innover.
Après seulement deux ans de préparation, 27 Associations Médicales Nationales se ren-
contrèrent à Paris, le 18 septembre 1947 pour l’inauguration d’une nouvelle association
mondiale de médecins, l’Association Médiale Mondiale (AMM). La première Assemblée
eut lieu parallèlement au procès des médecins nazis à Nuremberg qui était un moteur
essentiel pour la nouvelle AMM. Cette terrible période de l’histoire de la médecine im-
posait à l’Association de devenir une voix faisant autorité en matière de normes mondiales
pour l’éthique médicale et la conduite professionnelle et donc d’aller au delà de la défense
des intérêts de la profession.
A la fin des années 1940, coordonner une organisation internationale n’était pas une chose
facile. Il n’y avait ni internet, ni e-mail, ni téléphone portable, ni PC, ni fax ni même de
photocopieur. Pour participer à une assemblée, beaucoup de médecins devaient faire un
voyage intercontinental de plus jours et traverser des pays profondément dévastés en train,
en bateau et seulement dans des circonstances exceptionnelles par avion. Néanmoins les
membres fondateurs de l’AMM, motivés par leur vision, n’étaient pas effrayés par les défis
auxquels ils étaient confrontés. Aujourd’hui cette vision ainsi que les idéaux et les objec-
tifs communs demeurent d’actualité. Notre tâche est de les poursuivre.
Le Manuel des politiques de l’AMM démontre la constante implication de la profession
médicale mondiale. Aujourd’hui l’AMM a pris de l’ampleur, est plus solide et plus active
que jamais. Notre manuel traduit la synergie existante entre les médecins depuis plus de
50 ans, synergie visant à fournir des directives éthiques, un soutien moral et des conseils
pratiques aux confrères dans l’exercice de leur métier afin qu’ils servent au mieux les
intérêts de leurs patients. De la Déclaration de Genève, souvent considérée comme étant le
“Serment d’Hippocrate” moderne, à la Déclaration d’Helsinki s’adressant aux médecins
impliqués dans la recherche médicale sur les êtres humains, à la Déclaration de Tokyo
interdisant la participation des médecins à des actes de torture ou à des traitements dé-
gradants – pour ne citer que quelques politiques phares de l’AMM – l’assistance fournie
par l’AMM conserve toute son utilité.
Il existe beaucoup d’autres politiques dans le monde traitant de la conduite des médecins,
bon nombre d’entre elles tentant d’être “modernes”, “très lisibles” et “politiquement cor-
rectes”. L’AMM n’a jamais capitulé face à l’esprit du temps et a vigoureusement défendu
ses valeurs, les plus importantes étant la délivrance de soins, l’éthique et la science.
Sir William Osler a déclaré : “La délivrance de soins étant la chose la plus importante,
elle doit être une priorité pour vous car des médecins bienveillants sont les plus grands
porteurs d’espoir et de confiance”. L’espoir et la confiance sont à la base de tous les traite-
L’Association Médicale Mondiale
ments. Un médecin n’inspirant pas la confiance sera confronté à davantage de défis que
celui bénéficiant de la confiance des patients. Un patient ayant l’espoir est bien mieux
armé qu’un patient sans espoir.
La délivrance de soins doit toutefois aller de paire avec l’éthique médicale et une conduite
correcte. Les médecins sont souvent confrontés à des questions de vie et de mort, d’allo-
cations de ressources et de double loyauté lorsque simultanément ils s’occupent d’un patient
individuel et respectent les besoins de la communauté ou de la population. Les questions
sont souvent trop difficiles et les problèmes trop lourds pour une seule personne. Nous
sommes loin d’avoir une réponse à toutes ces questions mais l’AMM peut souvent ap-
porter une aide éthique protégeant les patients, supportant les médecins et tenant compte
des intérêts de la communauté et de la population auxquelles appartiennent ces médecins.
Enfin, la science est ce qui distingue la médecine de la bonté bien intentionnée. En méde-
cine, des soins de qualité et une conduite éthique sont indissociables d’une science de
qualité. En dépit de notre quête sincère et permanente de toujours plus de connaissances
scientifiques, de compréhension et de solutions, nous ne serons jamais à l’abri d’erreurs.
Exercer la médecine en respectant fidèlement des préceptes éthiques clairs est ce que nous
pouvons faire de mieux.
Ce nouveau manuel*
renferme une grande partie de ces préceptes. Il prouve notre engage-
ment permanent auprès de nos confrères et de nos patients dans les différentes régions du
monde, quels qu’ils soient et où qu’ils soient. C’est un document vivant et l’AMM con-
tinuera de l’améliorer et de l’enrichir, au service de la profession et de la santé de ceux que
nous servons en tant que médecins.
J. Edward Hill Otmar Kloiber
Président du Conseil Secrétaire Général
Wonchat Subchaturas
Président 2010-2011
*
L’Association médicale mondiale remercie chaleureusement l’Association médicale
coréenne d’avoir soutenu le travail de Mme Seong Mi Lee dans les bureaux de l’AMM
à Ferney-Voltaire, fournissant ainsi une aide précieuse dans le rassemblement des poli-
tiques de l’association.
Ordre Chronologique
Manuel des Politiques de l’AMM
TABLE DES MATIÈRES
– Ordre Chronologique –
DECLARATIONS
D-1948-01-2017
D-1949-01-2006
D-1964-01-2013
D-1968-01-2016
D-1975-01-2016
D-1981-01-2015
D-1981-02-2010
D-1983-01-2006
D-1989-01-2015
D-1991-01-2017
D-1997-01-2019
D-1997-02-2017
D-1998-01-2009
D-2000-01-2011
D-2002-01-2012
D-2002-02-2016
D-2002-03-2012
D-2002-04-2012
Déclaration de Genève ……………………………………………………………………………….
Code International d’Éthique Médicale de l’AMM ………………………………………….
Déclaration d’Helsinki de l’AMM – Principes éthiques applicables à la
recherche médicale impliquant des êtres humains – …………………………………
Déclaration de Sydney de l’AMM sur la Détermination de la
Mort et la Récuperation des Organes ………………………………………………………
Déclaration de Tokyo de l’AMM – Directives à l’intention des médecins en ce
qui concerne la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains
ou dégradants en relation avec la détention ou l’emprisonnement – ………….
Déclaration de Lisbonne de l’AMM sur les Droits du Patient …………………………..
Déclaration de l’AMM sur les Principes Régissant les
Soins de Santé en Médecine Sportive ………………………………………………………
Déclaration de Venise de l’AMM sur la Phase Terminale de la Maladie …………….
Déclaration de Hong Kong de l’AMM sur les Mauvais Traitements des
Personnes Agées …………………………………………………………………………………..
Déclaration de Malte de l’AMM sur les Grévistes de la Faim …………………………..
Déclaration de l’AMM Sur les Directives pour L’Amélioration Continuelle de la
Qualité des Soins de Santé ……………………………………………………………………..
Déclaration de Hambourg de l’AMM sur le Soutien aux Médecins qui
Refusent toute Participation ou Caution à l’Utilisation de la
Torture ou autre Forme de Traitement Cruel, Inhumain ou Dégradant ………..
Déclaration d’Ottawa de l’AMM sur la santé des enfants ……………………………….
Déclaration d’Edimbourg de l’AMM sur les Conditions Carcérales et la
Propagation de la Tuberculose et Autres Maladies Transmissibles ………………
Déclaration de Washington de L’AMM sur les Armes Biologiques ……………………
Déclaration de l’AMM sur les considérations éthiques concernant les
bases de données de santé …………………………………………………………………….
Déclaration de l’AMM sur la Sécurité du Patient ……………………………………………
Déclaration de l’AMM sur l’ethique Medicale et les
Technologies Medicales Innovantes ………………………………………………………..
Table des Matiéres
Déclaration de l’AMM sur la Relation entre le Droit et l’Éthique ………………………
Déclaration de Reykjavik de l’AMM-Considérations éthiques relatives à
l’Utilisation de la Génétique dans les soins de Santé ………………………………….
Déclaration de Séoul de l’AMM sur l’Autonomie Professionnelle et
l’Indépendance Clinique ………………………………………………………………………..
Déclaration de l’AMM de Delhi sur la santé et les changements climatiques …….
Déclaration de l’AMM sur la Régulation Assurée par la Profession …………………..
Déclaration de Montevideo de l’AMM sur
la Préparation aux Catastrophes et sur la Réponse Médicale ……………………..
Déclaration de l’AMM sur les Soin Medicaux en Fin de Vie ……………………………..
Déclaration de l’AMM sur le Contrôle de la Lepre dans le Monde et
la Suppression de Toute Discrimination contre
les Personnes Affectees par la Lepre ……………………………………………………….
Déclaration de l’AMM sur les Déterminants Sociaux de la Santé ……………………..
Déclaration de l’AMM sur la protection du personnel de santé dans les
situations d’urgence ………………………………………………………………………………
Déclaration de l’AMM sur l’Alcool…………………………………………………………………
Déclaration de Chicago de l’AMM sur la Qualité de la formation médicale ………..
Déclaration de l’AMM sur le Commerce equitable de produits
et de fournitures médicales ……………………………………………………………………
Déclaration de l’AMM sur l’Euthanasie et le Suicide médicalement assisté ……….
PRISE DE POSITION
Règles de l’AMM en temps de conflit armé et
dans d’autres situations de violence ………………………………………………………..
Prise de Position de l’AMM sur l’Interruption médicale de Grossesse ……………….
Déclaration de l’AMMsur la Boxe ………………………………………………………………..
Prise de Position de l’AMM sur les Mauvais Traitements et la
Négligence envers les Enfants ………………………………………………………………..
Déclaration de l’AMM sur la Liberté de Participer aux Réunions Médicales ………
Déclaration de l’AMM sur la Non Discrimination vis-à-vis des
Médecins en Matiere d’Affiliation et d’Activites Professionnelles ……………….
Prise de Position de l’AMM sur l’Accès aux Soins de Santé ……………………………..
Déclaration de l’AMM sur le Rôle des Médecins dans les
Questions environnnementales ………………………………………………………………
Prise de Position de l’AMM sur les Risques pour la Santé des
D-2003-01-2019
D-2005-01-2019
D-2008-01-2018
D-2009-01-2017
D-2009-02-2019
D-2011-01-2011
D-2011-02-2011
D-2011-03-2011
D-2011-04-2015
D-2014-01-2014
D-2015-01-2017
D-2017-01-2017
D-2017-02-2017
D-2019-01-2019
S-1956-01-2012
S-1970-01-2018
S-1983-01-2017
S-1984-01-2017
S-1984-02-1984
S-1985-01-2015
S-1988-01-2017
S-1988-04-2016
Ordre Chronologique
Manuel des Politiques de l’AMM
S-1988-05-2011
S-1989-01-2016
S-1990-01-2016
S-1990-04-2016
S-1991-01-2016
S-1992-01-2016
S-1992-05-2017
S-1993-01-2016
S-1993-02-2016
S-1993-03-2016
S-1994-01-2017
S-1995-02-2015
S-1995-04-2016
S-1996-01-2019
S-1996-02-2010
S-1996-04-2017
S-1996-05-2016
S-1997-01-2007
S-1997-02-2018
S-1997-03-2019
S-1998-01-2018
S-1998-02-2010
S-1999-01-2019
S-1999-02-2010
Produits Dérivés du Tabac ……………………………………………………………………..
Prise de Position de l’AMM sur l’Utilisation des Animaux dans la
Recherche Biomédicale ………………………………………………………………………….
Prise de Position de l’AMM sur le Contrôle des Accidents ………………………………
Déclaration de l’AMM sur les Accidents de la Route ………………………………………
Déclaration de l’AMM sur les Adolescents et le Suicide ………………………………….
Déclaration de l’AMM sur la Sécurité Routière et l’Alcool ……………………………….
Prise de Position de l’AMM sur la Pollution sonore ………………………………………..
Déclaration de l’AMM sur la Fouille Corporelle de Prisonniers ………………………..
Déclaration de l’AMM sur la Mutilation Génitale Féminine …………………………….
Prise de Position de l’AMM sur la Protection des Intérêts du Patient ……………….
Prise de Position de l’AMM sur l’Éthique Médicale dans les
Situations de Catastrophes …………………………………………………………………….
Prise de Position de l’AMM sur les Problèmes Éthiques concernant les
Patients atteints de Maladie Mentale ……………………………………………………..
Prise de Position de l’AMM sur les Médecins et la Santé Publique …………………..
Prise de Position de l’AMM sur la la Résistance aux Antimicrobiens …………………
Prise de Position de l’AMM sur la Violence dans la Famille ……………………………..
Prise de Position de l’AMM sur le Planning familial et le Droit des
Femmes à la Contraception ……………………………………………………………………
Prise de Position de l’AMM sur les Armes de Guerre et leur Relation à la
Vie et à la Santé ……………………………………………………………………………………
Proposition de l’AMM de Création à l’ONU d’un Poste de Rapporteur sur
l’Indépendance et l’Intégrité des Professionnels de Santé ………………………….
Prise de Position de l’AMM relative aux Médecins reconnus coupables de
Genocide, Crimes de Guerre ou Crimes contre l’Humanité ………………………….
Prise de Position de l’AMM sur l’Accès aux Soins de santé des Femmes et des
Enfants …………………………………………………………………………………………………
Prise de Position de l’AMM sur les Armes Nucléaires ……………………………………..
Prise de Position de l’AMM sur les Soins Médicaux aux Refugiés,
dont les Demandeurs d’Asile, les Demandeurs d’Asile Non Admis et les
Migrants sans Papiers ainsi que les Personnes Déplacées en Interne …………..
Prise de Postion de l’AMM sur les Dépôts de Brevet pour les
Procédures Médicales ……………………………………………………………………………
Prise de Position de l’AMM sur les Relations de Travail entre Médecins et
Pharmaciens dans le Cadre du Traitement Pharmacologique ……………………..
Prise de position de l’AMM sur la Sécurite des Injections dans les
Table des Matiéres
S-2002-01-2012
S-2002-02-2012
S-2002-03-2019
S-2003-01-2013
S-2003-02-2013
S-2003-03-2014
S-2003-04-2019
S-2004-02-2009
S-2004-03-2017
S-2005-02-2015
S-2005-04-2015
S-2006-01-2006
S-2006-02-2018
S-2006-03-2017
S-2006-04-2017
S-2006-05-2016
S-2006-06-2016
S-2007-02-2018
S-2008-01-2019
S-2008-02-2018
S-2009-01-2009
S-2009-02-2009
S-2009-03-2009
S-2009-04-2009
S-2010-01-2018
S-2011-01-2011
Soins de Santé ………………………………………………………………………………………
Prise de Position de l’AMM sur l’Automédication ………………………………………….
Prise de Position de l’AMM sur l’Avortement Sexo-Sélectif et le Foeticide
Féminin ………………………………………………………………………………………………..
Prise de Position de L’AMM sur les
Investigations Médico-Légales de Disparus ………………………………………………
Prise de Position de l’AMM sur les Directives Anticipées (“Living Wills”) …………..
Prise de Position de L’AMM sur les Directives Ethiques pour le
Recrutement des Medecins au Niveau International …………………………………
Prise de Position de l’AMM sur la Violence et la Santé ……………………………………
Prise de Position de l’AMM concernant les Relations entre Médecins et
Entreprises commerciales ………………………………………………………………………
Prise de Position de l’AMM sur l’Eau et les Soins de Santé ………………………………
Prise de Position de l’AMM sur la Substitution des Médicaments ……………………
Prise de Position de l’AMM concernant la Réforme sur la
Responsabilité Médicale ………………………………………………………………………..
Prise de Position de l’AMM sur les Technologies de Procréation Assistée …………
Déclaration de l’AMM sur la Pandémie de Grippe Aviaire ……………………………….
Prise de Position de l’AMM sur le VIH/SIDA et la Profession Médicale ……………..
Prise de Position de l’AMM sur la Formation Médicale …………………………………..
Prise de Position de l’AMM sur le Rôle du Médecin dans l’Obésité …………………..
Prise de Position de l’AMM sur les Responsabilités des Médecins dans la
Prévention et le Traitement des Abus d’Opiacés et de Psychotropes …………..
Prise de Position de l’AMM sur l’Ethique en Télémédecine ……………………………..
Prise de Position de l’AMM sur la Réduction de la
Consommation alimentaire de Sel …………………………………………………………..
Prise de Position de l’AMM sur la Réduction du Fléau Mondial du Mercure ……..
Prise de Position de l’AMM sur le Conflit d’Intérêts ……………………………………….
Prise de position de l’AMM sur la recherche sur les
cellules souches embryonnaires ……………………………………………………………..
Prise de position de l’AMM sur les Inégalités en Matière de Santé …………………..
Prise de Position de l’AMM sur les Principes Directeurs pour l’Utilisation de la
Télésanté dans les Soins Médicaux ………………………………………………………….
Prise de Position de l’AMM sur la Dégradation de l’Environnement et
sur une Bonne Gestion des Produits Chimiques ………………………………………..
Prise de Position de l’AMM sur le Fleau Mondial des Maladies Chroniques ………
Recommandation sur la Mise au Point de Signalement Permettant de
Ordre Chronologique
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2011-02-2011
S-2011-03-2011
S-2011-05-2011
S-2012-01-2012
S-2012-02-2012
S-2012-03-2012
S-2012-04-2017
S-2012-05-2019
S-2012-06-2012
S-2013-01-2013
S-2013-02-2013
S-2013-03-2013
S-2013-04-2013
S-2013-05-2013
S-2014-01-2014
S-2014-02-2014
S-2014-03-2019
S-2015-01-2015
S-2015-02-2015
S-2015-03-2015
S-2015-04-2015
S-2015-05-2015
S-2015-06-2015
S-2015-07-2015
verifier l’Adhesion des Etats a la Déclaration de Tokyo ………………………………
Prise de Position de l’AMM sur la Protection et
l’Integrite du Personnel Medical dans les Conflits Armes et
Autres Situations de Violence …………………………………………………………………
Prise de Position de l’AMM sur l’Ethique Professionelle et
l’Usage Ethique des Medias Sociaux ………………………………………………………..
Prise de Position de l’AMM sur les Cigarettes Electroniques et
Autres Systèmes d’Administration Electronique ………………………………………..
Prise de Position de l’AMM sur les Implications Ethiques des
Actions Collectives de Médecins ……………………………………………………………..
Prise de Position de l’AMM sur la Stérilisation Forcée et Contrainte ………………..
Prise de Position de l’AMM sur le Don d’Organes et de Tissus ………………………….
Prise de Position de l’AMM sur L’immunisation …………………………………………….
Prise de Position de l’AMM sur la Violence dans le Secteur de la
Santé de la part des Patients et des Personnes Proches …………………………….
Prise de Position de l’AMM sur le diagnostic et la
prise en charge de la maladie fongique ……………………………………………………
Prise de position de l’AMM sur la vaccination
contre le papillomavirus humain ……………………………………………………………..
Prise de Position de l’AMM sur les orientations naturelles de la
sexualité humaine …………………………………………………………………………………
Prise de position de l’AMM sur le droit à la réhabilitation des
victimes de torture ………………………………………………………………………………..
Prise de Position de l’AMM sur la Résolution des Nations Unies pour un
moratoire sur le recours à la peine de mort ……………………………………………..
Prise de Position de l’AMM sur les Traitements Esthétiques ……………………………
Prise de Position de l’AMM sur la Prévention de la
Pollution de l’air due Aux Émissions des Véhicules …………………………………….
Prise de Position de l’AMM sur l’isolement Cellulaire …………………………………….
Prise de Position de l’AMM sur la Santé Mobile ……………………………………………..
Prise de Position de l’AMM sur le Bien-être des Médecins ………………………………
Prise de Position de l’AMM sur l’Aide fournie aux enfants des rues…………………..
Prise de Position de l’AMM sur les Agents chimiques Anti-émeutes ………………….
Prise de Position de l’AMM sur les Personnes Transsexuelles …………………………..
Prise de Position de l’AMM sur la Carence en Vitamine D ………………………………..
Directives de l’AMM pour les Interventions Médiatiques promotionnelles
des Médecins ………………………………………………………………………………………..
Table des Matiéres
S-2016-01-2016
S-2016-02-2016
S-2016-03-2016
S-2016-04-2016
S-2016-05-2016
S-2017-01-2017
S-2017-02-2017
S-2017-03-2017
S-2017-04-2017
S-2017-05-2017
S-2017-06-2017
S-2018-01-2018
S-2018-02-2018
S-2018-03-2018
S-2018-04-2018
S-2018-05-2018
S-2019-01-2019
S-2019-02-2019
S-2019-03-2019
S-2019-04-2019
R-1988-01-2015
R-1997-01-2017
R-1998-04-2009
Prise de Position de l’AMM sur le Vieillissement …………………………………………….
Prise de Position de l’AMM sur les Attaques cybernétiqeus
des Infrastructures de santé et Autres infrastructures essentielles ………………
Prise de Position de l’AMM sur le Désinvestissement des energies fossils …………
Prise de Position de l’AMM sur les Considérations éthiques concernant
les stages de Médecine dans le monde …………………………………………………….
Prise de Position de l’AMM sur l’Obésité des enfants ……………………………………..
Prise de Position de l’AMM sur l’Intimidation et le Harcèlement
au sein de la profession ………………………………………………………………………….
Prise de Position de l’AMM sur les Conflits armés …………………………………………..
Prise de Position de l’AMM relative à l’Utilisation thérapeutique du Cannabis……
Prise de Position de l’AMM sur la Coopération des Associations
Médicales Nationales pendant un conflit ou dans la période
suivant un conflit ……………………………………………………………………………………
Prise de Position de l’AMM sur les Épidémies et Pandémies ……………………………
Prise de Position de l’AMM sur le Rôle des médecins dans la lutte contre
l’Exploitation dans le cadre des adoptions ………………………………………………..
Prise de Position de l’AMM sur les Médicaments Biosimilaires ………………………..
Prise de Position de l’AMM sur la Création et la Promotion d’un carnet
de santé maternelle et infantile ………………………………………………………………
Prise de Position de l’AMM sur la Place des femmes dans la Médecine …………….
Prise de Position de l’AMM sur le Tourisme Médical ………………………………………
Prise de Position de l’AMM sur le Développement Durable ……………………………..
Prise de Position de l’AMM sur l’Utilisation de l’Intelligence Augmentée
dans les Soins Médicaux …………………………………………………………………………
Prise de Position de l’AMM relative à la Consommation des Boissons Sucrées
et contenant des Sucres Ajoutés ………………………………………………………………
Prise de Position de l’AMM sur la Nécessité pour Tous de Recevoir
des Informations de Santé ………………………………………………………………………
Prise de Position de l’AMM sur l’Évaluation médicale de l’Âge des
Demandeurs d’Asile Mineurs non Accompagnés ……………………………………….
RESOLUTIONS
Résolution de l’AMM sur les Sanctions ou Boycotts Academiques …………………..
Résolution de l’AMM sur les Embargos Economiques et la Santé …………………….
Résolution de l’AMM sur la Main d’Oeuvre Médicale …………………………………….
Ordre Chronologique
Manuel des Politiques de l’AMM
R-1998-01-2018
R-1999-01-2015
R-2002-05-2012
R-2002-06-2013
R-2003-01-2013
R-2003-02-2007
R-2003-03-2014
R-2004-01-2014
R-2005-01-2016
R-2006-01-2017
R-2006-02-2016
R-2006-04-2016
R-2006-05-2017
R-2007-01-2017
R-2007-02-2017
R-2008-01-2018
R-2009-01-2019
R-2009-02-2009
R-2009-03-2019
R-2010-01-2010
Résolution de Soutien de l’AMM à la Convention d’Ottawa …………………………….
Résolution de l’AMM sur l’Inscription de l’Ethique Médicale et des Droits de
l’Homme au Programme des Ecoles de Médecine du Monde Entier ……………
Résolution de l’AMM sur l’utilisation Abusive de la Psychiatrie ……………………….
Résolution de l’AMM sur le Droit des Femmes aux soins de Santé,
en particulier à la Prévention de la Transmission de
l’Infection par le VIH de la Mère à l’Enfant ……………………………………………….
Resolution de l’AMM sur la Proclamation d’une Journée Annuelle de
l’Ethique Medicale ………………………………………………………………………………..
Résolution de l’AMM sur la Responsabilité des Medecins dans la
Documentation et la Dénonciation des Actes de Torture ou des
Traitements Cruels, Inhumains ou Degradants ………………………………………….
Résolution de l’AMM sur la Non-Commercialisation des
Eléments Humains de Reproduction ……………………………………………………….
Résolution de l’AMM sur les Standards Généraux WFME pour
l’Amélioration de la Qualite de l’Enseignement Médical …………………………….
Résolution de l’AMM sur l’Application de la convention cadre de l’OMS
sur la lutte Antitabac ……………………………………………………………………………..
Résolution de l’AMM sur l’Assistance Médicale pendant les
Voyages en Avion ………………………………………………………………………………….
Résolution de l’AMM sur la Sécurité des Enfants pendant les
Voyages en Avion ………………………………………………………………………………….
Résolution de l’AMM sur les Essais Nucléaires de la Corée du Nord …………………
Résolution de l’AMM sur la Tuberculose ………………………………………………………
Résolution sur l’Abus en Matière de Santé et de Droits de
l’Homme au Zimbabwe ………………………………………………………………………….
Résolution de l’AMM sur le Soutien aux Associations Médicales
en Amérique Latine et aux Caraïbes ……………………………………………………….
Résolution de l’AMM sur la Collaboration entre la Médecine humaine
et Vétérinaire ……………………………………………………………………………………….
Résolution d’urgence sur la législation contre l’avortement au Nicaragua ………..
Résolution de l’AMM d’urgence défendant les droits des patients et
des médecins en Républic Islamique d’Iran ………………………………………………
Résolution de l’AMM sur le transfert de tâches depuis la
profession médicale ………………………………………………………………………………
Résolution de l’AMM sur la Prescription de Medicaments ………………………………
Résolution de l’AMM sur la Violence à l’Encontre des Femmes et des
Table des Matiéres
Jeunes Filles …………………………………………………………………………………………
Résolution de l’AMM sur l’Accès à des
Traitements Anti-Douleurs Appropriés …………………………………………………….
Résolution de l’AMM sur le Bahrein …………………………………………………………….
Résolution de l’AMM Réaffirmant la Résolution de l’AMM sur les
Embargos Economiques et la Santé …………………………………………………………
Résolution de l’AMM sur l’Independance des Associations Medicales ……………..
Résolution de l’AMM sur l’Emballage Neutre des Cigarettes …………………………..
Résolution de l’AMM visant à Réaffirmer l’Interdiction faite aux
Médecins de Participer à la Peine Capitale ……………………………………………….
Résolution de l’AMM en Soutien au Professeur Cyril Karabus …………………………
Résolution de l’AMM sur la criminalisation de la pratique médicale ………………..
Résolution de l’AMM sur la Situation des Soins de Santé en Syrie ……………………
Résolution de l’AMM sur l’interdiction des armes chimiques ………………………….
Résolution du Conseil de l’AMM sur la normalisation dans la
pratique médicale et la sécurité du patient ………………………………………………
Résolution de l’AMM sur le soutien à l’Association Médicale Brésilienne ………….
Résolution de l’AMM sur la Maladie Virale Ebola …………………………………………..
Résolution de l’AMM sur la Santé et la Sécurité des
Travailleurs Migrants au Qatar ……………………………………………………………….
Résolution de l’AMM sur les Thérapies Non Prouvées et le Virus Ebola ……………
Résolution de l’AMM pour la Fin des Attaques contre le personnel de
santé et les centres de soins en Turquie ……………………………………………………
Résolution de l’AMM sur le Bombardement de l’Hopital de MSF à Kunduz ………..
Résolution de l’AMM sur la Crise Mondiale des Réfugiés …………………………………
Résolution de l’AMM sur la Protection des étabilissements santé
et du Personnel en Syrie …………………………………………………………………………
Résolution de l’AMM sur la Santé et la Sécurité au travail
et dans l’environnement …………………………………………………………………………
Résolution de l’AMM sur les Réfugiés et les Migrants ……………………………………..
Résolution de l’AMM sur l’Infection par le Virus Zika ………………………………………
Résolution de l’AMM relative à la Pologne …………………………………………………….
Résolution de l’AMM sur les Examens anaux frorcés pour apporter la preuve
d’activités homosexuelles ……………………………………………………………………….
Résolution de l’AMM sur les Migrations ………………………………………………………..
Proposition de Résolution de l’AMM sur la Prohibition de la participation des
médecins à la Peine Capitale …………………………………………………………………..
R-2010-02-2010
R-2011-01-2011
R-2011-02-2011
R-2011-03-2011
R-2011-04-2011
R-2012-02-2012
R-2012-03-2012
R-2012-04-2012
R-2013-01-2013
R-2013-02-2013
R-2013-03-2013
R-2013-04-2013
R-2013-05-2013
R-2014-01-2014
R-2014-02-2014
R-2014-03-2014
R-2015-01-2015
R-2015-02-2015
R-2015-03-2015
R-2016-01-2016
R-2016-02-2016
R-2016-03-2016
R-2016-04-2016
R-2017-01-2017
R-2017-02-2017
R-2018-01-2018
R-2018-02-2018
Ordre Chronologique
Manuel des Politiques de l’AMM
* Explication du code (critéres de classement):
D-1948-01-2006
Année de la derniére action
Numéro de serie
Année d’adoption
Type de document
D: Declaration / S: Prise de position / R: Resolution
Résolution de l’AMM sur l’Urgence Climatique ………………………………………………
Résolution de l’AMM sur le Retrait, par l’OMS des ses Recommandations
relatives à l’Emploi d’Opiacés ………………………………………………………………….
R-2019-01-2019
R-2019-02-2019
Classé par Titre Abrégé
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2006-04-2016
S-1988-01-2017
S-1997-03-2019
S-1990-04-2016
S-2012-02-2012
S-2015-01-2017
S-1992-01-2016
S-2015-04-2015
D-1997-01-2019
D-2002-01-2012
S-1996-05-2006
S-1998-01-2018
R-2007-02-2017
S-2016-02-2016
S-2002-02-2012
D-2008-01-2018
R-2011-02-2011
D-2002-02-2016
S-2015-02-2015
R-2015-02-2015
S-1983-01-2017
S-2015-06-2015
S-2018-02-2018
S-1994-01-2017
D-2009-01-2017
S-2012-01-2012
TABLE DES MATIÈRES
– Classé par Titre Abrégé –
[A]
Abus d’Opiacés et de Psychotropes ……………………………………………………………..
Accès aux Soins de Santé ……………………………………………………………………………
Accès aux Soins de Santé des Femmes et des Enfants …………………………………….
Accidents de la Route …………………………………………………………………………………
Actions Collectives de Médecins ………………………………………………………………….
Alcool ……………………………………………………………………………………………………….
Alcool et Sécurité Routière …………………………………………………………………………
Agents Chimiques Anti-émeutes …………………………………………………………………..
Amélioration de la Qualité des Soins de Santé ………………………………………………
Armes Biologiques (Washington) …………………………………………………………………
Armes de Guerre ……………………………………………………………………………………….
Armes Nucléaires ………………………………………………………………………………………
Associations Médicales en Amérique Latine et aux Caraïbes …………………………..
Attaques cybernétiques des infrastructures de santé ……………………………………..
Automédication ………………………………………………………………………………………..
Autonomie Professionnelle et l’Indépendance Clinique (Séoul) ……………………….
[B]
Bahrein …………………………………………………………………………………………………….
Bases de Données sur la Santé …………………………………………………………………….
Bien-être des Médecins ………………………………………………………………………………
Bombardement de l’Hopital de MSF a Kunduz ……………………………………………….
Boxe ………………………………………………………………………………………………………..
[C]
Carence en Vitamine D ……………………………………………………………………………….
Carnet de santé maternelle et infantile …………………………………………………………
Catastrophes …………………………………………………………………………………………….
Changements Climatiques (Delhi) ………………………………………………………………..
Cigarettes Electroniques ……………………………………………………………………………..
Classé par Titre Abrégé
Manuel des Politiques de l’AMM
D-2017-02-2017
D-2000-01-2011
S-1956-01-2012
S-2017-02-2017
S-2009-01-2015
S-2008-01-2019
S-2019-02-2019
D-2011-03-2011
S-1990-01-2006
R-1998-01-2018
S-2017-04-2017
R-2013-01-2013
R-2015-03-2015
S-2010-01-2018
D-2009-01-2009
S-2019-04-2019
R-2003-02-2008
S-1999-01-2019
S-2016-03-2016
D-1975-01-2016
S-2011-04-2015
D-1968-01-2016
S-2018-05-2018
S-2003-02-2013
S-2012-04-2017
R-2002-06-2013
S-1996-04-2017
D-2003-01-2019
R-2009-02-2009
D-1981-01-2015
R-2007-01-2017
Commerce équitable de fournitures médicales ………………………………………………
Conditions Carcérales et TB (Edimbourg) ……………………………………………………..
Conflit Armé ……………………………………………………………………………………………..
Conflits Armés ……………………………………………………………………………………………
Conflit d’Intérêts ……………………………………………………………………………………….
Consommation Alimentaire de Sel ……………………………………………………………..`
Consommation des Sucres …………………………………………………………………………..
Contrôle de la Lepre …………………………………………………………………………………..
Contrôle des Accidents ………………………………………………………………………………
Convention d’Ottawa …………………………………………………………………………………
Coopération des AMN pendant un Conflit ou dans la Période suivant un
Conflit ……………………………………………………………………………………………………….
Criminalisation de la Pratique Medicale ……………………………………………………….
Crise Mondiale des Réfugiés ………………………………………………………………………..
[D]
Dégradation de l’Environnement …………………………………………………………………
Delhi (Changements Climatiques) ………………………………………………………………..
Demandeurs d’Asile Mineurs non Accompagnés ……………………………………………
Dénonciation des Actes de Torture ………………………………………………………………
Dépôts de Brevet pour les Procédures Médicales ………………………………………….
Désinvestissement des énergies fossils …………………………………………………………
Détention et Emprisonnement (Tokyo) ………………………………………………………..
Déterminants Sociaux de la Sante ……………………………………………………………….
Détermination de la Mort (Sydney) ………………………………………………………………
Développement durable ……………………………………………………………………………..
Directives Anticipées ………………………………………………………………………………….
Don d’Organes et de Tissus …………………………………………………………………………
Droit des Femmes aux Soins de Santé ………………………………………………………….
Droit des Femmes et planning Familial ………………………………………………………..
Droit et l’Ethique ………………………………………………………………………………………..
Droits des Patients et des Médecins en Iran ………………………………………………….
Droits du Patient (Lisbonne) ………………………………………………………………………..
Droits Humains au Zimbabwe ……………………………………………………………………..
[E]
Classé par Titre Abrégé
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2004-03-2017
D-2000-01-2011
R-2012-02-2012
R-1997-02-2017
R-2011-03-2011
S-2015-03-2015
R-2006-04-2016
S-2017-05-2017
R-2016-01-2016
D-1949-01-2006
D-2019-01-2019
S-2002-03-2019
S-2006-04-2017
S-1993-01-2016
D-2005-01-2019
D-1948-01-2017
D-1991-01-2017
D-1997-02-2017
D-1964-01-2013
D-1989-01-2015
S-2012-05-2019
R-2011-04-2011
S-2009-03-2009
R-2016-02-2016
S-1997-02-2007
S-2019-01-2019
R-2013-03-2013
S-1970-01-2018
S-2015-07-2015
Eau et Soins de Santé …………………………………………………………………………………
Edimbourg (Conditions Carcérales et TB) ……………………………………………………..
Emballage Neutre des Cigarettes ………………………………………………………………….
Embargos Economiques et Santé …………………………………………………………………
Embargos Economiques et Santé [Rrevised] ………………………………………………….
Enfants des rues …………………………………………………………………………………………
Essais Nucléaires de la Corée du Nord ………………………………………………………….
Épidémies et pandémies ……………………………………………………………………………..
Etablissements de santé et du personnel en Syrie ………………………………………….
Éthique Médicale ………………………………………………………………………………………
Euthanasie et le Suicide Médicalement Assisté………………………………………………
[F]
Foeticide Féminin ………………………………………………………………………………………
Formation Médicale …………………………………………………………………………………..
Fouille Corporelle de Prisonniers …………………………………………………………………
[G]
Génétique et Médecine ……………………………………………………………………………..
Genève …………………………………………………………………………………………………….
Grévistes de la Faim (Malte) ……………………………………………………………………….
[H]
Hambourg (Refuser la Torture) ……………………………………………………………………
Helsinki (Recherche Médicale impliquant les Etres Humains) ………………………….
Hong Kong (Mauvais Traitements des Personnes Agées) ………………………………..
[ I ]
Immunisation …………………………………………………………………………………………….
Independance des Associations Medicales …………………………………………………….
Inégalités en Matière de Santé ……………………………………………………………………
Infection par le Virus Zika ……………………………………………………………………………
Infraction Pénale et Autorisation d’Exercer …………………………………………………..
Intelligence Artificielle ou Augmentée dans les Soins Médicaux ……………………….
Interdiction des Armes Chimiques ……………………………………………………………….
Interruption médicale de grossesse ………………………………………………………………
Interventions Médiatiques Promotionnelles des Médecins ……………………………..
Classé par Titre Abrégé
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2017-01-2017
S-2003-01-2013
S-2014-03-2019
R-2003-01-2013
R-2009-01-2019
S-1984-02-1984
D-1981-01-2015
S-2017-06-2017
D-2009-02-2009
R-1998-04-2009
S-2013-01-2013
R-2014-01-2014
S-2011-01-2011
D-1991-01-2017
D-1989-01-2015
S-1984-01-2017
D-1981-02-2010
R-2008-03-2008
S-2004-02-2009
S-1999-02-2010
S-1997-02-2018
S-2011-05-2011
S-2018-01-2018
S-2008-02-2018
R-2018-01-2018
D-2011-01-2011
S-1993-02-2016
S-2019-03-2019
S-1985-01-2015
Intimidation et le harcèlement au sein de la profession ………………………………….
Investigations Médico-légales des Personnes Disparues …………………………………
Isolement Cellulaire ……………………………………………………………………………………
[ J ]
Journée Annuelle de l’Ethique Médicale ……………………………………………………….
[ L ]
Législation contre l’Avortement au Nicaragua ……………………………………………….
Liberté de Participer aux Réunions Médicales ……………………………………………….
Lisbonne (Droits du Patient) ………………………………………………………………………..
Lutte contre l’exploitation dans le cadre des adoptions …………………………………..
[M]
Madrid (Régulation assurée par la Profession) ………………………………………………
Main d’Oeuvre Médicale …………………………………………………………………………….
Maladie Fongique ……………………………………………………………………………………..
Maladie Virale Ebola ………………………………………………………………………………….
Maladies Chroniques …………………………………………………………………………………
Malte (Grévistes de la Faim) ……………………………………………………………………….
Mauvais Traitements des Personnes Agées (Hong Kong) ………………………………..
Mauvais Traitements et Négligence envers les Enfants …………………………………..
Médecine Sportive …………………………………………………………………………………….
Médecine Vétérinaire ………………………………………………………………………………..
Médecins et Entreprises Commerciales ………………………………………………………..
Médecins et Pharmaciens dans le Cadre du Traitement Pharmacologique ……….
Médecins reconnus coupables de génocide ou crimes ……………………………………
Medias Sociaux …………………………………………………………………………………………
Médicaments biosimilaires ………………………………………………………………………….
Mercure …………………………………………………………………………………………………..
Migrations …………………………………………………………………………………………………
Montevideo (Préparation aux Catastrophes) ………………………………………………..
Mutilation Génitale Féminine ……………………………………………………………………..
[N]
Nécessité pour Tous de recevoir des Informations de Santé …………………………….
Non Discrimination vis-à-vis des Médecins ……………………………………………………
Classé par Titre Abrégé
Manuel des Politiques de l’AMM
R-2003-03-2014
R-2013-04-2013
S-2006-03-2016
S-2016-05-2016
D-1998-01-2009
S-2006-02-2018
S-2013-02-2013
S-1995-02-2015
R-2018-02-2018
S-2013-05-2013
S-2015-05-2015
D-1983-01-2006
S-2018-03-2018
S-2014-02-2014
S-1992-05-2017
R-2017-01-2017
D-2011-01-2011
R-2010-01-2010
S-1988-05-2011
R-2012-04-2012
R-1999-01-2015
S-1993-03-2016
D-2014-01-2014
S-2011-03-2011
S-1988-04-2016
D-2017-01-2017
D-1964-01-2013
S-2009-02-2009
Non-Commercialisation des Eléments Humains de Reproduction ……………………
Normalisation dans la Pratique Medicale et la Securite du Patient …………………..
[O]
Obésité …………………………………………………………………………………………………….
Obésité des enfants ……………………………………………………………………………………
Ottawa (Santé des Enfants) …………………………………………………………………………
[P]
Pandémie de Grippe Aviaire ……………………………………………………………………….
Papillomavirus Humain ……………………………………………………………………………….
Patients atteints de Maladies Mentales ……………………………………………………….
Peine Capitale …………………………………………………………………………………………..
Peine de Mort …………………………………………………………………………………………..
Personnes Transsexuelles ……………………………………………………………………………
Phase Terminale de la Maladie (Venise) ……………………………………………………….
Place des femmes dans la médecine …………………………………………………………….
Pollution de l’air ………………………………………………………………………………………..
Pollution Sonore ………………………………………………………………………………………..
Pologne …………………………………………………………………………………………………….
Préparation aux Catastrophes (Monteviseo) …………………………………………………
Prescription de Medicaments ……………………………………………………………………..
Produits dérivés du Tabac et les Risques pour la Santé …………………………………..
Professeur Cyril Karabus …………………………………………………………………………….
Programme des écoles de médecine dans le monde ………………………………………
Protection des Intérêts du Patient ……………………………………………………………….
Protection du Personnel de Santé ……………………………………………………………….
Protection et l’Integrite du Personnel Medical ………………………………………………
[Q]
Questions Environnnementales …………………………………………………………………..
Quality Assurance in Basic Medical Education ………………………………………………..
[R]
Recherche Médicale impliquant les Etres Humains (Helsinki) ………………………….
Recherche sur les Cellules Souches Embryonnaires ……………………………………….
Classé par Titre Abrégé
Manuel des Politiques de l’AMM
Recommandations de l’OMS sur l’Emploi d’Opiacés ……………………………………….
Recrutement des Médecins ………………………………………………………………………..
Réforme sur la Responsabilité Médicale ……………………………………………………….
Réfugiés et les Migrants ………………………………………………………………………………
Refuser la Torture (Hambourg) ……………………………………………………………………
Régulation assurée par la Profession (Madrid) ………………………………………………
Résistance aux Antimicrobiens ……………………………………………………………………
[S]
Sanctions ou Boycotts Académiques ……………………………………………………………
Santé des Enfants (Ottawa) …………………………………………………………………………
Santé et la sécurité au travail et dans l’environnement …………………………………..
Santé et la Sécurité des Travailleurs Migrants au Qatar …………………………………..
Santé en Turquie ………………………………………………………………………………………..
Santé Mobile ……………………………………………………………………………………………..
Santé Publique ………………………………………………………………………………………….
Sécurité des Enfants pendant les Voyages en Avion ……………………………………….
Sécurite des Injections dans les Soins de Santé ……………………………………………..
Sécurité du Patient …………………………………………………………………………………….
Séoul (Autonomie Professionnelle et l’Indépendance Clinique) ……………………….
Situation Soins de Santé en Syrie …………………………………………………………………
Soins Médicaux aux Refugiés ………………………………………………………………………
Soins Médicaux en Fin de Vie ………………………………………………………………………
Soutien à l’AMB …………………………………………………………………………………………
Stérilisation Forcée et Contrainte ………………………………………………………………..
Stages de médecine dans le monde ………………………………………………………………
Substitution des Médicaments ……………………………………………………………………
Suicide et Adolescents ……………………………………………………………………………….
Suivre la mise en œuvre de la Déclaration de Tokyo ……………………………………….
Sydney (Détermination de la Mort) ………………………………………………………………
[T]
Tabac-OMS FCTC ………………………………………………………………………………………..
Technologies de Procréation Assistée ………………………………………………………….
Technologies Medicales Innovantes …………………………………………………………….
Télémédecine ……………………………………………………………………………………………
R-2019-02-2019
S-2003-03-2014
S-2005-04-2015
R-2016-01-2016
D-1997-02-2017
D-2009-02-2019
S-1996-01-2019
R-1988-01-2015
D-1998-01-2009
R-2016-02-2016
R-2014-02-2014
R-2015-01-2015
S-2015-01-2015
S-1995-04-2016
R-2006-02-2016
S-2002-01-2012
D-2002-03-2012
D-2008-01-2008
R-2013-02-2013
S-1998-02-2010
D-2011-02-2011
R-2013-05-2013
S-2012-03-2012
S-2016-04-2016
S-2005-02-2015
S-1991-01-2016
S-2011-02-2011
D-1968-01-2016
R-2005-01-2016
S-2006-01-2006
D-2002-04-2012
S-2007-02-2018
Classé par Titre Abrégé
Manuel des Politiques de l’AMM
Télésanté ………………………………………………………………………………………………….
Thérapeutique du cannabis …………………………………………………………………………
Tokyo (Détention et Emprisonnement) ………………………………………………………..
Tourisme médical ……………………………………………………………………………………….
Traitements Esthétiques ……………………………………………………………………………..
Traitements Anti-Douleurs Appropries…………………………………………………………..
Transfert de Tâches ……………………………………………………………………………………
Tuberculose ………………………………………………………………………………………………
[U]
Urgence Climatique ……………………………………………………………………………………
Utilisation Abusive de la Psychiatrie …………………………………………………………….
Utilisation des Animaux dans la Recherche Biomédicale …………………………………
[V]
Variante Naturelle de la Sexualité Humaine ………………………………………………….
Venise (Phase Terminale de la Maladie) ……………………………………………………….
Victimes de la Torture ………………………………………………………………………………..
Vieillissement …………………………………………………………………………………………….
VIH/SIDA et la Profession Médicale ……………………………………………………………..
Violence à l’encontre des Femmes et des Jeunes Filles …………………………………..
Violence dans la Famille ……………………………………………………………………………..
Violence dans le Secteur de la Santé ……………………………………………………………
Violence et Santé ………………………………………………………………………………………
Virus Ebola ……………………………………………………………………………………………….
Voyages en Avion ………………………………………………………………………………………
[W]
Washington (Armes Biologiques) …………………………………………………………………
WFME ………………………………………………………………………………………………………
S-2009-04-2009
S-2017-03-2017
D-1975-01-2006
S-2018-04-2018
S-2014-01-2014
R-2011-01-2011
R-2009-03-2019
R-2006-05-2017
R-2019-01-2019
R-2002-05-2012
S-1989-01-2016
S-2013-03-2013
D-1983-01-2006
S-2013-04-2013
S-2016-01-2016
S-2006-03-2017
R-2010-02-2010
S-1996-02-2010
S-2012-06-2012
S-2003-04-2019
R-2014-03-2014
R-2006-01-2017
D-2002-01-2012
R-2004-01-2014
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-1948-01-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE GENÈVE
Adoptée par la 2e
Assemblée générale de l’Association Médicale Mondiale,
Genève, Suisse, Septembre 1948
et amendée par la 22e
Assemblée Médicale Mondiale, Sydney, Australie, Août 1968
et la 35e
Assemblée Médicale Mondiale, Venise, Italie, Octobre 1983
et la 46e
Assemblée générale, Stockholm, Suède, Septembre 1994
et révisée par la 170e
Session du Conseil, Divonne-les-Bains, France, Mai 2005
et par la 173e
Session du Conseil, Divonne-les-Bains, France, Mai 2006
et amendée par la 68e
Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
Le Serment du médecin
EN QUALITÉ DE MEMBRE DE LA PROFESSION MÉDICALE
JE PRENDS L’ENGAGEMENT SOLENNEL de consacrer ma vie au service de
l’humanité ;
JE CONSIDÉRERAI la santé et le bien-être de mon patient comme ma priorité ;
JE RESPECTERAI l’autonomie et la dignité de mon patient ;
JE VEILLERAI au respect absolu de la vie humaine ;
JE NE PERMETTRAI PAS que des considérations d’âge, de maladie ou d’infirmité, de
croyance, d’origine ethnique, de genre, de nationalité, d’affiliation politique, de race,
d’orientation sexuelle, de statut social ou tout autre facteur s’interposent entre mon devoir
et mon patient ;
JE RESPECTERAI les secrets qui me seront confiés, même après la mort de mon patient ;
J’EXERCERAI ma profession avec conscience et dignité, dans le respect des bonnes
pratiques médicales ;
JE PERPÉTUERAI l’honneur et les nobles traditions de la profession médicale ;
JE TÉMOIGNERAI à mes professeurs, à mes collègues et à mes étudiants le respect et la
reconnaissance qui leur sont dus ;
JE PARTAGERAI mes connaissances médicales au bénéfice du patient et pour les progrès
des soins de santé ;
JE VEILLERAI à ma propre santé, à mon bien-être et au maintien de ma formation afin de
prodiguer des soins irréprochables ;
Chicago ⏐ D-1948-01-2017
Genève
JE N’UTILISERAI PAS mes connaissances médicales pour enfreindre les droits humains
et les libertés civiques, même sous la contrainte ;
JE FAIS CES PROMESSES sur mon honneur, solennellement, librement.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-1949-01-2006
Manuel des Politiques de l’AMM
CODE INTERNATIONAL D’ÉTHIQUE MÉDICALE DE L’AMM
Adopté par la 3e
Assemblée Générale de l’AMM, Londres, Grande-Bretagne, Octobre 1949
et amendé par les 22e
Assemblée Médicale Mondiale, Sydney, Australie, Août 1968
et la 35e
Assemblée Médicale Mondiale, Venise, Italie, Octobre 1983
et la 57e
Assemblée Générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud, Octobre 2006
DEVOIRS GÉNÉRAUX DES MÉDECINS
LE MÉDECIN DEVRA toujours exercer son jugement professionnel de manière indépen-
dante et respecter les plus hautes normes en matière de conduite professionnelle.
LE MÉDECIN DEVRA respecter le droit d’un patient jouissant de ses capacités d’accepter
ou de refuser un traitement.
LE MÉDECIN NE DEVRA PAS pas se laisser influencer dans son jugement par un profit
personnel ou une discrimination injuste.
LE MÉDECIN DEVRA se consacrer en toute indépendance professionnelle et morale à la
prestation de soins compétents avec compassion et respect pour la dignité humaine.
LE MÉDECIN DEVRA être honnête avec ses patients et ses collègues et signaler aux
autorités compétentes les médecins dont la pratique est dépourvue d’éthique et de compé-
tences ou qui ont recours à la fraude et à la tromperie.
LE MÉDECIN NE DEVRA PAS profiter d’avantages financiers ou autres uniquement
pour avoir adressé des patients ou prescrit des produits spécifiques.
LE MÉDECIN DEVRA respecter les droits et préférences des patients, des confrères et
des autres professionnels de santé.
LE MÉDECIN DEVRA être conscient de son rôle important en matière d’éducation du
public mais devra faire preuve de la prudence requise lorsqu’il divulguera des découvertes,
des nouvelles techniques ou de nouveaux traitements par un canal non professionnel.
LE MÉDECIN DEVRA certifier uniquement ce qu’il a personnellement vérifié.
LE MÉDECIN DEVRA s’efforcer d’utiliser de la meilleure façon possible les ressources
de santé afin d’en faire bénéficier les patients et leurs communautés.
LE MÉDECIN DEVRA chercher à se faire soigner correctement s’il souffre de maladie
mentale ou physique.
LE MÉDECIN DEVRA respecter les codes d’éthique régionaux et nationaux.
D-1949-01-2006 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
DEVOIRS DU MÉDECIN ENVERS SES PATIENTS
LE MÉDECIN DEVRA toujours avoir à l’esprit son obligation de respecter la vie hu-
maine.
LE MÉDECIN DEVRA agir dans le meilleur intérêt du patient lorsqu’il délivrera des
soins.
LE MÉDECIN DEVRA faire preuve de la plus complète loyauté envers ses patients et
leur faire profiter de toutes les ressources scientifiques dont il dispose. Lorsqu’un examen
ou un traitement dépasse ses capacités, le médecin devrait consulter ou adresser le patient
à un autre médecin disposant des compétences nécessaires.
LE MÉDECIN DEVRA respecter le droit du patient à la confidentialité. Il est conforme à
l’éthique de divulguer des informations confidentielles lorsque le patient y consent ou lor-
squ’il existe une menace dangereuse réelle et imminente pour le patient ou les autres et que
cette menace ne peut être éliminée e qu’en rompant la confidentialité.
LE MÉDECIN DEVRA considérer les soins d’urgence comme un devoir humanitaire à
moins d’avoir la certitude que d’autres sont prêts et capables d’apporter ces soins.
LE MÉDECIN DEVRA dans les situations où il agit pour une tierce partie, s’assurer que
le patient est totalement informé de la situation.
LE MÉDECIN NE DEVRA PAS avoir de relations sexuelles avec un patient qu’il traite ou
une relation de nature abusive ou manipulatrice.
DEVOIRS DU MÉDECIN ENVERS SES COLLÈGUES
LE MÉDECIN DEVRA avoir envers ses collègues le même comportement que celui qu’il
attend d’eux envers lui.
LE MÉDECIN NE DEVRA PAS saper la relation patient-médecin des confrères afin d’at-
tirer des patients.
LE MÉDECIN DEVRA lorsque cela s’avère médicalement nécessaire, communiquer avec
ses collègues impliqués dans les soins du même patient. Cette communication doit res-
pecter la confidentialité concernant le patient et se limiter aux informations nécessaires.
D-1964-01-2013 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION D’HELSINKI DE L’AMM
– PRINCIPES ÉTHIQUES APPLICABLES À LA RECHERCHE MÉDICALE
IMPLIQUANT DES ÊTRES HUMAINS –
Adoptée par la 18e
Assemblée générale de l’AMM, Helsinki, Finlande, Juin 1964
et amendée par les:
29e
Assemblée générale de l’AMM, Tokyo, Japon, Octobre 1975
35e
Assemblée générale de l’AMM, Venise, Italie, Octobre 1983
41e
Assemblée générale de l’AMM, Hong Kong, Septembre 1989
48e
Assemblée générale de l’AMM, Somerset West, Afrique du Sud, Octobre 1996
52e
Assemblée générale de l’AMM, Edimbourg, Ecosse, Octobre 2000
53e
Assemblée générale de l’AMM, Washington DC, Etats Unis, 2002
(ajout d’une note de clarification pour le paragraphe 29)
55e
Assemblée générale de l’AMM, Tokyo, Japon 2004
(ajout d’une note de clarification concernant le paragraphe 30)
59e
Assemblée générale de l’AMM, Séoul, Corée, Octobre 2008
64e
Assemblée générale de l’AMM, Fortaleza, Brésil, Octobre 2013
(A) PRÉAMBULE
1. L’Association Médicale Mondiale (AMM) a élaboré la Déclaration d’Helsinki comme
un énoncé de principes éthiques applicables à la recherche médicale impliquant des
êtres humains, y compris la recherche sur du matériel biologique humain et sur des
données identifiables.
La Déclaration est conçue comme un tout indissociable. Chaque paragraphe doit être
appliqué en tenant compte de tous les autres paragraphes pertinents.
2. Conformément au mandat de l’AMM, cette Déclaration s’adresse en priorité aux mé-
decins. L’AMM invite cependant les autres personnes engagées dans la recherche
médicale impliquant des êtres humains à adopter ces principes.
(B) PRINCIPES GÉNÉRAUX
3. La Déclaration de Genève de l’AMM engage les médecins en ces termes: « La santé
de mon patient prévaudra sur toutes les autres considérations » et le Code Inter-
national d’Ethique Médicale déclare qu’un « médecin doit agir dans le meilleur intérêt
du patient lorsqu’il le soigne ».
D-1964-01-2013 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
4. Le devoir du médecin est de promouvoir et de sauvegarder la santé, le bien être et les
droits des patients, y compris ceux des personnes impliquées dans la recherche médi-
cale. Le médecin consacre son savoir et sa conscience à l’accomplissement de ce
devoir.
5. Le progrès médical est basé sur la recherche qui, en fin de compte, doit impliquer des
êtres humains.
6. L’objectif premier de la recherche médicale impliquant des êtres humains est de com-
prendre les causes, le développement et les effets des maladies et d’améliorer les
interventions préventives, diagnostiques et thérapeutiques (méthodes, procédures et
traitements). Même les meilleures interventions éprouvées doivent être évaluées en
permanence par des recherches portant sur leur sécurité, leur efficacité, leur perti-
nence, leur accessibilité et leur qualité.
7. La recherche médicale est soumise à des normes éthiques qui promeuvent et assurent
le respect de tous les êtres humains et qui protègent leur santé et leurs droits.
8. Si l’objectif premier de la recherche médicale est de générer de nouvelles connais-
sances, cet objectif ne doit jamais prévaloir sur les droits et les intérêts des personnes
impliquées dans la recherche.
9. Il est du devoir des médecins engagés dans la recherche médicale de protéger la vie, la
santé, la dignité, l’intégrité, le droit à l’auto-détermination, la vie privée et la confi-
dentialité des informations des personnes impliquées dans la recherche. La responsa-
bilité de protéger les personnes impliquées dans la recherche doit toujours incomber à
un médecin ou à un autre professionnel de santé et jamais aux personnes impliquées
dans la recherche même si celles-ci ont donné leur consentement.
10. Dans la recherche médicale impliquant des êtres humains, les médecins doivent tenir
compte des normes et standards éthiques, légaux et réglementaires applicables dans
leur propre pays ainsi que des normes et standards internationaux. Les protections
garanties par la présente Déclaration aux personnes impliquées dans la recherche ne
peuvent être restreintes ou exclues par aucune disposition éthique, légale ou régle-
mentaire, nationale ou internationale.
11. La recherche médicale devrait être conduite de sorte qu’elle réduise au minimum les
nuisances éventuelles à l’environnement.
12. La recherche médicale impliquant des êtres humains doit être conduite uniquement
par des personnes ayant acquis une éducation, une formation et des qualifications
appropriées en éthique et en science. La recherche impliquant des patients ou des
volontaires en bonne santé nécessite la supervision d’un médecin ou d’un autre
professionnel de santé qualifié et compétent.
Fortaleza ⏐ D-1964-01-2013
Recherche Médicale impliquant les Etres Humains (Helsinki)
13. Des possibilités appropriées de participer à la recherche médicale devraient être
offertes aux groupes qui y sont sous-représentés.
14. Les médecins qui associent la recherche médicale à des soins médicaux devraient
impliquer leurs patients dans une recherche uniquement dans la mesure où elle se
justifie par sa valeur potentielle en matière de prévention, de diagnostic ou de traite-
ment et si les médecins ont de bonnes raisons de penser que la participation à la re-
cherche ne portera pas atteinte à la santé des patients concernés.
15. Une compensation et un traitement adéquats doivent être garantis pour les personnes
qui auraient subi un préjudice en raison de leur participation à une recherche.
(C) RISQUES, CONTRAINTES ET AVANTAGES
16. Dans la pratique médicale et la recherche médicale, la plupart des interventions com-
prennent des risques et des inconvénients.
Une recherche médicale impliquant des êtres humains ne peut être conduite que si
l’importance de l’objectif dépasse les risques et inconvénients pour les personnes
impliquées.
17. Toute recherche médicale impliquant des êtres humains doit préalablement faire
l’objet d’une évaluation soigneuse des risques et des inconvénients prévisibles pour
les personnes et les groupes impliqués, par rapport aux bénéfices prévisibles pour eux
et les autres personnes ou groupes affectés par la pathologie étudiée.
Toutes les mesures destinées à réduire les risques doivent être mises en œuvre. Les
risques doivent être constamment surveillés, évalués et documentés par le chercheur.
18. Les médecins ne peuvent pas s’engager dans une recherche impliquant des êtres
humains sans avoir la certitude que les risques ont été correctement évalués et
pourront être gérés de manière satisfaisante.
Lorsque les risques s’avèrent dépasser les bénéfices potentiels ou dès l’instant où des
conclusions définitives ont été démontrées, les médecins doivent évaluer s’ils conti-
nuent, modifient ou cessent immédiatement une recherche.
(D) POPULATIONS ET PERSONNES VULNÉRABLES
19. Certains groupes ou personnes faisant l’objet de recherches sont particulièrement
vulnérables et peuvent avoir une plus forte probabilité d’être abusés ou de subir un
préjudice additionnel.
Tous les groupes et personnes vulnérables devraient bénéficier d’une protection
adaptée.
D-1964-01-2013 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
20. La recherche médicale impliquant un groupe vulnérable se justifie uniquement si elle
répond aux besoins ou aux priorités sanitaires de ce groupe et qu’elle ne peut être
effectuée sur un groupe non vulnérable. En outre, ce groupe devrait bénéficier des
connaissances, des pratiques ou interventions qui en résultent.
(E) EXIGENCES SCIENTIFIQUES ET PROTOCOLES DE RECHERCHÉ
21. La recherche médicale impliquant des êtres humains doit se conformer aux principes
scientifiques généralement acceptés, se baser sur une connaissance approfondie de la
littérature scientifique, sur d’autres sources pertinentes d’informations et sur des ex-
périences appropriées en laboratoire et, le cas échéant, sur les animaux. Le bien être
des animaux utilisés dans la recherche doit être respecté.
22. La conception et la conduite de toutes les recherches impliquant des êtres humains
doivent être clairement décrites et justifiées dans un protocole de recherche.
Ce protocole devrait contenir une déclaration sur les enjeux éthiques en question et
indiquer comment les principes de la présente Déclaration ont été pris en considéra-
tion. Le protocole devrait inclure des informations concernant le financement, les pro-
moteurs, les affiliations institutionnelles, les conflits d’intérêts potentiels, les incita-
tions pour les personnes impliquées dans la recherche et des informations concernant
les mesures prévues pour soigner et/ou dédommager celles ayant subi un préjudice en
raison de leur participation à la recherche.
Dans les essais cliniques, le protocole doit également mentionner les dispositions ap-
propriées prévues pour l’accès à l’intervention testée après l’essai clinique.
(F) COMITÉS D’ÉTHIQUE DE LA RECHERCHE
23. Le protocole de recherche doit être soumis au comité d’éthique de la recherche con-
cerné pour évaluation, commentaires, conseils et approbation avant que la recherche
ne commence. Ce comité doit être transparent dans son fonctionnement, doit être
indépendant du chercheur, du promoteur et de toute autre influence indue et doit être
dûment qualifié. Il doit prendre en considération les lois et réglementations du ou des
pays où se déroule la recherche, ainsi que les normes et standards internationaux, mais
ceux-ci ne doivent pas permettre de restreindre ou exclure l’une des protections
garanties par la présente Déclaration aux personnes impliquées dans la recherche.
Le comité doit avoir un droit de suivi sur les recherches en cours. Le chercheur doit
fournir au comité des informations sur le suivi, notamment concernant tout évènement
indésirable grave. Aucune modification ne peut être apportée au protocole sans évalua-
tion et approbation par le comité. A la fin de la recherche, les chercheurs doivent
soumettre au comité un rapport final contenant un résumé des découvertes et des con-
clusions de celle-ci.
Fortaleza ⏐ D-1964-01-2013
Recherche Médicale impliquant les Etres Humains (Helsinki)
(G) VIE PRIVÉE ET CONFIDENTIALITÉ
24. Toutes les précautions doivent être prises pour protéger la vie privée et la confi-
dentialité des informations personnelles concernant les personnes impliquées dans la
recherche.
(H) CONSENTEMENT ÉCLAIRÉ
25. La participation de personnes capables de donner un consentement éclairé à une
recherche médicale doit être un acte volontaire. Bien qu’il puisse être opportun de
consulter les membres de la famille ou les responsables de la communauté, aucune
personne capable de donner un consentement éclairé ne peut être impliquée dans une
recherche sans avoir donné son
consentement libre et éclairé.
26. Dans la recherche médicale impliquant des personnes capables de donner un con-
sentement éclairé, toute personne pouvant potentiellement être impliquée doit être
correctement informée des objectifs, des méthodes, des sources de financement, de
tout éventuel conflit d’intérêts, des affiliations institutionnelles du chercheur, des bé-
néfices escomptés et des risques potentiels de la recherche, des désagréments qu’elle
peut engendrer, des mesures qui seront prises après à l’essai clinique et de tout autre
aspect pertinent de la recherche. La personne pouvant potentiellement être impliquée
dans la recherche doit être informée de son droit de refuser d’y participer ou de s’en
retirer à tout moment sans mesure de rétorsion. Une attention particulière devrait être
accordée aux besoins d’informations spécifiques de chaque personne pouvant potentiel-
lement être impliquée dans la recherche ainsi qu’aux méthodes adoptées pour fournir
les informations. Lorsque le médecin ou une autre personne qualifiée en la matière a
la certitude que la personne concernée a compris les informations, il doit alors sol-
liciter son consentement libre et éclairé, de préférence par écrit. Si le consentement ne
peut pas être donné par écrit, le consentement non écrit doit être formellement docu-
menté en présence d’un témoin.
Toutes les personnes impliquées dans des recherches médicales devraient avoir le
choix d’être informées des conclusions générales et des résultats de celles-ci.
27. Lorsqu’il sollicite le consentement éclairé d’une personne pour sa participation à une
recherche, le médecin doit être particulièrement attentif lorsque cette dernière est dans
une relation de dépendance avec lui ou pourrait donner son consentement sous la
contrainte. Dans ce cas, le consentement éclairé doit être sollicité par une personne
qualifiée en la matière et complètement indépendante de cette relation.
28. Lorsque la recherche implique une personne incapable de donner un consentement
éclairé, le médecin doit solliciter le consentement éclairé de son représentant légal.
D-1964-01-2013 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
Les personnes incapables ne doivent pas être incluses dans une recherche qui n’a
aucune chance de leur être bénéfique sauf si celle-ci vise à améliorer la santé du
groupe qu’elles représentent, qu’elle ne peut pas être réalisée avec des personnes
capables de donner un consentement éclairé et qu’elle ne comporte que des risques et
des inconvénients minimes.
29. Lorsqu’une personne considérée comme incapable de donner un consentement éclairé
est en mesure de donner son assentiment concernant sa participation à la recherche, le
médecin doit solliciter cet assentiment en complément du consentement de son
représentant légal. Le refus de la personne pouvant potentiellement être impliquée
dans la recherche devrait être respecté.
30. La recherche impliquant des personnes physiquement ou mentalement incapables de
donner leur consentement, par exemple des patients inconscients, peut être menée
uniquement si l’état physique ou mental empêchant de donner un consentement éclairé
est une caractéristique nécessaire du groupe sur lequel porte cette recherche.
Dans de telles circonstances, le médecin doit solliciter le consentement éclairé du re-
présentant légal. En l’absence d’un représentant légal et si la recherche ne peut pas
être retardée, celle-ci peut être lancée sans le consentement éclairé. Dans ce cas, le
protocole de recherche doit mentionner les raisons spécifiques d’impliquer des per-
sonnes dont l’état les rend incapables de donner leur consentement éclairé et la re-
cherche doit être approuvée par le comité d’éthique de la recherche concerné. Le con-
sentement pour maintenir la personne concernée dans la recherche doit, dès que pos-
sible, être obtenu de la personne elle-même ou de son représentant légal.
31. Le médecin doit fournir des informations complètes au patient sur la nature des soins
liés à la recherche. Le refus d’un patient de participer à une recherche ou sa décision
de s’en retirer ne doit jamais nuire à la relation patient-médecin.
32. our la recherche médicale utilisant des tissus ou des données d’origine humaine, telles
que les recherches sur tissus et données contenues dans les biobanques ou des dépôts
similaires, les médecins doivent solliciter le consentement éclairé pour leur analyse,
stockage et/ou réutilisation. Il peut se présenter des situations exceptionnelles où il est
impraticable, voire impossible d’obtenir le consentement. Dans de telles situations, la
recherche peut être entreprise uniquement après évaluation et approbation du comité
d’éthique de la recherche concerné.
(I) UTILISATION DE PLACEBO
33. Les bénéfices, les risques, les inconvénients, ainsi que l’efficacité d’une nouvelle
intervention doivent être testés et comparés à ceux des meilleures interventions
avérées, sauf dans les circonstances suivantes:
Fortaleza ⏐ D-1964-01-2013
Recherche Médicale impliquant les Etres Humains (Helsinki)
lorsqu’il n’existe pas d’intervention avérée, l’utilisation de placebo, ou la non inter-
vention, est acceptable ; ou
lorsque pour des raisons de méthodologie incontournables et scientifiquement fondées
l’utilisation de toute intervention moins efficace que la meilleure éprouvée, l’utilisa-
tion d’un placebo, ou la non intervention, est nécessaire afin de déterminer l’efficacité
ou la sécurité d’une intervention,
et lorsque les patients recevant une intervention moins efficace que la meilleure
éprouvée, un placebo, ou une non intervention, ne courent pas de risques supplé-
mentaires de préjudices graves ou irréversibles du fait de n’avoir pas reçu la meilleure
intervention éprouvée.
Le plus grand soin doit être apporté afin d’éviter tout abus de cette option
(J) CONDITIONS DE L’ACCÈS À L’INTERVENTION TESTÉE APRÈS L’ESSAI CLINIQUE
34. En prévision d’un essai clinique, les promoteurs, les chercheurs et les gouvernements
des pays d’accueil devraient prévoir des dispositions pour que tous les participants qui
ont encore besoin d’une intervention identifiée comme bénéfique dans l’essai puissent
y accéder après celui-ci. Cette information doit également être communiquée aux parti-
cipants au cours du processus de consentement éclairé.
(K) ENREGISTREMENT DES RECHERCHES, PUBLICATION ET DISSÉMINATION DES RÉSULTATS
35. Toute recherche impliquant des êtres humains doit être enregistrée dans une banque
de données accessible au public avant que ne soit recrutée la première personne impli-
quée dans la recherche.
36. Les chercheurs, auteurs, promoteurs, rédacteurs et éditeurs ont tous des obligations
éthiques concernant la publication et la dissémination des résultats de la recherche.
Les chercheurs ont le devoir de mettre à la disposition du public les résultats de leurs
recherches impliquant des êtres humains. Toutes les parties ont la responsabilité de
fournir des rapports complets et précis. Ils devraient se conformer aux directives
acceptées en matière d’éthique pour la rédaction de rapports. Les résultats aussi bien
négatifs et non concluants que positifs doivent être publiés ou rendus publics par un
autre moyen. La publication doit mentionner les sources de financement, les affilia-
tions institutionnelles et les conflits d’intérêts. Les rapports de recherche non-con-
formes aux principes de la présente Déclaration ne devraient pas être acceptés pour
publication.
(L) INTERVENTIONS NON AVÉRÉES DANS LA PRATIQUE CLINIQUE
37. Dans le cadre du traitement d’un patient, faute d’interventions avérées ou faute d’effi-
cacité de ces interventions, le médecin, après avoir sollicité les conseils d’experts et
D-1964-01-2013 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
avec le consentement éclairé du patient ou de son représentant légal, peut recourir à
une intervention non avérée si, selon son appréciation professionnelle, elle offre une
chance de sauver la vie, rétablir la santé ou alléger les souffrances du patient. Cette
intervention devrait par la suite faire l’objet d’une recherche pour en évaluer la
sécurité et l’efficacité. Dans tous les cas, les nouvelles informations doivent être
enregistrées et, le cas échéant, rendues publiques.
* Les typos du paragraphe 26 et 32 ont été corrigés par le secretariat de l’AMM le 27 juin 2014.
D-1968-01-2016 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
REVISION DE LA DÉCLARATION DE SYDNEY DE L’AMM
SUR
LA DÉTERMINATION DE LA MORT
ET LE PRÉLÈVEMENT DES ORGANES
Adoptée par la 22e
Assemblée Médicale Mondiale, Sydney, Australie, Août 1968
et amendée par la 35e
Assemblée Médicale Mondiale, Venise, Italie, Octobre 1983
et la 57e
Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud, Octobre 2006
et révisée par la 67e
Assemblée générale de l’AMM, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
La mort peut être déterminée sur la base d’un arrêt irréversible de toutes les fonctions du
cerveau complet, y compris du tronc cérébral ou d’un arrêt irréversible des fonctions cir-
culatoires et respiratoires. Ce bilan sera basé sur un jugement clinique conformément aux
critères existants, si nécessaire au moyen de procédures de diagnostic standard effectuées
par un médecin.
Même sans intervention, l’activité des cellules, des organes et des tissus organiques peut
éventuellement se poursuivre après que la mort ait été constatée. L’arrêt de toute forme de
vie au niveau cellulaire n’est pas un critère nécessaire pour déterminer la mort.
L’utilisation des organes des donneurs décédés à des fins de transplantation a rendu im-
portant pour les médecins le fait d’être capable de déterminer le moment où les patients
mécaniquement assistés sont décédés.
Après le décès, il est permis de maintenir mécaniquement la circulation vers les organes et
les tissus du corps. Cette technique peut être utilisée pour préserver les organes et les tis-
sus destinés à être transplantés.
Avant la transplantation post-mortem, la mort doit être déterminée par un médecin qui en
aucun cas n’est immédiatement impliqué dans la procédure de transplantation.
La détermination du moment de la mort permettra du point de vue éthique, de cesser
tous les traitements et les efforts de réanimation et de faire le prélèvement des organes si
tant est que les conditions légales en matière de consentement et les autres critères éthi-
ques soient réunis. Les médecins devraient suivre le protocole sur le don d’organes pour
les donneurs décédés comme le stipule la Prise de position de l’AMM sur le don d’organes
et de tissus.
D-1975-01-2016 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE TOKYO DE L’AMM
– DIRECTIVES À L’INTENTION DES MÉDECINS EN CE QUI CONCERNE LA
TORTURE ET AUTRES PEINES OU TRAITEMENTS CRUELS,
INHUMAINS OU DÉGRADANTS EN RELATION AVEC LA DÉTENTION OU
L’EMPRISONNEMENT –
Adoptée par la 29e
Assemblée Médicale Mondiale, Tokyo, Japon, Octobre 1975
et révisée par la 170e
Session du Conseil, Divonne-les-Bains, France, Mai 2005
par la 173e
Session du Conseil, Divonne-les-Bains, France, Mai 2006
et la 67e
Assemblée générale de l’AMM, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
PRÉAMBULE
Le médecin a le privilège d’exercer son art pour servir l’humanité. Il doit conserver et
rétablir la santé physique et mentale pour tous, sans discrimination, consoler et soulager
ses patients. Le médecin doit garder le respect absolu de la vie humaine dès la conception,
même sous la menace et ne devra pas faire usage de ses connaissances médicales contre
les lois de l’humanité.
Dans cette déclaration, la torture est définie comme les souffrances physiques ou mentales
infligées à un certain degré, délibérément, systématiquement ou sans motif apparent, par
une ou plusieurs personnes agissant de leur propre chef ou sous l’ordre d’une autorité pour
obtenir par la force des informations, une confession ou pour toute autre raison.
DÉCLARATION
1. Le médecin ne devra jamais assister, participer ou admettre les actes de torture ou
autres formes de traitements cruels, inhumains ou dégradants, quels que soient la faute
commise, l’accusation, les croyances ou les motifs de la victime, dans toutes
situations, ainsi qu’en cas de conflit civil ou armé.
2. Le médecin ne devra jamais fournir les locaux, instruments, substances, ou faire état
de ses connaissances pour faciliter l’emploi de la torture ou autre procédé cruel,
inhumain ou dégradant ou affaiblir la résistance de la victime à ces traitements.
3. Dans le cadre de l’assistance médicale qu’ils fournissent aux détenus ou aux
prisonniers qui sont ou pourraient ultérieurement être soumis à des interrogatoires, les
médecins doivent tout particulièrement veiller à la confidentialité de toutes les
informations médicales personnelles. Toute infraction à la Convention de Genève doit
être systématiquement signalée par le médecin aux autorités compétentes.
4. Comme l’indique la Résolution de l’AMM sur la responsabilité des médecins dans la
Taipei ⏐ D-1975-01-2016
Détention et Emprisonnement (Tokyo)
documentation et la dénonciation des actes de torture ou de traitements cruels,
inhumains ou dégradants et en tant qu’exception à la confidentialité professionnelle,
les médecins ont l’obligation éthique de signaler les abus, si possible avec le
consentement du sujet, mais dans certaines circonstances lorsque la victime est dans
l’incapacité de s’exprimer librement, sans consentement explicite.
5. Dans toute la mesure du possible, le médecin ne devra pas utiliser ni permettre que
soient utilisées ses connaissances ou compétences médicales ou des informations de
santé spécifiques aux personnes, pour faciliter ou sinon contribuer à un interrogatoire,
légal ou illégal, de ces personnes.
6. Le médecin ne devra jamais être présent lorsque le détenu est menacé ou soumis à la
torture ou à toute autre forme de traitement cruel, inhumain ou dégradant.
7. Le médecin doit avoir une indépendance clinique totale pour décider des soins à
donner à une personne placée sous sa responsabilité médicale. Le rôle fondamental du
médecin est de soulager les souffrances de ses semblables et aucun motif d’ordre
personnel collectif ou politique ne pourra prévaloir contre ce noble objectif.
8. Lorsqu’un prisonnier refuse toute nourriture et que le médecin estime que celui-ci est
en état de formuler un jugement conscient et rationnel quant aux conséquences
qu’entraînerait son refus de se nourrir, il ne devra pas être alimenté artificiellement, tel
que le stipule la Déclaration de Malte de l’AMM sur les grévistes de la faim. La
décision en ce qui concerne la capacité du prisonnier à exprimer un tel jugement devra
être confirmée par au moins un deuxième médecin indépendant. Le médecin devra
expliquer au prisonnier les conséquences que sa décision de ne pas se nourrir
pourraient avoir sur sa santé.
9. Rappelant la Déclaration d’Hambourg concernant le soutien des médecins refusant de
participer ou de fermer les yeux sur l’usage de la torture ou d’autres formes de
traitement cruel, inhumain ou dégradant, L’Association Médicale Mondiale soutient et
encourage la communauté internationale, les Associations Médicales Nationales et
tous les médecins à soutenir le médecin et sa famille qui feraient l’objet de représailles
ou menaces pour avoir refusé d’accepter que des moyens de torture ou autres formes
de traitements cruels, inhumains ou dégradants soient employés.
10. L’Association Médicale Mondiale lance un appel aux Associations Médicales
Nationales pour encourager les médecins à poursuivre leur formation professionnelle
et leur éducation sur les droits humains.
D-1981-01-2015 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE LISBONNE DE L’AMM
SUR
LES DROITS DU PATIENT
Adoptée par la 34e
Assemblée Médicale Mondiale, Lisbonne, Portugal,
Septembre/Octobre 1981
et amendée par la 47e
Assemblée générale, Bali, Indonésie, Septembre 1995
et révisée par la 171e
Session du Conseil, Santiago, Chili, Octobre 2005
et réaffirmée par la 200e
Session du Conseil de l’AMM, Oslo, Norvège, Avril 2015
PREAMBULE
La relation médecin-patient-société a ces derniers temps connu des changements impor-
tants. Si le médecin doit continuer à agir selon sa conscience et dans le meilleur intérêt du
patient, il devra également faire son possible pour garantir autonomie et justice au patient.
La déclaration suivante présente quelques-uns des droits de principes du patient que la
profession médicale approuve et soutient. Les médecins et autres personnes ou organismes
concernés par la prestation des soins de santé ont la responsabilité conjointe de reconnaître
et de défendre ces droits. Lorsqu’une législation, une mesure gouvernementale, une admi-
nistration ou une institution prive les patients de ces droits, les médecins doivent recher-
cher les moyens appropriés de les garantir ou de les recouvrer.
PRINCIPES
1. Le droit à des soins médicaux de qualité
a. Toute personne a le droit de recevoir, sans aucune discrimination, des soins
médi-caux appropriés.
b. Le patient a le droit d’être traité par un médecin dont il sait qu’il peut porter un
jugement clinique et éthique sans pression extérieure.
c. Le patient sera toujours traité dans le respect de son meilleur intérêt. L’application
du traitement sera conforme aux principes médicaux généralement approuvés.
d. La garantie de la qualité doit toujours faire partie intégrante des soins de santé.
Les médecins, en particulier, devraient accepter la responsabilité d’être les déposi-
taires de cette qualité.
e. Lorsque les circonstances demandent de sélectionner des patients potentiels pour
un traitement dont la prestation est limitée, ces patients ont droit à ce que la pro-
cédure de sélection utilisée soit régulière. Ce choix doit se faire sur la base de cri-
tères médicaux et sans discrimination.
Oslo ⏐ D-1981-01-2015
Droits du Patient (Lisbonne)
f. Le patient a droit à un suivi des soins. Le médecin a l’obligation de coopérer à la
coordination des prescriptions médicales avec les autres pourvoyeurs de santé
traitant le patient. Le médecin ne doit pas interrompre le traitement du patient,
tant qu’il existe une prescription médicale qui demande de le poursuivre, sans lui
donner l’assistance et les informations nécessaires qui lui permettent d’envisager
d’autres soins.
2. Le droit à la liberté de choix
a. Le patient a le droit de choisir et de changer librement de médecin, d’hôpital ou
d’établissement de soins de santé, sans se préoccuper de savoir s’ils appartiennent
au secteur public ou au secteur privé.
b. Le patient a le droit de demander à tout moment l’avis d’un autre médecin.
3. Le droit de decision
a. Le patient a le droit de prendre librement des décisions le concernant. Le médecin
l’informera des conséquences de ses décisions.
b. Tout adulte compétent a le droit de donner ou de refuser de donner son consente-
ment à une méthode diagnostique ou thérapeutique. Il a droit à l’information né-
cessaire pour prendre ses décisions. Il doit pouvoir clairement comprendre l’objet
d’un examen ou d’un traitement, les effets de leurs résultats et les conséquences
d’un refus de consentement.
c. Le patient a le droit de refuser de participer à la recherche ou l’enseignement de la
médecine.
4. Le patient inconscient
a. Si le patient est inconscient ou incapable d’exprimer sa volonté, le consentement
éclairé doit être obtenu d’un représentant légal.
b. Si en l’absence du représentant légal, il y a nécessité urgente d’intervention médi-
cale, le consentement du patient sera présumé, à moins que sur la base d’une con-
viction ou ferme déclaration préalable, il ne soit évident et indéniable qu’il aurait,
dans pareil cas, refusé l’intervention.
c. Cependant, les médecins doivent toujours essayer de sauver la vie du patient in-
conscient à la suite d’une tentative de suicide.
5. Le patient légalement incapable
a. Si le patient n’a pas encore atteint l’âge de la majorité ou s’il est légalement
incapable, il est nécessaire d’avoir le consentement du représentant légal dans cer-
taines juridictions. Néanmoins, le patient devra, dans toute la mesure du possible,
prendre part aux décisions.
D-1981-01-2015 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
b. Lorsque le patient légalement incapable peut prendre des décisions rationnelles,
celles-ci doivent être respectées, et il a le droit d’empêcher la révélation d’informa-
tions à son représentant légal.
c. Lorsque le représentant légal ou la personne autorisée par le patient refuse un
traitement qui, de l’avis du médecin, s’avère être dans le meilleur intérêt du pa-
tient, le médecin devrait contester cette décision devant une institution légale ou
autre appropriée. En cas d’urgence, le médecin agira dans le meilleur intérêt du
patient.
6. L’emploi de méthodes contraires à la volonté du patient
Les méthodes de diagnostic ou de traitement contraires à la volonté du patient ne peu-
vent être employées qu’à titre exceptionnel, si elles sont expressément autorisées par
la loi et si elles sont conformes aux principes d’éthique médicale.
7. Le droit à l’information
a. Le patient a le droit de recevoir l’information le concernant contenue dans le
dossier médical et d’être pleinement informé sur son état de santé, y compris des
données médicales se rapportant à son état. Cependant, les informations confiden-
tielles concernant un tiers ne seront pas révélées sans le consentement de ce der-
nier.
b. Exceptionnellement, l’information pourra ne pas être communiquée au patient
lorsqu’il y a de bonnes raisons de croire qu’elle constitue un danger pour sa vie ou
sa santé.
c. L’information doit être donnée de manière à respecter la culture du patient et à
être comprise par le patient.
d. Le patient a, sur sa demande expresse, le droit de ne pas être informé, à moins que
la protection de la vie d’une autre personne ne l’exige.
e. Le patient a, le cas échéant, le droit de choisir la personne qui devra être informée
sur son sujet.
8. Le droit au secret professionnel
a. Toute information identifiable concernant l’état de santé, les circonstances médi-
cales, le diagnostic, le pronostic, le traitement du patient et toute autre informa-
tion le concernant en propre, doit rester confidentielle, même après sa mort. Excep-
tionnellement, les descendants peuvent avoir un droit d’accès aux informations
susceptibles de révéler les risques qu’ils encourent pour leur santé.
b. L’information confidentielle ne peut être divulguée qu’à la condition expresse que
le patient en donne le consentement ou qu’à condition que la loi l’autorise ex-
pressément. Elle ne peut être divulguée aux autres pourvoyeurs de santé que sur la
base du “besoin de savoir” à moins que la patient n’en donne son consentement
explicite.
Oslo ⏐ D-1981-01-2015
Droits du Patient (Lisbonne)
c. Toutes les données identifiables concernant le patient doivent être protégées.
Cette protection doit correspondre à leur forme de stockage. Les substances hu-
maines à partir desquelles ces données sont identifiables doivent être également
protégées.
9. Le droit à l’information sur l’éducation de la santé
Toute personne a droit à une éducation sanitaire lui permettant de prendre une déci-
sion éclairée sur sa santé et les services de santé disponibles. Cet enseignement devra
notamment apporter des informations sur les différents modes de vie saine et sur les
moyens de prévention et de dépistage précoce des maladies. La responsabilité de
chacun envers sa santé devra aussi être soulignée. Les médecins ont l’obligation de
prendre part aux actions éducatives.
10. Le droit à la dignité
a. La dignité et le droit à la vie privée du patient, en matière de soins comme d’en-
seignement, seront à tout moment respectés.
b. Le patient a droit à ce que le mode d’apaisement de ses souffrances soit conforme
à l’état actuel des connaissances.
c. Le patient en phase terminale a le droit d’être traité avec humanité et de recevoir
toute l’aide disponible pour que sa mort soit aussi digne et confortable que pos-
sible.
11. Le droit à l’assistance religieuse
Le patient a le droit de recevoir ou de refuser une aide spirituelle et morale, y compris
celle d’un ministre représentant la religion de son choix.
D-1981-02-2010 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
LES PRINCIPES RÉGISSANT LES SOINS
DE SANTÉ EN MÉDECINE SPORTIVE
Adoptée par la 34e
Assemblée Médicale Mondiale, Lisbonne, Portugal,
Septembre/Octobre 1981
et amendée par les 39e
Assemblée Médicale Mondiale, Madrid, Espagne, Octobre 1987
45e
Assemblée Médicale Mondiale, Budapest, Hongrie, Octobre 1993
et 51e
Assemblée Médicale Mondiale, Tel Aviv, Israël, Octobre 1999
et réaffirmée par la 185e
Session du Conseil l’AMM, Evian les Bains, France, Mai 2010
Consciente du rôle des médecins en médecine du sport, l’AMM, reconnaissant les circon-
stances particulières dans lesquelles les soins et les conseils sont donnés, recommande les
directives éthiques suivantes afin de les aider à répondre aux besoins des athlètes.
1. Le médecin chargé de la surveillance médicale des athlètes a le devoir déontologique
de tenir compte des exigences particulières à la fois physiques et mentales qui sont
imposées à ces athlètes par les performances requises à l’occasion des activités spor-
tives.
2. Chez l’enfant ou l’adolescent qui pratique un sport, le médecin doit considérer en prio-
rité la formation et le développement du participant.
1. Le médecin doit s’assurer que le degré de croissance et de développement de l’en-
fant, ainsi que son état de santé général, peuvent supporter les rigueurs de l’en-
traînement et de la compétition sans nuire à son développement physique et moral.
2. Le médecin doit s’opposer à toute activité sportive ou athlétique incompatible avec
le niveau de croissance et de développement de l’enfant ou avec son état de santé
général. Le médecin doit agir dans le meilleur intérêt de la santé de l’enfant ou de
l’adolescent nonobstant tous intérêts ou pressions de quelque nature qu’ils soient.
3. Lorsqu’il s’agit d’un athlète professionnel, le médecin doit porter une attention parti-
culière aux directives de médecine du travail qui pourraient recevoir application.
4. Le médecin doit savoir que le recours aux pratiques de dopage1 constitue une viola-
tion du serment d’Hippocrate et des principes fondamentaux de la Déclaration de
Genève de l’AMM qui affirme notamment “Je considérerai la santé de mon patient
comme mon premier souci”. L’AMM estime que le dopage constitue une menace pour
la santé des athlètes et des jeunes en général et qu’il est contraire aux principes d’éthi-
que de la profession médicale. Le médecin doit donc refuser d’administrer ou de cau-
tionner toutes pratiques ou méthodes contraires à l’éthique professionnelle ou suscep-
Evian-les-Bains ⏐ D-1981-02-2010
Médecine Sportive
tibles de porter préjudice à l’athlète, notamment:
1. les procédés qui modifient artificiellement les composants ou les réactions chi-
miques du sang;
2. les médicaments ou autres substances, quelles qu’en soient la nature et la voie
d’administration, y compris les médicaments qui stimulent ou abaissent l’activité
fonctionnelle du système nerveux central et les méthodes qui modifient artifi-
ciellement les réflexes;
3. les interventions pharmacologiques susceptibles de modifier la volonté ou l’état
mental général;
4. les procédés visant à dissimuler la douleur ou toute autre réaction symptomatique
afin de permettre à l’athlète de participer à des épreuves malgré la présence de lé-
sions ou symptômes venant contre-indiquer cette participation;
5. les modifications artificielles des caractéristiques propres à l’âge et au sexe;
6. la participation à des entraînements ou à des événements incompatibles avec le
maintien de la bonne forme, de la santé ou de la sécurité de l’individu;
7. les mesures visant à accroître ou à maintenir de manière artificielle le niveau de
performance pendant une compétition. L’utilisation par un athlète de moyens de
dopage pour améliorer ses performances est contraire à l’éthique.
5. Le médecin doit informer l’athlète, ses responsables et toutes personnes concernées,
des conséquences des procédés qu’il refuse d’utiliser, veiller à ce qu’ils ne soient pas
utilisés, s’assurer le concours des autres médecins et organisations partageant les mê-
mes buts, protéger l’athlète contre toute pression qui pourrait l’amener à avoir recours à
ces méthodes et aider à leur dépistage.
6. Le médecin du sport doit donner objectivement son avis sur l’aptitude ou l’inaptitude
de l’athlète; il doit être clair, précis et ne laisser aucun doute sur ses conclusions.
7. Lorsqu’il s’agit d’un sport de compétition ou professionnel, il incombe au médecin de
décider si l’athlète est médicalement en état de rester sur le terrain ou de retourner dans
le jeu. Cette décision ne peut être déléguée à d’autres professionnels ou à d’autres
personnes. En l’absence du médecin, les décisions doivent respecter strictement les in-
structions de celui-ci et la priorité doit toujours être accordée à la santé et à la sécurité
de l’athlète, et non au résultat de la compétition.
8. Afin de pouvoir répondre à ses devoirs éthiques, le médecin du sport doit pouvoir
compter sur la reconnaissance absolue de son autorité, particulièrement en ce qui con-
cerne la santé, la sécurité et les intérêts légitimes de l’athlète auxquels il ne peut être
porté préjudice pour favoriser les intérêts de tiers, quels qu’ils soient. Ces principes et
obligations devraient faire l’objet d’un accord, entre le médecin et l’organisation spor-
tive compétente, reconnaissant l’obligation du médecin de respecter les principes éthi-
ques énoncés dans les déclarations nationales et internationales que la profession mé-
dicale a approuvées et auxquelles elle est liée.
D-1981-02-2010 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
9. Le médecin du sport doit tenir le médecin traitant du patient pleinement informé des
données concernant sa prise en charge. Au besoin, il collaborera avec ce dernier pour
assurer que l’athlète ne nuira pas à sa santé et qu’il n’utilisera pas des techniques po-
tentiellement dangereuses pour améliorer ses performances.
10. En médecine du sport, comme dans les autres branches de la médecine, le secret pro-
fessionnel doit être respecté. Le droit de l’athlète à la confidentialité des soins qui lui
ont été apportés doit être protégé, surtout lorsqu’il s’agit d’athlètes professionnels.
11. Le médecin du sport ne peut être lié par un contrat l’obligeant à réserver certaines
méthodes thérapeutiques à un seul athlète ou à un groupe d’athlètes.
12. Il est souhaitable que les médecins du sport qui accompagnent une équipe dans un
pays étranger puissent y exercer leurs fonctions.
13. La participation active du médecin du sport est souhaitable lors de l’élaboration de
règlements sportifs.
1
Cf. la Charte Olympique contre le dopage dans le sport et la Déclaration de Lausanne sur le do-
page dans le sport adoptés par le comité international sur le dopage dans le sport (février 1999).
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-1983-01-2006
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE VENISE DE L’AMM
SUR
LA PHASE TERMINALE DE LA MALADIE
Adoptée par la 35e
Assemblée Médicale Mondiale, Venise, Italie, Octobre 1983
et révisée par la 57e
Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
PRÉFACE
1. Lorsque l’on traite des questions éthiques liées aux soins en fin de vie, on aborde
inévitablement également le thème de l’euthanasie et du suicide médicalement assisté.
L’Association Médicale Mondiale condamne comme contraire à l’éthique aussi bien
l’euthanasie que le suicide médicalement assisté. Il est à noter que la politique de
l’AMM sur ces thèmes s’applique intégralement dans le contexte de cette prise de po-
sition sur la phase terminale de la maladie.
PRÉAMBULE
1. Lorsque le diagnostic médical d’un patient interdit tout espoir de guérir ou de pré-
server la santé et que la mort du patient est inévitable, le médecin et le patient sont
souvent confrontés à un ensemble complexe de décisions concernant les interventions
médicales. Les progrès médicaux ont permis aux médecins de solutionner de nom-
breuses questions inhérentes aux soins en fin de vie. Toutefois, c’est un domaine de la
médecine qui historiquement n’a pas obtenu toute l’attention qu’il méritait. Tout en ne
remettant pas en question la priorité donnée au traitement des maladies, il convient
d’accorder davantage d’attention à l’élaboration de traitements palliatifs et d’améliorer
les capacités des médecins à évaluer et à traiter les composants médicaux et psy-
chologiques des symptômes dans la phase terminale de la maladie. La phase d’agonie
doit être reconnue et respectée comme une composante importante de la vie d’une
personne. La pression publique augmentant dans de nombreux pays afin que le sui-
cide médicalement assisté et l’euthanasie soient considérés comme des options accep-
tables pour mettre fin aux souffrances des patients en phase terminale, il est d’autant
plus impératif sur le plan éthique d’améliorer le traitement palliatif dans la phase
terminale de la vie.
2. L’Association Médicale Mondiale reconnaît que les attitudes et les croyances en
matière de mort et de fin de vie varient grandement d’une culture à l’autre et parmi les
religions. De plus, de nombreuses mesures palliatives et de maintien en vie requièrent
des technologies et/ou des ressources financières tout simplement non disponibles
dans de nombreux endroits. L’approche des soins médicaux de la personne en phase
terminale de la maladie sera largement influencée par ces facteurs ce qui empêche
D-1983-01-2006 ⏐ Pilanesberg
Phase Terminale de la Maladie (Venise)
donc pour des raisons pratiques et de bon sens d’élaborer des directives précises sur les
soins en phase terminale ayant une portée universelle. En conséquence, l’Associa-tion
Médicale Mondiale délivre les principes clés suivants afin d’aider les médecins et les
Associations Médicales Nationales à prendre des décisions en matière de soins en
phase terminale.
PRINCIPES
1. Le médecin a pour mission de guérir et, dans la mesure du possible, de soulager les
souffrances, ayant toujours à l’esprit l’intérêt primordial de son patient. Ce principe ne
souffre aucune exception même en cas de maladie incurable.
2. Dans le cadre des soins prodigués aux patients en phase terminale, la responsabilité
première du médecin est d’aider les patients en lui préservant une parfaite qualité de
vie par un suivi des symptômes, en répondant à ses besoins psychologiques ainsi
qu’en lui permettant de mourir dans la dignité et dans le confort. Les médecins doivent
informer les patients de l’existence, des bénéfices et des autres effets potentiels des
soins palliatifs.
3. Le droit du patient à l’autonomie doit être respecté lorsqu’il s’agit de prendre des déci-
sions en phase terminale de la maladie. Cela inclut le droit de refuser un traitement et
de demander des mesures palliatives pour soulager la souffrance qui peuvent toutefois
avoir pour effet d’accélérer la mort. Les médecins n’ont cependant pas le droit sur le
plan éthique d’assister activement les patients au suicide. Cela inclut l’administration
de tout traitement dont les bénéfices palliatifs, de l’avis du médecin, ne se justifient
pas par rapport aux effets annexes.
4. Le médecin ne doit pas recourir à des moyens n’apportant aucun bénéfice au patient.
5. Les médecins doivent reconnaître le droit des patients à formuler par avance des di-
rectives écrites précisant leurs souhaits en matière de soins dans l’éventualité où ils
seraient incapables de communiquer et désignant une personne pour prendre des déci-
sions qui ne figureraient pas dans les directives préalablement rédigées. Les médecins
doivent notamment discuter des souhaits du patient pour ce qui concerne les interven-
tions de maintien en vie et les mesures palliatives qui pourraient avoir pour autre con-
séquence d’accélérer la mort. Lorsque cela est possible, le représentant du patient doit
participer à ces conversations.
6. Les médecins doivent s’efforcer de comprendre et de répondre aux besoins psycho-
logiques de leurs patients, notamment lorsqu’ils sont en relation avec les symptômes
physiques du patient. Les médecins doivent tenter d’assurer la disponibilité de res-
sources psychologiques et spirituelles pour les patients et leurs familles afin de les
aider à faire face à leur anxiété, leur crainte et leur chagrin associés à la maladie en
phase terminale.
7. Le traitement clinique de la douleur des patients en phase terminale est d’une impor-
tance capitale en termes d’allègement des souffrances. Les médecins et les Associa-
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-1983-01-2006
Manuel des Politiques de l’AMM
tions Médicales Nationales doivent promouvoir la diffusion et le partage des infor-
mations sur le traitement de la douleur afin de veiller à ce que tous les médecins ayant
à pratiquer des soins en phase terminale ont accès aux meilleures directives profes-
sionnelles et aux traitements et méthodes les plus actuels. Les médecins doivent pou-
voir continuer à traiter cliniquement les douleurs violentes sans avoir à craindre de
répercussions professionnelles ou juridiques.
8. Les Associations Médicales Nationales doivent encourager les gouvernements et les
instituts de recherche à investir de plus amples ressources dans la mise au point de
traitements pour améliorer les soins en fin de vie. Le cursus médical scolaire doit
comporter des cours sur les soins palliatifs. Là où ces cours n’existent pas, il faut en-
visager d’instaurer la médecine palliative comme une branche spécifique de la méde-
cine.
9. Les Associations Médicales Nationales doivent plaider pour la mise en place de ré-
seaux au sein des institutions et des organisations impliquées dans les soins pallia-tifs
afin de favoriser la communication et la collaboration.
10. Les médecins ont le droit, lorsque le patient ne peut inverser le processus final d’arrêt
des fonctions vitales, de mettre en place des moyens artificiels afin de conserver en
activité les organes destinés à être transplantés à la condition d’agir en conformité
avec les directives éthiques stipulées dans la Déclaration de Sydney sur la détermina-
tion de la mort et la collecte d’organes de l’Association Médicale Mondiale.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-1989-01-2015
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE HONG KONG DE L’AMM
SUR
LES MAUVAIS TRAITEMENTS DES PERSONNES AGÉES
Adoptée par la 41e
Assemblée Médicale Mondiale, Hong Kong, Septembre 1989
et révisée par la 126e
Session du Conseil, Jérusalem, Israël, Mai 1990
et par la 170e
Session du Conseil, Divonne-les-Bains, France, Mai 2005
et réaffirmée par la 200e
Session du Conseil de l’AMM, Oslo, Norvège, Avril 2015
Les personnes âgées peuvent souffrir de problèmes pathologiques comme les troubles mo-
teurs et psychiques et les difficultés d’orientation. Il résulte de ces problèmes que les per-
sonnes âgées peuvent avoir besoin d’une assistance dans leurs activités quotidiennes qui
les place en état de dépendance. Une telle situation peut alors amener la famille et la col-
lectivité à les considérer comme une charge et en conséquence à réduire les soins et les
services ou à ne pas les assurer.
Les mauvais traitements ou la négligence vis-à-vis des personnes âgées peuvent se mani-
fester de multiples manières, sur le plan physique, psychologique, financier et/ou matériel
et médical. Le mauvais traitement des personnes âgées donnant lieu à de multiples défi-
nitions, il est difficile de comparer les conclusions sur la nature et les causes du problème.
Un certain nombre d’hypothèses préliminaires ont été proposées concernant l’étiologie des
mauvais traitements des personnes âgées, dont notamment: la dépendance envers autrui en
matière de prestation de services; le manque de liens familiaux étroits; la violence dans la
famille; le manque de ressources financières; la psychopathologie de l’auteur de mauvais
traitements; le manque de protection sociale; et les facteurs institutionnels tels que les bas
salaires et les mauvaises conditions de travail qui contribuent au mécontentement des soig-
nants.
Le mauvais traitement des personnes âgées est un fait de plus en plus reconnu par les insti-
tutions médicales et les organismes sociaux. La première étape en faveur de la prévention
des mauvais traitements et de l’isolement des personnes âgées consiste à élargir la con-
science et la connaissance des médecins et autres professionnels de santé. Une fois identi-
fiées les familles et les personnes à hauts risques, les médecins peuvent participer à une
prévention élémentaire en signalant les mauvais traitements au centre de service social ou
communautaire approprié. Ils peuvent également aider et informer directement les patients
et leur famille sur les situations à hauts risques. Simultanément, les médecins devraient
faire faire preuve d’attention et de sensibilité pour conserver la confiance du patient et sa
vie privée, notamment dans le cas de patients compétents.
Par conséquent, l’Association Médicale Mondiale adopte les principes de base suivants
concernant les mauvais traitements des personnes âgées.
D-1989-01-2015 ⏐ Divonne-les-Bains
Mauvais Traitements des Personnes Agées (Hong Kong)
PRINCIPES DE BASE
1. Les personnes âgées ont les mêmes droits aux soins, au bien-être et au respect que les
autres êtres humains.
2. Les médecins ont la responsabilité de veiller à prévenir les mauvais traitements phy-
siques et psychiques des personnes âgées.
3. Les médecins, appelés par la personne âgée elle-même, par la maison de retraite ou de
soins, ou par la famille, veilleront à ce que le patient reçoive les meilleurs soins pos-
sibles.
4. Les médecins qui, selon les termes de la présente déclaration, constatent ou suspectent
un mauvais traitement, devront discuter de la situation avec les responsables, qu’il
s’agisse de la maison de retraite ou de la famille. S’ils constatent un cas de mauvais
traitements ou s’ils considèrent un décès suspect, ils devront en informer les autorités
compétentes.
5. Afin de garantir la protection des personnes âgées dans son environnement, il ne doit
pas y avoir de restriction quant au droit de choisir librement son médecin. Les asso-
ciations médicales nationales membres devront faire tout leur possible pour s’assurer
que ce libre choix est garanti dans le système médico-social.
L’Association Médicale Mondiale apporte également les recommandations suivantes aux
médecins traitant des personnes âgées et invite les associations médicales nationales à
faire connaître la présente déclaration à leurs membres et au public.
RECOMMANDATIONS
Les médecins traitant des personnes âgées devront: – tenter encore davantage d’établir un
climat de confiance avec les personnes âgées afin de les encourager à se faire soigner
lorsque cela est nécessaire et à se sentir à l’aise dans leur relation avec le médecin;
• examiner et traiter les blessures par suite de mauvais traitements et/ou négligences;
• essayer d’établir ou de maintenir un lien thérapeutique avec la famille (le médecin
est souvent le seul professionnel qui maintienne des relations à long terme avec le
patient et la famille) tout en préservant dans toute la mesure du possible la vie pri-
vée du patient;
• signaler tous les cas suspects de mauvais traitements et/ou négligences de per-
sonnes agées conformément à la législation locale;
• faire appel, quand cela est possible, à une équipe multidisciplinaire de responsa-
bles issus des professions médicales, sociales, psychiatriques et juridiques; et
• encourager le développement et l’utilisation de ressources communautaires de sou-
tien dispensant des soins à domicile, assurant une trêve des soins et réduisant les
tensions avec les familles à haut risque.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-1991-01-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE MALTE DE L’AMM
SUR
LES GRÉVISTES DE LA FAIM
Adoptée par la 43e
Assemblée Médicale Mondiale, St. Julians, Malte, Novembre 1991
et révisée sur le plan rédactionnel par la 44e
Assemblée Médicale Mondiale, Marbella,
Espagne, Novembre 1992
et révisée par la 57e
Assemblée Générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et la 68e
Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PRÉAMBULE
1. Les grèves de la faim se déroulent dans différents contextes mais la plupart du temps
elles posent un dilemme là où les personnes sont détenues (prisons, établissements
pénitentiaires, centres de rétention d’immigrés). Elles traduisent généralement une
protestation de personnes qui n’ont pas d’autre manière de faire connaître leurs
revendications. En refusant de s’alimenter sur une longue période, ces détenus peuvent
espérer atteindre certains objectifs tout en donnant une mauvaise image des autorités.
Le fait de refuser toute alimentation à court terme ou de simuler un tel refus soulève
rarement des problèmes éthiques. Un jeûne prolongé peut entraîner la mort ou des
dommages irréversibles. Face aux grévistes de la faim, les médecins peuvent se
trouver dans un conflit de valeurs. Les grévistes de la faim souhaitent rarement mourir
mais certains peuvent s’y préparer pour atteindre leurs objectifs.
2. Les médecins ont besoin de connaître la véritable intention d’une personne,
notamment lors d’une grève collective ou dans des situations ou la pression des pairs
peut l’influencer. Il peut être émotionnellement difficile d’assister des grévistes de la
faim qui ont manifestement donné des instructions précises pour ne pas être soignés et
qui atteignent un stade où ils perdent leurs capacités cognitives. Le principe de
bienfaisance pousse les médecins à les réanimer mais le respect de l’autonomie
empêche les médecins d’intervenir lorsque les grévistes de la faim s’y sont opposés en
toute connaissance de cause. Cette question a été travaillée dans le cadre d’autres
situations cliniques, y compris des cas de refus d’un traitement vital. D’autres
problèmes se posent dans les établissements pénitentiaires car on ne sait jamais
précisément si les instructions données par le gréviste de la faim reposent sur sa propre
volonté et sa pleine connaissance des conséquences ultérieures.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-1991-01-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
PRINCIPES
3. Devoir d’agir conformément à l’éthique. Tous les médecins ont un devoir éthique dans
leurs relations professionnelles avec des personnes vulnérables, même lorsqu’il ne leur
est pas demandé de les traiter. Quel que soit leur rôle, les médecins doivent tenter
d’éviter toute coercition ou mauvais traitement des détenus et protester si de tels actes
se produisaient.
4. Respect de l’autonomie. Les médecins doivent respecter l’autonomie des personnes,
qui peut être difficile à évaluer car le souhait véritable du gréviste de la faim peut ne
pas être aussi clair que les apparences le laissent penser. Une décision n’a aucune
valeur morale si elle est prise sous la menace, la pression des pairs ou la coercition.
Les grévistes de la faim ne doivent pas être contraints à subir un traitement qu’ils
refusent. Préconiser ou procéder à l’alimentation forcée en dépit d’un refus volontaire
et éclairé n’est pas justifiable. L’alimentation artificielle du gréviste avec son
consentement explicite ou nécessairement implicite est acceptable d’un point de vue
éthique.
5. « Bienfaits » et « nuisances ». Les médecins doivent mettre leurs compétences et
connaissances au service de ceux qu’ils traitent. Il s’agit du concept de « bienfaisance
» qui complété par celui de « malfaisance » ou Primum non nocere. Ces deux concepts
doivent être en équilibre. Le « bienfait » implique de respecter les souhaits de la
personne et de favoriser son bien-être. Prévenir la « nuisance » signifie non seulement
limiter les dégâts sur la santé mais aussi ne pas contraindre à un traitement des
personnes capables et ne pas les forcer à mettre fin à leur jeûne. Les bienfaits ne
signifient pas prolonger à tout prix la vie, sans égard pour d’autres déterminants.
Les médecins doivent respecter l’autonomie des personnes capables, même lorsqu’il
est prévisible que leur comportement leur nuira. La perte d’autonomie ne signifie pas
qu’un refus éclairé de traitement, y compris l’alimentation forcée, exprimé
antérieurement, puisse être ignoré.
6. Équilibrer les loyautés contradictoires. Les médecins qui assistent les grévistes de la
faim peuvent vivre un conflit entre leur loyauté vis-à-vis des autorités qui les
emploient (telles que les autorités pénitentiaires) et leur loyauté vis-à-vis des patients.
Dans cette situation, les médecins confrontés à un conflit de loyauté sont liés par les
mêmes principes éthiques que les autres médecins, à savoir que leur obligation
première les engage envers leur patient. Les médecins demeurent indépendants de leur
employeur en ce qui a trait à leurs décisions médicales.
7. Indépendance médicale. Les médecins doivent demeurer objectifs dans leur évaluation
et ne pas permettre à des tiers d’influencer leur jugement médical. Ils ne doivent pas se
laisser convaincre de violer leurs principes éthiques, comme accepter d’intervenir pour
D-1991-01-2017 ⏐ Taipei
Grévistes de la Faim (Malte)
des raisons non médicales.
8. Confidentialité. Le devoir de confidentialité est important pour instaurer la confiance
sans pour autant être impératif. Il peut ne pas être rempli si la non divulgation
d’informations fait courir aux autres un danger grave et imminent. Comme avec
d’autres patients, la confidentialité des échanges avec des grévistes de la faim doit être
respectée à moins que ceux-ci n’acceptent la communication des informations ou que
le partage des informations ne soit nécessaire pour prévenir un danger grave. Si les
personnes acceptent la communication de renseignements, leurs familles et les
conseillers juridiques doivent être tenus informés de la situation.
9. Établir la confiance. Établir un lien de confiance entre médecins et grévistes de la faim
est souvent la clé pour résoudre la situation en respectant les droits de ces derniers et
en limitant les conséquences de leur grève sur leur santé. La confiance peut créer des
possibilités de résoudre des situations difficiles. La confiance dépend de l’aptitude des
médecins à donner de bons conseils et à se montrer francs à l’égard des grévistes de la
faim au sujet des limites de ce qu’ils peuvent faire, y compris dans les situations dans
lesquelles les médecins ne pourront pas préserver la confidentialité.
10. Les médecins doivent évaluer les capacités mentales des personnes qui souhaitent
entamer une grève de la faim. Cela suppose de vérifier que les personnes qui
souhaitent jeûner ne présentent pas de troubles mentaux qui pourraient les empêcher
de prendre des décisions éclairées au sujet de leur santé. Les personnes dont les
capacités mentales sont gravement compromises pourraient ne pas être à même
d’évaluer les conséquences de leurs actes si elles entamaient une grève de la faim. Les
personnes dont les troubles mentaux sont curables devraient être aiguillées vers les
soins nécessaires et recevoir un traitement adapté. Les personnes dont les troubles sont
incurables, y compris une grave incapacité à apprendre ou une démence avancée
doivent recevoir un traitement et un appui qui leur permette de prendre des décisions
compatibles avec leurs aptitudes.
11. Dès que possible, les médecins doivent obtenir un historique médical détaillé de la
personne qui prévoit de jeûner. Les implications médicales de toute pathologie
existante doivent être expliquées à la personne. Les médecins doivent s’assurer que les
grévistes de la faim comprennent les conséquences possibles du jeûne sur leur santé et
les prévenir en langage clair des inconvénients. Les médecins doivent également
expliquer comment réduire ou différer les risques pour leur santé, par exemple en
absorbant davantage de liquide et de vitamine B1 (thiamine). La personne pouvant
changer d’avis au sujet de sa grève de la faim, il est essentiel d’assurer qu’elle est bien
informée des conséquences médicales d’un jeûne. Conformément aux bonnes
pratiques relatives au consentement dans les soins de santé, le médecin doit s’assurer
que le patient comprend bien les informations qui lui sont données en les lui faisant
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-1991-01-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
répéter.
12. Il convient de pratiquer un examen approfondi du gréviste de la faim au début de son
jeûne et notamment de le peser. Il convient également de discuter de la gestion de
futurs symptômes, y compris ceux qui ne sont pas liés au jeûne. De même, le médecin
doit prendre note des valeurs et des souhaits concernant le traitement médical en cas de
jeûne prolongé. Si le gréviste de la faim y consent, un examen médical devrait être
pratiqué régulièrement afin de décider des traitements nécessaires. L’environnement
physique doit être évalué pour élaborer des recommandations visant à prévenir les
effets négatifs.
13. Il est essentiel de maintenir la communication entre le médecin et les grévistes de la
faim. Les médecins devraient vérifier quotidiennement si les individus souhaitent
poursuivre leur grève de la faim et les interroger sur ce qu’ils souhaitent voir fait
lorsqu’ils ne seront plus en mesure de communiquer d’une manière compréhensible.
Le médecin doit s’efforcer d’identifier si la personne souhaite, si ses demandes ne sont
pas satisfaites, continuer le jeûne jusqu’à sa mort. Ces indications doivent être
consignées de manière adéquate.
14. Parfois, les grévistes de la faim acceptent une transfusion de solution saline ou
d’autres formes de traitement médical. Un refus d’accepter certaines interventions ne
doit pas nuire à d’autres formes de soins, comme le traitement d’une infection ou de
douleurs.
15. Les médecins doivent s’entretenir en privé avec les grévistes de la faim et sans être
entendus des autres, y compris des autres détenus. Il est essentiel d’entretenir une
communication claire et au besoin on peut faire appel à des interprètes sans lien de
dépendance avec les autorités compétentes, qui seront eux aussi tenus de préserver la
confidentialité des échanges.
16. Les médecins ont besoin d’être certains que le refus de nourriture ou de traitement est
le propre choix de la personne. Les grévistes de la faim doivent être à l’abri de toute
contrainte. Les médecins peuvent souvent y contribuer et doivent savoir que la
coercition peut être exercée par des pairs, des autorités ou d’autres personnes telles que
les membres de la famille. Les médecins et les autres soignants ne sauraient faire
pression sur les grévistes de la faim pour les faire interrompre leur grève. Les
traitements et soins ne sauraient être conditionnés à l’arrêt de leur grève de la faim.
Toute restriction ou pression telle que la pose de menottes, l’isolement, le fait
d’attacher le gréviste à son lit ou toute autre sorte de contrainte physique sanctionnant
la grève de la faim est intolérable.
17. Si un médecin est incapable pour des raisons de conscience d’accepter le refus de
traitement ou d’alimentation artificielle d’un gréviste de la faim, il doit le faire savoir
D-1991-01-2017 ⏐ Taipei
Grévistes de la Faim (Malte)
clairement et assurer que le gréviste de la faim est orienté vers un autre médecin qui
cautionnera son refus.
18. Lorsqu’un médecin prend en charge le gréviste de la faim, ce dernier peut déjà avoir
perdu ses facultés mentales et être dans l’impossibilité d’exprimer clairement ses
souhaits concernant une intervention médicale visant à lui sauver la vie. Il convient
d’examiner et de respecter les instructions données à l’avance par le gréviste de la
faim. Les refus préalables de traitement doivent être respectés s’ils reflètent la volonté
de la personne lorsqu’elle était apte à l’indiquer. Dans les lieux de privation de liberté,
l’éventualité que les instructions anticipées aient été données sous la contrainte doit
être envisagée. Lorsque les médecins ont de sérieux doutes sur les intentions de la
personne, ses instructions doivent être prises en compte avec la plus grande prudence.
Si ces instructions sont éclairées et volontaires en revanche, elles ne peuvent
généralement être ignorées que parce que l’évolution de la situation les a rendues
caduques après que la personne a perdu ses facultés.
19. S’il est impossible de discuter avec la personne, qu’elle n’a pas donné d’instructions à
l’avance et qu’aucun indice ne figure dans son dossier médical, les médecins doivent
agir selon ce qu’ils considèrent être l’intérêt de la personne. Cela signifie tenir compte
des souhaits exprimés précédemment par le gréviste de la faim, de ses valeurs
personnelles et culturelles et de son état de santé. En l’absence de toute preuve de la
volonté de la personne en grève, les médecins doivent décider, sans être influencés par
des tiers, de l’opportunité d’alimenter ou non la personne.
20. Dans certains cas rares et exceptionnels, les médecins peuvent ignorer les instructions
préalables de refus de traitement, par exemple s’ils pensent que ce refus a été obtenu
par contrainte. Si après réanimation et récupération de ses facultés mentales le gréviste
de la faim réitère son intention de jeûner, sa décision doit être respectée. Il est
conforme à l’éthique de laisser un gréviste de la faim déterminé mourir avec dignité
plutôt que de le soumettre à des interventions répétées contre sa volonté. Les médecins
qui interviennent en dépit d’un refus préalable de traitement doivent se préparer à
répondre de leurs actes devant les autorités compétentes, y compris les autorités
professionnelles.
21. L’alimentation artificielle peut se justifier sur le plan éthique si le gréviste de la faim
l’accepte en son âme et conscience. Cependant, conformément à la déclaration de
Tokyo de l’AMM, si un prisonnier refuse toute nourriture tout en étant considéré par
les médecins comme capable d’exprimer un jugement rationnel et non altéré sur les
conséquences de sa décision, il ne doit pas être nourri de manière artificielle.
L’alimentation artificielle peut être acceptée si des personnes incapables n’ont pas
laissé d’instructions opposées à l’alimentation, afin de préserver leur vie ou pour éviter
de graves séquelles irréversibles. L’hydratation rectale ne saurait être utilisée comme
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-1991-01-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
thérapie pour la ré-hydratation ou le soutien nutritionnel de patients en période de
jeûne.
22. Lorsqu’un patient est physiquement capable de commencer à se nourrir oralement,
toutes les précautions doivent être prises pour assurer la mise en œuvre des lignes
directrices les plus récentes au sujet de la ré-alimentation.
23. Tous les types d’intervention visant l’alimentation entérale et parentérale d’un gréviste
qui dispose de ses facultés mentales contre sa volonté sont considérés comme de
l’alimentation forcée. L’alimentation forcée est toujours contraire à l’éthique. Même
dans un but charitable, l’alimentation accompagnée de menaces, de coercition, de
l’usage de la force ou de la contrainte physique sont une forme de traitement inhumain
et dégradant. Tout aussi inacceptable est l’alimentation forcée de certains détenus afin
d’intimider ou de contraindre d’autres grévistes de la faim de mettre fin à leur jeûne.
RÔLES DES ASSOCIATIONS MÉDICALES NATIONALES ET DE L’AMM
24. Les associations médicales nationales (AMN) devraient organiser et fournir des
programmes éducatifs mettant en valeur les dimensions éthiques des grèves de la faim,
des approches, des traitements et des interventions médicaux appropriés Elles
devraient s’efforcer de renforcer les compétences et les connaissances des médecins.
Les AMN doivent travailler à proposer des mécanismes d’appui aux médecins
travaillant dans les prisons, les établissements pénitentiaires et les centres de rétention
des immigrés, qui peuvent se trouver en situation de conflit de loyauté et, comme il est
précisé dans la déclaration d’Hambourg de l’AMM, doivent soutenir les médecins qui
subissent des pressions pour transiger sur leurs principes.
Il incombe aux AMN de s’efforcer d’empêcher les pratiques contraires à l’éthique, de
prendre position, d’enquêter sur les violations des principes éthiques et de les
dénoncer.
25. L’Association médicale mondiale soutiendra les médecins et les AMN qui sont
confrontés à des pressions politiques parce qu’ils défendent une position éthiquement
fondée, comme elle le proclame dans sa déclaration d’Hambourg.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-1997-01-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
LES DIRECTIVES POUR L’AMÉLIORATION CONTINUELLE DE LA
QUALITÉ DES SOINS DE SANTÉ
Adoptée par la 49e
Assemblée Médicale Mondiale, Hamburg, Allemagne, Novembre 1997
amendée par la 60e
Assemblée générale de l’AMM, New Delhi, Inde, Octobre 2009
et réaffirmée avec révision mineure par la 213e
session du conseil de l’AMM, Tbilissi,
Géorgie, octobre 2019
PRÉAMBULE
L’objectif des soins de santé est de prévenir, diagnostiquer ou traiter toute maladie et de
maintenir et promouvoir la santé de la population. Le contrôle de la qualité des soins vise
à l’amélioration continuelle de la qualité des services fournis aux patients et à la
population et des méthodes et moyens mis en œuvre pour fournir ces services. Le but
ultime est d’améliorer à la fois la santé du patient et celle de la population.
Les codes d’éthique médicale font mention depuis longtemps de l’obligation des médecins
d’améliorer constamment leurs compétences professionnelles et d’évaluer les méthodes
qu’ils adoptent. Selon ces codes, tout médecin doit entretenir et enrichir ses connaissances
et compétences. Le médecin ne doit recommander que les examens et traitements
reconnus comme étant efficaces et appropriés conformément à la meilleure médecine
disponible basée sur la preuve.
Les médecins ainsi que les établissements de soins de santé ont l’obligation éthique et
professionnelle d’améliorer constamment les services de qualité et la sécurité des patients,
comme le précisent le code d’éthique médicale de l’AMM, la déclaration de Lisbonne sur
les droits du patient et la résolution sur la normalisation dans la pratique médicale et la
sécurité du patient. Ces directives visent à renforcer les procédures de suivi de la qualité et
à créer des bases éthiques pour de telles procédures.
Les directives éthiques visant à l’amélioration constante de la qualité concernent tous les
médecins ainsi que les établissements de soins aux patients, ceux qui sont en charge des
procédures d’amélioration continue de la qualité des services afin d’aider les médecins et
les organisations, ceux qui paient les soins et les législateurs, les patients et toute autre
partie intéressée au sein du système de santé.
L’OBLIGATION D’ÉTABLIR DES NORMES POUR UN TRAVAIL DE BONNE QUALITÉ
Les professionnels, par définition, sont responsables de l’établissement des normes qui
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-1997-01-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
garantissent un travail de bonne qualité et des procédures nécessaires à l’évaluation de
cette qualité. Les professionnels de santé doivent donc définir ce que sont des soins de
grande qualité et déterminer les meilleures méthodes pour évaluer la qualité des soins
fournis.
L’OBLIGATION DE COLLECTER DES DONNÉES
Afin d’évaluer la qualité des soins, il faut obtenir des données fiables sur les patients et les
populations bénéficiaires de soins et sur les procédures de traitement et leurs résultats. Les
dossiers des patients, qu’ils soient consignés sur papier ou informatisés, doivent être
rédigés et conservés avec soin tout en respectant le secret professionnel, conformément à
la déclaration de Taipei de l’AMM sur les considérations éthiques concernant les bases de
données de santé et les biobanques. Les procédures, décisions et autres questions
concernant les patients doivent être enregistrées de manière à permettre de fournir des
informations pour évaluer des normes spécifiques au moment jugé nécessaire.
LE RÔLE DE LA FORMATION CONTINUE
Les professionnels de santé devraient avoir la possibilité d’entretenir et d’approfondir
leurs connaissances et leurs compétences par le biais de la formation médicale continue ou
du perfectionnement professionnel. Il conviendrait d’établir des directives cliniques basées
sur des normes professionnelles pour des soins de grande qualité et d’en assurer l’accès à
ceux qui en font la demande. La formation sur les soins devrait inclure des instructions
spécifiques quant aux techniques d’amélioration de la qualité, y compris la possibilité de
pratiquer sur le terrain les techniques d’évaluation et d’amélioration de la qualité. Les
établissements de soins devraient créer des systèmes de qualité pour leur propre usage et
veiller à ce que les instructions concernant de tels systèmes soient respectées.
Un travail de bonne qualité nécessite des ressources. Tout devrait être fait pour assurer que
le temps et les moyens nécessaires à un travail de qualité soient disponibles.
VIGILANCE À L’ÉGARD DE L’USAGE INAPPROPRIÉ DE SERVICES
L’usage inapproprié des services signifie mal les utiliser, les sous-utiliser ou en abuser.
L’évaluation de la qualité des soins devrait inclure une série de mesures relatives à ces
trois approches.
Abuser des services signifie fournir des soins avec un potentiel nocif supérieur au
potentiel bénéfique. Les médecins peuvent améliorer la qualité en réduisant cet usage
abusif, évitant ainsi aux patients des risques inutiles liés à des prestations de santé
inadéquates.
Sous-utiliser des services signifie ne pas fournir de services qui auraient probablement eu
un effet bénéfique pour le patient. Les médecins devraient s’efforcer d’étendre l’usage de
services de santé nécessaires et qui sont sous-utilisés.
D-1997-01-2019 ⏐ Tbilisi
Amélioration de la Qualité des Soins de Santé
Mal utiliser les services signifie établir un mauvais diagnostic ou choisir un service
adéquat pour établir un bon diagnostic, mais sans que le patient profite pleinement du
service à cause d’une erreur qui pouvait être évitée. La mauvaise utilisation des services
peut être grandement limitée en ayant recours à la gestion des risques et à des stratégies de
prévention des erreurs.
SUIVI DE LA QUALITÉ: AUDIT CLINIQUE
Une implication active dans une auto-évaluation critique, habituellement par le biais de
programmes d’audit clinique, est un mécanisme utile pour les professionnels de santé y
compris les administrateurs et les médecins ainsi que les établissements dans lesquels ces
derniers exercent, pour améliorer la qualité de leur travail. Le contrôle de la qualité en
externe et indépendant tout comme l’accréditation peuvent aussi être utilisés à la condition
d’être correctement effectués et avec une attention particulière apportée aux effets
potentiels non voulus.
Les professionnels et institutions de soins de santé devraient systématiquement consigner
et examiner les incidents indésirables et erreurs médicales à des fins d’apprentissage et
d’amélioration de qualité. Cela devrait avoir lieu dans un environnement de confiance (et
de confidentialité lorsqu’approprié), tout en évitant de manière active la culture du blâme..
ÉVALUATION DE LA QUALITÉ INTERNE ET EXTERNE
Au niveau individuel, les médecins devraient constamment actualiser leurs connaissances
et compétences et procéder à une auto critique de leur niveau de professionnalisme.
Dans les organisations, la qualité des soins de santé peut être évaluée par des méthodes
internes ou externes.
Les établissements de soins devraient créer des systèmes internes d’amélioration de la
qualité pour leur propre usage et veiller au respect des instructions concernant de tels
systèmes. Ces systèmes devraient inclure un contrôle clinique interne continu effectué par
des pairs et l’enseignement tiré des incidents indésirables, un contrôle des méthodes
d’examen et de traitement et de leurs résultats, un contrôle sur la capacité de
l’établissement à réagir à des données de qualité et à gérer les retours d’expérience des
patients.
Le contrôle de la qualité en externe, comme l’analyse et le contrôle effectués par des pairs
extérieurs, devrait être régulier et selon une fréquence en phase avec l’évolution du secteur
et toujours avoir lieu lorsqu’il existe un motif spécial de le faire. Tout contrôle devrait
tenir compte de l’ajustement du risque de la population de patients étudiée.
Qu’il s’agisse d’une évaluation de la qualité réalisée en interne ou en externe, les résultats
peuvent être potentiellement très bénéfiques ou très nuisibles pour l’organisation ou la
personne évaluée. Il faut donc être vigilant par rapport aux conséquences imprévues et
dangereuses de tels résultats. Il est particulièrement important de suivre les résultats des
évaluations qualitatives et des stratégies d’intervention au fil du temps, en portant une
attention sur leurs conséquences notamment au niveau des populations particulièrement
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-1997-01-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
vulnérables.
Les protocoles à utiliser pour contrôler la qualité devraient être reproductibles et
transparents. Des mécanismes de recours devraient être intégrés dans les protocoles.
CONFIDENTIALITÉ DES DOSSIERS DES PATIENTS
Les dossiers des patients constituent une source inestimable de données pour l’amélioration
de la qualité. Comme pour tout autre usage d’informations basées sur des patients
identifiables, le consentement du patient est généralement requis avant utilisation. Si le
consentement ne peut être obtenu, tout être doit fait afin que les dossiers médicaux soient
rendus anonymes ou portent un pseudonyme pour une exploitation dans le cadre des efforts
d’amélioration de la qualité. En tout cas, les dossiers des patients utilisés pour l’amélioration
de la qualité doivent être accessibles uniquement à ceux qui en ont besoin dans ce but.
CONFIDENTIALITÉ DU CONTRÔLE PAR LES PAIRS
Afin d’assurer le succès du contrôle par les pairs, toutes les parties impliquées doivent en
reconnaître l’importance. Il est recommandé d’obtenir le consentement volontaire et
éclairé de ceux qui seront contrôlés. Au sein d’une équipe de soins, il faut que le travail de
chacun des médecins puisse être évalué. Les informations sur l’évaluation d’un médecin
ne devraient pas être publiées sans le consentement du médecin concerné. Il est
recommandé d’obtenir le consentement avant de publier les informations sur l’évaluation
d’un médecin donné.
Un prestataire de services est autorisé à informer ses patients des résultats du contrôle de
qualité.
Si les évaluations sont rendues publiques, il faut mettre en place un suivi minutieux des
effets, voulus ou non, d’une diffusion publique des résultats
CONTRÔLE ÉTHIQUE DES MESURES D’AMÉLIORATION DE LA QUALITÉ
Les codes nationaux d’éthique médicale, les principes et les directives éthiques ayant trait
à l’amélioration continue de la qualité, aux audits et aux contrôles cliniques doivent être
respectés.
L’amélioration continuelle des services et des systèmes de soins est une obligation pour
tous les médecins et établissements de soins. La majorité des programmes de contrôle de
l’amélioration continue de la qualité ne nécessite pas une approbation éthique. En cas de
doute sur certaines questions faisant partie de nouveaux programmes, ces derniers
devraient cependant être transmis à un comité d’éthique approprié. Lorsqu’un contrôle
éthique s’impose, il devrait être effectué par un comité dont les membres sont compétents
en matière de techniques d’amélioration de la qualité.
COMPÉTENCE ET IMPARTIALITÉ DU CONTRÔLEUR
Ceux qui évaluent les performances doivent être compétents en matière de techniques
D-1997-01-2019 ⏐ Tbilisi
Amélioration de la Qualité des Soins de Santé
d’amélioration de la qualité et en audit clinique et avoir de l’expérience dans le secteur
contrôlé. Lorsqu’il s’agit d’un contrôle concernant les soins médicaux, le contrôleur
devrait être un médecin dont les compétences et l’expérience sont reconnues par ceux
subissant le contrôle.
Le contrôleur devrait être impartial et indépendant. Il doit connaître les activités soumises
au contrôle. Il doit faire un rapport objectif et fonder ses conclusions sur une évaluation
critique des observations et des faits. Des questions de concurrence ou de commerce ne
devraient en aucune manière influencer le contenu de son rapport.
SÉPARATION DES CONTRÔLES DE QUALITÉ ET DE LA SUPERVISION PAR LES AUTORITÉS
L’amélioration de la qualité des services et des systèmes de soins est une nécessité pour
tous les médecins et les établissements de soins. Il ne s’agit pas d’une supervision des
activités professionnelles et elle doit en être distinguée. Les résultats d’un contrôle ou d’un
audit des activités des médecins ne devraient être utilisés par les autorités de supervision
qu’avec l’existence d’un accord distinct séparé entre elles et les médecins concernés sauf
dispositions légales contraires du pays. Ces activités de contrôle doivent se dérouler avec
une totale connaissance du cadre juridique local et ne doivent pas exposer les médecins y
prenant part à se retrouver devant les tribunaux.
D-1997-02-2017 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE HAMBOURG DE L’AMM
SUR
LE SOUTIEN AUX MÉDECINS QUI REFUSENT TOUTE
PARTICIPATION OU CAUTION À L’UTILISATION DE LA TORTURE
OU AUTRE FORME DE TRAITEMENT CRUEL,
INHUMAIN OU DÉGRADANT
Adoptée par la 49e
Assemblée générale, Hambourg, Allemagne, Novembre 1997
et réaffirmée par la 176e
Session du Conseil, Berlin, Allemagne, Mai 2007
et réaffirmée avec une révision mineure par la 207e
session du Conseil de l’AMM,
Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PRÉAMBULE
1. Plusieurs déclarations et directives éthiques internationales et directives approuvées
par la profession médicale interdisent aux médecins de tolérer, cautionner ou
participer au recours à la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou
dégradants, pour quelque motif que ce soit.
2. Les principales déclarations sont le Code international d’éthique médicale, la
Déclaration de Genève, la Déclaration de Tokyo (1975), la résolution sur la
responsabilité des médecins dans la documentation et la dénonciation des actes de
torture ou des traitements cruels, inhumains ou dégradants (2003) et la résolution de
l’AMM sur la participation des médecins à la peine capitale (1981), ainsi que la
Déclaration de Madrid du Comité permanent des médecins de la CEE, la résolution
des pays nordiques sur la participation des médecins à la peine capitale des pays
nordiques et la Déclaration d’Hawaii de l’Association mondiale de psychiatrie.
3. Toutefois, aucune de ces déclarations ou prises de position ne traite clairement la
question de la protection qui doit être assurée aux médecins qui se trouvent incités,
sommés ou enjoints de participer au recours à la torture et autres peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants. De plus, elles n’expriment pas un soutien explicite
aux médecins qui ont connaissance ou sont confrontés à de tels actes et ne prescrivent
pas l’obligation de les protéger.
RÉSOLUTION
4. L’Association médicale mondiale (AMM) réitère et réaffirme que la profession
médicale organisée a l’obligation :
4.1 D’inciter les médecins à respecter leur serment de servir l’humanité et à résister
aux pressions qui seraient contraires aux principes éthiques régissant leurs
D-1997-02-2017 ⏐ Chicago
Refuser la Torture
activités;
4.2 D’aider les médecins qui se trouvent en difficulté du fait de leur résistance à ces
pressions ou de leurs tentatives de s’élever ou d’intervenir contre ces pratiques
inhumaines ;
4.3 D’apporter leur soutien et d’inciter d’autres organisations internationales et les
membres constituants de l’Association médicale mondiale (AMM) à aider les
médecins en difficulté du fait qu’ils s’efforcent d’agir conformément aux principes
éthiques suprêmes de la profession.
4.4 D’encourager les médecins à signaler et à étayer par des preuves tout recours à la
torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants dont ils
auraient connaissance.
5. De plus, considérant que de nombreux pays pratiquent systématiquement ces actes et
qu’il est prouvé que des médecins sont contraints d’agir en violation des principes
éthiques de la profession, l’AMM juge nécessaire de :
5.1 S’opposer au niveau international à la participation des médecins à la torture et
autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ;
5.2 Soutenir et protéger les médecins qui résistent à toute participation à ces actes
inhumains, qui les documentent et les dénoncent ou qui œuvrent pour traiter et
réhabiliter les victimes, leur garantir le droit au respect des principes éthiques
supérieurs, notamment le secret professionnel et d’appeler ses membres
constituants à leur apporter ce soutien et cette protection ;
5.3 Publier tout renseignement relatif à la torture et soutenir les médecins qui apportent
des preuves de tels traitements, de faire connaître toute tentative d’impliquer des
médecins dans la perpétration de tels actes ;
5.4 Encourager ses membres constituants à agir en justice pour que la responsabilité
des médecins soit engagée au titre de la complicité d’acte de torture et autres
peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ;
6. Inciter ses membres constituants à veiller que l’enseignement des conséquences de la
torture et son traitement, la réhabilitation des survivants, le développement de la
documentation sur la torture et la protection des professionnels de santé, tel qu’énoncé
dans la présente déclaration, soient dispensés dans les écoles de médecine et les
hôpitaux.
D-1998-01-2009 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION D’OTTAWA DE L’AMM
SUR
LA SANTÉ DES ENFANTS
Adoptée par la 50e
Assemblée générale de l’AMM, Ottawa, Canada, Octobre 1998
et modifiée par la 60e
Assemblée générale de l’AMM, New Delhi, Inde, Octobre 2009
PREAMBULE
La science a prouvé que pour s’épanouir émotionnellement, mentalement, physiquement
et intellectuellement1
, les enfants ont besoin de grandir dans un endroit où ces conditions
sont réunies. Cet endroit doit présenter 4 critères fondamentaux:
• un environnement sain et sûr;
• la possibilité de se développer parfaitement;
• des services sanitaires à disposition en cas de nécessité et
• un suivi et des recherches pour des progrès continus basés sur la preuve2
Les médecins savent que le futur de nos nations et de notre monde dépend de nos enfants:
leur éducation, leur aptitude à trouver un emploi, leur productivité, leur capacité d’inno-
vation et leur amour et attention pour les autres et pour la planète. Le développement pré-
coce de l’enfant joue sur l’acquisition des connaissances de base, le succès scolaire, la
participation à la vie économique et sociale ainsi que sur la santé. Dans de nombreux cas,
les parents et les soignants seuls ne peuvent pas assurer un environnement très stimulant
sans le partenariat des organisations régionales, nationales et internationales3
. Les méde-
cins s’associent donc aux parents et autres ainsi qu’aux leaders mondiaux pour s’engager
à assurer une parfaite santé aux enfants.
Les principes de cette Déclaration s’appliquent à tous les enfants du monde dès leur
naissance jusqu’à l’âge de 18 ans, indépendamment de la race, de l’âge, de l’ethnie, de la
nationalité, de l’affiliation politique, des croyances, du sexe, des maladies ou des handi-
caps, des capacités physiques, mentales, des orientations sexuelles, de l’histoire culturelle,
de l’expérience de vie ou du niveau social de l’enfant ou de ses parents ou tuteurs. Dans
tous les pays du monde, indépendamment des ressources, le respect de ces principes
devrait être une priorité pour les parents, les collectivités et les gouvernements. La
Convention des Nations Unies sur les droits des enfants (1989) énonce les droits de tous
les enfants et des jeunes mais ces droits ne peuvent exister sans la santé.
PRINCIPES GENERAUX
1. Un endroit sûr et sain inclut:
a. La propreté de l’eau, de l’air et de la terre
b. La protection contre les sévices, l’exploitation, la discrimination et les pratiques
traditionnelles préjudiciables à la santé de l’enfant etc.
c. Des familles et communautés en bonne santé, des domiciles sains
D-1998-01-2009 ⏐ New Delhi
Santé des enfants
2. Un endroit où l’enfant peut jouir d’une bonne santé et s’épanouir offre:
a. Des soins prénataux et maternels afin d’assurer la meilleure santé possible à l’en-
fant à sa naissance
b. Une alimentation pour une croissance, un développement et une santé durable
c. Une éducation précoce et des soins de grande qualité à la maison et dans la com-
munauté
d. Des possibilités et une stimulation pour avoir des activités physiques
e. Un système d’éducation primaire et secondaire de haute qualité
3. Toute une série de ressources de santé pour tous les moyens:
a. Le meilleur intérêt de l’enfant sera le critère principal lors de la délivrance de
soins;
b. Les personnes en charge de soigner les enfants doivent avoir la formation et les
compétences nécessaires afin de pouvoir répondre aux besoins médicaux, phy-
siques, émotionnels aux besoins en matière de développement des enfants et de
leurs familles.
c. Les soins de santé basiques incluant la promotion de la santé, l’immunisation con-
seillée, les médicaments et la santé dentaire.
d. Des soins pour la santé mentale et une recommandation rapide pour intervention
en cas d’identifications de problèmes
e. Un accès sécurisé aux médicaments pour toutes les mères et leurs enfants
f. Une hospitalisation uniquement si les soins et le traitement nécessaires ne peu-
vent pas être fournis à domicile, dans la communauté ou en pratique ambulatoire.
g. Un accès aux services de diagnostic et de traitement si besoin est
h. Des services de rééducation et des soutiens au sein de la communauté
i. Une prise en charge de la douleur, une prévention ou une minimisation des souf-
frances
j. Le consentement éclairé est requis avant toute démarche de diagnostic, de traite-
ment, de rééducation ou de recherche sur un enfant. Dans la majorité des cas, le
consentement devra être obtenu des parents ou du tuteur et dans certains cas à la
famille bien qu’il faille tenir compte des souhaits de l’enfant avant que le con-
sentement soit donné.
4. La recherche4
et le suivi pour une amélioration continuelle comportent les points
suivants:
a. Tous les enfants seront enregistrés officiellement dans le courant du1er mois de
leur naissance
b. Tous les enfants seront traités avec dignité et respect
c. La qualité des soins est assurée par un suivi permanent des services, y compris par
la collecte de données et l’évaluation des résultats
d. Les enfants profiteront des bénéfices tirés de la recherche scientifique et corres-
pondant à leurs besoins.
e. L’intimité de l’enfant devra être respectée.
1
Irwin LG, Siddiqi A, Hertzman C. “Early Child Development: A Powerful Equalizer. Final Re-
port”. World Health Organization Commission on the Social Determinants of Health June 2007
2
WHO Commission on Social Determinants of Health (Closing the Gap in a Generation) 2008
3
Canadian Charter for Child and Youth Health
4
Proposed WMA statement on ethical principles for medical research on child subjects
* Veuillez vous référer au document de fond s’agissant des principes spécifiques
D-2000-01-2011 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION D’EDIMBOURG DE L’AMM
SUR
LES CONDITIONS CARCÉRALES ET LA PROPAGATION DE LA
TUBERCULOSE ET AUTRES MALADIES TRANSMISSIBLES
Adopté par la 52e
Assemblée générale de l’AMM, Edimbourg, Ecosse, Octobre 2000
et revisée par la 62e
Assemblée générale de l’AMM, Montevideo, Uruguay, Octobre 2011
PRÉAMBULE
Les prisonniers bénéficient des mêmes droits que les autres personnes. Cela inclut le droit
à un traitement humain et à des soins médicaux appropriés. Les normes qui régissent le
traitement des détenus sont inscrites dans plusieurs Déclarations et directives adoptées par
divers organismes des Nations Unies.
La relation entre le médecin et le prisonnier est régie par les mêmes principes éthiques que
la relation entre le médecin et un autre patient. La relation patient/médecin est soumise à
des tensions particulières que l’on ne retrouve pas dans les autres situations, notamment
sur le plan de la relation du médecin avec son employeur, les services carcéraux, et l’at-
titude générale de la société vis-à-vis des prisonniers.
Il y a aussi de graves raisons de santé publique pour renforcer l’importance de ces direc-
tives. La forte incidence de la tuberculose parmi les détenus dans un certain nombre de
pays rend encore plus nécessaire l’étude des questions de santé publique lorsque l’on
établit de nouvelles directives pour les prisons et que l’on réforme les systèmes carcéraux
et pénaux.
Les personnes passibles d’incarcération sont souvent issues de la partie la plus mar-
ginalisée de la société, ont peut-être eu un accès limité aux soins de santé avant incar-
cération. Leur état de santé est peut-être moins bon que beaucoup d’autres citoyens et il se
peut qu’elles entrent en prison avec des problèmes de santé qui n’ont pas été diagnostiqués,
détectés et pris en charge.
Les prisons peuvent être des foyers d’infection. Le surpeuplement, le confinement à
longueur de temps dans des espaces clos, mal éclairés, mal chauffés et donc mal ventilés
et souvent humides constituent la description souvent associée à l’emprisonnement. Tout
cela contribue à une propagation des maladies et à une détérioration de la santé. Là où ces
facteurs sont associés à un manque d’hygiène, à une mauvaise alimentation et à un accès
limité à des soins de santé corrects, les prisons peuvent être un enjeu majeur de santé
publique.
Les conditions d’incarcération qui exposent les prisonniers à des risques médicaux im-
portants constituent un problème humanitaire. Tout prisonnier atteint d’une infection crée
D-2000-01-2011 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
un risque pour les autres prisonniers, pour le personnel pénitentiaire, pour les familles, les
autres visiteurs de prison et la communauté au sens large, pas uniquement lorsque le
prisonnier est libéré. Les barreaux des prisons ne sont effectivement pas étanches et le
bacille de la TB se propagera donc à l’extérieur. Le moyen le plus concret et efficace pour
réduire les risques de transmission des maladies est d’améliorer l’environnement carcéral
en installant un service médical efficace sachant comment détecter et traiter la maladie et
le plus important en ciblant le problème de la surpopulation carcérale pour décider d’ac-
tions les plus urgentes.
L’augmentation des cas de tuberculose active au sein des populations carcérales et l’ap-
parition chez certaines d’entre elles de formes de TB résistantes et notamment « multi-
résistantes » et « ultra résistantes », comme l’a constaté l’Association Médicale Mondiale
dans sa Prise de position sur le traitement de la tuberculose, atteint un taux d’incidence et
de prévalence très élevé dans les prisons dans certaines parties du monde.
D’autres affections comme l’hépatite C ou le VIH, sans présenter la même contagiosité que
la tuberculose, s’accompagnent d’un risque de transmission par le sang ou par les fluides
physiologiques partagés et échangés. La surpopulation favorise la propagation des mala-
dies sexuellement transmissibles. La consommation de drogues par voie intraveineuse
contribuera également à la propagation du VIH et de l’hépatite B ou C encore plus con-
tagieuse. Ces affections appellent des solutions spécifiques que cette prise de position
n’aborde pas. Cependant, les principes énoncés ci-dessous permettront de réduire les ris-
ques que ces agents infectieux entraînent.
Actions Requises
L’Association Médicale Mondiale estime qu’il est essentiel, pour des raisons humanitaires
et de santé publique, de veiller:
1 à protéger les droits des détenus, conformément aux textes statutaires des NU sur
les conditions carcérales. Comme le souligne la Déclaration de Lisbonne de l’AMM,
les détenus devraient avoir les mêmes droits que les autres patients;
2 à ne pas accepter que les droits des prisonniers soient ignorés ou non respectés au
motif qu’ils souffrent d’une maladie infectieuse;
3 à assurer que les conditions de détention des détenus et prisonniers, mis en garde à
vue pendant une enquête, dans l’attente du jugement ou effectuant leur peine, ne
contribuent pas au développement, à l’aggravation ou à la transmission de mala-
dies;
4 à assurer que les personnes en attente de procédures d’immigration soient placées
dans des conditions qui ne favorisent pas la propagation des maladies, bien que les
prisons ne devraient pas être utilisées pour loger de telles personnes;
5 à veiller à une coordination des services de santé à l’intérieur et à l’extérieur des
prisons pour faciliter la continuité des soins et le suivi épidémiologique des pa-
tients libérés après leur incarcération;
Montevideo ⏐ D-2000-01-2011
Conditions Carcérales et TB (Edimbourg)
6 à veiller à ce que les prisonniers ne soient pas isolés ou placés en confinement soli-
taire du fait de leur état infectieux sans bénéficier d’un accès aux soins et à toutes
solutions appropriées à leur état infectieux;
7 à veiller lors de l’admission ou du transfert dans un nouvel établissement péni-
tencier, à ce que l’état de santé des détenus concernés fasse l’objet d’un bilan de
dans les 24 heures qui suivent leur arrivée, afin d’assurer la continuité des soins;
8 à assurer le suivi du traitement des prisonniers encore malades au moment de leur
libération, en particulier ceux qui sont atteints de la TB ou d’une maladie infec-
tieuse. Parce qu’une erreur de traitement ou une interruption de traitement peut être
particulièrement dangereuse sur le plan individuel et épidémiologique, la planifi-
cation et la continuité des soins sont des éléments essentiels de la prise en charge
médicale en milieu pénitentiaire;
9 connaître que les mécanismes de santé publique qui, exceptionnellement et en de
très rares cas, peuvent entraîner la détention obligatoire de personnes qui présen-
tent de sérieux risques d’infection pour la communauté en général doivent être effi-
caces, nécessaires et justifiés et proportionnels aux risques encourus. De telles
mesures doivent rester exceptionnelles et n’intervenir qu’après une évaluation at-
tentive et critique de la nécessité de ces contraintes et de l’absence d’alternatives
efficaces. En pareils cas, la détention doit être aussi brève que possible et les res-
trictions autant que faire se peut limitées. Il faudra également veiller à ce qu’il
existe un système d’évaluation indépendant et de réexamen de ces mesures, en
prévoyant une possibilité d’appel par les patients. Ces mesures alternatives doivent
être utilisées chaque fois que les circonstances le permettent;
10 à ce que ce modèle soit utilisé, en tenant compte de toutes les mesures de préven-
tion des infections croisées et de traitement des personnes déjà infectées au sein de
l’établissement carcéral;
11 Les médecins exerçant en milieu carcéral ont le devoir de signaler aux autorités
sanitaires et aux organisations professionnelles de leur pays les insuffisances con-
statées dans la prestation de soins aux détenus et les situations qui comportent des
risques épidémiologiques élevés. Les AMN sont dans l’obligation de tenter de pro-
téger ces médecins contre d’éventuelles mesures de rétorsion;
12 Les médecins travaillant en milieu carcéral ont le devoir de suivre les directives
nationales en matière de santé publique lorsque celles-ci sont conformes à l’éthi-
que, notamment le signalement obligatoire des maladies infectieuses et transmis-
sibles;
13 L’AMM invite les associations membres à travailler avec les autorités péniten-
tiaires et les pouvoirs publics locaux et nationaux à la promotion de la santé et des
soins dans leurs institutions et à l’adoption de programmes garantissant un environ-
nement carcéral sain et sûr;
D-2000-01-2011 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
ANNEXE
Textes internationaux relatifs aux soins médicaux dans les prisons
Déclaration Universelle des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des
Nations Unies, le 16 décembre 1948 (Voir Articles 4, 9, 10 et 11)
Ensemble de règles minimales pour le traitement des prisonniers, approuvé par le Conseil
économique et social des Nations Unies, le 31 juillet 1957 (Voir articles 22 et 26)
Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, adopté par l’As-
semblée générale des Nations Unies, le 16 décembre 1966 (Voir Article 12). Entrée en
vigueur : le 3 janvier 1976
Pacte international relatif aux droits civils et politiques et Protocole facultatif, adopté par
l’Assemblée générale des Nations Unies, le 16 décembre 1966 (Voir Articles 6, 7 et 10).
Entrée en vigueur : le 23 mars 1976
Principes d’éthique médicale pour la protection des prisonniers contre la torture, adoptés
par l’Assemblée générale des Nations Unies, le 18 décembre 1982 (Voir Principe 1)
Ensemble de principes pour la protection des personnes soumises à une forme quelconque
de détention ou d’emprisonnement, adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies, le
9 décembre 1988 (Voir Principe 24)
Principes de base pour le traitement des prisonniers, adoptés par l’Assemblée générale des
Nations Unies, le 14 décembre 1990 (Voir Article 9)
Règles des Nations Unies pour la protection des mineurs privés de liberté, adoptées par
l’Assemblée générale des Nations Unies, le 14 décembre 1990 (Voir principes 50 à 54)
Principes directeurs de l’OMS sur l’infection du SIDA et du VIH dans les prisons, publiée
en mars 1993, à Genève (Document WHO/GPA/DIR/93.3)
D-2002-01-2012 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE WASHINGTON DE L’AMM
SUR
LES ARMES BIOLOGIQUES
Adopté par la 53e
Assemblée générale de l’AMM, Washington DC, Etats Unis, Octobre 2002
et revisée par la 164e
Session du Conseil, Divonne les Bains, France, Mai 2003
et réaffirmée par la 191e
Session du Conseil, Prague, République Tchèque, Avril 2012
A. INTRODUCTION
1. L’Association Médicale Mondiale reconnaît la menace grandissante que consti-
tuerait l’emploi d’armes biologiques capables de propager des épidémies dévasta-
trices à l’échelle planétaire. Aucun pays n’est à l’abri de cette menace. La propaga-
tion des organismes pathogènes de la variole, de la peste, de l’anthrax et autres
maladies épidémiques se traduirait par une incidence catastrophique de maladies
et de décès, aggravée par une inévitable panique. Par ailleurs, le perfectionnement
des connaissances biotechnologiques et la simplification de la technique de la
manipulation génétique augmentent la capacité de production de nouveaux agents
pathogènes. Cette évolution doit particulièrement préoccuper les médecins et les
professionnels de santé publique car ils connaissent mieux que quiconque les
souffrances que causent ces épidémies et ce sont eux qui interviennent en pre-
mière ligne auprès des victimes. L’Association Médicale Mondiale considère
donc que les associations de médecins et tous les responsables des soins de santé
ont la responsabilité d’informer le public et les responsables politiques sur les
dangers des armes biologiques. Il leur appartient aussi, pour des raisons morales
et éthiques, de mobiliser une opposition universelle à toute recherche, tout dé-
veloppement et tout emploi d’ armes de ce type.
2. Contrairement aux armes nucléaires, chimiques et conventionnelles, les attaques
biologiques ont des effets insidieux. Elles peuvent agir pendant des semaines ou
des mois après la déclaration de l’épidémie par la transmission secondaire, voire
tertiaire, de l’agent pathogène. Si elle est réussie, et si les conditions de propaga-
tion sont favorables, l’attaque biologique peut avoir des conséquences beaucoup
plus graves que celles d’un événement chimique ou même nucléaire. Avec la
mondialisation croissante et la banalisation des voyages, le déclenchement d’une
épidémie en un point quelconque du globe ferait peser un risque sur tous les
autres pays.
3. Une accumulation soudaine de cas graves et aigus ne manquerait pas de sub-
merger les systèmes de santé, aussi bien dans les pays en développement que
dans les pays industrialisés. Partout dans le monde, les services de santé sont
dépassés par les besoins nouveaux créés par le VIH/Sida et par les organismes
résistants aux agents antimicrobiens, par les problèmes engendrés par les guerres
civiles, par les afflux de réfugiés, par l’insalubrité de l’environnement urbain et
par les besoins accrus de populations vieillissantes. Un brusque afflux de cas
désespérés pourrait faire sombrer des systèmes de santé dans leur totalité.
D-2002-01-2012 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
4. Des mesures peuvent être prises pour réduire les risques liés à l’emploi d’armes
biologiques et pour limiter les effets néfastes des épidémies graves, quelle que
soit leur origine. Une collaboration internationale est indispensable pour cons-
truire une condamnation universelle de l’élaboration, de la fabrication et de l’emploi
d’armes biologiques. Tous les pays doivent se doter de programmes de contrôle
afin de dépister, d’identifier et d’endiguer ces épidémies majeures; de programmes
de formation pour les professionnels de santé, pour les leaders d’opinion et pour
le public; de programmes de recherche communs pour améliorer le diagnostic, la
prévention et le traitement.
5. Les avancées technologiques et les progrès de la biochimie, de la biotechnologie
et des sciences de la vie permettent de créer de nouveaux agents, de nouvelles
maladies et de simplifier la fabrication des armes biologiques. Les moyens tech-
niques sont relativement peu coûteux. La fabrication de ces agents pathogènes
étant semblable à celle des vaccins, elle est d’accès facile dans les laboratoires
biologiques. Ces armes biologiques peuvent donc être fabriquées et diffusées par
n’importe quel pays, permettant ainsi à des extrémistes, agissant seuls ou col-
lectivement, de menacer des gouvernements et de mettre en danger la vie de
populations entières. Des mesures de non prolifération et de contrôle peuvent
réduire, sans l’éliminer totalement, la menace que présentent les armes bio-
logiques. Il donc indispensable d’ériger en principe universel le rejet de toute
fabrication et de toute utilisation d’armes biologiques.
B. RENFORCEMENT DES SYSTEMES DE SANTE PUBLIQUE ET DE CONTROLE DES MALADIES
1. Pour faire face aux épidémies, il importe d’abord de se doter d’une infrastructure
sanitaire forte. Les investissements de santé publique permettront de mieux dé-
pister et d’endiguer à temps l’apparition soudaine de maladies rares, qu’elles
soient d’origine intentionnelle ou naturelle. Les fonctions de base (veille épidé-
miologique et services de laboratoire correspondants) sont le fondement même du
dépistage, de la recherche et de la réponse à toute menace d’épidémie. Une effi-
cacité accrue des programmes de veille mondiaux permettra à la fois de mieux
répondre à l’apparition naturelle de maladies infectieuses et de dépister et décrire
plus précocement les maladies nouvelles ou émergentes.
2. Les médecins doivent être particulièrement vigilants à l’apparition de ces cas, qu’ils
soient isolés ou répétés afin de faire intervenir des spécialistes du diag-nostic de
ces affections et de les signaler promptement aux autorités. La coopéra-tion entre
les médecins de santé primaire et les autorités de santé publique est ici d’autant
plus importante que le médecin qui ne voit qu’un ou plusieurs cas peut ne pas
s’apercevoir qu’il s’agit d’une poussée épidémique.
3. Les autorités de santé publique, confrontées à une épidémie, auront besoin de la
coopération des centres de soins d’urgence, des responsables de l’ordre public, des
services de santé et d’une multitude d’organisations au service de la collectivité.
Pour que ces différents groupes puissent coopérer de manière efficace, une
planification préalable est essentielle. Au-delà des activités de veille à des fins de
dépistage et de signalement précoces, les autorités de santé publique veilleront à
ce que le personnel de santé primaire et de santé publique sache reconnaître les
agents pathogènes en cause, à se doter de laboratoires capables de les identifier
rapidement, à fournir les services médicaux et hospitaliers nécessaires ainsi que
les vaccins et les médicaments permettant de maîtriser l’épidémie.
Prague ⏐ D-2002-01-2012
Armes Biologiques (Washington)
C. ALERTE PREVENTIVE ET MOYENS D’INTERVENTION
1. Le premier signe permettant de supposer la dissémination d’une arme biologique
sera probablement la présence de patients dans les cabinets de consultation, en
particulier dans les centres de soins d’urgence. Le médecin, qui est en première
ligne du dépistage précoce d’une épidémie, doit être préparé à reconnaître et à
traiter les maladies résultant de l’utilisation d’armes biologiques ainsi que tout
autre agent infectieux. Il signalera sans tarder tous les cas suspects aux autorités
sanitaires.
2. En cas d’épidémie, le médecin est impliqué dans une médecine de masse, des
programmes de vaccination et de traitements préventifs aux antibiotiques de
masse; il participe à l’information du public et aux efforts déployés par les col-
lectivités publiques et hospitalières pour enrayer le fléau. Le médecin doit donc
participer avec les autorités de santé nationale et locale à l’élaboration et à la mise
en oeuvre de plans d’alerte et d’intervention pour parer à ces événements naturels
ou malveillants.
D. DEVELOPPEMENT DES ARMES BIOLOGIQUES ET ETHIQUE MEDICALE
1. Les progrès rapides de la microbiologie, de la biologie moléculaire et du génie
génétique offrent un champ d’action sans précédent à la recherche biomédicale et
aux possibilités d’améliorer la santé et la qualité de vie des êtres humains. Des
outils de diagnostic plus précis et plus rapides, de nouveaux vaccins et de
nouveaux médicaments vont être développés, mais il faut aussi envisager un
détournement éventuel de cette recherche vers la mise au point d’armes bio-
logiques plus puissantes et la propagation de nouvelles maladies infectieuses. Il
est malaisé de définir la frontière entre la recherche biomédicale légitime et les
travaux de chercheurs sans scrupules dont le seul but est de créer des armes
biologiques plus létales.
2. Tous les participants à l’investigation biomédicale ont l’obligation morale et
éthique d’envisager que le résultat de ses travaux pourrait être exploité à des fins
malveillantes. Délibérément ou par inadvertance, la modification génétique de
certains microorganismes pourrait engendrer de nouveaux organismes plus
virulents, résistants aux antibiotiques ou plus stables dans l’environnement. La
manipulation de ces microorganismes peut modifier leur immunogénicité, leur
permettant ainsi de briser les barrières immunitaires naturelles ou induites par la
vaccinothérapie. Le progrès du génie génétique et de la thérapie génique pourrait
permettre de modifier le système de réponse immunitaire de la population cible
de façon à augmenter ou réduire sa susceptibilité à un pathogène ou à entraver le
fonctionnement des gènes hôtes normaux.
3. Toute recherche visant spécifiquement à créer des armes biologiques doit être
condamnée. En tant que scientifique et humaniste, le médecin a la responsabilité
devant la société de condamner l’usage de la recherche scientifique à ces fins. Il
se doit d’exprimer son rejet du recours à la biotechnologie et aux technologies de
l’information à des fins nuisibles.
4. Les médecins et leurs organisations représentatives ont un rôle social important à
jouer en exigeant l’interdiction universelle des armes biologiques, en condamnant
leur emploi, en réprouvant toute recherche illicite et contraire à l’éthique et en
soignant les victimes civiles des armes biologiques.
D-2002-01-2012 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
E. RECOMMANDATIONS
1. Que l’Association Médicale Mondiale et les associations médicales nationales du
monde entier s’engagent activement dans la promotion d’une éthique interna-
tionale qui condamne le développement, la production et l’emploi d’agents bio-
logiques et de toxines pour lesquels n’existent aucune justification prophylactique
ou préventive et qui ne sont pas motivés par des motifs pacifiques.
2. Que l’Association Médicale Mondiale, les associations médicales nationales et les
travailleurs de santé du monde entier soutiennent, de concert avec l’Organisation
mondiale de la Santé, les Nations Unies et les autres organismes compétents, la
mise en place d’un consortium international de responsables de la médecine et de
la santé publique afin de contrôler la menace que posent les armes biologiques,
d’élaborer une riposte à leur prolifération et de dresser un plan de veille mondial
contre les maladies infectieuses. Le plan portera sur les aspects suivants: (a) des
systèmes internationaux de dépistage et de signalement permettant de perfec-
tionner les mesures universelles de contrôle et de prévention des épidémies; (b) le
développement d’un protocole de vérification efficace dans le cadre de la Con-
vention de l’ONU sur l’interdiction des armes biologiques et à toxines; (c)
l’information des médecins et des travailleurs de santé publique sur les nouvelles
maladies infectieuses et les nouvelles armes biologiques; (d) la capacité des
laboratoires à diagnostiquer les agents pathogènes biologiques; (e) les réserves de
vaccins et de produits pharmaceutiques; (f) les besoins en matière financière,
technique et de recherche qui permettront de modérer le danger que pose le re-
cours aux armes biologiques et aux agents infectieux.
3. Que l’Association Médicale Mondiale incite les médecins à se sensibiliser à
l’existence de maladies et de décès inexpliqués et à connaître les moyens de
contrôle et de prévention capables de répondre à une incidence inhabituelle de cas
cliniques, de symptômes ou d’états pathologiques.
4. Que l’Association Médicale Mondiale invite les médecins, les associations médi-
cales nationales et autres organisations représentatives à collaborer avec les ser-
vices de l’hygiène locaux, nationaux et internationaux à l’élaboration et à la mise
en oeuvre de protocoles d’alerte préventive et d’intervention contre les actes de
terrorisme biologique et les épidémies naturelles. Ces protocoles serviront de
base à l’information des médecins et du public.
5. Que l’Association Médicale Mondiale invite instamment toutes les personnes qui
participent aux recherches biomédicales à examiner les conséquences et les
applications de leurs travaux et à assurer l’équilibre voulu entre les objectifs
légitimes de la recherche et leurs responsabilités éthiques envers la société.
D-2002-02-2002 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
LES CONSIDÉRATIONS ÉTHIQUES CONCERNANT
LES BASES DE DONNÉES DE SANTÉ
Adoptée par la 53e
Assemblée générale de l’AMM, Washington DC, Etats Unis,
Octobre 2002
1. Le droit au respect de la vie privée permet au patient de maîtriser la communication et
l’utilisation des informations le concernant. L’obligation de secret professionnel du
médecin assure la protection des données personnelles de santé du patient.
2. Le secret professionnel est un élément fondamental de la pratique médicale et est es-
sentiel à la confiance et à l’intégrité de la relation médecin/patient. Sachant que sa vie
privée est respectée, le patient peut communiquer librement à son médecin des in-
formations personnelles.
3. Tous ces principes sont énoncés dans les textes de déclarations de l’AMM, depuis sa
fondation en 1947, notamment dans :
1. la Déclaration de Lisbonne1
, qui déclare que “La dignité et le droit à la vie privée
du patient, en matière de soins et d’enseignement médicaux, seront à tout moment
respectés”;
2. la Déclaration de Genève2
, qui demande que “le médecin respecte de façon
absolue le secret sur ce qu’il sait du patient, même après sa mort”;
3. la Déclaration d’Helsinki3
, qui déclare que:
“Dans la recherche médicale, le devoir du médecin est de protéger la vie, la santé,
la dignité et l’intimité de la personne.”
“Toutes précautions doivent être prises pour respecter la vie privée du sujet, la
confidentialité des données le concernant et limiter les répercussions de l’étude
sur son équilibre physique et psychologique.”
“Lors de toute étude, la personne se prêtant à la recherche doit être informée de
manière appropriée des objectifs, méthodes, financement, conflits d’intérêts
éventuels, appartenance de l’investigateur à une ou des institutions, bénéfices
attendus ainsi que des risques potentiels de l’étude et des contraintes qui pour-
raient en résulter pour elle. Le sujet doit être informé qu’il a la faculté de ne pas
participer à l’étude et qu’il est libre de revenir à tout moment sur son consente-
D-2002-02-2002 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
ment sans crainte de préjudice. Après s’être assuré de la bonne compréhension par
le sujet de l’information donnée, le médecin doit obtenir son consentement libre et
éclairé, de préférence par écrit.”
1. L’objectif premier de la collecte d’informations de santé personnelles est de fournir
des soins au patient. De plus en plus souvent, ces informations sont conservées dans
des bases de données. Celles-ci peuvent contenir le dossier de santé du patient ou des
éléments particuliers, par exemple dans les registres de maladies.
2. Les progrès de la médecine et des soins de santé sont tributaires de l’assurance de
qualité, des activités de gestion des risques et de la recherche, notamment des études
épidémiologiques rétrospectives, qui se fondent sur les renseignements de santé des
personnes, des communautés et des sociétés. Les bases de données sont de précieuses
sources d’information lorsqu’elles sont utilisées dans le cadre de ces objectifs secon-
daires.
3. Il importe de s’assurer que l’utilisation des données dans le cadre d’objectifs secon-
daires n’empêche pas le patient de confier les informations relatives à ses besoins,
n’abuse pas de sa vulnérabilité ou n’exploite pas indûment la confiance qu’il a accordée
à son médecin.
4. Aux fins de la présente déclaration, les termes suivants ont été définis:
1. les “informations de santé personnelles” incluent toutes les informations enregis-
trées concernant la santé physique ou mentale d’une personne identifiable;
2. une “base de données” est un système qui permet, par des moyens manuels ou
électroniques, la collecte, la description, la sauvegarde, la récupération et/ou l’utili-
sation des informations de santé personnelles;
3. les “bases de données anonymes” sont des données dont le lien entre le patient et
l’information a été supprimé et ne peut être rétabli;
4. le “consentement” est la permission d’agir donnée volontairement par le pa-tient,
fondée sur la bonne compréhension des implications et conséquences possibles.
Certaines législations permettent, en cas d’incapacité et notamment s’il s’agit de
mineurs, d’incapables majeurs ou de personnes décédées, de solliciter le
consente-ment du représentant légal.
PRINCIPES
1. Ces principes s’appliquent à toutes les bases de données de santé, existantes ou en
création, y compris celles dirigées ou gérées par des organisations commerciales.
Accès à l’information des patients
2. Le patient a le droit de connaître les informations que le médecin possède à son sujet,
y compris les informations détenues dans les bases de données. Dans de nombreux
pays, la loi prévoit que le patient a le droit d’obtenir une copie de son dossier.
Washington, DC ⏐ D-2002-02-2002
Bases de Données sur la Santé
3. Le patient doit avoir le droit de décider de supprimer des informations le concernant
dans la base de données.
4. Dans de très rares cas, certains éléments du dossier peuvent ne pas être communiqués
s’ils sont susceptibles d’avoir des effets négatifs importants sur le patient ou sur
d’autres personnes. Le médecin doit pouvoir justifier sa décision de ne pas divulguer
certaines informations à son patient.
Confidentialité
5. Le médecin est personnellement responsable de la confidentialité des informations de
santé personnelles qu’il a en sa possession. Il doit également s’assurer de la mise en
place de mesures de sécurité appropriées pour le stockage, l’envoi et la réception des
informations de santé personnelles, y compris par la voie électronique.
6. Une personne médicalement qualifiée, voire plusieurs, fera office de “gardien” de la
base de données. Il aura la responsabilité de la contrôler et d’assurer l’application des
principes de confidentialité et de sécurité.
7. Des mesures de sécurité doivent être mises en place pour empêcher l’accès et l’utili-
sation non autorisés et non conformes des informations de santé personnelles de la
base de données et pour assurer l’authenticité des données. Des mesures permettant de
garantir la sécurité de la transmission de ces données doivent être également mises en
place.
8. Les systèmes de contrôle doivent enregistrer le nom des utilisateurs et la date d’utili-
sation. Les patients doivent avoir accès à ces enregistrements pour leur propre infor-
mation.
Consentement
9. Le patient doit être informé du stockage dans une banque de données d’informations le
concernant et des objectifs de leur utilisation.
10. Le consentement du patient est indispensable lorsque les informations le concernant
incluses dans la base de données sont transmises à des tiers ou permettent l’accès à
d’autres personnes que celles impliquées dans les soins aux patients, sauf circons-
tances exceptionnelles telles que celles indiquées dans l’article 11.
11. Dans certains cas, les informations de santé personnelles pourront être enregistrées
dans une base de données sans le consentement du patient, notamment lorsque la
législation nationale est en conformité avec les principes formulés dans la présente
déclaration ou lorsqu’un comité d’éthique mis en place à cet effet a donné son appro-
bation éthique. Dans ces cas exceptionnels, le patient doit être informé de l’utilisation
possible des informations le concernant, même s’il n’a pas le droit de s’y opposer.
12. Si le patient refuse que ses données soient communiquées à des tiers, son opposition
doit être respectée, sauf circonstances exceptionnelles, par exemple, lorsque la législa-
tion nationale est en conformité avec les principes formulés dans la présente déclara-
tion ou lorsque les risques de décès ou de préjudice grave peuvent ainsi être prévenus.
D-2002-02-2002 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
Utilisation des données
13. L’accès des tiers à des informations contenues dans la base de données requiert
l’autorisation préalable du gardien. Celle-ci est donnée dans le respect des règles du
secret professionnel, en vigueur.
14. Il importe d’obtenir l’approbation d’un comité d’éthique mis en place à cet effet pour les
études utilisant les données du patient, y compris pour toutes les nouvelles études non
prévues au moment de la collecte. Le comité devra décider s’il faut contacter les
patients pour obtenir leur consentement ou s’il est possible, dans le cadre du nouvel
objectif, d’utiliser les informations sans ce consentement. Les décisions du comité doi-
vent être conformes avec la législation nationale en vigueur et respecter les principes
formulés dans la présente déclaration.
15. Les données communiquées ne doivent être utilisées qu’aux seules fins prévues dans
l’autorisation.
16. les personnes chargées de la collecte, de l’exploitation et de la communication des
informations de santé doivent être juridiquement responsables de la sécurité de ces
informations.
Données anonymes
17. Dans la mesure du possible, les données utilisées dans le cadre des objectifs secon-
daires doivent être anonymes. Sinon, l’utilisation de données protégeant l’identité du
patient par un code ou un pseudonyme est préférable à l’utilisation des données facile-
ment identifiables.
18. L’utilisation de données anonymes ne pose généralement pas de problème de confi-
dentialité. Les données présentant pour les personnes dont elles sont issues un intérêt
légitime, par exemple des antécédents médicaux ou une photographie, méritent pro-
tection.
Intégrité des données
19. Le médecin a, dans la mesure du possible, la responsabilité de s’assurer que les infor-
mations fournies et contenues dans les bases de données sont exactes et actualisées.
20. Si le patient estime que les informations le concernant comportent des inexactitudes, il
a le droit de proposer des modifications et de faire annexer ses remarques au dos-sier.
Protocole
21. Un protocole précisera la teneur des informations et les raisons de leur détention, la
nature du consentement donné par le patient, les personnes ayant droit à y accéder, à
quel moment, pour quels motifs et les modalités selon lesquelles elles peuvent être
reliées à d’autres informations et les circonstances dans lesquelles elles peuvent être
transmises à des tiers.
Washington, DC ⏐ D-2002-02-2002
Bases de Données sur la Santé
22. Les renseignements communiqués au patient concernent son consentement au stock-
age et à l’utilisation des données, son droit d’accès à ces données et son droit à en cor-
riger les inexactitudes.
Gestion
23. Un système de gestion des questions et des réclamations doit être mis en place.
24. La ou les personnes responsables des règles et des procédures et auprès desquelles
seront présentées toutes questions ou réclamations éventuelles doivent être designées.
Principes
25. Les associations médicales nationales doivent coopérer avec les autorités responsables
de la santé, de l’éthique et des données personnelles, au niveau national et autres ni-
veaux administratifs appropriés, pour élaborer les règles applicables à la gestion des
informations médicales sur la base des principes formulés dans la présente déclara-
tion.
1
Déclaration de Lisbonne, adoptée par la 34e
Assemblée médicale mondiale, à Lisbonne (Por-
tugal) en septembre/octobre 1981 et amendée par la 47e
Assemblée générale à Bali (Indonésie)
en septembre 1995.
2
Déclaration de Genève, adoptée par la 2e
Assemblée générale de l’AMM, à Genève, en septem-
bre 1948 et dernièrement amendée par la 46e
Assemblée générale, à Stockholm, en septembre
1994.
3
Déclaration d’Helsinki, adoptée par la 18e
Assemblée générale de l’AMM, en juin 1964 à Helsinki
et dernièrement amendée par la 52e
Assemblée générale de l’AMM, à Edimbourg, en octobre
2000.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-2002-03-2012
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
LA SÉCURITÉ DU PATIENT
Adoptée par la 53e
Assemblée générale de l’AMM, Washington DC, Etats Unis, Octobre 2002
et réaffirmée par la 191e
session du Conseil, Prague, République Tchèque, Avril 2012
PRÉAMBULE
1. Les médecins font tout leur possible pour fournir des soins médicaux et de santé à
leurs patients. La sécurité du patient est l’un des éléments essentiels de la qualité des
soins médicaux et de santé.
2. Les progrès de la science médicale et de la technologie ont transformé la médecine
moderne en un système perfectionné et complexe.
3. Les risques inhérents à la médecine clinique existent depuis toujours. Les dévelop-
pements de la médecine moderne créent aujourd’hui des risques nouveaux et accrus
qui, s’ils sont évitables pour certains, sont inévitables pour d’autres.
4. Le médecin doit essayer d’anticiper et de gérer ces risques dans le traitement du
patient.
PRINCIPES
1.
1. Le médecin doit veiller à toujours prendre en considération la sécurité du patient
lorsqu’il prend des décisions.
2. Les erreurs sont rarement le fait d’une seule personne ou méthode. Plus exactement,
c’est la réunion d’éléments séparés qui produit une situation à haut risque. Il faut donc,
lorsque des erreurs de traitement sont signalées, appliquer des mesures “non puni-
tives” centrées sur la prévention et la correction des faiblesses du système et non sur
la culpabilité d’un individu ou d’une organisation.
3. Une compréhension réaliste des risques inhérents à la médecine moderne demande
que le médecin dépasse les barrières professionnelles de soins de santé, coopère avec
toutes les parties concernées, y compris le patient, et adopte un système d’approche
proactive en matière de sécurité du patient.
4. Pour créer ce système, le médecin doit en permanence intégrer un grand nombre de
connaissances scientifiques et s’efforcer d’améliorer la pratique médicale.
Prague ⏐ D-2002-03-2012
Sécurité du Patient
5. Toutes les informations concernant la sécurité du patient doivent être communiquées
aux parties concernées, y compris le patient. Cependant, le secret professionnel doit
être strictement protégé.
RECOMMANDATIONS
1.
1. Par conséquent, l’AMM recommande aux associations médicales nationales:
1. d’assurer la promotion des politiques concernant la sécurité du patient auprès des
médecins de leurs pays;
2. d’encourager les médecins, les autres travailleurs de santé, les patients et autres
personnes et organisations concernés à coopérer à l’instauration de systèmes per-
mettant d’assurer la sécurité du patient;
3. de favoriser le développement de moyens efficaces pour promouvoir la sécurité du
patient dans la formation médicale/professionnelle continue;
4. de coopérer et d’échanger des informations sur les événements préjudiciables, y
compris les erreurs, leurs solutions et les “leçons apprises” afin d’améliorer la
sécurité du patient.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-2002-04-2012
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
L’ÉTHIQUE MÉDICALE ET LES
TECHNOLOGIES MÉDICALES INNOVANTES
Adoptée par la 53e
Assemblée Générale de l’AMM, Washington, DC, Etats-Unis,
Octobre 2002
et révisée par la 63e
Assemblée Générale, Bangkok, Thaïlande, Octobre 2012
Il est essentiel que les risques et les avantages que les personnes retirent du développement
et de l’application des technologies médicales innovantes s’équilibrent. Il revient au méde-
cin de veiller au maintien de cet équilibre.
Par conséquent,
L’utilisation des technologies médicales doit être utilisée pour promouvoir la santé. La
sécurité du patient doit être pleinement prise en compte dans le développement et l’appli-
cation des technologies médicales.
Afin d’améliorer l’aptitude des médecins à fournir des soins médicaux appropriés et d’avoir
une connaissance suffisante des technologies médicales, des efforts doivent faits pour
assurer une formation médicale globale, axée sur l’utilisation et le développement sécurisés
et efficaces des technologies médicales.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-2003-01-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
LA RELATION ENTRE LE DROIT ET L’ETHIQUE
Adoptée par la 164e
Session du Conseil de l’AMM, Divonne-les-Bains, France, Mai 2003
et adoptée par la 70e
Assemblée Générale, Tbilissi, Georgie, Octobre 2019
Si valeurs éthiques et principes juridiques sont étroitement liés, les devoirs éthiques
l’emportent par définition sur les obligations juridiques. Il peut arriver que la loi prescrive
une conduite contraire à l’éthique. Le fait que le médecin respecte la loi ne prouve pas
nécessairement la valeur éthique de son comportement.
Lorsque la loi contredit l’éthique médicale, le médecin doit s’efforcer de faire modifier la
loi. En pareil cas, les devoirs éthiques priment les obligations légales.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-2005-01-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE REYKJAVIK DE L’AMM
SUR
CONSIDÉRATIONS ÉTHIQUES RELATIVES À L’UTILISATION DE LA
GÉNÉTIQUE DANS LES SOINS DE SANTÉ
Adoptée par la 56e
Assemblée Médicale Mondiale, Santiago, Chili, Octobre 2005
et révisée à la 60e
Assemblée générale de l’AMM, New Delhi, Inde, Octobre 2009
et par la 70e
Assemblée Générale, Tbilissi, Géorgie, Octobre 2019
PREAMBULE
La génétique contribue à une meilleure compréhension des causes, des développements,
des classifications et des traitements des pathologies. L’utilisation de la génétique est en
plein essor, passant en peu de temps de son emploi dans le traitement du cancer et
l’identification de maladies monogéniques et à la détermination de risques de pathologies
multifactorielles et à la manipulation de gènes individuels. Ainsi, l’utilisation de la
génétique crée et créera de plus en plus de valeur, à la fois au niveau individuel et au
niveau sociétal. L’utilisation d’informations génétiques relatives à des personnes soulève
cependant des questions de confidentialité, d’intimité et présente des risques de détresse
psychologique, de stigmatisation et de discrimination.
La présente déclaration vise à formuler des recommandations sur un emploi de la
génétique en médecine qui soit à la hauteur des défis éthiques en jeu. Elle s’attache
principalement à l’utilisation de la génétique dans la prestation de soins de santé. Le
recueil, le stockage et l’emploi de données génétiques au-delà des soins personnels
apportés aux patients doivent être conformes aux principes énoncés dans la déclaration de
l’AMM sur les considérations éthiques concernant les bases de données de santé et les
biobanques, dite déclaration de Taipei. L’utilisation de la génétique dans la recherche
médicale impliquant des sujets humains, y compris la recherche sur des données et des
échantillons biologiques humains non anonymes, doit être conforme aux principes
énoncés dans la déclaration d’Helsinki de l’AMM, relative aux principes éthiques
applicables à la recherche médicale impliquant des êtres humains.
La présente déclaration doit être prise dans son ensemble et chacun des paragraphes qui la
constituent ne saurait être interprété isolément des autres paragraphes. Il convient de
mettre à jour cette déclaration au fur et à mesure des avancées réalisées dans le domaine
de la génétique.
Les informations génétiques présentent des caractéristiques significatives d’un point de
vue éthique. Prises séparément, chacune des ces caractéristiques peut également se
retrouver dans d’autres types d’informations de santé. Cependant, l’association de ces
caractéristiques rend les informations génétiques particulièrement sensibles. Cette
sensibilité, ajoutée à l’intérêt évident que manifestent un grand nombre d’acteurs
D-2005-01-2019 ⏐ Tbilissi
Génétique et Médecine
différents pour les informations génétiques, rappelle combien il est important de respecter
les principes fondamentaux de l’éthique médicale, notamment le droit du patient à
l’autonomie, à la confidentialité, à l’intimité ainsi que le droit à bénéficier de la
production, du stockage, de l’utilisation ou du partage d’informations génétiques.
Parmi celles qui sont significatives d’un point de vue éthique, les informations les plus
cruciales sont :
• les informations génétiques qui permettent d’identifier une personne ;
• les analyses génétiques qui peuvent produire des informations nombreuses et
détaillées sur une personne ;
• les analyses génétiques qui pourraient conduire à de nouvelles découvertes.
• Les informations produites par l’analyse génétique n’ont pas encore livré tous leurs
secrets.
• Les informations génétiques relatives à une personne ne peuvent pas être
totalement anonymisées et les informations génétiques anonymisées peuvent être
réidentifiées.
• Les données génétiques contiennent des informations qui ne concernent pas
seulement la personne qui a subi le test mais aussi les personnes qui lui sont
génétiquement apparentées.
• Le test génétique d’une personne peut exiger la consultation d’informations
relatives à des soins de santé subis par des personnes qui lui sont génétiquement
apparentées (des membres de sa famille) ou le test génétique de ces personnes.
PRINCIPES ÉTHIQUES
Bénéfice pour le patient
Le test génétique dans le cadre de la prestation de soins de santé doit avoir pour objectif
premier de bénéficier au patient testé.
Pertinence
Un test génétique ne doit pas être de portée plus large que son objectif ne l’exige.
Consentement éclairé
1. Tout test génétique doit être réalisé après obtention du consentement éclairé du patient
ou de son tuteur légal. Un test génétique visant à dépister des prédispositions à une
pathologie ne doit être effectué sur un enfant que s’il existe des indications cliniques
claires qu’obtenir les résultats de ce test bénéficierait à l’enfant.
2. Le processus d’obtention du consentement éclairé du patient suppose la fourniture
d’informations exactes, adéquates et compréhensibles par lui, contenant les éléments
suivants :
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-2005-01-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
• l’objectif, la nature et les bénéfices escomptés du test ;
• les risques, effets indésirables et limites du test ;
• la nature et la signification des informations devant être obtenues grâce au test ;
• les procédures relatives à la restitution des informations génomiques, y compris les
observations secondaires et les découvertes futures ;
• les possibilités ouvertes selon les résultats obtenus, notamment les éventuels
traitements ;
• la manière dont les résultats du test, les données et les échantillons biologiques
seront conservés (comment, où, pendant combien de temps), et les personnes qui
peuvent avoir accès aux résultats actuels et futurs ;
• les éventuels usages secondaires des informations obtenues par le biais du test ;
• les mesures qui seront prises pour préserver l’intimité et l’autonomie du patient, en
particulier les mesures relatives à la confidentialité et la sécurité des données le
concernant ;
• les procédures de gestion des résultats ayant des conséquences pour les personnes
qui sont génétiquement apparentées à la personne testée ;
• le cas échéant, l’utilisation commerciale de ces résultats et le partage des éventuels
bénéfices y afférents, les questions relatives à la propriété intellectuelle et le
transfert de données ou d’échantillons à des tiers.
Découvertes supplémentaires (découvertes secondaires et fortuites)
1. Un test génétique peut conduire à la découverte d’informations qui n’étaient pas
l’objet principal du test, dites observations secondaires ou fortuites. Il convient que les
procédures par lesquelles seront traitées ces informations soient déterminées en amont
du test et communiquées au patient dans le cadre du processus d’obtention de son
consentement éclairé.
2. Les principes relatifs au traitement des observations secondaires ou fortuites doivent
tenir compte :
• des préférences du patient concernant le traitement des découvertes secondaires ou
fortuites ;
• de la signification de ces observations secondaires et fortuites pour la santé ou
d’autres intérêts du patient ;
• la signification des observations secondaires ou fortuites pour la santé ou d’autres
intérêts d’autres personnes, génétiquement apparentées au patient ;
• la validité scientifique des observations secondaires ou fortuites ;
• la solidité des preuves d’une corrélation entre les observations secondaires ou
fortuites et des risques pour la santé du patient ;
• la mesure en laquelle ces observations secondaires ou fortuites sont des variants
D-2005-01-2019 ⏐ Tbilissi
Génétique et Médecine
actionnables, sur le plan médical ou autre.
Conseil génétique
1. Tout test génétique, traitement fondé sur la génétique ou interprétation des résultats
d’un test génétique doit systématiquement être accompagné d’un conseil approprié en
la matière. Ces conseils doivent permettre au patient de prendre des décisions
informées et conformes à ses valeurs et intérêts. Ces conseils ne doivent pas être
orientés par les valeurs personnelles du conseiller. Le droit de la personne de n’être
pas testée doit être protégé. Si la personne a été testée, elle ne saurait être obligée
d’agir consécutivement aux résultats du test.
2. Les étudiants en médecine et les médecins devraient recevoir une formation au conseil
génétique, notamment au conseil relatif à un diagnostic présymptomatique.
Confidentialité
Comme tous les dossiers médicaux, les informations issues d’un test génétique ou d’une
thérapie génique doivent demeurer strictement confidentielles et ne sauraient être
communiquées à des tiers sous forme identifiable sans le consentement de la personne
testée. Les tiers à qui les résultats pourraient être, sous certaines conditions, communiqués
sont définis au paragraphe 15.
Information des tiers
Dans le cas où les résultats d’un test pourraient avoir des conséquences pour des tiers,
comme des proches, la personne testée doit être encouragée à discuter des résultats du test
avec ces tiers. Dans les cas où la non-divulgation des résultats du test causerait un péril
prévisible grave et inévitable, hormis par la divulgation de ces résultats, et dont les
conséquences seraient pires que la divulgation des résultats, le médecin peut révéler les
informations nécessaires à des tiers sans le consentement du patient, mais il convient qu’il
aborde d’abord cette question avec ledit patient. Si le médecin peut consulter un comité
d’éthique, il serait préférable qu’il le fasse avant de révéler des informations à des tiers.
Protection des données
Le recueil, le stockage et l’emploi de données génétiques suppose un degré élevé de
protection des données.
Discrimination
Aucune discrimination ne saurait être opérée contre une personne ou un groupe sur la base
de son ou de leur patrimoine génétique, notamment dans le domaine des droits humains,
de l’emploi ou des assurances. Toute personne ayant subi un test génétique ou une
thérapie génique, ainsi que toute personne dont les informations génétiques pourraient être
déduites, doivent être protégées de toute discrimination. À cet égard, il convient
d’accorder une attention particulière à la protection des personnes et des groupes
vulnérables.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-2005-01-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
Coûts du test
La décision d’intégrer à un traitement médical une analyse génétique peut supposer un
coût significatif pour le patient et le système de santé. Une telle décision doit donc être
fondée sur la perspective que le coût de l’analyse sera compensé par le bénéfice qu’en
tirera le patient.
Fiabilité et limites
1. L’identification de gènes liés à une pathologie a conduit à une hausse du nombre de
tests, d’analyses et de traitements génétiques disponibles, dont la variété et la
complexité augmentent également. C’est pourquoi il convient d’assurer soigneusement
leur fiabilité, leur exactitude et leur qualité et d’informer les patients de leurs limites.
2. Le bénéfice d’un test génétique pour une personne peut dépendre de la disponibilité
des informations relatives à la population dont le variant a été identifié. Les
professionnels de la médecine doivent garder à l’esprit la portée et les limites des
données issues de la génétique et des informations de santé stockées dans les bases de
données utilisées pour la prestation de services de tests génétiques cliniques.
Tests destinés au grand public
Les tests génétiques proposés directement aux consommateurs à des fins médicales
doivent être conformes aux mêmes normes techniques, professionnelles, juridiques et
éthiques que les tests destinés aux laboratoires certifiés ainsi qu’aux recommandations
figurant dans la présente déclaration. Les fournisseurs de ces tests destinés au grand
public, notamment, doivent communiquer des informations adéquates, exactes et
compréhensibles au sujet de la fiabilité et des limites de leurs services.
Utilisation clinique des données issues de la recherche
Dans le cadre de projets de recherche qui supposent la réalisation d’un test génétique et
lorsque le participant peut être identifié, ce dernier doit être informé de l’éventualité que
des observations secondaires ou fortuites permettent de découvrir un risque grave pour sa
santé. Si cette éventualité se produisait, il conviendrait de proposer un conseil génétique et
une intervention médicale idoine audit participant.
Thérapie génique et manipulation génétique
La thérapie génique et la manipulation génétique recouvrent un ensemble de techniques
utilisées pour manipuler les gènes liés à des pathologies. L’utilisation de ces techniques
doit être conforme aux directives suivantes :
• l’utilisation de la thérapie génique et de la manipulation génétique doit être
conforme aux normes d’éthique médicale et de responsabilité professionnelle ;
• il est indispensable de respecter l’autonomie du patient concerné et d’obtenir son
consentement éclairé. Le processus d’obtention du consentement éclairé du patient
devrait comprendre la description des risques associés à la thérapie génique et à la
manipulation génétique, y compris le fait que le patient pourrait avoir à subir de
multiples cycles de thérapie génique, le risque de réaction immunitaire et les
éventuels problèmes associés à l’utilisation de vecteurs viraux et aux effets hors
D-2005-01-2019 ⏐ Tbilissi
Génétique et Médecine
cible d’une thérapie génique ;
• la thérapie génique et la manipulation génétique ne sauraient être entreprises
qu’après une analyse approfondie des risques et des bénéfices attendus et une
évaluation de l’efficacité probable de la thérapie comparée aux risques, effets
secondaires, disponibilité et efficacité d’autres traitements ;
• la manipulation génétique de cellules germinales présente des risques actuellement
immaîtrisables. Elle ne devrait donc pas être utilisée. Ceci n’empêche cependant
pas les tentatives de manipulation génétique ou d’autres recherches similaires.
Clonage
Le clonage désigne à la fois le clonage thérapeutique, c’est-à-dire le clonage de cellules
souches d’une personne en vue de créer une copie saine d’un tissu malade à des fins de
transplantation et le clonage reproductif, c’est-à-dire le clonage d’un être humain existant
en vue de produire un double génétique de cet être humain. L’AMM est opposée au
clonage reproductif d’êtres humains.
D-2008-01-2018 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE SÉOUL DE L’AMM
SUR
L’AUTONOMIE PROFESSIONNELLE ET L’INDÉPENDANCE CLINIQUE
Adoptée par la 59e
Assemblée Générale de l’AMM, Séoul, Corée, Octobre 2008
et amendée par la 69e
Assemblée Générale de l’AMM à Reykjavik, Islande, Octobre 2018
L’AMM réaffirme sa Déclaration de Madrid sur l’autonomie et l’autorégulation
professionnelles.
L’Association médicale mondiale reconnaît le caractère essentiel de l’autonomie
professionnelle et de l’indépendance clinique et déclare que :
1. L’autonomie professionnelle et l’indépendance clinique sont des éléments
essentiels à la prestation de soins de qualité à tous les patients et à toutes les
populations. L’autonomie professionnelle et l’indépendance sont essentielles à la
prestation de soins de santé de haute qualité et dès lors bénéficie à l’ensemble des
patients et de la société.
2. Les termes « autonomie professionnelle » et « indépendance clinique » désignent
les principes selon lesquels chaque médecin est libre d’exprimer un jugement
professionnel dans le cadre du traitement de ses patients sans subir d’influence
inopportune ou abusive de l’extérieur ou de tierces personnes.
3. La médecine est très complexe. Au fil d’une formation et d’une expérience
longues, les médecins deviennent des experts médicaux qui mettent en balance les
données disponibles pour formuler des conseils à leurs patients. Tout en ayant le
droit d’autodétermination, c’est-à-dire de décider, compte tenu de certaines
contraintes, des interventions médicales qu’ils subiront, les patients attendent de
leurs médecins des recommandations cliniques pertinentes.
4. Les médecins savent que dans leurs décisions relatives aux traitements, ils doivent
tenir compte de la structure du système de santé et des ressources disponibles. Des
restrictions excessives en matière d’indépendance clinique, telles qu’elles peuvent
être imposées par les gouvernements et les administrations, ne vont pas dans
l’intérêt des patients car elles peuvent ne pas reposer sur des preuves scientifiques
et risquent de mettre en péril la confiance qui est au fondement de la relation entre
patient et médecin.
5. L’autonomie professionnelle est limitée par le respect des règles professionnelles,
des normes et des données scientifiques disponibles.
6. Les facteurs de priorité et de limitation de la couverture santé doivent être pris en
compte en raison du caractère limité des ressources. Les gouvernements, les
financeurs des soins de santé (mutuelles), les administrateurs et les organisations
de gestion des soins peuvent entraver l’autonomie clinique en cherchant à imposer
des règles et des limitations. Ces obstacles peuvent aller à l’encontre des principes
D-2008-01-2018 ⏐ Reykjavik
Autonomie Professionnelle et l’Indépendance Clinique
de la médecine fondée sur des données scientifiques, d’un bon rapport coût-
efficacité et de l’intérêt des patients. Les évaluations économiques engagées du
point de vue du financeur et non du point de vue de l’usager peuvent privilégier la
rentabilité au détriment des bénéfices sanitaires.
7. Les processus de fixation des priorités et de décision portant sur les financements,
les attributions ou les limitations des ressources sont souvent opaques. Or le
manque de transparence contribue au maintien des inégalités en matière de santé.
8. Certains gestionnaires hospitaliers et certaines mutuelles estiment que l’autonomie
professionnelle du médecin est incompatible avec une gestion prudente des coûts
de santé. L’autonomie professionnelle permet aux médecins d’aider leurs patients à
faire des choix informés et légitime les médecins qui refusent d’accéder aux
exigences de patients ou de proches de recevoir certains traitements ou services
inadaptés.
9. Les soins sont dispensés par des équipes de professionnels de santé, généralement
dirigées par des médecins. Aucun membre de l’équipe de soins ne saurait entraver
l’autonomie professionnelle ni l’indépendance clinique du médecin qui assume in
fine la responsabilité des soins prodigués au patient. Il convient de mettre en place
un mécanisme qui permette, dans les situations où l’un des membres de l’équipe
aurait des réserves sur le protocole de soins, de faire entendre ces réserves sans
peur de représailles.
10. La délivrance de soins médicaux est régie par des règles éthiques et
professionnelles et par les lois en vigueur. Les médecins contribuent à l’élaboration
de ces normes, et reconnaissent ainsi qu’elles encadrent leur travail de
professionnels et constituent une garantie pour la population.
11. Les comités d’éthique, les comités de vérification des pouvoirs et les autres formes
d’évaluation par les pairs sont depuis longtemps mis en place, reconnus et acceptés
comme des moyens de contrôler le comportement professionnel des médecins et,
au besoin, d’imposer des restrictions à leur liberté professionnelle absolue.
12. L’Association médicale mondiale réaffirme que l’autonomie professionnelle et
l’indépendance clinique sont des composantes essentielles des soins médicaux de
haute qualité et de la relation entre patient et médecin, qu’à ce titre, elles doivent
être préservées. L’AMM affirme en outre que l’autonomie professionnelle et
l’indépendance clinique sont des éléments fondamentaux du professionnalisme
médical.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-2009-01-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM DE DELHI
SUR
LA SANTÉ ET LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Adoptée par la 60e
Assemblée générale de l’AMM, New Delhi, Inde, Octobre 2009
et amendée par la 68e
Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PREAMBULE
1. L’influence humaine sur le système climatique est évidente et les récentes émissions
de gaz à effet de serre sont les plus élevées de l’histoire. Les changements climatiques
récents ont des conséquences très étendues sur les milieux naturels et les humains.
2. Des preuves irréfutables confirment les nombreux risques sanitaires, liés au
changement climatique, qui menacent les populations de tous les pays. Parmi ces
menaces, toujours plus fréquentes et potentiellement plus graves, il convient de citer
les canicules, les sécheresses, les inondations et les autres phénomènes climatiques
extrêmes, notamment les tempêtes et les feux de forêt. Le changement climatique,
notamment le réchauffement, produit déjà des transformations dans les
environnements propices aux maladies vectorielles. La pénurie d’eau potable de
qualité et une plus grande insécurité alimentaire conduisent à la malnutrition et à des
déplacements de population. Le changement climatique est mondial, mais ses
conséquences ne sont pas ressenties partout de la même manière et de nombreuses
régions parmi celles qui sont les plus touchées sont le moins à même de faire face à
ces difficultés.
3. La lutte contre les effets du changement climatique offre des occasions d’améliorer la
santé et le bien-être, à la fois parce que les solutions à faibles émissions de carbone
bénéficient également à la santé et parce que les mesures d’atténuation et d’adaptation
pourraient permettre d’agir sur les déterminants sociaux de la santé. La transition vers
la production d’énergie renouvelable, l’utilisation de transports actifs, et le
changement de régime alimentaire, notamment la diminution de la consommation de
bœuf et d’autres produits issus des animaux, pourraient contribuer à améliorer la santé
publique et le bien-être des populations.
4. Les déterminants sociaux de la santé sont les facteurs dont dépend la santé avant et
après la naissance des personnes, au fil de leur croissance, de leur vie et à leur travail.
Ces déterminants varient entre les pays et au sein des pays. Généralement, les
personnes souffrant d’une mauvaise santé et dont l’espérance de vie en bonne santé est
la plus faible sont celles qui connaissent les plus grandes difficultés à s’adapter ou à
parer aux effets nocifs du changement climatique, ce qui exacerbe les déterminants
sociaux néfastes pour la santé.
5. Les recherches et la surveillance portant sur le changement climatique sont
D-2009-01-2017 ⏐ Chicago
Changements Climatiques (Delhi)
essentielles. L’AMM soutient des études qui décrivent les profils épidémiologiques
des maladies attribuées au changement climatique, y compris les effets de ce dernier
sur les communautés et les foyers, le poids des maladies connues et émergentes
causées par le changement climatique, ainsi que celles qui pourraient être causées par
de nouvelles activités (étude des impacts sanitaires). Ces études devraient en outre
définir les populations les plus vulnérables.
6. L’Accord de Paris insiste sur une transition vers un nouveau modèle de collaboration
pour lutter contre le changement climatique et constitue pour le secteur de la santé une
occasion de contribuer à l’action en faveur du climat. Il comporte une série de mesures
à prendre par chaque partie pour atteindre l’objectif à long terme de limiter
l’augmentation moyenne de la température mondiale à moins de 1,5 ° C au-dessus des
niveaux préindustriels. Que les États dont elles sont issues soient ou non parties à
l’accord, les associations médicales mondiales ont l’obligation de tenir compte des
effets du changement climatique sur la planète et sur les humains, les animaux et la
pérennité de l’environnement et de prendre les mesures suivantes.
RECOMMANDATIONS
7. L’Association médicale mondiale et ses associations médicales nationales membres :
• Appellent instamment les gouvernements et les acteurs non étatiques à reconnaître
officiellement les graves conséquences sanitaires du changement climatique et à
adopter des mesures d’atténuation de ses effets ;
• Appellent les gouvernements nationaux à assurer la réalisation des engagements
nationaux pris dans le cadre des accords internationaux, qui comportent à la fois
des mesures d’adaptation et des mesures d’atténuation, ainsi que des mesures
d’indemnisation pour les dommages et préjudices subis ;
• Appellent les gouvernements nationaux à financer la lutte contre le changement
climatique, y compris l’allocation de fonds pour renforcer les systèmes de santé, la
santé et les politiques qui bénéficient au climat, mais aussi à la santé et apporter les
fonds mondiaux, régionaux et locaux suffisants pour que toutes les parties
remplissent les objectifs d’adaptation et d’atténuation, de réduction des risques de
catastrophe et de réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement
(OMD) ;
• Appellent les gouvernements nationaux à faciliter la participation active des
représentants du secteur de la santé à la création et à la mise en œuvre de
programmes de préparation au changement climatique et de mesures d’urgence aux
niveaux local, national et international ;
• Appellent les gouvernements nationaux à assurer la santé et le bien-être des
populations déplacées pour des raisons environnementales, y compris celles qui
deviennent des réfugiés en raison des effets du changement climatique ;
• Demande aux gouvernements nationaux d’investir dans la recherche en santé
publique et sur le changement climatique pour permettre une meilleure
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-2009-01-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
compréhension des besoins d’adaptation et des co-bénéfices au niveau national ;
• Appelle les gouvernements nationaux à faciliter la collaboration entre le ministère
de la Santé et les autres ministères pour assurer que la santé est prise en compte
dans les engagements nationaux et les stratégies durables de ces derniers.
8. Les associations médicales nationales et leurs membres médecins devraient :
• Plaider pour l’adoption de pratiques écologiquement responsables à faibles
émissions de carbone dans l’ensemble du secteur de la santé afin de limiter
l’empreinte environnementale des pratiques et des infrastructures sanitaires ;
• Se préparer aux perturbations des infrastructures sanitaires qui accompagnent la
plupart des situations d’urgence sanitaire, notamment en prévoyant la prestation de
services et la demande de soins accrue pendant ces situations de crise ;
• Encourager et soutenir les mesures de sensibilisation en faveur de la protection de
l’environnement et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, y compris
par des systèmes de commerce des émissions ou de taxes carbone ;
• Se former aux effets sanitaires du changement climatique et se préparer à y faire
face dans le cadre des soins aux patients ;
• Encourager la recherche médicale sur une meilleure utilisation de l’antibiothérapie
afin de pouvoir répondre, à l’avenir, aux nouvelles pathologies infectieuses liées
aux changements climatiques.
9. L’AMM et ses membres constituants devraient :
• Encourager les pratiques à faibles émissions de carbone, respectueuses des limites
de la planète, y compris les modes de vie actifs et les modèles de production et de
consommation durables ;
• S’efforcer de sensibiliser les professionnels et le grand public à l’importance de
l’environnement et du changement climatique pour la santé personnelle,
communautaire et publique ;
• Travailler ensemble à l’intégration des principaux concepts et des compétences de
lutte contre le changement climatique dans le cursus médical initial et dans la
formation médicale continue ;
• Travailler en collaboration avec l’OMS et d’autres parties prenantes, le cas
échéant, à la production de supports éducatifs et de plaidoyer sur le changement
climatique à destination des associations médicales nationales, des médecins,
d’autres professionnels de santé et de la population au sens large ;
• Plaider auprès de leurs gouvernements respectifs pour qu’ils promeuvent et
financent la recherche sur les effets du changement climatique sur la santé et qu’ils
collaborent avec les ONG et les autres professionnels de santé ;
D-2009-01-2017 ⏐ Chicago
Changements Climatiques (Delhi)
• Collaborer avec les gouvernements, les ONG, les entreprises, la société civile et
d’autres acteurs à la création de systèmes d’alerte afin d’assurer que les systèmes
de santé et les médecins sont informés précisément des catastrophes climatiques à
mesure qu’elles se déroulent et de la gestion des évènements sanitaires émergents ;
• Inscrire la lutte contre le changement climatique en priorité à leur ordre du jour et
participer activement à la création de politiques et d’initiatives qui atténuent les
effets du changement climatique sur la santé.
10. L’AMM appelle instamment les associations médicales nationales :
• À travailler avec les autorités sanitaires et les médecins à l’adoption de politiques
relatives au climat et à donner l’exemple en réduisant leurs émissions de carbone;
• À reconnaître les facteurs environnementaux comme des déterminants sociaux de
la santé essentiels et encourager les gouvernements à favoriser la collaboration
entre le secteur de la santé et les nombreux autres secteurs concernés pour pallier
ces déterminants .
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-2009-02-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM DE MADRID
SUR
LA RÉGULATION ASSURÉE PAR LA PROFESSION
Adoptée par la 60e
Assemblée générale de l’AMM, New Delhi, Inde, Octobre 2009
et révisée par la 70e
Assemblée Générale, Tbilissi, Géorgie, Octobre 2019
L’AMM réaffirme sa déclaration de Séoul sur l’autonomie professionnelle et
l’indépendance clinique.
La profession médicale doit jouer un rôle central dans la régulation de la conduite et les
activités professionnelles de ses membres et ainsi assurer que les pratiques
professionnelles des médecins soient conformes à l’intérêt des citoyens.
La régulation de la profession médicale joue un rôle essentiel dans l’installation et le
maintien de la confiance de la population dans les normes qui régissent les soins et la
conduite qu’elle peut attendre des professionnels de la médecine. Cette régulation requiert
une implication indépendante et très forte des professionnels.
Les médecins aspirent à la création ou au maintien de systèmes de régulation qui
préserveront au mieux les normes les plus élevées en matière de soins pour tous les
patients. Les médecins estiment que les modèles gérés par les médecins eux-mêmes
peuvent fournir un environnement pour renforcera le droit du médecin de traiter ses
patients sans interférence extérieure, sur la base de son seul jugement professionnel. Dans
ces conditions, l’Association médicale mondiale demande à ses membres constituants et à
tous les médecins de coopérer avec les organismes de régulation et de prendre les mesures
qui s’imposent afin d’assurer que de tels systèmes efficaces soient en place. Ces mesures
doivent être fondées sur les principes suivants :
1. La société accorde aux médecins un degré élevé d’autonomie professionnelle et
d’indépendance clinique, ce qui leur permet de faire des recommandations sur la
base de leurs connaissances et de leur expérience, des données cliniques
disponibles et de leur compréhension générale du patient, y compris de l’intérêt de
ce dernier, sans influence extérieure inopportune ou abusive. Cet aspect est traité
plus précisément dans la déclaration de Séoul de l’AMM.
2. La régulation de la profession doit être proportionnée et doit avoir pour objectif de
simplifier sans être pesante. Elle doit être fondée sur un modèle qui s’applique
également à tous les médecins, qui protège les patients et qui se fonde sur un code
d’éthique. La planification et la prestation de tous types de soins de santé sont
fondées sur un modèle éthique et les connaissances médicales actuelles, qui
régissent la pratique de tous les médecins. Ce modèle est un composant essentiel
du professionnalisme et protège les patients. Les médecins sont les mieux placés
qualifiés pour juger des actions de leurs pairs qui vont à l’encontre de ces normes,
D-2009-02-2019 ⏐ Tbilissi
Régulation assurée par la Profession
en gardant à l’esprit les circonstances locales qui peuvent être pertinentes.
3. Il incombe aux médecins de s’associer étroitement à la régulation de la profession
ou de l’assurer eux-mêmes. Les médecins doivent en dernier ressort participer au
contrôle et à l’autorité de décision, du fait de leur formation médicale, de leurs
connaissances, de leur expérience et de leurs compétences. Dans les pays où la
régulation de la profession est assurée par les médecins eux-mêmes, ces derniers
doivent assurer qu’elle inspire confiance à leurs concitoyens. Dans les pays où la
régulation est mixte, les médecins doivent s’efforcer d’assurer qu’elle permet de
maintenir la confiance de la population dans la profession.
4. Les médecins de tous les pays sont priés d’instaurer et de préserver un système
proportionné, reconnu, juste, légitime, rigoureux et transparent de régulation
assurée par la profession et d’y participer activement. Ces systèmes sont conçus
pour équilibrer les droits des médecins à exercer leur jugement professionnel
librement par des obligations de sagesse et de mesure.
5. Les associations médicales nationales doivent s’efforcer de promouvoir et de
soutenir la notion de régulation efficace et éclairée parmi leurs membres et auprès
du grand public. Pour éviter tout conflit d’intérêts éventuel qui pourrait naître de
leur double rôle de représentation et de régulation, les médecins doivent assurer la
séparation des deux processus et accorder une attention rigoureuse à la mise en
œuvre d’un système juste et transparent dont l’honnêteté et l’indépendance ne
puissent être mises en doute par le grand public.
6. Tout système de régulation assurée par la profession elle-même doit promouvoir et
garantir:
• la prestation de soins sûrs et de haute qualité aux patients, dispensés par du
personnel compétent;
• la compétence des médecins qui assurent ces soins;
• le comportement professionnel de tous les médecins, y compris sur le plan
éthique;
• la protection de la société et des droits du patient;
• la promotion de l’adhésion et de la confiance des patients, de leur famille et du
grand public;
• l’assurance qualité du système de régulation;
• le maintien de la confiance des patients et de la société dans son ensemble;
• l’élaboration de solutions aux éventuels conflits d’intérêts;
• un engagement à assumer des responsabilités professionnelles élargies.
7. Afin de toujours assurer que les patients reçoivent des soins de qualité, les
médecins devraient participer activement au processus de formation
professionnelle continue, y compris d’analyse de leur pratique afin d’actualiser et
de tenir à jour leurs connaissances et leurs compétences cliniques. Il incombe à
leurs employeurs et à leurs supérieurs d’assurer que les médecins répondent à ces
exigences.
8. La conduite professionnelle des médecins doit toujours demeurer dans les limites
du code d’éthique régissant la pratique des médecins dans chaque pays. Les
D-2009-02-2019 ⏐ Tbilissi
Régulation Assurée par la Profession (Madrid)
associations médicales nationales doivent promouvoir une conduite professionnelle
et éthique des médecins dans l’intérêt des patients. Les violations des règles
éthiques doivent être rapidement reconnues, signalées aux autorités compétentes et
corrigées. Les médecins doivent intervenir en temps utile pour assurer que leurs
confrères ayant commis une faute ne mettent pas en danger leurs patients ou leurs
collègues et reçoivent une assistance appropriée via un programme axé sur la santé
des médecins ou une formation adaptée qui permettra leur exercice dans de bonnes
conditions.
9. L’autorité de régulation devrait, une fois la procédure judiciaire ou quasi judiciaire
arrivée à son terme et si le médecin est reconnu coupable, publier les conclusions
du tribunal et les éventuelles mesures de réparation adoptées. Les enseignements
tirés de ces affaires devraient, dans la mesure du possible, inspirer la formation
médicale. Le processus de régulation devrait assurer que de tels enseignements
s’intègrent de manière cohérente à la formation.
10. Les associations médicales nationales sont appelées à s’entraider dans le but de
résoudre les problèmes, relever les défis nouveaux et ceux en voie d’apparition, y
compris les éventuelles menaces sur la régulation assurée par la profession.
L’échange continu d’informations et d’expérience entre les associations médicales
nationales est fondamental pour le bien des patients.
11. Quelles que soient les dispositions juridiques et règlementaires au niveau national,
tout jugement sur le comportement ou les performances professionnelles d’un
médecin doit tenir compte de l’avis de ses pairs, qui par leur formation et leur
expérience comprennent la complexité des problèmes médicaux qui se posent.
12. Il doit exister un système efficace et responsable de régulation qui ne saurait être
complaisant ou avoir pour but de protéger la profession. Les associations
médicales nationales devraient aider leurs membres à comprendre que
l’autorégulation assurée par la profession, dans les pays où un tel système existe,
doit garantir la sécurité et les droits à la santé de la population, susciter l’adhésion
et la confiance du public en général et préserver l’honneur de la profession elle-
même.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-2011-01-2011
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE MONTEVIDEO DE L’AMM
SUR
LA PRÉPARATION AUX CATASTROPHES ET
SUR LA RÉPONSE MÉDICALE
Adopté par la 62e
Assemblée générale de l’AMM, Montevideo, Uruguay, Octobre 2011
Ces dix dernières années, le monde entier a été confronté à une série de graves évènements
qui ont éprouvé les moyens existants sur place pour assurer les soins de santé et qui ont
dépassé les systèmes de réponse médicale d’urgence. Les conflits armés, les attaques ter-
roristes et les catastrophes naturelles telles que les séismes, les inondations et les tsunamis
dans différentes parties du monde non seulement ont affecté la santé de la population vi-
vant dans ces zones mais ont sollicité le soutien et une réponse de la communauté inter-
national.
De nombreuses associations médicales nationales ont envoyé des équipes d’intervention
dans de telles situations désastreuses.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le Centre de recherche sur l’épidé-
miologie des catastrophes (CRED), la fréquence, la magnitude et le coût de ces cata-
strophes naturelles et du terrorisme sont en augmentation partout dans le monde. Au siècle
dernier, près de 3millions et demi de personnes ont été tuées dans le monde à cause de
catastrophes naturelles ; près de 200 millions ont été tués en raison de désastres d’origine
humaine (guerres, terrorisme, génocides par ex.). Tous les ans, les désastres entraînent des
centaines de morts et coûtent des milliards de dollars du fait de l’interruption du commerce
et de la destruction de l’habitat et des infrastructures essentielles.
La vulnérabilité des populations (en autre du fait de la plus grande densité de population,
de l’urbanisation, du vieillissement) a accru le risque de catastrophes et de situations d’ur-
gence en matière de santé publique. La mondialisation reliant tous les pays via une inter-
dépendance économique a conduit à une augmentation des voyages et du commerce inter-
national. Une telle activité a conduit à une plus grande densité de population dans les
villes et un déplacement plus important des populations vers les zones côtières et les autres
régions sensibles en termes de catastrophes. L’augmentation des voyages internationaux
pourrait accélérer le rythme auquel une maladie infectieuse émergente ou un agent du
bioterrorisme se diffuse à travers le globe. Les changements climatiques et le terrorisme
sont devenus des facteurs majeurs pouvant influencer la fréquence des catastrophes et
nécessitent donc un suivi et une attention continus.
L’émergence des maladies infectieuses telles que la grippe H1N1 et le syndrome respira-
toire aigue sévère (SRAS) ainsi que la récente apparition du virus du Nil occidental et de
la variole simienne dans l’hémisphère occidental renforce la nécessité d’être constamment
vigilant et de planifier la préparation et la réponse aux nouvelles émergences de santé pu-
blique inattendues.
D-2011-01-2011 ⏐ Montevideo
Préparation aux Catastrophes (Montevideo)
La probabilité croissante de catastrophes liées au terrorisme et affectant de vastes popula-
tions civiles concerne tous les pays. L’inquiétude demeure quant à la sécurité de l’arsenal
nucléaire, chimique et biologique mondial ainsi que du recrutement de personnes capables
de le produire ou de l’utiliser. La nature potentiellement catastrophique d’une attaque ter-
roriste « réussie » configure un évènement pouvant exiger des ressources et une prépara-
tion des professionnels d’une ampleur disproportionnée. Des catastrophes naturelles telles
que les tornades, les ouragans, les inondations et les séismes ainsi que celles liées à l’in-
dustrie et aux transports sont beaucoup plus fréquentes et peuvent aussi placer dans une
situation de grave tension les infrastructures médicales, la santé publique et les systèmes
de réponse aux situations d’urgence.
A la lumière des récents évènements mondiaux, il devient de plus en plus clair que tous les
médecins doivent être de plus en plus professionnels dans la reconnaissance, le diagnostic
et le traitement des nombreuses victimes, avec une approche tous risques à la gestion et à
la réponse aux catastrophes. Ils doivent pouvoir reconnaitre les caractéristiques générales
des catastrophes et des urgences de santé publique, savoir comment les signaler et où
obtenir davantage d’informations, si besoin est. Les médecins sont sur la ligne de front
lorsqu’ils traitent des blessures et des maladies – qu’elles soient dues à des microbes, à des
dangers environnementaux, des catastrophes naturelles, des collisions autoroutières, au
terrorisme ou à d’autres calamités. Une détection et un suivi précoces sont essentiels pour
minimiser le nombre de victimes via un travail d’équipe avisé dans le secteur de la santé
publique et privé et via du personnel d’intervention d’urgence.
L’AMM, représentant les médecins du monde, exhorte ses membres à une défense / sensi-
bilisation de ce qui suit :
• Promouvoir un ensemble de compétences standards afin d’assurer une cohérence
au sein des programmes de formation aux catastrophes dans toutes les spécialités
de médecine. De nombreuses AMN organisent des formations aux catastrophes et
possèdent une expérience en matière de réponse aux catastrophes. Ces AMN peu-
vent partager leurs connaissance et plaider en faveur d’un certain niveau normalisé
de formation pour tous les médecins, peu importe leur spécialité ou nationalité.
• travailler avec les gouvernements nationaux et locaux pour établir ou actualiser des
banques de données régionales et un mappage géographique d’informations sur les
ressources de santé, les capacités, les aptitudes et la logistique afin de participer
aux efforts de secours médical dans le pays et dans le monde, là où cela est néces-
saire. Cela pourrait inclure des informations sur les organisations de secours lo-
cales, l’état des hôpitaux locaux et des infrastructures sanitaires, des maladies endé-
miques et des maladies émergentes ainsi que d’autres informations importantes de
santé publique et touchant à la clinique pour contribuer à une intervention médicale
en cas de catastrophe. De plus, les systèmes destinés à communiquer directement
avec les médecins et les autres prestataires de soins sur le front devraient être iden-
tifiés et renforcés.
• travailler avec les gouvernements nationaux et locaux afin d’établir et de tester des
programmes de gestion des catastrophes pour les soins cliniques et la santé publi-
que y compris les bases éthiques pour la fourniture de tels programmes.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-2011-01-2011
Manuel des Politiques de l’AMM
• encourager les gouvernements au niveau national et local à travailler au delà des
frontières classiques départements et autres à l’établissement d’une planification né-
cessaire. planification.
L’AMM pourrait être un canal de communication pour les AMN pendant de telles crises
en leur permettant de coordonner leurs activités et de travailler ensemble.
D-2011-02-2011 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
LES SOIN MEDICAUX EN FIN DE VIE
Adoptée par la 62e
Assemblée Générale de l’AMM, Montevideo, Uruguay, Octobre 2011
INTRODUCTION
Tout le monde a droit à des soins de santé de qualité sur le plan scientifique et humain.
Dans ces conditions, recevoir des soins médicaux appropriés en fin de vie ne doit pas être
considéré comme un privilège mais comme un véritable droit, indépendamment de l’âge
ou d’autres facteurs associés. L‘AMM réaffirme les principes énoncés dans la Déclaration
de l’AMM sur la maladie en phase terminale et la Déclaration de l’AMM sur l’euthanasie.
Ces déclarations viennent en soutien et en complément de la Déclaration sur les soins
médicaux en fin de vie.
Les soins palliatifs en fin de vie font partie des soins médicaux de qualité1
. Il existe un
gros besoin d’accès à des soins palliatifs améliorés, notamment dans les pays en voie de
développement. L’objectif des soins palliatifs est de donner la meilleure qualité de vie pos-
sible en palliant la douleur et d’autres symptômes physiques pénibles et en accordant de
l’attention aux besoins sociaux, psychologiques et spirituels du patient.
Les soins palliatifs peuvent être apportés à domicile et dans des centres de soins primaires
et spécialisés. Le médecin doit adopter une attitude particulièrement compassionnelle et
humaine face à la souffrance, agir avec empathie, respect et tact. L’abandon d’un patient
lorsqu’il a besoin de ses soins constitue une pratique médicale inacceptable.
RECOMMANDATIONS
1. Prise en charge de la douleur et des symptômes
1.1 Il est essentiel d’identifier dès que possible les patients proches de leur fin de vie
afin quele médecin puisse bien évaluer leurs besoins. Il faut toujours établir un
programme de soins pour le patient ; lorsque cela est possible, ce programme de
soins sera établi en consultant directement le patient.
Pour certains, ce processus peut débuter des mois ou un an avant la date de décès
anticipé. Ce processus implique de connaître et traiter les probables douleurs et
les autres symptômes pénibles et de répondre aux besoins sociaux, psychologi-
ques et spirituels des patients pour le temps qu’il leur reste à vivre. L’objectif
prioritaire est de préserver la dignité des patients et de leur éviter les symptômes
pénibles. Les programmes de soins veillent à leur apporter le confort et le con-
trôle autant que possible et à reconnaître l’importance du soutien apporté à la fa-
mille et à la prise en charge respectueuse du corps après le décès.
Montevideo ⏐ D-2011-02-2011
Soins Medicaux en Fin de Vie
1.2 D’importants progrès ont été accomplis dans la prise en charge de la douleur et
des autres symptômes pénibles. La bonne utilisation de la morphine, les nou-
veaux analgésiques et les autres mesures peuvent éliminer ou soulager la dou-
leur et les autres symptômes pénibles dans la plupart des cas. Les autorités sani-
taires doivent faciliter l’accès et la disponibilité des médications nécessaires aux
médecins et à leurs patients. Les groupes de médecins devraient établir des direc-
tives pour l’utilisation correcte des médications, dont l’augmentation des doses et
les éventuels effets secondaires possibles.
1.3 Dans certains cas très limités, généralement à un stade très avancé d’une maladie
physique, certains symptômes peuvent apparaître et être réfractaires aux traite-
ments classiques. Dans de tels cas, il est permis de proposer une sédation pallia-
tive menant au coma lorsque l’espérance de vie n’est que de quelques jours. Ce
type de sédation doit être considéré comme une mesure exceptionnelle en ré-
ponse à une souffrance que le patient et le clinicien considèrent comme intoléra-
ble. La sédation palliative ne doit jamais être utilisée avec l’intention de provo-
quer la mort du patient ou sans l’accord du patient ayant conservé ses facultés
mentales. Le niveau et le timing de la sédation palliative doivent être propor-
tionnés à la situation. Le dosage doit être soigneusement calculé pour soulager les
symptômes mais doit cependant être le plus faible possible tout en donnant un
résultat.
2. Communication et consentement ; éthique et valeurs
2.1 L’information et la communication entre le patient, la famille et l’équipe médicale
font partie des éléments majeurs contribuant à la qualité des soins en fin de vie. Il
faudrait encourager le patient à exprimer ses préférences en matière de soins. Ses
émotions et son angoisse existentielle doivent être prises en considération.
2.2 Des soins en fin de vie conformes à l’éthique en fin de vie devraient systémati-
quement favoriser l’autonomie du patient et la participation aux décisions. Ils doi-
vent respecter les valeurs du patient et de sa famille.
2.3 Les médecins devraient discuter directement les préférences du patient avec le
patient et/ou éventuellement le décisionnaire remplaçant pour ce qui les soins. Ces
discussions devraient commencer de bonne heure et systématiquement être pro-
posées à tous les patients. Elles devraient être renouvelées régulièrement afin d’étu-
dier toute modification exprimée par le patient quant à ses souhaits, notamment si
l’état clinique du patient a changé. Les médecins devraient inciter leurs patients à
documenter officiellement leurs objectifs, valeurs et préférences en termes de
traitement et à désigner un décisionnaire remplaçant pour ce qui concerne les soins
avec lequel le patient pourra discuter par avance de ses valeurs en matière de
soins de santé et de traitement. Les patients qui sont dans le déni sur les implica-
tions de leur maladie peuvent ne pas vouloir prendre part à de telles discussions,
à certains stades de leur maladie mais devraient savoir qu’ils ont le droit de
changer d’cis. Les directives anticipées et documentées n’étant souvent pas dis-
ponibles dans des situations d’urgence, les médecins devraient souligner auprès
de leurs patients l’importance de discuter de leurs préférences en termes de traite-
ment avec les décisionnaires remplaçants pour ce qui concerne les soins.
D-2011-02-2011 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
2.4 Si un patient est capable de donner son consentement, les soins devraient être
basés sur ses souhaits tant que ceux-ci demeurent médicalement, éthiquement et
légalement fondés. Le consentement doit reposer sur des informations et un dialo-
gue suffisants et le médecin a le devoir de veiller à ce que le patient soit correcte-
ment traité au niveau des douleurs et de son inconfort avant d’obtenir un con-
sentement car la souffrance physique et mentale inutile ne doit pas altérer la déci-
sion.
2.5 Le parent le plus proche du patient ou la famille devrait être informé et impliqué
dans la prise de décision, à la condition que le patient ne s’y oppose pas. Si le pa-
tient est incapable de donner son consentement et en l’absence de directives anti-
cipées, l’avis du décisionnaire remplaçant, désigné par le patient, sur les soins et
le traitement doit être pris en compte.
3. Dossiers médicaux et considérations médico-légales
3.1 Les médecins soignant un patient en fin de vie doivent documenter soigneuse-
ment les décisions thérapeutiques et les raisons pour lesquelles ils ont choisi telle
ou telle procédure, y compris les souhaits et les consentements du patient et de sa
famille, dans les notes d’évolution des dossiers médicaux. Un dossier médical
correct est d’une extrême importance pour la continuité et la qualité des soins mé-
dicaux en général et des soins palliatifs en particulier.
3.2 Le médecin doit aussi tenir compte du fait que ces notes peuvent avoir un intérêt
médico-légal, par exemple pour déterminer si le patient est capable de prendre
des décisions.
4. Membres de la famille
Il convient de reconnaître l’importance de la famille et de l’environnement émotionnel du
patient. Les besoins de la famille et des personnes qui ont été proches tout au long de la
maladie doivent être reconnus. L’équipe soignante devrait favoriser la collaboration pour
la prise en charge du patient et apporter un soutien pendant toute la fin de vie du patient et
si nécessaire après le décès du patient. Les besoins des enfants et des familles peuvent
nécessiter une attention et/ou des compétences particulières, et les deux lorsque les pa-
tients sont des enfants ou dépendent du patient.
5. Travail d’équipe
Les soins palliatifs sont généralement assurés par des équipes pluri et interdisciplinaires,
constituées de membres des professions de santé et autres. Le médecin doit être celui qui
dirige l’équipe, en étant responsable, entre autres obligations, du diagnostic et du traite-
ment médical. La continuité des soins est très importante. L’équipe devrait aussi faire tout
ce qu’elle peut pour faciliter le souhait du patient de mourir à son domicile lorsque cela est
possible.
6. Formation des médecins
Le nombre croissant de personnes nécessitant des soins palliatifs et le plus grand nombre
de traitements efficaces signifient que les questions concernant les soins de fin de vie de-
vraient être une composante importante de la formation médicale universitaire et post-
universitaire.
Montevideo ⏐ D-2011-02-2011
Soins Medicaux en Fin de Vie
7. Recherche et éducation
Il faut davantage de recherches pour améliorer les soins palliatifs. Cela inclut sans être
exhaustif les soins médicaux en général, les traitements spécifiques, les implications psy-
chologiques et l’organisation. L’AMM apportera son aide dans les efforts entrepris pour
mieux former les médecins aux compétences requises pour améliorer la prévalence et la
qualité de l’organisation de soins programmés en fonction de l’évolution.
CONCLUSION
Les soins qu’une population prodigue à ses patients mourants dans le cadre des ressources
disponibles est une indication de son niveau de civilisation. En tant que médecins dans la
plus pure tradition humanitaire, nous devrions toujours nous engager à fournir des soins
de fin de vie les meilleurs possibles.
L’AMM recommande que toutes les Associations Médicales Nationales mettent au point
une politique nationale sur les soins palliatifs et la sédation palliative, basée sur les recom-
mandations énoncées dans cette déclaration.
D-2011-03-2011 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
LE CONTRÔLE DE LA LEPRE DANS LE MONDE ET
LA SUPPRESSION DE TOUTE DISCRIMINATION CONTRE
LES PERSONNES AFFECTEES PAR LA LEPRE
Adopté par la 62e
Assemblée générale de l’AMM, Montevideo, Uruguay, Octobre 2011
La lèpre est un vaste problème de santé publique – avec env. 250.000 nouveaux cas dans
le monde chaque année. Il s’agit d’une maladie que l’on peut soigner et dès le début du
traitement, la chaîne de transmission est stoppée. La lèpre figure parmi les maladies négli-
gées qui n’ont pas été prises correctement en charge, tant sur le plan des investissements
dans la recherche que du traitement médical.
L’Association Médicale Mondiale recommande à toutes les Associations Médicales Na-
tionales de veiller à ce que les personnes atteintes par la lèpre ainsi que leurs familles
soient traitées avec dignité et sans subir un quelconque préjudice ou discrimination. Les
médecins, les professionnels de santé et la société civile devraient s’impliquer dans la lutte
contre toute forme de préjudice et de discrimination. Les centres de recherche devraient
considérer la lèpre comme un problème majeur de santé publique et poursuivre les re-
cherches sur cette maladie car ses mécanismes pathophysiologiques ne sont pas totalement
connus. Ces lacunes pourraient être surmontées par l’allocation de ressources pour de nou-
velles recherches qui contribueront à une lutte plus efficace dans le monde. Les facultés de
médecine, notamment dans les pays ayant une forte prévalence de cette maladie, devraient
mettre l’accent sur l’importance de la lèpre dans leur cursus. Le secteur public, privé et la
société civile devraient rassembler leurs efforts pour diffuser l’information contre le pré-
judice face à la lèpre et faire savoir qu’il s’agit d’une maladie que l’on peut traiter.
D-2011-04-2015 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION D’OSLO DE L’AMM
SUR
LES DÉTERMINANTS SOCIAUX DE LA SANTÉ
Adoptée par la 62ème Assemblée générale de l’AMM, Montevideo, Octobre 2011
et le titre (Prise de Position à Déclaration) changé par la 66e
Assemblée générale de
l’AMM, Moscou, Russie, Octobre 2015
Les déterminants sociaux de la santé sont : les conditions de naissance, de croissance, de
vie, de travail et d’âge ainsi que l’impact de la société sur ces conditions. Les déterminants
sociaux de la santé influencent beaucoup à la fois la qualité de vie dont la santé et la pro-
babilité de mener une grande partie de sa vie sans handicap. Les soins tentent de réparer
les dommages causés par un état de santé prématurément déficient mais les facteurs
sociaux, culturels, environnementaux, économiques et autres sont les causes majeures du
taux de progression des maladies et notamment de l’ampleur des inégalités sociales.
Historiquement, le rôle premier des médecins et des autres professionnels de santé a été
de traiter les malades – un rôle vital et très apprécié dans toutes les sociétés. Dans une
moindre mesure, les professionnels de santé se sont penchés sur les expositions indivi-
duelles aux agents pathogènes – le tabac, l’obésité et l’alcool dans les maladies chroni-
ques, par exemple. Ces aspects habituels d’un mode de vie peuvent être considérés comme
des causes « secondaires » de maladie.
Le travail sur les déterminants sociaux dépasse largement les causes secondaires et
consiste à étudier les « causes des causes ». Le tabac, l’obésité, l’alcool, un mode de vie
sédentaire sont pathogènes. Une approche des déterminants sociaux de la santé s’attaque
aux causes de ces causes et se penche en particulier sur la manière dont celles-ci parti-
cipent aux inégalités sociales en matière de santé. Cette approche se concentre non seule-
ment sur les comportements individuels mais tente de déterminer les circonstances so-
ciales et économiques à l’origine d’un état de santé prématurément déficient, tout au long
d’une vie:
Le développement précoce de l’enfant, l’éducation, le travail et les conditions de vie ainsi
que les causes structurelles donnant naissance à ces conditions d’existence et de travail.
Dans de nombreuses sociétés, des comportements défavorables à la santé sont fonction de
l’échelle sociale : plus les gens sont dans le bas de cette échelle socio-économique, plus ils
fument, plus ils s’alimentent mal et moins ils ont d’activité physique. Une cause essentielle
mais pas unique de la répartition sociale de ces causes est le niveau d’éducation. D’autres
exemples spécifiques de traitement des causes de ces causes: le prix et la disponibilité qui
sont les éléments clés de la consommation d’alcool; la taxation, l’étiquetage, l’interdiction
de la publicité et l’interdiction de fumer dans les lieux publics qui s’est avérée avoir un
Déterminants Sociaux de la Santé
Moscou ⏐ D-2011-04-2015
impact efficace sur la consommation de tabac. La voix de la profession médicale a été très
importante dans ces exemples de prise en charge des causes de ces causes.
Il y a mondialement un mouvement croissant cherchant à traiter ces grandes inégalités en
matière de santé et d’espérance de vie en agissant au niveau des déterminants sociaux de la
santé. Ce mouvement a impliqué l’Organisation Mondiale de la Santé, plusieurs gouverne-
ments, les organisations de la société civile et les académies. Des solutions ont été recher-
chées et les connaissances ont été partagées. Les médecins devraient être des participants
bien informés dans ce débat. Beaucoup de choses peuvent se faire dans le cadre de l’exer-
cice médical qui peuvent être utiles directement et par un travail avec d’autres secteurs. La
profession médicale peut plaider en faveur d’une action sur ces conditions sociales qui ont
un impact important sur la santé.
L’AMM pourrait contribuer de manière significative à ces efforts mondiaux de prise en
considération des déterminants sociaux en aidant les médecins, d’autres professionnels de
santé et les Associations Médicales Nationales à comprendre ce que nous enseigne l’évi-
dence actuelle et ce qui fonctionne dans telle ou telle situation. Elle pourrait aider les mé-
decins à pratiquer un lobbying plus efficace au sein de leurs pays et au delà des frontières
et à veiller à ce que les connaissances et les compétences médicales soient partagées.
L’AMM devrait contribuer à recenser des exemples qui fonctionnent et aider à impliquer
les médecins et les autres professionnels de santé pour tenter des solutions innovantes.
Elle devrait coopérer avec les associations nationales pour éduquer et informer leurs
membres et mettre la pression sur les gouvernements afin qu’ils prennent les mesures
requises pour essayer de minimiser les causes fondamentales associées à un état de santé
prématurément déficient. En Grande Bretagne, par exemple, le gouvernement a publié un
document de référence sur la santé publique dont l’objectif principal est de réduire les
inégalités en matière de santé par une action sur les déterminants sociaux de la santé ;
plusieurs in-stances locales ont établi des plans d’action; il y a de bons exemples de
pratique global qui montrent que le travail plurisectoriel améliore la qualité de vie des
individus et réduit donc les inégalités en matière de santé. L’AMM devrait collecter des
exemples de bonne prati-que auprès de ses membres et promouvoir la poursuite du travail
dans ce domaine.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-2014-01-2014
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
LA PROTECTION DU PERSONNEL DE SANTÉ DANS
LES SITUATIONS D’URGENCE
Adoptée par la 65e
Assemblée Générale de l’AMM, Durban, Afrique du Sud, Octobre 2014
PREAMBULE
Le droit à la santé est une composante fondamentale des droits humains qui reste ap-
plicable dans les situations de conflit et de violence. L’accès à l’assistance médicale pour
les malades et les blessés qu’ils se soient engagés activement ou non dans des combats, est
garanti dans de multiples accords internationaux dont la Convention de Genève et les
Principes de base sur l’utilisation de la force et des armes à feu par les responsables de
l’application des lois des NU.
L’obligation première des médecins est celle envers leurs patients. Les médecins ont les
mêmes responsabilités éthiques lorsqu’il s’agit de préserver la santé et de sauver des vies
dans des situations de violence ou de conflit armé comme en temps de paix. Ces res-
ponsabilités figurent dans les Règles de l’AMM en temps de conflit armé et autres situa-
tions de violence.
Il est essentiel d’assurer la protection et sécurité du personnel de santé afin de permettre la
délivrance de soins de la plus haute qualité possible aux patients. Si le personnel soignant
n’est pas protégé, il risque de ne pas pouvoir apporter les soins nécessaires ce dont pâtiront
les patients.
Dans des situations de violence, la délivrance de soins est fréquemment entravée et les
malades et les blessés privés des traitements essentiels, pour les raisons suivantes:
• Le personnel de santé se voyant empêché d’approcher des blessés;
• L’interférence de l’Etat ou d’autres exerçant le pouvoir en recourant à l’intimida-
tion, à la détention ou à d’autres mesures judiciaires;
• Les patients se voyant refuser l’accès aux établissements de soins;
• Les attaques ciblées sur les établissements de soins et les transports sanitaires;
• Les attaques ciblées sur le personnel soignant dont le kidnapping;
• Les actes de violence non ciblés avec pour résultat des dommages ou la destruction
des établissements ou des véhicules ou bien des blessures ou des morts parmi le
personnel soignant;
De telles actions ont de graves conséquences humanitaires et violent les normes inter-
nationales de neutralité médicale telles qu’énoncées dans les dispositions relatives aux
droits humains et dans la loi humanitaire et les codes d’éthique médicale.
D-2014-01-2014 ⏐ Durban
Protection du Personnel de Santé
Des atteintes aux principes éthiques fondamentaux de la profession médicale telles que des
tentatives de coercition des professionnels de santé afin d’obtenir des informations sur les
personnes traitées, sapent la confiance des patients et découragent les blessés de se faire
soigner.
RECOMMENDATIONS
L’AMM lance un appel aux gouvernements et à toutes les parties impliquées dans des
situations de violence pour:
1. Assurer la protection, l’indépendance et la sécurité du personnel de santé à tout
moment y compris pendant les conflits armés et autres situations de violence, con-
formément aux Conventions de Genève et ses protocoles additionnels;
2. Permettre au personnel de santé d’accéder aux patients blessés et malades, quel
que soit leur rôle dans un conflit, et de remplir leur mission médicale librement, en
toute indépendance et en accord avec les principes de leur profession sans crainte
de châtiments ou d’intimidations;
3. Un accès sûr aux établissements de santé pour les blessés et les autres personnes
ayant besoin d’une prise en charge médicale ne devrait pas être indûment entravé;
4. Protéger les établissements de santé, les transports médicaux et les personnes hos-
pitalisées et assurer un environnement de travail le plus sûr possible au personnel
soignant et les protéger contre toute interférence et attaque;
5. Respecter et promouvoir les principes de la loi internationale humanitaire et des
droits humains qui sauvegarde la neutralité médicale dans des situations de conflit;
6. Etablir des mécanismes de signalement pour documenter la violence envers le
personnel médical et les établissements tels qu’ils sont énoncés dans la prise de
position de l’AMM sur la protection et l’intégrité du personnel médical dans les
conflits armés et autres situations de violence;
7. Sensibiliser davantage aux normes internationales sur la protection du personnel de
santé et coopérer avec différents acteurs afin d’identifier les stratégies pour parer
aux menaces pesant sur les soins de santé. La collaboration entre l’AMM et le
Comité International de la Croix Rouge sur le projet Soins de santé en danger en
est un exemple.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-2015-01-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
L’ALCOOL
Adoptée par la 66e
Assemblée Générale de l’AMM, Moscou, Russie, Octobre 2015
et révisée par la 68e
Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PREAMBULE
1. Le fléau des maladies et accidents liés à la consommation d’alcool est un gros défi
mondial en matière de santé publique et de développement. L’Association médicale
mondiale considère cette déclaration sur l’alcool comme un engagement à réduire la
consommation excessive d’alcool. C’est également une façon de soutenir ses membres
dans la mise en place de politiques et d’autres mesures de réduction de l’usage nocif
de l’alcool.
2. Il existe des problèmes importants sur le plan de la santé, sur le plan social et
économique, liés à la consommation excessive d’alcool. Dans l’ensemble, il existe des
relations de cause à effet entre la consommation d’alcool et plus de 200 maladies et
accidents dont les accidents de la route. Environ 3,3 millions de personnes en meurent
chaque année (près de 5,9 % de tous les décès au niveau mondial). Elle constitue le
troisième facteur de risque majeur expliquant une mauvaise santé au niveau mondial.
5,1 % d’années de vie corrigées du facteur invalidité y sont imputables. Au-delà des
nombreux effets chroniques et aigus sur la santé, l’usage de l’alcool est associé à de
graves conséquences sociales, mentales et émotionnelles. Le problème atteint une
magnitude spéciale chez les jeunes et les adolescents qui commencent à consommer de
l’alcool plus tôt, le risque que ceci présente pour leur santé physique, mentale et
sociale est une préoccupation.
3. Bien que la consommation d’alcool soit profondément ancrée dans de nombreuses
sociétés, l’alcool ne peut être considéré comme une boisson ou un produit de
consommation ordinaire, car c’est une drogue très nocive, d’un point de vue médical,
psychologique et social, du fait de sa toxicité physique, de l’intoxication et de la
dépendance que l’alcool provoque.
Des preuves de plus en plus nombreuses laissent penser que la vulnérabilité génétique
à l’alcool et à sa dépendance est un facteur de risque pour certaines personnes. Le
syndrome alcoolique et l’impact de l’alcool sur le fœtus, des causes évitables de
handicap mental, pourraient résulter d’une consommation d’alcool au cours de la
grossesse.
L’adolescence est une période de vulnérabilité : la consommation d’alcool peut avoir
un impact négatif sur le développement neurologique, qui n’est pas encore terminé à
ce stade. De plus en plus de données scientifiques démontrent l’effet délétère de la
consommation d’alcool avant l’âge adulte et la maturité physiologique, sur le cerveau,
D-2015-01-2017 ⏐ Chicago
Alcool
le fonctionnement mental, cognitif et le comportement social et la probabilité plus
élevée d’une dépendance à l’alcool à l’âge adulte. Une consommation régulière ou de
grandes quantités d’alcool chez les adolescents peut avoir des conséquences
préjudiciables sur les résultats scolaires, la sexualité et le comportement, et accroître
les conduites délinquantes.
4. Des politiques et des mesures efficaces pour réduire l’usage nocif de l’alcool incluront
des mesures légales et réglementaires ciblant la consommation globale d’alcool dans la
population et des interventions dans le domaine de la santé et du social visant
spécifiquement les buveurs à haut risque, les groupes vulnérables et les dégâts causés
aux personnes touchées par ceux qui consomment de l’alcool, entre autres la violence
domestique.
Pour l’établissement des politiques, il faudrait tenir compte du fait que dans la plupart
des pays, la majorité des problèmes en lien avec l’alcool dans une population sont
associés à la consommation nocive et dangereuse d’alcool par des buveurs « mondains
» non dépendants, notamment en cas d’intoxication. Ce problème se pose notamment
pour les jeunes de nombreuses régions du monde, qui boivent avec l’intention de
s’enivrer.
5. De nombreuses politiques sur l’alcool et programmes de prévention basés sur la
preuve sont efficaces pour réduire les problèmes sanitaires, socio-économiques et de
sécurité imputables à l’alcool. Des campagnes internationales de santé publique et des
partenariats sont nécessaires pour renforcer et soutenir la capacité des gouvernements
et de la société civile dans le monde à s’impliquer, à agir afin de réduire l’usage nocif
de l’alcool par des interventions efficaces, y compris des mesures agissant sur les
déterminants sociaux de la santé.
Les professionnels de santé en général et les médecins en particulier ont un rôle
important à jouer sur le plan de la prévention, du traitement et de l’atténuation des
effets nocifs de l’alcool et du recours à des mesures de prévention et des thérapies
efficaces.
L’Association médicale mondiale encourage et soutient le développement et la mise en
place de politiques nationales basées sur la preuve en favorisant et en facilitant des
partenariats, l’échange d’informations et le développement de moyens d’action en
matière de politique de santé.
OBJECTIFS POLITIQUES
Pour le développement de politiques sur l’alcool, l’AMM recommande de se concentrer
sur les objectifs généraux suivants:
6. Renforcer les systèmes de santé afin d’identifier et d’améliorer la capacité de chaque
pays à instaurer des politiques et à mener des actions ciblées sur la consommation
excessive d’alcool.
7. Promouvoir le développement et l’évaluation dans tous les pays de stratégies
nationales concernant l’alcool qui soient holistiques et basées sur la preuve et incluent
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-2015-01-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
des mesures pour réglementer l’approvisionnement, la distribution, la vente, la
publicité et la promotion de l’alcool. Il conviendrait notamment de promouvoir les
politiques d’un bon rapport coût-efficacité (« best buys ») de l’OMS, telles que (i)
l’augmentation des taxes sur les boissons alcoolisées, (ii) la règlementation de la vente
de boissons alcoolisées, (iii) les restrictions sur la publicité pour les boissons
alcoolisées et (iv) les mesures de lutte contre l’alcool au volant. Il convient en outre de
réévaluer et de mettre à jour régulièrement les stratégies mises en place.
8. Via les services de santé gouvernementaux, évaluer précisément le fléau sanitaire dû à
la consommation d’alcool en se procurant des chiffres sur les ventes, des données
épidémiologiques et des données sur la consommation par habitant.
9. Soutenir et promouvoir le rôle des professionnels de santé et du personnel médical
dans une identification précoce, un dépistage et un traitement de l’usage nocif de
l’alcool.
10. Briser les mythes et s’opposer aux stratégies de lutte contre l’alcool non basées sur la
preuve.
11. Réduire l’impact nocif de la consommation d’alcool dans les populations à risque.
12. Encourager la collaboration pluridisciplinaire et des actions plurisectorielles
coordonnées.
13. Sensibiliser aux effets nocifs de l’alcool par l’éducation de la population et des
campagnes d’information.
14. Promouvoir une approche fondée sur les déterminants sociaux de la santé dans la lutte
contre la consommation nocive d’alcool.
RECOMMANDATIONS
Les priorités suivantes sont suggérées pour les membres de l’AMM, les associations
médicales nationales et les gouvernements pour l’élaboration de politiques intégrées et
holistiques et de réponses législatives sur les effets nocifs de l’alcool.
15. Règlementation du prix, de l’accessibilité et de la disponibilité
15.1 Politiques de prix
Des recherches, notamment épidémiologiques, ont prouvé qu’il existait un lien certain
entre le prix de l’alcool et le niveau de consommation, notamment chez les jeunes et
les gros consommateurs d’alcool.
Il faut donc agir pour augmenter les prix de l’alcool par une taxation « volumétrique »
des produits, basée sur leur degré d’alcool et d’autres mécanismes avérés de calcul
des prix afin de réduire la consommation d’alcool, notamment pour ceux qui boivent
beaucoup et les groupes à haut risque.
D-2015-01-2017 ⏐ Chicago
Alcool
L’instauration d’un prix plancher à l’unité qui fera baisser la consommation d’alcool
est une mesure forte de santé publique qui fera à la fois baisser la consommation
moyenne d’alcool dans la population et qui sera particulièrement efficace auprès des
gros consommateurs et des jeunes.
15.2 Accessibilité et disponibilité
Réguler l’accès et la disponibilité de l’alcool en limitant les heures et les jours de
vente, le nombre et les endroits où sont implantés des débits d’alcool et les
établissements ayant une licence ainsi qu’en instaurant un âge minimum. Les
gouvernements devraient taxer et contrôler la production et la consommation d’alcool
avec la délivrance de licences ce qui mettrait l’accent sur la santé et la sécurité, ce qui
permettrait aux autorités habilitées à octroyer des licences de contrôler la
disponibilité d’alcool dans leurs juridictions. Les gouvernements devraient également
mettre fin à l’importation et à la vente illégales d’alcool.
Les autorités publiques doivent renforcer l’interdiction de vente aux mineurs et par les
mineurs, et systématiquement exiger une preuve de l’âge autorisé pour acheter de
l’alcool dans les boutiques et les bars.
16. Règlementation de l’alcool non commercial
La production et la consommation d’alcool sous des formes non commerciales, comme
par ex. le brassage à domicile, la distillation illicite et le détournement illégal de l’alcool
pour éviter les taxes devraient être restreintes via des mécanismes adaptés d’imposition et
de fixation des prix.
17. Règlementation du marketing de l’alcool
Le marketing de l’alcool devrait être limité pour éviter que les jeunes se mettent à boire
très tôt et pour réduire leur consommation d’alcool. La règlementation va de l’interdiction
de la vente en gros aux restrictions sur les mesures qui promeuvent une consommation
excessive d’alcool, aux restrictions sur la publication, le contenu des publicités sur l’alcool
et les partenariats et sponsors qui séduisent les jeunes. Il est prouvé qu’une auto régulation
et un code de conduite volontaire de l’industrie sont inefficaces pour protéger les
populations vulnérables de l’exposition au marketing et à la promotion de l’alcool.
Il conviendrait de sensibiliser la population aux dangers d’une trop grande consommation
d’alcool par un étiquetage obligatoire indiquant clairement le volume d’alcool en unités,
des recommandations relatives aux niveaux de consommation et des avertissements
sanitaires, appuyés par des campagnes de sensibilisation.
En liaison avec d’autres mesures, des campagnes de marketing social en coopération avec
les médias devraient être mises en place pour éduquer la population sur l’usage nocif de
l’alcool, pour adopter des politiques de lutte contre l’alcool au volant et pour cibler le
comportement de populations à haut risque.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-2015-01-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
18. Rôle des services de santé en matière de prévention
Les professionnels de santé et les professionnels du secteur social devraient être formés,
disposer de ressources et soutenus pour prévenir un usage nocif de l’alcool et traiter les
personnes dépendantes à l’alcool, y compris en disposant de brefs messages encourageant
les buveurs à haut risque à réduire leur consommation. Les professionnels de santé jouent
aussi un rôle majeur sur le plan de l’éducation, de la sensibilisation et de la recherche.
Des traitements spécifiques et des services de réhabilitation devraient être disponibles en
temps voulu et financièrement accessibles pour les personnes dépendantes à l’alcool et
leurs familles.
Conjointement aux sociétés de médecine nationales et locales, les organisations de
spécialistes médicaux, les groupes sociaux, religieux et économiques concernés (y compris
les instances gouvernementales, scientifiques, professionnelles, non gouvernementales et
bénévoles, le secteur privé et la société civile), les médecins et autres professionnels de
santé et des services sociaux peuvent œuvrer pour :
18.1 faire baisser l’usage nocif de l’alcool, notamment parmi les jeunes et les
femmes enceintes, sur le lieu de travail et au volant ;
18.2 renforcer la vraisemblance que chacun ne subira pas de pression pour
consommer de l’alcool et ne subira pas les effets nocifs et malsains des autres
qui boivent ; et
18.3 promouvoir les stratégies de prévention basées sur la démonstration dans les
écoles, au sein des familles et dans la communauté.
18.4 Contribuer à informer la population des dangers de la consommation d’alcool et
briser les mythes attribuant des vertus thérapeutiques à l’alcool.
Les médecins ont un rôle important à jouer pour faciliter le recueil de données
épidémiologiques et de données provenant des services de santé sur l’impact de l’alcool, à
des fins de prévention et de promotion de la santé publique. Le recueil des données doit
être conforme aux exigences de confidentialité attachées aux données relatives à l’état de
santé des patients.
19. Mesures de lutte contre la conduite en état d’ivresse
Il conviendrait de mettre en place des mesures fortes pour lutter contre la conduite en état
d’ivresse qui comporteraient un taux d’alcoolémie légal maximal pour les conducteurs ne
dépassant pas 50 mg/100 ml. Ces mesures devraient être soutenues par des campagnes de
marketing social et les autorités qui ont le pouvoir d’infliger des sanctions immédiates.
Ces mesures devraient aussi inclure une application réelle des mesures de sécurité
routière, des alcotests au hasard et des actions judiciaires et médicales pour les
conducteurs récidivistes.
D-2015-01-2017 ⏐ Chicago
Alcool
20. Limiter le rôle des industriels de l’alcool dans l’élaboration des politiques de
lutte contre l’alcool
Les priorités commerciales des industriels de l’alcool sont en conflit direct avec l’objectif
de santé publique de réduction de la consommation mondiale d’alcool. Au niveau
international, les industriels de l’alcool participent régulièrement à l’élaboration par les
autorités nationales de politiques nationales de lutte contre l’alcool, mais s’opposent ou
cherchent souvent à affaiblir des politiques efficaces. Il faut agir contre les stratégies de
lutte contre l’alcool inefficaces et non basées sur la preuve dont font la promotion les
industriels de l’alcool et les organisations sociales subventionnées par l’industrie. En
matière de réduction des effets nocifs de l’alcool, les industriels de l’alcool devraient se
limiter à leur rôle de producteurs, de distributeurs et de commerçants d’alcool et ne pas
prendre part à l’élaboration de politiques de lutte contre l’alcool ou à la promotion de la
santé.
21. Convention sur la lutte contre l’alcool
Promouvoir les réflexions en vue d’une convention-cadre sur la lutte contre l’alcool
similaire à celle de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac.
22. Exclusion de l’alcool des accords commerciaux
En outre, et afin de préserver les mesures de lutte actuelles et futures contre l’alcool, il
convient de promouvoir le classement de l’alcool dans les marchandises non ordinaires et
à ce titre d’exclure des accords commerciaux internationaux toutes les mesures relatives à
la fourniture, la distribution, la vente de boissons alcoolisées ainsi que la publicité, le
sponsoring et les incitations à l’investissement concernant l’alcool.
23. Mesures de lutte contre les références positives à l’alcool dans les médias
Il est essentiel d’agir sur l’impact des messages des médias sur les croyances, intentions,
attitudes et normes sociales. Les campagnes médiatiques bien conçues peuvent avoir un
effet sur les comportements. Les médias influencent également la conception sociale d’un
problème et jouent indirectement sur les processus de décision ayant trait aux mesures de
lutte contre les méfaits de l’alcool.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-2017-01-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE CHICAGO DE L’AMM
SUR
LA QUALITÉ DE LA FORMATION MÉDICALE
Adoptée par la 68e
Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PRÉAMBULE
L’enseignement médical a pour objectif de préparer les praticiens à mettre à profit leurs
dernières connaissances scientifiques pour promouvoir la santé, prévenir et soigner les
maladies humaines ainsi que d’appliquer les normes éthiques gouvernant la pensée et la
conduite des médecins. Tous les médecins ont une responsabilité vis-à-vis d’eux-mêmes,
de la profession et de leurs patients qui est de préserver des normes exigeantes pour
l’enseignement médical initial.
Des programmes d’assurance qualité bien planifiés et bien exécutés sont essentiels pour
garantir que les facultés de médecine remplissent ces objectifs et attentes. La qualité de
l’enseignement médical initial est très menacée. La capacité à fournir une formation de
haut niveau peut être remise en cause par la disponibilité des infrastructures, des
ressources cliniques, le niveau de préparation des facultés et les finances. De même
l’évolution de l’enseignement médical initial dans le monde, l’augmentation rapide du
nombre d’écoles de médecine dans certains pays sont sources d’inquiétude quant à la
qualité des diplômes2. Un programme d’assurance qualité bien conçu permet aux écoles
d’identifier et de corriger les conditions qui menacent la qualité de leur enseignement
médical de base. De tels programmes doivent être mis en place dans toute la mesure du
possible au sein des écoles de médecine dans le monde.
CONTEXTE
Les normes établies par et pour une faculté de médecine sont conçues afin de refléter les
mesures que la faculté juge importantes du point de vue de la qualité. Les contrôles
institutionnels utilisant de telles normes conçues en interne sont à même de garantir que
les missions sont remplies et que les étudiants sont préparés à réaliser les objectifs fixés.
L’existence d’un programme d’assurance qualité institutionnel utilisant ses propres
critères et soutenu par du personnel compétent peut être important pour pérenniser la
qualité du programme éducatif.
Les résultats seraient toutefois probablement meilleurs si l’on incluait également une
deuxième dimension d’examen reposant sur une perspective externe. Un système
d’assurance qualité national comporte l’utilisation de normes de qualité conçues et
approuvées au niveau national ou régional. Évaluer une faculté de médecine en se basant
sur ce que le pays ou la région attend de ses programmes d’enseignement médical amène à
une préparation des étudiants d’un niveau supérieur et plus cohérent.
Chicago ⏐ D-2017-01-2017
Qualité de la formation médicale initiale
À moins que les facultés de médecine se conforment aux normes fixées par un système
d’évaluation national, il n’y a aucune garantie que les écoles entreprennent une évaluation
interne ou corrigent les problèmes nuisant à la qualité de l’enseignement. L’Association
médicale mondiale (AMM) reconnaît l’importance de bonnes normes globales assurant la
qualité de l’enseignement médical initial[1].
Un système d’agrément/accréditation est un mécanisme d’assurance qualité de plus en
plus fréquent dans le monde. Les systèmes d’agrément/accréditation sont basés sur des
normes de qualité éducative établies pour répondre aux besoins du pays et faisant appel à
des procédures validées, fiables et largement reconnues pour évaluer la conformité des
écoles à ces normes. Une fois déterminée la conformité aux normes, la coopération et la
coordination entre les diverses parties intéressées au sein et à l’extérieur de la faculté de
médecine sont requises pour appliquer des solutions aux problèmes identifiés.
PRINCIPES POUR LES SYSTÈMES D’ACCRÉDITATION
Un système d’accréditation analyse les programmes éducatifs ou les établissements à
partir d’un ensemble prédéterminé (propre au pays) de procédures et de normes. Les
systèmes d’accréditation existants dans le monde sont très diversifiés. Dans certains pays,
l’accréditation des écoles de médecine existe depuis des décennies ; dans d’autres pays,
l’accréditation est relativement nouvelle. Participer à une accréditation peut être un acte
obligatoire ou volontaire de la part des écoles de médecine et les audits peuvent se
dérouler à différents moments.
L’accréditation se définit comme l’évaluation de programmes éducatifs ou
d’établissements reposant sur une série de normes claires et spécifiques. Les directives
d’accréditation devraient s’énoncer comme des normes créées en ayant à l’esprit les
besoins nationaux et avec la contribution des parties intéressées au sein du pays.
Un système d’accréditation devrait reposer sur certains principes généraux afin de valider
les procédures et de fiabiliser les décisions relatives à la qualité des programmes. Ces
principes incluent la transparence, l’absence de conflits d’intérêts, la fiabilité/cohérence.
La transparence signifie que les normes et procédures d’accréditation sont connues et
comprises par les écoles, les évaluateurs et les décideurs. Pour limiter les conflits
d’intérêts potentiels, les évaluateurs et les décideurs ne devraient avoir avec
l’établissement évalué ou d’autres institutions aucun lien susceptible de nuire à
l’impartialité de leur jugement. La fiabilité/cohérence nécessite une compréhension
identique de ce que signifie la conformité aux normes et autant que possible que cette
compréhension soit bien appliquée au niveau des examens et des décisions dans les écoles.
Les normes d’accréditation peuvent être évaluées mais n’ont pas besoin d’être
quantitatives. Les normes sont généralement conçues à la fois pour les processus et les
résultats d’un programme d’enseignement médical. Des informations spécifiques
devraient être identifiées pour évaluer la conformité. Par exemple, les normes relatives aux
processus pourraient traiter des objectifs pour le cursus et sa structure ; les qualifications
pour l’admission en faculté et la possibilité d’y enseigner ; la disponibilité des ressources
en soutien du programme, y compris des finances adéquates, des compétences suffisantes
et une infrastructure éducative appropriée pour les phases scientifiques et cliniques de la
formation. Les résultats du programme d’enseignement sont alors évalués afin de vérifier
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-2017-01-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
si les diplômés sont bien préparés selon les objectifs de l’école.
Pour une efficacité maximale, les normes utilisées pour l’accréditation doivent être
largement diffusées et parfaitement expliquées. Les écoles de médecine, les évaluateurs et
les décideurs auront ainsi une même compréhension de leur signification et des attentes en
matière de conformité. À des fins de compétence et de transparence les enseignants, les
évaluateurs chargés de juger de la conformité des écoles de médecine avec les normes
d’accréditation et les décideurs chargés d’accorder ou non l’accréditation requièrent une
formation.
Les établissements auront atteint leur objectif lorsqu’ils auront assuré constamment la
conformité aux normes d’accréditation et lorsque le suivi interne sera devenu une
responsabilité officielle pour une ou plusieurs personnes de l’école de médecine ayant
accès aux informations relatives à la qualité (par exemple aux résultats des enquêtes de
satisfaction menées auprès des étudiants et aux performances des étudiants). Une analyse
de quelques-unes ou de toutes les normes d’accréditation permet aux écoles de traiter les
domaines à problèmes avant leur identification lors du contrôle officiel de l’accréditation
et de garantir la haute qualité constante des programmes éducatifs.
Si un contrôle d’accréditation conclut à des améliorations à apporter dans certains
domaines, l’école devrait le faire rapidement. L’organisme d’accréditation/agrément fixe
normalement une période de suivi et à son échéance le programme éducatif devra être
capable de démontrer les actions entreprises et les résultats obtenus. Pour les écoles de
médecine/facultés, il peut s’avérer nécessaire de disposer de ressources financières, de
consacrer du temps, des efforts et d’affecter des infrastructures pour apporter les
corrections requises.
Afin d’aider les écoles à pallier les manques, un soutien pourrait être fourni par le
personnel de l’organisme d’accréditation ou d’autres personnes compétentes. Pour éviter
les conflits d’intérêts, les conseillers ne devraient pas être impliqués dans le contrôle de
l’accréditation ou dans la décision d’accorder ou non l’accréditation.
RESPONSABILITÉS DES GROUPES CONCERNÉS INTERNES OU EXTERNES AUX FACULTÉS
DE MÉDECINE
La création d’un système d’accréditation répondant aux critères de validation et de
fiabilité nécessite l’action d’une série de groupes intéressés tels que :
• Les instances qui subventionnent les organismes d’accréditation (par ex. les
gouvernements, les associations médicales) doivent s’assurer que l’organisme est
correctement financé et doté de personnel suffisant pour accomplir sa mission. Les
fonds peuvent provenir de partenaires et/ou de la capacité de l’organisme à
s’autofinancer par les honoraires perçus. Dans certains pays ces organismes
peuvent avoir besoin de fonds et de personnel supplémentaires pour faire face au
nombre croissant d’écoles de médecine.
• Les directeurs d’école devraient créer un environnement valorisant les actions en
faveur de l’assurance qualité. Le corps enseignant devrait avoir du temps et être
reconnu pour sa participation à l’évaluation des programmes et aux démarches en
Chicago ⏐ D-2017-01-2017
Qualité de la formation médicale initiale
vue d’une accréditation. Les étudiants en médecine devraient être préparés et
encouragés à donner leur avis sur tous les aspects relatifs au programme
d’enseignement médical.
RECOMMANDATIONS
L’AMM appelle les associations médicales nationales (AMN) à encourager les facultés de
médecine à développer des programmes d’assurance qualité en vue du contrôle de la
qualité du programme de formation.
L’AMM appelle les AMN à soutenir et favoriser le développement permanent de systèmes
nationaux et régionaux d’accréditation pour les facultés de médecine. Ces systèmes
devraient être conçus et gérés par des médecins en collaboration avec des formateurs
médicaux expérimentés et la contribution d’autres spécialistes dans le domaine.
L’AMM appelle les AMN à exhorter les décideurs publics et privés à assurer aux
organismes d’accréditation des ressources adéquates pour leurs activités. Cela inclut un
financement suffisant et cohérent pour soutenir les infrastructures et le personnel de
l’organisme d’accréditation.
L’AMM recommande que les systèmes d’accréditation utilisent les normes du pays
appliquées constamment par des évaluateurs formés et des décideurs lors du contrôle des
facultés de médecine.
L’AMM encourage les AMN à plaider auprès des décideurs politiques pour que les écoles
de médecine soient soumises à un système d’accréditation national.
L’AMM appelle les AMN à exhorter les organismes d’accréditation nationaux à participer
à des contrôles externes de leurs politiques, pratiques et normes. Cela peut comporter une
demande d’agrément de la Fédération mondiale pour l’enseignement de la médecine
(WFME). Les organismes d’accréditation reconnus et les organisations similaires doivent
créer un forum de discussion et de collaboration entre les organismes d’accréditation
nationaux afin de partager les meilleures pratiques et les mécanismes permettant de
surmonter les difficultés.
Les médecins doivent être encouragés à diriger et à participer activement à des activités
liées à des démarches d’accréditation en tant qu’évaluateurs et décideurs, ainsi qu’à des
activités relatives à l’assurance qualité dans leurs propres écoles.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-2017-02-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
LE COMMERCE ÉQUITABLE DE PRODUITS ET DE FOURNITURES
MÉDICALES
Adoptée par la 68e
Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PRÉAMBULE
1. L’achat de fournitures médicales au niveau mondial représente chaque année des
milliers de milliards de dollars. Les conditions dans lesquelles ces fournitures sont
fabriquées et leurs conséquences pour les personnes qui les produisent suscitent
pourtant peu d’attention.
2. Exploitation, esclavage moderne et conditions de travail contraires à l’éthique : la
fabrication de nombreux produits médicaux utiles aux systèmes de santé à travers le
monde cache des pratiques peu reluisantes. Il a été démontré que de nombreux
produits utilisés dans le secteur de la santé sont fabriqués dans des conditions
déplorables, tant du point de vue sanitaire que de celui de la sécurité et du droit du
travail. De telles conditions, largement répandues, ont été dénoncées dans de
nombreux sites de fabrication (d’uniformes, de gants en latex, d’instruments
chirurgicaux jetables) : les conventions internationales relatives au droit du travail sont
constamment ignorées et le travail des enfants est fréquent.
3. La communauté mondiale des soignants ne saurait cautionner des pratiques
commerciales contraires à l’éthique, qui portent atteinte à la santé au niveau mondial et
qui encouragent l’esclavage moderne. Les organisations de soins de santé et les
professionnels du monde entier doivent s’assurer que les fournitures qu’ils utilisent ne
sont pas produites au détriment de la santé des personnes qui les fabriquent.
4. Il est essentiel de maintenir le commerce avec les pays en développement, afin
d’assurer des emplois et des moyens de subsistance, mais en garantissant également le
respect des objectifs de développement durable des Nations unies. Ces objectifs
constituent un cadre propice à une action soutenue des professionnels de santé en vue
de protéger la santé humaine au niveau mondial.
5. Conformément aux principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de
l’homme, adoptés par les Nations unies en juin 2011 et qui sont applicables à
l’ensemble des États, il incombe aux entreprises d’assurer que leurs chaînes
d’approvisionnement n’ont pas d’incidences négatives sur les droits de l’homme, que
leurs affaires y contribuent directement ou non, et de remédier de manière appropriée à
ces incidences lorsqu’elles se produisent.
6. L’introduction de pratiques justes et éthiques dans l’approvisionnement des services
Chicago ⏐ D-2017-02-2017
Commerce équitable de fournitures médicales
de santé doit servir à sécuriser les chaînes logistiques des systèmes de santé. Les
approches modernes visant à remédier aux violations des droits du travail s’appuient
sur les modèles « d’approvisionnement éthique ».
7. L’approvisionnement éthique se rapporte aux étapes qui permettent aux organisations
clientes telles que les hôpitaux d’améliorer la rémunération et les conditions de travail
des personnes qui produisent les biens et les services tout au long de la chaîne
logistique. Il s’agit, pour les acheteurs, de systématiquement évaluer les risques de
non-respect du droit du travail dans les entreprises qui les fournissent et le cas échéant
à faire pression pour améliorer les pratiques. Cela suppose de travailler avec les
entreprises de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement afin d’aider leurs
employés à exercer leurs droits fondamentaux, comme les droits à des conditions de
travail sûres et dignes. Ce modèle vise à créer, au niveau international, un meilleur
environnement de travail pour les personnes pauvres et vulnérables.
RECOMMANDATIONS
8. Aux vues de ces éléments, l’Association médicale mondiale et ses associations
médicales nationales membres, au nom des médecins, apportent son soutien et
s’engagent en faveur des actions suivantes :
• L’AMM appelle les organismes d’achat à développer une politique
d’approvisionnement éthique en fournitures médicales afin de promouvoir des
conditions de travail dignes et d’éradiquer l’esclavage moderne tout au long de la
chaîne logistique des produits acquis au sein du secteur de la santé.
• L’AMM s’engage à favoriser la pluralité des sources de production des produits de
santé dans le monde.
Associations médicales nationales
9. Les associations médicales nationales devraient défendre les droits du travail et les
droits humains tout au long de la chaîne logistique mondiale des produits utilisés dans
le secteur de la santé.
10. Les associations médicales nationales sont invitées à travailler avec leurs membres à la
promotion d’un commerce juste et éthique dans le secteur de la santé.
11. Les associations médicales nationales sont encouragées à soutenir les actions et les
initiatives mises en œuvre au sein de leur communauté en faveur de conditions de
travail éthique dans l’ensemble du secteur de la santé.
12. Les associations médicales nationales devraient obtenir le soutien de leur
gouvernement pour l’élaboration de politiques et de recommandations nationales sur
un commerce juste et éthique dans le secteur de la santé.
Médecins
13. Les médecins pourraient jouer un rôle moteur dans la prise en compte des normes
internationales en matière de droit du travail dans les décisions d’achat au sein des
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-2017-02-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
organisations de santé.
14. Les médecins sont invités à sensibiliser leurs collègues et les autres acteurs du secteur
de la santé à ces questions et à promouvoir la production juste et éthique des
fournitures de santé.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ D-2019-01-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
L’EUTHANASIE ET LE SUICIDE MÉDICALEMENT ASSISTÉ
Adoptée par la 70e
Assemblée Générale, Tbilissi, Géorgie, Octobre 2019
L’AMM renouvelle son attachement profond aux principes de l’éthique médicale et au
plus grand respect de la vie humaine. En conséquence, l’AMM est fermement opposée à
l’euthanasie et au suicide médicalement assisté.
Aux fins de la présente déclaration, l’euthanasie est définie comme l’acte d’un médecin
d’administrer de manière délibérée une substance létale à un patient ou de réaliser une
intervention visant à causer son décès, à la demande de ce dernier et à condition qu’il soit
en capacité de prendre cette décision. Le terme « suicide médicalement assisté » désigne le
fait, pour un médecin, de permettre délibérément à un patient en capacité de prendre cette
décision de mettre fin volontairement à ses jours en lui prescrivant ou en lui fournissant
des substances médicales afin de causer son décès.
Aucun médecin ne saurait être forcé à participer à une euthanasie ou à aider une personne
à mettre fin à ses jours, pas plus qu’il ne devrait être tenu d’orienter un patient à cette fin.
Cependant, le médecin qui respecte le droit fondamental du patient à décliner un
traitement médical, n’agit pas de façon non éthique en renonçant ou en suspendant des
soins non voulus par le patient, même si le respect de ce souhait entraîne la mort du
patient.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1956-01-2012
Manuel des Politiques de l’AMM
RÈGLES DE L’AMM EN TEMPS
DE
CONFLIT ARMÉ ET DANS D’AUTRES SITUATIONS DE VIOLENCE
Adoptées par la 10e
Assemblée Médicale Mondiale, La Havane, Cuba, Octobre 1956
et ratifiées par la 11e
Assemblée Médicale Mondiale, Istanbul, Turquie, Octobre 1957
et amendées par la 35e
Assemblée Médicale Mondiale, Venise, Italie, Octobre 1983
et la 55e
Assemblée Générale de l’AMM, Tokyo, Japon, Octobre 2004
et rédaction révisée à la 173e
Session du Conseil, Divonne les Bains, France, Mai 2006
et révisées par la 63e
Assemblée Générale, Bangkok, Thaïlande, Octobre 2012
DIRECTIVES GÉNÉRALES
L’éthique médicale en temps de conflit armé est identique à celle en temps de paix, comme
l’indique le Code international d’éthique médicale de l’Association Médicale Mondiale. Si
dans l’exercice de leur mission professionnelle, les médecins sont confrontés à des res-
ponsabilités conflictuelles, leur première obligation est celle envers leurs patients; dans
l’accomplissement de leur activité professionnelle, les médecins doivent respecter les con-
ventions internationales sur les droits de l’homme, le droit humanitaire international et les
déclarations de l’AMM sur l’éthique médicale.
La tâche essentielle de la profession médicale est de préserver la santé et de sauvegarder la
vie. En conséquence, pour les médecins, il est jugé contraire à l’éthique:
• De donner un conseil ou d’exécuter des actes médicaux prophylactiques, diagnostiques
ou thérapeutiques qui ne soient pas justifiés par l’intérêt du patient.
• D’affaiblir la résistance physique ou mentale d’un être humain à moins qu’il n’y ait
nécessité thérapeutique.
• D’user de connaissances scientifiques pour attenter à la santé ou à la vie humaine.
• D’exploiter les informations personnelles de santé pour faciliter les interrogatoires.
• D’occulter, faciliter ou participer à des actes de torture ou à toute autre forme de
traitement cruel, inhumain ou dégradant.
Pendant les temps de conflit armé et les autres situations de violence, les normes éthiques
standard s’appliquent, non seulement aux traitements mais également à toutes les autres
interventions telles que la recherche. La recherche impliquant des expériences sur des
êtres humains est strictement interdite sur toutes les personnes privées de leur liberté,
notamment les prisonniers civils et militaires et la population des pays occupés.
Le devoir médical de traiter les personnes avec humanité et respect s’applique à tous les
patients. Le médecin doit toujours donner les soins adéquats, avec impartialité et sans
discrimination basée sur l’âge, la maladie ou l’invalidité, les croyances, les origines
ethniques, le sexe, la nationalité, les opinions politiques, la race, les orientations sexuelles
ou le niveau social ou tout critère analogue.
S-1956-01-2012 ⏐ Bangkok
Conflit Armé
Les gouvernements, les forces armées et les autres en possession de la force doivent
respecter les Conventions de Genève afin de veiller à ce que les professionnels de la santé
puissent soigner toute personne dans le besoin dans des situations de conflit armé et
d’autres situations de violence. Cette obligation inclut des dispositions pour protéger le
personnel de santé et les installations.
Quel que soit le contexte, le médecin doit préserver la confidentialité médicale. Dans des
conflits armés ou d’autres situations de violence et en temps de paix, des circonstances
peuvent toutefois se présenter dans lesquelles un patient constitue un risque important
pour les autres personnes et les médecins devront soupeser leurs obligations envers le
patient et celles envers les autres personnes menacées.
Les privilèges et moyens consentis au médecin et aux autres professionnels de santé dans
les temps de conflit armé et dans d’autres situations de violence ne doivent jamais être
utilisés à d’autres fins que des fins sanitaires.
Les professionnels de la santé ont pour mission précise de soigner les malades et les
blessés. Les médecins devaient être conscients de la vulnérabilité particulière de certains
groupes dont les femmes et les enfants. La délivrance de tels soins ne devrait jamais être
entravée ou considérée comme une forme d’offense. Les docteurs ne doivent jamais être
persécutés ou punis pour avoir respecté une quelconque obligation éthique.
Les médecins ont un devoir de faire pression auprès des gouvernements et des autres
autorités pour obtenir l’infrastructure indispensable à la santé, y compris l’eau potable, la
nourriture correcte et un abri.
Là où un conflit semble imminent et inévitable, les médecins doivent, dans la mesure de
leurs possibilités, veiller à ce que les autorités prévoient la protection des infrastructures
sanitaires publiques et leur réparation éventuelle, dès la fin du conflit.
En cas d’urgence, il est demandé aux médecins d’accorder leurs soins, dans toute la mesure
de leurs possibilités. Qu’il s’agisse d’un civil ou d’un combattant, les malades et les blessés
doivent bénéficier rapidement des soins dont ils ont besoin. Aucune distinction ne sera
faite entre les patients, sauf celle commandée par l’urgence médicale.
Les médecins doivent avoir un accès aux patients, aux centres de soins et aux équipements
ainsi qu’une protection adéquate pour exercer leur travail librement. Cet accès concerne
aussi les patients en centre de détention et en prison. Il faut leur assurer l’assistance né-
cessaire dont la libre circulation et une totale indépendance professionnelle.
Dans l’exercice de leurs fonctions et là où ils sont dans la légalité, les médecins et les
autres professionnels de la santé devront être identifiés et protégés par des symboles inter-
nationalement reconnus tels que la Croix Rouge, le Croissant Rouge ou le Cristal Rouge.
Les hôpitaux et les établissements médicaux situés dans des zones de conflit armé ou de
situation de violence, doivent être respectés par tous les combattants et le personnel des
media. Les soins donnés aux malades et aux blessés, aux civils ou aux combattants ne
doivent pas servir à des fins de publicités ou de propagande. La vie privée de la personne
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1956-01-2012
Manuel des Politiques de l’AMM
malade, blessée et décédée doit toujours être respectée. Cela s’applique également lors de
la visite de figures politiques importantes à des fins médiatiques ainsi que lorsque des
figures politiques importantes font partie des blessés ou des malades.
Les médecins doivent savoir qu’en temps de conflit armé ou et d’autres situations de
violence, les soins de santé engendrent toujours plus de pratiques frauduleuses et la dis-
tribution de produits et médicaments de mauvaise qualité ou contrefaits. Ils doivent tenter
d’agir contre de telles pratiques.
L’AMM soutient la collecte et la diffusion par une instance internationale de données
relatives aux attaques subies par les médecins, les autres personnels de santé et les établis-
sements médicaux. De telles données sont importantes pour comprendre la nature de ces
attaques et établir les mécanismes pour les prévenir. Les attaques subies par le personnel
médical doivent donner lieu à de enquêtes et les responsables doivent être poursuivis en
justice.
(A) CODE DE CONDUITE: DEVOIRS DES MÉDECINS TRAVAILLANT DANS DES CONFLITS ARMÉS ET
D’AUTRES SITUATIONS DE VIOLENCE
En toutes circonstances, les médecins doivent :
• Ne jamais commettre ou participer à des violations de la loi internationale (Loi
humanitaire internationale ou loi sur les droits humains);
• Ne pas abandonner les blessés et les malades;
• Ne pas prendre part à un quelconque acte d’hostilité;
• Rappeler aux autorités leurs obligations de rechercher les blessés et les malades et de
veiller à ce qu’ils aient accès aux soins de santé sans discrimination;
• Défendre et assurer des soins effectifs et impartiaux aux blessés et aux malades
(sans faire référence à un quelconque motif de discrimination, notamment lié au fait
d’être « l’ennemi »);
• Reconnaître que la sécurité des individus, des patients et des institutions est une con-
trainte majeure au regard d’un comportement éthique et ne pas prendre de risques
indus pour l’accomplissement de leurs devoirs.
• Respecter la personne blessée ou malade, sa confiance et sa dignité;
• Ne pas tirer parti de la situation et de la vulnérabilité des blessés et des malades pour
un quelconque bénéfice.
• Ne pas entreprendre une quelconque expérimentation sur les blessés ou les malades
sans leur consentement réel et valable et jamais lorsqu’elles sont privées de leur
liberté.
• Accorder une attention particulière à la plus grande vulnérabilité des femmes et des
enfants dans des situations de conflit armé et d’autres situations de violence et à leurs
besoins spécifiques de soins.
• Respecter le droit d’une famille de savoir ce qu’est devenu un membre de la famille
disparu, s’il est mort ou actuellement soigné;
• Fournir des soins à tous les prisonniers;
• Défendre le droit des médecins à des visites régulières des prisons et des prisonniers
si un tel dispositif n’est pas déjà en place.
S-1956-01-2012 ⏐ Bangkok
Conflit Armé
• Dénoncer et agir là où c’est possible pour mettre un terme à de telles pratiques
frauduleuses ou à la distribution de produits et médicaments de mauvaise qualité ou
contrefaits.
• Encourager les autorités à reconnaître leurs obligations liées à la loi humanitaire
internationale et aux autres instances concernées de la loi internationale quant à la
protection du personnel et des infrastructures sanitaires dans des situations de conflit
armé et d’autres situations de violence;
• Connaître ses obligations légales de signalement aux autorités de toute apparition de
maladie ou de traumatisme notable;
• Faire tout leur possible pour éviter des représailles contre les blesses et les maladies
ou le personnel de santé.
• Il existe d’autres situations pouvant mettre à mal les soins de santé mais qui donnent
lieu à des dilemmes.
Les médecins devraient, dans la mesure du possible:
• Refuser d’obéir à toute injonction illégale ou non éthique;
• Accorder une grande attention à toute situation de double loyauté touchant les méde-
cins et discuter de ces doubles loyautés avec des confrères et toute personne détenant
une autorité;
• Faire exception à la confidentialité professionnelle et en accord avec la Résolution
de l’AMM sur la responsabilité des médecins dans la documentation et la dénoncia-
tion des actes de torture ou de traitement cruel, inhumain ou dégradant et avec le
Protocole d’Istanbul,1
dénoncer les actes de torture ou de traitement cruel, inhumain
ou dégradant portés à la connaissance des médecins si possible avec le consentement
du sujet mais dans certaines circonstances où la victime n’est pas en mesure de don-
ner son consentement librement, sans consentement explicite
• Ecouter et respecter l’opinion des confrères;
• Réfléchir et tenter d’améliorer les normes de soins appropriés à la situation;
• Signaler aux supérieurs toute conduite non éthique d’un confrère;
• Tenir des dossiers de soin adéquats;
• Encourager la durabilité des soins de santé civils, interrompus par le contexte;
• Signaler à un dirigeant ou à toute autorité appropriée la demande de soins non
satisfaite;
• Etudier la manière dont le personnel de santé pourrait réduire ou atténuer les effets
de la violence en cours par exemple en réagissant aux violations de la loi humani-
taire internationale ou de la loi sur les droits humains.
1
Manuel sur l’investigation et la documentation efficaces de la torture et d’autres traitements
cruels, inhumains ou dégradants, OHCHR, 1999
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1970-01-2018
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
L’INTERRUPTION MÉDICALE DE GROSSESSE
Adoptée par la 24e
Assemblée Médicale Mondiale, Oslo, Norvège, Août 1970
et amendée par la 35e
Assemblée Médicale Mondiale, Venise, Italie, Octobre 1983
la 57e
Assemblée Générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud, Octobre 2006
et la 69e
Assemblée Générale de l’AMM à Reykjavik, Islande, Octobre 2018
PRÉAMBULE
1. Le terme « interruption médicale de grossesse » désigne une interruption de grossesse
pour raisons de santé uniquement, conformément aux principes de la médecine fondée
sur des données scientifiques et aux bonnes pratiques médicales. La présente
déclaration ne comporte ni ne promeut aucune opinion sur l’interruption de grossesse
pour des raisons autres que médicales.
2. L’interruption médicale de grossesse est une question médicale entre la patiente et le
médecin. Les opinions au sujet de l’interruption de grossesse relèvent de convictions
individuelles et de conscience qui doivent être respectées.
3. Une situation dans laquelle la poursuite de la grossesse peut mettre en danger la
patiente peut créer un dilemme entre la vie du fœtus et la santé de la femme enceinte.
La diversité des réponses à une telle situation reflète la variété des normes culturelles,
légales, traditionnelles et régionales relatives aux soins de santé à travers le monde.
RECOMMANDATIONS
4. Les médecins doivent connaître la législation nationale relative à l’interruption
médicale de grossesse et leurs obligations de compte-rendu. Les lois, normes et
pratiques cliniques nationales ayant trait à l’interruption de grossesse doivent protéger
et favoriser la santé des femmes et leurs droits en tant qu’êtres humains, notamment
leur consentement volontaire et éclairé, leur autonomie de décision et leurs droits à la
confidentialité et la vie privée. Les associations médicales nationales devraient militer
pour que les politiques sanitaires nationales défendent ces principes.
5. Lorsque la loi permet l’interruption médicale de grossesse, l’acte médical doit être
réalisé par un médecin compétent ou à défaut, et seulement dans des situations
exceptionnelles, un autre professionnel de santé qualifié, de manière conforme aux
principes de la médecine fondée sur les données scientifiques et les bonnes pratiques
médicales, dans un établissement agréé qui satisfait aux normes médicales applicables.
6. Les convictions du médecin comme celle de la patiente doivent être respectées.
S-1970-01-2018 ⏐ Reykjavik
Interruption médicale de grossesse
7. Les patientes doivent recevoir un soutien adapté et les traitements médical et
psychologique nécessaires, ainsi qu’un conseil approprié si elles le souhaitent.
8. Les médecins ont le droit d’invoquer une clause de conscience s’ils ne souhaitent pas
pratiquer un avortement. Ils peuvent donc se retirer à condition d’assurer la continuité
des soins par un collègue qualifié. Dans tous les cas, les médecins ont l’obligation
d’effectuer les actes nécessaires pour préserver la vie de la femme enceinte et
d’empêcher tout risque grave pour sa santé.
9. Les médecins doivent travailler avec les institutions et les autorités compétentes pour
assurer qu’aucune femme ne subit de préjudice à cause de l’indisponibilité de services
d’interruption médicale de grossesse.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1983-01-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
LA BOXE
Adoptée par la 35e
Assemblée Médicale Mondiale, Venise, Italie, Octobre 1983
et révisée par la 170e
Session du Conseil, Divonne-les-Bains, France, Mai 2005
et la 68e
Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
1. La boxe est un sport dangereux. Contrairement à la plupart des autres sports, elle a
pour objectif premier d’infliger un dommage corporel à l’adversaire. Le principal
argument contre la boxe est qu’elle peut provoquer une encéphalopathie traumatique
chronique (ETC), également connue sous le nom de lésions cérébrales traumatiques ou
encore encéphalite traumatique pugiliste ou démence pugiliste. Les coups reçus à la
boxe peuvent également causer des fractures ou conduire à la perte de la vision ou de
l’audition. Des études ont montré que la boxe cause, à court terme, de graves blessures
et à long terme des lésions neurologiques chroniques.
2. Au cours des dernières décennies, nous avons pu assister à de vigoureuses campagnes
menées par des associations nationales de médecins afin de faire interdire toutes les
formes de boxe. En l’absence d’une telle interdiction, une série de tragédies dans le
monde de la boxe ont amené les autorités règlementaires à adopter différentes normes
visant à accroître la sécurité des boxeurs.
3. En dépit de la règlementation plus stricte de la boxe dans plusieurs pays, les traumas
crâniens causés par la boxe continuent de provoquer des lésions et des décès, ce qui
démontre que la règlementation ne protège pas convenablement les participants.
4. Outre la boxe règlementée, de nombreux combats de boxe (combats à mains nues, «
street fight ») parallèles non supervisés continuent d’avoir lieu dans de nombreuses
parties du monde. Ces combats clandestins mettent en péril la santé et la vie des
participants.
5. Les préoccupations relatives à la santé et à la sécurité dans la boxe s’étendent à
d’autres sports qui empruntent des éléments de la boxe, comme les arts martiaux
mixtes de type kickboxing, etc. C’est pourquoi les recommandations de cette prise de
position s’appliquent également à ces sports.
6. L’AMM estime que la boxe est de nature différente des autres sports en raison des
blessures qu’elle cause et qu’elle devrait être interdite.
7. En attendant une interdiction complète de la boxe, l’AMM encourage vivement
l’adoption des mesures suivantes:
7.1 La boxe doit être règlementée et tous les boxeurs doivent être titulaires d’une
licence. Les boxeurs doivent recevoir des informations écrites sur les risques
S-1983-01-2017 ⏐ Chicago
Boxe
qu’ils courent par la pratique de la boxe.
7.2 La boxe devrait être interdite aux enfants (le terme « enfant » étant défini selon
la législation nationale applicable).
7.3 Un registre national de tous les boxeurs, professionnels et amateurs, y compris
les adversaires, devrait être tenu dans chaque pays où la boxe est autorisée. Le
registre indiquerait les résultats de tous les matchs, les KO, y compris
techniques et toutes les blessures infligées lors du combat, et permettrait ainsi
de compiler un dossier pour chaque joueur. Tous les boxeurs pourraient être
suivis pendant une durée d’au moins vingt ans pour connaître leur état de santé
à long terme.
7.4 Tous les boxeurs devraient subir au début de leur carrière un examen médical
basique, pendant lequel serait pratiquée une évaluation neurologique, dont une
imagerie cérébrale. Il conviendrait de réaliser un examen médical et
neurologique avant et après chaque évènement. Les boxeurs qui ne passeraient
pas cet examen devraient être signalés au registre national et ne devraient pas
être autorisés à disputer de combat par la suite.
7.5 Il conviendrait que les équipements de protection individuelle soient conformes
aux recommandations médicales (taille et poids des gants, casque, protège-
dents).
7.6 Le médecin officiant lors d’un match de boxe assume une responsabilité
professionnelle de protéger la santé et la sécurité des concurrents. À cette fin il
convient que le médecin soit spécialement formé à l’évaluation des athlètes,
notamment l’évaluation des lésions cérébrales traumatiques. L’avis du médecin
ne doit dépendre que de considérations médicales et le soignant doit être
autorisé à arrêter tout match en cours qui, de son point de vue, pourrait causer
de graves lésions.
7.7 Il conviendrait de décourager le financement et le sponsoring de la boxe, et les
rediffusions des matchs à la télévision devraient être soumises à des restrictions
quant à l’âge des téléspectateurs et à une obligation d’afficher une mise en garde
sur les dangers de la boxe.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1984-01-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LES MAUVAIS TRAITEMENTS ET LA NÉGLIGENCE ENVERS
LES ENFANTS
Adoptée par la 36e
Assemblée Médicale Mondiale, Singapour, Octobre 1984
et amendée par les 41e
Assemblée Médicale Mondiale, Hong Kong, Septembre 1989
42e
Assemblée Médicale Mondiale, Rancho Mirage, CA., Etats-Unis, Octobre 1990
44e
Assemblée Médicale Mondiale, Marbella, Espagne, Septembre 1992
47e
Assemblée générale, Bali, Indonésie, Septembre 1995
la 57e
Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud, Octobre 2006
et la 67e
Assemblée générale de l’AMM, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
et révisée par la 68e
Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PRINCIPE FONDAMENTAL
1. Le bien-être des enfants[1] est de toute première importance. Les professionnels
de santé, dans toutes les relations qu’ils entretiennent avec des enfants, des
jeunes, des familles, des décideurs et des professionnels, devraient mettre le bien-
être des enfants au cœur de toutes les décisions qui les concernent et agir dans
leur meilleur intérêt.
INTRODUCTION
2. L’une des manifestations les plus destructrices de la violence et du déséquilibre
au sein de la famille est le mauvais traitement[2] sous toutes ses formes envers
l’enfant. La prévention, la protection, la détection rapide, l’intervention adaptée et
le traitement global des enfants victimes de mauvais traitements demeurent
épineux pour la communauté médicale mondiale. L’Association médicale
mondiale (AMM) a lancé un appel en faveur d’un soutien sanitaire accu des
enfants vivant dans les rues dans sa prise de position sur le soutien sanitaire des
enfants des rues, mais il est également important de traiter les causes profondes de
tous les types de mauvais traitements envers des enfants[3].
3. La définition des mauvais traitements infligés aux enfants varie d’une culture à
l’autre. Malheureusement, une attitude violente envers les enfants peut parfois
être justifiée avec trop de légèreté par l’invocation de raisons culturelles comme
preuve de l’aspect non abusif et inoffensif du traitement infligé à l’enfant. Par
exemple, la participation des enfants aux travaux quotidiens de la famille et de la
société devrait être reconnue et encouragée seulement dans la mesure où elle
contribue à leur épanouissement personnel. En revanche, l’exploitation des
S-1984-01-2017 ⏐ Chicago
Mauvais Traitement et Négligence envers les Enfants
enfants sur le marché du travail les prive de leur enfance et de la possibilité
d’aller à l’école, et compromet leur santé présente et future. L’AMM estime que
l’exploitation des enfants constitue une forme grave de mauvais traitement envers
les enfants.
4. Aux fins de cette déclaration, les diverses formes de mauvais traitements envers
les enfants comprennent les mauvais traitements émotionnels, la maltraitance
sexuelle, la maltraitance physique, la traite, l’exploitation et la négligence. La
négligence envers l’enfant est caractérisée par l’inaptitude d’un parent ou d’une
personne légalement responsable du bien-être de l’enfant à répondre aux besoins
de ce dernier et à lui apporter des soins d’un niveau adéquat.
RECOMMENDATIONS
L’AMM reconnaît que les mauvais traitements, de toute nature, contre les enfants
constituent un problème de santé à l’échelle mondiale et recommande aux associations
médicales nationales d’adopter, à l’usage des médecins, les principes directeurs suivants :
5. Les médecins ont un rôle particulier à jouer en matière d’aide et d’identification
des enfants maltraités et de leur famille.
6. Tous les médecins devraient recevoir une formation qui leur donne conscience de
l’importance capitale du bien-être des enfants.
7. Les médecins doivent connaître la législation nationale relative aux règles de
consentement qui président à l’examen d’enfants et ils doivent agir, dans toutes
les relations qu’ils entretiennent avec des enfants, des jeunes, des familles, des
décideurs et d’autres professionnels, dans le meilleur intérêt de l’enfant.
8. Il est fortement recommandé que le médecin coopère avec une équipe
multidisciplinaire expérimentée. Celle-ci comprendra des médecins, des
travailleurs sociaux, des psychiatres pour enfants et adultes, des spécialistes du
développement, des psychologues et des avocats. Si une telle équipe n’existe pas
ou si le médecin n’a pas la possibilité de collaborer avec une telle équipe, il devra
consulter d’autres professionnels médicaux, sociaux, chargés de l’application des
lois ou spécialistes de la santé mentale, le cas échéant.
9. Les médecins traitants tels que les médecins généralistes de famille, internes,
pédiatres, médecins urgentistes, chirurgiens, psychiatres et les autres spécialistes
qui peuvent être amenés à traiter des enfants doivent acquérir les connaissances et
les compétences nécessaires pour évaluer tous les types de mauvais traitements
physiques, psychologiques et émotionnels qui peuvent être commis à l’encontre
d’un enfant, ainsi que le développement de l’enfant et les compétences parentales,
le recours aux ressources communautaires et la responsabilité légale du médecin.
10. Tous les médecins qui sont amenés à traiter des enfants et les adultes qui
assument une responsabilité à l’égard d’enfants devraient garder à l’esprit les
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1984-01-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
principes énoncés dans la Convention des Nations unies relative aux droits de
l’enfant et les dispositions légales nationales protectrices applicables aux enfants
et aux jeunes.
11. Les examens médicaux des enfants que l’on pense être victimes de mauvais
traitements sexuels doit être menée par des médecins compétents en pédiatrie et à
même d’évaluer les mauvais traitements. Les examens médicaux doivent être
adaptés à l’âge de l’enfant, recenser les blessures et les maladies et peuvent
comporter un bilan sanguin, une radiographie des traumatismes, une mesure de la
croissance et une évaluation comportementale. Des radiographies de suivi sont
vivement recommandées pour les enfants qui présentent de graves blessures
apparemment liées aux mauvais traitements.
12. L’examen et le suivi médical des enfants abusés sexuellement comporte
l’établissement d’un historique complet et un examen physique car les abus
sexuels et les mauvais traitements physiques sont souvent associés ; un examen
des parties génitales et de l’anus ; le recueil et l’étude de preuves y compris de
photographies ; le traitement et/ou la prévention d’une grossesse et des maladies
vénériennes. Il convient d’accorder une attention particulière au droit de l’enfant
de voir respectée sa vie privée.
13. Il est nécessaire que le médecin détermine et soit attentif aux aspects suivants : la
qualité des relations entre les personnes qui s’occupent de l’enfant, les sanctions
et le style de discipline imposés au sein du foyer de l’enfant, les difficultés
économiques de la famille, les problèmes émotionnels ou les troubles mentaux
d’un membre de la famille, la violence conjugale ou intrafamiliale, l’abus
d’alcool, de drogues et d’autres substances et toutes autres difficultés qui
pourraient être en corrélation avec tout type de mauvais traitements infligés à
l’enfant.
14. Tous les médecins doivent être conscients que des mauvais traitements peuvent
être infligés par des pairs[4]. Lorsqu’ils soupçonnent ou qu’ils se trouvent dans
une telle situation, les praticiens doivent garder à l’esprit que l’auteur présumé
des mauvais traitements peut lui-même être ou avoir été victime de mauvais
traitements.
15. Les signes de mauvais traitements sont souvent subtils et le diagnostic peut
nécessiter d’interroger soigneusement l’enfant, les parents, les proches et la
fratrie. Des incohérences dans les explications ou entre les explications et les
caractéristiques d’une blessure, comme le niveau de gravité, le type et
l’ancienneté doivent être consignés et faire l’objet d’une enquête approfondie.
16. Pour tout enfant admis dans un établissement médical, la priorité doit être donnée
à ses besoins médicaux et mentaux. Si l’on suspecte des mauvais traitements, il
convient de veiller à assurer sa sécurité avant de le laisser sortir de
l’établissement. Ces mesures devraient comprendre :
S-1984-01-2017 ⏐ Chicago
Mauvais Traitement et Négligence envers les Enfants
16.1. le signalement de tous les cas supposés aux services chargés de la protection
de l’enfance ;
• l’hospitalisation de tout enfant ayant subi de mauvais traitements
nécessitant une protection pendant la période initiale d’expertise ;
• l’information des parents du soupçon de mauvais traitement ou du
diagnostic de mauvais traitement si rien ne s’y oppose ;
• le signalement des blessures de l’enfant aux services de protection de
l’enfance.
17. Si l’hospitalisation s’avère nécessaire, il convient de procéder rapidement à
l’évaluation des problèmes physiques et émotionnels de l’enfant, ainsi qu’à ceux
relatifs à son développement. Cette évaluation complète doit être effectuée par
des médecins compétents dans le domaine ou par une équipe pluridisciplinaire
d’experts spécialement formés aux mauvais traitements envers les enfants.
18. S’il soupçonne que l’enfant est victime de mauvais traitements, le médecin doit
s’entretenir avec les parents du fait que ces mauvais traitements feront partie du
diagnostic différentiel des problèmes de leur enfant. Le médecin peut avoir à
demander conseil aux services chargés de la protection de l’enfance.
19. Durant les discussions avec les parents, les tuteurs ou les personnes auxquelles
l’enfant est confié, il est essentiel que le médecin reste objectif et évite d’émettre
un jugement ou des accusations concernant les parents ou la ou les personnes
chargées de prendre soin de l’enfant.
20. Il est essentiel que le médecin enregistre ses observations et les résultats
d’examen dans le dossier médical au fur et à mesure du processus d’évaluation.
Toute blessure doit être documentée par des photos, des illustrations et une
description détaillée. Le dossier médical se révèle en effet souvent décisif en cas
de procédure judiciaire.
21. Les médecins doivent collaborer à tous les stades de la prévention par des
conseils à la famille pendant la période prénatale et post-natale et par des conseils
en matière de planification familiale et de contrôle des naissances.
22. Les médecins devraient encourager les mesures de santé publique telles que les
visites à domicile des infirmières et d’autres professionnels de santé, les conseils
anticipés des parents et les visites médicales des nourrissons et des enfants bien
portants. Les médecins, ainsi que les organismes qui les représentent, devraient
également soutenir les programmes qui visent à l’amélioration de la santé
générale de l’enfant et dont le but est également de prévenir tous les types de
mauvais traitements des enfants.
23. Les médecins doivent savoir que les mauvais traitements et la négligence envers
les enfants constituent un problème complexe et que plus d’un type de traitement
peut être nécessaire pour aider les enfants maltraités et leur famille. La mise au
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1984-01-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
point de traitements appropriés demande la participation de nombreuses
professions, y compris de la médecine, du droit, des soins infirmiers, des
enseignants, des psychologues et des assistants sociaux.
24. Les médecins doivent encourager le développement de nouveaux programmes qui
permettent des progrès des connaissances médicales et des compétences en
matière de mauvais traitements et de négligence envers les enfants. Il est essentiel
que la formation professionnelle des médecins comporte l’acquisition de
connaissances, compétences et aptitudes relatives à la protection des droits des
enfants et des jeunes, à la promotion de leur santé et de leur bien-être ainsi qu’à
l’identification des signes pouvant indiquer des mauvais traitements ou de la
négligence envers les enfants. Les médecins doivent recevoir une formation sur
les mauvais traitements de tous types et la négligence envers les enfants pendant
leur cursus universitaire.
25. Dans l’intérêt de l’enfant, il peut être nécessaire dans les cas de maltraitance
infantile de passer outre le secret professionnel, le premier devoir du médecin
étant de protéger son patient lorsqu’il soupçonne que ce dernier est victime de
mauvais traitements. Quel que soit le type de maltraitance (physique,
psychologique, sexuelle, traite, exploitation ou négligence), elle doit être
officiellement signalée aux autorités compétentes.
26. Il est essentiel que les programmes de formation professionnelle comportent des
examens continus des connaissances, compétences et aptitudes liées à la
protection des droits des enfants et des jeunes, à la promotion de leur santé et de
leur bien-être et à l’identification et à la prise en charge des enfants victimes de
mauvais traitements et de négligence.
27. Le cursus médical initial doit comporter, dans le cadre du programme de
pédiatrie, un cours obligatoire sur toutes les formes de mauvais traitements envers
les enfants, qui peut être approfondi durant l’internat et la formation continue
pour les personnes qui entendent travailler dans ce domaine.
[1] Au sens de la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, un enfant s’entend
de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans.
[2] Aux fins de la présente prise de position, les termes « mauvais traitements envers un enfant »
et « maltraitance d’un enfant » sont considérés comme synonymes.
[3] Le terme « négligence » désigne l’incapacité persistante à satisfaire les besoins fondamentaux
d’un enfant, susceptible de compromettre gravement la santé, le bien-être ou le
développement de cet enfant.
[4] La maltraitance d’un enfant par un ou plusieurs autres enfants.
S-1984-02-1984 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
LA LIBERTÉ DE PARTICIPER AUX RÉUNIONS MÉDICALES
Adoptée par la 36e
Assemblée Médicale Mondiale, Singapour, Octobre 1984
L’indépendance et la liberté professionnelles sont indispensables au médecin pour lui per-
mettre de dispenser les soins les plus appropriés à ses patients. C’est pourquoi il ne devrait
exister aucun obstacle philosophique, religieux, racial, politique, géographique, physique
ou de quelque nature que ce soit empêchant les médecins de participer à des activités à
caractère professionnel qui leur permettent d’acquérir information, connaissances, habilité
et technique indispensables à la prestation de soins de santé adéquats à leurs patients.
Dans la mesure où le but de l’AMM est de servir l’humanité en s’efforçant d’atteindre les
niveaux internationaux les plus élevés en matière d’enseignement médical, de science mé-
dicale, d’art de la médecine et d’éthique médicale, et d’apporter les soins de santé à tous les
peuples du monde, il ne devrait se dresser aucune barrière devant le médecin qui désire
assister à des réunions de l’AMM ou à d’autres manifestations médicales, quel que soit le
lieu où celles-ci sont organisées.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1985-01-2015
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
LA NON DISCRIMINATION VIS-À-VIS DES MEDECINS EN MATIERE
D’AFFILIATION ET D’ACTIVITES PROFESSIONNELLES
Adoptée par la 37e
Assemblée Médicale Mondiale, Bruxelles, Belgique, Octobre 1985
révisée avec un changement de titre par la 170e
Session du Conseil, Divonne-les-Bains,
France, Mai 2005
et réaffirmée par la 200e
Session du Conseil de l’AMM, Oslo, Norvège, Avril 2015
L’Association Médicale Mondiale est favorable à l’égalité des possibilités en matière d’ac-
tivités au sein d’une association médicale, d’enseignement et de formation médicale, d’em-
ploi ainsi que de toute autre mission médicale professionnelle, sans distinction de race, de
couleur, de religion, de croyance, d’ethnie, d’origine nationale, de sexe, d’âge ou d’appar-
tenance politique.
L’Association Médicale Mondiale est fermement opposée à ce que les privilèges et respon-
sabilités liés à l’affiliation à une association médicale nationale soient refusés à un méde-
cin dûment agréé pour des raisons de race, de couleur, de religion, de croyance, d’ethnie,
d’origine nationale, de sexe, d’âge ou d’appartenance politique.
L’Association Médicale Mondiale invite la profession médicale et chaque membre des
Associations Médicales Nationales à prévenir toute situation où cette égalité de droits, de
privilèges ou de responsabilités serait refusée.
S-1988-01-2017 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
L’ACCÈS AUX SOINS DE SANTÉ
Adoptée par la 40e
Assemblée Médicale Mondiale, Vienne, Autriche, Septembre 1988
révisée par la 57e
Assemblée Générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et par la 68e
Assemblée générale de l’AMM, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PRÉAMBULE
1. La santé n’est pas simplement l’absence de maladie. Elle est également un état
d’épanouissement physique, psychologique et social et englobe la capacité des
individus à s’adapter à l’adversité physique, sociale et mentale. La santé dépend de
nombreux facteurs, notamment l’accès aux soins de santé, et les déterminants sociaux
de la santé (DSS). Recouvrer la santé relève aussi de plusieurs facteurs. Il incombe à
la société de mettre à la disposition de tous ses membres, indépendamment de leur
capacité de les payer, des soins de santé de qualité.
2. Les professionnels de santé doivent régulièrement analyser les effets du faible accès à
des soins sur les inégalités en matière de santé et il leur incombe de partager les
résultats de leurs travaux avec les gouvernements au niveau local, régional et national
pour assurer que ces derniers comprennent les déterminants sociaux de la santé et
intègrent dans toutes leurs politiques la réduction des facteurs d’inégalités dans le
domaine de la santé. Les politiques relatives aux soins de santé devraient comporter
des pistes pour éliminer les inégalités en la matière.
3. L’accès aux soins de santé est important pour réduire les conséquences à court, moyen
et long terme des problèmes de santé dus à des conditions sociales difficiles. L’accès
lui-même est pluridimensionnel et dépend de facteurs comme les ressources
humaines, la formation, les finances, les transports, la disponibilité géographique, la
liberté de choix, l’éducation de la population, l’assurance qualité et la technologie,
dans le secteur de la santé.
LIGNES DIRECTRICES
Professionnels de santé
4. La prestation de soins de santé dépend largement de la disponibilité de professionnels
de santé compétents. Leur formation doit leur apporter des compétences
médicosociales et insister notamment sur la manière dont les déterminants sociaux de
la santé influent sur l’état de santé des personnes.
Chicago ⏐ S-1988-01-2017
Accès aux Soins de Santé
Comme le montre la démographie de la plupart des pays, la population vieillissante
constitue un énorme de défi pour les années à venir. Or le personnel soignant est
inégalement réparti au niveau mondial. Alors que tous les pays forment des
professionnels de santé, les déplacements de population des pays les plus pauvres vers
les pays les plus développés conduisent à des pénuries permanentes. L’élaboration de
codes de recrutement éthiques pourrait aider à limiter les pratiques injustes des États.
Ces codes de recrutement éthiques devraient également s’imposer aux agences
commerciales de recrutement.
5. Il convient d’étudier comment combiner au mieux les différents professionnels de
santé dans des environnements cliniques variés pour répondre aux besoins des
patients. La mauvaise répartition à l’intérieur des pays devrait être combattue en
incitant les professionnels de santé à travailler dans les zones rurales, isolées ou mal
desservies, au moins pendant une partie de leur carrière. Il conviendrait d’explorer des
pistes innovantes pour rendre attractifs les postes dans des régions mal desservies,
sans utiliser de méthodes de recrutement punitives ou coercitives. Le recrutement
d’étudiants venant de déserts médicaux et exprimant le désir de s’installer dans leur
région d’origine pourrait contribuer à résoudre ce problème.
Formation
6. La formation initiale des professionnels de santé doit être adaptée, accessible et de
bonne qualité. La formation du personnel de santé est donc coûteuse, et ce coût est
supporté par le pays d’origine du médecin. Les soignants doivent ensuite aller plus
loin pour se former davantage ou se spécialiser et également pour mieux gagner leur
vie, parfois pour envoyer de l’argent chez eux pour soutenir leur famille et leur
communauté.
7. Le souhait de se perfectionner est légitime et les efforts pour retenir les professionnels
de santé dans leur région d’origine devraient encourager leur retour au pays par
l’utilisation de nouvelles compétences et connaissances visant à améliorer l’accès aux
soins de santé.
8. Les États ne devraient pas recruter activement les médecins d’autres pays. Même
lorsqu’ils le font de manière passive, ce recrutement devrait répondre à des normes
éthiques et à la Prise de position de l’AMM sur les directices éthiques pour le
recrutement des médecins au niveau international.
Finances
9. L’accès aux soins est essentiel pour toute la population. Les méthodes de financement
des soins sont à la discrétion de chaque pays et dépendent de leurs ressources, de leurs
priorités sanitaires et sociales et des besoins de santé. Les pays doivent mettre au
point des systèmes fiscaux qui réduisent les paiements directs des patients et les
assurances de santé privées qui accroissent les inégalités entre les groupes de
population.
S-1988-01-2017 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
10. Aucun système de financement n’étant idéal pour tous les pays, l’équilibre
convenable doit être décidé au niveau local. Lorsqu’ils prennent les décisions relatives
aux systèmes de financement, les gouvernements doivent être conscients que les soins
médicaux sont essentiels, de la nécessité absolue que ces soins soient à la portée de
tous, qu’ils soient fondés sur les besoins médicaux et non sur la capacité de payer et
qu’ils ne sauraient dépendre d’inquiétudes financières. L’éligibilité aux soins ne
signifie pas l’accès, notamment si des systèmes de co-paiement excluent les personnes
les plus démunies.
11. Il convient de recourir à des méthodes innovantes pour assurer des soins de santé
complets, telles que des partenariats avec des prestataires privés et des entités
commerciales, qui pourraient assurer des éléments de soins spécialisés. Les États
doivent néanmoins assurer que cette politique, qui ne doit pas être considérée comme
une préférence pour un système de soins privé ne limite pas les soins spécialisés à la
frange la plus riche de la population.
12. Les décisions de limiter l’accès à des éléments des soins de santé doivent être prises
en fonction d’informations objectives, des données scientifiques les plus fiables
relatives à l’efficacité et à la sécurité des services de soins de santé. Il convient que
ces décisions fassent l’objet d’un débat public et que les concepts associés à ces
politiques soient acceptés par la population. Aucune mesure ne saurait être introduite
avec l’effet de discriminer une population vulnérable ou âgée.
13. La population devrait avoir accès à des informations claires au sujet des ressources
mises à leur disposition en matière de soins de santé et de la manière d’en bénéficier.
Il convient de créer des processus précis pour assurer que la pauvreté ou l’illettrisme
ne soient pas des obstacles à l’accès aux soins.
Personnes vulnérables et difficiles à atteindre
14. Dans tous les pays il est difficile de faire parvenir des messages de santé à certains
groupes de personnes. Ce sont des personnes qui ont souvent recours tardivement aux
soins de santé lorsqu’ils sont malades.
15. Il convient d’utiliser des méthodes variées, notamment des méthodes visant à rassurer
et à éliminer les obstacles d’autre nature, pour assurer que les personnes difficiles à
atteindre sont conscientes qu’elles peuvent bénéficier de soins de santé sans frais
directs, incluant des méthodes pour réduire la peur et les autres barrières à l’accès aux
soins.
16. Lorsque des vulnérabilités spécifiques comme l’illettrisme ou une déficience
sensorielle semblent jouer un rôle, les solutions devraient comprendre l’identification
de ces vulnérabilités et leur prise en compte.
17. Les professionnels de santé ont le devoir d’assurer des soins exempts de toute forme
de discrimination.
Chicago ⏐ S-1988-01-2017
Accès aux Soins de Santé
Transports
18. Les établissements de santé devraient être faciles d’accès. Il peut être nécessaire de
travailler avec les services de transport public pour assurer que des itinéraires de
transports publics passent à côté des établissements de santé. Il conviendrait
d’envisager de faire mieux desservir les établissements de soins par les transports
publics. Les patients peuvent avoir à parcourir des distances considérables pour se
faire soigner, notamment dans les zones rurales ou isolées.
19. Il convient d’assurer le transport des patients qui doivent être orientés vers des
spécialistes ou des soins secondaires. Les personnes qui ont besoin d’aide pour avoir
accès aux soins de base devraient également être assistées. Il conviendrait d’offrir le
transport aux patients vivant dans des zones isolées qui doivent être soignés dans des
établissements qui se trouvent dans des grandes villes. La télémédecine pourrait
remplacer adéquatement le transport des patients dans certains cas.
Disponibilité géographique
20. Il pourrait être utile de travailler avec d’autres prestataires de soins, comme les sages-
femmes traditionnelles, qui devraient être intégrées au système de soins de santé,
recevoir une formation et être assistées pour prodiguer des soins sûrs et efficaces et
aiguiller les patients vers d’autres professionnels si besoin. Cette mesure ne saurait
s’étendre au financement par le système de santé public de pratiques non
scientifiques, notamment les thérapies dites complémentaires ou alternatives.
Liberté de choix
21. La liberté de choix en matière de prestataire de soins et de solutions proposées est
essentielle dans tous les systèmes. Elle requiert la capacité de comprendre ce choix et
la liberté de choisir un prestataire parmi plusieurs solutions différentes.
22. Les obstacles à la liberté de choix peuvent être d’ordre financier ou provenir d’une
incompréhension des différentes solutions ou de facteurs culturels ou géographiques,
entre autres. Il est essentiel que les personnes puissent librement s’informer des
solutions disponibles pour faire un choix éclairé.
23. Les autorités de santé devraient veiller à ce que toutes les populations comprennent
comment accéder aux soins et obtiennent des informations objectives sur les
différents prestataires de soins.
24. Une fois que les patients sont reçus par un prestataire ou un médecin, ils devraient
pouvoir étudier les options médicales ; la disponibilité des informations est essentielle
pour permettre le choix.
Éducation de la population
25. L’éducation générale est un déterminant de la santé ; plus une personne est instruite,
plus il est probable qu’elle soit en bonne santé. En cas de problèmes de santé, une
S-1988-01-2017 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
éducation préalable peut être déterminante pour la vitesse à laquelle la personne ira se
faire soigner. L’éducation aide aussi les personnes à faire des choix sur les solutions
thérapeutiques auxquelles elles ont accès.
26. Une éducation axée sur les questions de santé peut s’avérer importante pour prévoir
son mode de vie. L’éducation seule ne suffit pas, par exemple à cesser de fumer ou de
consommer des drogues ou de l’alcool, mais peut aider à prendre des décisions
relatives aux comportements à risques.
27. Un niveau général de connaissances en matière de santé aide les patients à choisir
entre différentes options thérapeutiques et à se conformer aux prescriptions. Les soins
personnels seront également améliorés tout comme la capacité du patient à s’orienter
vers un service de santé.
28. Il conviendrait de mettre en place des programmes éducatifs aidant les personnes à
faire des choix éclairés sur leur santé personnelle et sur la bonne utilisation à la fois
des soins personnels et des soins effectués par les professionnels. Ces programmes
devraient comprendre des informations sur les coûts et bénéfices associés à d’autres
traitements de médecine moderne, le recours à des services professionnels permettant
une détection, un traitement ou une prévention précoces des maladies ; les
responsabilités personnelles quant à la prévention des maladies, et l’utilisation
efficace du système de soins. Les médecins devraient participer activement, le cas
échéant, à ces efforts éducatifs et recevoir les ressources nécessaires pour prendre ces
tâches en charge.
29. L’éducation de la population aide également les gouvernements à mieux faire
comprendre les mesures de santé publique comme les taxes sur le tabac, l’interdiction
de consommation de certains produits par les humains et les restrictions en matière de
liberté individuelle pour des raisons sanitaires. Lorsque les gouvernements décident
de mesures législatives ou règlementaires, elles doivent être accompagnées d’une
campagne d’information de la population pour que les mesures soient comprises et
respectées.
Assurance qualité
30. L’assurance qualité devrait faire partie de tous les systèmes de soins. Les médecins
partagent la responsabilité d’assurer la qualité des soins de santé et ne doivent pas
permettre que d’autres considérations mettent en péril la qualité des soins fournis.
Technologie
31. La technologie joue un rôle de plus en plus important dans les services de santé. Les
prix d’achat des biens en immobilisation sont élevés en raison du besoin de services
logistiques spécifiques, avec des techniciens formés et la mise à disposition de locaux
adéquats. Les technologies avancées ne sont pas disponibles partout ; leur accès doit
être bien planifié afin que l’ensemble des patients dans le besoin en bénéficient, pas
uniquement ceux proches des centres technologiques avancés.
Chicago ⏐ S-1988-01-2017
Accès aux Soins de Santé
Circonstances exceptionnelles
32. Dans des circonstances exceptionnelles comme les conflits armés et les catastrophes
naturelles majeures telles que les séismes, les médecins ont le devoir de veiller à ce
que les décideurs politiques protègent l’accès aux soins, notamment pour les plus
vulnérables et les moins capables de rejoindre les zones plus sûres.
RECOMMANDATIONS
33. Les déterminants sociaux de la santé influent largement sur l’accès aux soins et donc
sur la santé. Les médecins devraient travailler avec les gouvernements pour s’assurer
que ces derniers agissent efficacement sur les DSS.
34. L’accès aux soins requiert une vigilance systématique, pour assurer que les conditions
appropriées soient remplies, notamment les suivantes.
34.1 Il convient que chacun dispose d’un système de santé adapté, universel,
solidaire et équitable, comprenant des établissements bien équipés, disponibles
dans tout un pays, qui assure aux centres de soins et aux soignants des
financements suffisants et durables et dans lequel les personnes sont soignées
selon leurs besoins et non leur capacité financière.
34.2 Le choix devrait inclure la facilité d’accès et les prestataires.
34.3 L’accès aux informations adéquates pour tous est capital pour choisir et
coopérer avec les prestataires de soins.
34.4 L’éducation est à la fois un déterminant social et un facteur clé de l’adhésion
au traitement qui favorise la responsabilité personnelle avec un soutien
accessible.
34.5 Les professionnels de santé devraient pouvoir se déplacer librement dans le
monde, notamment pour accéder aux possibilités de formation et d’exercice de
leur profession. Cette mobilité ne doit pas entraver la disponibilité des
ressources, notamment dans les pays à faibles moyens.
34.6 Il convient de fournir aux médecins des critères éthiques transparents et
efficaces pour travailler dans des zones surpeuplées ou mal desservies.
34.7 La délivrance de soins nécessite une action des gouvernements à tous les
niveaux, y compris le travail avec les populations afin d’assurer qu’elles
comprennent l’intérêt de tels soins et puissent y avoir accès.
34.8 Les médecins ont un rôle important à jouer pour que la planification des soins
soit logique sur le plan médical, soit communiquée correctement à la
population concernée et que les patients ne soient pas mis en danger en raison
de ressources inadéquates, ou d’une planification ou d’un système défaillants.
S-1988-01-2017 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
34.9 Les médecins sont conscients du système de santé existant, ce qui les oblige à
jouer un rôle socialement responsable et à être conscients des déterminants
sociaux de la santé qui conditionnent l’accès à leurs services ou à ceux de leur
association médicale.
34.10 Les associations médicales devraient coopérer avec leurs membres pour
promouvoir l’accès aux systèmes de santé répondant équitablement aux
besoins des populations.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1988-04-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
LE RÔLE DES MÉDECINS DANS
LES QUESTIONS ENVIRONNNEMENTALES
Adoptée par la 40e
Assemblée Médicale Mondiale, Vienne, Autriche, Septembre 1988
révisée par la 57e
Assemblée Générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et réaffirmée par la 203e
Session du Conseil de l’AMM, Buenos Aires, Argentine,
Avril 2016
INTRODUCTION
1. L’exercice efficace de la médecine exige de plus en plus que les médecins et leurs
associations professionnelles abordent les questions environnementales qui ont un lien
avec l’état de santé des individus et des populations.
2. Plus que jamais, en raison de la diminution des ressources naturelles, ces questions
portent sur la qualité et la protection des ressources nécessaires à la sauvegarde de la
santé et de la vie proprement dite. En termes concrets, les questions environnemen-
tales clés sont les suivantes:
a. la dégradation de l’environnement qui doit être considérée comme une urgence à
traiter afin que les ressources essentielles à la vie et à la santé – l’eau et l’air pur –
demeurent accessibles à tous.
b. La contamination continuelle de nos réserves d’eau pure par les hydrocarbures et
les métaux lourds, tout comme la contamination de l’air ambiant et de l’air à l’in-
térieur par des agents toxiques qui ont de graves conséquences, notamment sur
les classes les plus pauvres du globe. De plus, l’effet de serre avec son corollaire
la hausse des températures doit guider nos débats et nous préparer aux consé-
quences toujours plus graves sur l’environnement et la santé publique.
c. La nécessité de contrôler sans cesse l’utilisation des ressources non renouvelables
telle que la couche arable (topsoil) tout comme l’importance de préserver cet
héritage vital pour le transmettre aux générations futures.
d. La nécessité de mobilier les ressources au-delà des frontières nationales et de
coordonner des solutions globales pour la planète et établir ainsi une stratégie
uniforme afin de faire face aux problèmes médicaux et économiques touchant le
monde entier.
e. L’objectif premier est de sensibiliser sans cesse à la nécessité de maintenir
l’équilibre vital entre d’une part les ressources environnementales et d’autre part
S-1988-04-2016 ⏐ Buenos Aires
Questions Environnnementales
les éléments biologiques qui est essentiel pour la santé de tous partout dans le
monde.
3. Aujourd’hui, nous sommes davantage conscients mais nous n’avons pas su prévenir
l’impact négatif et toujours plus nuisible de notre société sur l’environnement, comme
par ex. la fonte des glaciers et la désertification croissante. Nous n’avons pas non plus
stoppé la surexploitation des ressources naturelles qui entraîne entre autres la pollu-
tion des rivières et des mers, la pollution de l’air, la déforestation et la diminution de
la terre arable. Dans ce contexte, la migration des populations des pays démunis ou en
voie de développement, couplée à l’apparition de nouvelles maladies, exacerbe l’absence
de politiques socio-économiques dans de nombreux endroits du monde. Sur un plan
médical, la croissance de la population et la destruction irresponsable de l’environ-
nement sont inacceptables et les organisations médicales du monde entier doivent
redoubler d’efforts, non seulement pour parler de ces problèmes mais aussi pour sug-
gérer des solutions.
PRINCIPES
1. En tant qu’éléments de représentation des médecins, les associations médicales se doi-
vent d’examiner ces questions environnementales. Elles ont le devoir de fournir des
études analytiques incluant l’identification des problèmes et les législations interna-
tionales actuelles sur les questions environnementales, tout comme leur impact dans le
domaine de la santé.
2. Les médecins exercent dans un cadre éthique et déontologique et la législation sur
l’environnement qu’ils défendent ne doit pas avoir pour objectif de limiter l’autonomie
individuelle mais plutôt d’enrichir la qualité de vie de tous et de perpétuer toutes les
formes de vie sur la planète.
3. L’AMM doit donc agir comme une plateforme internationale pour la recherche, l’édu-
cation et la défense des intérêts afin de contribuer à préserver l’environnement et son
potentiel en matière de santé.
4. Ainsi, lorsque de nouvelles maladies ou syndromes liés à l’environnement sont
identifiés, l’AMM doit aider à coordonner les débats scientifiques/médicaux sur les
données disponibles et sur leurs implications pour la santé humaine. Elle doit favo-
riser un mode de pensée consensuel au sein de la médecine et encourager les mesures
préventives, la précision des diagnostics et des traitements de ces désordres qui appa-
raissent.
5. L’AMM doit donc établir un cadre pour la coordination internationale des associations
médicales, des ONG, des chercheurs cliniciens, des organisations de santé interna-
tionales, des décideurs et des mécènes dans leur travail d’étude sur l’impact sanitaire
des problèmes environnementaux, sur leur prévention, sur leur résolution ainsi que sur
le traitement des individus et des communautés.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1988-05-2011
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LES RISQUES POUR LA SANTÉ DU TABAC ET
DES PRODUITS DERIVÉS DU TABAC
Adoptée par la 40e
Assemblée Médicale Mondiale Vienne (Autriche), Septembre 1988
révisée par la 49e
Assemblée Générale de l’AMM, Hambourg, Allemagne, Novembre 1997
par la 58e
Assemblée Générale de l’AMM, Copenhague, Danemark, Octobre 2007
et par la 62e
Assemblée Générale de l’AMM, Montevideo, Uruguay, Octobre 2011
PREAMBULE
Plus d’un adulte sur trois dans le monde (soit plus de 1,1 milliard d’individus) fume, dont
80% dans les pays à faibles et moyens revenus. Le tabagisme et les autres formes de con-
sommation de tabac affectent tous les organes du corps et constituent une cause majeure
de cancer, de maladie cardiaque, d’infarctus, de maladies pulmonaires obstructives chroni-
ques, de risques pour le fœtus et de maintes autres pathologies. 5 millions de personnes
décèdent dans le monde chaque année à cause du tabac. A moins d’un renversement de
tendance dans la consommation du tabac, ce dernier provoquera la mort de 10 millions de
personnes d’ici 2020 dont 70 pour cent dans les pays en voie de développement. Au cours
du 20e siècle, le tabac a tué 100 millions de personnes et faute d’interventions efficaces, il
en tuera 1 milliard au 21e siècle. De plus, le tabagisme passif – émission dans l’air de plus
de 400 produits chimiques dont plus de 50 carcinogènes et de nombreuses autres toxines –
provoque le cancer des poumons, des maladies cardiaques et d’autres pathologies chez les
non fumeurs.
La communauté internationale de santé publique a exprimé par la voie de l’Organisation
Mondiale de la Santé son inquiétude grandissante sur cette tendance alarmante au taba-
gisme et sur les maladies qui lui sont imputables. Le 20 septembre 2007, 150 pays avaient
ratifié la Convention Cadre sur la Lutte anti-tabac (FCTC) qui prévoit que les pays l’ayant
ratifiée prendront des mesures drastiques contre la consommation de tabac en augmentant
les taxes sur le tabac, en prohibant la publicité et la promotion sur le tabac, en interdisant
de fumer dans les lieux publics et professionnels, en apposant des messages de santé sur
les paquets de cigarettes et autres produits dérivés du tabac, en améliorant l’accès aux con-
sultations anti-tabac et aux produits de sevrage, en légiférant sur le contenu et les sub-
stances émises par les produits dérivés du tabac et en éliminant le commerce illégal du
tabac.
L’exposition au tabagisme est présente partout où il est permis de fumer : au domicile, sur
le lieu de travail et dans d’autres lieux publics. Selon l’OMS, près de 200.000 travailleurs
meurent chaque année du tabagisme passif au travail et environ 700 millions d’enfants
dans la moitié du monde respirent un air pollué par la fumée du tabac, notamment à la
S-1988-05-2011 ⏐ Montevideo
Produits Dérives du Tabac et les Risques Pour la Santé
maison. Sur la base de trois rapports récents (the International Agency for Research on
Cancer’s Monograph 83, Tobacco Smoke and Involuntary Smoking; the United States Sur-
geon General’s Report on The Health Consequences of Involuntary Exposure to Tobacco
Smoke; and the California Environmental Protection Agency’s Proposed Identification of
Environmental Tobacco Smoke as a Toxic Air Contaminant), le 29 mai 2007 l’OMS a
lancé un appel pour une interdiction mondiale du tabac dans les lieux professionnels et
dans les lieux publics clos.
L’industrie du tabac prétend s’impliquer à établir les preuves scientifiques des effets du
tabac sur la santé, en menant des recherches à la fois au niveau interne et externe grâce à
des programmes collectifs financés par l’industrie du tabac. Pourtant, elle a toujours nié et
occulté les informations témoignant de la nocivité du tabac. Depuis des années, elle reven-
dique le manque de preuves concluantes sur le fait que le tabac serait à l’origine de mala-
dies comme le cancer et les cardiopathies. Elle prétend également que la nicotine ne crée
pas de dépendance. La profession médicale n’a eu de cesse de le réfuter et de ce fait de
s’opposer résolument aux campagnes publicitaires massives organisées par l’industrie du
tabac. Elle est en outre fortement convaincue que les associations médicales peuvent jouer
un rôle déterminant dans la lutte contre le tabac.
Depuis des années également, l’industrie du tabac et ses filiales soutiennent la recherche et
la préparation de rapports sur les liens entre le tabac et la santé. Les chercheurs et leurs
organisations participant à ces activités donnent à l’industrie du tabac une apparence de
crédibilité même si les résultats ne sont pas toujours directement exploités dans ses acti-
vités commerciales. Une implication dans de telles missions crée également à d’importants
conflits d’intérêt avec les objectifs de promotion de la santé.
RECOMMANDATIONS
Afin de réduire les risques pour la santé du tabac et des autres produits dérivés, l’AMM
prie instamment les associations médicales nationales et tous les médecins à prendre les
mesures suivantes:
1. Adopter une politique d’opposition au tabagisme et à l’utilisation de produits
dérivés du tabac et faire connaître la politique adoptee.
2. Interdire de fumer, y compris l’utilisation de tabac sans fumée, dans toutes les
réunions professionnelles, sociales, scientifiques et officielles des associations mé-
dicales nationales, conformément à la décision de l’Association Médicale Mon-
diale de frapper de cette même interdiction ses propres reunions.
3. Développer, soutenir et participer à des programmes d’éducation de la profession et
du public sur les risques pour la santé des produits dérivés du tabac (y compris la
dépendance) et du tabagisme passif. Des programmes de dissuasion et d’aide à
l’arrêt du tabac destinés aux fumeurs et aux consommateurs de produits dérivés du
tabac. Des programmes destinés aux non fumeurs et aux non utilisateurs de pro-
duits dérivés du tabac pour prévenir toute consommation éventuelle de ces pro-
duits. Ces deux types de programme sont importants.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1988-05-2011
Manuel des Politiques de l’AMM
4. Encourager les médecins à donner le bon exemple (en n’utilisant aucun produit
dérivé du tabac) et les porte-paroles à éduquer le public sur les effets nocifs pour la
santé de l’utilisation de produits dérivés du tabac et sur les bénéfices qu’apporte
l’arrêt de consommation des produits à base de tabac. Demander à toutes les fa-
cultés de médecine, les instituts de recherche, les hôpitaux et autres établissements
de santé d’interdire de fumer, l’utilisation de tabac sans fumée dans leurs locaux.
5. Lancer ou intensifier les programmes éducatifs pour les étudiants en médecine et
les médecins afin qu’ils soient à même d’identifier et de prendre en charge la dé-
pendance au tabac de leurs patients.
6. Encourager un large accès aux traitements basés sur la preuve destinés à traiter la
dépendance au tabac – y compris les conseils et la pharmacothérapie – par le biais
d’entretiens personnels ou de groupes, des consultations téléphoniques, des pro-
grammes de sevrage sur Internet et tout autre support ou moyen approprié.
7. Etablir ou adopter des directives cliniques sur le traitement du tabagisme et de la
dépendance au tabac.
8. Rallier l’AMM pour que l’Organisation Mondiale de la Santé ajoute les médi-
caments de sevrage tabagique ayant fait preuve de leur efficacité à la Liste Modèle
des Médicaments Essentiels de l’OMS.
9. S’abstenir d’accepter tout financement ou ressource éducative de l’industrie du ta-
bac et exhorter les facultés de médecine, les instituts de recherche et les chercheurs
à faire de même, afin d’éviter de donner un quelconque crédit à cette industrie.
10. Demander instamment aux gouvernements de ratifier et d’appliquer la Convention
Cadre pour la Lutte anti-tabac afin de préserver la santé publique.
11. S’opposer ouvertement à ce que le marketing du tabac se déplace des pays dé-
veloppés vers les pays moins développés et demander aux gouvernements de faire
de même.
12. Prôner la promulgation et l’application des lois qui:
• régulent efficacement la fabrication, la vente, la distribution et la promotion du
tabac et des produits dérivés du tabac et qui prévoient les dispositions énoncées
ci-après.
• exiger qu’une mise en garde écrite et visuelle contre les risques pour la santé soit
imprimée sur tous les emballages dans lesquels les produits dérivés du tabac
sont vendus et dans toutes les publicités et les opérations promotionnelles des
produits dérivés du tabac. De telles mises en garde doivent être bien visibles et
signaler à ceux qui souhaitent arrêter de fumer ou de consommer des produits
dérivés du tabac les numéros de téléphone, les sites Internet ou toute autre
source d’assistance.
S-1988-05-2011 ⏐ Montevideo
Produits Dérives du Tabac et les Risques Pour la Santé
• interdisent de fumer dans tous les lieux publics (y compris les établissements de
santé, les écoles et les centres éducatifs), les lieux professionnels (y compris les
restaurants, les bars et les boîtes de nuit) et les transports publics. Les centres de
traitement de la dépendance psychique et chimique doivent également être des
lieux non fumeurs. Le tabac en prison doit être interdit.
• interdisent toute publicité et promotion du tabac et des produits dérivés du ta-
bac.
• encouragent l’instauration d’une loi sur les emballages neutres.
• interdisent la vente, la distribution et l’accès aux cigarettes et autres produits
dérivés du tabac aux enfants et aux adolescents. Interdisent la production, la dis-
tribution et la vente de bonbons illustrant ou ressemblant à des produits à base
de tabac.
• interdisent de fumer sur tous les vols d’avions commerciaux nationaux et inter-
nationaux et interdisent la vente détaxée des produits dérivés du tabac vendus
dans les aéroports et autres endroits.
• interdisent toutes les subventions gouvernementales pour le tabac et les produits
dérivés du tabac.
• subviennent à la recherche sur la prévalence de la consommation de tabac et sur
les effets des produits dérivés du tabac sur la santé de la population.
• interdisent la promotion, la distribution et la vente de toute nouvelle forme de
produits dérivés du tabac actuellement non disponibles.
• majorent les taxes sur les produits dérivés du tabac, et affectent ces revenus
supplémentaires à des programmes de prévention, des programmes et services
de sevrage basés sur la preuve et à d’autres mesures de santé.
• restreignent ou éliminent le commerce illégal des produits dérivés du tabac et la
contrebande de ces produits.
• aident les récoltants de tabac à passer à d’autres cultures.
• demandent aux gouvernements d’exclure les produits à base de tabac des accords
commerciaux internationaux.
13. Reconnaître que l’usage du tabac peut causer des maladies touchant les enfants en
raison de sa nocivité tant au niveau de sa consommation, du tabagisme passif qu’il
génère, de la relation entre l’usage du tabac par les enfants et de l’exposition au
tabac consommé par les adultes. Les médecins devraient faire des efforts spécifi-
ques pour:
• Assurer un environnement sans tabac aux enfants
• Cibler les parents qui fument dans le cadre des programmes d’arrêt du tabac
• Promouvoir les programmes contribuant à la prévention et à la baisse de con-
sommation du tabac par les jeunes
• un accès et un marketing contrôlés des produits à base de tabac et
• faire de la recherche sur le contrôle du tabac une grande priorité
14. Refuser d’investir dans des compagnies ou entreprises produisant ou promouvant
l’usage ou la vente de tabac.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1989-01-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
L’UTILISATION DES ANIMAUX DANS LA RECHERCHE BIOMÉDICALE
Adoptée par la 41e
Assemblée Médicale Mondiale, Hong Kong, Septembre 1989
révisée par la 57e
Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud, Octobre 2006
et réaffirmée par la 203e
Session du Conseil de l’AMM, Buenos Aires, Argentine,
Avril 2016
1. La recherche biomédicale est indispensable à la santé et au bien-être de notre société.
Les progrès de la recherche biomédicale ont beaucoup amélioré la qualité et prolongé
la durée de la vie dans le monde. Cependant, l’aptitude de la communauté scientifique
à poursuivre ses efforts afin d’améliorer la santé personnelle et publique est menacée
par un mouvement de condamnation de l’utilisation des animaux dans la recherche
biomédicale. L’offensive de ce mouvement est menée par des groupes d’activistes
radicaux pour la défense des droits des animaux dont les idées sont jugées bien en
marge de l’attitude générale du public et dont les moyens tactiques varient entre les
mouvements de pression recherchés, les collectes de fonds, la propagande, les cam-
pagnes fallacieuses et les attaques violentes à l’encontre d’établissements de recherche
biomédicale et de scientifiques. Ces attaques violentes sont le fait d’un nombre rela-
tivement faible d’activistes comparé à ceux ayant recours à des moyens de protesta-
tion pacifiques mais elles ont un impact fort et étendu.
2. L’ampleur des mouvements de violence en faveur des droits pour les animaux est
incertaine et ces mouvements se déroulent dans de nombreuses régions du monde.
Plusieurs de ces groupes en faveur des droits des animaux ont revendiqué des attentats
à la bombe contre des voitures, des instituts, des magasins et des résidences per-
sonnelles de chercheurs.
3. La violence pour la défense des droits pour les animaux a fait frissonner la com-
munauté scientifique internationale. Des scientifiques, des organismes de recherche et
des universités ont reçu des menaces d’intimidation afin que soient modifiés, voire
même interrompus, les efforts de recherche reposant sur l’utilisation des animaux. Les
laboratoires ont été contraints de consacrer les milliers de dollars destinés à la re-
cherche à l’achat d’un équipement de sécurité de pointe. Les jeunes qui envisageaient
de poursuivre une carrière dans la recherche biomédicale se dirigent maintenant vers
d’autres professions.
4. Bien que bon nombre de groupes s’efforcent de protéger la recherche biomédicale
contre l’activisme radical pour les animaux, la réponse au mouvement en faveur des
droits pour les animaux est fragmentée, manque de fondement et est essentiellement
défensive. Plusieurs groupes dans la communauté biomédicale hésitent, de peur des
représailles, à s’engager publiquement vis-à-vis de l’activisme animal. Pour cette
raison, la recherche s’est retranchée dans une attitude défensive. Ses motivations sont
controversées, et la nécessité d’utiliser les animaux pour la recherche est très souvent
contestée.
S-1989-01-2016 ⏐ Buenos Aires
Utilisation des Animaux dans la Recherche Biomédicale
5. Les recherches correctement conçues et réalisées et impliquant les animaux sont
nécessaires à l’amélioration des soins médicaux de la collectivité. Nous reconnaissons
cependant que le traitement humain des animaux doit être protégé. Il serait souhaita-
ble de réclamer pour tout le personnel de recherche, une formation adéquate et de
rendre accessibles les soins vétérinaires. Les expériences doivent observer les règles
ou les règlements promulgués dans le but d’assurer un traitement, un logis, un trans-
port et des soins humains aux animaux.
6. Les organisations médicales et scientifiques internationales se doivent d’organiser une
campagne plus forte et plus cohérente pour faire obstacle à la menace croissante de la
santé publique que posent les activistes pour la défense des animaux. Il est indispen-
sable de pourvoir direction et coordination. De plus, les droits des animaux utilisés
dans les recherches médicales et les obligations de ceux qui effectuent ces recherches
doivent être clairement explicités.
Par conséquent, l’Association Médicale Mondiale émet les principes suivants:
1. L’utilisation des animaux dans la recherche biomédicale est indispensable à la pour-
suite des progrès de la médecine.
2. La Déclaration d’Helsinki de l’AMM demande que la recherche biomédicale
nécessitant l’utilisation de sujets humains repose sur l’expérimentation animale lorsque
la situation s’y prête. Elle demande également que soit respecté le bien-être des ani-
maux qui sont utilisés dans la recherche médicale.
3. Il est essentiel que les animaux utilisés dans la recherche biomédicale soient traités
humainement et il faut disposer de centres de recherche garantissant le respect des
principes directeurs dans ce domaine. Ces principes doivent être inculqués à tous les
chercheurs en formation.
4. Les animaux doivent être utilisés en recherche biomédicale uniquement en cas de
nécessité évidente pour obtenir d’importants résultats et en l’absence de toute autre
méthode viable.
5. Les expériences sur les animaux ne doivent pas être répétées à moins de se justifier
sur le plan scientifique.
6. Le recours aux animaux pour des tests futiles sur des produits cosmétiques et sur leurs
ingrédients, sur des alcools et sur du tabac ne doit pas être cautionné.
7. Sans toutefois compromettre la liberté d’expression, la composante anarchique que
l’on retrouve chez les activistes en faveur des droits des animaux doit être condamnée.
8. L’usage de menaces, d’intimidation, de violence et de harcèlements contre des scienti-
fiques et leur famille doit être condamné à l’échelle internationale.
9. Un effort maximal de coordination de la part des agences internationales chargées de
la mise en application des lois doit être recherché afin de protéger les chercheurs et les
établissements de recherche des manifestations de nature terroriste.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1990-01-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LE CONTRÔLE DES ACCIDENTS
Adoptée par la 42e
Assemblée Médicale Mondiale, Rancho Mirage, CA., États-Unis,
Octobre 1990
et révisée par la 57e
Assemblée Générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et la 67e
Assemblée générale de l’AMM, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
Les accidents constituent la principale cause de décès et d’invalidité chez les enfants et les
jeunes adultes. Ils détruisent la santé, les moyens de subsistance et la vie de millions de
personnes chaque année. Les accidents sont dus entre autres à des actes de violence
commis contre soi-même ou sur les autres, aux accidents de la route, aux intoxications,
aux noyades et aux brûlures. Il est cependant possible de prévenir de nombreux accidents.
Le contrôle des accidents doit être reconnu comme une priorité de santé publique
demandant une coordination entre les services de transport sanitaire et les centres de
services sociaux dans chaque pays. Afin d’assurer le succès de tels programmes de
contrôle des accidents, la participation des médecins et un leadership via la médecine,
l’éducation et la sensibilisation s’avèrent nécessaires.
Comme le dit l’Association Médicale Mondiale dans Blessures et Violence: Les faits, le
degré d’accidents est loin d’être identique partout dans le monde. En effet, 90% des morts
par accident se produisent dans pays à faibles et moyens revenus. Au sein des pays, le
degree varie aussi en fonction de la classe sociale. Les pauvres sont confrontés à une
existence et à des conditions de vie plus dangereuses que les mieux lotis. Par exemple, les
immeubles dans les communautés plus pauvres ont tendance à être plus anciens et en
demande de reparation. Les communautés pauvres sont également affectées par des taux
d’homicide plus élevés. Qui plus est, les personnes vivant dans la pauvreté ont aussi moins
accès à des soins d’urgence de qualité et à des services de reeducation. Il faut accorder
advantage d’attention à ces causes profondes d’accidents.
L’Association Médicale Mondiale exhorte les Associations Médicales Nationales à
coopérer avec les agences publiques et privées correspondantes afin de développer et de
mettre en oeuvre des programmes de contrôle pour prévenir et traiter les accidents. Ces
programmes doivent également tenter d’améliorer le traitement médical et la rééducation
des patients accidentés. Il faut accroître la recherche et l’éducation sur le contrôle des
accidents et la coopération internationale est une composante vitale et nécessaire pour la
réussite de ces programmes.
Les Associations Médicales Nationales devraient recommander l’intégration des éléments
de base suivants dans les programmes nationaux:
S-1990-01-2016 ⏐ Taipei
Contrôle des Accidents
ÉPIDÉMIOLOGIE
Pour de tels programmes, il faut au départ acquérir davantage de données qui serviront de
base aux priorités de base, aux interventions et à la recherche. Un système efficace de
surveillance des accidents devrait être établi dans chaque pays pour recueillir et intégrer
les informations. Les hôpitaux et les agences sanitaires devraient instaurer un système
complet et précis pour codifier les accidents. La gravité des accidents devrait être codifiée
de manière uniforme partout dans le monde.
PRÉVENTION
La prévention des accidents nécessite une éducation et une formation pour éduquer et
persuader les gens de changer leur comportement afin de réduire les risques d’accidents.
Les lois et les règlementations reposant sur des méthodes scientifiquement avalisées de
prévention des accidents peuvent s’avérer judicieuses pour modifier les comportements
(par ex. l’utilisation de ceintures de sécurité et de casques de protection). Ces lois doivent
à leur tour être strictes. Un système de surveillance efficace comme indiqué
précédemment contribuera à définir comment cibler d’autres tentatives de prévention. La
plannification urbaine et de la circulation devraient assurer aux résidents un environment
sécurisé.
BIOMÉCANIQUE
Une meilleure compréhension de la biomécanique des accidents et des invalidités pourrait
contribuer au développement de meilleures normes de sécurité et réglementations sur les
produits et leur conception.
TRAITEMENT
Pour améliorer la prise en charge de l’accident là où il a lieu, il faudrait un système de
communication efficace entre les premiers intervenants et les professionnels de santé dans
les hôpitaux afin de faciliter la prise de décision. Il faudrait assurer un transport à
l’hôpital rapide et sûr. Une équipe de traumatologues devrait être disponible à l’hôpital.
Des équipements et des fournitures adaptés devraient aussi petre disponibles pour soigner
les accidentés, y compris l’accès immédiat à une banque du sang. L’éducation et la
formation des traumatologues doivent être encouragées afin d’assurer à tous moments la
mise en œuvre de techniques parfaites par un nombre approprié de médecins.
RÉÉDUCATION
Les victimes de traumatismes nécessitent des soins continus axés non seulement sur la
survie mais aussi sur l’identification et la préservation de leurs fonctions résiduelles. Il
faut effectuer une rééducation visant à rétablir les fonctions biologiques, psychologiques
et sociales afin de permettre aux personnes accidentées d’avoir un maximum d’autonomie
personnelle et un mode de vie indépendant. Lorsqu’elle est possible, l’intégration dans la
communauté est un objectif souhaitable pour les personnes handicapées par un accident.
La rééducation peut aussi nécessiter des changements dans l’environnement physique et
social du patient.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1990-04-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
LES ACCIDENTS DE LA ROUTE
Adoptée par la 42e
Assemblée Médicale Mondiale, Rancho Mirage, CA., Etats-Unis,
Octobre 1990
et révisée par la 57e
Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et par la 67e
Assemblée générale, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
PRÉAMBULE
Les grands blessés et les morts que l’on dénombre dans les accidents de la route
constituent un problème de sante publique avec des conséquences équivalentes à celle des
grandes pathologies telles que le cancer ou les maladies cardio-vasculaires. Dans le
monde, 1,2 millions de personnes sont tuées chaque année sur les routes et 20 à 50
millions sont blessées. D’ici 2020, on s’attend a ce que les accidents de la route soient le
troisième élément majeur du fardeau des maladies et blessures.
Au-delà du prix personnel et social inestimable payé par les victimes d’accidents de la
route et leurs familles, les accidents de la route ont un énorme impact économique. Les
coûts économiques des traumatismes et infirmités liés aux accidents de la route, y compris
les soins d’urgence et de rééducation, le coût des invalidités et les années de vie corrigées
du facteur invalidité (AVCI) s’élèvent à 1% du PNB dans les pays pauvres et 1,5-2% dans
les pays riches. Une grosse partie de ce fardeau est prise en charge par le secteur sanitaire.
Les accidents de la route continuent à augmenter dans de nombreux pays, notamment dans
les pays à faibles et moyens revenus qui représentent actuellement 85% de tous les décès
attribuables aux accidents de la route. Les accidents de la route sont la deuxième cause
majeure de décès parmi les jeunes dans le monde entier.
La plupart des accidents de la route pourraient être évités par de meilleures mesures de
prévention. Lutter contre les accidents de la route nécessite une prise de responsabilité
partagée par des groupes et individus au niveau national et international, et au niveau des
communautés, y compris les gouvernements, les ONG, l’industrie, les professionnels de
santé publique, les ingénieurs et la justice.
La vitesse est largement reconnue comme le plus important danger en matière de sécurité
routière, impactant à la fois la vraisemblance d’un accident et sa gravité. Une
augmentation moyenne de la vitesse de 1 km/h correspond à une augmentation de 3% du
risque d’accident avec dommages corporels et de 5% de traumatismes graves ou mortels.
Les efforts pour réduire les accidents de la route et les traumatismes doivent cependant
S-1990-04-2016 ⏐ Taipei
Accidents de la Route
s’accompagner d’une « approche systématique » qui identifie et traite les multiples
facteurs qui contribuent au risque d’accidents et de traumatismes, y compris les
paramètres concernant les individus, les véhicules et la conception des routes.
Pour prévenir les accidents de la route il convient de traiter les déterminants sociaux de la
santé – les facteurs sociaux, économiques, environnementaux et politiques impactant la
santé de la population. Dans les pays à faibles et moyens revenus où il existe des
infrastructures moins sécurisées, moins de normes minimales sur la sécurité des véhicules
et des soins d’urgence de faible qualité, on y observe le plus grand nombre d’accidents de
la route. De ce fait, il y a une interaction entre les facteurs humains, les véhicules et
l’environnement avant, pendant et après une collision. Une intervention à tous ces niveaux
permettra de réduire les accidents et les dommages corporels. Une intervention efficace
requiert une éducation du public ainsi que l’implication des professionnels dans le
domaine de l’engineering, de la justice et de la santé.
Intervenir en amont vise à prévenir les accidents et à réduire les facteurs de risque.
Exemples : empêcher les conducteurs de prendre la voiture lorsqu’ils sont fatigués (surtout
les chauffeurs de poids lourds), distraits ou qui sont sous l’emprise de drogues ou d’alcool.
Les politiques nécessaires pourraient comporter une interdiction des téléphones portables
et des couvre-feux la nuit ou un permis de conduire progressif pour les jeunes
conducteurs. Les mesures en amont incluent également l’instauration de normes de
construction des véhicules pour les rendre sûrs sur la route et les brider pour éviter des
vitesses excessives. D’autres mesures de prévention des accidents incluent la mise en
place de limitations de vitesse, l’installation de radars et l’optimisation du tracé des routes.
A un deuxième niveau, l’intervention vise à prévenir ou à réduire les traumatismes liés
aux accidents. Une telle intervention comporte l’usage obligatoire de la ceinture de
sécurité et du siège enfant, le port du casque pour les cyclistes, la conception de véhicules
équipés de dispositifs de sécurité et de protection, la limitation de la vitesse, la suppression
d’objets lourds et rigides tels que les glissières en béton ou en métal, les poteaux
d’éclairage et les piliers sur le bord des routes.
Intervenir après un accident vise à tout faire pour sauver des vies et à apporter des soins
qui atténuent les traumatismes ce qui inclut une meilleure prise en charge médicale avant
l’arrivée à l’hôpital et des soins d’urgence pour les traumatisés ainsi que de la rééducation.
RECOMMANDATIONS
1. L’AMM soutient les conclusions et les recommandations clés du rapport 2015 de
l’OMS sur la prévention des accidents de la route et demande leur application par ses
AMN membres et leurs gouvernements et instances concernées.
2. Les médecins doivent considérer les accidents de la route comme un problème de
santé publique et reconnaître leurs responsabilités dans la lutte contre ce problème
mondial.
3. Les AMN et leurs membres médecins doivent persuader les gouvernements et les dé-
cideurs politiques de l’importance de cette question et contribuer à traduire les infor-
mations empiriques et scientifiques dans des politiques pragmatiques.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1990-04-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
4. Les AMN et les médecins sont des acteurs clés en matière d’éducation publique et
doivent intégrer la sécurité routière dans leurs actions de promotion de la santé.
5. Les médecins doivent s’impliquer dans la collecte et l’analyse des données sur les
accidents de la route et sur les dommages corporels qui s’en suivent, ainsi que dans la
surveillance des traumatismes.
6. Les médecins doivent contribuer à modifier l’attitude du public vis-à-vis des voyages
en voiture, y compris faire pression pour améliorer les transports publics, les pistes
cyclables et les trottoirs afin de dissuader les gens de prendre la voiture et afin de leur
faire adopter des options plus saines telles que la marche et le vélo.
7. Les médecins doivent travailler sur le facteur humain et les causes médicales des acci-
dents de la route, y compris entre autres la prise de médicaments ou certaines mala-
dies susceptibles de nuire à la capacité à conduire un véhicule, et explorer de nouvel-
les voies pour prévenir et réduire la gravité des traumatismes.
8. Les médecins doivent faire pression pour assurer la mise en place des mesures én-
oncées précédemment qui réduisent le risque et la gravité des accidents de voiture et
en évaluer l’impact.
9. Les AMN et leurs membres médecins devraient encourager la recherche et mettre au
pont des formations et des soins médicaux améliorés à tous les niveaux, y compris des
systèmes de communication et de transport efficaces pour localiser et évacuer les vic-
times, des systèmes de soins d’urgence pour assurer les premiers secours vitaux, des
soins spéciaux pour les traumatismes et des soins de rééducation. Elles devraient faire
pression pour que soient augmentées les ressources nécessaires à ces services.
S-1991-01-2016 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
LES ADOLESCENTS ET LE SUICIDE
Adoptée par la 43e
Assemblée Médicale Mondiale, St. Julians, Malte, Novembre 1991
et révisée par la 57e
Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et par la 67e
Assemblée générale de l’AMM, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
PRÉAMBULE
Au cours des dernières décennies, il s’est produit un changement important concernant
les causes de mortalité chez les adolescents. Alors que la plupart de ces derniers
mouraient précédemment d’une mort naturelle, aujourd’hui ils risquent davantage de
mourir de causes prévisibles. Ainsi assiste-t-on au niveau mondial à une augmentation du
suicide chez les jeunes dans les pays développés comme dans les pays en voie
développement. Parmi les adolescents, le suicide est actuellement l’une des causes
majeures de décès. On sous-estime probablement les suicides à cause de la stigmatisation
culturelle et religieuse liée à l’autodestruction et à un refus de voir dans certains
traumatismes, tout comme dans quelques accidents de la route, une cause volontaire.
Le suicide d’un adolescent est une tragédie affectant non seulement l’individu mais aussi
la famille, ses semblables et son entourage. Souvent, le suicide est vécu par les parents,
les amis et médecins comme un échec personnel, ces derniers se reprochant de ne pas
avoir décelé les signes d’avertissement. C’est également considéré comme un échec par
la communauté ce qui prouve bien que la société moderne souvent n’assure pas un
environnement nourricier, fraternel et sain permettant aux enfants de grandir et d’évoluer.
Il existe différents facteurs de suicide dont notamment : les troubles affectifs, les
traumatismes, la solitude émotionnelle, le manque d’estime de soi, les graves tensions
émotionnelles, les troubles alimentaires, le harcèlement ( à l’école, sur internet et le
harcèlement sexuel), les fantasmes romantiques, la recherche de sensations fortes, l’abus
de drogues et d’alcool, l’existence d’armes à feu et d’autres agents d’autodestruction
ainsi que les media rapportant des cas de suicides d’adolescents susceptibles d’inspirer
des actes similaires. De plus l’exposition prolongée au média électronique, qui concerne
principalement les adolescents au travers des jeux électroniques et des réseaux sociaux,
peut contribuer à un isolement social, à des échecs scolaires et à un mal être parmi les
jeunes.
Les jeunes dans les maisons de correction courent davantage de risques de suicide que la
population en général tout en ayant moins de moyens disponibles. Le manque de
ressources rend difficile l’identification de ceux présentant des risques suicidaires.
On constate une proportion de suicides d’adolescent plus élevée au sein des populations
Taipei⏐ S-1991-01-2016
Suicide et Adolescents
“Autochtones” de certains pays. Les raisons pour cela sont complexes.
Les adolescents sont mieux soignés lorsque les médecins délivrent des prestations
complètes, une évaluation et un traitement à caractère médical et psychosocial. Des soins
complets et permanents permettent au médecin de recueillir les renseignements
nécessaires pour identifier les adolescents présentant des risques suicidaires ou ayant un
comportement autodestructeur. Ce type de prestations aide également à établir une
relation patient-médecin socialement protectrice et susceptible de contrecarrer les
mauvaises influences que subissent les adolescents dans leur entourage.
Dans son travail de prévention du suicide des adolescents, L’Association Médicale
Mondiale reconnaît la nature complexe du développement bio-psycho-social de
l’adolescent, les mutations sociales dans le monde auxquelles sont confrontés les
adolescents et l’introduction de nouveaux agents plus létaux d’autodestruction. En
réponse à ces préoccupations, elle recommande aux Associations Médicales Nationales
d’adopter les directives suivantes pour les médecins. En agissant ainsi, nous
reconnaissons que de nombreux autres acteurs – parents, gouvernements, agences, écoles,
communautés, services sociaux – ont aussi un rôle important dans ce domaine.
RECOMMENDATIONS
1. Tout médecin doit, au cours de ses études et pendant sa formation postuniversitaire,
recevoir une formation en psychiatrie pédiatrique, y compris sur les facteurs de
risque de suicide.
2. La formation des médecins devrait permettre l’identification des premiers signes ou
des premiers symptômes de détresse physique, émotionnelle et sociale chez
l’adolescent. Ils devraient aussi être aussi formés à l’identification des signes et
troubles psychiatriques tels que la dépression, les troubles bipolaires et l’addiction à
des substances susceptibles de contribuer au suicide ainsi qu’aux autres
comportements autodestructeurs.
3. Les médecins devraient apprendre comment et quand évaluer un risque de suicide
parmi ses patients adolescents.
4. Les médecins doivent connaître et se tenir à jour des traitements, savoir où diriger
ses patients adolescents quel que soit le degré de leur comportement autodestructeur.
Les médecins ayant la plus grande formation en matière de suicide des adolescents
sont les psychiatres pédiatres et c’est à l’un d’entre eux lorsqu’il existe que devraient
être adressés les patients.
5. Les médecins devraient aussi collaborer avec d’autres personnes compétentes telles
que les travailleurs sociaux, les cadres scolaires et les psychologues spécialisés dans
le comportement des enfants et des adolescents.
6. Lorsqu’ils soignent des adolescents ayant un quelconque type de traumatisme, les
médecins doivent envisager la possibilité que ces blessures résultent d’un acte
volontaire.
7. Lorsqu’ils soignent des adolescents présentant une détérioration au niveau cognitif,
sentimental ou comportemental, il faudrait penser à l’abus de substances et
S-1991-01-2016 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
l’addiction et fixer un faible seuil au-delà duquel un test toxicologique par les urines
s’impose.
8. Les systèmes de santé doivent permettre l’organisation de consultations de santé
mentale afin de prévenir les suicides et prendre financièrement en charge les soins
médico-sociaux des patients ayant fait une tentative de suicide. Les services doivent
être adaptés aux besoins spécifiques des patients adolescents.
9. Il faudrait de mener des études épidémiologiques sur le suicide, ses facteurs de
risques ainsi que ses méthodes de prévention. Les médecins devraient être toujours
informés de telles études.
10. Lorsqu’ils soignent des adolescents présentant des troubles psychiatriques ou des
risques suicidaires, les médecins devraient éduquer les parents ou les tuteurs à être
attentifs aux signes de suicide et leur apprendre les modes d’évaluation.
11. Les médecins devraient soutenir l’identification des groupes d’adolescents à risque
avec la mobilisation de ressources identifiées spécifiquement à la prévention et la
réduction des risques.
S-1992-01-2016 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE ET L’ALCOOL
Adoptée par la 44e
Assemblée Médicale Mondiale, Marbella, Espagne, Septembre 1992
et révisée par la 57e
Assemblée Générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et la 67e
Assemblée Générale de l’AMM, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
INTRODUCTION
Les morts et blessés des accidents de la route constituent un problème majeur de santé
publique. Le rapport de situation sur la sécurité routière dans le monde de l’Organisation
Mondiale de la Santé pour 2015 indique que le total des morts causés par des accidents de
la route atteint 1,25 million dans le monde. Le taux le plus élevé est celui des pays à
faibles revenus.
La conduite en état d’ébriété a provoqué un grand nombre des morts et de blessés lié aux
accidents de la route.
La modification des comportements sur la route en matière de consommation d’alcool
serait l’approche la plus prometteuse pour prévenir les morts et les blessés de la route. Les
mesures interdisant la conduite en état d’ébriété permettront d’améliorer considérablement
la sécurité routière et de réduire sensiblement le nombre de victimes et de blesses.
CONSEQUENCES DE L’ALCOOL AU VOLANT
La conduite d’un véhicule implique l’acceptation d’un certain nombre de risques.
L’automobiliste prudent sera toujours conscient des risques tout en veillant à ce que le
niveau de risques ne dépasse jamais un niveau inacceptable. L’alcool non seulement altère
la capacité de conduire mais perturbe également l’évaluation subjective des risqué par le
conducteur qui de ce fait conduit moins prudemment.
Quelle que soit la quantité d’alcool consommée la concentration maximale dans
l’organisme est atteinte :
• Au bout d’une demi heure lorsque l’estomac est vide
• Au bout d’une heure lorsque l’alcool est consommé avec un repas.
Par ailleurs, il faut beaucoup de temps pour éliminer l’alcool. Un sujet en bonne santé
élimine l’alcool à un rythme réduisant la concentration d’alcool dans le sang de 0,1 à
0,15 g/litre/heure. La capacité à conduire demeure donc moindre bien après avoir cessé de
boire.
S-1992-01-2016 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
L’abus d’alcool a des conséquences neurologiques et psychiatriques à court et long terme
qui mettent en péril la sécurité routière.
Certains médicaments font mauvais ménage avec l’alcool. Certaines associations
notamment sont connues pour réduire la vigilance. Lorsque l’on mélange des drogues,
licites ou illicites, à de l’alcool, l’effet de l’alcool est amplifié. Ce mélange peut provoquer
des dysfonctionnements mentaux extrêmement dangereux pour les usagers de la route. Les
médecins devraient être éduqués et informés de ces faits pharmacologiques.
RECOMMANDATIONS
1. L’AMM réaffirme son engagement à œuvrer pour limiter la consommation
excessive d’alcool et à encourager des politiques et d’autres mesures visant à
limiter les dommages (Déclaration sur l’alcool de l’AMM, octobre 2015.).
2. Les médecins et les Associations Médicales Nationales devraient promouvoir et
plaider activement pour la mise en place de politiques gouvernementales basées
sur la preuve afin de réduire l’alcool au volant :Actions politiques
3. A l’heure actuelle, le taux d’alcoolémie autorisé varie d’un pays à l’autre. Même
de faibles quantités d’alcool agissent directement sur le cerveau, des troubles étant
observés à des niveaux aussi peu élevés que 0.3 grammes par litre. Il serait donc
souhaitable d’abaisser le taux maximal autorisé d’alcool dans le sang à 0,5
gramme par litre, un taux suffisamment bas pour permettre au conducteur moyen
de conserver sa capacité à évaluer les risques.
4. La prévalence particulièrement élevée dans certains pays de conducteurs sous
l’emprise de l’alcool peut justifier des politiques coercitives que les médecins et les
Associations Médicales Nationales devraient soutenir activement. Par exemple le
conducteur peut être jugé inapte à la conduite pendant un certain temps
suffisamment long pour s’assurer qu’il ne sera plus une menace pour la sécurité
routière à l’avenir.
5. Les responsables gouvernementaux devraient réfléchir à l’instauration de
restrictions sur la vente ou la disponibilité de l’alcool, peut-être par des taxes, des
systèmes d’agrément et/ou des limites sur les jours et heures de vente. Des
restrictions visant la promotion des boissons alcoolisées, y compris la publicité et
le sponsoring de manifestations, devraient être également étudiées.
6. Un âge légal minimum pour l’achat et la consommation d’alcool devrait être
appliqué dans tous les pays. Les dirigeants gouvernementaux devraient envisager
d’appliquer une loi spécifique pour les jeunes conducteurs basée sur un taux
d’alcool dans le sang faible ou ramené à zéro.
7. Des mesures strictes devraient être appliquées pour la vente de boissons
alcoolisées à des personnes n’ayant pas l’âge d’acheter et de consommer de
l’alcool. Ces mesures devraient être correctement mises en pratique.
8. Tout conducteur ayant subi un accident de la route doit subir un test d’alcoolémie
Taipei ⏐ S-1992-01-2016
Alcool et Sécurité Routière
portant sur l’alcool dans le sang ou dans l’air expiré.
9. La pratique des contrôles d’alcoolémie au hasard devrait se généraliser et il serait
bien de rechercher d’autres moyens de tester l’urine, le souffle et la salive afin
d’identifier les conducteurs à risques et prévenir ainsi la conduite ultérieure d’un
véhicule.
10. Les dispositifs empêchant des personnes dont le taux d’alcool est trop élevé à
démarrer leur moteur ou à conduire un véhicule devraient être mis au point et
expérimentés.
Actions éducatives
11. Les dispositifs empêchant des personnes dont le taux d’alcool est trop élevé à
démarrer leur moteur ou à conduire un véhicule devraient être mis au point et
expérimentés.
12. Les actions éducatives devraient promouvoir la modération et la responsabilité de
ceux qui consomment de l’alcool et tenter de réduire les probabilités de voir les
consommateurs d’alcool prendre ensuite le volant.
13. Les informations fournies par les médecins et autres professionnels de santé
devraient viser à faire prendre conscience à chacun des dangers de l’alcool au
volant. Lorsque les médecins et les autres professionnels de santé délivrent des
certificats d’aptitude à la conduite, ils peuvent profiter de l’occasion pour éduquer
les usagers de la route et passer un message sur la prévention et la responsabilité
personnelle.
14. Dans la plupart des pays, les accidents de la route liés à l’alcool concernent les
adolescents et les jeunes adultes à un degré démesurément élevé. Il faudrait
mobilier toutes les ressources disponibles pour réduire leur consommation
d’alcool. Ce problème d’alcool chez les adolescents et les jeunes adultes et son lien
avec la sécurité routière devraient figurer dans les programmes scolaires afin
qu’une attitude responsable soit la norme.
Actions cliniques et rééducatives
15. Les médecins devraient également être impliqués à limiter les risques de conduite
perturbée en participant à la désintoxication et à la réhabilitation des conducteurs
ivres. Ces initiatives devraient se baser sur une analyse approfondie du problème
tel qu’il se présente dans chaque pays ou culture. Globalement, l’alcoolisme
demeure cependant une maladie concomitante à des difficultés psychologiques ou
sociales affectant la famille, le travail ou l’environnement social.
16. Il faudrait donner aux sujets alcooliques l’accès à des services de réhabilitation.
En présence de conducteurs ayant trop d’alcool dans le sang (ou dans l’air expiré),
il faudrait étudier d’autres facteurs liés à leur alcoolisme et les intégrer à un
programme de réhabilitation. Ces programmes devraient être financés par des
fonds publics.
S-1992-01-2016 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
17. Les accidents de la route liés à la consommation d’alcool peuvent être vus comme
des signes d’autres comportements addictifs ou violents. Il faudrait en tenir compte
dans le traitement médical du patient.
Actions communautaires
18. Des intervenants compétents devraient mettre au point des stratégies afin d’assurer
un retour au domicile sans risque en cas d’alcool consommé.
19. L’objectif des politiques institutionnelles devrait être de supprimer l’alcool sur le
lieu de travail et dans des situations où les consommateurs sont obligés de prendre
le volant. La promotion des boissons non alcoolisées est un moyen important de
faciliter ces politiques.
S-1992-05-2017 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LA POLLUTION SONORE
Adoptée à la 44e
Assemblée Médicale Mondiale, Marbella, Espagne, Septembre 1992
amendée par la 58e
Assemblée Générale, Copenhague, Danemark, Octobre 2007
et réaffirmée avec une révision mineure par la 207e
session du Conseil de l’AMM,
Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PRÉAMBULE
Compte tenu de la sensibilisation accrue aux questions environnementales et des
connaissances acquises sur l’impact du bruit sur la santé, le mental, les performances et le
bien-être, il est de plus en plus reconnu que la pollution sonore est une menace grave sur la
santé publique. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) décrit le bruit comme étant la
principale nuisance environnementale des pays industrialisés.
Le bruit affecte les individus de diverses manières. Il perturbe les capacités auditives, le
système neuro-végétatif, le mental, la communication orale, le sommeil et les
performances. Le bruit étant un facteur de stress, l’organisme face au bruit consomme plus
d’énergie et s’épuise davantage. C’est pourquoi on soupçonne le bruit de créer un terrain
propice aux maladies en partie induites par le stress comme les maladies cardio-
vasculaires, avec des manifestations telles que l’hypertension, l’infarctus du myocarde,
l’angine de poitrine ou même l’apoplexie.
Sur le plan psychologique, les effets sont dramatiques. Le stress causé par la pollution
sonore est un souci majeur, non seulement dans les pays industrialisés, mais aussi de plus
en plus dans les pays en développement. Du fait de l’augmentation massive et continuelle
de la circulation, à la fois sur les routes et dans les airs, le stress lié à la pollution sonore
est en constante augmentation, dans sa durée et dans son étendue.
De même, la pollution sonore sur le lieu de travail produit de plus en plus de troubles de
l’audition d’origine professionnelle.
Les troubles auditifs provoqués par le bruit associé aux loisirs sont de plus en plus
préoccupants. La source sonore la plus fréquente dans ces moments de loisir provient de la
musique. L’oreille y est soumise par divers dispositifs audio et dans de multiples endroits
(lecteurs de musique portables, systèmes stéréo, discothèques, concerts). La plupart des
individus sous-estiment ou nient même consciemment les dégâts potentiels sur l’audition.
La question majeure (ou aspect) réside dans le fait de sensibiliser les groupes à haut risque
— généralement les jeunes. Les législateurs sont donc invités à intervenir et à limiter les
dégâts potentiels en introduisant des réducteurs sonores sur les appareils de playback, en
Chicago ⏐ S-1992-05-2017
Pollution Sonore
légiférant sur le volume sonore maximum autorisé lors des spectacles ou en interdisant les
jouets d’un niveau sonore excessif.
Fidèle à son implication dans le domaine médico-social, l’Association médicale mondiale
publie une prise de position sur la pollution sonore avec pour objectif de contribuer à la
lutte contre le bruit environnemental par une information plus complète et par une plus
grande sensibilisation.
RECOMMANDATIONS
L’Association médicale mondiale appelle les associations médicales nationales à :
1. Informer la population, notamment les personnes dont l’environnement est bruyant
ainsi que les politiques et les décideurs des dangers de la pollution sonore ;
2. Demander aux ministres des Transports et aux urbanistes de mettre au point des
concepts à même de contrecarrer le niveau croissant de la pollution sonore dans
l’environnement ;
3. Demander des dispositions légales pour lutter contre la pollution sonore dans
l’environnement ;
4. Soutenir la mise en place de plans antibruit et contrôler l’efficacité des mesures de
réduction du bruit ;
5. Informer les jeunes des risques associés à l’écoute de musique à plein volume
comme celle émanant des lecteurs de musique portables, des casques stéréo, des
systèmes audio dans les voitures, des concerts de rock et des discothèques ;
6. Inviter les instances éducatives à informer les élèves dès les premières années
d’école de l’impact du bruit sur les individus, de la manière de pallier le stress dû
au bruit dans l’environnement, du rôle de chacun en tant qu’acteur de la pollution
sonore et des risques associés à l’écoute de musique à plein volume ;
7. Informer sur les troubles de l’audition d’origine professionnelle que l’on observe
dans le secteur privé et qui résultent du fait de travailler avec de l’outillage
électrique ou d’utiliser des véhicules à moteur trop bruyants ;
8. Mettre l’accent auprès des personnes exposées à des niveaux sonores excessifs sur
leur lieu de travail de l’importance de se protéger contre les bruits irréductibles ;
9. Inciter les personnes responsables de la santé et de la sécurité au travail à prendre
de nouvelles mesures pour réduire les émissions sonores et exiger la fourniture
d’équipements de protection dans les environnements de travail à haut risque afin
d’assurer la protection sanitaire des employés sur leur lieu de travail.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1993-01-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
LA
FOUILLE CORPORELLE DE PRISONNIERS
Adoptée par la 45e
Assemblée Médicale Mondiale, Budapest, Hongrie, Octobre 1993
et révisée par la 170e
Session du Conseil, Divonne-les-Bains, France, Mai 2005
et par la 67e
Assemblée Générale de l’AMM, Taipei Taiwan, Octobre 2016
1. L’Association Médicale Mondiale adopte cette prise de position avec pour but de
guider les Associations Médicales Nationales dans l’élaboration de directives pour
leurs membres.
2. La participation d’un médecin à des fouilles des cavités corporelles dans le but
d’appliquer la loi ou d’assurer la sécurité publique s’accompagne de questions
complexes sur les droits du patient, le consentement éclairé, les obligations fiduciaires
des médecins (double loyauté) et sur leur devoir de contribuer à la sécurité publique.
Une demande de fouille des cavités corporelles place le médecin dans une position
intenable du fait de la violation potentielle des normes éthiques de sa profession. La
participation du médecin devrait être uniquement exceptionnelle.
3. Il y a plusieurs types de fouilles corporelles des prisonniers qui se pratiquent au sein
du système pénitentiaire. Parmi elles figurent les fouilles liées à la contrebande et
celles liées à des produits directement dangereux pour le prisonnier et ceux autour de
lui. Les fouilles sont diverses – depuis les moins invasives – fouilles par « palpation »
– jusqu’aux plus invasives (y compris examen de la bouche et fouilles des cavités
corporelles).
4. Les systèmes pénitentiaires prévoient dans de nombreux pays la pratique de la fouille
corporelle des prisonniers. Cette fouille consiste en un examen rectal et vaginal et peut
être effectuée au moment de l’incarcération et lors de chaque autorisation de rencontre
directe avec des personnes extérieures à l’établissement carcéral. Elle peut aussi avoir
lieu s’il y a des raisons de croire qu’une violation de la sécurité ou de la
règlementation pénitentiaire a été commise. Par exemple lorsque le prisonnier est
conduit au tribunal pour une audience, à l’hôpital pour un traitement ou pour un
travail effectué à l’extérieur ou à son retour à la prison. Dans de tels cas la fouille
corporelle concerne tous les orifices corporels. Là où les prisonniers ont un contact
direct avec les visiteurs – membres de la famille ou autre – le règlement pénitentiaire
peut imposer des fouilles des cavités corporelles. L’objectif principal de la fouille est
alors d’assurer la sécurité et/ou de prévenir l’introduction clandestine d’armes ou de
drogues dans la prison.
5. Ces fouilles sont effectuées pour des raisons de sécurité et non à des fins médicales.
Néanmoins, seules des personnes ayant une formation médicale appropriée devraient
pouvoir les mener. Dans la plupart des cas, cela signifiera une personne travaillant au
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1993-01-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
sein du système pénitentiaire et ayant été formée pour pratiquer de telles fouilles. Cette
personne ne devrait pas être un médecin sauf dans des circonstances inhabituelles ou
spécifiques.
6. L’obligation du médecin de fournir des soins au prisonnier peut être compromise par
une obligation de participer au système sécuritaire de la prison. Un médecin devrait
chercher autant que possible à ne pas être impliqué dans des fouilles corporelles. Toute
directive de fouille devrait être distinguée du devoir de soins global du médecin afin de
protéger la relation patient/médecin.
7. Dans des cas exceptionnels les autorités pénitentiaires peuvent demander à que la
fouille soit menée par un médecin. Le médecin décidera alors si la participation
médicale est nécessaire et agira en conséquence et de manière éthique.
8. Si la fouille risque, dans le cas où elle est menée par quelqu’un de moins compétent,
de provoquer des dommages, par exemple si la personne prisonnière est une femme
enceinte ou une personne souffrant de graves hémorroïdes, cet acte non médical peut
être accompli par un médecin afin de ne pas nuire au prisonnier. Le médecin doit
l’expliquer au prisonnier. Il devra aussi lui expliquer qu’il n’effectue pas la fouille en
tant que médecin soignant mais pour la sécurité du patient et en tant que mission
imposée par les autorités pénitentiaires et que cette mission ne s’inscrit pas dans une
relation médecin-patient. Le médecin devrait informer le prisonnier que les règles
habituelles du secret professionnel ne s’appliquent pas au cours de cette procédure et
que les résultats de la fouille seront révélés aux autorités. Si un médecin est dûment
mandaté par une autorité et accepte de procéder à une fouille corporelle sur un
prisonnier pour la sécurité du patient, les autorités devraient être informées de la
nécessité de mener cette procédure d’une manière humaine.
9. Si la fouille est effectuée par un médecin, il ne devrait pas s’agir du médecin qui
ensuite soignera le prisonnier.
10. Les examens forcés ne sont éthiquement pas acceptables et les médecins ne doivent
pas les effectuer. Si le prisonnier acquiesce à une fouille, le médecin ou toute personne
effectuant une fouille des cavités corporelles devrait veiller à ce que le prisonnier soit
totalement informé de ce qui va être fait, y compris le lieu où la fouille sera menée.
11. Les fouilles devraient se faire d’une façon humaine et si possible dans un local privé,
confidentiel qui respecte le prisonnier. La personne chargée des fouilles devrait être du
même sexe que le prisonnier soumis aux fouilles. Dans le cas de personnes
transsexuelles, on devrait d’abord leur demander le sexe auquel elles s’identifient.
12. L’Association Médicale Mondiale demande instamment que tous les gouvernements et
autorités responsables de la sécurité publique reconnaissent que les fouilles invasives
constituent une grave atteinte à la vie privée et à la dignité de la personne et présentent
un risque d’atteinte corporelle et psychologique. Par conséquent, dans la mesure où
cela ne compromet pas la sécurité publique, l’Association Médicale Mondiale
demande le respect des recommandations suivantes:
• Recours à d’autres méthodes pour les contrôles de routine des prisonniers, y
compris les scans à ultrasons et autres, et recours à la fouille corporelle qu’en
Taipei ⏐ S-1993-01-2016
Fouille Corporelle de Prisonniers
dernier recours.
• Bannir l’accroupissement au dessus de miroirs pour un examen de l’anus avec
l’obligation pour le prisonnier de pousser. Il s’agit là d’une procédure dégradante
et donc on peut remettre en question la fiabilité ;
• Si une fouille de cavité corporelle s’impose, les autorités publiques responsables
doivent veiller à ce que le personnel l’effectue de manière humaine, que ce
personnel soit du même sexe que le prisonnier et qu’il possède les connaissances et
les compétences médicales suffisantes pour pouvoir l’effectuer en toute sécurité;
• Ces mêmes autorités doivent garantir le respect de l’intimité et de la dignité de
l’individu
13. La participation d’un médecin à des fouilles des cavités corporelles devrait avoir un
caractère exceptionnel. Dans de tels cas, le devoir de fouille devrait être distingué de la
délivrance de soins par le médecin.
14. Enfin, l’Association Médicale Mondiale demande instamment aux gouvernements et
aux autorités publiques responsables que les fouilles corporelles soient effectuées par
un médecin qualifié, chaque fois que l’exige l’état physique de l’individu. La demande
spécifique, émise par le prisonnier, d’avoir affaire à un médecin sera, dans toute la
mesure du possible, respectée.
15. Dans des cas spécifiques, il est possible que l’autorité pénitentiaire demande elle-
même à ce que la fouille soit pratiquée par un médecin pour le bien-être du
prisonnier. Dans un tel cas, le médecin décidera si une participation médicale est
effectivement nécessaire et agira en conséquence et de manière éthique.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1993-02-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
LA MUTILATION GÉNITALE FÉMININE
Adoptée par la 45e
Assemblée Médicale Mondiale, Budapest, Hongrie, Octobre 1993
et révisée par la 170e
Session du Conseil, Divonne-les-Bains, France, Mai 2005
et par la 67e
Assemblée Générale de l’AMM, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
PREAMBULE
L’Association Médicale Mondiale rallie d’autres agences internationales pour condamner
la pratique de la mutilation génitale des femmes et des jeunes filles et s’oppose à la
participation des médecins dans ces pratiques.
L’arrêt des mutilations génitales féminines (MGF) requiert d’agir sur la mise en œuvre
stricte des lois interdisant cette pratique, des soins médicaux et psychologiques pour les
femmes victimes et la prévention des MGF par le biais de l’éducation, l’évaluation des
risques, la détection précoce et l’engagement des responsables des communautés.
La MGF est une pratique courante dans plus de 30 pays. Le terme MGF s’utilise pour
parler de différentes formes de chirurgie, mutilant ou incisant les parties génitales
féminines externes. Le terme circoncision féminine ne s’utilise plus car il suggère une
équivalence avec la circoncision masculine ce qui est aussi bien inexact que contre
productif. La plupart des jeunes filles subissent une MGF/C entre 7 et 10 ans. Ces
incisions ne reposent sur aucun fondement médical et sont souvent pratiquées par une
personne non qualifiée dans un environnement privé d’hygiène.
La MGF dans toutes ses formes est une violation des droits humains des jeunes filles et
des femmes. Il s’agit en effet d’une procédure dommageable effectuée sur une enfant qui
ne peut pas donner un consentement valable. Conséquence des migrations, un nombre
croissant de jeunes filles vivant en dehors de pays où la pratique est commune sont
touchées.
Respecter les normes sociales des migrants pose de plus en plus de problèmes aux
médecins et à la communauté au sens plus large.
En raison de son impact sur la santé physique et mentale des femmes et des enfants et
parce qu’il s’agit d’une violation des droits humains, la MGF est un motif de
préoccupation pour les médecins. Partout dans le monde, les médecins sont confrontés aux
effets de cette pratique traditionnelle. On risque de leur demander d’exécuter cette
opération mutilante ou de restaurer les effets de la chirurgie mutilante sur les patientes
après que l’accouchement ait réouvert l’entrée du vagin.
S-1993-02-2016 ⏐ Taipei
Mutilation Génitale Féminine
Il existe plusieurs formes de MGF classées par l’OMS[1] . Ce peut être une procédure
primaire, effectuée sur les jeunes filles, d’ordinaire entre 5 et 12 ans, ou une procédure
secondaire, telle celle effectuée après un accouchement par exemple. L’importance de la
procédure primaire peut varier: de l’excision du prépuce pré clitoridien jusqu’à une
mutilation maximale dite infibulation pharaonique qui consiste en partie en l’ablation du
clitoris et des petites lèvres et en la suture des grandes lèvres de sorte que seule une
ouverture minimale subsiste pour permettre l’écoulement de l’urine et du sang des règles.
La plupart des procédures se situent quelque part entre ces deux extrêmes.
Le terme circoncision féminine tout en n’étant plus utilisé, demeure parfois utile, familier
et facilement accessible dans le contexte des consultations médecin-patiente.
La MGF n’apporte aucun bienfait en termes de santé. Elle est dommageable pour les
jeunes filles et les femmes de multiples façons, quelle que soit la procédure appliquée. Les
recherches montrent de graves dommages permanents pour la santé, dont : les
hémorragies, les infections, la rétention urinaire, le saignement d’organes adjacents, des
chocs et des hyperalgies. Les complications à long terme incluent d’importantes cicatrices,
des infections chroniques de la vessie et des voies urinaires, des complications d’ordre
obstétrique et urologique ainsi que des problèmes sociaux et psychologiques. La MGF a
des conséquences graves sur la sexualité et son vécu dont la perte de capacité d’avoir un
orgasme. Il y a aussi de nombreuses complications pendant l’accouchement, y compris
des problèmes d’expulsion, la formation de fistules et des déchirements traumatiques des
tissus vulvaires.
Maintes raisons sont avancées pour poursuivre la pratique de la MGF: les coutumes, la
tradition communautaire (préserver la virginité des jeunes filles et limiter la sexualité des
femmes) et en tant que démarche initiatique à la vie de femme. Ces raisons ne justifient
pas les dégâts considérables au niveau de la santé physique et mentale.
Aucune des grandes religions ne prône cette pratique qui est sinon souvent et à tort
associée à des croyances religieuses. La MGF est une forme de violence habituellement
perpétuée sur les jeunes femmes et jeunes filles et constituant un manque de respect pour
leur individualité, leur liberté et leur autonomie.
Les médecins peuvent se retrouver face à des parents à la recherche d’un médecin pour
réaliser une MGF ou avoir connaissance de parents cherchant à emmener les filles dans
des endroits où la procédure est communément pratiquée. Ils doivent être préparés à
intervenir pour protéger les jeunes filles.
Les associations médicales devraient préparer des conseils sur la manière de gérer ces
demandes en recourant éventuellement aux lois locales de protection de l’enfance contre
toute maltraitance et éventuellement à la police et à d’autres instances.
Les patientes ayant subi une MGF et qui accouchent peuvent éventuellement demander
aux médecins de restaurer les résultats de la MGF. Ceux-ci devraient pouvoir gérer de
telles demandes et s’appuyer sur des ressources éducatives adéquates pour être en mesure
de discuter avec les patientes de l’option médicalement approuvée d’une réparation des
dommages liés à une MGF et à un accouchement. Les médecins ont aussi la responsabilité
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1993-02-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
de discuter avec les époux des patientes, avec le consentement de celles-ci, qui pourraient
sinon demander une « restauration » de la MGF si le médecin ne leur a pas fourni toutes
les explications sur les dommages provoqués la MGF.
Dans certains pays, les médecins et autres professionnels de santé ont de plus en plus
tendance à effectuer des MGF car ils souhaitent limiter les risques que cela implique.
Certains praticiens pensent peut-être que la médicalisation de la procédure est une
avancée vers son éradication. Pratiquer la MGF est une violation de l’éthique médicale et
des droits humains et l’implication des médecins peut lui accorder une certaine crédibilité.
Dans la majorité des pays, le fait de pratiquer cette intervention est illégal.
Plusieurs gouvernements ont promulgué des lois interdisant la MGF, considérée comme
un acte criminel.
RECOMMANDATIONS
1. Tout en prenant en compte les besoins psychologiques et « l’identité culturelle »
des populations impliquées, les médecins se devraient expliquer les dangers et les
conséquences de la MGF et dissuader de pratiquer ou de promouvoir la MGF.
Dans leur exercice les médecins devraient inclure la promotion de la santé des
femmes et les conseils visant à rejeter la MGF.
2. Les médecins devraient contribuer à éduquer les professionnels de santé et
travailler avec la communauté locale, les responsables dans le domaine culturel et
social pour les former sur les conséquences néfastes de la MGF. Ils devraient
soutenir les personnes qui veulent mettre un terme à la MGF et la création de
programmes communautaires pour proscrire la pratique, apportant des
informations médicales sur ses effets dévastateurs, le cas échéant.
3. Il y a des campagnes actives contre la MGF menées par des femmes leaders et des
chefs d’état en Afrique et ailleurs. Ces campagnes ont donné lieu à la publication
de prises de position fortes contre cette pratique.
4. Les médecins devraient travailler avec des groupes tels que ceux-là et d’autres qui
prennent en charge des femmes enceintes, comme par exemple les sages femmes,
les infirmières et les accoucheurs afin de s’assurer que tous les praticiens ont les
informations nécessaires et pertinentes sur la MGF.
5. Les médecins devraient coopérer avec toutes les stratégies légales de prévention
lorsqu’une enfant risque de subir une MGF.
6. Les Associations Médicales Nationales doivent sensibiliser le public et les
professionnels sur les effets préjudiciables de la MGF.
7. Les Associations Médicales Nationales devraient s’assurer que l’éducation et la
sensibilisation sur la MGF font partie de leurs activités de défense/sensibilisation
dans le cadre de la prévention de la violence envers les femmes et les jeunes filles.
S-1993-02-2016 ⏐ Taipei
Mutilation Génitale Féminine
8. Les Associations Médicales Nationales devraient travailler avec les leaders
d’opinion, les encourageant à devenir des avocats actifs contre la MGF.
9. Les Associations Médicales Nationales doivent encourager les actions
gouvernementales visant à prévenir la pratique de la MGF. Cela devrait inclure des
programmes de défense/sensibilisation soutenus et l’instauration d’une législation
interdisant la MGF.
10. Les Associations Médicales Nationales doivent interdire l’implication des
médecins dans la pratique des MGF, y compris la ré-infibulation après
accouchement. Les médecins devraient être encouragés à pratiquer une chirurgie
reconstructive sur les femmes ayant subi une MGF. Les médecins devraient
chercher à s’assurer de la disponibilité de soins médicaux et psychologiques
adéquats (et sans jugement) pour les femmes ayant subi une MGF.
11. Les médecins devraient savoir que les risques liés à la MGF peuvent justifier
d’enfreindre la confidentialité du patient et permettre de divulguer des informations
aux services sociaux et autres afin de protéger une enfant contre de graves
dommages.
[1] La MGF peut être classée en quatre catégories: clitoridectomie, excision, infibulation, autres
procédures dommageables dont la ponction, le percement, l’incision, la scarification et la
cautérisation de la zone.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1993-03-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LA PROTECTION DES INTÉRÊTS DU PATIENT
Adoptée par la 45e
Assemblée Médicale Mondiale, Budapest, Hongrie, Octobre 1993
révisée par 57e
Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et réaffirmée par la 203e
Session du Conseil de l’AMM, Buenos Aires, Argentine,
Avril 2016
PREAMBULE
Les médecins ont le devoir éthique et la responsabilité professionnelle d’agir, en toutes
circonstances, dans le meilleur intérêt de leurs patients, sans considération d’âge, de sexe,
d’orientation sexuelle, de capacités ou d’handicaps physiques, de race, de religion, de cul-
ture, de croyances, d’appartenance politique, de moyens financiers ou de nationalité.
Cette mission inclut la protection des intérêts des patients, à la fois en tant que groupe (ex.
défendre les questions de santé publique) et en tant qu’individus.
Parfois, cette mission peut interférer avec les autres obligations juridiques, éthiques et/ou
professionnelles du médecin ce qui crée alors des dilemmes sociaux, professionnels et
éthiques au médecin.
Dans certains contextes, le médecin peut être confronté à d’éventuels conflits vis-à-vis de
son obligation de protéger ses patients:
1. Conflit entre l’obligation de défense des intérêts et le secret professionnel – Un méde-
cin est tenu sur le plan éthique et souvent sur le plan légal d’assurer la confidentialité
des informations de santé du patient ainsi que d’autres informations que le patient lui
transmet dans le cadre de son exercice professionnel. Un conflit est alors possible
dans la mesure où le médecin a une obligation de protection du patient, protection que
le patient peut être incapable d’assurer lui-même.
2. Conflit entre les meilleurs intérêts du patient et les dictats des employeurs ou des
assureurs – Souvent il existe un conflit potentiel entre le devoir du médecin d’agir dans
le meilleur intérêt de ses patients et les dictats de l’employeur du médecin ou la com-
pagnie d’assurances dont les décisions peuvent être dictées par des critères économi-
ques ou administratifs, sans corrélation avec la santé du patient. Par exemple, un
assureur peut demander de prescrire uniquement un médicament spécifique alors que
le médecin pense qu’un autre médicament serait mieux adapté à un patient donné.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1993-03-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
Autre exemple, un assureur qui refuse de prendre en charge un traitement que le mé-
decin juge nécessaire.
3. Conflit entre les intérêts du patient et ceux de la société – L’obligation première du
médecin est certes celle envers ses patients mais dans certaines circonstances, le
médecin peut avoir une responsabilité envers la famille du patient et/ou envers la
société. Ce type de conflit peut se produire entre le patient et sa famille, dans le cas de
mineurs ou de patients jugés incapables, ou dans un contexte de ressources limitées.
4. Conflit entre le souhait du patient et le jugement professionnel du médecin ou les
valeurs morales – Les patients sont censés être les meilleurs défenseurs de leurs in-
térêts et, en général, un médecin doit protéger et accéder au souhait du patient. Toute-
fois, dans certaines circonstances, ce souhait peut être contraire au jugement profes-
sionnel du médecin ou à ses valeurs personnelles.
RECOMMANDATIONS
1. L’obligation de confidentialité doit prévaloir sauf dans les cas où le médecin est
légalement ou éthiquement contraint de révéler les informations afin de protéger la
sécurité du patient, des tiers ou de la société. Dans de tels cas, le médecin doit s’effor-
cer de signifier au patient qu’il est dans l’obligation de rompre la confidentialité et doit
lui en expliquer les raisons à moins que cela ne soit clairement déconseillé (par ex.
dans le cas où le patient proférerait des menaces). Dans certaines situations telles que
le dépistage génétique ou celui du VIH, les médecins doivent discuter avec leurs pa-
tients avant d’effectuer les tests. Ce sont des cas où il pourra éventuellement être né-
cessaire de rompre le secret professionnel.
Le non respect de la confidentialité dans le but de protéger le patient est licite
uniquement lorsque le patient est mineur ou incapable (ex. abus sur les enfants ou sur
les personnes âgées) et uniquement lors-qu’aucune autre solution n’existe. Dans tous
les autres cas, la confidentialité ne peut être rompue qu’avec le consentement du
patient ou de son représentant légal ou pour les besoins du traitement quand, par
exemple, des médecins doivent se consulter. Si la confidentialité doit être rompue, il
faut s’en tenir au strict nécessaire et mettre dans le secret uniquement les parties ou les
autorités concernées.
2. Dans tous les cas où les obligations du médecin envers son patient sont en conflit avec
les dictats administratifs de l’employeur ou de l’assureur, le médecin doit s’efforcer de
faire changer d’avis l’employeur ou l’assureur. En dernier ressort, c’est son obligation
vis-à-vis du patient qui primera.
Des mécanismes doivent exister pour protéger les médecins qui souhaitent contester
les décisions des employeurs/assureurs sans pour autant mettre en péril leur activité
ainsi que pour résoudre les désaccords entre les professionnels de la médecine et les
gestionnaires en matière d’allocation de res-sources. De tels mécanismes doivent être
stipulés dans les contrats d’embauche des praticiens. Ces contrats doivent attester que
les obligations éthiques des praticiens sur-passent les obligations purement
contractuelles inhérentes à l’emploi.
3. Un médecin doit être conscient et tenir compte des facteurs économiques ou autres
avant de prendre une décision thérapeutique. Néanmoins, un médecin a une obligation
S-1993-03-2016 ⏐ Buenos Aires
Protection des Intérêts du Patient
de plaider pour que ses patients aient accès au meilleur traitement disponible. Dans
tous les cas de conflit entre les obligations du médecin vis-à-vis de son patient et
celles vis-à-vis de la famille du patient ou de la société, les obligations envers le pa-
tient doivent généralement prendre le pas sur les autres.
4. Les patients capables ont le droit de définir, sur la base de leurs besoins, de leurs
valeurs et de leurs préférences, ce qui pour eux constitue le meilleur type de traite-
ment, dans une situation donnée.
On ne doit cependant pas demander aux médecins de prendre part à toute procédure
contraire à leurs valeurs personnelles ou à leur juge-ment professionnel à moins que la
situation présente un caractère d’urgence. Lorsqu’il n’y a pas d’urgence, le médecin
doit expliquer au patient pourquoi il n’est pas en me-sure de répondre à son souhait et
doit l’adresser à un autre médecin, si nécessaire.
S-1994-01-2017 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
L’ÉTHIQUE MÉDICALE DANS LES SITUATIONS DE CATASTROPHES
Adoptée par la 46e
Assemblée générale, Stockholm, Suède, Septembre 1994
révisée par la 57e
Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et la 68e
Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PRÉAMBULE
1. Selon la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-
Rouge (FICR), une catastrophe consiste en un événement soudain et désastreux qui
perturbe gravement le fonctionnement d’une communauté ou d’une société et cause
des pertes humaines, matérielles et économiques ou environnementales dépassant les
capacités de la société ou de la communauté à faire face à l’aide de ses propres
ressources. Bien qu’étant souvent causées par la nature, les catastrophes peuvent aussi
avoir une origine humaine.
Cette définition exclut les situations consécutives à des conflits et des guerres,
nationaux ou internationaux, qui donnent lieu à d’autres problèmes qui dépassent le
cadre du présent document.
2. Les catastrophes conduisent souvent à des dégâts matériels considérables, à des
déplacements massifs de populations, à des troubles sociaux notables et font de
nombreuses victimes. Une préparation adaptée permettrait de réduire la probabilité et
la gravité des conséquences d’une catastrophe et de protéger les personnes, en
particulier les plus vulnérables.
Ce document s’attache principalement aux aspects médicaux des catastrophes. D’un
point de vue médical, les situations de catastrophe se caractérisent par un déséquilibre
aigu et imprévu entre les ressources et les capacités des professionnels de la santé et
les besoins des survivants blessés et dont la vie est menacée, pendant une période
donnée.
3. Les catastrophes, quelle qu’en soit la cause, partagent un certain nombre d’aspects :
3.1. Leur caractère soudain et inattendu, mais souvent prévisible, qui exige une
réaction immédiate.
3.2. Les dégâts matériels ou naturels, qui rendent l’accès aux survivants difficile,
voire dangereux.
3.3. Le déplacement ou le mouvement, souvent massif, de personnes.
S-1994-01-2017 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
3.4. Les effets néfastes sur la santé, causés notamment par les blessures physiques
et les traumatismes liés à l’énergie dégagée par la catastrophe, les
conséquences directes et indirectes de la pollution, les risques d’épidémie, les
traumatismes psychologiques et émotionnels, ainsi que les facteurs tels que
l’accès réduit à la nourriture, à l’eau potable, à un abri, à des soins médicaux et
d’autres déterminants sociaux de la santé.
3.5. Un contexte d’insécurité appelant parfois des mesures de police ou militaires
visant le maintien de l’ordre.
3.6. Une couverture médiatique et l’utilisation des réseaux sociaux.
4. Les catastrophes nécessitent des réponses multiples impliquant des secours de
différentes natures qui vont du transport à l’approvisionnement en nourriture en
passant par les soins médicaux. Les médecins seront vraisemblablement impliqués
dans des opérations de coordination impliquant d’autres personnes, par exemple celles
chargées de faire appliquer la loi. Ces opérations demandent une autorité efficace et
centralisée, coordonnant les actions publiques et privées.
Les sauveteurs et médecins sont confrontés à des circonstances exceptionnelles
nécessitant continuellement des normes médicales et éthiques. C’est ainsi que l’on
assure un traitement des survivants de la catastrophe conforme aux principes éthiques
de base et non influencé par d’autres motivations. L’insuffisance ou la
désorganisation des moyens médicaux sur place et un grand nombre de blessés en peu
de temps posent des défis éthiques particuliers.
RECOMMANDATIONS
5. Les professionnels de santé sont au service des patients et de la société à tout moment
et en toutes circonstances. Les médecins doivent donc s’engager sincèrement à
remédier aux conséquences sanitaires des catastrophes, sans excuse ni retard.
6. L’Association médicale mondiale (AMM) réaffirme sa Déclaration de Montevideo
sur la préparation aux catastrophes et la réponse médicale (octobre 2011) en
recommandant la création d’une formation adéquate des médecins, une cartographie
précise des informations sur les moyens sanitaires et une sensibilisation des
gouvernements pour assurer la planification des soins cliniques.
7. L’AMM rappelle que la priorité est d’assurer la sécurité personnelle des médecins et
d’autres intervenants dans les situations de catastrophes (Déclaration sur la protection
du personnel de santé, octobre 2014).
Les médecins et les autres intervenants doivent avoir à leur disposition tous les
équipements médicaux et de protection nécessaires et en état de marche.
8. L’AMM recommande également les principes et procédures éthiques dans le cadre du
rôle joué par les médecins dans des situations de catastrophe.
Chicago ⏐ S-1994-01-2017
Catastrophes
8.1 Un système de triage peut s’avérer nécessaire pour déterminer les cas
prioritaires à traiter. Bien que le triage conduise souvent à ce que des
personnes gravement blessées ne reçoivent que de quoi soulager leurs
symptômes, comme des analgésiques, ces systèmes sont éthiques, à condition
qu’ils soient conformes aux normes applicables. Manifester du souci et de la
compassion en dépit de l’obligation d’affecter des ressources limitées
constitue un aspect essentiel du triage.
En principe, le triage doit être confié à des médecins agréés et expérimentés ou
à des équipes de médecins secondés par un personnel compétent. Les cas
pouvant évoluer et changer de catégorie, il est essentiel que la personne
chargée du triage réévalue régulièrement la situation.
8.2 Les positions suivantes s’appliquent aux cas d’urgence dépassée :
8.2.1. Le médecin agit conformément à l’éthique lorsqu’il ne s’acharne pas à
tout prix à soigner des personnels « en urgence dépassée », préservant
ainsi les faibles ressources requises ailleurs. La décision de ne pas soigner
une personne blessée en raison des priorités dictées par la situation de
catastrophe ne peut pas être considérée comme une non-assistance à
personne en danger de mort. Elle se justifie lorsqu’elle a pour objectif de
sauver le maximum de personnes. Le médecin doit toutefois montrer de la
compassion envers de tels patients et respecter leur dignité, par exemple
en les séparant des autres et en leur administrant des antidouleurs et des
sédatifs appropriés, et si possible en demandant à quelqu’un de rester avec
cette personne pour qu’elle ne soit pas seule.
8.2.2 Le médecin doit agir selon les besoins des patients et les ressources
disponibles. Il doit tenter de fixer des priorités de traitement afin de sauver
le plus grand nombre de vies et de réduire le plus possible la morbidité.
8.3 Relations avec les patients
8.3.1 En sélectionnant les patients qui peuvent être sauvés, le médecin ne doit
tenir compte que de leur état médical et de leur probable réaction positive
au traitement, en excluant toute autre considération à caractère non
médical.
8.3.2 Les survivants d’une catastrophe ont droit au même respect que les autres
patients et le meilleur traitement disponible doit leur être administré avec
leur consentement éclairé.
8.4 L’après catastrophe
8.4.1 Dans la période qui suit la catastrophe, il faut prendre en compte les
besoins des survivants. Beaucoup peuvent avoir perdu des membres de
leur famille et être en état de détresse psychologique. La dignité des
survivants et de leurs familles doit être respectée.
S-1994-01-2017 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
8.4.2 Le médecin doit respecter les coutumes, les rites et les religions des
patients et agir en toute impartialité.
8.4.3 Dans la mesure du possible, il convient de conserver des dossiers détaillés
où figure une description de toute difficulté rencontrée. L’identification
des patients, y compris ceux qui sont décédés doit également y figurer.
8.5 Médias et tiers
Il convient que les médecins tiennent compte de la présence inévitable des
médias à la suite d’une catastrophe. Le travail des médias doit être respecté et
facilité en fonction de ce qu’exigent les circonstances. Au besoin, les médecins
sont habilités à restreindre l’accès aux locaux médicaux aux reporters. Il
convient que du personnel bien formé prenne en charge les relations avec les
médias.
Le médecin a le devoir vis-à-vis de chaque patient de faire preuve de
discrétion et d’assurer la confidentialité dans ses rapports avec les tiers. Le
médecin doit aussi se montrer prudent, objectif et agir avec dignité et respecter
l’atmosphère émotionnelle et politique entourant les situations de catastrophe.
Tous les journalistes, et notamment les caméramans doivent obtenir le
consentement explicite des patients qu’ils filment. Les médecins doivent
respecter les mêmes exigences de discrétions et de confidentialité dans
l’utilisation des médias sociaux.
8.6 Devoirs du personnel paramédical
Les principes éthiques qui s’appliquent aux médecins en situation de
catastrophe s’appliquent également aux autres professionnels de santé.
8.7 Formation
L’Association médicale mondiale recommande d’intégrer une formation à la
médecine de catastrophe dans les cycles d’études universitaires ou
postuniversitaires des médecins.
8.8 Responsabilité
8.8.1 L’Association médicale mondiale appelle les gouvernements et les
compagnies d’assurances à couvrir à la fois la responsabilité civile et les
dommages personnels qu’encourent les médecins en exercice dans une
situation de catastrophe ou d’urgence. Une telle couverture devrait
également comporter une assurance vie et une assurance en cas de
handicap physique pour toutes les personnes qui sont blessées ou qui
meurent dans l’exercice de leur fonction.
8.8.2 L’AMM demande que les gouvernements :
Chicago ⏐ S-1994-01-2017
Catastrophes
• Assure la préparation du système de santé pour qu’il puisse servir en
situation d’urgence.
• Partagent les informations relatives à la santé publique, de manière exacte
et en temps utile.
• Acceptent la participation de médecins étrangers lorsque leur qualification
est prouvée sans discrimination, qu’elle soit basée par ex. sur des critères
tels que l’affiliation (entre autres Croix-Rouge, Croissant-Rouge, CICR et
autres organisations compétentes), la race ou la religion.
• Accordent la priorité aux services médicaux sur toute autre préoccupation
qui pourrait retarder la prise en charge des patients.
S-1995-02-2015 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LES PROBLÈMES ÉTHIQUES CONCERNANT
LES PATIENTS ATTEINTS DE MALADIE MENTALE
Adoptée par la 47e
Assemblée générale, Bali, Indonésie, Septembre 1995
et révisée par la 57e
Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et la 66e
Assemblée générale de l’AMM, Moscou, Russie, Octobre 2015
Historiquement, de nombreuses sociétés ont considéré les patients atteints de maladie
mentale comme une menace pour leur entourage plutôt que comme des personnes
nécessitant une assistance et des soins. Faute de traitement efficace, pour prévenir un
comportement autodestructeur ou dommageable pour les autres de nombreuses personnes
atteintes de maladie mentale étaient enfermées dans des asiles pendant tout ou partie de
leur existence.
Actuellement, les progrès accomplis dans les traitements psychiatriques permettent une
meilleure prise en charge des patients atteints de maladies mentales. Des médicaments
efficaces et avoir pour résultat une guérison totale, une rémission d’une durée plus ou
moins longue des patients présentant des pathologies plus sévères.
L’adoption en 2006 de la Convention des Nations Unies sur les droits des personnes
handicapées a constitué une étape majeure qui a permis de considérer les personnes
handicapées comme des membres à part entière de la société avec les mêmes droits que
toute autre personne. Il s’agit du premier traité sur les droits humains du 21e siècle. Il vise
à promouvoir, protéger et renforcer les droits humains et la dignité de toutes les personnes
handicapées, y compris celles souffrant de troubles mentaux.
Les personnes atteintes de pathologies mentales majeures et celles atteintes de troubles de
l’apprentissage ont le même droit aux services de prévention et aux programmes de
promotion de la santé que les autres membres de la communauté. Souvent elles en ont
davantage besoin car elles ont plus tendance à avoir un mode de vie malsain.
Les patients présentant une morbidité psychiatrique peuvent aussi avoir une maladie non
psychiatrique. Ces personnes atteintes d’une maladie mentale ont le même droit aux
soins que tout autre patient. Les psychiatres et les autres professionnels de santé assurant
des services de santé mentale devraient adresser les patients à d’autres professionnels
appropriés lorsque ces patients ont besoin de soins médicaux. Les professionnels de santé
ne devraient jamais refuser de fournir les soins requis uniquement parce le patient a une
maladie mentale.
Moscou ⏐ S-1995-02-2015
Patients atteints de Maladies Mentales
Les médecins ont les mêmes obligations envers tous les patients y compris ceux atteints de
maladie mentale. Les psychiatres ou les autres médecins qui traitent des patients ayant une
maladie mentale doivent se conformer aux mêmes normes éthiques que tout autre
médecin.
La première obligation du médecin est celle envers le patient et non pas de servir comme
agent de la société, sauf dans des circonstances où un patient est clairement dangereux
pour lui-même ou les autres en raison de sa maladie mentale.
PESPONSABILITES ETHIQUES DES MEDECINS
La stigmatisation et la discrimination associées à la psychiatrie et aux maladies mentales
doivent être éliminées. La stigmatisation et la discrimination risquent de dissuader les
personnes en difficulté de recourir à une aide médicale, ce qui aggrave leur cas et leur fait
courir des risques au niveau émotionnel ou physique.
Les médecins ont la responsabilité de respecter l’autonomie de tous les patients. Lorsque
des patients en traitement pour une maladie mentale sont capables de prendre des
décisions, ils ont le même droit à décider de leurs soins que tout autre patient. La capacité
à décider étant spécifique à la décision à prendre et pouvant évoluer dans le temps, y
compris en fonction du résultat du traitement, les médecins doivent continuellement
évaluer la capacité du patient. Lorsqu’un patient est dans l’incapacité de prendre une
décision, les médecins devraient demander le consentement d’un représentant légal en
application de la loi en vigueur.
La relation thérapeutique entre le médecin et le patient est fondée sur la confiance
mutuelle. Les médecins ont la responsabilité de demander le consentement éclairé des
patients pour un traitement y compris les patients traités pour maladie mentale. Les
médecins devraient informer tous les patients de la nature de leur trouble psychiatrique ou
autres troubles médicaux, des bénéfices attendus, des résultats et des risques du traitement.
Les médecins devraient toujours baser leurs recommandations de traitement sur leur
meilleur jugement professionnel et traiter tous les patients avec sollicitude et respect, quel
que soit le milieu de soins. Les médecins exerçant dans un établissement psychiatrique,
une structure militaire ou pénitentiaire, peuvent se trouver confrontés à des responsabilités
envers la société qui créent des conflits avec l’obligation première du médecin envers le
patient. Dans de telles situations, les médecins devraient révéler le conflit d’intérêts afin
de minimiser l’éventuel sentiment de trahison de la part du patient.
L’hospitalisation ou le traitement forcé de personnes atteintes de maladies mentales
suscite une controverse éthique. Alors que la législation en matière d’hospitalisation et de
traitement forcés diffère partout dans le monde, on reconnaît généralement que cette
décision de traiter sans le consentement éclairé du patient ou contre la volonté du patient
se justifie éthiquement uniquement dans les cas suivants : (a) de graves troubles mentaux
empêchant la personne de décider elle-même du traitement ; et/ou (b) la présence d’un
danger probable pour le patient lui-même ou pour les autres. L’hospitalisation ou le
traitement forcé devrait être exceptionnel et les médecins devraient y recourir que
lorsqu’il est bien prouvé qu’une telle décision est médicalement appropriée et nécessaire.
S-1995-02-2015 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
Ils devraient s’assurer que la personne est hospitalisée pour la plus courte durée possible
compte tenu des circonstances. Dans toute la mesure du possible et en accord avec les lois
locales, les médecins devraient inclure une personne en charge de la défense des droits du
patient dans le processus de décision.
Les médecins doivent protéger la confidentialité et la vie privée de tous les patients doit
être préservée. Lorsque la loi l’exige, le médecin doit divulguer uniquement les
informations requises et seulement à l’entité légalement autorisée à faire une telle
demande. Lorsque des banques de données autorisent l’accès ou la transmission des
informations d’une autorité à une autre la confidentialité doit être respectée et un tel accès
ou une telle transmission doit se faire en totale conformité avec la loi en vigueur.
La participation à la recherche de personnes ayant une maladie psychiatrique doit se faire
en total accord avec les recommandations de la Déclaration d’Helsinki.
Les médecins ne doivent jamais profiter de leur position professionnelle pour violer la
dignité des droits humains qu’il s’agisse d’une personne ou d’un groupe et ne doivent
jamais laisser leurs souhaits personnels, leurs besoins, leurs sentiments, leurs préjugés ou
leurs croyances interférer avec le traitement d’un patient. Les médecins ne doivent jamais
abuser de leur autorité ou tirer profit de la vulnérabilité d’un patient.
RECOMMANDATION
L’Association Médicale Mondiale et les Associations Médicales Nationales sont
encouragées à :
1. Diffuser cette prise de position et affirmer les fondements éthiques dans le cadre
du traitement des patients atteints de maladie mentale.
2. En agissant ainsi, demander le respect total à tout instant de la dignité et des droits
humains des patients atteints de maladie mentale ;
3. Sensibiliser davantage sur les responsabilités des médecins pour favoriser le bien-
être et les droits des patients atteints de maladie mentale.
4. Promouvoir la reconnaissance des relations privilégiées entre le patient et le
médecin basées sur la confiance, le professionnalisme et la confidentialité.
5. Plaider en faveur de ressources adéquates pour répondre aux besoins des personnes
atteintes de maladie mentale.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1995-04-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LES MÉDECINS ET LA SANTÉ PUBLIQUE
Adoptée par la 47e
Assemblée générale, Bali, Indonésie, Septembre 1995
et révisée par la 57e
Assemblée Générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et par la 67e
Assemblée Générale de l’AMM, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
La santé d’une communauté ou d’une population se définit par plusieurs facteurs qui vont
au-delà des causes traditionnellement comprises de la maladie. Les déterminants sociaux
de la santé comportent des facteurs qui touchent aux choix de mode de vie, aux facteurs
qui affectent l’environnement physique, psychosocial et environnemental dans lequel
vivent les individus et aux facteurs qui affectent les services de santé mis à la disposition
des personnes. La santé publique implique le contrôle, l’évaluation et la planification d’un
ensemble de programmes et d’activités ciblés sur les besoins identifiés de la population.
Le secteur public devrait pouvoir accomplir ce rôle efficacement afin d’optimiser la santé
collective. Une composante clé de la politique de santé publique devrait être l’intégration
et l’égalité en matière de santé, les agences de santé publique doivent être particulièrement
attentives aux populations et communautés dont les conditions sociales, économiques et
politiques leur font courir davantage de risques sanitaires qu’à la population en général.
Les médecins et leurs associations professionnelles ont une responsabilité éthique et
professionnelle de toujours agir dans le plus grand intérêt des patients. Cela implique de
collaborer avec les agences de santé publique pour intégrer les soins médicaux des patients
individuels en promouvant plus largement la santé du public.
Les fonctions clés des agences de santé publique sont les suivantes :
Promotion de la santé :
• Travailler avec les prestataires de santé afin d’informer le public en général et lui
permettre de participer activement à la prévention et au contrôle des maladies, en
adoptant des modes de vie sains et en utilisant les services médicaux de manière
adéquate;
• Veiller à ce que les conditions contribuant à une bonne santé, entre autres des
services médicaux de grande qualité, un approvisionnement en eau potable, une
bonne alimentation, une atmosphère non polluée tout comme des possibilités
d’activités physiques et récréatives, soient disponibles pour toute la population ;
S-1995-04-2016 ⏐ Taipei
Santé Publique
• Travailler avec les autorités publiques responsables pour créer une politique
publique saine et un contexte favorable à des choix de vie sains et développer un
capital humain et social.
Prévention : garantir un accès au dépistage, aux autres services de prévention et aux
soins pour toute la population.
Protection : contrôler et protéger la santé des communautés contre les maladies
transmissibles et l’exposition aux polluants toxiques, les risques professionnels, les
produits nocifs et les services de santé de mauvaise qualité. Il faut pour cela fixer des
priorités, établir des programmes de première nécessité, se procurer les ressources
nécessaires et garantir l’existence des services de laboratoires de santé publique
nécessaires.
Surveillance : identifier l’apparition de maladies infectieuses et les caractéristiques des
maladies chroniques, établir des programmes de prévention ou de contrôle appropriés;
Evaluation de la santé de la population : évaluer les besoins sanitaires de la population,
organiser les ressources disponibles pour répondre à ces besoins et élaborer une politique
sanitaire en réponse aux besoins des communautés et de la nation.
Les programmes et actions spécifiques menés dans chaque juridiction (locale ou nationale)
dépendront des problèmes et des besoins identifiés, de l’organisation du système de santé,
de la nature et des objectifs, des différents partenariats mis en place et des ressources
disponibles pour répondre aux besoins identifiés.
Les agences de santé publique bénéficient largement du soutien et de l’étroite
collaboration des médecins et de leurs associations professionnelles. La santé d’une
communauté ou d’une nation se mesure à la santé de tous ses citoyens. Les problèmes de
santé qui touchent une personne et que l’on peut éviter affectent la santé et les ressources
de l’ensemble de la communauté. L’efficacité de nombreux programmes de santé publique
dépend donc de la collaboration active des médecins et de leurs associations
professionnelles avec les agences de santé publique et les autres agences
gouvernementales ou non gouvernementales.
Le secteur médical et le secteur de la santé publique devraient collaborer efficacement sur
la diffusion des informations de santé publique et des programmes éducatifs qui assurent
la promotion de modes de vie sains et réduisent les risques sanitaires y compris ceux liés
au tabac, à l’alcool et aux autres drogues, à une vie sexuelle augmentant les risques de
transmission du VIH et des maladies sexuellement transmissibles, à une mauvaise
diététique et à l’absence d’activités physiques, à une immunisation incorrecte pendant
l’enfance. Par exemple, l’éducation en matière de santé peut grandement réduire la
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1995-04-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
morbidité et la mortalité infantiles (entre autres en encourageant l’allaitement maternel et
en éduquant les parents sur la diététique, le tout avec une assistance au travail et au sein de
la communauté).
Les agences de santé publique sont officiellement avant tout chargées de la surveillance
des maladies, de l’investigation et du contrôle. Ces activités ne peuvent pas être menées à
bien sans la coopération et le soutien actifs des médecins au niveau communautaire. Ces
derniers connaissent la typologie des maladies individuelles et communautaires et peuvent
donc avertir rapidement les autorités sanitaires des problèmes nécessitant de plus amples
recherches ou des décisions. Par exemple, les médecins peuvent aider à identifier les
populations à hauts risques dans les cas de maladies comme la tuberculose et signaler les
cas de maladies contagieuses comme la rougeole, la coqueluche ou certaines causes
infectieuses de diarrhées tout comme les expositions au plomb ou à d’autres produits
chimiques et substances toxiques au sein de la communauté ou sur le lieu de travail. Une
collaboration étroite entre les agences de santé publique et les médecins ainsi qu’avec les
autres professionnels de santé est indispensable pour un suivi efficace des maladies.
Indépendamment de l’efficacité des programmes de santé publique existants dans une
juridiction, les associations médicales professionnelles devraient être conscientes des
besoins sanitaires non satisfaits dans leurs communautés et les nations devraient prôner
des actions, des programmes et des ressources pour répondre à ces besoins. Ces efforts
pourraient porter sur des domaines tels que l’éducation publique pour la promotion de la
santé et la prévention des maladies, la gestion et le contrôle des dangers liés à
l’environnement, l’identification et l’information sur les effets néfastes pour la santé des
problèmes sociaux tels que la violence interpersonnelle ou les pratiques sociales nuisibles,
l’identification et la promotion des services permettant d’améliorer la préparation aux
traitements d’urgence.
Dans les juridictions où les services de santé de base sont insuffisants, les associations
médicales doivent travailler avec les autres agences et groupes de santé afin d’établir des
priorités de défense et d’action. Par exemple, dans un pays ou une région aux ressources
limitées n’offrant ni eau potable ni réseau d’assainissement à la plupart de ses habitants,
ces besoins devront être prioritaires sur les technologies médicales qui ne profiteraient
qu’à une petite partie de la population.
Certains problèmes de santé sont extrêmement complexes et comportent des réponses à
plusieurs niveaux. Par exemple, les personnes ayant un taux élevé de plomb dans le sang
nécessitent certes un traitement médical approprié mais il faut aussi déterminer la source
de la contamination et prendre des mesures pour éliminer le danger. Parfois, les politiques
favorisant la santé publique inquiètent en raison de leur impact possible sur le plan
économique. Par exemple, les vives réactions face à l’impact économique potentiel des
politiques anti- tabac peuvent provenir de régions ou de groupes qui tirent d’importants
S-1995-04-2016 ⏐ Taipei
Santé Publique
revenus de la culture ou de la transformation du tabac Cependant, les préoccupations
économiques ne doivent pas entraver un programme vigoureux de défense de la santé
publique combattant la consommation du tabac. La promotion du tabac sous toutes ses
formes devrait faire l’objet d’une opposition vigoureuse. Tous les efforts devraient être
entrepris pour réduire la consommation du tabac dans les pays développés et les pays en
voie de développement.
Les médecins et leurs associations devraient collaborer avec les autorités politiques et les
autres organisations pour encourager les média à envoyer des messages positifs pour
l’éducation sanitaire ayant trait à la diététique, à la consommation de drogues, aux
maladies sexuellement transmissibles, aux risques cardiovasculaires etc.
Les associations médicales devraient demander à leurs membres de bien informer les
patients de l’existence de services de santé publique.
S-1996-01-2019 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LA RÉSISTANCE AUX ANTIMICROBIENS
Adoptée par la 48e
Assemblée Générale, Somerset West, Afrique du Sud, Octobre 1996
et révisée par la 59e
Assemblée Générale de l’AMM, Séoul, Corée, Octobre 2008
et par la 70e
Assemblée Générale, Tbilissi, Géorgie, Octobre 2019
PREAMBULE
La résistance aux antimicrobiens (RAM) constitue une menace croissante pour la santé
publique mondiale, qui dépasse les frontières nationales et les divisions
socioéconomiques. La résistance aux antimicrobiens met en péril la santé humaine,
animale et environnementale. C’est une crise aux multiples facettes, avec de lourdes
conséquences sur les plans humain, sanitaire et économique.
La lutte contre la résistance aux antimicrobiens est devenue une priorité sanitaire absolue
au niveau mondial et incombe à tous les pays.
Les médicaments antimicrobiens sont un élément essentiel de la médecine moderne : ils
permettent de limiter les risques de procédures complexes comme la chirurgie ou la
chimiothérapie.
La résistance aux antimicrobiens menace l’efficacité de la prévention et du traitement d’un
nombre croissant d’infections causées par des bactéries, des parasites, des virus et des
champignons.
Une résistance aux antimicrobiens apparaît lorsque des microorganismes développent une
capacité de résistance à l’action des médicaments antimicrobiens (tels que les
antibiotiques, les antifongiques, les antipaludiques et les anthelminthiques).
De plus en plus de rapports font état d’infections causées par les bactéries résistantes à de
multiples catégories d’antibiotiques.
Bien que l’apparition d’une résistance aux antimicrobiens soit un phénomène tout à fait
naturel de l’évolution, elle est exacerbée par une surutilisation et un mauvais usage des
antimicrobiens en médecine humaine et vétérinaire ainsi qu’en agriculture et par son
emploi comme stimulateur de croissance ou comme agent de prévention sur des animaux
sains.
L’apparition et la propagation de la résistance aux antimicrobiens est en outre aggravée
par l’accès restreint à des médicaments efficaces, la vente libre d’antibiotiques dans
S-1996-01-2019 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
certains pays, la disponibilité de produits de mauvaise qualité, voire contrefaits, la
mauvaise utilisation des antibiotiques dans la production alimentaire, l’essor des
déplacements internationaux, le tourisme et le commerce médicaux et la faible application
des mesures de lutte contre les infections.
L’autre facteur principal de la résistance aux antimicrobiens est la dissémination
d’antibiotiques dans l’environnement, soit du fait de mauvaises pratiques de fabrication ou
d’élimination des médicaments non utilisés, soit par les déjections humaines et animales,
soit par l’élimination inadéquate des cadavres d’humains et d’animaux.
Dans de nombreux pays, notamment ceux à revenu faible ou moyen, l’accès à des
médicaments antimicrobiens efficaces et à des techniques complémentaires, de diagnostic
ou de vaccination par exemple, reste une gageure, aggravant la RAM.
Les conséquences de la RAM ne se mesurent pas seulement sur le plan de la santé
humaine mais aussi sur le plan économique. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a
averti que la résistance aux antimicrobiens avait atteint des niveaux alarmants dans de
nombreuses régions du monde et qu’à ce rythme, elle causerait la mort de 10 millions de
personnes par an et une diminution de 2 à 3,5 % du PIB mondial d’ici 2050.
À l’allure à laquelle se propage la résistance aux antimicrobiens à travers le monde, elle
compromet fortement la réalisation des Objectifs de développement durable des Nations
unies et sape les efforts de réduction des inégalités de santé. Sans une action
transectorielle harmonisée et coordonnée à l’échelle internationale, le monde se dirige vers
une ère post-antibiotique à laquelle des infections courantes et des blessures mineures
pourront de nouveau tuer.
La résistance antimicrobienne fait désormais partie des priorités au plus haut niveau
politique, notamment pour l’assemblée générale des Nations unies. Elle est également
inscrite à l’ordre du jour du G7 et du G20.
Il est nécessaire d’adopter une approche de type « un monde, une santé » (« One Health »)
pour réduire au minimum l’utilisation inadaptée ou superflue des antimicrobiens ainsi que
pour prévenir et lutter contre la transmission de la résistance existante. Une approche du
type « un monde, une santé » permettrait d’assumer qu’il est nécessaire d’agir dans les
domaines de la médecine humaine et vétérinaire, mais aussi de l’agriculture.
RECOMMANDATIONS
Recommandations générales
1. Dans la population en général et dans les soins de santé, la principale mesure de
prévention des infections consiste à réduire la demande d’antibiotiques. Pour ce
faire, il convient de s’attaquer aux déterminants sociaux des maladies infectieuses
comme la précarité des conditions de vie et le manque d’assainissement, des
mesures qui se traduiront par la diminution des inégalités de santé et de la
Tbilisi⏐ S-1996-01-2019
Résistance aux Antimicrobiens
résistance aux antimicrobiens.
2. Les nations disposent de différentes ressources pour lutter contre la résistance aux
antimicrobiens et doivent coopérer avec l’Organisation mondiale de la santé,
l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et
l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), qui promeuvent le plan
d’action mondial qui sert de cadre aux plans d’action nationaux.
3. L’Association médicale mondiale (AMM) et ses membres constituants devraient
plaider pour :
• un financement de la surveillance des infections résistantes aux médicaments,
tant en médecine humaine et vétérinaire que dans les secteurs de l’agriculture,
de la production halieutique et de l’agroalimentaire, ainsi que pour une
coopération internationale en matière de procédures de partage des données en
vue d’améliorer les réponses au niveau mondial ;
• l’examen, par l’OMS et les autres agences onusiennes du rôle des accords sur
le commerce international et des déplacements internationaux dans la
propagation de la résistance aux antimicrobiens et la promotion de
l’intégration, dans ces accords, de garanties contre la prolifération des
pathogènes résistants aux médicaments dans l’alimentation ;
• l’appui de l’OMS aux mesures d’assouplissement des aspects des droits de
propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) pour assurer
l’accès à des médicaments de qualité à des prix abordables et son opposition à
la multiplication des dispositions dites « ADPIC-plus » de ces accords, qui
limitent ces assouplissements pourtant efficaces ;
• l’emploi généralisé de techniques fiables telles que des systèmes de traçabilité
pour assurer l’authenticité des produits pharmaceutiques ;
• un accès égalitaire et un usage approprié des médicaments antimicrobiens de
qualité existants et à venir, ce qui exige l’application efficace des listes des
médicaments essentiels de l’OMS portant sur les antimicrobiens, à savoir ceux
auxquels l’accès est indispensable, ceux à utiliser avec précaution et ceux à
n’utiliser qu’en dernier recours. Pour que le programme d’action mondial de
l’OMS et les programmes d’action nationaux soient efficaces, l’accès aux
établissements de santé, aux professionnels de santé, aux vétérinaires, aux
connaissances, à l’instruction et aux informations est vital ;
• un recours massif à la vaccination pour lutter contre la résistance aux
antimicrobiens, ce qui permettra de réduire le fardeau des maladies infectieuses
et par voie de conséquence de réduire le besoin d’antimicrobiens, limitant ainsi
l’apparition d’une résistance à ces derniers ;
• que les organisations internationales chargées de la santé et les gouvernements
amplifient leurs actions, se coordonnent pour promouvoir une utilisation
appropriée des antibiotiques et travaillent ensemble à réduire la résistance aux
antimicrobiens par une approche de type « un monde, une santé », qui
reconnaisse que les santés humaine, animale et environnementale sont
inextricablement liées afin d’enrayer la propagation de la résistance.
4. L’Association médicale mondiale et ses membres constituants devraient
S-1996-01-2019 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
encourager leurs gouvernements respectifs à :
• accroître le financement de la recherche fondamentale et appliquée visant à
mettre au point des agents antimicrobiens, des outils de diagnostic et des
vaccins (notamment des vaccins antimicrobiens innovants) et à bien utiliser ces
dispositifs thérapeutiques ;
• assurer l’équilibre entre les ressources financières et techniques pour le
développement de médicaments antimicrobiens, de vaccins et d’outils de
diagnostic innovants ainsi que de méthodes novatrices de prévention et de lutte
contre les infections, à la fois dans les domaines de la médecine humaine et
vétérinaire et dans l’agriculture ;
• appuyer des efforts de recherche et développement de nouveaux agents et
vaccins antimicrobiens et de tests de diagnostic rapide qui soient dictés par les
besoins et conformes aux principes détaillés dans la déclaration politique issue
de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies sur la
résistance aux agents antimicrobiens, adoptée en septembre 2016, à savoir
l’accessibilité financière, l’efficacité, l’efficience et l’équité;
• prendre des mesures règlementaires en vue de maîtriser la pollution
environnementale qui permet la dissémination des gènes résistants aux
antibiotiques dans le sol, l’eau et l’air.
• former un nombre suffisant de spécialistes en maladies infectieuses cliniques
dans chaque pays, condition indispensable pour combattre la résistance aux
antimicrobiens et les infections acquises à l’hôpital.
Au niveau national
1. Les membres constituants devraient exhorter leurs gouvernements à :
• exiger que les agents antimicrobiens ne soient disponibles que sur prescription
d’un professionnel de santé ou un vétérinaire et distribués ou vendus par des
professionnels ;
• lancer des campagnes nationales de sensibilisation aux conséquences
dangereuses d’une surutilisation et d’un mauvais usage des antibiotiques
auprès du grand public. Ces campagnes devraient être appuyées par la fixation
d’objectifs nationaux pour accroître la sensibilisation de la population ;
• soutenir leurs associations professionnelles, la société civile et les systèmes de
soins de santé afin qu’ils supervisent l’adoption de comportements adéquats
éprouvés en vue d’assurer un emploi approprié des antibiotiques et de mettre
fin à leur surutilisation ;
• assurer l’accès à des outils de diagnostic adéquats et utilisables sur les lieux
d’intervention tels que les hôpitaux ou les cliniques afin d’informer les
processus de décision et ainsi éviter la prescription inadaptée d’antibiotiques ;
• commander le recueil de données sur l’usage d’antibiotiques, les prescriptions,
les prix, les profils de résistance et les échanges commerciaux, tant dans le
domaine de la prestation de soins de santé que dans celui de l’agriculture. Ces
données devraient être mises à la disposition du grand public ;
• appuyer la mise en œuvre de programmes efficaces de gestion antimicrobienne
et de formation au bon usage des agents antimicrobiens et à la lutte contre les
Tbilisi⏐ S-1996-01-2019
Résistance aux Antimicrobiens
infections ;
• poursuivre activement le déploiement d’un système de surveillance national de
fourniture des antimicrobiens et de la résistance aux antimicrobiens. Les
données issues de ce système devraient être comparées ou intégrées à celles du
réseau mondial de veille de l’OMS.
• Le suivi de l’utilisation d’antimicrobiens dans l’élevage et la production
alimentaire doit être suffisamment précis pour assurer l’obligation de rendre
des comptes.
2. Les membres constituants devraient :
• encourager les facultés de médecine et les programmes de formation continue à
renouveler leurs efforts pour former les médecins à l’emploi approprié des
antibiotiques, y compris à leur utilisation en pratique ambulatoire et aux bonnes
pratiques de lutte contre les infections. Les médecins pourront à leur tour
informer le grand public ;
• encourager la formation de leurs membres aux différents aspects de la
résistance aux antimicrobiens, y compris la bonne gestion des antimicrobiens,
leur bonne utilisation et les mesures de lutte contre les infections, y compris
l’hygiène des mains ;
• plaider pour la publication et la communication d’informations locales relatives
aux modèles de résistance, aux directives cliniques et aux options de traitement
recommandées aux médecins ;
• en collaboration avec les autorités vétérinaires, encourager les gouvernements à
restreindre, par des mesures règlementaires, l’utilisation des antibiotiques dans
l’agriculture, notamment l’élevage, y compris leur emploi à des fins de
prophylaxie et de stimulation de la croissance et à n’autoriser que les catégories
d’antimicrobiens essentiels en médecine humaine ;
• soutenir une règlementation qui empêche les conflits d’intérêts entre
vétérinaires lorsque ces derniers sont à la fois prescripteurs et vendeurs
d’antibiotiques;
• envisager d’utiliser les réseaux sociaux pour informer le grand public et
promouvoir les bonnes utilisation et élimination des antibiotiques ;
• encourager les parents à respecter pour leurs enfants les calendriers de
vaccination recommandés. Les adultes également devraient avoir facilement
accès aux vaccins contre la grippe et les infections à pneumocoque, entre
autres.
Au niveau local
1. Les professionnels de la santé et les systèmes de santé ont un rôle essentiel à jouer
dans la préservation des médicaments antimicrobiens.
2. Les médecins devraient :
• avoir accès à des informations exactes, fiables, scientifiquement fondées et
exemptes de tout conflit d’intérêts et mener, ou à tout le moins participer
activement aux programme de bonne gestion mis en place par les hôpitaux, les
S-1996-01-2019 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
cliniques et les autorités pour améliorer l’utilisation des antibiotiques ;
• sensibiliser leurs patients à l’antibiothérapie, à ses risques et ses avantages, à
l’importance du strict respect du traitement prescrit, aux bonnes pratique de
prévention des infections et aux problèmes que pose la résistance aux
antibiotiques ;
• promouvoir les mesures d’hygiène (notamment d’hygiène des mains) et les
autres mesures de prévention des infections et assurer qu’elles sont respectées.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1996-02-2010
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LA VIOLENCE DANS LA FAMILLE
Adoptée par la 48e
Assemblée générale, Somerset West, Afrique du Sud, Octobre 1996
révisée par la 57e
Assemblée Générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et la 61e
Assemblée générale de l’AMM, Vancouver, Canada, Octobre 2010
PRÉAMBULE
L’Association Médicale Mondiale, fortement préoccupée par la violence en tant que
problème de santé publique, rappelle la Déclaration de l’Association Médicale Mondiale
de Hong Kong sur les mauvais traitements des personnes âgées et la Déclaration de
l’Association Médicale Mondiale sur les mauvais traitements et la négligence envers les
enfants, et exhorte les associations médicales nationales à intensifier et déployer leurs
efforts pour traiter le problème de la violence dans la famille.
Le terme de violence dans la famille est utilisé pour désigner les mauvais traitements
physiques et/ou psychologiques infligés par une relation intime de la victime. Il englobe la
violence conjugale (parfois connue sous le nom de conjoints, de maris et de femmes
battues), les mauvais traitements, l’abandon et la violence sexuelle sur des enfants, les
mau-vais traitements des personnes âgées et un grand nombre d’agressions sexuelles. La
violence dans la famille est présente dans tous les pays du monde et ne connaît pas de
barrières sexuelles, raciales, ethniques, religieuses et socio-économiques. Bien que dif-
féremment définie d’une culture à l’autre, la violence dans la famille représente, en vertu
du nombre de décès, de sévices et de traumatismes dont elle est la cause, un problème
majeur de santé publique. Pour beaucoup de victimes, les préjudices corporels ou psy-
chologiques peuvent signifier une incapacité chronique ou permanente. La violence dans
la famille est liée à l’augmentation des risques de dépression, d’anxiété, d’abus des dro-
gues, et de comportement préjudiciable contre soi-même, y compris le suicide. Souvent,
les victimes de mauvais traitements commettent elles-mêmes par la suite des actes de vio-
lence ou sont entraînées dans des relations de violence. Bien que ce document traite
essentiellement de la protection de la victime, les besoins de celui qui commet des actes de
violence ne devraient pas être négligés.
Bien que les causes de la violence dans la famille soient complexes, on en connaît certains
facteurs. On citera notamment la pauvreté, le chômage et autres formes de stress exogène,
un comportement d’acceptation de la violence pour résoudre les conflits, l’abus des dro-
gues, l’abus d’alcool, la rigidité des rôles masculin et féminin, le manque d’autorité
parentale, l’ambiguïté des rôles dans la famille, le manque de réalisme des attentes for-
mulées par les membres de la famille, les conflits entre les membres de famille, la réalité
ou la virtualité de la vulnérabilité physique ou psychologique des victimes par les auteurs
de la violence, leur recherche du pouvoir et du contrôle d’autrui, et l’isolation sociale de la
famille, entre autres.
S-1996-02-2010 ⏐ Vancouver
Violence dans la Famille
POSITION
Il est de plus en plus nécessaire d’aborder la réflexion et les mesures pratiques contre la
violence de façon globale plutôt que de se concentrer sur un type particulier de victime ou
de communauté. Dans de nombreuses familles, lorsque l’un des conjoints, par exemple, est
maltraité, il est fort possible que les enfants et/ou les personnes âgées le soient également,
souvent par une seule et même personne. Par ailleurs, il existe de solides preuves que les
enfants, victimes de mauvais traitements ou témoins de violences à l’égard d’un autre mem-
bre de la famille, présentent de plus grands risques de revivre plus tard, à l’adolescence ou
à l’âge adulte, une situation dans laquelle ils seront de nouveau les victimes ou les auteurs
de mauvais traitements. Enfin, l’analyse de données plus récentes fait apparaître que les
victimes de violence dans la famille, du moins dans certaines cultures, peuvent également
commettre des violences à l’encontre des relations non intimes. Cela veut dire que la vio-
lence dans la famille pourra non seulement avoir des répercussions sur le développement
de la violence au niveau de la famille, mais aussi au niveau plus large de la société
Les médecins et les associations médicales nationales devraient condamner des pratiques
aussi violentes que les meurtres liés à la dot et les crimes d’honneur.
Les médecins et les associations médicales nationales devraient s’opposer à la pratique du
mariage des enfants.
Les médecins ont un rôle important à jouer dans la prévention et le traitement de la vio-
lence dans la famille. Naturellement, ils traiteront les préjudices, les maladies et problèmes
psychiatriques des victimes de mauvais traitements. Mais aussi, dans le cadre de la rela-
tion thérapeutique médecin/patient, ils peuvent aider la victime à leur confier qu’elle est ou
qu’elle a été victime de mauvais traitements. Ils doivent régulièrement se renseigner sur
d’éventuelles violences, notamment lorsqu’ils se trouvent en présence de symptômes clini-
ques qui peuvent être associés à de mauvais traitements. Ils peuvent aider les patients à
trouver les moyens d’assurer leur sécurité et d’avoir l’accès aux ressources de la commu-
nauté qui leur apporteront la protection et/ou l’intervention nécessaire. Ils peuvent infor-
mer les parents de l’évolution et des effets préjudiciables de la violence dans la famille, de
la façon de gérer le stress, des différentes possibilités de traitement de la santé mentale et,
à titre préventif, des comportements qu’ils doivent adopter. Enfin, les médecins, en leur
qualité de citoyens, de notables de la communauté, et de spécialistes, peuvent prendre part
à des activités locales et nationales dont le but est de diminuer la violence dans la famille.
Les médecins reconnaissent que les victimes de violence trouvent peut-être difficile de
faire confiance à leur médecin dès le départ. Les médecins doivent être préparés à devoir
instaurer une relation de confiance au fil du temps avec leur patient pour que ce dernier
accepte des conseils, de l’aide et une intervention.
RECOMMANDATIONS
L’AMM recommande que les ANM adoptent les directives suivantes pour les médecins:
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1996-02-2010
Manuel des Politiques de l’AMM
• Tous les médecins devraient recevoir une formation appropriée aux aspects
médicaux, sociologiques, psychologiques et préventifs de toutes les formes de vio-
lence dans la famille. Cette formation devrait comprendre notamment une forma-
tion médicale générale de base, un enseignement spécialisé au cours de la forma-
tion postuniversitaire et de la formation médicale continue sur la violence dans la
famille. Des instructions adéquates doivent être données aux participants sur le
rôle que joue le sexe, le pouvoir et d’autres éléments de la dynamique familiale
dans la présence de la violence au sein de la famille. La formation devrait égale-
ment porter sur la manière de rassembler des preuves et de signaler les cas de mau-
vais traitements.
• Les médecins devront savoir faire un historique approprié des mauvais traitements
présents ou passés en tenant compte de la sensibilité culturelle de leur patient.
• Les médecins devraient toujours examiner et prêter attention à la présence de
signes révélateurs de mauvais traitements présents ou passés, dans le cadre d’un
dépistage général ou en réaction à des constatations cliniques symptomatiques.
• Les médecins devraient être incités à mettre à disposition des fiches, des bro-
chures, des vidéos et autres matériels éducatifs dans les salles de réception et ser-
vices d’urgence afin d’offrir aux patients une information générale en matière de
violence dans la famille et de leur faire connaître les secours et services dont ils
peuvent disposer localement.
• Les médecins devraient avoir connaissance des services sociaux, communautaires
et autres pouvant aider les victimes de la violence. Ils devraient les utiliser et y
envoyer leurs patients en cas de besoin.
• Les médecins ont l’obligation d’envisager le signalement aux services de protec-
tion appropriés des cas de violence suspectée contre les enfants et les autres mem-
bres de la famille qui ne disposent pas de la capacité jurique.
• Les médecins devraient être bien conscients de la nécessité de conserver la con-
fidentialité dans les cas de violence familiale.
• Les médecins devraient être encouragés à prendre part aux activités commu-
nautaires dont l’objectif est de réduire l’importance et l’impact de la violence dans
la famille.
• Les médecins devraient être incités à s’abstenir de porter des jugements sur les
personnes en situation de violence familiale, de façon à accroître leur influence
auprès des victimes, des survivants et des auteurs. Il faudrait par exemple juger
l’attitude et non la personne.
• Les associations médicales nationales devraient encourager et faciliter la coordi-
nation des actions de lutte contre la violence dans la famille, entre les composantes
du système de soins de santé, les systèmes de justice criminelle, les organes
chargés de l’application des lois, les tribunaux pour les enfants et les affaires fa-
miliales ainsi que les organisations d’aide aux victimes. Elles devraient aussi sou-
tenir la prise de conscience par l’opinion publique et l’éducation de la commu-
nauté.
• Les associations médicales nationales devraient encourager et faciliter la recherche
afin de comprendre la prévalence, les facteurs de risques et les conséquences de la
violence, et une prestation de soins optimale pour les victimes.
S-1996-04-2017 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LE PLANNING FAMILIAL ET LE DROIT DES FEMMES
À LA CONTRACEPTION
Adoptée par la 48e
Assemblée Générale, Somerset West, Afrique du Sud, Octobre 1996
amendée par la 58e
Assemblée Générale, Copenhague, Danemark, Octobre 2007
et réaffirmée avec une révision mineure par la 207e
session du Conseil de l’AMM,
Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PRÉAMBULE
L’AMM reconnaît que des grossesses non désirées ou trop rapprochées peuvent affecter
gravement la santé d’une femme et de ses enfants. Le décès prématuré des femmes fait
partie des conséquences néfastes de grossesses non désirées. Lorsque les familles sont
dans l’incapacité d’assumer tous leurs enfants, ces derniers peuvent également souffrir de
dénutrition, de négligence ou d’abandon et donc en mourir ou être en mauvaise santé. Leur
vie sociale et leur épanouissement peuvent également être mis à mal.
L’AMM rappelle sa Déclaration d’Ottawa sur la santé des enfants et promeut les droits
universels aux soins de santé pour tous les enfants à travers le monde.
L’AMM reconnaît les avantages que représente pour les femmes le fait de pouvoir
contrôler leur fertilité. Elles doivent être aidées à la contrôler et à en parler avec leurs
partenaires. La possibilité d’agir par choix et non par hasard est une composante principale
de la santé physique et mentale des femmes tout comme de leur bien-être social.
L’accès à des méthodes appropriées de contrôle de la fertilité n’est pas universel ; de
nombreuses femmes parmi les plus pauvres au monde n’y ont pas du tout accès. Connaître
le fonctionnement de son corps, savoir comment contrôler sa fertilité et les éléments requis
pour faire de tels choix font partie des droits de l’homme universels et fondamentaux pour
toutes les femmes.
L’objectif 5 de développement durable, cible 6 appelle à assurer l’accès de tous aux soins
de santé sexuelle et procréative… ».
RECOMMANDATIONS
L’AMM recommande aux associations médicales nationales :
• De promouvoir l’éducation à la planification familiale, en travaillant avec les
gouvernements, les ONG et d’autres entités pour fournir des services et une
Chicago ⏐ S-1996-04-2017
Droit des Femmes et planning Familial
assistance de haute qualité et fiables ;
• D’exiger des gouvernements qu’ils fassent en sorte que ces informations, ces
documents, ces produits et ces services soient disponibles pour toutes sans
considération de nationalité, de croyance, de couleur, de race, de religion ou de
statut social.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1996-05-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LES ARMES DE GUERRE ET LEUR RELATION À LA VIE ET À LA SANTÉ
Adoptée par la 48e
Assemblée générale, Somerset West, Afrique du Sud, Octobre 1996
révisée sur le plan rédactionnel à la 174e
Session du Conseil, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et révisée par la 67e
Assemblée Générale, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
PRÉAMBULE
Rappelant sa Déclaration de Washington sur les armes biologiques, sa Résolution sur
l’interdiction des armes chimiques et sa Prise de position sur les armes nucléaires,
l’Association Médicale Mondiale condamne l’utilisation de tout type d’armes –
conventionnelles, biologiques, chimiques et nucléaires – ayant le potentiel de générer
d’immenses souffrances humaines et la mort en résultant, conjointement aux effets
catastrophiques sur l’écosystème de la planète, à une réduction de l’approvisionnement
alimentaire mondial et à une augmentation de la pauvreté. L’utilisation de telles armes
contre des êtres humains est en contradiction avec les devoirs et responsabilités des
médecins, à savoir préserver la vie.
Lorsque les nations entrent en guerre ou développent leurs armes, elles ne mesurent
généralement pas l’impact de l’utilisation des armes sur la santé des personnes civiles et
sur la santé publique en général, que ce soit à court ou à long terme.
On demande cependant à la profession médicale de traiter aussi bien les effets immédiats
que ceux à long terme de la guerre, et en particulier les effets des différentes formes
d’armement y compris la menace d’une guerre nucléaire, chimique et biologique.
Les connaissances scientifiques et médicales potentielles sont énormes en matière de mise
au point de nouveaux systèmes d’armement dirigés contre des individus spécifiques, des
populations spécifiques ou des systèmes organiques. Elles peuvent notamment servir à
concevoir des armes destinées à cibler les systèmes anatomiques ou physiologiques, y
compris la vision, ou utiliser la connaissance des similitudes et différences génétiques de
l’être humain pour fabriquer des armes ciblées.
Il n’existe pour le moment pas de critères communément utilisés pour mesurer l’impact
des armes sur la santé. Le droit international humanitaire stipule que les armes
susceptibles de provoquer « des souffrances inutiles ou des blessures superflues » sont
illégales. Ces termes ne sont pas définis et demandent une interprétation à partir de critères
objectifs afin que la loi soit efficace.
S-1996-05-2016 ⏐Taipei
Armes de Guerre
Les médecins peuvent aider à établir des critères pour les armes qui causent des blessures
ou des souffrances d’une gravité telle que le droit international humanitaire pourrait alors
être invoqué.
De tels critères permettraient d’aider les juristes à recourir au droit international
humanitaire, à évaluer selon un système objectif la légalité des nouvelles armes en cours
de développement et à identifier dans ce cas les infractions au droit.
La participation des médecins à l’élaboration de ces critères objectifs est essentielle si elle
doit faire partie d’une démarche juridique. Il faut cependant reconnaître que les médecins
sont fermement opposés à l’utilisation de toutes les armes contre des êtres humains.
RECOMMANDATIONS
L’AMM considère que la mise au point, la fabrication et la vente d’armes destinées à être
utilisées contre des êtres humains est une abomination. Pour aider à la prévention et à la
réduction des blessures causées par les armes, l’AMM:
• Appuie les efforts internationaux visant à établir des critères objectifs qui
permettraient de mesurer les effets produits par les armes actuelles et futures et à
en interrompre la conception, la fabrication, la vente et l’utilisation ;
• Lance un appel aux Associations Médicales Nationales pour faire pression auprès
des gouvernements pour obtenir leur coopération dans le cadre de la collecte de
telles données qui sont nécessaires pour établir des critères objectifs ;
• Lance un appel aux Associations Nationales Médicales à encourager et à supporter
la recherche sur l’impact global sur la santé publique des armes utilisées ainsi qu’à
diffuser les résultats de ces recherches au niveau national et international afin que
le public et les gouvernements soient conscients des conséquences à long terme sur
la santé de l’emploi des armes sur les civils et les populations.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1997-02-2018
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
RELATIVE AUX
MÉDECINS RECONNUS COUPABLES DE GÉNOCIDE, CRIMES DE
GUERRE OU CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ
Adoptée par la 49e
Assemblée générale Hambourg, Allemagne, Novembre 1997
réaffirmée par la 176e
Session du Conseil, Berlin, Allemagne, Mai 2007
et amendée par la 69e
Assemblée Générale de l’AMM à Reykjavik, Islande, Octobre 2018
PORTÉE ET DÉFINITION
La présente prise de position porte sur les crimes spécifiques suivants : génocide, crimes
de guerre, crimes contre l’humanité, tels que définis par le Statut de Rome de la Cour
pénale internationale.
PRÉAMBULE
• Les médecins ont le devoir éthique d’œuvrer pour le bien de leurs patients. Les
médecins qui ont été reconnus coupables de génocide, de crime de guerre ou de
crime contre l’humanité, ou d’avoir contrevenu à l’éthique médicale, aux droits
humains ou au droit international sont indignes d’exercer la médecine.
• Conformément au principe de présomption d’innocence, seuls les médecins qui ont
été reconnus coupables des crimes spécifiés devraient être déclarés indignes
d’exercer la médecine.
DISCUSSION
1. Les médecins souhaitant travailler dans un pays sont soumis aux conditions
d’exercice exigées par les autorités compétentes de ce pays ou de cette juridiction.
Il incombe à la personne sollicitant l’autorisation d’exercer la médecine de
démontrer qu’elle possède toutes les qualités requises pour cette fonction.
2. Les médecins reconnus coupables de génocide, de crimes de guerre ou de crimes
contre l’humanité ne doivent pas être autorisés à exercer dans un autre pays ou une
autre juridiction.
3. Les autorités compétentes doivent assurer à la fois que les médecins disposent des
qualifications requises et qu’ils n’ont pas été reconnus coupables de génocide, de
crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité.
4. Des médecins reconnus coupables des crimes spécifiés sont parfois parvenus à
quitter le pays où ces actes ont été commis et à obtenir de l’autorité compétente
une autorisation d’exercer dans un autre pays.
5. Cette pratique est contraire à l’intérêt général, porte atteinte à la réputation de la
profession médicale et peut nuire à la sécurité du patient.
S-1997-02-2018 ⏐Reykjavik
Médecins reconnus coupables de génocide ou crimes
RECOMMANDATIONS
1. L’AMM recommande que les médecins qui ont été reconnus coupables des crimes
spécifiés se voient refuser toute autorisation de pratiquer la médecine et toute
adhésion à une association médicale nationale par les autorités compétentes
respectives de la juridiction où ils les solliciteraient.
2. L’AMM recommande que les autorités de régulation compétentes usent de leur
autorité pour s’informer, dans la mesure du possible, de si des allégations
vérifiables de participation à un génocide, à des crimes de guerre ou à des crimes
contre l’humanité ont été portées à l’encontre de médecins, tout en respectant la
présomption d’innocence.
3. Les associations médicales nationales doivent être sûres que de telles allégations
fassent l’objet d’une enquête approfondie par une autorité compétente.
4. L’AMM recommande que les associations médicales nationales assurent une
communication efficace entre elles et, le cas échéant et dans la mesure du possible,
qu’elles informent les autorités nationales compétentes chargées de délivrer les
autorisations d’exercer des condamnations prononcées à l’encontre de médecins
pour génocide, crimes de guerre ou crimes contre l’humanité.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1997-01-2007
Manuel des Politiques de l’AMM
PROPOSITION DE L’AMM
DE
CRÉATION À L’ONU D’UN POSTE DE RAPPORTEUR SUR
L’INDÉPENDANCE ET L’INTÉGRITÉ DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ
Adoptée par la 49e
Assemblée générale, Hambourg, Allemagne, Novembre 1997
et réaffirmée par la 176e
Session du Conseil, Berlin, Allemagne, Mai 2007
L’Association Médicale Britannique (AMB) demande que l’Association Médicale Mon-
diale (AMM) soutienne une proposition émise par un réseau d’organisations médicales*
traitant des problèmes de droits de l’homme, en vue de la création d’un poste de rapporteur
des Nations Unies sur l’indépendance et l’intégrité des professionnels de santé.
Le rôle de ce rapporteur serait de compléter le travail déjà effectué par d’autres rapporteurs
de l’ONU, notamment sur la torture, les exécutions arbitraires, la violence contre les fem-
mes, etc. Il aura pour mission de vérifier, que, dans les régions en état de guerre ou dans
des situations de tensions politiques, les médecins jouissent d’une totale liberté de mouve-
ment et que les patients, de leur côté, aient accès aux soins médicaux sans aucune discri-
mination pour motif de nationalité ou d’origine ethnique. Les détails de ces fonctions sont
exposés aux pages 2, 3 et 4 de ce document.
A l’origine, cette proposition émane de Cees Flinterman, professeur de droit institutionnel
et international à l’Université du Limbourg, à Maastricht. Elle a reçu l’appui des organi-
sations de médecins énumérées ci-dessous*
et qui s’intéressent à la défense des droits de
l’homme et à la protection des médecins qui agissent avec impartialité dans des situations
de conflit. Ce groupe procèdera à de larges consultations et, avec l’aide de la Commission
internationale de juristes, s’efforcera de susciter l’intérêt de l’ONU à l’égard de sa proposi-
tion.
En 1996, après débat, le Conseil de l’AMB apportait son appui à cette proposition. La
campagne serait considérablement renforcée si l’AMM à son tour lui apportait son soutien.
Il s’agit fondamentalement de protéger les médecins et les malades dans des situations de
conflit et dans tous les cas où l’indépendance de la médecine serait menacée par des fac-
tions politiques ou militaires.
CREATION A L’ONU D’UN POSTE DE RAPPORTEUR
SUR L’INDEPENDANCE ET L’INTEGRITE DES PROFESSIONNELS DE SANTE
Buts
Dans de nombreuses situations de conflit politique (guerres civiles ou internationales, par
exemple) ou de tension politique (état d’urgence avec suspension des droits civiques, etc.)
les professionnels de santé, après les milieux militaires ou officiels, sont les premiers à
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1997-01-2007
Manuel des Politiques de l’AMM
avoir une connaissance détaillée des violations des droits de l’homme, à commencer par le
droit des populations à avoir accès aux soins de santé. Fort de cette constatation, un réseau
de médecins milite pour l’institution de mécanismes d’information, nationaux et interna-
tionaux, dont les tâches seraient les suivantes:
1. s’informer des conditions de travail des professionnels de santé dans les cas où sont
constestés, soit leur droit de soigner les malades, soit le droit des malades d’avoir
accès aux soins;
2. lancer des appels pour assurer la protection des professionnels de santé qui se trouvent
exposés à des dangers du seul fait de leur activité professionnelle ou de défense des
droits de l’homme;
3. défendre les intérêts des patients dont les droits fondamentaux sont menacés du seul
fait qu’ils prétendent accéder à des soins médicaux;
4. inciter les professionnels de santé à signaler les cas de violation des droits de la per-
sonne;
5. analyser les renseignements relatifs à des personnels de santé qui adopteraient
délibérément des pratiques discriminatoires.
Le groupe estime qu’il convient d’élargir les modalités d’enquête de l’ONU. Parmi
toutes les propositions de réforme, la création d’un poste de rapporteur est la plus
intéressante. Il serait chargé de regrouper les renseignements provenant d’autres mé-
canismes de l’ONU et de faire des propositions sur la création à plus long terme
d’autres réseaux d’information locaux et nationaux. C’est sur la base des matériaux
préparés par le département de Droit de l’Université du Limbourg de Maastricht pu-
bliés par la Johannes Wier Fondation, une organisation médicale néerlandaise, que le
groupe fait campagne pour la création d’un poste de rapporteur de l’ONU sur l’indé-
pendance et l’intégrité des professionnels de santé.
Contenu de la mission
Il est impossible de définir dans tous ses détails le rôle du futur rapporteur. En effet, sa
mission sera fonction de sa propre expérience et du caractère pratique des buts recherchés.
Elle comportera toutefois les éléments suivants:
• enregistrer, évaluer, vérifier et transmettre les allégations d’actes de répression
perpétrés à l’encontre des professionnels de santé ou visant à empêcher les pa-
tients de se faire soigner. Le rapporteur sera le point focal où parviendront les
rapports de personnes privées, de groupes de médecins, d’ONG, etc. Il devra
également rechercher les informations de sa propre initiative, notamment sur le
terrain.
• à partir des principes énoncés dans le droit humanitaire et les codes d’éthique
médicale applicables en cas de conflit armé ou politique, élaborer des directives
spécifiques sur l’impartialité des médecins. Inciter l’Association Médicale Mon-
diale et les associations médicales nationales à transmettre ces recommandations
aux professionnels de santé pendant leur formation. A partir de cet encadrement,
établir un ensemble de mesures permettant d’aider ces derniers à se protéger dans
des situations comportant un risque de violation des droits de l’homme.
S-1997-01-2007 ⏐ Berlin
Rapporteur des UN sur l’independence et l’Intégrité des Professionnels de Santé
• le rapporteur aura également un rôle consultatif. Il cherchera à connaître la
position des associations professionnelles nationales et internationales, des orga-
nisations humanitaires et des droits de l’homme en matière de protection des pro-
fessionnels de santé et de la défense de leur droit de traiter les patients impartiale-
ment.
• il vérifiera toute information relative à des professionnels de santé accusés de
trangresser délibérément les règles d’impartialité et de non-discrimination.
Attributions du rapporteur
• L’objectif premier est de garantir que la relation médecin-patient reste à l’abri
d’actes d’ingérence injustifiés, mais il s’agit aussi d’empêcher la transgression
délibérée des règles d’impartialité, par les professionnels de santé. Le rôle du rap-
porteur sera donc d’assurer leur indépendance, leur intégrité et leur impartialité.
Pour parvenir à ces objectifs, les conditions suivantes devront être remplies:
• les professionnels de santé doivent pouvoir prendre les décisions relatives au
traitement à l’abri de toutes pressions abusives des autorités;
• leur intégrité physique et la possibilité d’agir en accord avec leurs principes
professionnels doivent être protégées;
• la possibililité de dispenser un traitement correspondant aux besoins du patient
doit être respectée;
• les patients doivent avoir accès au traitement médical nécessaire en toute
sécurité;
• les professionnels de santé dispensateurs de soins de santé doivent jouir d’une
totale liberté de mouvement et pouvoir atteindre les personnes qui requièrent
leurs soins.
Le rapporteur devra également étudier dans quelle mesure l’existence de pressions
extérieures peut avoir une influence négative sur l’accès aux soins médicaux.
• La portée de sa fonction sera internationale.
• Il arrive souvent que faute de mécanismes d’information, les professionnels de
santé soient impuissants à agir contre les violations des droits du patient. Le rap-
porteur aura donc notamment le rôle de suivre la parution, au niveau national ou
local, de textes législatifs, de dispositions civiles militaires ou autres qui inter-
disent ou limitent l’accès aux soins médicaux ou infirmiers à certaines catégories
de patients.
• Il aura le pouvoir de fournir aux autorités médicales compétentes et aux gou-
vernements concernés des éléments de preuve ou des informations relatifs à des
cas de violation du devoir d’impartialité des médecins et même des professionnels
de santé bénévoles.
• Il examinera d’éventuelles restrictions génériques imposées aux groupes plus
vulnérables – réfugiés, demandeurs d’asile, détenus, minorités ethniques et autres.
Il contribuera à donner aux professionnels de santé le pouvoir d’apporter une
réponse collective à l’érosion des droits du patient.
• Il examinera les menaces, les manoeuvres d’intimidation ou les pressions exercées
sur les professionnels de santé dans le but de pratiquer une discrimination fondée
sur des considérations purement non-médicales telles que l’appartenance à un
groupe religieux, ethnique ou racial, quand bien même ces menaces ne seraient
pas concrétisées par des actes.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1997-01-2007
Manuel des Politiques de l’AMM
• Il examinera toute information concernant le harcèlement de professionnels ou
leur mise en détention en raison de leur profession ou de l’exercice de leur pro-
fession. Il examinera également toute mesure de répression destinée à empêcher
les professionnels de santé de signaler les cas de violations de l’intégrité médi-
cale. En consultation avec d’autres organismes, il proposera des mesures visant à
inciter les professionnels de santé à établir des dossiers et à rendre compte de ces
violations.
• Il examinera enfin les informations relatives aux patients faisant l’objet d’une
provocation ou une interdiction d’accès aux soins médicaux disponibles.
Questions n’entrant pas dans ses attributions
Il est tout aussi important de préciser les questions qui n’entrent pas dans les attributions
du rapporteur. Il est certain que le temps et l’expérience permettront d’être plus précis
encore. Il est proposé, en attendant, que:
• les professionnels de santé, dans tous les pays, reçoivent une formation sur leurs
responsabilités éthiques envers leurs patients et leurs patients potentiels. S’il n’est
pas dans les attributions du rapporteur d’assurer cette formation, il lui faudra en
revanche tenir le rôle de talentueux conseiller sur l’impartialité des médecins. A
terme, l’idéal serait de mandater une délégation dans les écoles de médecine, les
organisations professionnelles et les réseaux nationaux de bénévoles;
• si les mesures gouvernementales de régularisation des soins de santé (par exem-
ple, la répartition équitable des ressources de soins de santé ou l’accord de prio-
rités en fonction des besoins pour certains traitements) ne relèvent généralement
pas des compétences du rapporteur, il lui incombe par contre de surveiller et re-
chercher les mesures radicales susceptibles de priver certains groupes de patients
d’accès aux soins médicaux ou infirmiers;
• l’échec total des gouvernements à assurer une promotion sanitaire ou un traite-
ment à l’ensemble ou une partie des secteurs de la communauté n’entre pas dans
les attributions du rapporteur;
• le principal souci du rapporteur étant d’assurer un traitement médical aux patients
qui en ont besoin et qui le souhaitent, la décision délibérée de certains individus
ou groupes de patients de s’exclure (pour des raisons religieuses ou culturelles,
par exemple) de la médecine orthodoxe, ne fait pas partie de ses fonctions.
* organizations participating in the network include: Amnesty International; British Medical Asso-
ciation; Centre for Enquiry into Health & Allied Themes (Bombay); Graza Community Mental
Health; International Committee of the Red Cross; Physicians for Human Rights (in Denmark,
Israel, South Africa, the UK, & the USA); Turkish Medical Association; and, the Johannes Weir
Foundation.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1997-03-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
L’ACCÈS À LA SANTÉ DES FEMMES ET DES ENFANTS
Adoptée par la 49e
Assemblée Générale, Hambourg, Allemagne, Novembre 1997
et révisée par la 59e
Assemblée Générale de l’AMM, Séoul, Corée, Octobre 2008
et par la 70e
Assemblée Générale, Tbilissi, Géorgie, Octobre 2019
PRÉAMBULE
Depuis des siècles, les femmes et les jeunes filles à travers le monde sont victimes des
inégalités entre les hommes et les femmes, y compris des inégalités de pouvoir.
Historiquement, cette discrimination fondée sur le sexe envers les femmes et les jeunes
filles a conduit à ce qu’elles n’aient qu’un accès limité, entre autres, à la vie
professionnelle, à l’éducation et aux soins de santé. Tous ces facteurs concourent à des
risques sanitaires, des comportements de santé déficients et des résultats thérapeutiques
inférieurs pour les femmes et les jeunes filles [1].
En outre, dans certains pays, en raison de convictions religieuses ou culturelles ou de
discriminations fondées à la fois sur le sexe et sur la religion ou l’appartenance ethnique,
les médecins femmes et les infirmières sont empêchées d’exercer leur profession ou voient
leur pratique professionnelle entravée. Le manque de représentation des femmes et la
faible diversité au sein de la profession médicale peuvent engendrer un accès aux soins de
santé inéquitable pour les patientes et leurs enfants.
Le genre est un déterminant social de la santé et des troubles de la santé qui pourraient se
manifester différemment chez les femmes et chez les hommes. Il est nécessaire de lutter
contre les inégalités entre les hommes et les femmes en matière de santé et de soins de
santé, y compris dans leurs dimensions biologiques et socioculturelles.
La discrimination pratiquée à l’encontre des jeunes filles et des femmes porte atteinte aux
attentes qu’elles peuvent avoir en matière de santé. Par exemple, l’instruction des filles
contribue positivement à leur bonne santé et à leur bien-être à l’âge adulte. Leur éducation
accroît en outre les chances de survie de leur enfant au-delà de la période infantile et
contribue au bien-être général de l’ensemble de leur famille. À l’inverse, la discrimination
secondaire due aux pratiques sociales, religieuses ou culturelles, qui limite la liberté de
décision des femmes pour elles-mêmes et leur l’accès au travail et aux soins de santé, a un
impact négatif sur les attentes qu’elles peuvent avoir en matière de santé.
L’AMM dispose de plusieurs politiques qui portent sur la santé des femmes et des enfants,
parmi lesquelles : la résolution de l’AMM sur les droits des femmes aux soins de santé et
la corrélation existante avec la prévention de l’infection VIH touchant la mère et l’enfant,
la résolution de l’AMM sur la violence à l’encontre des femmes et des jeunes filles et la
déclaration d’Ottawa de l’AMM sur la santé des enfants. La présente résolution souligne
l’importance d’assurer à toutes et tous un accès égal aux soins de santé et aux effets de la
discrimination à l’encontre des femmes et des enfants.
RECOMMANDATION
Par conséquent, l’Association médicale mondiale prie instamment ses membres
constituants :
• de condamner sans réserve les violations des droits humains fondamentaux
perpétrées à l’encontre des femmes et des enfants, y compris les violations liées à
des pratiques sociales, politiques, religieuses, économiques ou culturelles ;
• d’insister sur les droits des femmes et des enfants à des soins médicaux appropriés
et complets, notamment là où les restrictions religieuses, sociales et culturelles
pourraient entraver l’accès à de tels soins ;
• de défendre l’égalité en matière de primes d’assurance et de couverture santé afin
d’assurer que les femmes ne soient pas empêchées d’accéder aux soins de santé par
des tarifs prohibitifs ;
• de promouvoir la prestation de soins préconception, prénataux, postnataux et
maternels adaptés, comprenant la vaccination, une nutrition permettant une bonne
croissance et le développement de soins de santé adaptés aux enfants ;
• d’assurer un accès universel à la santé sexuelle et reproductive ;
• de promouvoir les droits à la santé des femmes et des enfants comme faisant partie
intégrante des droits humains ;
• de promouvoir les perspectives éducatives, économiques et d’emploi des femmes
et leur accès aux soins de santé et aux informations relatives aux soins de santé ;
• de promouvoir le droit de tout être humain à l’égalité des chances et à l’égalité de
traitement, quel que soit son genre.
Référence
[1] Men et al, « Gender as a social determinant of health: Gender analysis of the health sector in
Cambodia in Cambodia ». Conférence mondiale sur les déterminants sociaux de la santé.
Organisation mondiale de la santé. Octobre 2011.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1998-01-2018
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LES ARMES NUCLÉAIRES
Adoptée par la 50e
Assemblée Médicale Mondiale, Ottawa, Canada, Octobre 1998
amendée par la 59e
Assemblée Générale de l’AMM, Séoul, Corée, Octobre 2008
et par la 66e
Assemblée Générale, Moscou, Russie, Octobre 2015
et révisée par la 69e
Assemblée Générale de l’AMM à Reykjavik, Islande, Octobre 2018
PRÉAMBULE
Les Déclarations de Genève, d’Helsinki et de Tokyo de l’AMM énoncent clairement les
devoirs et responsabilités de la profession médicale quant à la préservation et à la
sauvegarde de la santé du patient ainsi qu’à son engagement au service de l’humanité. Dès
lors, et à la lumière des conséquences humaines catastrophiques d’un éventuel recours aux
armes nucléaires et de l’impossibilité de leur apporter une réponse sanitaire et humanitaire
significative, l’AMM estime qu’il est de son devoir de travailler à l’élimination des armes
nucléaires. La réalisation d’un monde sans armes nucléaires constitue une nécessité.
RECOMMANDATIONS
Par conséquent, l’AMM :
1. Condamne la mise au point, les tests, la production, le stockage, le transfert, le
déploiement, la menace d’utilisation et l’emploi des armes nucléaires ;
2. Demande à tous les gouvernements de s’abstenir de développer, de tester, de
produire, de stocker, de transférer, de déployer, de menacer d’utiliser et
d’employer des armes nucléaires et d’œuvrer en toute bonne foi à leur élimination ;
3. Fait observer à tous les gouvernements que même une guerre nucléaire limitée
entraînerait d’immenses souffrances humaines et un grand nombre de morts avec
des effets catastrophiques sur l’écosystème de la Terre, ce qui en conséquence
raréfierait l’approvisionnement alimentaire mondial et ferait courir un risque de
famine à une grande partie de la population de la planète ;
4. Exprime sa vive préoccupation face aux programmes de conservation indéfinie et
de modernisation des arsenaux nucléaires, à l’absence de progrès des États
nucléaires en matière de désarmement et au danger croissant de guerre nucléaire
qu’elle soit volontaire, y compris par cyberattaque, accidentelle ou causée par une
négligence ;
5. Salue l’adoption du traité sur l’interdiction des armes nucléaires et rejoint les
autres membres de la communauté internationale, notamment le Mouvement
international de la Croix-Rouge et du Croissant rouge, l’association internationale
S-1998-01-2018 | Reykjavik
Armes Nucléaires
des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire, la Campagne internationale
pour abolir les armes nucléaires et une large majorité d’États membres pour
appeler, en qualité de médecins, tous les États à signer, ratifier ou rejoindre et à
mettre en œuvre en toute bonne foi le traité sur l’interdiction des armes nucléaires,
et ce dans les plus brefs délais ;
6. Demande à toutes les associations médicales nationales de se joindre à l’AMM afin
de soutenir cette déclaration, d’utiliser les ressources pédagogiques existantes pour
sensibiliser le grand public et d’inciter leurs gouvernements respectifs à œuvrer
pour l’élimination des armes nucléaires y compris par l’adhésion et la mise en
application du traité sur l’interdiction des armes nucléaires.
S-1998-02-2010 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LES SOINS MÉDICAUX AUX REFUGIÉS,
DONT LES DEMANDEURS D’ASILE, LES DEMANDEURS D’ASILE
NON ADMIS ET LES MIGRANTS SANS PAPIERS AINSI QUE LES
PERSONNES DÉPLACÉES EN INTERNE
Adoptée par la 50e
Assemblée générale, Ottawa, Canada, Octobre 1998
réaffirmée par la 59e
Assemblée Générale de l’AMM, Séoul, Corée, Octobre 2008
et révisée par la 61e
Assemblée générale de l’AMM, Vancouver, Canada, Octobre 2010
PREAMBULE
Les conflits internationaux et civils ainsi que la pauvreté et la famine provoquent un nom-
bre massif de réfugiés, dont des demandeurs d’asile, des demandeurs d’asile non admis et
des émigrants sans papiers ainsi que des personnes déplacées internes (IDP) dans toutes
les régions. Ces personnes font partie des plus vulnérables dans la société.
Les codes internationaux des droits humains et l’éthique médicale, dont la Déclaration de
Lisbonne de l’AMM sur les droits du patient, déclarent que toutes les personnes ont droit
sans discriminationà des soins médicaux corrects. Les législations nationales toutefois
varient et souvent ne s’alignentpas sur ce principe important.
PRISE DE POSITION
Les médecins ont, quel que soit l’état civil ou politique de leurs patients, le devoir de four-
nir dessoins médicaux appropriés et les gouvernements ne doivent pas refuser aux patients
le droit de recevoir de tels soins, ni empêcher les médecins de remplir leurs obli-gations de
soins basées uniquement sur les nécessités cliniques.
Les médecins ne peuvent pas être contraints de participer à une action punitive ou judi-
ciaire impliquant des réfugiés dont les demandeurs d’asile, les demandeurs d’asile non
admis et les émigrants sans papiers ou des personnes déplacées internes ou d’effectuer des
diagnostics ou destraitements médicalement non justifiés tel que l’administration d’un
sédatif afin de faciliter leur expulsion d’un pays ou leur déplacement géographique.
Les médecins doivent disposer de suffisamment de temps et de ressources pour évaluer
l’état physique et psychologique des réfugiés à la recherche d’un d’asile.
Les Associations Médicales Nationales et les médecins devraient activement soutenir et
promouvoir le droit pour tous de bénéficier de soins médicaux basés uniquement sur les
nécessités cliniques et dénoncer les législations et les pratiques qui violent ce droit fonda-
mental.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1999-01-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSTION DE L’AMM
SUR
LES DÉPÔTS DE BREVET POUR LES PROCÉDURES MÉDICALES
Adoptée par la 51e
Assemblée générale, Tel Aviv, Israël, Octobre 1999
modifiée par la 60e
Assemblée générale de l’AMM, New Delhi, Inde, Octobre 2009
et réaffirmée par la 212e
session du Conseil de l’AMM, Santiago, Chili, Avril 2019
PREAMBULE
1. Certaines législations considèrent que les procédures médicales peuvent faire l’objet
d’un dépôt de brevet. Les brevets relatifs aux procédures médicales portent souvent le
nom de brevets sur les procédures médicales. Un dépôt de brevet ou un brevet sur une
procédure médicale confère des droits sur certaines techniques mais pas de droits sur
de nouveaux appareils.
2. Les brevets sur les procédures médicales sont interdits dans plus de 80 pays. Cette
interdiction correspond aux négociations du Cycle d’Uruguay sur l’Accord du GATT
sur les aspects des droits de la propriété intellectuelle liés au commerce (DPIC) : « Les
Membres pourront aussi exclure de la brevetabilité (a) les techniques diagnostiques,
thérapeutiques et chirurgicales pour le traitement des personnes ou des animaux »
(Article 27).
3. L’objectif des brevets est d’encourager les investissements privés dans la recherche et
le développement. Or, les médecins, en particulier ceux qui travaillent dans les
établissements de recherche, bénéficient déjà d’éléments d’incitation à l’innovation et
à l’amélioration de leurs compétences. Ces incitations sont notamment la notoriété, la
carrière et l’obligation éthique et juridique d’offrir des soins médicaux de qualité
(Code international d’éthique médicale). Les médecins sont déjà rémunérés pour ces
activités et des fonds publics sont parfois mis à la disposition de la recherche médicale.
L’argument selon lequel les brevets sont indispensables pour stimuler les découvertes
de procédures médicales et selon lequel, s’ils n’existaient pas, les patients
bénéficieraient de moins de procédures médicales bénéfiques, n’est pas convaincant
lorsqu’existent ces autres incitations et mécanismes de financement.
4. Un autre argument voudrait que les brevets soient nécessaires non pas pour stimuler la
découverte mais pour le développement des produits. Cet argument ne tient pas non
plus dans le cas des brevets sur les procédures médicales. Contrairement au
développement d’un appareil qui exige un investissement dans l’ingénierie, les
méthodes de production et la fabrication, le développement d’un brevet sur une
procédure médicale repose sur les compétences intellectuelles et l’habileté manuelle
acquises et perfectionnées par les médecins. Comme indiqué précédemment, si les
médecins ont l’obligation de se consacrer à ces activités professionnelles ils en
reçoivent aussi la récompense.
S-1999-01-2019 ⏐ Santiago
Dépôts de Brevet Pour les Procédures Médicales
5. Les aspects éthiques des brevets sur les appareils médicaux sont sans rapport avec les
aspects éthiques des brevets sur les procédures médicales. Les appareils sont fabriqués
et distribués par des entreprises alors que les procédures médicales sont « fabriquées et
distribuées » par les médecins. Les médecins ont des devoirs éthiques et juridiques
envers leurs patients et des devoirs professionnels les uns envers les autres que n’ont
pas les entreprises. Ce sont ces devoirs éthiques particuliers qui définissent notamment
la médecine en tant que profession.
6. Il n’y a pas a priori de raison de croire que les détenteurs de brevets sur des procédures
médicales les mettraient largement à disposition. Les détenteurs de brevets pourraient
tenter de maximaliser leurs profits par une large diffusion au moyen d’une licence non
exclusive assortie d’une redevance modeste. Ils pourraient aussi diffuser ces
procédures de manière plus restreinte en facturant des prix plus élevés à ceux pour
lesquels la procédure est extrêmement importante et qui ont les moyens de la payer.
La concurrence entre les organisations de soins de santé pourrait pousser certaines
d’entre elles à négocier des licences exclusives, voire des licences qui restreindraient
fortement le nombre des personnes ayant accès à la procédure brevetée. De telles
licences pourraient constituer un avantage à une organisation en attirant des patients si
cette organisation est en mesure de faire de la publicité sur le fait d’être la seule à
proposer dans une région une procédure particulièrement appréciée. Ainsi, dans
certains cas tout au moins les détenteurs de brevets médicaux préféreront
probablement restreindre l’accès à leurs procédures médicales brevetées.
7. Les brevets sur les procédures médicales peuvent avoir des effets négatifs sur les soins
de santé. L’existence d’un brevet sur une procédure médicale pourrait limiter l’accès
aux soins médicaux nécessaires et de ce fait compromettre la qualité de ces soins.
L’accès pourrait se trouver diminué pour les raisons suivantes:
7.1 Le coût de la prestation médicale serait probablement majoré du fait du paiement
des droits et redevances d’exploitation et de l’augmentation de l’assurance
médicale en couverture d’éventuels frais de litiges.
7.2 Certains médecins, bien que capables d’exécuter la procédure brevetée, pourraient
ne pas obtenir la licence nécessaire. Le nombre de médecins bénéficiant de la
licence d’exploitation pourrait être limité parce que certains médecins ne pourront
pas acquitter ou ne paieront pas les droits de licence ou les royalties ou parce que
le détenteur du brevet refusera de diffuser largement la licence. La limitation du
nombre des licences pourrait, dans certains cas, restreindre le libre choix du
médecin par le patient.
7.3 L’existence de brevets pourrait empêcher les médecins de recourir même à des
techniques non concernées par ces brevets. Les médecins pourraient également
s’interdire d’instaurer de nouvelles procédures ou des procédures modifiées dans
leur exercice. Les appareils brevetés peuvent être labélisés s’ils sont brevetés
mais pas les procédures. Par conséquent, on ne peut pas toujours savoir d’emblée
si l’utilisation d’une technique viole un brevet. Mais comme l’ignorance ne
constitue pas un moyen de défense en cas de violation, le médecin, en cas de
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1999-01-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
doute, choisira simplement de s’abstenir d’utiliser la procédure.
8. L’instauration de brevets sur des procédures médicales peut aussi porter atteinte à la
vie privée du patient et à l’obligation du médecin de respecter la confidentialité des
dossiers médicaux des patients. En effet, lorsque les médecins exercent seuls ou en
petits groupes, le moyen le plus efficace pour le titulaire du brevet de détecter
d’éventuelles violations est de consulter les dossiers médicaux ou d’interroger les
patients. La suppression des éléments d’identification des dossiers ne peut garantir la
confidentialité, car quelques détails suffisent souvent à reconstruire l’identité des
patients. Ce risque existe surtout dans les petites villes ou les cabinets relativement peu
importants.
9. Les médecins ont l’obligation éthique à la fois d’enseigner leurs compétences et leurs
techniques à leurs confrères et de mettre à jour continuellement leurs connaissances.
Les brevets sur les procédures médicales peuvent s’avérer préjudiciables en la matière.
Une fois qu’un brevet a été déposé sur une procédure, celle-ci est entièrement
divulguée (c’est l’une des conditions requises pour l’obtention d’un brevet). Toutefois,
les praticiens sans licence n’ont pas le droit de l’utiliser. Le fait de limiter le nombre
des utilisateurs enfreint l’esprit même du devoir éthique d’enseigner et de diffuser la
connaissance. Cette limitation va également à l’encontre de l’obligation de formation
continue car le médecin n’a aucun d’intérêt à acquérir des compétences qu’il ne peut
pas utiliser légalement.
10. L’obligation d’enseigner et de transmettre la connaissance peut également être sapée si
la possibilité de déposer un brevet conduit l’inventeur à retarder la publication ou la
communication de ses résultats lors de conférences. Les médecins pourraient alors être
tentés de garder le secret sur de nouvelles techniques tant qu’ils n’auront pas rempli
toutes les formalités de dépose de brevet. En effet, toute utilisation publique d’une
procédure ou la publication de la description de la procédure avant le dépôt de la
demande peut éventuellement invalider la demande de brevet.
11. Les médecins ont aussi l’obligation éthique d’empêcher que l’appât du gain influence
le caractère libre et indépendant de leur jugement médical (Code international
d’éthique médicale – Doc. 17.A). Le fait de briguer, d’obtenir ou d’utiliser un brevet
portant sur une procédure médicale peut amener le médecin à enfreindre cette
obligation. Les médecins détenteurs de brevets ou de licences pourraient être tentés de
plaider en faveur de ces procédures même en l’absence de toute indication, ou
lorsqu’elles se sont pas les meilleurs dans un cas donné. Les médecins qui n’ont pas
de licence pour effectuer une procédure particulière pourraient refuser l’utilisation de
ces procédures même si elle constitue dans le cas donné le meilleur choix
thérapeutique.
12. Pour finir, les obligations professionnelles des médecins d’exercer leur profession
avec conscience et dignité (Déclaration de Genève) pourraient être mises à mal par
l’existence de brevets sur des procédures médicales. Le spectacle de médecins
s’attaquant régulièrement en justice n’a rien qui puisse rehausser le prestige de la
profession
S-1999-01-2019 ⏐ Santiago
Dépôts de Brevet Pour les Procédures Médicales
POSITION
13. L’Association Médicale Mondiale
13.1 Déclare que les médecins ont une responsabilité éthique de diffuser, si possible, à
leurs collègues et au public les informations scientifiques pouvant les intéresser.
13.2 Déclare que le dépôt de brevets pour des procédures médicales compromet
gravement la pratique efficace de la médecine en limitant potentiellement l’accès
des patients aux nouvelles procédures médicales.
13.3 Estime que le dépôt de brevets sur les procédures médicales est contraire aux
valeurs éthiques et à celles de la profession médicale qui devraient servir de guide
aux médecins tant dans les devoirs fournis au patient que dans les relations entre
confrères.
13.4 Encourage les associations médicales nationales à faire tout leur possible pour
préserver la motivation des médecins pour faire progresser la connaissance
médicale et mettre au point de nouvelles procédures médicales.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1999-02-2010
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LES RELATIONS DE TRAVAIL ENTRE MÉDECINS ET PHARMACIENS
DANS LE CADRE DU TRAITEMENT PHARMACOLOGIQUE
Adoptée par la 51e
Assemblée générale de l’AMM, Tel Aviv, Israël, Octobre 1999
et révisée par la 61e
Assemblée générale de l’AMM, Vancouver, Canada, Octobre 2010
INTRODUCTION
Le traitement pharmacologique a pour objectif d’améliorer la santé et la qualité de vie des
patients. Dans sa forme optimale, il doit être sans danger, efficace et performant. L’accès à
ce type de traitement doit être équitable. Il requiert des informations de base exactes et
actualisées répondant aux besoins des patients et des praticiens.
Le traitement pharmacologique est de plus en plus complexe et nécessite souvent l’inter-
vention d’une équipe pluridisciplinaire et non plus uniquement celle du médecin pour
l’administration et le suivi de la thérapie choisie. Dans les établissements hospitaliers, il
est en plus en plus fréquent et utile d’avoir dans une telle équipe la présence d’un phar-
macien clinicien.
Le droit de prescrire des médicaments devrait être fondé sur la compétence et idéalement
relever de la responsabilité du médecin. Les médecins et les pharmaciens ont des res-
ponsabilités complémentaires et de soutien pour réussir à fournir un traitement pharma-
cologique optimal. Il faut établir la communication, le respect, la confiance et une recon-
naissance mutuelle des compétences. Un accès à la fois des médecins et des pharmaciens
aux mêmes informations précises et actualisées est important afin d’éviter de donner aux
patients des informations contradictoires.
Les médecins et les pharmaciens doivent fournir un service de qualité à leurs patients et
veiller à une utilisation sans danger des médicaments. La collaboration entre ces pro-
fessions est donc impérative. En matière de formation continue et d’information, il doit y
avoir aussi un partage des informations entre ces professions et avec les patients.
Il est nécessaire de conserver un dialogue ouvert et permanent entre les organisations
représentatives des médecins et pharmaciens afin de définir les fonctions respectives de
chacune des professions et promouvoir un usage optimal des médicaments dans le care
d’une structure de coopération transparente, le tout dans le meilleur intérêt des patients.
LES RESPONSABILITES DES MEDECINS
Diagnostiquer les maladies sur la base de leur formation et de leurs connaissances et com-
pétences spécifiques.
S-1999-02-2010 ⏐ Vancouver
Médecins et Pharmaciens dans le Cadre du Traitement Pharmacologique
Evaluer le besoin d’un traitement pharmacologique et prescrire les médicaments corres-
pondants en consultation avec les patients, les pharmaciens et les autres professionnels de
santé, le cas échéant.
Informer les patients sur le diagnostic, les indications et les objectifs du traitement, ainsi
que sur l’action, les avantages, les risques et les éventuels effets secondaires du traitement
pharmacologique.
Dans le cas de prescriptions non remboursées, le patient doit être en être informé. Contrôler
et évaluer la réponse au traitement pharmacologique, les progrès par rapport aux objectifs
thérapeutiques et, au besoin, réviser le plan thérapeutique (en concertation avec les phar-
maciens, les autres professionnels de santé et si nécessaire le personnel soignant.
Fournir et échanger des renseignements relatifs au traitement pharmacologique avec les
autres prestataires de santé.
Diriger une équipe de professionnels de santé responsable de la gestion d’un traitement
pharmacologique complexe.
Tenir pour chaque patient un dossier correspondant aux nécessités du traitement et en
conformité avec la législation en respectant la confidentialité et la protection des données
des patients.
Là où cela est possible, participer activement à l’établissement de systèmes électroniques
de délivrance des médicaments sur le lieu de travail et venir en appui de ces systèmes par
leurs connaissances professionnelles.
Maintenir, par la formation continue, un haut niveau de connaissances professionnelles en
matière de traitements pharmacologiques.
Sécuriser l’approvisionnement et le stockage des médicaments que le médecin doit ou a
l’autorisation de délivrer.
Contrôler les ordonnances afin d’identifier les interactions, les réactions allergiques, les
contre-indications et les doubles emplois thérapeutiques.
Signaler les effets indésirables des médicaments aux autorités de santé, selon la législation
nationale.
Contrôler et limiter si nécessaire les prescriptions de médicaments qui risquent de générer
une addiction.
Documenter les effets indésirables des médicaments dans le dossier médical du patient.
LES RESPONSABILITES DES PHARMACIENS
Assurer l’approvisionnement, le bon stockage et la bonne délivrance de médicaments con-
formément aux régulations en vigueur.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-1999-02-2010
Manuel des Politiques de l’AMM
Donner des informations aux patients, pouvant inclure le prospectus d’information, le nom
du médicament, son objectif, les interactions éventuelles, les effets secondaires ainsi que
sur les conditions correctes d’emploi et de stockage.
Contrôler les ordonnances afin de prévenir les interactions, les réactions allergiques, les
contre-indications et les doubles emplois thérapeutiques.
Les éventuelles inquiétudes devraient être discutées avec le médecin prescripteur et le
pharmacien ne devrait pas modifier l’ordonnance sans en référer à ce médecin.
Discuter des inquiétudes ou des problèmes médicaux liés à des médicaments prescrits, si
nécessaire et à la demande du patient.
Conseiller, le cas échéant, les patients sur le choix et l’emploi de médicaments en vente
libre et la gestion d’affections ou de symptômes bénins. Lorsque l’automédication n’est pas
indiquée, conseiller au patient de consulter son médecin pour diagnostic et traitement.
Participer à des équipes pluridisciplinaires concernant des traitements pharmacologiques
complexes en collaboration avec les médecins et les autres prestataires de soins, habi-
tuellement dans les établissements hospitaliers.
Signaler les réactions indésirables aux médicaments au médecin prescripteur et aux auto-
rités de santé, conformément à la législation nationale.
Transmettre et partager avec le public et les praticiens les informations et les conseils
d’ordre général ou concernant les médicaments.
Maintenir, par la formation continue, un haut niveau de connaissances professionnelles en
matière de traitements pharmacologiques.
CONCLUSION
Le patient sera servi au mieux si pharmaciens et médecins coopèrent, en reconnaissant le
rôle de chacun afin que les médicaments soient utilisés en sécurité et à bon escient pour
obtenir les meilleurs résultats pour la santé du patient.
S-2002-01-2012 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LA SÉCURITE DES INJECTIONS DANS LES SOINS DE SANTÉ
Adoptée par la 53e
Assemblée générale de l’AMM, Washington DC, Etats Unis, Octobre 2002
et changée avec une révision par la 192e
Session du Conseil, Bangkok, Thaïlande,
Octobre 2012
PRÉAMBULE
L’Organisation mondiale de la Santé estime à des milliards le nombre d’injections
administrées chaque année en matière de soins de santé. Beaucoup de ces injections sont
dangereuses, surtout celles pratiquées avec des seringues et/ou aiguilles réutilisées.
Les maladies les plus courantes provoquées par ces injections non sécurisées sont
l’hépatite B, l’hépatite C et le VIH.
Dans beaucoup de pays, les établissements de santé utilisent toujours du matériel jetable.
Le problème majeur qui se pose ici est l’utilisation sûre et l’élimination des matériels
vulnérants.
Les médecins sont impliqués dans la prescription et/ou l’administration des injections. Ils
sont donc bien placés pour apporter des changements de comportement qui permettraient
une utilisation sûre et appropriée des injections.
La sécurité et l’utilisation appropriée des injections sont indispensables pour assurer la
prévention du VIH. La sécurité de ces méthodes de prévention offre par ailleurs des
avantages qui dépassent le domaine de la prévention du VIH, telle celle des autres infec-
tions comme les hépatites B et C.
PRINCIPES DE BASE
L’insécurité résulte de l’utilisation abusive des injections thérapeutiques et pratiques
dangereuses. Parmi ces dernières, figurent notamment l’utilisation de seringues et
d’aiguilles non stérilisées ou insuffisamment stérilisées, la réutilisation des seringues et le
rejet inapproprié et dangereux des seringues et des aiguilles.
Sécurisées, les injections empêchent de causer du tort au receveur, au fournisseur et à la
communauté. Non sécurisées, elles causent du tort à autrui en propageant des agents
pathogènes sur une large échelle.
Bangkok ⏐ S-2002-01-2012
Sécurite des Injections dans les Soins de Santé
Dans certains pays, l’attitude du médecin et les règles non appropriées de l’exercice de la
profession peuvent peser lourdement dans l’utilisation abusive d’injections thérapeutiques.
Cela viendrait de ce que certains patients ne seraient satisfaits de leur traitement que s’il
contient une injection. Il est scientifiquement prouvé que cela est faux. Les patients pré-
fèrent une bonne communication avec leur médecin plutôt que de recevoir des injections.
De plus, les modalités de remboursement de certains systèmes de santé sont telles qu’elles
encouragent l’utilisation abusive d’injections.
La plupart des médications par voie non parentérale ont la même efficacité d’action que les
injections.
L’insécurité des injections participe du gaspillage des ressources de soins de santé que la
mise en place d’un certain nombre de mesures permettrait d’éviter. Pour pouvoir garantir
l’efficacité de la promotion de la sécurité des injections aux plans national, régional ou
local, les conditions suivantes s’imposent:
la réalisation des injections doit être limitée aux professionnels de santé compétents et aux
non professionnels ayant reçu une formation;
le changement d’attitude des patients et des professionnels de santé afin d’assurer la sé-
curité des injections et de limiter toute utilisation abusive;
la disponibilité des moyens et fournitures indispensables, si possible jetables;
L’utilisation de seringues autobloquantes, le cas échéant
le traitement approprié des matériels vulnérants usagers.
La multiplication des moyens matériels appropriés, si possible jetables, permet d’accroître
la sécurité des injections sans pour autant augmenter le nombre des injections inutiles.
RECOMMANDATIONS
que les associations médicales nationales coopèrent avec leurs gouvernements ou autres
autorités compétentes pour élaborer des politiques efficaces sur l’utilisation appropriée et
sans danger des injections dans laquelle figureront notamment le financement, le contrôle
des méthodes d’injection et le programme de mesures mises en place. Ce programme in-
citera à la fourniture appropriée de moyens nécessaires aux injections, à la mise en place
de mesures visant à imposer, le cas échéant, les règles de stérilisation appropriées, à la
lutte contre le gaspillage et à la mise en place de programmes de formation pour dissuader
l’utilisation abusive des injections et promouvoir la pratique d’injections sans danger.
que les médecins du monde entier soient instamment invités à:
prescrire, dans la mesure du possible, des médicaments par voie non parentérale plutôt que
des injections et promouvoir l’utilisation de médications non parentérales auprès des
patients et de leurs collègues;
S-2002-01-2012 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
ne recourir aux injections que lorsqu’elles sont sans danger et appropriées et veiller à ce
que l’administration des injections ne cause de dommages ni au receveur, ni au fournisseur
ni à la communauté;
veiller à n’utiliser pour l’élimination des matériels vulnérants usagés que des récipients
destinés à cet effet et à ne pas réutiliser les étuis d’origine pour les matériels vulnérants
(aiguilles, lames de bistouris, etc.);
sensibiliser les patients et les professionnels de santé aux risques que comportent les
injections non protégées et les inciter à changer leur comportement afin de promouvoir la
sécurité des injections. Il conviendra ici de reconnaître l’importance de ne pas réutiliser
l’étui des aiguilles.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2002-02-2012
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
L’AUTOMÉDICATION
Adoptée par la 53e
Assemblée générale de l’AMM, Washington, DC, Etats Unis Octobre 2002
et réaffirmée par la 191e
Session du Conseil, Prague, République Tchèque, Avril 2012
(A) PRÉAMBULE
La présente prise de position, élaborée par l’Association Médicale Mondiale, a pour
objectif de fournir aux médecins et à leurs patients des recommandations sur l’automédica-
tion responsable.
1. Distinction entre médication sur ordonnance et automédication
1. L’on distingue généralement deux catégories de produits pharmaceutiques, les
médicaments délivrés sur ordonnance et les médicaments en vente libre. Cette
classification peut cependant varier d’un pays à l’autre. Les autorités nationales
doivent assurer que les médicaments inscrits dans la catégorie en vente libre
offrent la garantie suffisante qu’ils ne présentent pas de risques pour la santé.
2. Les médicaments délivrés sur ordonnance sont des médicaments qui ne peuvent
être obtenus que sur prescription d’un médecin à la suite d’une consultation. Con-
sommés en dehors de toute surveillance médicale, ces médicaments ne sont pas
sans danger en raison notamment de leur toxicité ou autres effets néfastes possibles
(contraction d’habitudes), de leur mode d’utilisation ou des mesures collatérales
nécessaires à leur utilisation.
3. L’automédication responsable, au sens du présent document, est l’emploi, par une
personne, de sa propre initiative ou sur les conseils d’un professionnel de santé, de
médicaments titulaires d’une autorisation de mise sur le marché ou “monographed”,
légalement délivrés sans prescription. L’utilisation, sans ordonnance préalable, de
médicaments délivrés seulement sur ordonnance, ne relève pas d’une automédica-
tion responsable.
4. La sécurité, l’efficacité et la qualité des médicaments en vente libre doivent obéir
aux mêmes normes que celles utilisées pour les médicaments délivrés sur ordon-
nance.
2. Emploi combiné de médicaments en vente libre et de médicaments délivrés sur
ordonnance Un traitement peut combiner médicaments en vente libre et médicaments
délivrés sur ordonnance, sous forme concomitante ou séquentielle. Le patient sera
informé des interactions possibles entre les médicaments délivrés sur ordonnance et
les médicaments en vente libre. Il devra pour cela indiquer à son médecin les produits
qu’il utilise dans le cadre de l’automédication.
S-2002-02-2012 ⏐ Prague
Automédication
3. Répartition des rôles et des responsabilités
1.
1. Le patient est principalement responsable de la consommation des produits qu’il
utilise. Une attention particulière doit être portée aux groupes vulnérables, notam-
ment les enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes, lorsqu’ils recourent
à l’automédication.
2. Lorsqu’une personne décide de recourir à l’automédication, elle doit être capable:
1. d’identifier les symptômes ou la maladie
2. de s’assurer que l’automédication convient à son état de santé
1.
3. de choisir le médicament approprié
2.
4. de suivre le mode d’emploi indiqué sur les étiquettes et sur les notices
3. Afin de limiter les risques d’une automédication non appropriée, les profession-
nels de santé qui participent à la prise en charge du patient ont le devoir:
1.
1. de l’informer sur les médicaments en vente libre et leur utilisation appropriée
et de le charger de rechercher, en cas de doute, l’avis d’un médecin, en parti-
culier lorsque l’automédication apparaît inadaptée à sa condition;
2. de l’inciter à lire avec attention les étiquettes et, le cas échéant, les notices
d’utilisation, à rechercher un second avis en cas de besoin, et à identifier les
circonstances dans lesquelles l’automédication n’est pas, ou n’est plus, appro-
priée.
4. Les personnes recourant à l’automédication doivent avoir conscience des avantages
et des risques des produits utilisés. Il faudra faire état du bilan risques/avantages
de manière juste et rationnelle sans surestimer les uns ou les autres.
5. Les fabricants, tout spécialement, doivent se conformer à la réglementation en
vigueur afin que l’information des consommateurs soit appropriée tant du point de
vue du fond que de la forme. Cela concerne notamment l’étiquetage, la publicité
et surtout les notices des médicaments en vente libre.
6. Le pharmacien a le devoir professionnel de recommander, lorsque les circons-
tances l’imposent, l’avis d’un médecin.
4. Rôle des pouvoirs publics Les pouvoirs publics doivent reconnaître l’importance de
l’automédication et mettre en uvre la distinction entre les médicaments délivrés sur
ordonnance et les médicaments en vente libre et veiller à ce que les personnes qui
recourent à l’automédication soient bien informées et protégées contre d’éventuels
dommages ou conséquences négatives à long terme.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2002-02-2012
Manuel des Politiques de l’AMM
5. Promotion et commercialisation des produits utilisés en automédication
1. La publicité et la commercialisation des médicaments en vente libre doivent être
fiables, fournir des renseignements clairs et précis et présenter les avantages par
rapport aux risques encourus. La promotion et la commercialisation ne doivent
pas constituer une incitation à une automédication irresponsable, par l’achat de
médicaments non appropriés ou par l’achat de médicaments en quantité excessive.
2. Chacun doit être persuadé que les médicaments, qu’ils soient délivrés sur ordon-
nance ou en vente libre, sont des produits particuliers et qu’il importe de suivre,
selon les conseils d’un professionnel, les précautions habituelles, notamment en
termes de conservation et d’usage.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2002-03-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DEPOSITION DE L’AMM
SUR
L’AVORTEMENT SEXO-SÉLECTIF ET LE FŒTICIDE FÉMININ
Adoptée par la 53e
Assemblée générale de l’AMM, Washington, DC, Etats Unis,
Octobre 2002
réaffirmée par la 191e
session du Conseil, Prague, République Tchèque, Avril 2012
et révisée par la 70e
Assemblée Générale, Tbilissi, Géorgie, octobre 2019
L’AMM est extrêmement préoccupée par la pratique du fœticide féminin et de
l’avortement sexo-sélectif, courante dans certains pays.
L’AMM dénonce le fœticide féminin et l’avortement sexo-sélectif comme une forme de
discrimination sexuelle absolument intolérable.
L’AMM estime que l’avortement sexo-sélectif pour des raisons de préférence est
discriminatoire, lorsqu’il résulte uniquement d’une préférence parentale et lorsqu’il n’y a
pas d’implication sur la santé du foetus ou de la femme.
L’Association médicale mondiale appelle les associations médicales nationales à :
• dénoncer la pratique du fœticide féminin et l’utilisation de l’avortement sexo-
sélectif pour des raisons de préférence de sexe;
• attirer l’attention des pouvoirs publics sur ce point.
S-2003-01-2013 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LES INVESTIGATIONS MEDICO-LEGALES DE DISPARUS
Adoptée par la 54e
Assemblée Générale de l’AMM, Helsinki, Finlande, Septembre 2003
et modifiée par la 64e
Assemblée Générale de l’AMM, Fortaleza, Brésil, Octobre 2013
PREAMBULE
Sur les trois dernières décennies, les investigations médico-légales sur le sort des per-
sonnes assassinées et disparues à la suite d’un conflit armé, d’autres situations de violence
et de catastrophes ont constitué une contribution importante de l’action humanitaire au
nom des victimes et de leurs familles décédées et endeuillées. Ces investigations ont aussi
aidé à ce que justice soit rendue et les demandes de réparations satisfaites pour les vic-
times.
En 2003, la Conférence Internationale sur les disparus et leurs familles, organisée par le
Comité International de la Croix Rouge (CICR), a adopté une série de recommandations
afin d’aider à prévenir la disparition de personnes et à résoudre le cas des personnes déjà
disparues à la suite de conflits armés et d’autres situations de violence. Les recommanda-
tions incluent des principes éthiques, scientifiques, et légaux qu’il faut appliquer aux
investigations médico-légales pour la recherche, la récupération, la prise en charge et
l’identification des restes humains. Ces principes ont depuis été plus amplement dévelop-
pés par les services médico-légaux du CICR et fournissent un cadre à l’action médico-
légale humanitaire dans les situations de conflits armés, de violence et de catastrophes.1
Ces principes assurent également la prise en charge et l’identification des morts, d’une
façon correcte et digne. Ils contribuent également à apporter des réponses aux personnes
endeuillées.
Les Associations Médicales Nationales ont un rôle à jouer afin de promouvoir ces prin-
cipes et leur respect, d’assurer les plus hautes normes éthiques et scientifiques possibles en
matière d’investigations médico-légales destinées à gérer les conséquences humanitaires
des conflits armés, d’autres situations de violence et de catastrophes.
Dans de nombreux pays, les AMN n’auront aucun rôle en matière de certification des
qualifications et d’expérience des praticiens de médecine médico-légale. Les AMN de-
vraient attirer l’attention des praticiens sur les directives de meilleure pratique rédigées par
le CICR, les Nations Unies et Interpol et recommander ou si possible demander le respect
de ces normes.
RECOMMANDATIONS
L’AMM lance un appel à toutes les AMN pour contribuer à ce que lorsque leurs membres
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2003-01-2013
Manuel des Politiques de l’AMM
prennent part à des investigations médico-légales à des fins humanitaires et dans le cadre
des droits humains, ces investigations s’accompagnent d’un mandat clair basé sur les plus
hautes normes éthiques, scientifiques et juridiques et dans le respect des principes et la
pratique des investigations médico-légales humanitaires comme énoncé par le CICR.
L’AMM invite les AMN à mieux connaître les principes compilés par les différentes
autorités sur les investigations médico-légales s’appliquant à l’action humanitaire et aux
droits humains, y compris ceux établis par le CICR afin de prévenir de nouvelles dis-
paritions et de résoudre les disparitions constatées et d’aider leurs membres à promouvoir
ces principes pour les investigations médico-légales partout dans le monde.
L’AMM invite les AMN à diffuser ces principes qui devraient être suivis pour de
telles investigations, y compris ceux établis par le CICR et à veiller à ce que les méde-
cins refusent de prendre part à des investigations inacceptables sur le plan éthique ou
autre.
L’AMM invite les AMN à s’assurer que les praticiens de médecine légale respectent les
principes figurant dans la loi humanitaire internationale relatifs à la prise en charge digne
et correcte, à la documentation et à l’identification des personnes décédées, et si possible,
à fournir des réponses aux familles endeuillées.
L’AMM invite les AMN à être attentives aux qualifications universitaires et aux qualités
éthiques indispensables afin que les médecins de médecine légale exercent avec com-
pétence et indépendance.
1
Le CICR définit les catastrophes comme des désastres survenant contre toute attente. Voir M.
Tidball-Binz, Managing the dead in catastrophes: guiding principles and practical recommenda-
tions for first responders. International review of the Red Cross, Vol 89 Number 866 June 2007:
421-442
S-2003-02-2013 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LES DIRECTIVES ANTICIPÉES (“LIVING WILLS”)
Adoptée par la 54e
Assemblée générale de l’AMM, Helsinki, Finlande, Septembre 2003
et réaffirmée par la 194e
Session du Conseil de l’AMM, Bali, Indonésie, Avril 2013
A. PREAMBULE
1. La “directive anticipée” est un document écrit et signé (parfois une déclaration
verbale certifiée en tient lieu) par lequel une personne consigne ses volontés quant
aux soins médicaux qu’elle veut ou ne veut pas recevoir si elle est devenue in-
consciente ou si elle se trouve dans un état tel qu’elle n’est plus capable d’exprimer
sa volonté.
2. Ce document porte des noms différents selon les Etats (par exemple, “living will”
ou testament biologique). L’acceptabilité et le statut juridique des directives anti-
cipées varient d’un pays à l’autre en fonction des facteurs sociaux, culturels,
religieux et autres.
3. La plupart des personnes qui rédigent de telles directives craignent surtout le
caractère excessif, inefficace de l’acharnement thérapeutique en phase terminale
alors que leur déchéance physique ou intellectuelle s’avère manifestement irré-
versible.
4. La Déclaration de Lisbonne de l’AMM sur les droits du patient énonce que “Si le
patient est inconscient et si, en l’absence du représentant légal, il y a nécessité
urgente d’intervention médicale, le consentement du patient sera présumé, à moins
que sur la base d’une conviction ou ferme déclaration préalable, il ne soit évident et
indéniable qu’il aurait, dans pareil cas, refusé l’intervention.”
B. RECOMMANDATIONS
1. Une directive anticipée dûment élaborée doit être respectée à moins que n’existent
des raisons bien fondées de supposer qu’elle n’est pas valide parce qu’elle ne
représente plus les souhaits du patient ou que sa capacité de compréhension était
imparfaite au moment de la préparation de la directive. Toutefois, si la directive
anticipée est contraire à ses convictions, le médecin concerné prendra les disposi-
tions appropriées pour que le traitement du patient soit transféré à un confrère
consentant.
2. Si le médecin n’est pas assuré de la validité d’une directive anticipée demandant
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2003-02-2013
Manuel des Politiques de l’AMM
l’arrêt de tout traitement susceptible de prolonger la vie, il doit demander l’avis des
membres de la famille ou des représentants légaux et d’au moins d’un confrère ou
du comité d’éthique. Les membres de la famille ou les représentants légaux seront
désignés dans la directive anticipée; ils devront être de confiance et disposés à
témoigner des intentions exprimées par le signataire de la directive. Le médecin
devra tenir compte de la législation en vigueur concernant la décision des repré-
sentants légaux pour les patients incapables.
3. Les patients seront invités à actualiser périodiquement la directive anticipée.
4. En l’absence d’une directive anticipée ou d’un représentant légal désigné pour
prendre les décisions, le médecin administrera le traitement qu’il estimera être le
meilleur dans l’intérêt du patient.
S-2003-03-2014 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LES DIRECTIVES ETHIQUES POUR LE RECRUTEMENT
DES MEDECINS AU NIVEAU INTERNATIONAL
Adoptée par la 54e
Assemblée Générale de l’AMM, Helsinki, Finland, Septembre 2003
et modifiée par la 65e
Assemblée Générale de l’AMM, Durban, Afrique du sud, Octobre 2014
(I) PREAMBULE
L’AMM reconnaît que le séjour temporaire de médecins dans d’autres pays favorise les
échanges de connaissances, de compétences et de points de vue entre le pays récepteur et
le pays envoyeur. Les échanges de professionnels de la médecine constituent donc un
avantage pour le développement de la médecine et des systèmes de santé et nécessitent
généralement le soutien des associations médicales nationales et des gouvernements.
La déclaration de l’AMM sur la main-d’œuvre médicale – 1 (1983, 1986) invite les
associations médicales nationales à collaborer avec leurs gouvernements pour apporter une
solution aux problèmes relatifs à la démographie médicale.
La résolution de l’AMM sur la main-d’œuvre médicale (1998) définit les composantes
majeures du problème qu’il conviendra de prendre en considération lors de l’élaboration
d’une politique de démographie nationale.
Pendant des décennies, les gouvernements, les employeurs et les associations médicales
ont mal interprété les données démographiques concernant le besoin de médecins. Les
jeunes médecins à la recherche d’un emploi ont souvent été sérieusement touchés par le
manque de planification de démographie médicale.
Beaucoup de pays, y compris les plus riches, connaissent une pénurie de médecins dont
une des raisons principales est le manque de formation d’un nombre suffisant de médecins
pour répondre aux besoins. Parmi les autres raisons qui expliquent cette perte nette, il y a
le recrutement des médecins pour d’autres professions, le départ anticipé à la retraite et
l’émigration, des raisons souvent motivées par de mauvaises conditions de travail.
Pour répondre à leurs besoins, certains pays ont traditionnellement eu recours au recrute-
ment de jeunes médecins diplômés à l’étranger. Cette pratique continue aujourd’hui.
Les mouvements de migration internationale des médecins s’effectuent généralement des
pays pauvres vers les pays riches. Les pays pauvres prennent en charge les frais de forma-
tion des médecins émigrants et ne reçoivent aucune compensation quand ils se rendent
dans un autre pays. Le pays hôte gagne ainsi une ressource de valeur sans avoir à en payer
le prix et économise le coût de la formation de ses propres médecins.
S-2003-03-2014 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
Les médecins ont entre autres bonnes raisons d’émigrer, celles, par exemple, de rechercher
de meilleures perspectives d’avenir et d’échapper à de mauvaises conditions de travail et de
vie. Ce peut aussi être le désir d’une plus grande liberté personnelle, politique ou la re-
cherche d’autres avantages.
(II) RECOMMANDATIONS
1.
1. Les associations médicales nationales, les gouvernements et les employeurs doi-
vent être particulièrement vigilants lorsqu’ils utilisent les données démographiques
destinées à prévoir le besoin de médecins et communiquent ces prévisions aux
jeunes gens qui envisagent de faire une carrière médicale.
2. Chaque pays doit faire tout son possible pour former un nombre suffisant de méde-
cins, en tenant compte de ses besoins et de ses ressources. Un pays ne doit pas
compter sur l’immigration pour répondre à ses besoins.
3. Chaque pays doit faire tout son possible pour retenir ses médecins dans la pro-
fession et dans le pays en leur apportant le soutien nécessaire pour atteindre leurs
objectifs personnels et professionnels, en tenant compte des besoins et des res-
sources du pays.
4. Les pays qui souhaitent recruter des médecins dans un autre pays doivent, pour ce
faire, se conformer aux dispositions du Mémorandum de compréhension signé par
les différents pays.
5. Il importe de ne pas empêcher les médecins de quitter leur pays d’origine ou leur
pays d’adoption pour aller faire carrière dans un autre pays.
6. Les pays recrutant des médecins à l’étranger doivent s’assurer que les recruteurs
fournissent aux recrues potentielles des informations complètes et exactes sur la
nature et sur les conditions requises du poste à pourvoir ainsi que sur les obliga-
tions administratives et contractuelles et sur les dispositions réglementaires et juri-
diques de la médecine dans le pays recruteur, y compris les compétences linguis-
tiques.
7. Les médecins qui, à titre permanent ou temporaire, exercent leur profession dans
un autre pays que leur pays d’origine doivent être traités sur un même pied d’égalité
que les autres médecins du pays (par exemple, mêmes opportunités de carrière et
mêmes honoraires pour un travail identique).
8. Rien ne doit empêcher les pays de signer, conformément au droit international et
en bonne connaissance des règles internationales sur les droits de l’homme, des
accords bilatéraux et des accords de compréhension mutuelle pour assurer une
coopération utile en matière de prestation de soins de santé, y compris les échanges
de médecins.
9. The WHO Global Code of Practice on the International Recruitment of Health
Personnel (Mai 2010) a été établi pour promouvoir les principes et les pratiques
Durban ⏐ S-2003-03-2014
Recrutement des Médecins
volontaires concernant le recrutement professionnel éthique des professionnels de
santé et pour renforcer plus facilement les systèmes de santé. Ce Code prend en
compte les droits, obligations et attentes des pays d’origine et des professionnels
de santé émigrants. L’AMM a participé à la rédaction du Code et soutient sa mise
en application.
10. L’OMS déclare que le recrutement international devrait être « mené en accord avec
les principes de transparence, de loyauté et en faveur de la durabilité des systèmes
de santé dans les pays en voie de développement. »
11. Le système de suivi et de partage des informations mis au point par l’OMS devrait
être vigoureusement soutenu avec pour but une coopération internationale. Les
parties intéressées devraient régulièrement se réunir et partager des données, don-
nées qui devraient être suivies et analysées par l’OMS. Cette dernière devrait four-
nir un important feedback aux gouvernements. Les informations devraient être par-
tagées sur la manière de relever les défis rencontrés.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2003-04-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LA VIOLENCE ET LA SANTÉ
Adoptée par la 54e
Assemblée Générale de l’AMM, Helsinki, Finlande, Septembre 2003
réaffirmée par la 59e
Assemblée Générale de l’AMM, Séoul, Corée, Octobre 2008
et révisée par la 70e
Assemblée Générale, Tbilissi, Géorgie, Octobre 2019
PRÉAMBULE
La violence est définie par l’OMS comme : « l’utilisation intentionnelle de la force
physique, de menaces à l’encontre des autres ou de soi-même, contre un groupe ou une
communauté, qui entraîne ou risque fortement d’entraîner un traumatisme, des dommages
psychologiques, des problèmes de développement ou un décès ».
De fait, la violence est multidimensionnelle et résulte de nombreux facteurs. Elle peut être
physique, sexuelle, psychologique ou exercée par le biais d’actes de privation ou de
négligence.
L’Association médicale mondiale (AMM) a élaboré des politiques qui condamnent
différentes formes de violence. On trouve parmi ces politiques la résolution sur la violence
à l’encontre des femmes et des jeunes filles, la prise de position sur la violence dans la
famille, la prise de position sur les mauvais traitements et la négligence envers les enfants,
la déclaration de Hong Kong sur les mauvais traitements envers les personnes âgées, la
prise de position sur le suicide des adolescents, la prise de position sur la violence dans le
secteur de la santé de la part de patients et de personnes proches, la déclaration sur la
protection du personnel de santé dans les situations d’urgence et la récente prise de
position sur les conflits armés.
La violence est une manifestation de la situation sanitaire, socio-économique, politique,
légale et de sécurité d’un pays. Elle se manifeste dans toutes les classes sociales et elle est
étroitement associée à la défaillance des pouvoirs publics et du gouvernement et à des
déterminants sociaux tels que le chômage, la pauvreté, les inégalités de santé et entre les
sexes et à l’inégalité des chances en matière d’accès à l’éducation.
L’ampleur et le poids de la violence touchent les régions et les territoires nationaux de
manière totalement hétérogène, des disparités que l’on retrouve en matière de disponibilité
des données. Il est cependant une certitude : les conséquences de la violence peuvent être
mortifères ou non. Parmi ces conséquences, on peut citer l’anéantissement de la vie
personnelle, familiale et communautaire et les troubles du développement social,
économique et politique des nations.
La violence pèse également sur l’économie en raison d’un accroissement des dépenses
sanitaires et administratives dû à une activité accrue de la justice pénale, des services de
répression et des systèmes de protection sociale. La violence mine en outre la productivité
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2003-04-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
du pays par la perte de capital humain et de productivité de la main d’œuvre.
IMPACTS SUR LA SANTÉ
Les effets de la violence sur la santé peuvent être de portée variable et se manifester à
court ou à long terme. La violence peut avoir des conséquences sur la santé, parmi
lesquelles la dépression, les troubles de stress post-traumatique et d’autres troubles de la
santé mentale, les grossesses non désirées, les fausses-couches et les infections
sexuellement transmissibles.
Les facteurs de risque comportementaux tels que la consommation de tabac, d’alcool ou
de drogue peuvent donner lieu à des comportements violents et constituer des facteurs de
risque de cancer, de maladies cardiovasculaires et vasculaires cérébrales.
Les victimes directes de violence sont plus souvent sujettes aux expériences
traumatisantes comme les mauvais traitements physiques, psychologiques et sexuels et
peuvent être réticentes ou incapables de faire part de leur expérience ou de la signaler aux
autorités en raison d’un sentiment de honte, de tabous culturels, de peur de la
stigmatisation ou de représailles ou encore de la lenteur du système judiciaire.
Dans les institutions comme les établissements de santé, la violence est souvent
interpersonnelle et peut être perpétrée par des soignants contre des patients, par des
patients et des proches de ceux-ci contre des membres du personnel de santé ou entre
professionnels de santé. Elle peut prendre la forme d’une agression, d’intimidation ou de
harcèlement.
Les professionnels de santé et les établissements de santé sont de plus en plus souvent la
cible d’attaques violentes. Une telle violence et des attaques visant du personnel de santé,
des personnes malades ou blessées ou des établissements de santé constituent une atteinte
directe à l’éthique médicale et aux droits international humanitaire et des droits humains.
Bien qu’un nombre croissant de pays reconnaissent la nécessité d’adopter des programmes
de prévention de la violence sur leur territoire, la prévention et la gestion de ce fléau
demeurent des gageures : en effet les systèmes de compte-rendu de données sont
inadéquats ou inexistants, les programmes de prévention de la violence et de soutien aux
victimes sont insuffisamment financés et la législation relative à la lutte contre la violence
est peu appliquée, y compris les mesures visant à restreindre l’accès à l’alcool.
Reconnaissant que la violence demeure un défi considérable en matière de santé publique,
qu’elle est par nature multidimensionnelle et évitable et affirmant le rôle d’exemplarité des
médecins et leur place prépondérante dans la prise en charge et l’accompagnement des
victimes de violence, l’Association médicale mondiale (AMM) s’engage à combattre ce
fléau mondial.
RECOMMANDATIONS
L’AMM encourage ses membres constituants à :
1. informer, éclairer et conseiller les élus et les fonctionnaires à tous les niveaux
S-2003-04-2019 ⏐ Tbilisi
Violence et Santé
d’autorité en leur apportant les connaissances et les données scientifiques
adéquates relatives aux retombées d’investissements accrus dans la prévention de
la violence ;
2. défendre et soutenir la bonne gouvernance fondée sur l’état de droit, la
transparence et la responsabilité ;
3. mener et soutenir des campagnes médiatiques efficaces en vue de sensibiliser le
grand public au poids et aux conséquences de la violence et à la nécessité de la
prévenir ;
4. sensibiliser le grand public aux règlementations, normes et codes éthiques
internationaux qui traitent de la protection du personnel et des établissements de
santé à la fois en temps de paix et pendant les conflits ;
5. intégrer et soutenir l’intégration aux cursus universitaires, y compris à la formation
médicale initiale, à l’internat et à la formation médicale continue, des cours sur la
violence et sa prévention ;
6. envisager d’organiser des programmes de renforcement des capacités et des
formations continues à l’intention des médecins dans les domaines de la prévention
de la violence, des soins aux victimes ainsi que de la préparation et de la réponse
aux situations d’urgence de même que la reconnaissance précoce des signes de
violence interpersonnelle et sexuelle.
L’AMM invite instamment les gouvernements à :
1. travailler en vue de parvenir à une tolérance zéro de la violence, par le biais de
programmes de prévention, la création d’établissements de prévention de la
violence et de soutien aux victimes et de refuges pour les victimes de violence
domestique, une hausse des investissements publics et privés en faveur de la
sécurité de la population et du renforcement des systèmes éducatifs et de santé ;
2. encourager la coopération en matière de prévention de la violence, notamment par
la prise en compte de la prévention de la violence et du soutien aux victimes au
sein des établissements de santé ;
3. assurer la justice sociale et l’égalité par l’élimination des inégalités et des iniquités
qui créent les conditions de la violence ;
4. s’attacher à neutraliser les déterminants sociaux de la santé par la création et
l’amélioration de l’infrastructure socio-économique, éducative et sanitaire et des
chances dans ces domaines et par l’élimination des attitudes et pratiques culturelles
préjudiciables et oppressives et toutes les formes d’inégalités ou de discrimination
fondées sur le sexe, biologique ou social, les principes, l’origine ethnique, la
nationalité, l’affiliation politique, la race, l’orientation sexuelle, le statut social,
l’état de santé ou le handicap ;
5. assurer la promulgation et la mise en œuvre d’une législation relative à la
prévention de la violence, à la protection et au soutien aux victimes de violence et
à la sanction des auteurs de violence ;
6. renforcer les institutions compétentes en matière de sécurité ;
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2003-04-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
7. élaborer des politiques et mettre en œuvre la législation visant à réguler l’accès à
l’alcool ;
8. élaborer et mettre en œuvre des cadres légaux efficaces pour la protection des
personnes et des organismes qui dispensent des soins de santé. De tels cadres
légaux devraient garantir la protection des médecins et des autres professionnels de
santé ainsi que l’accès libre et sûr du personnel de santé et des patients aux
établissements de santé ;
9. soutenir des recherches approfondies sur la nature et le caractère des différentes
formes de violence, y compris l’efficacité des stratégies qui lui sont opposées afin
de les aider à préparer et à mettre en œuvre des politiques, des lois et des stratégies
de prévention de la violence, de protection et de soutien aux victimes et de sanction
des auteurs de violence ;
10. impliquer et favoriser l’implication de multiples parties prenantes, et encourager la
collaboration entre les entités et les organisations concernées aux niveaux mondial,
national et local aux fins de l’élaboration, de la mise en œuvre et de la promotion
de la prévention de la violence et des stratégies de management, y compris par
l’association de dirigeants politiques, religieux et traditionnels ;
11. nouer des partenariats multisectoriels solides aux niveaux local et national afin de
promouvoir l’inscription de la prévention de la violence parmi les priorités de tous
les ministères, y compris ceux de la Santé, de l’Éducation, du Travail et de la
Défense ;
12. lancer une initiative pour des soins de santé sûrs garantissant la sécurité des
médecins et des autres personnels du domaine de la santé, des établissements de
santé et la prestation ininterrompue des services de santé, en temps de paix comme
en période de conflit.
13. Cette initiative devrait comporter les éléments suivants :
• un audit régulier des risques de violence ;
• des mécanismes de surveillance et de compte-rendu efficaces de la violence ;
• une enquête transparente et rapide pour tous les cas de violence signalés ;
• un système de protection des patients et du personnel de santé qui signalent les
cas de violence ;
• un soutien juridique aux médecins et aux autres personnels de santé subissant
des actes de violence sur leur lieu de travail ;
• la création, si nécessaire, de postes de sécurité dans les établissements de santé
;
• la prise en charge financière du personnel médical et de santé victime de
violence ;
• la mise en place de congés de rétablissement payés pour le personnel médical et
de santé victime de violence.
S-2004-02-2009 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
CONCERNANT LES RELATIONS ENTRE MÉDECINS
ET ENTREPRISES COMMERCIALES
Adoptée par la 55e
Assemblée générale de l’AMM, Tokyo, Japon, Octobre 2004
et adoptée par la 60e
Assemblée générale de l’AMM, New Delhi, Inde, Octobre 2009
PREAMBULE
Pour traiter leurs patients, les médecins utilisent des médicaments, des instruments, des
outils de diagnostic, des équipements et des produits conçus et fabriqués par des entreprises
commerciales. L’industrie dispose de moyens pour financer des programmes de recherche
et de développement coûteux qui nécessitent impérativement les connaissances et l’expé-
rience des médecins. En outre, le soutien de l’industrie permet de poursuivre la recherche
médicale, les conférences scientifiques et la formation médicale permanente qui peuvent
être bénéfiques aux patients et à l’ensemble du système de santé. La combinaison des res-
sources financières et des connaissances sur les produits du côté de l’industrie et des con-
naissances médicales du côté des médecins permet le développement de nouvelles mé-
thodes diagnostiques, de nouveaux médicaments, de nouvelles thérapies et de nouveaux
traitements pouvant conduire à de grandes avancées médicales.
Il existe toutefois des conflits d’intérêts entre les entreprises commerciales et les médecins.
Ces conflits peuvent porter préjudice aux soins des patients et à la réputation de la pro-
fession médicale. Le devoir du médecin est d’évaluer objectivement ce qui est le mieux
pour le patient. En parallèle, les entreprises commerciales escomptent des profits pour les
propriétaires lorsqu’elles vendent leurs propres produits et se concurrencent au niveau de
la clientèle. Des considérations commerciales peuvent nuire à l’objectivité du médecin,
notamment si le médecin est d’une certaine façon dépendant de l’entreprise.
Plutôt que d’interdire toute relation entre les médecins et l’industrie, il est préférable d’éta-
blir des directives pour ces relations. Ces directives doivent contenir les principes essen-
tiels pour révéler, éviter des conflits d’intérêts évidents et préserver l’indépendance clini-
que du médecin afin qu’il puisse agir au mieux des intérêts des patients.
Ces directives devraient servir de base pour la révision des directives déjà établies et pour
l’établissement de toutes nouvelles directives.
CONFÉRENCES MÉDICALES
Les médecins sont autorisés à participer à des conférences médicales subventionnées pour
tout ou partie par une entité commerciale si ces conférences respectent les principes sui-
vants:
New Delhi ⏐ S-2004-02-2009
Médecins et Entreprises Commerciales
1. Le principal objectif de la conférence est l’échange d’informations professionnelles ou
scientifiques.
2. L’hébergement pendant la conférence doit être secondaire à l’échange professionnel
d’informations et ne doit pas excéder ce qui est habituellement et généralement accep-
table localement.
3. Les médecins ne perçoivent pas de rémunération directement d’une entreprise com-
merciale pour couvrir les frais de voyage et de séjour à l’occasion de la conférence ou
à titre de compensation pour le temps qu’ils y consacrent à moins que la loi et/ou la
politique de leur Association Médicale Nationale ne l’autorise.
4. Les médecins ne doivent pas accepter une hospitalité non justifiée et recevoir un paie-
ment d’une entité commerciale pour couvrir les frais de séjour de personnes accom-
pagnantes.
5. Le nom de l’entreprise commerciale apportant un soutien financier sera rendu public
pour permettre à la communauté médicale et au public d’évaluer les informations com-
muniquées à la lumière de la source de financement. De plus, les organisateurs de la
conférence et les conférenciers informeront les participants de leurs éventuels liens
financiers avec les fabricants des produits mentionnés pendant la conférence ou avec
les fabricants de produits concurrents.
6. La présentation du produit par un médecin est scientifiquement exacte, analyse objec-
tivement toutes les autres options thérapeutiques possibles. Elle n’est pas influencée
par l’organisation qui subventionne l’évènement.
7. Une conférence peut se justifier au titre de la formation médicale permanente/forma-
tion professionnelle continue que si elle répond aux principes suivants:
7.1. Les entités commerciales sponsors telles les laboratoires pharmaceutiques, n’in-
fluencent pas le contenu, la présentation, le choix des intervenants ou la publi-
cation des résultats.
7.2. Les fonds engagés pour la conférence sont acceptés uniquement en tant que
contribution aux frais généraux de la manifestation
CADEAUX
Les médecins ne sont pas autorisés accepter un cadeau d’une entreprise commerciale à
moins que la loi et/ou la politique de leur Association Médicale Nationale ne l’autorise et
que les conditions suivantes sont réunies:
1. Les médecins ne sont pas autorisés à recevoir des paiements en argent ou des équi-
valents d’une entité commerciale.
2. Les médecins ne peuvent pas recevoir des cadeaux pour leur bénéfice personnel.
S-2004-02-2009 ⏐L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
3. Les cadeaux visant à influencer la pratique clinique ne sont jamais acceptables. Les
aides à la promotion peuvent être acceptées si le cadeau a une valeur minime et n’est
pas lié au fait que le médecin prescrive un certain médicament, utilise certains instru-
ments ou matériaux ou adresse des patients à un certain établissement de santé.
4. Les cadeaux de courtoisie culturels peuvent être acceptés, si ce n’est pas régulier,
selon les normes locales, si le cadeau ne coûte pas cher et n’a pas de lien avec la pra-
tique de la médecine.
RECHERCHE
Un médecin peut effectuer des recherches financées par une entreprise commerciale, à
titre individuel ou dans le cadre d’une institution, s’il se conforme aux principes suivants:
1. Le médecin se soumet uniquement à la loi, aux principes et directives éthiques de la
Déclaration d’Helsinki et au jugement clinique lorsqu’il effectue des recherches et s’in-
terdit toute soumission à des pressions extérieures concernant les résultats de ses re-
cherches et leur publication.
2. Si possible, un médecin ou une organisation qui souhaite entreprendre des recherches,
sollicitera plusieurs sociétés pour leur financement.
3. Les informations sur l’identité des patients impliqués dans les recherches ou des parti-
cipants volontaires ne sont pas communiquées à l’entreprise sponsor sans le consente-
ment des personnes concernées.
4. L’indemnité compensatrice versée au médecin pour sa recherche est basée sur le
temps et les efforts qu’il y a consacrés. En aucun cas, cette compensation n’est liée aux
résultats de la recherche.
5. Les résultats des recherches sont publiés avec divulgation du nom de la société spon-
sor, accompagnés d’une mention indiquant qui est l’instigateur des recherches. Ce prin-
cipe s’appliquera aussi bien à un subventionnement direct qu’indirect, total ou partiel.
6. Les entités commerciales n’entravent pas la publication des résultats de la recherche.
Si les résultats de la recherche ne sont pas rendus publics, notamment s’ils sont néga-
tifs, la recherche risque d’être répétée pour rien et d’exposer alors les futurs partici-
pants à des dommages potentiels.
AFFILIATIONS A DES ENTREPRISES COMMERCIALES
Un médecin n’est pas autorisé à s’affilier à une entité commerciale par ex. en tant que con-
sultant ou membre du comité scientifique à moins que cette affiliation respecte les prin-
cipes suivants:
New Delhi ⏐ S-2004-02-2009
Médecins et Entreprises Commerciales
1. L’affiliation ne porte pas atteinte à l’intégrité du médecin
2. L’affiliation ne compromet pas les obligations du médecin vis-à-vis de ses patients
3. Les affiliations et/ou autres relations avec des entités commerciales sont rendues publi-
ques lorsque cela s’impose, par ex. conférences, articles, comptesrendus
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2004-03-2017 ⏐L’Association Médicale Mondiale
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
L’EAU ET LES SOINS DE SANTE
Adoptée par la 55e
Assemblée Générale de l’AMM, Tokyo, Japon Octobre 2004
et révisée par la 65e
Assemblée Générale de l’AMM, Durban, Afrique du Sud, Octobre 2014
et la 68e
Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PRÉAMBULE
1. Un bon approvisionnement en eau douce (c’est-à-dire propre, potable et non
contaminée) est essentiel pour la santé individuelle et publique et doit constituer un
déterminant social de la santé. Il est fondamental à une vie menée dans la dignité, la
santé et respectueuse des droits humains. De nombreuses personnes, familles et
communautés n’ont pas accès à un tel approvisionnement et même dans les zones où
l’eau douce est abondante, cette dernière est menacée par la pollution, les activités
industrielles ou encore les déchets, un assainissement insuffisant ou inefficace et
d’autres facteurs négatifs.
2. Une analyse récente des éléments de preuve démontre qu’une absence d’accès à l’eau
propre, d’assainissement et de savon pour le lavage des mains est courante dans de
nombreux établissements de santé à travers le monde, même dans des conditions
normales de fonctionnement. De graves évènements naturels et d’origine humaine,
comme la guerre, réduisent encore davantage l’accès à de l’eau propre.
3. Pour répondre à sa mission qui est de servir l’humanité en s’efforçant de parvenir aux
plus hautes normes internationales de soins pour tous dans le monde, l’Association
médicale mondiale a rédigé cette prise de position pour encourager tous les
responsables de ce secteur à réfléchir à l’importance de l’eau, de l’assainissement et de
l’hygiène pour la santé individuelle et publique et à travailler à les rendre accessibles à
tous.
4. L’hygiène, l’assainissement et l’eau (HAE) sont des déterminants essentiels de la santé
et les principales stratégies d’intervention pour réduire la morbidité, la mortalité et les
soins de santé évitables coûtent cher. Le secteur de la santé, et notamment les
médecins peuvent jouer un rôle clé pour assurer une bonne gestion de ces
déterminants.
CONSIDÉRATIONS
5. Les maladies véhiculées par l’eau sont responsables d’une bonne part de la mortalité et
de la morbidité, en particulier dans les pays en voie de développement. Ces problèmes
sont aggravés en périodes de catastrophes, qu’elles soient naturelles, comme les
séismes, épidémies, sécheresses et inondations ou causées par l’homme, comme les
Chicago ⏐ S-2004-03-2017
Eau et Soins de Santé
conflits, accidents nucléaires ou pétroliers ou liés aux produits chimiques.
6. Les modifications anthropogéniques des écosystèmes, la plus faible rétention des sols
et la capacité limitée de la nature à filtrer les souillures présentes dans l’eau
provoquent des dommages croissants à l’environnement naturel, notamment à
l’environnement aquatique. La fracturation hydraulique pour la recherche de
combustibles fossiles peut perturber considérablement les eaux souterraines en raison
de l’accumulation de substances micropolluantes telles que les produits
pharmaceutiques et les pesticides.
7. La marchandisation de l’eau, lorsque celle-ci est fournie dans un but lucratif et non pas
dans le cadre d’un service public, peut avoir des conséquences néfastes importantes
sur l’accès à un approvisionnement correct en eau de boisson.
8. La création d’infrastructures durables pour la fourniture d’eau potable et pour un bon
assainissement contribue grandement à une bonne santé publique et au bien-être
national. Diminuer les maladies infectieuses et d’autres pathologies provoquées par
l’eau non potable réduit le fardeau des coûts de santé et améliore la productivité. Par
ricochet, les économies nationales sont plus prospères.
9. L’eau, ressource vitale et nécessaire à la vie, est devenue rare dans de nombreuses
parties du monde. Elle doit donc être utilisée de manière raisonnable et avec
parcimonie.
10. L’eau et un assainissement efficace sont des atouts que partagent l’humanité et la terre.
De ce fait, les questions tournant autour de l’eau devraient être traitées de manière
collaborative par la communauté mondiale.
11. L’eau, l’assainissement et l’hygiène sont essentiels pour la délivrance sûre et efficace
des soins de santé et fondamentaux pour la santé publique.
RECOMMENDATIONS
12. L’AMM encourage les associations médicales nationales, les autorités sanitaires et les
médecins à soutenir toutes les mesures visant un meilleur accès à une eau potable et
sûre et à des services de santé adéquats, et notamment :
12.1 les programmes nationaux et internationaux permettant d’assurer un accès
immédiat gratuit ou à bas coût à l’eau potable pour tous les êtres humains et
pour prévenir la pollution des sources d’approvisionnement en eau.
12.2 Les programmes internationaux, régionaux, nationaux et locaux pour assurer un
accès à l’assainissement et prévenir la dégradation des ressources en eau.
12.3 Les recherches sur la relation entre la pollution de l’eau, les systèmes
d’approvisionnement en eau, y compris le traitement des eaux usées, et la santé.
12.4 L’élaboration de plans pour fournir de l’eau potable et assurer un traitement
correct des eaux usées dans les situations d’urgence. Ces plans seront fonction
de la nature des urgences mais peuvent inclure une désinfection des eaux sur
place, une identification des sources d’eau et un système d’alimentation
électrique des pompes.
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2004-03-2017 ⏐L’Association Médicale Mondiale
12.5 Les mesures préventives pour assurer l’accès à une eau potable, un
assainissement et une hygiène sûrs et adaptés pour tous les centres de soins, y
compris après des catastrophes naturelles, notamment des séismes. De telles
mesures devraient comporter le développement d’infrastructures et de
programmes de formation afin d’aider les établissements de soins à faire face à
de telles crises. Des programmes d’approvisionnement constant en eau pendant
des urgences devraient être mis en place en lien avec les autorités régionales et
avec l’implication de la communauté.
12.6 Une meilleure utilisation des ressources en eau par chaque pays. L’AMM
demande notamment aux hôpitaux et aux centres de santé d’étudier leur impact
sur la pérennité des ressources en eau et de respecter les normes de sécurité les
plus strictes en matière de mise au rebut des médicaments et des déchets
médicaux des établissements de santé.
12.7 Les mesures préventives et une préparation aux urgences pour éviter une
pollution de l’eau.
12.8 La promotion d’un accès universel à l’eau propre à un coût raisonnable et à
l’assainissement en tant que droit humain[1] et bien commun de l’humanité.
12.9 Les informations sur le lien entre l’hygiène favorisée par le lavage des mains et
la prévention des problèmes de santé, qui font partie des mesures de promotion
de la santé et d’éducation à la santé et nécessitent le concours des
gouvernements et des organisations de santé, notamment là où l’accès à l’eau a
précédemment été trop restreint pour permettre aux personnes d’assurer une
bonne hygiène.
12.10 L’établissement d’un système d’alarme en temps réel, accessible tant à la
population locale qu’aux touristes et communiquant des informations sur les
risques de contamination de l’eau dans différentes zones.
[1] En 2010 l’Assemblée générale des Nations unies et le Conseil des droits de l’homme ont
explicitement reconnu le droit humain à l’eau et à l’assainissement, en lien avec le droit à un
niveau de vie suffisant comme le stipule l’article 11 du Pacte international sur les droits
économiques, sociaux et culturels et d’autres traités internationaux sur les droits humains. Il
fait donc partie du droit international des droits humains.
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2005-02-2015 ⏐L’Association Médicale Mondiale
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LA SUBSTITUTION DES MÉDICAMENTS
Adoptée par la 56e
Assemblée générale de l’AMM, Santiago, Chili, Octobre 2005
et réaffirmée par la 200e
Session du Conseil de l’AMM, Oslo, Norvège, Avril 2015
et la 200e
Session du Conseil de l’AMM, Oslo, Norvège, Avril 2015
INTRODUCTION
1. La prescription d’un médicament représente le point culminant d’une opération
mûrement réfléchie entre le médecin et le patient, destinée à prévenir, améliorer ou
soigner une maladie ou problème. Cette opération délibérée exige que le médecin
évalue un certain nombre de données scientifiques et autres, y compris les coûts, et
opte pour la thérapie qu’il estime appropriée pour le patient. Cependant, le pharmacien
est parfois sollicité pour remplacer par un autre médicament celui prescrit par le
médecin. L’Association Médicale Mondiale s’inquiète sérieusement de cette pratique.
2. Il existe deux formes de substitution thérapeutique : la substitution générique et la
substitution thérapeutique.
3. La substitution générique se définit par la substitution d’un médicament générique à
un produit pharmaceutique portant un nom de marque. Cependant, les deux produits
présentent les mêmes substances chimiques actives, la même force et la même forme
de dosage.
4. La substitution thérapeutique se caractérise par la substitution, par un pharmacien,
d’un médicament dont la composition chimique est différente de celle prescrite par le
médecin. Le médicament substitué par le pharmacien appartient à la même catégorie
de produits pharmacologiques et/ou thérapeutiques. Cependant, étant donné les dif-
férences de substances chimiques entre les deux médicaments, des effets indésirables
peuvent se produire chez le patient.
5. Les rôles respectifs des médecins et des pharmaciens, notamment leur capacité à ré-
pondre aux besoins d’une pharmacothérapie optimale pour le patient, sont présentés
dans la prise de position de l’AMM sur les relations de travail entre médecins et phar-
maciens dans le cadre du traitement pharmacologique.
6. Le médecin doit obtenir l’assurance auprès des autorités compétentes nationales de la
bioéquivalence et de l’équivalence chimique et thérapeutique des produits pharma-
cologiques prescrits, de composition à la fois simple et multiple. L’établissement de
règles sur la garantie de la qualité permettra d’assurer ces équivalences.
7. Plusieurs facteurs doivent être pris en considération avant de prescrire un choix de
médicaments pour un symptôme particulier chez un patient donné. La pharmaco-
thérapie doit être individualisée sur la base d’un dossier clinique complet du patient,
des résultats physiques courants, des données de laboratoire appropriées et des fac-
Substitution des Médicaments
S-2005-02-2015 ⏐Oslo
teurs psychologiques. Une fois considérés ces premiers éléments, le médecin doit
d’abord consulter les analyses comparatives des coûts des produits pharmacologiques
identiques disponibles pour satisfaire au mieux les besoins du patient. Il doit ensuite
déterminer le type et la quantité des produits pharmacologiques qu’il estime être dans
le meilleur intérêt médical et financier du patient.
8. Lorsque le patient a donné son consentement pour un médicament donné, le choix de
ce médicament ne peut être modifié sans le consentement du patient et du médecin.
Le non respect de ces principes peut être préjudiciable pour le patient. Au nom des
patients et des médecins, les Associations Médicales Nationales doivent faire tout leur
possible pour assurer l’application des recommandations suivantes:
RECOMMANDATIONS
1. Les médecins doivent bien connaître les lois et/ou réglementations spécifiques qui
régissent la substitution des médicaments sur leur lieu d’exercice.
2. Il importe d’exiger du pharmacien qu’il observe avec exactitude la dose chimique et la
forme du dosage prescrites par le médecin. Une fois la médication prescrite et com-
mencée, aucun médicament ne doit être substitué par un autre sans l’accord du méde-
cin traitant.
3. En cas de substitution d’un médicament par un autre, le médecin doit soigneusement
contrôler et modifier la dose afin d’obtenir l’équivalence thérapeutique du médica-
ment.
4. Lorsqu’une substitution de médicament donne lieu à des effets indésirables voir ou un
échec thérapeutique, le médecin doit consigner ces résultats et en faire rapport aux
autorités compétentes en matière de réglementation pharmacologique.
5. Les Associations Médicales Nationales doivent examiner régulièrement les questions
de substitution de médicaments et tenir leurs membres informés des progrès réalisés
dans le domaine de la prestation de soins au patient. La collecte et l’évaluation des
rapports d’information faisant état d’une évolution substantielle dans ce domaine doi-
vent être encouragées.
6. Les instances compétentes en matière de réglementation pharmacologique doivent
évaluer et veiller à la bioéquivalence et à l’équivalence chimique et thérapeutique de
tous les produits pharmacologiques similaires, qu’ils soient génériques ou qu’ils por-
tent un nom de marque, afin de garantir un traitement sûr et efficace.
7. Les Associations Médicales Nationales doivent s’opposer à toute action visant à
limiter la liberté et la responsabilité du médecin de prescrire dans le meilleur intérêt
médical et financier du patient.
8. Les Associations Médicales Nationales doivent faire pression auprès des autorités de
régulation nationales afin que la substitution d’un traitement par un autre soit déclarée
comme illégale à moins que cette substitution ait donné lieu juste auparavant à un
consentement du médecin traitant.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2005-04-2015
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION
DE
L’AMM CONCERNANT LA RÉFORME SUR LA
RESPONSABILITÉ MÉDICALE
Adoptée par la 56e
Assemblée générale de l’AMM, Santiago, Chili, Octobre 2005
et réaffirmée par la 200e
Session du Conseil de l’AMM, Oslo, Norvège, Avril 2015
1. La multiplication du nombre de procès que connaît le monde aujourd’hui affecte de
façon hostile la pratique de la médecine et corrode la qualité et l’accès aux services de
santé. Certaines associations médicales nationales signalent une responsabilité médi-
cale en état de crise alors que le développement des poursuites en justice contribue à
augmenter les coûts de santé, à limiter l’accès aux services de soins et à brider les
efforts permettant d’améliorer la sécurité du patient et la qualité. Dans d’autres pays,
les réclamations pour faute médicale sont moins rampantes mais les associations
médicales nationales doivent être attentives aux problèmes et circonstances suscepti-
bles d’augmenter la fréquence et l’exigence des demandes d’indemnité pour faute
réclamées aux médecins.
2. Les demandes d’indemnité pour faute ont provoqué une forte augmentation des coûts
de santé, en déviant les ressources de soins limitées en direction du système judiciaire
et en les détournant de leur destination directe, à savoir, les soins du patient, la re-
cherche et la formation médicale. La multiplication du nombre de procès a également
quelque peu voilé la distinction entre négligence et effets indésirables inévitables,
avec souvent pour résultat une énonciation aléatoire des normes de santé. Cela a
donné lieu à des extrapolations faisant valoir que n’importe qui peut intenter un procès
pour presque n’importe quoi, en faisant le pari de gagner le gros lot. De tels agisse-
ments engendrent cynisme et méfiance envers les systèmes à la fois médicaux et
juridiques et entraînent des conséquences préjudiciables à la relation médecin/patient.
3. Par l’adoption de la présente prise de position, l’Association Médicale Mondiale invite
instamment les associations médicales nationales à demander que soit mis en place
dans leurs pays respectifs un système de justice médicale fiable. Les systèmes juridi-
ques doivent s’assurer que les patients sont protégés contre des pratiques préjudi-
ciables, que les médecins sont protégés contre les actions en justice condamnables et
que l’énonciation des normes de santé sont cohérentes et fiables de sorte que chacune
des parties sait ce qu’elle doit faire.
4. L’Association Médicale Mondiale souhaite par la présente déclaration informer les
associations médicales nationales des faits et problèmes relatifs aux demandes d’in-
demnité pour faute médicale. Dans chaque pays, compte tenu des systèmes législatif
et juridique tout comme des traditions sociales et conditions économiques, certaines
parties de la présente prise de position peuvent ne pas s’appliquer à toutes les Asso-
ciation Médicale Nationales mais ne remettent pas en cause l’importance cruciale
d’une telle prise de position.
Réforme sur la Responsabilité Médicale
S-2005-04-2015 ⏐ Oslo
5. L’augmentation de la fréquence et de la gravité des réclamations pour faute médicale
peut notamment résulter de l’une ou plusieurs des circonstances suivantes:
a. Les progrès des connaissances et des techniques médicales qui permettent au-
jourd’hui aux médecins de réaliser des choses autrefois impossibles, provoquent
cependant dans bien des cas des risques considérables.
b. Les pressions exercées sur les médecins par les organismes de santé privés ou les
systèmes de santé publics dans le but de limiter les coûts des soins médicaux.
c. La confusion entre, le droit à l’accès aux soins, qui peut être acquis, et le droit à la
santé et à son maintien, qui ne peut être garanti.
d. La responsabilité des médias qui poussent à la méfiance à l’égard des médecins
en mettant en doute leur compétence, leurs connaissances, leur comportement et
la gestion des patients et par l’invitation de ces patients à formuler des plaintes
contre les médecins.
6. Il importe de faire une distinction entre un préjudice résultant d’une négligence et un
effet indésirable survenu en cours de soins ou de traitement dont le médecin n’est pas
responsable.
a. Un préjudice causé par une négligence est la résultante directe d’une absence de
conformité de la part du médecin avec les normes de soins permettant le traite-
ment de la pathologie en présence, voire un manque de compétences du médecin
dans le domaine de la prestation de soins au patient.
b. Un effet indésirable est un préjudice, survenant pendant le traitement médical,
qui ne résulte pas d’un manque de compétences ou de connaissances du médecin
traitant et pour lequel le médecin ne doit porter aucune responsabilité.
7. Le détermination du montant de l’indemnité des patients faisant l’objet d’une faute
médicale doit être différent selon qu’il s’agit d’une réclamation pour faute ou d’un effet
indésirable survenu en cours de soins et de traitement à moins qu’il y ait un système
autre tel qu’un système de non faute ou un système de résolution alternatif.
a. Concernant le cas d’un effet indésirable pour lequel le médecin n’est pas res-
ponsable, chaque pays doit décider de la nécessité de dédommager le patient
pour les préjudices subis et préciser, le cas échéant, la source du financement.
En fonction de ses conditions économiques, le pays décidera de la mise à dis-
position d’un fonds de solidarité permettant d’indemniser le patient sans aucune
charge pour le médecin.
b. Les lois régissant chacune des juridictions doivent prévoir les modalités per-
mettant de décider de la responsabilité dans les réclamations pour faute et de
déterminer le montant de l’indemnité due au patient dans le cas d’une négligence
éprouvée.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2005-04-2015
Manuel des Politiques de l’AMM
8. Les Associations Médicales Nationales examineront attentivement une partie ou la
totalité des possibilités suivantes, dans un souci de traiter avec justesse et équité à la
fois les médecins et les patients:
a. Etablissement de programmes d’enseignement public sur les risques inhérents
aux derniers progrès concernant les modes de traitement et la chirurgie et les
programmes d’enseignement professionnel sur la nécessité d’obtenir le consente-
ment éclairé du patient sur ces traitements et chirurgie.
b. Mise en place de programmes de sensibilisation du public expliquant les pro-
blèmes de la médecine et de la prestation de soins de santé résultant d’une stricte
limitation de la maîtrise des coûts.
c. Amélioration du niveau et la qualité de l’enseignement médical pour tous les
médecins, y compris le développement de la pratique en formation clinique.
d. Développement et participation aux programmes permettant aux médecins
d’améliorer la qualité des soins et des traitements médicaux.
e. Elaboration des directives appropriées sur la formation de rattrapage pour les mé-
decins présentant des compétences ou des connaissances insuffisantes, y com-
pris des limitations d’exercice professionnel jusqu’au rattrapage du retard.
f. Information du public et le gouvernement du danger que les différentes formes
de médecine défensive peuvent présenter (la multiplication des actes médicaux
ou, au contraire, la non-intervention des médecins, la désaffection des jeunes
médecins pour certaines spécialités à risques ou l’hésitation des médecins ou des
hôpitaux à traiter les patients à haut risque).
g. Information du public sur les risques de préjudice encourus pendant un traite-
ment médical peuvent ne pas résulter d’une négligence de la part du médecin et
établissement de procédures simples pour permettre aux patients d’avoir des expli-
cations en cas d’accidents et d’être informés des mesures à prendre pour obtenir
compensation, si existante.
h. Préconisation d’une protection légale pour les médecins lorsque les patients sont
l’objet d’effets indésirables qui ne sont le produit d’aucune négligence et parti-
cipation aux décisions concernant le bien fondé de l’instaurant de compensations
à fournir aux patients blessés pendant un traitement médical sans aucune pré-
sence de négligence.
i. Participation à l’élaboration des lois et des procédures applicables aux réclama-
tions pour faute médicale.
j. Opposition active aux réclamations sans valeur ou peu sérieuses et aux fac-
turations fortuites des avocats.
Réforme sur la Responsabilité Médicale
S-2005-04-2015 ⏐ Oslo
k. Exploration des nouvelles règles de procédure de résolution des conflits comme
l’arbitrage à l’amiable, plutôt que la procédure judiciaire, pour traiter les récla-
mations pour faute médicale.
l. Encouragement des médecins à souscrire à une assurance personnelle pour se
protéger des réclamations pour faute médicale, à la charge des praticiens eux-
mêmes ou de l’employeur, pour les médecins salariés.
m. Encouragement au développement de systèmes bénévoles, confidentiels et lé-
galement protégés permettant le signalement des effets indésirables ou des er-
reurs médicales, à des fins d’analyse et de recommandations sur la réduction des
effets indésirables et sur l’amélioration de la sécurité du patient et de la qualité
des soins.
n. Endiguer la criminalisation croissante ou la responsabilité pénale des actes médi-
caux par les tribunaux.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2006-01-2006
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LES TECHNOLOGIES DE PROCRÉATION ASSISTÉE
Adoptée par la 57e
Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
PRÉAMBULE
1. La technologie de procréation assistée englobe une vaste gamme de techniques desti-
nées au départ à aider les couples ne pouvant pas procréer sans une assistance médi-
cale. Depuis la naissance du premier bébé appelé “bébé éprouvette” en 1978, plus de
1,5 million d’enfants dans le monde ont vu le jour grâce à la technique de la FIV.
2. Le terme de technologie de procréation assistée inclut des techniques telles que la
fécondation in vitro (FIV) et injection de spermatozoïde dans le cytoplasme (ICSI).
Cette technologie englobe donc tous les traitements comportant une manipulation
médicale et scientifique de gamètes et d’embryons humains afin de provoquer une
grossesse. Même si certaines législations ont considéré l’insémination artificielle –
utilisation de la semence d’un donneur ou de la semence du partenaire de la patiente –
comme différente, beaucoup des questions sur la réglementation pour obtenir, stocker,
utiliser et disposer des gamètes et des embryons sont étroitement imbriquées. Dans
cette prise de position, les traitements telle que l’insémination artificielle sont exclus.
3. Les technologies de procréation assistée soulèvent de graves questions morales. Les
opinions et les croyances sur le statut moral de l’embryon – éléments clés des débats
dans ce domaine – varient dans chaque pays et entre chaque pays. La réglementation
sur la procréation assistée varie d’un pays à l’autre. Alors que sur certaines questions,
un consensus est possible, des divergences fondamentales persistent sur d’autres.
Cette prise de position identifie les terrains d’entente et souligne les points sur lesquels
il n’existe pas de consensus. Les médecins confrontés à de telles situations doivent se
conformer aux lois et règlementations en vigueur ainsi qu’aux consignes éthiques et
aux standards professionnels établis par l’Association Médicale Nationale et par les
autres organisations communautaires concernées.
4. Les médecins ayant recours aux technologies de procréation assistée doivent toujours
tenir compte de leurs devoirs éthiques vis-à-vis de l’enfant qui pourrait voir le jour
suite au traitement. Si la preuve est faite que le futur enfant subira un grave préjudice,
le traitement ne doit pas être mis en uvre.
5. Comme pour toutes les autres procédures médicales, les médecins ont une obligation
éthique de limiter leur pratique à des domaines où ils sont compétents et expéri-
mentés, de respecter les droits des patients. Ces droits incluent celui de l’intégrité cor-
porelle de la personne et l’absence de contrainte. En pratique, cela signifie l’existence
d’un consentement valable ou concret comme pour toutes les procédures médicales; la
Technologies de Procréation Assistée
S-2006-01-2006 ⏐ Pilanesberg
validité d’un tel consentement dépend de la justesse des informations fournies à la
patiente et de sa liberté de décision, ce qui signifie l’absence de contrainte ou d’autres
pressions pour influencer la décision.
6. La procréation assistée diffère du traitement de la maladie par le fait que l’impossi-
bilité d’enfanter sans intervention médicale n’est pas toujours considérée comme une
pathologie. Tout en pouvant avoir un profond impact psychosocial et donc médical, il
n’y a pas d’atteinte à la vie. C’est cependant une cause fréquente de graves troubles
psychologiques qu’il faut traiter médicalement.
7. L’obtention du consentement éclairé de ceux qui envisagent un traitement doit s’ac-
compagner d’une étude des autres solutions, y compris celle de ne pas avoir d’enfant
ou de recourir à l’adoption, des risques associés aux diverses techniques et de la possi-
bilité d’un échec. Dans de nombreuses législations, la procédure d’obtention du con-
sentement s’accompagne obligatoirement d’une procédure d’information et d’une pro-
position d’assistance-conseil. Elle peut aussi inclure une évaluation de la patiente dans
l’optique du bien-être de l’enfant potentiel.
8. Les patients faisant appel à des technologies de procréation assistée ont droit au même
niveau de confidentialité et de respect de la vie privée que pour tout autre traitement
médical.
9. La technologie de procréation assistée implique toujours la manipulation des gamètes
et embryons humains. On se pose plus au moins de questions à ce sujet mais générale-
ment on s’accorde à dire que des mesures de sécurité spécifiques doivent permettre de
prévenir les abus. Dans certaines législations, tous les centres manipulant de tels
matériaux doivent posséder un agrément et prouver qu’ils sont en conformité avec des
normes très strictes.
LA RÉUSSITE DES TECHNIQUES
1. Les différentes techniques ont un taux de réussite très variable d’un centre à l’autre.
Les médecins ont obligation de communiquer les taux de réussite réels aux patientes
potentielles. Si leur taux de réussite est très différent du taux courant, ils doivent le
faire savoir aux patientes. Ils doivent également en étudier les causes car il est possi-
ble que ce soit lié à une mauvaise pratique et si tel est le cas, ils doivent palier leurs
manques.
GROSSESSES MULTIPLES
1. Le transfert de plus d’un embryon accroît les chances de fixation d’au moins un em-
bryon. En contrepartie, on sait que dans les grossesses multiples, les risques sont plus
grands, notamment celui d’une fausse couche. Le risque des grossesses gémellaires,
tout en étant plus élevé que celui des grossesses uniques, est considéré comme accep-
table par la plupart des gens. Les praticiens doivent se conformer aux directives pro-
fessionnelles quant au nombre maximum d’embryons à implanter par traitement. En
cas de grossesses multifoetales, il peut être envisagé sur des bases médicales de prati-
quer une réduction embryonnaire pour augmenter les chances de porter la grossesse à
terme, lorsque la législation nationale et le code éthique l’autorisent.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2006-01-2006
Manuel des Politiques de l’AMM
DONS
1. Certaines patientes ne produisent pas de gamètes exploitables. Elles ont besoin de
donneurs d’ovules ou de sperme. Le don doit faire suite à une assistance-conseil et
être soigneusement contrôlé afin d’éviter les abus, y compris les contraintes exercées
par les donneurs potentiels. Ces derniers ne doivent pas être rémunérés ou bénéficier
d’avantages en nature (par ex. traitements gratuits ou à faible coût) afin de les inciter à
faire des dons mais peuvent éventuellement être remboursés des dépenses jugées rai-
sonnables.
2. Lorsqu’un enfant est né à la suite d’un don, la famille doit être encouragée à lui en
parler ouvertement, indépendamment du fait de savoir si la loi du pays autorise ou
non que l’enfant soit informé sur le donneur. Il est difficile de garder des secrets dans
les familles et l’enfant peut pâtir d’informations sur l’origine de sa conception données
maladroitement et sans soutien approprié.
DIAGNOSTIC GÉNÉTIQUE PRÉIMPLANTATOIRE (DPI)
1. Le Diagnostic Génétique Préimplantatoire (DPI) peut être réalisé sur des embryons au
premier stade pour détecter la présence d’anomalies génétiques ou chromosomiques,
notamment celles associées à une grave maladie et à une mort très prématurée ainsi
que pour d’autres raisons telles que l’identification des embryons offrant toutes les
chances d’une implantation réussie sur les femmes ayant eu de multiples fausses
couches. Les embryons présentant des anomalies sont éliminés; seuls ceux apparem-
ment normaux sur le plan génétique et chromosomique sont implantés.
2. Cette technique efficace ou des techniques plus simples ne doivent pas être utilisées
pour des motifs superficiels tels que des préférences de sexe. L’AMM pense que les
médecins doivent choisir le sexe uniquement lorsqu’il s’agit d’éviter une pathologie
grave liée aux chromosomes sexuels telle que la dystrophie musculaire de Duchenne.
3. Le DPI peut aussi être associé à une combinaison HLA pour sélectionner les em-
bryons en partant de l’hypothèse que les cellules souches du sang du cordon ombilical
de l’enfant à naître pourraient être utilisées pour traiter une sur ou un frère grave-
ment malade. Les avis sur la recevabilité de cette pratique sont variables et les méde-
cins doivent suivre la législation nationale et les standards éthiques et professionnels
lorsqu’ils sont confrontés à de telles demandes.
UTILISATION DE GAMÈTES ET EMBRYONS ET ÉLIMINATION DES GAMÈTES
ET EMBRYONS NON UTILISÉS
1. La plupart du temps, la procréation assistée entraîne la production de gamètes et
d’embryons qui ne seront pas utilisés pour traiter ceux qui les ont fournis. Ce que l’on
appelle les gamètes et embryons surnuméraires peuvent être stockés et cryoconservés
pour une utilisation ultérieure, donnés à d’autres patientes ou éliminés. En lieu et place
d’une élimination, dans les pays où la recherche embryonnaire est autorisée, ces em-
bryons peuvent être donnés à des centres de recherche. Ces options doivent être claire-
ment expliquées aux personnes avant le don ou le prélèvement.
Technologies de Procréation Assistée
S-2006-01-2006 ⏐ Pilanesberg
MÈRE PORTEUSE
1. Lorsqu’une femme est incapable, pour des raisons médicales, de porter un enfant à
terme, on peut recourir à une mère porteuse pour solutionner l’absence d’enfant à la
condition que la législation nationale ou les règles éthiques de l’Association Médicale
Nationale ou d’autres organisations concernées l’autorisent. Là où l’on fait appel à des
mères porteuses, il faut scrupuleusement veiller à protéger les intérêts de toutes les
parties impliquées.
RECHERCHE
1. Les médecins doivent encourager la recherche utilisant les tissus collectés pendant les
procédures de procréation assistée. En raison du statut spécial des matériaux utilisés,
la recherche sur les gamètes humains et en particulier sur les embryons humains est
très réglementée dans de nombreuses législations. Les médecins ont le devoir éthique
de respecter cette réglementation et de contribuer aux débats publics et à la compré-
hension de ce sujet.
2. En raison de la nature spéciale des embryons humains, la recherche doit être soig-
neusement contrôlée et se limiter aux domaines dans lesquels aucun autre matériau ne
peut constituer une solution de remplacement.
3. Les opinions et la législation diffèrent sur la question de savoir si les embryons
peuvent être créés spécifiquement pour la recherche ou pendant la recherche. Les mé-
decins doivent agir conformément à la législation nationale et aux recommandations
éthiques locales.
REMPLACEMENT DE NOYAU CELLULAIRE
1. L’AMM s’oppose à la technique de remplacement du noyau cellulaire qui vise à cloner
des êtres humains.
2. Le remplacement du noyau cellulaire peut également être appliqué pour développer
des cellules souches embryonnaires dans l’optique de la recherche et en fin de compte,
il faut l’espérer, pour le traitement de nombreuses maladies graves. Ce type de recher-
che et sa recevabilité donne lieu à des divergences d’opinion et les médecins sou-
haitant participer à de telles recherches doivent veiller à agir en conformité avec la
législation nationale et les directives éthiques locales.
RECOMMANDATIONS
1. La procréation assistée est un secteur médical dynamique, évoluant rapidement. Con-
jointement au suivi scientifique, les évolutions doivent faire l’objet d’un suivi éthique
soigneux.
2. Les gamètes et embryons humains font l’objet d’un statut spécial. Leur utilisation, y
compris pour la recherche, les dons, ainsi que leur élimination, doit être bien expli-
quée aux donneurs potentiels et soumise à la réglementation locale.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2006-01-2006
Manuel des Politiques de l’AMM
3. La recherche sur les embryons doit être entreprise que si la législation locale et les
standards éthiques le permettent et doit se limiter aux domaines dans lesquels d’autres
matériaux de substitution ou la modélisation informatique ne peuvent pas être utilisés.
4. Les médecins doivent respecter les directives professionnelles quant au nombre maxi-
mum d’embryons à transplanter au cours d’un traitement.
5. Il ne doit y avoir aucune rémunération ou avantage en nature (par ex. traitements gra-
tuits ou à faible coût) afin d’encourager les dons mais les donneurs peuvent être rem-
boursés des dépenses jugées raisonnables.
6. Les familles ayant recours à des dons d’embryons ou de gamètes doivent être en-
couragées et assistées pour en parler ouvertement avec l’enfant.
7. Le choix du sexe doit avoir lieu uniquement dans le but d’éviter de graves pathologies,
y compris celles à nature létale.
8. Les médecins ont un rôle important à jouer au niveau de l’information du public sur
les possibilités de la procréation assistée et sur les limites de cette pratique.
9. Les médecins doivent agir conformément à la législation nationale et se conformer
aux hauts standards.
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2006-02-2018 ⏐L’Association Médicale Mondiale
DÉCLARATION DE L’AMM
SUR
LA PANDÉMIE DE GRIPPE AVIAIRE
Adoptée par la 57e
Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et amendée par la 69e
Assemblée Générale de l’AMM à Reykjavik, Islande, Octobre 2018
PRÉAMBULE
La pandémie de grippe humaine se produit trois ou quatre fois par siècle. La grippe
pandémique est due à l’apparition d’un nouveau virus de la grippe A qui se transmet
facilement d’une personne à l’autre et contre laquelle l’être humain n’est pas ou peu
immunisé. La prévention et les mesures d’éloignement social (éviter les foules) peuvent
contribuer à ralentir la propagation du virus. Il peut être difficile d’élaborer un vaccin car
on ne peut prévoir les souches de la grippe qui apparaîtront. C’est pourquoi il est essentiel
de maintenir un approvisionnement adéquat en antiviraux pour traiter les populations à
risque et maîtriser tout risque de propagation de la maladie.
La grippe aviaire est une infection zoonotique qui, outre les oiseaux et les volailles, peut
se transmettre sporadiquement aux humains. Les oiseaux infectés abritent de grandes
quantités de virus dans leurs fèces, muqueuses et salive. De plus, une nouvelle pandémie
peut se développer si un humain est infecté simultanément par les virus de la grippe
humaine et de la grippe aviaire, avec pour conséquence une permutation de gènes et une
nouvelle souche virale pour laquelle il n’y aurait pas d’immunité. Les humains peuvent
être exposés au virus, et infectés par la bouche, les yeux ou par l’inhalation de particules
du virus. Nous disposons également de données limitées selon lesquelles il existe des cas
de transmission d’un humain à un autre.
Cette prise de position, ainsi que la prise de position de l’AMM sur les épidémies et les
pandémies, vise à guider les associations médicales nationales et les médecins sur la
manière dont ils peuvent s’impliquer dans le processus de planification d’une pandémie ou
lutter contre une épidémie de grippe ou de grippe aviaire dans leurs pays respectifs.
RECOMMANDATIONS
Grippe aviaire
Lorsqu’on observe l’émergence d’une souche de grippe aviaire, il convient de prendre les
mesures suivantes :
• éviter les sources d’exposition autant que faire se peut, c’est la mesure de
prévention la plus efficace ;
Reykjavik ⏐ S-2006-02-2018
Pandémie de Grippe Aviaire
• utiliser un équipement de protection individuel et adopter des mesures d’hygiène
des mains, pour toutes les personnes manipulant des volailles comme pour les
membres du personnel de santé
• détruire tous les oiseaux infectés/exposés et mettre les carcasses au rebut de
manière appropriée, désinfecter soigneusement les fermes ou les mettre en
quarantaine ;
• maintenir des stocks de vaccins et d’antiviraux en prévision d’une éventuelle
poussée épidémique ;
• utiliser éventuellement des médicaments antiviraux comme des inhibiteurs de la
neuraminidase.
Préparation à une pandémie de grippe
OMS et autorités sanitaires nationales :
Il incombe à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de coordonner la réaction
internationale à une pandémie de grippe. L’OMS privilégie actuellement une approche «
tous risques », pour permettre une réponse coordonnée fondée sur le degré de gravité de la
pandémie.
L’OMS devrait :
• offrir, autant que de besoin, une assistance technique et de laboratoire aux pays
touchés et réaliser le suivi permanent des niveaux d’activité des souches de grippe
responsables de la pandémie et, le cas échéant, déclarer en temps utile une urgence
de santé publique de portée internationale.
• superviser et coordonner les processus mis en œuvre par les gouvernements pour
partager les éléments biologiques dont ils disposent, comme les souches de virus,
afin de faciliter la production de vaccins et leur diffusion au niveau mondial ;
• communiquer au plus tôt les informations dont elle dispose sur l’activité de la
grippe afin de permettre une réaction en temps opportun.
Les gouvernements nationaux sont appelés à mettre en place des plans d’action nationaux
en vue d’assurer :
• que les capacités locales en matière de diagnostic et de surveillance permettent le
suivi permanent de l’activité de la grippe à travers le pays ;
• que les capacités de mobilisation rapide des hôpitaux, laboratoires et
infrastructures de santé publiques sont suffisantes et les améliorer au besoin ;
l’identification des cadres légaux, éthiques et des structures de gouvernance relatifs
à la planification de la pandémie ;
• l’identification des mécanismes adéquats et des autorités concernées afin de lancer
et intensifier les interventions visant à ralentir la propagation du virus au sein de la
communauté : fermetures d’écoles, mises en quarantaine, fermeture de frontières,
etc.
• la préparation des stratégies de communication de crise et de messages d’alerte
pour prévenir l’inquiétude de la population et des médias ;
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2006-02-2018 ⏐L’Association Médicale Mondiale
• le partage des éléments biologiques dont ils disposent, comme les souches de
virus, afin de faciliter la production de vaccins et leur diffusion au niveau mondial
;
• que les efforts de diagnostic et de surveillance se poursuivent et que les stocks de
vaccins et d’antiviraux soient adéquats ;
• que soient mis en place des protocoles de gestion des patients au sein des
communautés, d’orientation au sein des établissements de santé, de gestion de la
ventilation ainsi que d’élimination des déchets infectieux ;
• l’attribution de doses de vaccins, d’antiviraux et de lits d’hôpital est coordonnée
avec des experts ;
• que la vaccination bénéficie prioritairement aux groupes à hauts risques,
notamment les personnes qui maintiennent la continuité des services de base,
notamment les services de santé ;
• l’orientation et l’information en temps utile vers les services de santé régionaux,
les organisations de santé et les médecins ;
• la préparation d’une augmentation de la demande de soins de santé et de l’absence
de nombreux soignants, notamment si la maladie s’avère d’une gravité clinique
élevée. Dans de tels cas, le classement par priorité et la coordination des ressources
disponibles est indispensable. Il pourrait s’avérer nécessaire de mobiliser les
capacités du secteur privé si les ressources de l’État se révélaient insuffisantes ;
• le financement adéquat de la préparation et de la lutte contre la pandémie, ainsi que
de la réponse à ses conséquences sanitaires et sociales ;
• que les mécanismes permettant de garantir la sécurité des établissements de soins
de santé, du personnel et la chaîne d’approvisionnement en vaccins et en antiviraux
soient en place, le cas échéant ;
• la promotion et le financement de la recherche en vue d’élaborer des vaccins et des
traitements efficaces à long terme contre la grippe ;
• que soit encouragée la collaboration entre la médecine humaine et vétérinaire pour
la prévention, la recherche et la lutte contre la grippe aviaire.
Les associations médicales nationales sont appelées à :
• définir leur implication dans le plan de préparation à une épidémie nationale de
grippe, ce qui pourrait supposer de renforcer les capacités au sein de la
communauté des médecins, participer à l’élaboration de recommandations et d’une
communication avec des professionnels de santé ;
• aider à informer la population au sujet de l’épidémie de grippe et de grippe aviaire
;
• lorsque cela est possible, coopérer avec des homologues étrangers et d’autres
organisations de professionnels de santé pour identifier les difficultés communes et
les politiques idoines permettant de préparer l’arrivée de l’épidémie de grippe et
d’y répondre ;
• le cas échéant, envisager de mettre en œuvre des stratégies de soutien aux membres
impliqués dans la lutte contre l’épidémie comme les services de santé mentale, les
équipes d’intervention d’urgence et les suppléants, entre autres ;
• défendre, avant ou au cours d’une épidémie, l’attribution des ressources
Reykjavik ⏐ S-2006-02-2018
Pandémie de Grippe Aviaire
appropriées pour satisfaire les besoins prévisibles ou qui se feraient jour au sein du
secteur de la santé, des patients et de la population ;
• encourager le personnel de santé à se protéger en se faisant vacciner ;
• créer des plans de poursuite de l’activité propres à leur organisation afin d’assurer
un appui permanent à leurs membres.
Les médecins :
• doivent être suffisamment formés aux épidémies de grippe et aux risques de
transmission, y compris en termes d’épidémiologie locale, nationale et
internationale ;
• devraient mettre en œuvre des mesures de lutte contre l’infection, y compris la
vaccination, afin de se protéger et de protéger leur personnel pendant les épisodes
épidémiques de grippe, notamment saisonnière ;
• doivent participer à la planification, à la préparation et à la formation à la lutte
contre les épidémies de grippe, au niveau local et régional ;
• créer des plans de poursuite de l’activité pour faire face à d’éventuelles
perturbations au sein de services de base et à des manques de personnel.
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2006-03-2017 ⏐L’Association Médicale Mondiale
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LE VIH/SIDA ET LA PROFESSION MÉDICALE
Adoptée par la 57e
Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et amendée par la 68e
Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
INTRODUCTION
1. Le VIH/SIDA est une pandémie mondiale qui a été une source de défis sans précédent
pour les médecins et les infrastructures sanitaires.
Le VIH/SIDA constitue non seulement une terrible catastrophe de santé publique mais
aussi un problème fondamental en matière de droits humains.
De nombreux facteurs contribuent à propager la maladie, tels que la pauvreté,
l’absence de domicile, l’illettrisme, la prostitution, la traite d’êtres humains, la
toxicomanie, la stigmatisation, la discrimination et l’inégalité des sexes.
Ces facteurs sociaux, économiques, juridiques et ceux ayant trait aux droits de
l’homme ont un impact non seulement sur la dimension sanitaire du VIH/SIDA mais
aussi sur les médecins/le personnel de santé et les patients, sur leurs décisions et leurs
relations.
Les efforts de lutte contre cette maladie sont en outre entravés par le manque de
ressources humaines et financières que subissent les systèmes de santé.
2. La discrimination envers les patients atteints du VIH/SIDA par des médecins est
inacceptable et elle doit être éradiquée de la pratique médicale.
2.1 Toutes les personnes infectées ou affectées par le VIH/SIDA ont droit à une
prévention, un soutien, un traitement et des soins adéquats, le tout avec
compassion et respect de la dignité humaine.
2.2 Il est contraire à l’éthique qu’un médecin refuse de traiter un patient dont la
pathologie entre dans son domaine de compétences, au prétexte unique que le
patient est séropositif.
2.3 Les associations médicales nationales devraient travailler avec les
gouvernements, les groupes de patients et les organisations nationales et
internationales concernées afin de veiller à ce que les politiques de santé
nationales interdisent très clairement toute discrimination envers les personnes
infectées ou affectées par le VIH/SIDA, y compris les groupes de personnes
vulnérables, comme les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et
Chicago ⏐ S-2006-03-2017
VIH/SIDA et la Profession Médicale
les personnes transgenres.
2.4 Les femmes et les hommes qui ont des relations sexuelles avec des partenaires
du même sexe courent un plus haut risque de discrimination à tous les niveaux.
Les associations médicales nationales doivent travailler avec les gouvernements,
des organisations non gouvernementales et des organisations communautaires à
l’élimination des discriminations envers ces personnes désavantagées.
DES SOINS MÉDICAUX APPROPRIÉS ET DE QUALITÉ
3. Les patients porteurs du VIH/SIDA doivent recevoir des soins médicaux adaptés et de
qualité à tous les stades de la maladie.
4. Les médecins qui ne sont pas en mesure d’assurer les soins et les services nécessaires
aux patients atteints du VIH/SIDA doivent orienter ces derniers en temps utile vers des
médecins ou des établissements à même de proposer ces services et compétences. En
attendant que le patient ait pu être pris en charge par ces derniers, il convient que le
médecin continue de suivre et de traiter le patient.
5. Tous les médecins doivent être en mesure de soupçonner et de détecter en temps utile
les infections opportunes communes telles que la tuberculose, les infections fongiques
du VIH/SIDA, tout comme ils doivent soupçonner la présence du VIH/SIDA lorsqu’ils
rencontrent ces infections, notamment chez les personnes à haut risque comme les
consommateurs de drogues injectables.
Ils doivent conseiller ces patients sur le lien qui existe entre ces infections et
l’infection par le VIH/SIDA.
6. Les médecins et les autres organismes professionnels concernés doivent veiller à ce
que les patients aient des informations précises concernant les moyens de transmission
du VIH/SIDA et les stratégies d’autoprotection contre l’infection.
Il convient de prendre des mesures proactives afin d’assurer que toute la population et
en particulier les groupes à risque soient informés à cette fin.
L’information de la population et les stratégies connexes doivent faire passer le
message que tout le monde est concerné par ce risque et diffuser les méthodes de
réduction du risque.
7. Les médecins doivent conseiller efficacement tous les patients séropositifs sur
l’adoption d’un comportement responsable qui permette d’éviter la contamination de
leurs partenaires et la prévention des infections opportunistes.
8. Les médecins doivent savoir que de nombreuses personnes pensent encore que le
VIH/SIDA est une condamnation à mort automatique et immédiate et ne font donc pas
de test.
Les médecins doivent veiller à ce que les patients soient bien informés des options
thérapeutiques dont ils disposent.
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2006-03-2017 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Les patients doivent être informés du potentiel du traitement antirétroviral (ART) sur
l’amélioration non seulement de leur état de santé mais aussi de leur qualité de vie. La
nouvelle stratégie consiste à tester et à traiter.
Un traitement antirétroviral efficace peut grandement prolonger la période pendant
laquelle les patients peuvent mener une vie normale, avoir une réelle vie sociale et
professionnelle et conserver leur autonomie.
Le VIH/SIDA peut désormais être une maladie chronique gérable.
Pour une bonne thérapie par antirétroviraux, il convient de suivre les de pratiques
recommandées par l’OMS, qui sont fondées sur les données scientifiques disponibles
et qui sont spécifiques à chaque pays.
9. Les médecins doivent être conscients que la désinformation sur les aspects négatifs des
antirétroviraux n’incite pas certains patients à se faire traiter. Là où règne la
désinformation sur les ART, les médecins et les associations médicales doivent se
fixer comme priorité immédiate de dénoncer publiquement la source de
désinformation et de travailler avec la communauté porteuse du VIH/SIDA pour
pallier les effets négatifs de cette désinformation.
10. Les médecins devraient encourager l’implication de réseaux de soutien afin
d’encourager les patients à adhérer à la thérapie antirétrovirale. Avec le consentement
du patient, le suivi et la formation doivent être mis à disposition des membres de la
famille pour les aider à dispenser des soins.
11. Les médecins doivent être conscients des attitudes discriminatoires vis-à-vis des
personnes atteintes du VIH/SIDA qui prédominent dans la société et la culture locale.
Les médecins étant les premiers et parfois les seuls à être informés de la contamination
par le VIH des patients, ils devraient être capables de les instruire sur leurs droits et
responsabilités sur le plan social et juridique ou les orienter vers des conseillers
spécialisés dans le droit des personnes vivant avec le VIH/SIDA.
12. Les médecins devraient connaître les directives actuelles en matière de prophylaxie pré
et post exposition pour tous les patients et les soignants, quel que soit le mode
d’exposition au VIH.
TESTS
13. Il convient d’imposer un test du VIH à tout le sang et aux composants du sang
recueillis par le don ou devant être utilisés pour la fabrication de produits sanguins,
d’organes et autres tissus destinés à la transplantation, ainsi qu’à tout le sperme et les
ovules recueillis dans le cadre de procédures de reproduction assistée.
Il convient d’encourager les technologies récentes de dépistage du VIH, qui sont plus
sensibles, précises et qui permettent de réduire la fenêtre sérologique, comme le test
d’amplification des acides nucléiques (TAAN).
14. La pratique d’un test de dépistage du VIH sur une personne contre sa volonté est une
violation de l’éthique médicale et des droits humains.
Chicago ⏐ S-2006-03-2017
VIH/SIDA et la Profession Médicale
15. Les médecins doivent clairement expliquer l’objectif du test du VIH, les raisons pour
lesquelles il est recommandé et les implications d’un résultat positif.
Avant de pratiquer le test, le médecin devrait avoir un plan d’action en cas de résultat
positif. Il convient d’obtenir le consentement éclairé du patient avant de pratiquer le
test.
16. Bien que certains groupes soient étiquetés « à haut risque », toute personne ayant des
rapports sexuels non protégés devrait être considérée comme « à risque ».
Les médecins doivent de plus en plus prendre l’initiative de recommander un dépistage
à leurs patients, sur la base d’une compréhension mutuelle du niveau du risque
encouru et du bénéfice potentiel du test. Les femmes enceintes et leurs partenaires
doivent se voir régulièrement proposés un test de dépistage du VIH et les femmes
enceintes infectées par le VIH doivent recevoir immédiatement lors du diagnostic des
conseils et une thérapie antirétrovirale afin de prévenir la transmission du virus au
fœtus. Il convient qu’elle reçoive un traitement si le fœtus est séropositif.
17. Les personnes qui le demandent doivent avoir accès au conseil et au dépistage
anonyme et volontaire du VIH, qui doit s’accompagner de dispositifs de soutien
ultérieurs appropriés.
PROTECTION CONTRE VIH DANS L’ENVIRONNEMENT MÉDICAL
18. Les médecins et l’ensemble du personnel de santé ont droit à un environnement
professionnel sûr. Dans les pays en voie de développement notamment, le problème de
l’exposition professionnelle au VIH a entraîné une forte réduction du personnel de
santé. Dans certains cas, les employés sont infectés par le VIH et dans d’autres, la peur
de l’infection amène le personnel à quitter volontairement son emploi. La peur de
l’infection parmi ce personnel peut aussi amener des soignants à refuser de traiter les
patients porteurs du VIH/SIDA. De même, les patients ont le droit d’être protégés au
maximum contre la transmission du VIH par les professionnels de santé et dans les
établissements de soins.
18.1 Tous les établissements de santé doivent mettre en œuvre des procédures
adaptées de maîtrise de l’infection et des précautions universelles, conformes
aux normes nationales et internationales les plus courantes. Parmi ces
procédures, il convient d’adopter des pratiques régissant l’utilisation en temps
utile des antirétroviraux à des fins préventives pour tous les soignants qui ont
été infectés par le VIH.
18.2 En l’absence de mesures de protection appropriées contre l’infection pour les
médecins et les patients, il convient que les médecins et les associations
médicales nationales agissent pour corriger la situation.
18.3 Les médecins infectés par le VIH ne sauraient exercer une activité qui présente
un risque de transmission à d’autres personnes.
18.4 Dans le cadre d’une éventuelle exposition au VIH, le facteur déterminant sera
l’activité que le médecin souhaite entreprendre.
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2006-03-2017 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
18.5 Il pourrait y avoir des normes convenues au niveau national, mais pas si le
risque doit être déterminé par un panel d’experts adapté ou par un comité de
soignants. [BMA].
18.6 Dans le cadre de la délivrance de soins médicaux et en cas de risque de
transmission d’une maladie infectieuse d’un médecin à un patient, il ne suffit
pas de faire connaître le risque au patient : les patients sont en droit d’attendre
que leurs médecins ne les exposent pas à un risque supérieur de contamination.
18.7 En l’absence de risque, il n’y a pas de raison que le médecin divulgue son état
de santé à ses patients.
18.8 Les médecins doivent connaître les directives professionnelles actuelles
relatives à la prophylaxie après exposition des professionnels de santé en cas
d’exposition accidentelle au VIH.
PROTECTION DE LA VIE PRIVÉE DU PATIENT ET QUESTIONS RELATIVES À LA NOTIFICATION
L’ANNONCE D’UNE ÉVENTUELLE CONTAMINATION
19. La crainte de la stigmatisation et de la discrimination est une cause sournoise de la
propagation du VIH/SIDA. Les répercussions sociales et économiques liées au fait
d’être identifié comme une personne infectée peuvent être dévastatrices et peuvent
s’accompagner de violence, de rejet par la famille et les membres de la communauté,
de la perte du domicile et de l’emploi, pour ne citer que quelques exemples.
La seule façon de réduire les attitudes et les pratiques discriminatoires est de
sensibiliser la population jusqu’à rendre communément admise la présence du
VIH/SIDA dans la société. En attendant qu’il en soit ainsi partout ou qu’une guérison
soit possible, il est probable que les personnes potentiellement infectées refusent les
tests pour éviter ces conséquences sociales.
Le fait que des personnes ne savent pas qu’elles sont porteuses du VIH/SIDA n’est pas
seulement désastreux sur le plan personnel, du fait de ne pas recevoir de traitement,
c’est aussi un facteur de transmission massive de la maladie qui pourrait être évitée. La
peur que des informations soient divulguées sans autorisation n’incite pas non plus à
participer à la recherche contre le VIH/SIDA et nuit généralement à l’efficacité des
programmes de prévention. Le manque de confiance dans la protection des données
personnelles de santé, et notamment l’état sérologique, menace la santé publique dans
son ensemble et constitue l’une des causes principales de la propagation continue du
VIH/SIDA. Parallèlement à cette préoccupation, il convient, dans certaines
circonstances, de nuancer ce droit à la protection de la vie privée en tenant compte du
droit du ou des partenaires (sexuels ou ayant utilisé le même matériel d’injection) de
ces personnes atteintes du VIH/SIDA d’être informés de leur éventuelle infection.
20. Tous les principes et les normes éthiques en matière de préservation de la
confidentialité des informations personnelles de santé s’appliquent également dans le
cadre de la lutte contre le VIH/SIDA, comme l’affirme la déclaration de Lisbonne de
l’AMM sur les droits du patient. De plus, les associations médicales nationales et les
médecins se doivent de prendre note des circonstances et des obligations spéciales
Chicago ⏐ S-2006-03-2017
VIH/SIDA et la Profession Médicale
(soulignées ci-dessous) inhérentes au traitement des patients atteints du VIH/SIDA.
20.1 Les associations médicales nationales et les médecins doivent prioritairement
veiller à ce que la sensibilisation de la population sur le VIH/SIDA, la
prévention et les programmes de conseil comportent des informations explicites
en matière de protection des données relatives au patient, non seulement pour
des questions d’éthique médicale mais aussi de droits à la protection de la vie
privée.
20.2 Des mesures de protection particulières s’imposent lorsque les soins contre le
VIH/SIDA impliquent une équipe géographiquement dispersée, comprenant des
prestataires à domicile, des membres de la famille, des conseillers, des
travailleurs sociaux ou toutes les autres personnes qui ont besoin d’informations
médicales pour fournir des soins complets et pour aider au respect du traitement.
Outre la mise en œuvre de mécanismes de protection relatifs à la transmission
d’informations, il convient d’inculquer à tous les membres de l’équipe des
notions de protection de la vie privée du patient.
De nombreux pays disposent d’une législation spécifique visant la protection de
la vie privée des personnes séropositives. Il conviendrait que les autres pays
envisagent de s’en inspirer.
20.3 Les médecins doivent s’efforcer de convaincre les patients atteints du
VIH/SIDA de faire savoir à tous leurs partenaires (sexuels ou partageant leur
matériel de prise de drogue) qu’ils ont été exposés et éventuellement infectés
par le VIH. Les médecins doivent avoir les compétences pour conseiller les
patients sur les différents moyens d’informer leurs partenaires. Ces possibilités
devraient comprendre :
20.3.1 l’annonce au partenaire par le patient : le patient recevra dans ce cas
des conseils relatifs aux informations qui doivent être communiquées
au partenaire et aux manières de les communiquer, avec tact et de
façon aisément compréhensible. Il convient également d’établir un
calendrier d’annonce entre le patient et le médecin, afin que ce dernier
s’assure que le partenaire a bien été averti ;
20.3.2 l’annonce au partenaire par un tiers : dans ce cas, le tiers doit s’efforcer
de préserver l’identité du patient.
20.4 Lorsque toutes les stratégies pour convaincre le patient ont été épuisées sans
succès et si le médecin connaît l’identité d’un ou de plusieurs partenaires du
patient, il incombe au médecin, soit par obligation légale soit par obligation
morale, de prévenir le ou les partenaires de leur possible infection. Selon le
système en place, le médecin peut avertir directement la personne à risque ou
signaler l’information à l’autorité compétente en la matière.
Les médecins doivent connaître les lois et règlementations applicables dans la
juridiction dans laquelle ils exercent. Dans les cas où un médecin doit avertir
une personne de son éventuelle exposition au virus, il doit :
20.4.1 informer le patient de son intention ;
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2006-03-2017 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
20.4.2 dans la mesure du possible, s’assurer de protéger l’identité du patient ;
20.4.3 prendre les mesures qui s’imposent pour protéger le patient,
notamment s’il s’agit d’une femme, qui peut subir des violences
familiales.
20.5 Quelle que soit la personne qui transmet l’information – patient, médecin ou
tiers – la personne apprenant son éventuelle infection devrait bénéficier de
soutien et d’aide afin d’avoir accès au test de dépistage et au traitement.
20.6 Les associations médicales nationales devraient établir des directives pour aider
les médecins à prendre une décision quant à la transmission des informations.
Ces directives devraient aider les médecins à comprendre les obligations
juridiques et les conséquences d’une décision d’annoncer une possible
contamination, notamment les aspects médicaux, psychologiques, sociaux et
éthiques.
20.7 Conformément à la législation locale et nationale, et aux directives imposant le
signalement des infections par le VIH, des maladies sexuellement transmissibles
et des infections opportunistes, les médecins doivent protéger la vie privée de
tous les patients et appliquer les normes éthiques les plus strictes. [AMA]
20.8 Les associations médicales nationales devraient travailler avec les
gouvernements afin de veiller à ce que les médecins remplissant leurs
obligations éthiques d’alerte des individus à risque et prenant des précautions
pour ne pas divulguer l’identité de leur patient, bénéficient d’une protection
juridique.
ENSEIGNEMENT MÉDICAL
21. Les associations médicales nationales devraient contribuer à assurer aux médecins une
formation et un enseignement sur les stratégies de prévention et les traitements
médicaux les plus récents disponibles à tous les stades du VIH/SIDA et les infections
associées, y compris en matière de prévention et de soutien.
22. Les associations médicales nationales devraient, s’il y a lieu, collaborer avec des ONG
et des organisations communautaires et insister pour que les médecins soient formés
aux dimensions psychologiques, juridiques, culturelles et sociales du VIH/SIDA, et si
possible contribuer à leur formation.
23. Les associations médicales nationales devraient soutenir activement les efforts des
médecins qui souhaitent concentrer leurs compétences sur les soins aux patients
atteints du VIH/SIDA même là où le VIH/SIDA n’est pas reconnu comme une
spécialité ou une sous-spécialité officielle dans le système d’enseignement de la
médecine.
24. L’AMM encourage les associations médicales nationales à promouvoir l’intégration de
cours complets sur le VIH/SIDA dans les programmes de médecine universitaires et
postuniversitaires ainsi que dans le cadre de la formation continue.
Chicago ⏐ S-2006-03-2017
VIH/SIDA et la Profession Médicale
INTÉGRATION DE SERVICES RELATIFS AU VIH/SIDA À DES ACTIVITÉS DE GESTION
D’AUTRES MST
25. Les associations médicales nationales devraient encourager les gouvernements dont
elles dépendent respectivement à intégrer des services préventifs et thérapeutiques
exhaustifs pour le VIH/SIDA aux activités de gestion des autres maladies
sexuellement transmissibles (MST).
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2006-04-2017 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LA FORMATION MÉDICALE
Adoptée par la 57e
Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et révisée par la 68e
Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PRÉAMBULE
1. La formation médicale consiste en une formation de base, une formation
postuniversitaire et la formation permanente. La formation médicale est un processus
dynamique ; elle commence avant l’admission à la formation médicale de base (faculté
de médecine) et se poursuit jusqu’à ce que le médecin prenne sa retraite. Son objectif
est de préparer les praticiens médicaux à mettre en œuvre les plus récentes
connaissances médicales pour promouvoir la santé, prévenir et soigner les maladies
humaines ainsi que pour atténuer les symptômes. Les médecins sont responsables
personnellement, devant l’ensemble de la profession et devant leur patientèle du
maintien d’une formation médicale de haute qualité.
PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA FORMATION MÉDICALE
2. La formation médicale est un entraînement qui vise à assurer que les praticiens
acquièrent les compétences, savoir-faire et aptitudes qui leur permettront d’exercer
leur profession avec un haut degré de professionnalisme et d’éthique. Tous les
médecins, l’ensemble de la profession, les facultés de médecine, les établissements
d’enseignement et les gouvernements partagent la responsabilité de garantir une
formation médicale de haute qualité tout au long de cursus médical.
I. FORMATION MÉDICALE DE BASE
3. La formation médicale de base a pour objectif de former les étudiants et de veiller à ce
qu’ils acquièrent les connaissances, les compétences et un comportement professionnel
les préparant à une gamme d’options de carrière, incluant entre autres, les soins
cliniques, la santé publique, la recherche clinique ou fondamentale, la direction et
gestion d’un établissement de santé ou l’enseignement médical. Chacune de ces
options de carrière nécessitera une formation complémentaire.
4. Dans une faculté de médecine, les connaissances, les compétences et le comportement
professionnel que les étudiants doivent acquérir devraient être basés sur le jugement
professionnel de la faculté et répondre aux besoins sanitaires de la région et à la
mission de la faculté. Ces décisions détermineront la sélection des étudiants, le type de
cursus et son contenu, le système d’évaluation des étudiants et des objectifs atteints ou
non par la faculté. Ces décisions doivent en outre être régies par les normes
Chicago ⏐ S-2006-04-2017
Formation Médicale
applicables, les objectifs de justice et d’accessibilité et la diversité et la prise en
compte de l’ensemble du personnel médical.
SÉLECTION DES ÉTUDIANTS
5. Avant d’entrer à la faculté de médecine, les étudiants devraient avoir acquis une bonne
formation, incluant idéalement des connaissances dans le domaine des arts, des lettres
et des sciences sociales ainsi que dans celui de la biologie et de la physique. Les futurs
étudiants en médecine devraient être sélectionnés sur leurs capacités intellectuelles,
leur motivation pour la médecine, leur expérience précédente dans le domaine, leur
personnalité et leur intégrité. La sélection des étudiants ne saurait être discriminatoire
et se doit de refléter l’importance d’accroître la diversité du personnel médical. Une
faculté de médecine devrait considérer comme sa mission de définir les exigences liées
à l’admission.
6. Dans une région ou un pays donné, il devrait y avoir assez d’étudiants en médecine
pour répondre aux besoins locaux et régionaux. Les Associations médicales nationales
(AMN) et les gouvernements nationaux devraient coopérer pour limiter les obstacles
économiques empêchant des personnes d’entrer en faculté de médecine et d’y faire
leurs études.
7. Cursus et évaluation
7.1 Le programme de formation d’une faculté de médecine devrait reposer sur un
ensemble d’objectifs éducatifs répondant aux besoins sanitaires de la région ou
du pays. Ces objectifs éducatifs devraient servir à sélectionner le contenu du
cursus, à élaborer le système d’évaluation des étudiants et des objectifs atteints
ou non par la faculté conformément aux normes règlementaires et éducatives
applicables.
7.2 Le cursus médical devrait apporter aux étudiants une riche base de
connaissances générales médicales. En font partie les sciences biologiques et
comportementales ainsi que les aspects économiques des soins de santé, les
déterminants sociaux de la santé et la santé publique. Ces disciplines sont
basiques pour comprendre et exercer la médecine clinique. L’AMM
recommande que le contenu relatif à l’éthique médicale et aux droits humains
soit essentiel dans le cursus médical1. Les étudiants devraient aussi être initiés
aux principes et à la méthodologie de la recherche médicale et à la manière dont
sont exploités cliniquement les résultats des recherches. Students should have
opportunities, if desired or required by the medical school, to participate in
research. Les aptitudes cognitives de l’apprentissage autodirigé, un mode de
pensée critique et la résolution des problèmes médicaux devraient figurer dès le
début dans le cursus médical afin de préparer les étudiants à la phase clinique de
leur formation.
7.3 Avant d’entamer la pratique indépendante, tous les médecins devraient suivre
un programme officiel de formation clinique supervisé. Au sein de la formation
médicale de base, les expériences cliniques devraient s’étendre des soins
primaires aux soins tertiaires, dans toute une gamme de consultations en secteur
hospitalier et ambulatoire, dans les centres hospitaliers universitaires, les
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2006-04-2017 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
hôpitaux publics, les cliniques, les cabinets médicaux et autres établissements
de soins. La composante clinique de la formation médicale devrait constituer
une forme d’apprentissage comportant des objectifs définis et doit impliquer des
expériences directes en matière de diagnostic et de traitement des maladies avec
une prise de responsabilité graduelle des étudiants, en fonction de leurs
connaissances et aptitudes démontrées. Les expériences et la formation au sein
des équipes interprofessionnelles coopérant aux soins des patients sont
importantes pour préparer à la pratique les étudiants en médecine.
7.4 La faculté de médecine est chargée de veiller à ce que les étudiants qui sont
diplômés et qui ont obtenu leur premier diplôme professionnel aient acquis une
compréhension basique de la médecine clinique, possèdent les compétences
requises pour juger des problèmes cliniques et prennent les bonnes décisions,
fassent preuve d’un comportement et d’une personnalité dignes d’un médecin
éthique. Le système d’évaluation au sein de la faculté de médecine devrait
comporter des méthodes adaptées et validées attestant que tous les diplômés ont
répondu à chacune de ces attentes. Il serait utile aux facultés de médecine d’être
en contact avec des spécialistes de l’évaluation des étudiants, soit issus des
facultés de médecine, soit d’autres secteurs.
8. Soutien aux étudiants
8.1 Les étudiants en médecine devraient bénéficier d’un soutien académique et
social, tel qu’un conseil en cas de problèmes personnels et des programmes
visant à favoriser le bien-être pour répondre aux exigences des facultés de
médecine. Le soutien académique inclut le tutorat et le conseil pour les études et
la gestion du temps. Le soutien social inclut l’accès à des activités visant à
promouvoir leur bien-être physique et mental ainsi qu’un accès aux services de
santé générale et mentale. Il devrait aussi y avoir des tuteurs et conseillers pour
aider les étudiants à choisir leur spécialité et planifier leur carrière.
9. Faculté et ressources institutionnelles
9.1 La formation médicale de base doit être dispensée dans des facultés par un
personnel ayant les compétences requises, qui ne peuvent s’obtenir que par une
formation théorique et une expérience. Il devrait y avoir un nombre suffisant de
facultés afin de répondre à la mission éducative, aux besoins de la recherche et
aux autres missions des facultés de médecine. Le processus de sélection en
faculté ne saurait être discriminatoire. La faculté devrait être impliquée
officiellement en tant que faculté de médecine, par exemple être agréée, faire
partie et être soumise à la gouvernance des facultés de médecine et des
structures départementales.
9.2 Il incombe à la faculté d’établir un cursus médical et un système d’évaluation
des étudiants. En tant que tels, les objectifs du programme de formation, le
contenu, le format du cursus et l’évaluation du cursus incombent à la faculté. La
faculté devrait réviser fréquemment le cursus proposé, idéalement en exploitant
les statistiques sur les performances des étudiants et l’avis des étudiants, des
diplômés et de la communauté des médecins en exercice. De plus, la faculté doit
régulièrement évaluer la qualité de chaque unité d’enseignement via la
Chicago ⏐ S-2006-04-2017
Formation Médicale
contribution des étudiants et des pairs. Les facultés de médecine devraient
fournir des possibilités de développement afin de soutenir l’acquisition et la
préservation des compétences pédagogiques et des aptitudes à l’évaluation.
Elles rempliraient ainsi leurs devoirs en matière de programme de formation
médicale et d’habiletés de développement des programmes.
9.3 Les facultés de médecine doivent assurer un environnement académique
favorisant l’apprentissage et les exigences des facultés, notamment par un
programme actif de recherche institutionnelle pour faire progresser les
connaissances médicales et la qualité des soins. Les facultés de médecine
devraient apporter un soutien pour enrichir leurs compétences dans le domaine
de la recherche et participer à la recherche indépendante ou collaborative.
9.4 Au-delà d’un nombre suffisant de facultés bien préparées, les facultés, doivent
veiller à l’existence en quantité suffisante de bibliothèques adéquates, de
ressources en matière de technologie de l’information, de classes, de
laboratoires de recherche, d’équipements cliniques et de salles d’étude afin de
répondre aux besoins des étudiants. Il doit exister une structure d’assistance
administrative pour des choses telles que la conservation et l’enregistrement des
dossiers académiques.
10. Financement de la formation médicale
10.1 Les AMN, les gouvernements et les facultés de médecine devraient collaborer
pour créer des mécanismes de financement afin de soutenir la formation
médicale basique. Les étudiants et les facultés de médecine elles-mêmes ont
besoin de soutien. Les ressources financières devraient être suffisantes pour que
les facultés de médecine forment le nombre requis d’étudiants en médecine afin
de répondre aux besoins sanitaires nationaux et régionaux.
III. POSTGRADUATE MEDICAL EDUCATION
11. Un diplômé de la faculté de médecine doit suivre une formation clinique approfondie
avant d’être habilité officiellement à pratiquer la médecine de manière indépendante
et, le cas échéant, doit obtenir une autorisation d’exercer. La formation médicale
postuniversitaire, la seconde phase de la formation médicale permanente, prépare les
médecins à la pratique d’une discipline ou d’une spécialité de la médecine. Cette
formation se concentre sur des compétences spécifiques, telles que requises pour la
pratique de cette spécialité.
12. Les programmes de formation médicale postuniversitaire, appelés aussi programmes
d’internat, incluent des expériences éducatives en faveur de l’acquisition de
connaissances et compétences caractéristiques de la spécialité choisie. En fonction de
cette dernière, les programmes postuniversitaires feront appel à une gamme de
consultations cliniques en secteur hospitalier ou ambulatoire, y compris à des
dispensaires, des hôpitaux ou d’autres établissements de santé. La formation des
internes devrait associer un cursus didactique et une activité clinique incluant le
diagnostic et la prise en charge des patients avec un niveau correct de supervision. Un
programme d’internat doit veiller à ce que tous les internes puissent s’occuper d’un
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2006-04-2017 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
nombre adéquat de patients afin d’acquérir une expérience sur les maladies entrant
dans leur spécialité. Ces expériences cliniques devraient se faire dans des
établissements de haute qualité, la qualité de la formation et la qualité des soins étant
étroitement liées et doivent être assurées afin de s’améliorer mutuellement.
13. Il convient de conserver un juste équilibre afin que les internes ne soient pas recrutés
pour répondre aux besoins des services cliniques au détriment de leur formation. Le
programme d’internat devrait aussi permettre une activité estudiantine visant à
favoriser la pensée critique, la résolution des problèmes cliniques et l’aptitude à
continuer d’apprendre tout au long de la vie. Ces possibilités seront mises en place au
cours de la formation médicale basique et devraient être consolidées au cours de
l’internat afin de préparer et de motiver les internes à exercer ces compétences au
cours de la pratique. En outre, il convient de maintenir un équilibre entre pratique
clinique, formation et vie personnelle.
14. Au cours du programme d’internat, un interne aura de plus en plus de responsabilités
envers les patients, en fonction de la richesse de son expérience, de ses connaissances
et ses aptitudes. Permettre à l’interne d’avoir de plus en plus de responsabilités
nécessite un système d’évaluation pour suivre le gain de connaissances et d’aptitudes
de l’interne au fil du temps. Il conviendrait également d’adopter une procédure pour
déterminer si l’interne est prêt à exercer de manière indépendante dans sa spécialité.
15. La formation continue post-universitaire doit être dispensée par des établissements
agréés ou dont la qualité de la formation a été éprouvée.
IV. FORMATION MÉDICALE CONTINUE
16. La formation professionnelle continue* se définit comme toutes les formations qui
maintiennent, développent ou augmentent les connaissances, les compétences, les
performances et les relations professionnelles qu’un médecin utilise au quotidien pour
servir les patients, le public et la profession. La formation professionnelle continue
peut comporter des activités telles que l’implication dans les associations médicales
nationales ou régionales; un travail au sein des comités dans les hôpitaux ou des
cabinets de groupe ; l’enseignement, le tutorat et la participation à la formation au sein
de sa propre spécialité ou plus largement au sein de la médecine.
17. L’une des composantes de la formation professionnelle continue est la formation
médicale permanente dans laquelle le médecin participe à des activités de formation en
lien avec la médecine. Les médecins doivent renforcer leur formation médicale tout au
long de leur carrière, y compris en acquérant de nouvelles connaissances et aptitudes
en réponse aux découvertes scientifiques et à l’introduction de nouveaux traitements.
De telles expériences éducatives sont essentielles pour les médecins : pour rester en
phase avec les évolutions dans le domaine de la médecine clinique et l’environnement
thérapeutique et pour continuer à entretenir les connaissances et les compétences
inhérentes à des soins de grande qualité. Dans de nombreuses juridictions, la FMP est
définie par spécialité et peut être exigée pour conserver son autorisation d’exercer.
Chicago ⏐ S-2006-04-2017
Formation Médicale
18. L’objectif de la formation professionnelle continue est d’aider et d’encourager
largement les médecins compétents. Les écoles de médecine, les hôpitaux et les
associations professionnelles partagent ensemble la responsabilité d’établir et de mettre
à la portée de tous les médecins des programmes de formation professionnelle
continue, y compris la formation médicale permanente.
RECOMMANDATIONS
19. On exige des médecins qu’ils soignent, préviennent les maladies et donnent des
conseils aux patients, au public et aux politiques sur les questions de santé. Cela
signifie donc que la formation de base, la formation post-universitaire et la formation
professionnelle continue doivent répondre aux plus hautes normes médicales. Les
recommandations sont les suivantes :
19.1 L’AMM encourage les AMN, les gouvernements et les autres groupes intéressés
à s’impliquer dans la planification pour une formation médicale permanente de
qualité au niveau national, répondant aux besoins sanitaires de la population et
déterminée par ces besoins.
19.2 L’AMM encourage les AMN à coopérer avec les facultés de médecine pour
planifier et favoriser le développement des facultés afin d’enrichir les
compétences des enseignants et des chercheurs.
19.3 L’AMM encourage les AMN et les gouvernements à dialoguer sur le
financement des facultés de médecine et des programmes post-universitaires
afin de disposer d’un nombre suffisant de médecins bien formés à même de
répondre aux besoins sanitaires des pays.
19.4 Les AMN et les gouvernements doivent collaborer pour limiter les obstacles
économiques qui empêchent des personnes qualifiées d’entrer en faculté de
médecine et d’y faire leurs études.
19.5 L’AMM encourage les AMN à fournir des opportunités au niveau individuel et
communautaire pour la formation professionnelle des médecins et la formation
médicale permanente.
* Note terminologique
le terme de formation professionnelle continue est utilisé de différentes manières. Il décrit par
exemple les activités qui contribuent au perfectionnement professionnel d’un médecin y compris
son implication dans la médecine organisée, comité de travail en hôpital ou dans des cabinets de
groupe, l’enseignement, le tutorat et la lecture. L’une des composantes de la FPC devrait être la
formation médicale permanente qui dans de nombreuses juridictions est bien définie et peut être
requise pour être autorisé à exercer.
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2006-05-2016 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LE RÔLE DU MÉDECIN DANS L’OBÉSITÉ
Adoptée par la 57e
Assemblée Générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et révisée par la 67e
Assemblée Générale, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
PRÉAMBULE
L’obésité a été reconnue comme l’une des questions de santé les plus importantes à
laquelle se trouve confronté le monde au 21è siècle. Elle touche tous les pays et groupes
socio-économiques et absorbe une part importante des ressources de santé.
L’obésité des enfants est de plus en plus préoccupante et s’avère comme une épidémie
croissante.
L’obésité a des origines complexes liées aux changements économiques et sociaux de la
société et également à l’environnement obésogénique dans lequel vit une grande partie de
la population.
L’AMM demande donc aux médecins de mettre à profit leur rôle de leaders afin que les
autorités sanitaires nationales fassent de la lutte contre l’obésité une priorité en instaurant
des politiques adaptées culturellement et en fonction de l’âge et en impliquant les
médecins et les autres parties ayant un rôle clé.
L’AMM RECOMMANDE QUE LES MÉDECINS:
• Contribuent à faire évoluer la société afin que cette dernière favorise un
environnement propice à des choix alimentaires sains et à des exercices ou des
activités physiques régulières pour tous les individus, en se focalisant spécialement
sur les enfants;
• Expriment leur inquiétude, à titre individuel et au travers des associations
médicales, au sujet d’un abus de la télévision et des jeux vidéo qui empêchent
l’activité physique chez les enfants et les adolescents dans de nombreux pays ;
• Encouragent les individus à faire des choix sains et conseillent les parents pour
qu’ils aident leurs enfants à en faire autant;
• Reconnaissent la valeur d’une décision personnelle et l’influence néfaste exercée
par l’environnement actuel ;
Taipei ⏐ S-2006-05-2016
Obésité
• Sachent que la collecte et l’évaluation des données peuvent contribuer à une
gestion de l’obésité basée sur la preuve et qu’elles doivent faire partie du dépistage
médical de routine et des examens tout au long de la vie ;
• Encouragent le développement de compétences psychosociales favorisant pour
tous un mode de vie sain et une meilleure connaissance par le public de la
diététique, de l’exercice et des dangers du tabac et de l’abus d’alcool;
• Plaident en faveur de professionnels formés en la matière qui exerceront dans les
établissements scolaires en soulignant l’importance de l’éducation sur des modes
de vie sains dès le plus jeune âge ;
• Participent à la mise au point de meilleurs outils d’évaluation et de banques de
données permettant des interventions mieux ciblées et plus justes;
• Veillent à ce que l’obésité, ses causes et sa prise en charge fassent toujours partie
des programmes de formation continue destinés au personnel de santé, y compris
les médecins ;
• Fassent usage de la pharmacothérapie et de la chirurgie de l’obésité conformément
aux directives basées sur la preuve et avec une évaluation des risques et des
bénéfices liés à de telles thérapies.
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2006-06-2016 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LES RESPONSABILITÉS DES MÉDECINS DANS LA PRÉVENTION ET
LE TRAITEMENT DES ABUS D’OPIACÉS ET DE PSYCHOTROPES
Adoptée par la 57e
Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et révisée par la 67e
Assemblée générale, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
PREAMBULE
Les opiacés et les psychotropes sont des outils thérapeutiques efficaces lorsqu’ils sont
médicalement indiqués pour toute une série de symptômes et pathologies. L’AMM a
d’ailleurs appelé à une meilleure prise en charge de la douleur dans sa Résolution sur
l’accès à des traitements de la douleur adaptés (Montevideo, Uruguay, octobre 2011).
Hélas l’utilisation non clinique de ces substances addictives est un gros problème partout
dans le monde. La toxicomanie est un problème complexe à dimension sociale,
économique et légale ainsi qu’une menace pour la santé et la sécurité publiques en
général. Elle touche les gens de tous les groupes sociaux et de toutes les sphères
économiques. Hormis le fait de mettre leur santé directement en danger en faisant un
mauvais usage de ces substances, les personnes toxicomanes peuvent avoir des
comportements à hauts risques, comme par ex. se partager une aiguille et avoir des
relations sexuelles non protégées et bon nombre en viennent à se comporter en criminels
pour financer le coûté élevé de leur dépendance à la drogue. Ces facteurs accroissent la
transmission d’infections virales telles que l’hépatite B et C et le VIH/SIDA, aussi bien
parmi les utilisateurs que parmi les non utilisateurs. La toxicomanie entraîne d’autres
conséquences, à savoir la perte d’emploi ou l’incapacité de mener une vie sociale et
familiale.
Les répercussions sur le plan légal de la consommation non médicale de drogues, illicite
dans la plupart des pays, ne contribuent généralement pas beaucoup à aider les utilisateurs
à se libérer de leur dépendance. En dépit des programmes de lutte contre la toxicomanie
dans de nombreux établissements pénitenciers, les substances illégales circulent très
souvent parmi les prisonniers et de fait, certains utilisateurs sont tombés dans la
toxicomanie au cœur de ces établissements. Le problème de la toxicomanie doit donc être
réglé pour une grande part au niveau de la société et de la profession médicale.
L’Association Médicale Mondiale, préoccupée par le mauvais usage à grande échelle des
psychotropes et des opiacés, demande aux médecins d’en faire une priorité dans leur
exercice médical et a formulé les directives suivantes :
PRINCIPES
Prescriptions responsables
Les médecins doivent être conscients des risques d’accoutumance liés à certains
Taipei ⏐ S-2006-06-2016
Abus d’Opiacés et de Psychotropes
psychotropes et opiacés. De telles drogues doivent être prescrites avec la plus grande
parcimonie, en observant les strictes indications médicales. Les médecins doivent veiller à
être parfaitement informés des effets de ces drogues et notamment consulter les derniers
travaux de recherche en matière de dosage, d’efficacité pour une pathologie donnée,
d’effets secondaires possibles ainsi que d’interactions pharmacologiques et de prévalence
des abus.
Lorsque de telles drogues sont médicalement indiquées, leur utilisation doit
s’accompagner d’un suivi minutieux afin de s’assurer que le patient respecte strictement
les instructions en matière de dosage, d’horaires de prise et de tout autre critère sécurisant
l’usage d’une drogue spécifique. Toutes les mesures doivent être prises pour éviter le
stockage, la revente ou tout autre usage illicite de la drogue.
Les patients doivent être parfaitement informés de tous les effets thérapeutiques et non
thérapeutiques potentiels des psychotropes et opiacés, y compris le risque
d’accoutumance, et doivent être totalement impliqués dans la décision de les prendre.
Aucun patient ne doit être contraint à prendre un psychotrope.
Les médecins doivent connaître les facteurs non médicaux qui risquent de prédisposer les
patients à la dépendance. Ces facteurs peuvent inclure entre autres l’histoire familiale, un
passé de toxicomane, un choc émotionnel, la dépression ou toute autre pathologie mentale
et la pression des pairs, notamment chez les jeunes.
Les médecins doivent apprendre à identifier les patients dépendants ( « drug seekers » )
qui essaient de se procurer des psychotropes et opiacés sous de faux prétextes médicaux.
Ce type de patients consulte souvent plusieurs médecins afin d’obtenir plusieurs
ordonnances. Dans des cas extrêmes, ils peuvent se faire du mal pour créer des symptômes
justifiant une ordonnance. L’ensemble des pathologies et des symptômes doit être
cliniquement contrôlé, dans toute la mesure du possible, et des dossiers précis doivent être
tenus sur l’historique des patients en matière de drogues. Si des banques de données
contenant des dossiers de patients toxicomanes et des historiques d’ordonnances existent,
il convient de les consulter.
Lorsqu’ils prescrivent des psychotropes et opiacés aux mineurs, les médecins doivent
parfaitement informer les parents ou les tuteurs du risque d’abus du médicament et les
encourager à surveiller attentivement l’enfant pour s’assurer que ce dernier respecte les
instructions du médecin. Les parents ou les tuteurs doivent savoir que dans certains pays,
on voit de plus en plus d’enfants vendre des médicaments sur ordonnance à leurs pairs.
Thérapie non médicamenteuse pour l’addiction aux psychotropes et opiacés
Les médecins doivent connaître toutes les options thérapeutiques non médicamenteuses
possibles pour traiter une addiction aux psychotropes et opiacés, y compris les
programmes en médecine hospitalière ou ambulatoire et les groupes thérapeutiques où les
toxicomanes vivent dans un environnement sans drogue et bénéficient d’un soutien. La
plupart des programmes thérapeutiques se concentrent sur la rupture du cycle de
dépendance à la drogue par le biais d’une désintoxication, d’une assistance – y compris
avec le soutien des pairs – et d’une abstinence totale de psychotropes et opiacés, y compris
d’alcool. D’autres programmes proposent des études ou une formation professionnelle
pour une meilleure réintégration dans la vie communautaire.
Les médecins doivent encourager leurs patients à participer à des programmes de
traitement à la toxicomanie, au stade le plus précoce de l’addiction.
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2006-06-2016 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Il convient de respecter la dignité et l’autonomie des patients toxicomanes. Le traitement
en milieu hospitalier non consenti des toxicomanes doit être décidé en dernier ressort,
conformément aux directives en vigueur et le cas échéant, dans le respect du droit
national.
Thérapie de substitution médicamenteuse pour l’addiction aux opiacés
Dans certains cas, les personnes dépendantes des opiacés peuvent être soignées par des
médicaments de substitution qui soulagent les symptômes de sevrage et l’envie de la
substance en cause sans produire le » trip » associé aux opiacés. Ces médicaments
génèrent aussi une tolérance croisée avec les autres opioïdes. L’administration de
médicaments de substitution vise à stopper immédiatement la consommation d’opiacés.
La thérapie de substitution médicamenteuse peut aider le patient dépendant aux opiacés à
vivre dans son environnement normal et à mener ses activités tout en combattant son
addiction aux opiacés. Toutefois, l’approche doit toujours être pluridisciplinaire et inclure
des traitements non médicamenteux éprouvés, tels que l’assistance, les conseils et le
soutien des pairs.
Une thérapie de substitution médicamenteuse doit être délivrée selon les directives en
vigueur basées sur la preuve et supervisée par des médecins spécialement formés en la
matière, avec une équipe compétente en soutien.
Prise de conscience et mise en place d’une politique
Les Associations Médicales Nationales (AMN) doivent s’engager dans des efforts
nationaux et multisectoriels pour sensibiliser aux risques associés à l’abus des
psychotropes et opiacés et pour assurer la disponibilité de traitements appropriés pour les
personnes dépendantes. Les AMN doivent encourager leurs membres à participer à des
programmes similaires au niveau collectif.
Les AMN doivent promouvoir la mise en place de programmes de prévention des drogues
à tous les niveaux du système éducatif, en étant conscientes que les jeunes expérimentent
de plus en plus l’usage des drogues.
Les AMN et les médecins doivent participer à la mise en place de directives basées sur la
preuve qui favorisent une approche pluridisciplinaire du traitement des addictions aux
drogues, comportant aussi des stratégies de limitation des dangers tel que le partage des
aiguilles.
Les AMN doivent participer à l’établissement de procédures légales relatives à l’usage
illicite des drogues afin que les personnes dépendantes soient reconnues comme des
personnes devant être soignées et réintégrées, y compris au sein des établissements
pénitenciers.
CONCLUSION
Les médecins ont un rôle important à jouer dans la lutte contre la toxicomanie, aussi bien
Taipei ⏐ S-2006-06-2016
Abus d’Opiacés et de Psychotropes
en tant que cliniciens que comme avocats de solutions thérapeutiques et défenseurs des
droits et de la dignité des personnes dépendantes de ces substances nuisibles. Le traitement
de l’addiction, comme tout autre traitement, doit être entrepris dans le meilleur intérêt du
patient et selon les principes d’éthique médicale en vigueur.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2007-02-2018
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
L’ETHIQUE EN TÉLÉMÉDECINE
Adoptée par la 58e
Assemblée Générale de l’AMM, Copenhague, Danemark, Octobre 2007
et amendée par la 69e
Assemblée Générale de l’AMM à Reykjavik, Islande, Octobre 2018
DÉFINITION
La télémédecine consiste à exercer la médecine à distance. Les interventions, le
diagnostic, les décisions thérapeutiques et les recommandations quant à un éventuel
traitement reposent sur des données cliniques relatives au patient, sur des documents et sur
d’autres supports d’information transmis par des systèmes de télécommunication.
Le terme « télémédecine » peut s’appliquer à une relation entre un médecin et un patient
ou entre deux ou plusieurs médecins et d’autres professionnels de santé.
PRÉAMBULE
• L’élaboration et la mise en œuvre de technologies d’information et de
communication génèrent de nouvelles modalités en matière de soins aux patients.
Le recours à la télémédecine peut servir aux patients qui ne peuvent pas consulter
un médecin en temps utile pour des raisons de distance, de handicap physique, de
travail, d’engagements familiaux (notamment de soins aux autres), de coûts ou
d’emploi du temps du médecin. La télémédecine pourrait offrir un accès aux soins
à des patients pour lesquels cet accès est difficile et permettre d’améliorer les soins
de santé.
• La consultation par un patient en présence du médecin demeure la norme à
privilégier dans les soins de santé.
• La prestation de services de télémédecine doit être cohérente avec les services
rendus en présence du patient et doit être étayée par des données scientifiques.
• Les principes d’éthique médicale sur lesquels s’appuie la profession s’imposent
également à la pratique de la télémédecine.
PRINCIPES
Les médecins doivent respecter les directives éthiques suivantes dans leur pratique de la
télémédecine:
1. Une relation patient-médecin devrait être basée sur un examen personnel et une
connaissance suffisante des antécédents médicaux du patient. La télémédecine doit
être prioritairement utilisée dans des situations dans lesquelles un médecin ne peut pas
être présent physiquement dans un délai raisonnable. Elle peut également être utilisée
pour le suivi d’une maladie chronique ou d’un traitement initial qui s’est révélé sûr et
efficace.
Reykjavik ⏐ S-2007-02-2018
Télémédecine
2. La relation entre médecin et patient en télémédecine doit reposer sur une confiance et
un respect mutuels. Il est donc essentiel que le médecin et le patient soient en mesure
de s’identifier mutuellement et de manière fiable lors d’un recours à la télémédecine.
En cas de consultation entre deux ou plusieurs professionnels se trouvant dans des
juridictions différentes, le médecin principal demeure responsable des soins apportés
au patient et coordonne la relation à distance de ce dernier avec l’équipe médicale.
3. Le médecin doit avoir pour objectif d’assurer la confidentialité, l’intégrité et la
conservation des données relatives au patient. Les données obtenues au cours d’une
consultation de télémédecine doivent être sécurisées pour éviter qu’elles ne soient
consultées par un tiers non autorisé, via des mesures de sécurité perfectionnées
conformes à la législation locale. La transmission électronique des informations doit
également être sécurisée.
4. Le consentement éclairé du patient suppose que toutes les informations nécessaires
relatives aux caractéristiques de la télémédecine lui soient pleinement expliquées, et
notamment :
• le fonctionnement de la télémédecine ;
• la manière dont se prennent les rendez-vous ;
• la protection de la confidentialité des données ;
• l’éventualité d’une défaillance technique, y compris des dispositifs de sécurisation
des données ;
• les protocoles de contact pendant les consultations virtuelles ;
• les politiques de prescription et la coordination des soins avec d’autres
professionnels de santé, de manière claire et compréhensible, sans influencer les
choix du patient.
5. Les médecins doivent être conscients que certaines technologies de télémédecine
peuvent être trop onéreuses pour des patients et donc hors de leur portée. Les
inégalités dans l’accès à la télémédecine peuvent accroître l’écart entre les riches et les
pauvres en matière d’amélioration de l’état de santé.
Autonomie du médecin et vie privée
6. Un médecin ne saurait avoir recours à la télémédecine si cela est contraire aux
dispositions légales ou éthiques de son pays d’exercice.
7. La télémédecine peut éventuellement enfreindre la vie privée du médecin du fait d’une
disponibilité virtuelle 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Le médecin doit informer ses
patients de sa disponibilité et les renvoyer vers d’autres services comme les urgences
lorsqu’il n’est pas disponible.
8. Le médecin doit exercer son autonomie professionnelle pour décider de si une
consultation virtuelle serait plus appropriée qu’une consultation en sa présence.
9. Le choix de la plateforme de télémédecine utilisée relève de l’autonomie et de la
Télémédecine
S-2007-02-2018 ⏐ Reykjavik
discrétion du médecin.
Responsabilités du médecin
10. Un médecin dont on demande les conseils via une application de télémédecine doit
également conserver le détail des conseils fournis ainsi que les données et les autres
informations sur lesquels ses conseils sont basés pour assurer le suivi de la thérapie.
11. Si la décision est prise d’avoir recours à la télémédecine, il convient d’assurer que les
utilisateurs (qu’ils soient patients ou professionnels de santé) sont capables d’utiliser le
système de communication nécessaire.
12. Le médecin doit veiller à ce que le patient ait compris les conseils et les propositions
de traitement donnés et à garantir la continuité des soins.
13. Un médecin qui demande les conseils d’un confrère ou un second avis demeure
responsable du traitement, des décisions et des recommandations donnés au patient.
14. Un médecin doit être conscient des difficultés spécifiques et des incertitudes
éventuelles qui se posent lorsqu’il est en contact avec le patient par télécommunication
et en tenir compte. Il doit être prêt à recommander une consultation en sa présence s’il
estime qu’elle est dans l’intérêt du patient.
15. Les médecins ne sauraient pratiquer la télémédecine que dans les pays/juridictions
pour lesquels ils disposent d’une autorisation d’exercer. Les consultations
interjuridictions ne peuvent être autorisées qu’entre deux médecins.
16. Les médecins doivent assurer que leur responsabilité civile professionnelle couvre la
pratique de la télémédecine.
Qualité des soins
17. Il convient d’évaluer régulièrement la qualité des soins dispensés par télémédecine
afin d’assurer la sécurité du patient et les meilleurs diagnostic et traitement possibles.
La prestation de services de soins par télémédecine doit respecter les principes d’une
pratique fondée sur les données scientifiques disponibles afin d’assurer la sécurité du
patient et la qualité des soins aux fins d’une amélioration de l’état de santé de ce
dernier. Comme pour toutes les interventions de santé, l’efficacité, l’efficience, la
sécurité, la faisabilité et le rapport qualité-prix de la télémédecine doivent être évalués.
18. Il convient d’identifier dûment les avantages et les inconvénients de la télémédecine
dans les situations d’urgence. S’il est indispensable de recourir à la télémédecine dans
un cas urgent, les conseils et les propositions de traitement dépendront de la gravité de
l’état du patient et du savoir-faire et des capacités des personnes qui entourent le
patient. Les structures qui proposent des services de télémédecine doivent établir des
protocoles d’aiguillage vers des services d’urgence.
Reykjavik ⏐ S-2007-02-2018
Télémédecine
RECOMMANDATIONS
1. La télémédecine doit être adaptée aux cadres règlementaires locaux, ce qui peut
comprendre l’obtention de licence pour les plateformes de télémédecine, dans
l’intérêt des patients.
2. Le cas échéant, l’AMM et les associations médicales nationales devraient
encourager l’élaboration de normes éthiques, de guides pratiques, de législations
nationales et d’accords internationaux sur des sujets relatifs à la télémédecine, tout
en protégeant la relation entre médecin et patient, la confidentialité et la qualité des
soins médicaux.
3. La télémédecine ne devrait pas être considérée comme équivalente aux soins
dispensés en personne et ne devrait pas être utilisée dans le seul but de diminuer les
coûts ou comme une incitation perverse à offrir des services superflus et à accroître
les revenus des médecins.
4. Le recours à la télémédecine exige que la profession identifie explicitement les
conséquences de cette technique sur les relations collégiales et les modèles
d’aiguillage, et les gère au mieux.
5. L’intégration des nouvelles techniques et pratiques pourrait exiger l’élaboration de
nouveaux principes et de nouvelles normes.
6. Les médecins doivent promouvoir, en matière de télémédecine, des stratégies
éthiques qui favorisent l’intérêt des patients.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2008-01-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LA RÉDUCTION DE LA CONSOMMATION ALIMENTAIRE DE SEL
Adoptée par la 59e
Assemblée Générale de l’AMM, Séoul, Corée, Octobre 2008
et révisée par la 70e
Assemblée Générale, Tbilissi, Géorgie, Octobre 2019
PRÉAMBULE
Le sel alimentaire de table est un composé ionique, plus précisément du chlorure de
sodium. Il contient 40 % sodium (Na+) et 60 % de chlorure (Cl-). Il existe désormais des
preuves irréfutables qu’une consommation excessive de sodium constitue un facteur de
risque pour l’apparition ou l’aggravation de l’hypertension, qui est elle-même un des
principaux facteurs de risque cardiovasculaire. Ce pourrait également être un facteur
indépendant de risque de maladies cardiovasculaires et de mortalité. L’effet de la
consommation alimentaire de sodium sur la pression artérielle est influencé par des
facteurs tels que l’âge et l’appartenance ethnique. L’absorption de sodium est également
un facteur de risque de cancer de l’estomac [1].
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande une consommation alimentaire
journalière moyenne de sodium de moins de 2000 mg, soit 5 g de sel pour un adulte (à
partir de l’âge de 16 ans). Pour les enfants âgés de 2 à 15 ans, la dose limite de 2 g par jour
recommandée pour un adulte doit être ajustée à la baisse en tenant compte des besoins
journaliers en énergie d’un enfant, par rapport à ceux d’un adulte [2].
La majeure partie de la population mondiale consomme trop de sodium : en moyenne 3,95
g (entre 3,89 et 4,01 g) par jour, soit l’équivalent de 10,06 g (entre 9,88 et 10,21 g) de sel
de table par jour. Ces niveaux de consommation dépassent largement la limite
recommandée [3].
La principale source de sodium est la consommation alimentaire, à 90 % [4] sous la forme
de sel ajouté [2], soit à la discrétion du consommateur lors de la préparation ou du repas,
soit dans les produits alimentaires transformés comme les soupes, les condiments à base
de sel, les repas de restaurants, le bicarbonate de soude, la charcuterie (jambon, bacon,
salaisons…), le fromage, les en-cas salés ou les nouilles instantanées, entre autres. Dans
les pays à revenu élevé, le sodium ajouté pendant la transformation alimentaire peut
représenter jusqu’à 75 à 80 % de l’absorption totale de sel [5].
Le Plan d’action mondial pour la lutte contre les maladies non transmissibles pour 2013-
2020 comporte 9 cibles volontaires mondiales, parmi lesquelles une réduction relative de
30 % de la moyenne de la consommation alimentaire de sodium par la population. L’OMS
a créé le dossier technique SHAKE en vue d’aider les États membres à élaborer, mettre en
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2008-01-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
œuvre et réaliser le suivi des stratégies de réduction de la consommation de sel.
L’OMS reconnaît cependant que bien que la réduction de la consommation de sel soit
recommandée au niveau mondial, les troubles dus à une carence en iode pourraient
réapparaître, le sel constituant le principal vecteur d’absorption de l’iode, par l’entremise
d’aliments enrichis. Dès lors, l’OMS, considérant que la réduction de la consommation de
sel et l’enrichissement de l’alimentation en iode sont compatibles, appelle à coordonner
les efforts relevant de ces deux programmes [6].
Au niveau de la population, même une petite baisse de la pression sanguine produit de
substantiels avantages. Les efforts entrepris à l’échelle de la population pour réduire la
consommation de sodium alimentaire constituent donc une bonne façon de réduire
l’hypertension générale et donc les maladies cardiovasculaires. Les données scientifiques
suggèrent que le maintien de la consommation de sodium en deçà de la limite de référence
permettrait d’éviter près de 2,5 millions de décès chaque année [7].
RECOMMANDATIONS
1. L’AMM et ses membres constituants devraient :
a. exhorter les gouvernements à reconnaître que la consommation de sodium est un
problème sanitaire grave et à faire de la prévention une priorité dans le cadre d’une
approche égalitariste, à la fois efficace et économique et destinée préserver la vie
de l’ensemble de la population afin de lutter contre la surconsommation de sodium
et la prévalence des maladies cardiovasculaires associées ;
b. en coopération avec les organisations de santé nationales et internationales,
sensibiliser dès l’enfance les consommateurs aux conséquences de la
consommation excessive de sodium sur l’hypertension et l’apparition de maladies
cardiovasculaires et aux bénéfices d’une baisse à long terme de la consommation
de sodium ainsi qu’aux sources alimentaires de sel/sodium et à la manière de
réduire cette consommation ;
c. exhorter les gouvernements et les autres acteurs concernés à coopérer pour la
réalisation des cibles définies dans le Plan d’action mondial pour la lutte contre les
maladies non transmissibles pour 2013-2020 ;
d. reconnaître le rôle essentiel de l’industrie agroalimentaire et des services de
restauration dans la réduction de la quantité de sodium dans l’alimentation et
appuyer les efforts de règlementation fixant des objectifs obligatoires en matière de
transformation alimentaire, de teneur en sodium des aliments et d’étiquetage clair.
Les efforts de reformulation doivent cibler les aliments qui sont les plus
couramment consommés au sein de la population.
2. Les membres constituants de l’AMM devraient :
a. encourager leurs gouvernements respectifs à faire appliquer strictement les lois
régissant la teneur en sodium des aliments transformés ;
Consommation Alimentaire de Sel
S-2008-01-2019 ⏐ Tbilissi
b. adopter une approche multipartite dans leurs efforts visant à réduire la
consommation excessive de sodium par la population, y compris par la promotion
de l’information des médecins au sujet des conséquences d’une surconsommation
alimentaire de sodium ;
c. reconnaître que les programmes de réduction de la consommation de sodium et
d’iodation du sel doivent être compatibles et appuyer les stratégies de réduction de
la quantité de sodium qui ne compromettent pas l’absorption de la quantité
nécessaire d’iode ou qui n’aggravent pas les troubles liés à une carence en iode,
notamment dans les milieux à faible revenu ;
d. contribuer à sensibiliser le grand public aux éventuelles conséquences d’une
carence en iode en raison d’une alimentation trop pauvre en sel iodé ;
e. encourager leurs membres à contribuer aux recherches scientifiques sur les
stratégies de réduction de la consommation de sodium ;
f. encourager l’étiquetage clair des produits alimentaires ainsi que le lancement de
campagnes médiatiques et de politiques à l’échelle de la population comme
l’obligation de modifier la formule des aliments afin de parvenir à une réduction
importante de la consommation globale de sodium plutôt que de privilégier les
interventions ciblant les individus.
3. Les médecins devraient :
conseiller leurs patients en leur indiquant les principales sources de sodium dans leur
alimentation et les manières de réduire leur consommation de sodium, y compris en
réduisant la quantité de sel dans leur cuisine et l’utilisation de substituts du sel et en luttant
contre toutes les pratiques et croyances locales qui contribuent à une absorption élevée de
sodium.
Références
[1] Fonds mondial de recherche contre le cancer / American Institute for Cancer Research, Food,
Nutrition, Physical Activity, and the Prevention of Cancer: a Global Perspective, Washington DC:
AICR, 2007.
[2] Guideline: Sodium intake for adults and children, Genève, Organisation mondiale de la santé
(OMS), 2012. Le résumé d’orientation de ces directives est disponible en français à l’adresse
suivante :
http://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/85223/WHO_NMH_NHD_13.2_fre.pdf?sequence
=1&isAllowed=y.
[3] Mozaffarian, Dariush, Fahimi, Saman, Singh, Gitanjali M., Micha, Renata, Khatibzadeh,
Shahab, Engell, Rebecca E., Lim, Stephen, Danaei, Goodarz, Ezzati, Majid and Powles, John
(2014), Global sodium consumption and death from cardiovascular causes. New England Journal
of Medicine, 371 7: 624-634. doi:10.1056/NEJMoa1304127
[4] J. He, N.R.C. Campbell, G.A. MacGregor, Reducing salt intake to prevent hypertension and
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2008-01-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
cardiovascular disease. Rev. Panam, Salud Publica, 32 (4) (2012), pp. 293-300
[5] Bureau régional pour l’Europe de l’Organisation mondiale de la santé, Mapping salt reduction
initiatives in the WHO European Region (Web. 10 mai 2014.)
http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0009/186462/Mapping-salt-reduction-initiatives-
in-the-WHO-European-Region.pdf (2013)
[6] Salt reduction and iodine fortification strategies in public health, 2014.
http://www.who.int/nutrition/publications/publichealth_saltreduc_iodine_fortification/en/
[7] McLaren L, Sumar N, Barberio AM, Trieu K, Lorenzetti DL, Tarasuk V, Webster J, Campbell
NRC.Population-level interventions in government jurisdictions for dietary sodium reduction.
Cochrane Database of Systematic Reviews2016, n° 9. art. n° : CD010166.DOI:
10.1002/14651858. CD010166.pub2.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2008-02-2018
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LA RÉDUCTION DU FLÉAU MONDIAL DU MERCURE
Adoptée par la 59e
Assemblée Générale de l’AMM, Séoul, Corée, Octobre 2008
et réaffirmée avec une révision mineure par la 210e
session du Conseil de l’AMM,
Reykjavik, Islande, Octobre 2018
PRÉAMBULE
Le mercure est un métal lourd présent dans la nature et une puissante neurotoxine.
L’exposition humaine au mercure passe le plus souvent par l’ingestion de méthylmercure
présent dans des poissons contaminés, moins fréquemment par l’inhalation de vapeurs de
mercure anorganique lorsque du mercure est renversé ou au cours d’un processus de
fabrication.
Le mercure a été considéré comme l’élément idéal à utiliser dans les appareils médicaux
de mesure de la température et de la pression. De fait, un grand hôpital peut facilement
posséder plus de 45 kg de mercure contenu dans différents appareils situés dans divers
locaux.
Les hôpitaux et les cliniques peuvent éviter les risques professionnels et
environnementaux liés au mercure en utilisant des produits ne contenant pas de mercure.
De grands établissements de santé dans le monde ont montré qu’il existait des produits
alternatifs sûrs et efficaces, utilisables en toute sécurité dans la plupart des cas, comme des
thermomètres électroniques, des appareils médicaux anéroïdes récemment calibrés et des
batteries sans mercure.
Même si des motifs d’ordre professionnel et environnemental sont à la base de
nombreuses décisions volontaires de remplacer le mercure, des considérations financières
peuvent également achever de convaincre les hôpitaux de lancer un programme de
remplacement du mercure. L’élimination des déchets dangereux, l’obligation de signaler
toute fuite ou tout épanchement de mercure, la perturbation de services et la formation du
personnel coûtent cher. Les coûts engendrés par l’élimination d’une contamination
importante peuvent s’avérer beaucoup plus élevés que le passage à des solutions sans
mercure.
En mettant en place une méthode de gestion optimisée pour l’utilisation du mercure, on
pourrait peut-être éviter la prise de mesures de régulation plus draconiennes par les
autorités. Ces mesures de régulation risqueraient de peser lourdement sur les
établissements : certains pourraient ne pas être en mesure d’en assumer les coûts.
Reykjavik ⏐ S-2008-02-2018
Mercure
L’Association médicale mondiale rappelle sa déclaration sur la dégradation de
l’environnement et pour une gestion avisée des produits chimiques, qui contient des
recommandations en matière de sensibilisation et de renforcement des capacités à même
de contribuer à la lutte contre ce fléau.
RECOMMANDATIONS
Les recommandations suivantes sont basées sur l’urgente nécessité de réduire à la fois la
fourniture et la demande de mercure, dans le secteur de la santé:
Au niveau mondial:
L’Association médicale mondiale et ses Membres constituants devraient :
• plaider en faveur d’une coopération entre les Nations unies et les gouvernements
pour la mise en œuvre des points clés du programme relatif au mercure du
Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) qui fournit un cadre
pour réduire l’utilisation, la diffusion, le commerce et les risques liés au mercure ;
• favoriser l’activité des partenariats existants.
Au niveau regional et national:
Les associations médicales nationales devraient demander à leurs gouvernements de tra-
vailler à la réduction des risques liés au mercure dans l’environnement :
• en réduisant la dépendance à l’extraction du mercure au bénéfice de sources de
mercure sans risque pour l’environnement, comme le mercure recyclé ;
• en développant des solutions et des plans scientifiquement fondés pour sécuriser le
stockage à long terme des surplus de mercure ;
• en invitant instamment les États membres à ratifier et à mettre en œuvre la
Convention de Minamata sur le mercure, adoptée par les Nations unies en 2013 en
vue de protéger la santé humaine et l’environnement contre les émissions
anthropiques et les rejets de mercure et de composés mercuriels.
• en encourageant la suppression du mercure dans le secteur de la santé ;
• en concevant et en mettant en place des règlementations ou des obligations visant à
réduire significativement les émissions de mercure provenant de la combustion du
charbon et de la production de ciment, et en ayant recours à des contrôles
spécifiques des émissions de mercure.
Au niveau local:
Les médecins devraient:
• étudier comment éliminer les produits à base de mercure dans leurs cabinets et
leurs pratiques cliniques, y compris les thermomètres, les sphygmomanomètres, les
tubes gastro-intestinaux, les piles, les lampes, les générateurs électriques, les
Mercure
S-2008-02-2018 ⏐ Reykjavik
thermostats, les jauges de pression et les autres réactifs et dispositifs de
laboratoire ;
• veiller à ce que les hôpitaux et les établissements de santé locaux aient un
programme d’identification des sources de mercure sur le lieu de travail et de
réduction de l’utilisation du mercure et une politique de gestion du mercure en
matière de recyclage, d’élimination et de formation ;
• encourager les hôpitaux et les établissements de santé locaux à supprimer les
produits à base de mercure et à passer à des équivalents sans mercure ;
• orienter les patients vers les conseils locaux et nationaux relatifs à la
consommation de poisson conçus pour limiter l’exposition au mercure des enfants
et des femmes en âge de procréer.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2009-01-2009
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LE CONFLIT D’INTÉRÊTS
Adoptée par la 60e
Assemblée Médicale Mondiale, New Delhi, Inde, Octobre 2009
PREAMBULE
Cette politique vise à identifier les domaines où un conflit d’intérêts peut surgir au cours
de l’exercice quotidien de la médecine et à aider les médecins à résoudre de tels conflits,
dans le meilleur intérêt de leurs patients. Un conflit d’intérêts se produit lorsque le juge-
ment professionnel concernant les soins à apporter à un patient est influencé de manière
indue par des intérêts secondaires.
Dans certains cas, il peut suffire de reconnaître qu’un conflit réel ou potentiel existe. Dans
d’autres cas, il peut être nécessaire de prendre des mesures spécifiques pour résoudre le
conflit. Certains conflits d’intérêts sont inévitables et les conflits d’intérêt en médecine ne
sont pas intrinsèquement contraires à l’éthique. C’est la manière dont ils sont traités qui
est essentielle.
Au delà de l’exercice clinique de la médecine et de la délivrance de soins, les médecins
assument traditionnellement différentes fonctions et poursuivent divers autres intérêts.
Parmi ces intérêts, la plupart louables et bénéfiques pour la société, figurent la participa-
tion à la recherche, l’éducation des futurs médecins ou la formation des médecins en exer-
cice ainsi que des responsabilités administratives ou des fonctions de direction. Le secteur
de la médecine ayant attiré des intérêts privés, il arrive que des médecins mettent leurs
compétences également au service de ces intérêts, en occupant des postes de consultants
(et parfois d’employés) dans des entreprises du secteur privé.
Même si la participation des médecins dans bon nombre de ces activités sera en fin de
compte bénéfique pour le public, la priorité du médecin demeure la santé et le bien-être de
ses patients. Les autres intérêts ne devraient pas entrer en conflit avec cette obligation pre-
mière ou influencer les décisions cliniques (même de manière potentielle).
Tous les médecins ont le devoir moral d’analyser leur propre comportement dans l’optique
d’éventuels conflits d’intérêts même si les conflits n’entrent pas dans le type d’exemples
ou de situations traités dans ce document. Lorsqu’ils ne sont pas reconnus, les conflits
d’intérêts peuvent sérieusement miner la confiance des patients dans la profession médi-
cale et dans le praticien en particulier.
Les médecins peuvent éventuellement souhaiter profiter eux-mêmes de ressources supplé-
mentaires telles que les sociétés de médecine, les associations médicales nationales ou les
instances de contrôle. Ils devraient connaître dans ce cas la réglementation et les lois na-
tionales en vigueur
Conflit d’intérêts
S-2009-01-2009 ⏐ New Delhi
RECOMMANDATION
Recherche
Les intérêts du clinicien et du chercheur peuvent ne pas être les mêmes. Si la même per-
sonne assume les deux fonctions, comme c’est souvent le cas, le conflit potentiel devrait
être réglé en mettent en place des mesures appropriées pour protéger les patients, y com-
pris en informant ces derniers du conflit potentiel.
Comme mentionné dans la Déclaration d’Helsinki:
• La Déclaration de Genève de l’Association Médicale Mondiale engage les méde-
cins dans les termes suivants: “La santé de mon patient sera mon premier souci”
et le Code international d’éthique médicale énonce que “le médecin devra agir
uniquement dans l’intérêt de son patient lorsqu’il lui procure des soins qui peuvent
avoir pour conséquence un affaiblissement de sa condition physique ou mentale”.
• La Déclaration d’Helsinki stipule que “Dans la recherche médicale impliquant des
êtres humains, le bien-être de chaque personne impliquée dans la recherche doit
prévaloir sur tous les autres intérêts”.
La recherche devrait être conduite avant tout pour faire progresser la science médicale. Un
médecin ne devrait jamais faire passer ses intérêts financiers avant le bien-être de son pa-
tient. Les intérêts des patients et l’intégrité scientifique devraient être prioritaires.
Il faut informer de l’ensemble des relations et intérêts matériels du chercheur-médecin les
éventuels participants à une recherche les comités d’éthique de la recherche, les instances
de contrôle et de régulation concernées, les revues médicales, les participants à une con-
férence et le centre médical où est menée la recherche.
Tous les essais devraient être enregistrés et figurer dans un registre des recherches acce-
ssible au public
Un contrat clair devrait être signé par toutes les parties, y compris les sponsors, les cher-
cheurs et les participants au programme, avec un minimum de clarifications:
• rémunération financière pour le chercheur-médecin (qui ne doit pas excéder la perte
financière liée au non exercice de son activité normale de médecin)
• le propriétaire des résultats de la recherche (qui seront détenus par le chercheur)
• le droit du chercheur de publier des résultats négatifs,
• Le droit du chercheur de fournir des informations aux personnes participant aux
essais à tout moment en cours d’étude.
Les chercheurs-médecins devraient exercer un contrôle, avoir un accès complet à toutes
les données des essais et refuser les clauses de non divulgation.
Indépendamment des résultats de la recherche, les chercheurs-médecins devraient veiller à
ce que la présentation ou la publication des résultats ne soit pas indûment retardée ou
bloquée.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2009-01-2009
Manuel des Politiques de l’AMM
Des primes ne devraient pas être acceptées pour avoir fourni le nom des participants
potentiels à la recherche et les informations sur les patients ne devraient pas être trans-
mises sans le consentement des patients, sauf si la réglementation ou les instances de con-
trôle l’imposent.
Tout dédommagement reçu des sponsors des essais ne devrait pas excéder la perte finan-
cière liée au non exercice de son activité normale de médecin et devrait être à la hauteur
des efforts du médecin menant la recherche. Lorsque le recrutement demande une grande
implication et du temps, une rémunération complémentaire peut être envisagée pour dé-
dommager le chercheur clinicien ou l’institution en particulier pour les efforts et le temps
consacrés au recrutement de participants à la recherche. Des bonus progressifs versés dans
le but d’augmenter le nombre de participants à la recherche ne devraient pas être acceptés.
Les chercheurs-médecins devraient refuser d’étudier des demandes de subvention ou des
soumissions d’articles de recherche de la part de collègues ou de concurrents si leurs rela-
tions risquent d’influencer leur jugement sur le dossier.
Des paiements ou des dédommagements de quelque nature que ce soit ne devraient pas
être liées aux résultats des essais cliniques. Les chercheurs-médecins ne devraient pas
avoir d’intérêts financiers dans une entreprise subventionnant un essai ou un produit
étudié si ces intérêts risquent de varier positivement ou négativement en fonction des
résultats de l’essai ; il ne devrait pas y avoir d’enjeu financier direct pour eux lié aux
résultats de l’essai. Ils ne devraient pas acquérir, acheter ou vendre des actions de
l’entreprise pendant la période des essais et jusqu’à ce que les résultats aient été publiés.
Ces consignes pour-raient ne pas s’appliquer aux médecins qui ont mis au point un
médicament mais qui ne prennent pas part à la procédure de recrutement aux essais.
Les chercheurs-médecins devraient participer uniquement aux essais cliniques qui entrent
dans le champ de leurs compétences médicales et devraient avoir une formation adéquate
sur la conduite d’une recherche et sur les principes de l’éthique de la recherche.
Les droits d’auteur devraient être définis avant le début de l’essai et devraient être basés
sur une importante contribution scientifique.
Les essais ne devraient pas interrompus uniquement pour des intérêts financiers
Education
Les besoins éducatifs des étudiants et la qualité de leur formation doivent être jaugés en
fonction des meilleurs intérêts des patients. En cas d conflit d’intérêts, les intérêts du pa-
tient sont prioritaires.
Tout en reconnaissant que les élèves en médecine ont besoin d’une expérience sur des
patients réels, les enseignants-médecins devraient veiller à ce que ces élèves soient super-
visés à la hauteur de leur niveau de formation.
Les patients devraient savoir qu’ils peuvent éventuellement être soignés en partie par des
étudiants et des médecins en formation, y compris pour les procédures et les actes chirur-
gicaux, et devraient pouvoir donner ou non leur consentement éclairé.
Conflit d’intérêts
S-2009-01-2009 ⏐ New Delhi
Les patients devraient connaître l’identité et le niveau de formation des personnes qui par-
ticipent à leurs soins.
Le refus du patient de se faire soigner par du personnel en formation ne devrait pas affec-
ter l’importance et la qualité des soins qu’il recevra ensuite.
Auto-prescriptions et honoraires partagés
Toutes les prescriptions et ordonnances (qu’il s’agisse de biens ou de services spécifiques)
devraient reposer sur une évaluation objective de la qualité du médecin (ou du service)
auquel le patient est adressé.
Le fait pour des médecins d’adresser des patients à des établissements médicaux (par ex.
des laboratoires) où ils ne sont pas professionnellement actifs mais où ils ont un intérêt
financier s’apparente à de l’auto-prescription. Potentiellement cette pratique peut influen-
cer beaucoup les décisions médicales et n’est pas jugée acceptable à moins que la com-
munauté en question n’ait besoin d’un établissement et qu’il n’y en ait pas d’autres (par
ex. dans les petites communautés rurales). Le médecin dans ce cas ne devrait pas percevoir
davantage d’argent qu’un investisseur classique.
Des commissions (ou partage des honoraires) existent lorsqu’un médecin perçoit de l’ar-
gent pour avoir adressé un patient à un praticien donné ou avoir prescrit un service spéci-
fique donnant lieu au versement d’honoraires. Cette pratique est inadmissible.
Cabinets médicaux
Pour des raisons de commodités pour les patients, de nombreux cabinets médicaux sont
situés à proximité d’autres établissements médicaux comme par ex. des laboratoires, des
pharmacies et des opticiens. Le médecin ne devrait pas recevoir de ré-munération finan-
cière ou d’autres avantages pour avoir adressé des patients à ces établissements ou pour
être installé à proximité de ces derniers. Un immeuble appartenant à un médecin ne devrait
pas être loué à des prix supérieurs ou inférieurs à ceux du marché.
Les produits non médicaux (ceux n’ayant rien à faire avec la santé des patients ou l’exer-
cice de la médecine) et des produits médicaux scientifiquement non validés scientifi-
quement ne devraient pas être vendus dans un cabinet médical. Si des produits médicaux
scientifiquement validés sont vendus en cabinet médical, leur prix de vente devrait se li-
miter aux coûts engendrés pour se les procurer et les produits devraient être proposés
d’une manière telle que le patient ne se sent pas contraint de les acheter.
Conflits entre entreprises/établissements
Les établissements de santé en particulier sont de plus en plus sujets à de nombreuses
pressions menaçant plusieurs de leurs missions et beaucoup de centres médicaux académi-
ques ont commencé à rechercher d’autres sources de revenus. Il faudrait instaurer des poli-
tiques veillant à ce que ces nouvelles sources ne soient pas en conflit direct avec les
valeurs et la mission de l’établissement (par ex. financement des écoles de médecine par
l’industrie du tabac).
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2009-01-2009
Manuel des Politiques de l’AMM
Les organisations et les institutions médicales (y compris mais sans s’y limiter, les écoles
de médecin, les hôpitaux, les associations médicales nationales et les centres de recher-
ches) devraient établir et si possible appliquer des directives régissant les conflits d’in-
térêts, à l’attention de leurs employés et de leurs membres.
Les chercheurs-médecins et autres tireront profit de la création de directives officielles
régissant les conflits d’intérêts. Elles les aideront à faire connaître et à identifier clairement
les situations où en raison d’un éventuel conflit, ils devraient refuser de participer à une
étude ou à une autre activité.
Les établissements de santé académiques devraient fixer des limites précises entre les
comités chargés des investissements, le transfert technologique et la branche recherche de
l’établissement.
Des politiques écrites devraient contenir des directives sur la divulgation ou le refus de
participation à une procédure décisionnaire, à l’attention des personnes qui sont en situa-
tion conflictuelle parce qu’une recherche est sponsorisée, parce qu’il existe des contrats de
consultants, des holdings privés ou des accords de licence.
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2009-02-2009 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LA RECHERCHE SUR LES CELLULES SOUCHES EMBRYONNAIRES
Adoptée par la 60e
Assemblée générale de l’AMM, New Delhi, Inde, Octobre 2009
PREAMBULE
La recherche sur les cellules souches s’est développée au cours de ces dix dernières années
et fait partie aujourd’hui de ces domaines de la biotechnologie où la croissance est la plus
rapide.
Les cellules souches peuvent être prélevées sur un tissue formé (cellule souche adulte) ou
dans le sang ombilical et ces sources de prélèvement ne donnent lieu à aucun dilemme
éthique particulier.
On peut aussi obtenir des cellules souches de l’embryon en formation (cellules souches
embryonnaires). L’obtention et l’utilisation de ces cellules souches soulèvent des ques-
tions éthiques spécifiques et sous certains aspects éthiques, s’avèrent problématiques.
Certains législateurs ont interdit l’obtention et l’utilisation de cellules souches embryon-
naires. D’autres ont autorisées l’usage d’embryons dits en excédent et issus de la féconda-
tion in vitro à des fins de recherche mais souvent la production d’embryons uniquement à
des buts de recherche est interdite. De nombreuses juridictions n’ont pas de loi spécifique
concernant le respect des cellules souches embryonnaires.
On considère généralement sur le plan éthique et juridique que les embryons
humains possèdent un statut éthique spécifique et spécial. Comme toutes les questions
éthiques de cette nature, celles-ci ont déclenché des débats au sein des spécialistes de
l’éthique, des philosophes, des cliniciens, des scientifiques, des travailleurs sanitaires, du
public et des législateurs.
La technologie de la reproduction assistée, notamment la fécondation in vitro, implique la
production d’embryons à l’extérieur du corps humain. Dans de nombreux cas, il y a plus
d’embryons produits que ceux réellement nécessaires pour parvenir à une ou plusieurs
grossesses réussies. Ceux non utilisés, les embryons dits en excédent peuvent être donnés
pour le traitement d’autres ou pour la recherche ou stockés pendant un certain temps puis
détruits.
Les différentes approches législatives concernant l’utilisation des embryons pour la
recherche peuvent se traduire au niveau de lois interdisant le financement public de telles
recherches.
New Delhi ⏐ S-2009-02-2009
Recherche sur les Cellules Souches Embryonnaires
Les cellules souches peuvent servir pour la recherche sur les maladies humaines et la
biologie de l’évolution. Il existe actuellement de nombreux programmes de recherche sur
l’utilisation des cellules souches pour traiter les maladies humaines. Même si les études
cliniques n’ont pas encore validé l’utilisation des cellules souches à des fins thérapeuti-
ques, le potentiel dans ce domaine a été reconnu par les membres de la communauté médi-
cale et scientifique.
Il est trop tôt pour estimer la réussite potentielle d’une quelconque thérapie spécifique et la
place des cellules souches parmi plusieurs types de traitement.
L’opinion du public concernant la recherche sur les cellules souches varie au moins autant
que celle des médecins et des scientifiques. De nombreux débats publics tour-nent autour
des inquiétudes que suscitent l’abus de la technologie et l’utilisation des embryons.
La réglementation conforme aux principes éthiques établis soulagera probablement de
nombreuses personnes dans le public, surtout si elle est associée à l’instauration d’une
politique scrupuleuse et crédible.
RECOMMANDATIONS
Dans toute la mesure du possible, la recherche devrait être menée sur des cellules souches
qui n’ont pas une origine embryonnaire. Toutefois, des circonstances se pré-senteront où
seules les cellules souches embryonnaires conviendront au modèle de recherche.
Toutes les recherches sur les cellules souches, quelle que soit leur origine, doivent être
menées en respectant les principes éthiques établis de la communauté dans laquelle ont
lieu les recherches. La réglementation et la législation doivent également correspondre à
ces principes afin d’éviter la confusion ou les conflits entre la loi et l’éthique.
Les principes éthiques devraient si possible découler d’accords internationaux. En recon-
naissant que divers groupes ont des opinions très différentes sur l’utilisation, notamment,
des cellules souches embryonnaires, ces principes devraient être conçus de telle manière à
permettre aux différentes juridictions de limiter leur niveau de recherche autorisé en fonc-
tion des nécessités locales.
Toute recherche faisant appel à des embryons doit être conduite uniquement en présence
d’un consentement éclairé écrit des donneurs du matériel génétique ayant créé l’embryon.
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2009-03-2009 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LES INÉGALITÉS EN MATIÈRE DE SANTÉ
Adoptée par la 60e
Assemblée Médicale Mondiale, New Delhi, Inde, Octobre 2009
PREAMBULE
Depuis plus de 150 ans, le monde entier reconnaît l’existence d’inégalités dans le domaine
de la santé. Le Rapport Final de la Commission de l’OMS sur les déterminants sociaux de
la santé a été récemment publié et met en lumière l’énorme impact des inégalités en ma-
tière de santé sur l’économie et la cohésion sociale dans tous les pays. Hormis les dif-
férences majeures entre les pays, notamment entre les pays en voie de développement et
les pays développés, il existe au sein même des pays des disparités significatives du fait de
la diversité socio-économique et culturelle. Les inégalités en matière de santé se tradui-
sent soit au niveau de l’accès aux soins soit au niveau de la qualité des soins ou bien les
deux. Elles se manifestent de diverses manières – telles que dans l’espérance de vie, la
mortalité des nourrissons, la mortalité des enfants. L’existence d’inégalités spécifiques de
plus en plus importantes est particulièrement préoccupante.
Les soins fournis par les médecins sont au cœur de ce sujet. Les associations médicales
nationales devraient participer activement à la lutte contre les inégalités sociales et en ma-
tière de santé afin de permettre à leurs membres médecins de fournir un service de qualité,
identique pour tous.
Le rôle du système de santé: La diversité socio-économique et culturelle des groupes de
population constitue la principale cause d’inégalités en matière de santé. Le sys-tème de
santé peut toutefois jouer un rôle capital pour prévenir et réduire ces inégalités. Son rôle
peut être résumé de la manière suivante:
• Prévenir l’impact sur la santé des inégalités socio-économiques et culturelles –
notamment en promouvant la santé et la prévention des maladies (prévention pri-
maire)
• Identifier, solutionner et réduire les inégalités actuelles en matière de santé, par
ex. avec un diagnostic précoce des maladies, une bonne prise en charge des mala-
dies chroniques, une réhabilitation (Prévention secondaire et tertiaire)
RECOMMANDATIONS
Les membres de la profession médicale confrontés aux conséquences de ces inégalités,
portent une grande responsabilité et demandent à leurs associations médicales nationales
de:
New Delhi ⏐ S-2009-03-2009
Inégalités en Matière de Santé
• Reconnaître l’importance des inégalités en matière de santé et la nécessité de
peser sur la politique et les actions nationales pour les prévenir et les réduire
• Identifier les risques sociaux et culturels auxquels sont exposés les patients et
leurs familles et planifier leurs activités cliniques (diagnostic et traitement) pour
lutter contre leurs consequences
• Plaider en faveur d’une suppression des obstacles financiers pour obtenir les soins
médicaux nécessaires.
• Plaider en faveur d’un accès identique pour tous aux services de santé, quelles
que soient les différences géographiques, sociales, celles liées à l’âge, au sexe,
aux religions, aux origines ethniques, à l’orientation sexuelle et les différences
économiques.
• Demander des études sur les inégalités en matière de santé (y compris l’étendue,
la gravité, les causes, l’impact sur la santé, la vie économique et sociale) ainsi que
des outils de compétence culturelle à tous les niveaux de la formation médicale
académique, y compris la formation permanente pour ceux déjà en exercice.
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2009-04-2009 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LES PRINCIPES DIRECTEURS POUR L’UTILISATION DE LA
TÉLÉSANTÉ DANS LES SOINS MÉDICAUX
Adoptée par la 60e
Assemblée Médicale Mondiale, New Delhi, Inde, Octobre 2009
DEFINITION
La télésanté consiste à utiliser les technologies de l’information et de la communica-
tion pour délivrer des soins de santé et des informations sur de grandes et petites distances.
PREAMBULE
La prévalence de la télémédecine et de la télésanté dans la plupart des pays du monde a
conduit l’Association Médicale Mondiale (AMM) à établir des directives éthiques à l’in-
tention des médecins qui utilisent ce procédé pour fournir des soins médicaux. L’AMM
définit la télémédecine comme « la pratique de la médecine à distance avec laquelle les
interventions, le diagnostic, les décisions thérapeutiques et les conseils reposent sur des
données cliniques, sur des documents et sur d’autres supports d’information transmis par
des systèmes de télécommunication ».
Une définition plus large de la télésanté fait entrer en jeu la gamme complète d’actions
contribuant à la bonne santé du patient et du public: la prévention, la promotion, le diag-
nostic et le traitement, tous des domaines où les médecins jouent un rôle important. C’est
cette définition plus large que l’AMM retient.
La télésanté/télémédecine aide à supprimer les barrières liées à la distance et favorise une
égalité d’accès aux services qui sinon feraient souvent défaut dans les communautés re-
culées, rurales et de plus en plus dans les communautés urbaines. Il s’agit davantage de
transmettre une voix, des données, des images et des informations que de faire physique-
ment se déplacer les patients, les praticiens et les éducateurs. L’accès, la ponctualité et le
côté pratique sont améliorés et les frais de déplacement sont réduits. Elle a aussi le mérite
de permettre aux patients de coopérer plus facilement et davantage à leur propre bien-être
et d’être en mesure de participer à des programmes éducatifs dont le but est de promouvoir
le bien-être, le confort, les commodités et la sécurité que procure le domicile personnel.
Cette prise de position se concentre principalement sur les consultations en télésanté entre
les patients et les professionnels de santé. Il conviendrait de noter qu’un autre aspect im-
portant de la télésanté est l’utilisation de la télécommunication entre les professionnels de
santé pour la délivrance de soins.
New Delhi ⏐ S-2009-04-2009
Télésanté
La télésanté/télémédecine fera partie des programmes plus vastes de eSanté que la plupart
des pays développés conduisent comme le font également de nombreux pays en voie de
développement. On voit apparaître de plus en plus de solutions qui permettent de fournir
des soins par un réseau électronique et de ce fait, davantage de médecins pourront soigner
de cette façon les patients.
PRINCIPES DIRECTEURS
Devoir de soins
La pratique de la télésanté tout en défiant la perception classique de la relation médecin-
patient, s’accompagne d’un “devoir de soins » de la part du médecin lors d’une consulta-
tion à distance entre le médecin et le patient comme dans toute autre consultation médi-
cale.
Dans le cadre d’une consultation à distance, il est nécessaire que le médecin renseigne
d’une manière claire et explicite le patient sur la personne qui est responsable du suivir et
de traitement en cours. La supervision du médecin sur les protocoles, la mise en place de
conférences et l’analyse des fichiers médicaux est nécessaire dans tous les établissements
de soins et dans toutes les circonstances. Les médecins devraient pouvoir contacter immé-
diatement les prestataires non médecins, les techniciens et les patients.
Il est nécessaire que les médecins fassent savoir clairement qui est responsable du patient
en présence d’autres prestataires de soins impliqués dans les soins au patient.La responsa-
bilité légale des professionnels de santé assurant des soins par la télésanté doit être claire-
ment définie par la juridiction compétente.
Communication avec les patients
Le médecin prendra des mesures pour veiller à ce que la qualité des communications pen-
dant une soit la plus parfait possible. Tout défaut technique majeur devrait être consigné
dans la documentation de la consultation.
Le médecin pratiquant la télésanté devraitêtre familiarisé à la technologie.
Le médecin devrait connaître et gérer les limites de la vidéo et de l’audio dans le cadre de
la délivrance de soins à distance.
Le médecin devrait recevoir une formation à la télécommunication avant toute première
consultation en télésanté.
Il est nécessaire que le médecin détermine autant qu’il le peut la capacité et l’aisance de
chaque patient en matière de télésanté avant toute première consultation en télésanté. La
situation ne s’y prête toutefois pas toujours.
Dans toute la mesure du possible, le médecin devrait veiller à ce que le patient soit suffi-
samment initié/formé à la télésanté et aux questions de communication avant toute pre-
mière consultation en télésanté.
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2009-04-2009 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Normes d’exercice/Qualité des soins cliniques
Le médecin doit juger correct le niveau de soins fournis via la télésanté et au moins équi-
valent à tout autre type de soins qui peut être prodigué au patient/client, compte tenu du
contexte en présence, de l’endroit, du moment et de la relative disponibilité des soins clas-
siques. Si le niveau de soins n’est pas jugé correct via la télésanté, le médecin devrait in-
former le patient et proposer un autre mode/service de soins.
Le médecin devrait recourir aux directives cliniques existantes lorsque cela est possible
pour les soins fournis via la consultation en télésanté. Certaines modifications peuvent
éventuellement être appliquées pour répondre aux circonstances particulières.
Le médecin devrait veiller à ce que tout changement apporté aux directives cliniques pour
la consultation en télésanté soit approuvé par l’instance clinique dirigeante ou l’associa-
tion.
Le médecin fournissant des soins en télésanté devrait respecter tous les protocoles et les
procédures s’y rattachant: consentement éclairé (verbal, écrit, enregistré); la vie privée et
la confidentialité; la documentation; la propriété des dossiers patients/clients et avoir un
comportement au téléphone ou en vidéotéléphone adapté.
Le médecin fournissant des soins en télésanté doit s’assurer de respecter la législation et
les directives professionnelles sur la télésanté dans le pays à partir duquel les services sont
assurés.
Le médecin devrait posséder les acquis suivants: être compétent dans le champ d’exercice
concerné, savoir bien communiquer, comprendre l’objectif du service fourni via la télé-
santé, savoir s’orienter et naviguer dans le système et l’environnement technologique,
comprendre les protocoles et les procédures de la télésanté, bien appréhender les limites de
la technologie utilisée.
Résultats cliniques
Les organisations fournissant des programmes de télésanté devraient gérer et améliorer la
qualité des services afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles.
Les organisations fournissant des programmes de télésanté devraient mettre en place une
méthode systématique de collecte, d’évaluation et de transmission des résultats et de l’effi-
cacité clinique. Des indicateurs de qualité devraient être établis et utilisés.
Clause de confidentialité
La confidentialité des informations concernant le patient devrait être respectée.
Les organisations médicales et les médecins pratiquant la télésanté devraient connaître et
veiller à se conformer à la législation et aux règles prévues pour protéger la confidentialité
des informations relatives au patient /client. Ils devraient avoir leurs propres directives en
matière de confidentialité.
New Delhi ⏐ S-2009-04-2009
Télésanté
Les organisations médicales et les médecins sont encouragés à consulter les conseillers
juridiques et les instances professionnelles lorsqu’ils déterminent la politique de confiden-
tialité
Consentement éclairé
La législation et les règles concernant la prise de décision et le consentement du pa-
tient devraient être appliquées.
Dans toute la mesure du possible, le consentement éclairé devra être obtenu par le méde-
cin avant tout service ou intervention. Si nécessaire, le consentement du patient devrait
être indiqué dans la documentation de la consultation.
Le consentement pour la télésanté devrait répondre aux mêmes principes et procédures
pour tout autre service de santé.
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2010-01-2018 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LA DEGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT ET
SUR UNE BONNE GESTION DES PRODUITS CHIMIQUES
Adoptée par la 61e
Assemblée Générale de l’AMM, Vancouver, Canada, Octobre 2010
et amendée par la 69e
Assemblée Générale de l’AMM à Reykjavik, Islande, Octobre 2018
PRÉAMBULE
1. La présente déclaration s’attache à un aspect essentiel de la dégradation de
l’environnement : la pollution environnementale par des substances chimiques
industrielles et domestiques. Elle met en lumière la manière dont les produits
chimiques dangereux concourent à la dégradation de l’environnement et le rôle que
peuvent jouer les médecins dans la gestion avisée de ces substances aux fins d’un
développement durable, notamment dans le domaine des soins de santé.
2. Une gestion inappropriée des produits chimiques peut avoir des conséquences nocives
sur la santé humaine et les droits humains, notamment pour les populations les plus
vulnérables.
3. La plupart des produits chimiques auxquels les êtres humains sont exposés
proviennent d’industries. Il peut s’agir de gaz toxiques, d’additifs alimentaires, de
produits ménagers, de cosmétiques, d’intrants agricoles ou de substances utilisées à
des fins thérapeutiques, comme des médicaments et des compléments alimentaires.
L’attention du grand public s’est récemment concentrée sur les effets des produits
chimiques artificiels (ou de synthèse) sur l’environnement, notamment certains
produits industriels ou agrochimiques et sur les nouveaux modèles de répartition des
substances naturelles induits par l’activité humaine. À mesure que les composés
chimiques se multipliaient, les gouvernements et les organisations internationales ont
commencé à adopter une approche plus exhaustive lors de l’élaboration de
règlementations en matière de sécurité. La quantité croissante de déchets en plastique
dans l’environnement est également très préoccupante et il est temps de prendre des
mesures pour y remédier.
4. Bien qu’il incombe prioritairement aux gouvernements d’établir un cadre de protection
de la santé publique contre les risques chimiques, l’Association médicale mondiale, au
nom de ses membres, insiste sur la nécessité d’exposer les risques que ces substances
font peser sur la santé humaine et présente ci-après des recommandations.
CONTEXTE
Produits chimiques préoccupants
5. Au cours des cinquante dernières années, l’utilisation des produits chimiques s’est
massivement accrue, tant dans l’agriculture, avec les pesticides et les fertilisants, que
dans l’industrie de production de biens (de consommation ou industriels) avec les
Reykjavik ⏐ S-2010-01-2018
Dégradation de l’Environnement
produits de synthèse1.
6. Les inquiétudes portent principalement sur les produits chimiques, qui persistent dans
l’environnement, présentent un taux de dégradation faible, s’accumulent dans les tissus
humains et animaux (et se concentrent au fil de la chaîne alimentaire) et qui ont de
graves conséquences sur la santé humaine et l’environnement (notamment à de faibles
concentrations). Certains métaux présents naturellement dans l’environnement comme
le plomb, le mercure et le cadmium, utilisés dans l’industrie, suscitent également des
préoccupations. Les progrès de la recherche en matière de santé environnementale, en
particulier pour ce qui a trait aux méthodes d’échantillonnage environnemental et
humain et aux techniques de mesure, ainsi qu’une meilleure information concernant
les effets éventuels d’une faible dose sur la santé humaine, ont contribué à étayer les
inquiétudes émergentes.
7. Les effets des émissions de produits chimiques sur la santé peuvent être directs
(immédiats) ou indirects. Les effets indirects des émissions de produits chimiques sur
la santé sont dus à la dégradation de la qualité de l’eau, de l’air, de l’alimentation, ainsi
qu’aux altérations des systèmes régionaux et mondiaux comme les marées rouges
(pollution par phycotoxine paralysante) ou les atteintes à la couche d’ozone et au
climat, auxquelles ces émissions peuvent contribuer.
Mesures nationales et internationales
8. Le type de règlementation des produits chimiques varie amplement à la fois sur le
territoire d’un même État et entre les pays et peuvent aller des contrôles volontaires à
des lois statutaires. Il est essentiel que tous les pays s’acheminent vers une approche
des contrôles règlementaires nationale, homogène, normalisée et fondée sur la loi. En
outre, les règlementations internationales doivent être cohérentes de manière à ce que
les pays en développement ne soient pas forcés par leur situation économique à
accepter des niveaux d’exposition toxique élevés.
9. Les produits chimiques de synthèse comprennent toutes les substances qui sont
produites via des activités humaines ou qui en sont issues, comme les produits
chimiques d’emploi industriel ou ménager, les engrais, les pesticides, les substances
chimiques contenues dans les marchandises et les déchets, les médicaments
disponibles sur prescription ou non et les compléments alimentaires et les sous-
produits générés involontairement dans le cadre de processus industriels ou lors
d’incinérations, comme les dioxines. En outre, les nanomatériaux peuvent exiger des
règlementations particulières explicites qui transcendent les cadres actuels.
Approche stratégique de la gestion internationale des produits chimiques
10. Les nombreux accords internationaux sur les substances chimiques n’ont pas permis
de limiter la pollution de l’environnement mondial par les produits chimiques
dangereux, il est donc nécessaire d’adopter une approche plus complète de ces
produits. Les raisons pour lesquelles cette pollution perdure sont la résistance des
entreprises, le manque absolu de contrôle dans certains pays, la faible sensibilisation
aux risques potentiels, l’incapacité à appliquer le principe de précaution, la non-
ratification des différents traités et conventions et le manque de volonté politique.
L’Approche stratégique de la gestion internationale des produits chimiques (ASGIPC)
a été adoptée à Dubaï le 6 février 2006 par les délégués de plus de cent gouvernements
et des représentants de la société civile. Il s’agit d’un programme d’action mondial
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2010-01-2018 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
mais volontaire, visant à assurer une gestion avisée des produits chimiques tout au
long de leur cycle de vie pour que d’ici 2020, ils soient produits et utilisés d’une façon
qui limite leurs effets néfastes sur la santé humaine et l’environnement. L’ASGIPC
concerne les produits chimiques agricoles comme industriels, qui se trouvent dans les
marchandises comme dans les déchets, à tous les stades de leur cycle de vie :
fabrication, utilisation et mise au rebut.
Déchets en plastique
11. Le plastique est entré dans nos vies depuis plus de cent ans et il est régulièrement
utilisé par tout un chacun, sous une forme ou une autre. Bien que des variétés
biodégradables fassent aujourd’hui leur apparition, la plupart des plastiques se
fragmentent très lentement, ce processus de décomposition pouvant durer des
centaines d’années. Cela signifie que la plupart les plastiques qui ont été fabriqués
depuis l’invention de cette matière sont encore sur la Terre, à moins qu’ils n’aient été
brûlés, produisant ainsi une fumée empoisonnée qui pollue l’atmosphère.
12. L’utilisation de plastique provoque l’accumulation de déchets dans les décharges et
dans les espaces naturels terrestres ou marins, l’ingestion de plastique par des
animaux, la fuite de substances chimiques contenues dans le plastique et l’éventuelle
transmission de ces produits à la nature et aux êtres humains. Les animaux se
retrouvent également souvent enchevêtrés et piégés dans des déchets en plastique. De
nombreux plastiques utilisés aujourd’hui sont des halogénés ou contiennent d’autres
additifs employés au cours du processus de fabrication, qui peuvent avoir des effets
néfastes sur la santé (cancérigènes ou perturbateurs endocriniens).
13. Notre utilisation actuelle du plastique n’est pas durable : en accumulant les déchets,
nous contribuons à la dégradation de l’environnement et à la détérioration de la santé.
Il est dès lors nécessaire que nous nous dotions de règlementations spécifiques pour
lutter contre la contamination de l’environnement par les déchets en plastique à
fragmentation lente et l’incinération de ces déchets, qui crée souvent des sous-produits
toxiques.
RECOMMANDATIONS DE L’ASSOCIATION MÉDICALE MONDIALE (AMM)
14. En dépit des initiatives nationales et internationales, la pollution de l’environnement
due à une fabrication et à une utilisation non contrôlées des produits chimiques
continue de mettre en danger la santé publique mondiale. Les preuves des liens entre
certains produits et certains troubles de la santé sont solides mais nous sommes loin
d’avoir testé les conséquences environnementales de tous les produits chimiques. Cela
est particulièrement vrai des produits chimiques les plus récents et des nanomatériaux,
notamment à faible dose et sur des longues durées. La pollution par le plastique de
notre environnement naturel, y compris la mer, où le plastique se décompose en
particules minuscules est également alarmante. Les médecins et le secteur de la santé
doivent régulièrement prendre des décisions au sujet de patients et du grand public sur
la base des données existantes. Les médecins reconnaissent donc le rôle significatif
qu’ils ont à jouer pour combler l’écart entre l’élaboration de politiques, la gestion des
produits chimiques et la réduction des risques pour la santé humaine.
15. L’Association médicale mondiale réaffirme son engagement en faveur de
l’environnement, de la protection de la santé et de la vie et formule les
recommandations suivantes :
Reykjavik ⏐ S-2010-01-2018
Dégradation de l’Environnement
MOBILISATION
16. Les associations médicales nationales devraient appeler à l’adoption d’une législation
qui vise à réduire la pollution chimique, à mettre en lumière les responsabilités des
fabricants de produits chimiques et l’exposition des êtres humains aux produits
chimiques, à détecter et à réaliser le suivi des produits chimiques dangereux à la fois
dans l’organisme humain et dans l’environnement et qui permette de réduire les effets
sur la santé de l’exposition à des produits toxiques, en accordant une attention
particulière à la fertilité des femmes et des hommes et à la vulnérabilité des êtres
humains pendant la vie in utero et la petite enfance.
17. Les associations médicales nationales devraient exhorter leurs gouvernements à
soutenir les efforts internationaux visant à limiter la pollution chimique par une gestion
et une élimination sensée des produits chimiques, ou leur remplacement lorsqu’il
existe une alternative plus sûre (comme dans le cas de l’amiante), en veillant à ce que
les pays développés aident les pays en développement à parvenir à un environnement
sain et à assurer une bonne santé à l’ensemble de leur population.
18. Les associations médicales nationales devraient s’efforcer d’améliorer la collaboration
intersectorielle entre les ministères et les organismes chargés de l’environnement et de
la santé publique.
19. Les associations médicales nationales devraient sensibiliser le grand public aux risques
associés aux produits chimiques, y compris les plastiques et aux mesures qui peuvent
être prises à cet égard.
20. Les méthodes modernes de diagnostic et de traitement reposent largement sur
l’utilisation unique de matériel neuf ou stérile emballé comportant plusieurs
composants en plastique, qu’il s’agisse de l’instrument ou de son conditionnement.
Les associations médicales nationales devraient encourager la recherche et la diffusion
de pratiques permettant de réduire ou d’éliminer l’emploi de ces éléments qui
contribuent à la dégradation de l’environnement.
21. Les médecins et les associations médicales nationales devraient plaider pour la
protection de l’environnement, la communication de l’ensemble des composants des
produits, un développement durable, un secteur de la chimie et des hôpitaux
respectueux de l’environnement au niveau local, national et continental.
22. Les médecins et les associations médicales nationales devraient appuyer l’élimination
du mercure et des produits chimiques persistants, bioaccumulatifs et toxiques dans les
équipements et les produits médicaux et l’arrêt de l’incinération des déchets de ces
produits, qui pourrait causer une diffusion supplémentaire de substances toxiques.
23. Les médecins et les associations médicales devraient soutenir l’adoption du système
général harmonisé de classification et d’étiquetage des produits chimiques (SGH) et de
lois visant à imposer une évaluation de l’impact environnemental et sanitaire de tout
nouveau produit chimique avant son introduction sur le marché ou de toute nouvelle
installation industrielle.
24. Les médecins devraient encourager la publication des preuves des effets des différents
produits chimiques et des plastiques, selon leurs doses, sur la santé humaine et sur
l’environnement. Ces publications devraient être mises à la disposition des médias, des
organisations non gouvernementales (ONG) et des citoyens, au niveau local comme
international.
25. Les médecins et les associations médicales devraient plaider pour le développement de
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2010-01-2018 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
systèmes efficaces et sûrs de collecte et d’élimination des produits pharmaceutiques
non consommés. Ils devraient également encourager l’introduction de systèmes
efficaces de collecte et de mise au rebut des déchets en plastique.
26. Les médecins et les associations médicales devraient encourager les efforts visant à
réduire la fabrication, l’utilisation des emballages et des sacs en plastique et leur
remplacement par des matériaux écologiques et à stopper leur dissémination dans
l’environnement. Ces efforts pourraient conduire à l’adoption de mesures
encourageant le recyclage et de lois limitant l’utilisation d’emballages et de sacs en
plastique.
27. Les médecins et les associations médicales devraient appuyer les efforts de
réhabilitation et de remise en état de zones où l’environnement a été dégradé sur les
principes du pollueur-payeur et de précaution et militer pour que ces principes soient
intégrés à la législation.
28. L’AMM, les associations médicales nationales et les médecins devraient exhorter les
différents services des gouvernements à collaborer pour assurer l’adoption de
règlementations cohérentes.
INITIATIVE
L’AMM :
29. soutient les objectifs de l’Approche stratégique de la gestion internationale des
produits chimiques (ASGIPC), qui encourage les bonnes pratiques telles que le
remplacement par une substance plus sûre, la réduction des déchets, la construction
durable et non toxique, le recyclage, ainsi que la manipulation sûre et durable des
déchets dans le secteur de la santé ;
30. avertit que ces pratiques relatives aux produits chimiques doivent être combinées à des
efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur des soins de
santé et d’autres sources pour éviter que ces émissions n’aggravent le réchauffement
climatique ;
31. invite instamment les médecins, les associations médicales nationales et les États à
travailler ensemble à la création de systèmes d’alerte afin d’assurer que le personnel
des systèmes de soins de santé et les médecins soient informés de tout accident
industriel présentant des risques et reçoivent des informations exactes en temps utile
sur la gestion de ces urgences ;
32. exhorte les organisations locales, nationales et internationales à veiller à la production
durable, au remplacement par des alternatives sûres, à la création d’emplois sûrs et
respectueux de l’environnement et à la consultation du personnel de santé pour assurer
que les effets néfastes du développement sur la santé soient anticipés et réduits au
minimum ;
33. souligne l’importance de l’élimination en toute sécurité des produits pharmaceutiques,
qui fait partie des responsabilités du secteur des soins de santé et de la nécessité de
collaborer à l’élaboration de modèles de bonnes pratiques afin de réduire la part de ce
secteur dans le problème des déchets chimiques ;
34. promeut la classification environnementale des produits pharmaceutiques afin
d’encourager la prescription de produits pharmaceutiques moins dangereux pour
l’environnement ;
Reykjavik ⏐ S-2010-01-2018
Dégradation de l’Environnement
35. soutient les efforts locaux, nationaux et internationaux visant à réduire l’utilisation
d’emballages et de sacs en plastique ;
36. appuie les recherches en cours sur l’effet des règlementations et du suivi des produits
chimiques sur la santé humaine et l’environnement.
L’AMM recommande aux médecins :
37. de travailler à réduire la quantité de déchets médicaux toxiques dans leur
environnement professionnel et l’exposition à ces déchets dans le cadre de la
campagne pour des environnements favorables à la pratique des professionnels de la
santé lancée par l’Alliance mondiale des professions de santé (AMPS) ;
38. de travailler à fournir des informations sur les impacts sanitaires associés à l’exposition
aux produits chimiques toxiques, sur les manières de réduire l’exposition des patients à
des agents particuliers et d’encourager les comportements qui améliorent la santé de
tous ;
39. d’informer leur patientèle de l’importance d’une procédure sûre d’élimination des
produits pharmaceutiques non consommés ;
40. de travailler avec d’autres personnes à combler les lacunes de la recherche au sujet de
l’environnement et de la santé (poids et évolution des pathologies imputables à la
dégradation de l’environnement, effets des produits chimiques industriels sur les foyers
et les communautés locales, effets, y compris sanitaires, de la présence de déchets en
plastique dans notre environnement naturel, populations les plus vulnérables et
protection de ces populations).
FORMATION PROFESSIONNELLE ET RENFORCEMENT DES CAPACITÉS
L’AMM recommande :
41. aux médecins et aux associations professionnelles d’aider à sensibiliser les
professionnels comme le grand public aux conséquences des polluants chimiques
utilisés dans le monde ou présents dans l’environnement sur la santé des personnes ;
42. la création d’outils permettant aux médecins d’évaluer les risques d’exposition de leurs
patients à des produits chimiques ;
43. aux médecins et à aux associations médicales de créer des formations continues
adaptées aux situations locales sur les symptômes, les diagnostics, les traitements et la
prévention des pathologies causées par la pollution chimique et aggravées par les
changements climatiques ;
44. que la santé environnementale et la médecine du travail deviennent des sujets centraux
de la formation médicale ; que les facultés de médecine encouragent la formation de
spécialistes en santé environnementale et en médecine du travail en nombre suffisant.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2011-01-2011
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LE FLEAU MONDIAL DES MALADIES CHRONIQUES
Adopté par la 62e
Assemblée générale de l’AMM, Montevideo, Uruguay, Octobre 2011
INTRODUCTION
Les maladies chroniques, y compris les maladies cardiovasculaires et circulatoires, le dia-
bète, le cancer et les maladies pulmonaires, sont la cause majeure de décès et d’invalidité
aussi bien dans les pays développés que ceux en voie de développement. Les maladies
chroniques ne remplacent pas les causes actuelles des maladies et des invalidités (maladies
infectieuses et traumatismes) mais s’ajoutent au fléau des maladies. Les pays en voie de
développement sont maintenant confrontés au triple fléau des maladies infectieuses, des
traumatismes et des maladies chroniques. Ce fléau s’aggravant, il pèse sur la capacité de
nombreux pays à assurer des services de santé adéquats. Il mine aussi les efforts des pays
pour accroître l’espérance de vie et favoriser la croissance économique.
Les tendances mondiales actuelles et anticipées provoqueront une augmentation des pro-
blèmes liés aux maladies chroniques. Elles incluent le vieillissement de la population, l’ur-
banisation, et la planification communautaire, des modes de vie de plus en plus séden-
taires, des changements climatiques et un coût en croissance rapide de la technologie mé-
dicale pour traiter les maladies chroniques. La prévalence de ces maladies est étroitement
liée à la croissance mondiale sociale et économique, à la mondialisation et au marketing
de masse pour des aliments et autres produits nocifs pour la santé. La prévalence et le coût
de prise en charge des maladies chroniques ne devraient aller qu’en augmentant dans les
années à venir.
SOLUTIONS POSSIBLES
La première des solutions consiste à prévenir ces maladies. Les politiques nationales qui
aideront les gens à adopter des modes de vie et des comportements sains rendront possible
toutes les solutions.
Davantage d’accès aux soins primaires combiné à des programmes bien conçus et réalistes
de contrôle des maladies peut grandement améliorer les soins de santé. Le partenariat des
ministres de la santé avec des institutions dans les pays développés pourrait permettre de
vaincre de nombreux obstacles dans les établissements les plus pauvres. Des exemples de
partenariat existent dans les campagnes du Malawi, du Rwanda et d’ Haïti. Dans ces cen-
tres où il n’y a pas d’oncologues, les soins sont assurés par des médecins et des infirmières.
Ces équipes se chargent de la chimiothérapie des patients atteints de diverses tumeurs non
incurables.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2011-01-2011
Manuel des Politiques de l’AMM
Les systèmes de formation médicale devraient être socialement plus responsables. L’Or-
ganisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la responsabilité sociale des écoles de mé-
decine comme étant l’obligation d’axer leur enseignement, leurs recherches et leurs ser-
vices sur les problèmes de santé prioritaires de la communauté, la région ou la nation dont
ils sont les serviteurs. Les problèmes de santé prioritaires doivent être identifiés collective-
ment par les gouvernements, les organisations de soins, les professionnels de santé et le
public. Il est urgent d’adopter des standards et des normes d’accréditation prônant la res-
ponsabilité sociale. La formation des médecins et des autres professionnels de santé à la
délivrance de soins en cohérence avec les ressources du pays doit être à la base de toute
réflexion. Dirigés par des médecins de soins primaires, les équipes de médecins, les in-
firmières et les travailleurs communautaires fourniront des soins basés sur des critères de
qualité, d’équité, de pertinence et d’efficacité. [Voir la « Résolution de l’AMM sur la main
d’œuvre médicale”]
Renforcer les infrastructures sanitaires est essentiel pour prendre en charge le nombre
croissant d’individus atteints de maladies chroniques. Ces infrastructures doivent com-
porter la formation de l’équipe chargée des soins de santé primaires, une amélioration des
établissements, une surveillance des maladies chroniques, des campagnes de promotion de
la santé publique, l’assurance qualité et l’instauration de normes de soins nationales et
locales. Les ressources humaines constituent l’un des éléments essentiels d’une infrastruc-
ture sanitaire ; des professionnels de santé bien formés et motivés dirigés par des médecins
de soins primaires sont essentiels pour la réussite. L’aide internationale et les programmes
de développement doivent passer d’un « axe vertical » sur des maladies ou des objectifs
uniques à un développement d’infrastructures sanitaires pour les soins primaires, plus
durables et plus efficaces.
Note: En fonction du pays, différentes parties assumeront plus ou moins de responsabilités
pour appliquer ces changements.
Aux gouvernements mondiaux:
1.
1. encourager des stratégies globales d’immunisation
2. encourager des stratégies de lutte mondiales contre le tabac et l’alcool
3. promouvoir des modes de vie sains et instaurer des politiques en faveur de la pré-
vention et de comportements sains
4. allouer un pourcentage fixe du budget national au développement d’infrastructures
sanitaires et à la promotion de modes de vie sains.
5. promouvoir une politique commerciale qui protège la santé publique
6. promouvoir la recherche en matière de prévention et de traitement des maladies
chroniques
7. Développer des stratégies mondiales pour la prévention de l’obésité.
Maladies Chroniques
S-2011-01-2011 ⏐ Montevideo
Aux Associations Médicales Nationales:
•
1. travailler à créer des communautés promouvant des styles de vie sains et des
comportements axés sur la prévention et à sensibiliser davantage les médecins sur
de parfaits comportements de prévention des maladies;
2. proposer aux patients des stratégies d’arrêt du tabac, de contrôle du poids, des con-
seils sur l’abus de substances, une éducation et une assistance pour l’auto-prise en
charge et des conseils diététiques;
3. promouvoir une approche d’équipe pour la prise en charge des maladies chroni-
ques;
4. plaider en faveur d’une intégration de la prévention des maladies chroniques ainsi
que des stratégies de lutte dans les politiques gouvernementales
5. investir dans des formations de qualité pour augmenter le nombre des médecins de
soins primaires et les répartir équitablement dans les populations
6. fournir des ressources accessibles et de grande qualité pour la formation médicale
permanente.
7. encourager l’instauration de normes basées sur la preuve pour soigner les maladies
chroniques
8. établir, soutenir et renforcer les associations professionnelles pour les médecins de
soins primaires
9. promouvoir la formation médicale qui répond aux besoins sociétaux;
10. promouvoir un environnement soutenant la continuité des soins délivrés dans le
cadre des maladies chroniques dont l’éducation des patients et l’auto prise en
charge;
11. plaider en faveur de politiques et de réglementations visant à réduire les facteurs
favorisant les maladies chroniques, à savoir l’arrêt du tabac et le contrôle de la
tension artérielle;
12. soutenir de solides infrastructures sanitaires publiques; et
13. soutenir l’idée que les déterminants sociaux font partie de la prévention et des
soins.
Pour les écoles de médecine:
1. établir des cursus répondant aux besoins sociétaux, par ex. la responsabilité
sociale;
2. se concentrer sur la mise à disposition de formations aux soins primaires mettant
l’accent sur l’intégration et la continuité des spécialités en soins primaires dont la
médecine familiale;
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2011-01-2011
Manuel des Politiques de l’AMM
3. fournir des lieux d’éducation aux soins primaires axés et basés sur la communauté
afin que les étudiants acquièrent les bases sur les infrastructures sanitaires dédiées
aux maladies chroniques et à la continuité des soins;
4. créer des services de médecine familiale de même niveau académique dans les
universités; et
5. promouvoir le recours à des méthodologies de formation interdisciplinaires et
autres axées sur la collaboration dans le cadre des programmes de formation pri-
maire et continue;
6. inclure l’enseignement de la prévention des maladies chroniques dans le cursus
général.
Aux médecins:
•
1. travailler à mettre en place des communautés promouvant des styles de vie sains et
des comportements axés sur la prévention;
2. proposer aux patients des stratégies d’arrêt du tabac, de contrôle du poids, des
conseils sur l’abus de substances, une éducation et une assistance pour l’auto-prise
en charge et des conseils diététiques;
3. promouvoir une approche d’équipe pour la prise en charge des maladies chroni-
ques;
4. assurer la continuité des soins pour les patients ayant des maladies chroniques;
5. servir de modèle en matière de comportement préventif en se maintenant person-
nellement en bonne santé;
6. devenir les avocats de la communauté pour de positifs déterminants sociaux de la
santé et pour les meilleures méthodes de prévention;
7. travailler avec les parents et la communauté pour veiller à ce qu’ils disposent des
meilleurs conseils pour préserver la santé de leurs enfants.
8. Les médecins devraient coopérer avec les associations de patients pour concevoir
et assurer une éducation dédiée à la prévention.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2011-02-2011
Manuel des Politiques de l’AMM
RECOMMANDATION
SUR
LA MISE AU POINT DE SIGNALEMENT PERMETTANT
DE VERIFIER L’ADHESION DES ETATS A LA DÉCLARATION
DE TOKYO
Adoptée par la 62e
Assemblée Générale de l’AMM, Montevideo, Uruguay, Octobre 2011
L’AMM fait les recommandations suivantes:
1. Là où les médecins travaillent dans des situations de double loyauté, il faut leur
apporter une aide afin de veiller à ce qu’ils ne retrouvent pas dans une situation
pouvant les conduire à violer l’éthique médicale ou à ne pas avoir une conduite
éthique et/ou à occulter les droits humains, comme stipulé dans la Déclaration de
Tokyo.
2. Les Associations médicales nationales (AMN) devraient offrir leur assistance aux
médecins placés dans des situations difficiles et si possible sans que ne soient mis
en danger les patients ou les médecins, aider les personnes à signaler les cas de
violations des droits de santé des patients et de l’éthique professionnelle des méde-
cins, dans les établissements pénitentiaires.
3. L’AMM devrait étudier les preuves disponibles sur des cas que ses membres lui
auront communiqués concernant des états qui violent les codes relatifs aux droits
humains et/ou qui contraignent les médecins à violer la Déclaration de Tokyo.
L’AMM devrait transmettre de tels cas aux autorités concernées sur le plan national
et international.
4. L’AMM devrait contacter les associations membres et les encourager à enquêter
sur les médecins accusés d’implication dans des tortures et d’ abus similaires des
droits humains qui lui auront été signalés par des sources fiables. Elle devrait aussi
encourager les associations à signaler notamment les médecins éventuellement en
danger et ayant besoin d’une aide. L’AMM devrait aider les AMN nationales et
leurs membres à résister à de telles violations et dans toute la mesure du
possible ne pas déroger à leurs convictions éthiques.
5. L’AMM devra encourager et aider les AMN qui demandent à qu’un rapporteur spé-
cial enquête (ou d’autres personnes ou organisations) lorsque ces AMN et leurs
membres s’inquiètent avec raison.
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2011-03-2011 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LA PROTECTION ET L’INTEGRITE DU PERSONNEL MEDICAL DANS
LES CONFLITS ARMES ET AUTRES SITUATIONS DE VIOLENCE
Adopté par la 62e
Assemblée générale de l’AMM, Montevideo, Uruguay, Octobre 2011
PREAMBULE
Pendant les guerres et les conflits armés, les hôpitaux et les autres centres médicaux ont
souvent été attaqués et mal utilisés, les patients et le personnel médical tués ou blessés1
.
De telles attaques constituent une violation des Conventions de Genève (1949), des Pro-
tocoles additionnels aux Conventions de Genève (1977) et du Règlement de l’AMM en
temps de guerre (2006).
L’Association Médicale Mondiale (AMM) a vivement condamné les attaques signalées à
l’encontre du personnel médical et des établissements dans les conflits armés. Les Con-
ventions de Genève et les Protocoles additionnels du Comité international de la Croix
Rouge (CICR) doivent servir à protéger le personnel médical dans les conflits armés
internationaux et non internationaux. Les belligérants ont le devoir de ne pas intervenir au
niveau des soins médicaux prodigués aux combattants et civils blessés ou malades et de ne
pas attaquer, menacer ou entraver le travail du personnel médical. Il faut préserver la
neutralité des médecins et des autres personnels de santé doivent être considérés comme
neutres et doivent pas être empêchés d’accomplir leurs tâches.
Le manque de signalement et de documentation systématiques de la violence à l’encontre
du personnel médical et des installations constitue une menace pour les civils et le per-
sonnel militaire. La mise au point de stratégies de protection et les efforts accomplis pour
améliorer le respect des lois de guerre seront entravés tant que de telles informations ne
sont pas disponibles.
PRISE DE POSITION
L’Association Médicale Mondiale (AMM) condamne toutes les attaques et les abus à
l’encontre du personnel médical, des établissements et des véhicules dans les conflits
armés. Ces attaques mettent gravement en danger les personnes ayant besoin d‘aide et
peuvent conduire les médecins et les autres personnels de santé à quitter la zone de conflit
avec pour conséquence une pénurie de personnel médical.
Aujourd’hui, aucune partie n’est en charge de la collecte des données relatives aux attaques
du personnel médical et des établissements médicaux. La collecte de données après des
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2011-03-2011 ⏐ Montevideo
attaques est capitale pour identifier la cause de ces attaques à l’encontre du personnel
médical et des établissements médicaux. De telles données sont importantes pour com-
prendre la nature des attaques et prendre les mesures qui s’imposent pour les prévenir à
l’avenir. Toutes les attaques doivent faire l’objet d’une enquête minutieuse et ceux qui sont
responsables des violations des Conventions et des Protocoles de Genève doivent être
poursuivis devant les tribunaux.
L’AMM demande que à ce que des instances internationales adéquates établissent des
mécanismes avec les ressources nécessaires pour collecter et diffuser les informations con-
cernant les attaques de médecins, des autres personnels soignants et des installations médi-
cales dans le cadre des conflits armés. De tels mécanismes pourraient inclure la création
d’un nouveau poste de rapporteur aux NU sur l’indépendance et l’intégrité des profes-
sionnels de santé Comme stipulé dans la proposition de l’AMM pour un rapporteur sur
l’indépendance et l’intégrité des professionnels de santé (1997), « Le nouveau rapporteur
serait chargé de veiller à ce que les médecins soient autorisés à se déplacer librement et à
ce que les patients aient accès à un traitement médical sans discrimination en matière de
nationalité ou d’origine ethnique, dans les zones de guerre ou dans des situations de ten-
sion politique.
Lorsqu’un système de signalement sera établi, l’AMM recommande aux organisations
membres de signaler les conflits armés dont elles auront connaissance.
S-2011-04-2011 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LES DÉTERMINANTS SOCIAUX DE LA SANTÉ
Adoptée par la 62e
Assemblée générale de l’AMM, Montevideo, Octobre 2011
Les déterminants sociaux de la santé sont : les conditions de naissance, de croissance, de
vie, de travail et d’âge ainsi que l’impact de la société sur ces conditions. Les déterminants
sociaux de la santé influencent beaucoup à la fois la qualité de vie dont la santé et la pro-
babilité de mener une grande partie de sa vie sans handicap. Les soins tentent de réparer
les dommages causés par un état de santé prématurément déficient mais les facteurs
sociaux, culturels, environnementaux, économiques et autres sont les causes majeures du
taux de progression des maladies et notamment de l’ampleur des inégalités sociales.
Historiquement, le rôle premier des médecins et des autres professionnels de santé a été
de traiter les malades – un rôle vital et très apprécié dans toutes les sociétés. Dans une
moindre mesure, les professionnels de santé se sont penchés sur les expositions indivi-
duelles aux agents pathogènes – le tabac, l’obésité et l’alcool dans les maladies chroni-
ques, par exemple. Ces aspects habituels d’un mode de vie peuvent être considérés comme
des causes « secondaires » de maladie.
Le travail sur les déterminants sociaux dépasse largement les causes secondaires et
consiste à étudier les « causes des causes ». Le tabac, l’obésité, l’alcool, un mode de vie
sédentaire sont pathogènes. Une approche des déterminants sociaux de la santé s’attaque
aux causes de ces causes et se penche en particulier sur la manière dont celles-ci parti-
cipent aux inégalités sociales en matière de santé. Cette approche se concentre non seule-
ment sur les comportements individuels mais tente de déterminer les circonstances so-
ciales et économiques à l’origine d’un état de santé prématurément déficient, tout au long
d’une vie:
Le développement précoce de l’enfant, l’éducation, le travail et les conditions de vie ainsi
que les causes structurelles donnant naissance à ces conditions d’existence et de travail.
Dans de nombreuses sociétés, des comportements défavorables à la santé sont fonction de
l’échelle sociale : plus les gens sont dans le bas de cette échelle socio-économique, plus ils
fument, plus ils s’alimentent mal et moins ils ont d’activité physique. Une cause essentielle
mais pas unique de la répartition sociale de ces causes est le niveau d’éducation. D’autres
exemples spécifiques de traitement des causes de ces causes: le prix et la disponibilité qui
sont les éléments clés de la consommation d’alcool; la taxation, l’étiquetage, l’interdiction
de la publicité et l’interdiction de fumer dans les lieux publics qui s’est avérée avoir un
impact efficace sur la consommation de tabac. La voix de la profession médicale a été très
importante dans ces exemples de prise en charge des causes de ces causes.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2011-04-2011
Manuel des Politiques de l’AMM
Il y a mondialement un mouvement croissant cherchant à traiter ces grandes inégalités en
matière de santé et d’espérance de vie en agissant au niveau des déterminants sociaux de la
santé. Ce mouvement a impliqué l’Organisation Mondiale de la Santé, plusieurs gouverne-
ments, les organisations de la société civile et les académies. Des solutions ont été recher-
chées et les connaissances ont été partagées. Les médecins devraient être des participants
bien informés dans ce débat. Beaucoup de choses peuvent se faire dans le cadre de l’exer-
cice médical qui peuvent être utiles directement et par un travail avec d’autres secteurs. La
profession médicale peut plaider en faveur d’une action sur ces conditions sociales qui ont
un impact important sur la santé.
L’AMM pourrait contribuer de manière significative à ces efforts mondiaux de prise en
considération des déterminants sociaux en aidant les médecins, d’autres professionnels de
santé et les Associations Médicales Nationales à comprendre ce que nous enseigne l’évi-
dence actuelle et ce qui fonctionne dans telle ou telle situation. Elle pourrait aider les mé-
decins à pratiquer un lobbying plus efficace au sein de leurs pays et au delà des frontières
et à veiller à ce que les connaissances et les compétences médicales soient partagées.
L’AMM devrait contribuer à recenser des exemples qui fonctionnent et aider à impliquer
les médecins et les autres professionnels de santé pour tenter des solutions innovantes.
Elle devrait coopérer avec les associations nationales pour éduquer et informer leurs
membres et mettre la pression sur les gouvernements afin qu’ils prennent les mesures
requises pour essayer de minimiser les causes fondamentales associées à un état de santé
prématurément déficient. En Grande Bretagne, par exemple, le gouvernement a publié un
document de référence sur la santé publique dont l’objectif principal est de réduire les
inégalités en matière de santé par une action sur les déterminants sociaux de la santé ;
plusieurs in-stances locales ont établi des plans d’action; il y a de bons exemples de
pratique global qui montrent que le travail plurisectoriel améliore la qualité de vie des
individus et réduit donc les inégalités en matière de santé. L’AMM devrait collecter des
exemples de bonne prati-que auprès de ses membres et promouvoir la poursuite du travail
dans ce domaine.
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2011-05-2011 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
L’ETHIQUE PROFESSIONELLE ET L’USAGE ETHIQUE
DES MEDIAS SOCIAUX
Adoptée par la 62e
Assemblée Générale de l’AMM, Montevideo, Uruguay, Octobre 2011
DÉFINITION
Les medias sociaux font généralement référence à un terme collectif valant pour dif-
férentes plates-formes et applications permettant aux utilisateurs de gérer eux-mêmes le
contenu créé et partagé électroniquement.
PREAMBULE
Les objectifs de la politique proposée sont les suivants :
• Etudier les enjeux professionnels et éthiques liés à l’usage croissant des médias so-
ciaux par les médecins, les étudiants en médecine et les patients.
• Etablir un cadre pour la protection de leurs intérêts respectifs.
• Préserver la confiance et la réputation en conservant de hautes normes profession-
nelles et éthiques.
L’utilisation des médias sociaux fait partie du quotidien pour des millions de personnes
dans le monde dont les médecins, les étudiants en médecine et les patients.
Des outils de collaboration interactifs comme les Wikis, les réseaux sociaux, les forums et
les blogs ont fait des internautes passifs des internautes actifs. Ces outils visent à ras-
sembler, partager et diffuser des informations personnelles dont des informations sur la
santé, à se faire des amis, à entrer en contact avec des amis, des parents et des profes-
sionnels etc. Ils peuvent servir à demander des conseils médicaux. Des patients souffrant
de maladies chroniques peuvent partager leur expérience. De tels outils peuvent aussi
servir à la recherche, à la santé publique à l’éducation et à la promotion professionnelle
directe ou indirecte.
Leur les aspects positifs des medias sociaux devraient être reconnus comme un moyen de
promouvoir un mode de vie sain, de donner le pouvoir aux patients et de réduire leur
isolement.
Domaines pouvant nécessiter une attention particulière :
• Des contenus sensibles, des photographies ou d’autres éléments personnels mis en
ligne sur des forums Internet sont souvent accessibles au public et peuvent demeurer
Manuel des Politiques de l’AMM
S-2011-05-2011 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
sur Internet en permanence. Les personnes peuvent ne pas avoir le contrôle sur la
destination finale d’éléments mis en ligne.
• Les portails de patients, les blogs et les sites de discussion ne remplacent pas une
consultation en tête à tête avec des médecins mais peuvent permettre une implica-
tion plus active auprès des services de santé parmi certains groupes. Les « amitiés »
en ligne avec des patients peuvent aussi altérer la relation patient-médecin et aboutir
à ce que soient divulguées par le médecin et le patient des informations inutiles et
éventuellement problématiques.
• La vie privée de chacune des parties peut être compromise en l’absence de mesures
de préservation de la vie privée ou par une utilisation inappropriée ; les sites de me-
dia sociaux peuvent modifier les réglages par défaut concernant la protection de la
vie privée de manière unilatérale, sans que l’utilisateur ne le sache. Les media so-
ciaux peuvent aussi mettre des communications à disposition de tiers.
Les parties intéressées comme par ex. les employeurs actuels ou futurs, les compagnies
d’assurance, les entreprises commerciales peuvent surveiller ces sites Internet avec diffé-
rents objectifs, par ex. pour mieux comprendre les besoins et les attentes des clients, pour
établir le profil des candidats à un emploi, pour améliorer un produit ou un service etc.
RECOMMANDATIONS
L’AMM exhorte ses AMN à établir des directives pour les médecins concernant les
questions suivantes:
1. Respecter les limites qui s’imposent dans la relation patient-médecin conformé-
ment aux directives professionnelles et éthiques, tout comme il le ferait dans n’im-
porte quel autre contexte.
2. Etudier soigneusement et comprendre les clauses de protection de la vie privée sur
les sites des réseaux sociaux, en ayant à l’esprit leurs limites.
3. Pour les médecins, contrôler de manière routinière leur présence sur Internet afin
de s’assurer que les informations personnelles et professionnelles sur leur propre
site et dans une certaine mesure que les contenus mis en ligne sur eux-mêmes par
d’autres soient exactes et appropriées.
4. Tenir compte de l’audience ciblée et vérifier s’il est techniquement possible de res-
treindre l’accès du contenu à des personnes ou des groupes prédéfinis.
5. Adopter une approche prudente lors de la divulgation d’informations personnelles
car les patients peuvent avoir accès à leur profil. Les barrières qui devraient exister
entre les médecins et les patients peuvent de ce ne pas remplir leur rôle. Les méde-
cins devraient reconnaître les risques potentiels des media sociaux et les accepter et
soigneusement sélectionner leurs destinataires et les réglages concernant la protec-
tion de la vie privée.
6. Fournir des informations factuelles et précises, déclarer tout conflit d’intérêts et
adopter un ton sobre lors des discussions de nature professionnelle.
S-2011-05-2011 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
7. Assurer qu’aucune information permettant d’identifier un patient soit mise en ligne
sur un media social par son médecin. Violer la confidentialité sape la confiance du
public dans la profession médicale et constitue un handicap pour bien soigner les
patients.
8. Attirer l’attention des étudiants en médecine et des médecins sur le fait que les
informations qu’ils mettent en ligne peuvent aussi jouer sur la perception de leur
profession par le public.
9. Réfléchir à l’introduction de programmes éducatifs avec des études de cas et des
directives appropriées dans le cursus de médecine et la formation permanente.
10. Faire part de leurs inquiétudes à un confrère lorsqu’ils observent de sa part un com-
portement inapproprié. Si le comportement viole de manière significative les normes
professionnelles et que la personne n’agit pas pour résoudre cette situation, les
médecins devraient signaler ce comportement aux autorités compétentes.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2012-01-2012
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LES CIGARETTES ELECTRONIQUES ET
AUTRES SYSTÈMES D’ADMINISTRATION ELECTRONIQUE
Adoptée par la 63e
Assemblée Générale de l’AMM, Bangkok, Thaïlande, Octobre 2012
PREAMBULE
Les cigarettes électroniques (e-cigarettes) sont des produits conçus pour fournir de la
nicotine à un consommateur sous la forme de vapeur. Elles sont habituellement composées
d’un élément chauffant fonctionnant sur pile et rechargeable, d’une cartouche remplaçable
contenant de la nicotine et/ou d’autres produits chimiques ainsi que d’un atomiseur qui,
porté à température, transforme le contenu de la cartouche en vapeur (pas en fumée). Cette
vapeur est alors inhalée par l’utilisateur. Ces produits ont souvent l’aspect d’un objet
quotidien, comme par ex. un stylo et une clé USB.
Il n’existe aucune définition normalisée des e-cigarettes et les fabricants optent pour dif-
férents designs et différents ingrédients. Les procédures de contrôle de la qualité in-
hérentes à la fabrication de ces produits sont inférieures aux normes ou inexistantes. Peu
d’études ont été menées pour analyser le niveau de nicotine fourni à l’utilisateur et la com-
position de la vapeur émise.
Les fabricants et les distributeurs des e-cigarettes prétendent souvent que l’utilisation de
leurs produits est une alternative sûre à la cigarette classique, notamment parce qu’ils ne
produisent pas de fumée cancérigène. Il n’existe cependant aucune étude confirmant que la
vapeur n’est pas cancérigène et il y a d’autres risques potentiels liés à l’utilisation de ces
systèmes: Attrait pour les enfants, notamment lorsqu’un arôme de fraise ou de chocolat est
ajouté aux cartouches. Les e-cigarettes peuvent accroître l’addiction des jeunes à la nico-
tine et leur utilisation peut les mener à expérimenter d’autres produits à base de tabac.
Les fabricants et les distributeurs trompent les gens en leur faisant croire que ces systèmes
sont des solutions pouvant se substituer aux techniques de sevrage tabagique scienti-
fiquement avalisées, avec pour conséquence de différer l’arrêt effectif du tabac. Les e-
cigarettes n’ont rien de comparable avec les méthodes de sevrage tabagique scienti-
fiquement avalisées. Leur dosage, fabrication et ingrédients ne sont pas fiables ou claire-
ment étiquetés. Une extension de marque en utilisant des cigarettes connues doit être dé-
plorée.
La quantité de nicotine émise n’est pas connue pas plus que le niveau d’absorption ce qui
potentiellement génère des taux toxiques de nicotine au sein du système. Ces produits
peuvent aussi contenir d’autres ingrédients toxiques pour les êtres humains.
S-2012-01-2012 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
Une exposition toxique potentiellement très élevée à la nicotine des enfants, soit par
ingestion soit par absorption cutanée, car les cartouches de nicotine et le liquide re-
chargeable sont disponibles sur internet et ne sont pas vendus dans des emballages in-
violables par un enfant.
En l’absence d’études chimiques et animales rigoureuses et d’essais cliniques sur les e-
cigarettes commercialisées, ni leur efficacité thérapeutique pour cesser de fumer ni leur
innocuité en tant que substitut au tabac n’est établie. Le manque de tests du produit ne
permet pas de conclure que les e-cigarettes sont inoffensives même si elles délivrent moins
de substances dangereuses que les cigarettes classiques.
Les tests cliniques, les études sur de larges populations et des analyses complètes des
ingrédients et des procédés de fabrication des e-cigarettes sont nécessaires pour déterminer
leur innocuité, leur fiabilité et leur impact en tant qu’outils cliniques ou alternatives ef-
ficaces à la consommation de tabac.
RECOMMENDATIONS
Soumettre la fabrication et la vente des e-cigarettes et des autres systèmes de distribution
de nicotine aux instances nationales de régulation avant approbation, en se basant sur les
tests et la recherche, soit en tant que nouvelle forme de produit à base de tabac soit en tant
que dispositif d’administration de médicaments.
La commercialisation des e-cigarettes en tant que méthode efficace pour le sevrage taba-
gique doit reposer sur la preuve et l’approbation des instances de régulation étayée par des
données sûres et fiables.
Intégrer les e-cigarettes et les autres systèmes de distribution de nicotine dans la régle-
mentation sur l’interdiction de fumer.
Les médecins devraient informer leurs patients des risques liés aux e-cigarettes même si
les autorités de régulation n’ont pas pris de position sur l’efficacité et la sécurité de ces
produits.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2012-02-2012
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LES IMPLICATIONS ETHIQUES DES
ACTIONS COLLECTIVES DE MÉDECINS
Adoptée par la 63e
Assemblée Générale de l’AMM, Bangkok, Thaïlande, Octobre 2012
(B) PRÉAMBULE
Ces dernières années, dans les pays où la satisfaction des médecins relative à leurs con-
ditions de travail a décliné, il est de plus en plus fréquent de les voir organiser des actions
collectives.
Les médecins peuvent mener des actions de protestation et de sanctions afin d’améliorer
les conditions de travail directes et indirectes, également susceptibles d’avoir des consé-
quences sur les soins aux patients. Les médecins doivent considérer non seulement leur
devoir vis-à-vis des patients mais aussi leur responsabilité quant à l’amélioration des sys-
tèmes afin que ces derniers répondent aux exigences d’accessibilité et de qualité.
Au delà de leurs obligations professionnelles, les médecins sont aussi souvent des em-
ployés. Des tensions peuvent se produire entre le devoir des médecins de ne pas nuire et
les droits de ces derniers en tant qu’employés. Les grèves de médecins ou d’autres formes
d’actions collectives donnent donc souvent lieu à des débats publics sur les enjeux éthiques
et moraux. Cette prise de position tente de traiter ces questions.
(C) RECOMMANDATIONS
L’Association Médicale Mondiale recommande aux Associations Médicales Nationales
(AMN) d’adopter les directives suivantes pour les médecins en matière d’actions col-
lectives:
Les médecins participant à une action collective ne sont pas exemptés de leurs obligations
éthiques ou professionnelles envers les patients.
Même si l’action menée n’est pas organisée ou associée à l’Association Médicale Na-
tionale, cette dernière devrait s’assurer que le médecin est conscient de ses obligations
éthiques et les respecte.
Dans la mesure du possible, les médecins devraient faire pression pour la mise en place de
réformes par des manifestations publiques non violentes, par des actions de lobbying et
par des campagnes d’information ou des négociations ou des médiations.
S-2012-02-2012 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
Lorsqu’elles sont impliquées dans des actions collectives, les AMN devraient faire en sorte
de minimiser les nuisances pour le public et veiller à ce que les services de santé indis-
pensables et les urgences ainsi que la continuité des soins soient assurés pendant toute la
période de grève. De plus, les AMN devraient agir en faveur de mesures destinées au
traitement des cas exceptionnels.
Lorsqu’elles sont impliquées dans des actions collectives, les AMN devraient fournir des
informations permanentes et actualisées à leurs patients et au public concernant les reven-
dications liées au conflit et les actions entreprises. Le public doit être informé en temps
utile sur les actions de grève et les restrictions éventuelles sur les soins.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2012-03-2012
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LA STÉRILISATION FORCÉE ET CONTRAINTE
Adoptée par la 63e
Assemblée Générale, Bangkok, Thaïlande, Octobre 2012
L’AMM confirme qu’aucune personne, quel que soit son sexe, son appartenance ethnique,
son statut socio-économique, ses éventuelles pathologies ou ses handicaps, ne devrait
subir une stérilisation permanente forcée ou contrainte.
Toute une série de solutions contraceptives, dont la stérilisation, devraient être accessibles
et abordables pour chaque individu. L’Etat pourrait avoir un rôle à jouer, en veillant à ce
que de telles solutions soient disponibles de concert avec des organisations privées, cari-
tatives et du secteur tertiaire. La décision de recourir à une contraception, y compris la
stérilisation, doit être la décision exclusive de la personne concernée.
Comme pour tout autre traitement médical, la stérilisation devrait avoir lieu uniquement
sur un patient compétent après un choix éclairé et l’obtention d’un consentement libre et
valable de la personne concernée. Dans le cas d’un patient incompétent, le traitement doit
faire l’objet d’une décision valable en accord avec les exigences légales pertinentes et les
normes éthiques de l’AMM, avant d’être effectué. La stérilisation de celles et ceux in-
capables de donner leur consentement devrait être extrêmement rare et effectuée unique-
ment avec le consentement du décideur substitut.
Le consentement devrait être obtenu lorsque le patient n’est pas confronté à une urgence
médicale ou à une autre situation de stress majeur.
L’AMM condamne les pratiques par lesquelles un Etat ou tout autre acteur à tente de con-
tourner les exigences éthiques nécessaires à l’obtention d’un consentement libre et valable.
Le consentement à une stérilisation ne devrait pas être lié à des incitations matérielles ou
sociales susceptibles de porter préjudice à la liberté de choix et ne devrait pas être une
condition pour bénéficier d’autres soins médicaux (y compris l’avortement médicalisé),
d’avantages sociaux, d’une assurance ou de bénéfices institutionnels ou autres.
L’AMM demande aux associations médicales nationales de plaider pour interdire la
stérilisation forcée ou contrainte dans leur propre pays et dans le monde.
S-2012-04-2017 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LE DON D’ORGANES ET DE TISSUS
Adoptée par la 63e
Assemblée Générale, Bangkok, Thaïlande, Octobre 2012
et révisée par la 68e
Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PRÉAMBULE
1. Les progrès de la médecine, notamment des techniques chirurgicales, de la
détermination des groupes tissulaires et des médicaments immunosuppresseurs ont
permis d’augmenter de manière significative le taux de succès des transplantations
d’organes et de tissus humains. Dans tous les pays, la pénurie de donneurs d’organes a
toutefois pour conséquence que des décès ne peuvent être évités. Les Associations
médicales nationales devraient encourager les tentatives visant à accroître le nombre
de donneurs d’organes dans leurs pays tout en veillant à ce que les plus hautes normes
éthiques soient préservées. L’Association médicale mondiale a conçu cette politique
pour aider les associations médicales, les médecins, les autres prestataires de soins et
les décideurs politiques à atteindre cet objectif.
Cette politique est basée sur un nombre de principes éthiques clés : altruisme,
autonomie, bienfaisance, équité et justice. Ces principes devraient guider les personnes
qui sont chargées d’élaborer des politiques nationales et celles qui en bénéficient aux
fins de l’obtention d’organes et de la distribution et transplantation d’organes de
donneurs. Tous les systèmes et procédés devraient être transparents et ouverts à un
contrôle.
Cette prise de position s’applique au don d’organes et de tissus à la fois des personnes
décédées et des donneurs en vie. Elle ne traite pas du don de sang.
SENSIBILISATION DU PUBLIC
2. Il est important que les gens prennent conscience qu’ils ont la possibilité de faire un
don et de choisir de donner ou non des organes ou des tissus avant ou après leur mort.
La prise de conscience et le choix devraient être facilités via une approche coordonnée
et multidimensionnelle, par toutes les parties intéressées et par des moyens dont la
sensibilisation par les médias et des campagnes publiques. En élaborant de telles
campagnes, il convient de prendre en compte toutes les sensibilités religieuses ou
culturelles de l’audience ciblée.
3. Par des campagnes de sensibilisation, la population devrait être informée des bénéfices
de la transplantation, de l’impact sur la vie de ceux qui sont en attente d’une greffe et
de la pénurie d’organes disponibles. Les gens devraient être encouragés à réfléchir à
S-2012-04-2017 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
leurs propres souhaits en matière de don, à discuter de leurs souhaits avec leur famille
et amis et à utiliser les mécanismes existants pour les consigner de manière formelle en
choisissant d’être, ou non, donneur.
4. L’AMM se déclare en faveur du choix éclairé du donneur. Dans des pays ayant adopté
ou envisageant une politique de « consentement présumé », c’est-à-dire qui prévoit que
sauf stipulation contraire, la personne est supposée volontaire pour faire un don, ou de
« choix mandaté » c’est-à-dire lorsque toutes les personnes sont priées de déclarer si
elles veulent faire un don, les Associations médicales nationales doivent faire tout ce
qui est en leur pouvoir pour veiller à ce que de telles politiques soient rendues
publiques et ne limitent pas le choix éclairé du donneur, y compris le droit du patient
de ne pas donner.
5. Il conviendrait de créer des registres nationaux de donneurs pour établir et maintenir
une liste de citoyens qui ont choisi soit de donner, soit de ne pas donner leurs organes
ou leurs tissus. Un tel registre doit protéger la vie privée et la possibilité pour chaque
personne d’avoir un droit de regard sur la compilation, l’utilisation, la divulgation et
l’accès à ses données de santé, à d’autres fins. Des dispositions doivent exister afin que
la décision de s’enregistrer soit bien informée et que les personnes qui s’enregistrent
puissent se retirer des listes facilement, rapidement et sans pénalité.
6. Le don d’organes de son vivant est une composante de plus en plus importante des
programmes de transplantation dans de nombreux pays. La plupart des dons de son
vivant se font au bénéfice des proches ou de personnes dont on est émotionnellement
proches et peu de gens donnent à des personnes qu’ils ne connaissent pas, mais leur
nombre augmente malgré tout. Cela dit, le don d’organes de son vivant n’est pas sans
risque pour la santé et des contrôles et des précautions sont de rigueur. Les
informations visant à faire savoir qu’il est possible de faire un don d’organe de son
vivant devraient être soigneusement rédigées afin de ne pas faire pression sur les
éventuels donneurs et de réduire les risques de coercition, financière ou autre. Les
donneurs potentiels devraient savoir où trouver des informations détaillées sur ce
qu’implique le don, devraient être informés sur les risques y afférents et savoir qu’il
existe des mesures de précaution pour protéger les donneurs.
PROTOCOLES POUR LE DON D’ORGANES ET DE TISSUS PRÉLEVÉS SUR DES DONNEURS
DÉCÉDÉS
7. L’AMM encourage ses membres à soutenir l’établissement de protocoles complets et
coordonnés au niveau national pour l’obtention d’organes et de tissus, en consultation
et en coopération avec toutes les parties intéressées. Les questions éthiques, culturelles
et sociétales liées au don et à la transplantation devraient être réglées, si possible, via
un processus ouvert impliquant un débat public étayé par des preuves solides.
8. Les protocoles nationaux devraient fournir des informations détaillées sur
l’identification, les références et la gestion des donneurs potentiels ainsi que sur la
communication avec les proches des personnes décédées. Les protocoles devraient
défendre les principes clés suivants :
Chicago ⏐ S-2012-04-2017
Don d’Organes et de Tissus
• La décision d’interrompre ou d’arrêter un traitement destiné à prolonger la vie
devrait reposer sur une évaluation des bénéfices de ce traitement pour le patient.
Une telle décision doit être totalement indépendante de toute décision de don et
doit être considérée comme telle.
• Le constat du décès devrait être établi selon les directives nationales et comme
souligné dans la déclaration de Sydney de l’AMM sur la détermination de la mort
et le prélèvement d’organes.
• L’équipe soignante et l’équipe chargée de la greffe devraient être deux équipes
bien distinctes. En particulier, le médecin qui constate ou certifie le décès d’un
donneur potentiel ne devrait pas être impliqué dans la procédure de transplantation.
Il ne devrait pas non plus avoir la responsabilité de soigner le receveur d’organe.
• Les pays qui effectuent des dons après une mort cardiaque ou circulatoire devraient
disposer de protocoles spécifiques et détaillés pour cette procédure.
• Lorsqu’une personne a exprimé un souhait clair et déterminé de donner ses organes
ou ses tissus après sa mort, des mesures devraient être prises pour faciliter cette
volonté autant que possible. Cette responsabilité incombe à l’équipe traitant le
patient mourant.
• L’AMM considère que les souhaits du donneur potentiel sont prioritaires. Les
parents et les proches du patient devraient être vivement encouragés à défendre le
souhait exprimé avant sa mort de donner des organes ou des tissus. Lorsque cela
est possible, il est souhaitable d’aborder ces sujets avant le décès du patient.
• Les personnes chargées d’en parler avec le patient, les membres de la famille ou
d’autres personnes désignées pour prendre des décisions sur le don d’organes et de
tissus devraient avoir à la fois les connaissances, les compétences et la sensibilité
requises pour prendre part à ce type d’entretien. Les étudiants en médecine et les
médecins en exercice devraient s’efforcer de se former à cette tâche et les autorités
appropriées devraient fournir les ressources nécessaires pour assurer une formation
correcte.
• Le don doit n’être soumis à aucune condition. Dans des cas exceptionnels, la
demande de donneurs potentiels ou de personnes désignées pour décider à leur
place souhaitant qu’un organe ou un tissu soit donné à un bénéficiaire particulier
peut être prise en compte si la législation nationale le permet. Les donneurs
cherchant à instaurer des conditions qui pourraient être discriminatoires vis-à-vis
de certains groupes devraient être refusés.
9. Les hôpitaux et les autres institutions où sont réalisés des dons devraient veiller à ce
que les protocoles de don soient rendus publics auprès de ceux qui sont susceptibles de
les utiliser et veiller à ce que les ressources soient disponibles pour leur application. Ils
devraient également encourager une culture favorable au don, pour qu’au sein de
l’institution, la vérification d’une éventuelle déclaration de don devienne une
procédure habituelle plutôt qu’une exception lorsqu’un patient décède.
10. Les coordinateurs d’une transplantation ont un rôle capital à jouer dans le don
d’organes. Ils sont les intermédiaires clés entre la famille en deuil et l’équipe chargée
de la prise en charge du don. Habituellement, ils s’occupent de la logistique complexe
qui permet que le don puisse avoir lieu. Leur rôle doit être reconnu et soutenu.
S-2012-04-2017 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
11. Le don d’un organe d’une personne décédée devrait être considéré comme un cadeau,
librement et volontairement offert. Il devrait impliquer le consentement volontaire et
sans contrainte, donné par la personne avant son décès (en se déclarant donneur ou non
donneur, en fonction de la juridiction) ou sur l’autorisation volontaire des proches du
patient décédé si les souhaits de la personne n’étaient pas connus. L’AMM s’oppose
fermement à la commercialisation des dons et des transplantations.
12. Les donneurs potentiels ou les personnes qui peuvent prendre à leur place les décisions
concernant leur santé devraient bénéficier d’informations suffisamment précises et
pertinentes, y compris par l’intermédiaire de leurs médecins généralistes.
Normalement, ces informations devraient comporter les éléments suivants :
• les procédures et les définitions liées à la détermination du décès ;
• les tests à effectuer pour déterminer la compatibilité des organes ou des tissus pour
les greffes et les éventuels risques imprévisibles pour les donneurs potentiels et
leurs familles ;
• les mesures éventuellement nécessaires pour préserver la fonction des organes
jusqu’à la mort et la greffe ;
• le devenir du corps une fois le décès constaté ;
• les organes et tissus qui peuvent être donnés ;
• le protocole qui sera suivi dans l’éventualité d’un refus de don de la part de la
famille ;
• la possibilité de retirer son consentement et la marche à suivre pour ce faire.
13. Les donneurs potentiels ou les personnes habilitées à prendre à leur place les décisions
qui les concernent en matière de santé devraient pouvoir poser des questions sur le don
et devraient obtenir une réponse compréhensible et formulée avec tact.
14. Lorsqu’on compte prélever à la fois des organes et des tissus sur le donneur, il
convient de donner les informations correspondantes et d’obtenir le consentement des
proches de la personne décédée pour les deux à la fois, afin de réduire, autant que
possible, leur détresse et leur trouble.
15. Dans certaines parties du monde, la famille du donneur reçoit une contribution pour les
frais funéraires. Cela peut être vu soit comme une reconnaissance de leur acte altruiste
soit comme une rémunération compromettant le caractère volontaire et altruiste du
don. L’interprétation peut en partie dépendre de la façon dont le don est fait et géré. Si
l’on envisage un tel système, il est nécessaire de veiller à ce que les principes clés de
l’altruisme, de l’autonomie, de la bienfaisance, de l’équité et de la justice soient
respectés.
16. La prise de décision libre et éclairée nécessite non seulement de disposer
d’informations, mais également de ne pas subir de coercition. Tout soupçon de
pression ou de contrainte doit être dissipé avant que ne soit prise la décision de donner
ou non des organes ou des tissus.
17. Les détenus et les autres personnes qui sont incarcérées dans une quelconque
institution devraient avoir la possibilité de faire un don d’organe après leur décès à
condition que toutes les précautions aient été prises pour assurer que ce don est
conforme à leur volonté préalable et non contrainte. Lorsque le détenu ou la personne
incarcérée n’est pas en mesure de donner son consentement, il convient que
Chicago ⏐ S-2012-04-2017
Don d’Organes et de Tissus
l’autorisation soit donnée par un membre de sa famille ou une autre personne habilitée
à prendre cette décision. Une telle autorisation ne saurait prévaloir sur un refus ou un
retrait préalable du consentement.
18. Le décès doit être lié à une cause naturelle et vérifiable.
19. Dans les juridictions où la peine de mort est appliquée, les prisonniers exécutés ne
doivent pas être considérés comme des donneurs d’organes et/ou de tissus. Il peut y
avoir des cas particuliers où les prisonniers agissent volontairement et sans pression,
mais il est impossible de mettre en place des précautions adéquates pour protéger
systématiquement les détenus contre la coercition.
ATTRIBUTION D’ORGANES DE DONNEURS DÉCÉDÉS
20. L’AMM considère que des politiques explicites, accessibles au public, devraient
exister sur tous les aspects du don et de la greffe d’organes et/ou de tissus, y compris
la gestion des listes de malades en attente de greffe afin d’assurer une attribution juste
et adaptée.
21. Les politiques de gestion des listes d’attente devraient être efficaces et loyales. Les
critères à prendre en compte dans l’attribution d’organes ou de tissus comprennent :
• la gravité et l’urgence des besoins médicaux ;
• le temps de présence sur la liste ;
• les chances médicales de réussite de la greffe, mesurées via des facteurs tels que le
type de maladie, les améliorations probables de la qualité de vie, les autres
complications et l’histocompatibilité.
22. Il ne saurait y avoir aucune discrimination basée sur le statut social, le mode de vie ou
le comportement. Aucun critère non médical ne saurait être pris en compte.
PROTOCOLES APPLICABLES AU DON D’ORGANES ET DE TISSUS PRÉLEVÉS SUR DES
DONNEURS VIVANTS
23. Le don de son vivant est de plus en plus fréquent, pour pallier la pénurie d’organes de
donneurs décédés. Dans la plupart des cas, les donneurs fournissent des organes à un
membre de leur famille ou à une personne dont ils sont émotionnellement proches. Un
petit nombre de personnes choisissent de donner un organe par altruisme à un inconnu.
Il existe également la possibilité du don croisé ou collectif : un ou plusieurs ensembles
de donneurs/receveurs sont incompatibles entre eux, mais font un don à une personne
et leur proche reçoit d’une autre personne (par exemple, le donneur A donne au
receveur B, le donneur B donne au receveur C et le donneur C donne au receveur A).
24. Les donneurs potentiels devraient avoir des informations précises et à jour sur la
procédure et les risques liés au don et devraient pouvoir en discuter en privé avec un
membre de l’équipe soignante ou un conseiller. Normalement, ces informations
comprennent :
S-2012-04-2017 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
• les risques que suppose le fait d’être un donneur vivant ;
• les tests menés pour évaluer la compatibilité du donneur et les problèmes de santé
non anticipés ;
• ce qui se passe avant, pendant et après le don ;
• dans le cas d’organes solides, les conséquences à long terme d’une vie sans
l’organe donné.
25. Les donneurs potentiels devraient pouvoir poser des questions sur le don et devraient
obtenir une réponse à leurs questions qui soit compréhensible et formulée avec tact.
26. Des procédures supplémentaires devraient exister pour veiller à ce que de tels
donneurs agissent librement, sans pression ni contrainte. Afin d’éviter que les
donneurs soient payés et se fassent connaître, il conviendrait d’effectuer des contrôles
indépendants et d’annuler le don si les preuves d’un don réel et anonyme ne sont pas
réunies. De tels contrôles devraient être indépendants de l’équipe chargée de la greffe
et de celle prenant en charge le receveur potentiel.
27. Les donneurs vulnérables devraient être protégés par des précautions supplémentaires,
y compris, mais sans s’y limiter, les personnes considérées comme dépendantes
(comme les mineurs capables donnant à un parent, à une sœur ou à un frère).
28. Les prisonniers devraient être autorisés à être des donneurs de leur vivant, mais
seulement dans des circonstances exceptionnelles, aux membres de leur famille proche
ou aux personnes dont ils sont émotionnellement proches. Il conviendrait de prouver la
relation alléguée avant d’effectuer le don. Lorsque les prisonniers sont considérés
comme des donneurs de leur vivant, des précautions ad hoc sont requises pour
s’assurer que leur acte est volontaire et exempt de contrainte.
29. Ceux qui ne sont pas capables de donner leur consentement ne devraient pas être
considérés comme des donneurs de leur vivant en raison de leur incapacité à
comprendre et à décider de manière volontaire. Des exceptions sont éventuellement
possibles dans des circonstances très exceptionnelles, et après une étude juridique et
éthique.
30. Les donneurs ne doivent pas subir de perte financière liée à leur don et devraient donc
être remboursés de leurs frais généraux et de leurs dépenses médicales ainsi que de
toute perte de revenus.
31. Dans certaines parties du monde, des personnes sont rémunérées pour donner un rein
même si dans presque tous les pays, la vente d’organes est illégale. L’AMM s’oppose
fermement à un marché d’organes.
PROTOCOLES APPLICABLES AUX RECEVEURS
32. Les protocoles de prise de décision libre et éclairée devraient être respectés pour les
receveurs d’organes ou de tissus. Normalement, ces informations comportent les
éléments suivants :
Chicago ⏐ S-2012-04-2017
Don d’Organes et de Tissus
• les risques de la procédure ;
• la survie probable à court, moyen et long terme, la morbidité et la qualité de vie
prévisible ;
• les solutions autres que la greffe ;
• la manière dont les organes et les tissus sont obtenus.
33. Dans le cas d’un retard dans le diagnostic d’une infection, d’une maladie ou d’un
cancer du donneur, on devrait pouvoir présumer sans risque de se tromper que le
receveur sera informé de tout risque auquel il pourrait avoir été exposé. La décision
individuelle de divulgation doit tenir compte des circonstances particulières, y compris
le niveau et la gravité du risque. Dans la plupart des cas, il convient de signaler les
risques encourus, de manière respectueuse et délicate.
COÛTS ET ORIGINE DES ORGANES ET DES TISSUS
34. Les organes ou les tissus suspectés d’avoir été obtenus par des transactions
commerciales ne doivent pas être acceptés pour des greffes.
35. Les organes et les tissus ne doivent pas être vendus pour faire du profit. Dans le calcul
du coût de la greffe, les frais liés à l’organe ou au tissu lui-même devraient se limiter
aux coûts directement associés à son prélèvement, sa conservation, son attribution et sa
transplantation.
36. Les chirurgiens effectuant les greffes devraient veiller à ce que les organes et les tissus
qu’ils transplantent aient été obtenus conformément aux dispositions de cette politique
et ne devraient pas greffer des organes et des tissus en sachant ou en soupçonnant
qu’ils ont été obtenus d’une manière frauduleuse et non éthique.
TRANSPARENCE ET RESPONSABILITÉ
37. Les Associations médicales nationales devraient travailler avec le gouvernement dont
elles dépendent et les institutions compétentes pour assurer qu’il existe des structures
et des procédures adaptées et efficaces aux fins :
• de soutenir les mesures de traçabilité et de suivi permettant de vérifier que tous les
bénéficiaires d’une transplantation et les donneurs vivants, y compris ceux qui
requièrent un suivi médical permanent, reçoivent les soins et le soutien dont ils ont
besoin ;
• de compiler les informations relatives au nombre de dons et de transplantations et
aux résultats obtenus ;
• d’évaluer les résultats à court et à long terme, la qualité, la sécurité et l’efficacité
des activités de dons et de transplantation d’organes ;
• d’évaluer l’adhésion aux protocoles éthiques et cliniques des activités de dons et de
transplantation d’organes.
38. Les données relatives à ces activités doivent être publiques et contrôlables (sans
préjudice d’une protection adéquate de la vie privée des donneurs et des receveurs).
S-2012-04-2017 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
OPTIONS FUTURES
39. Les mesures de santé publique visant à réduire les besoins de greffe d’organes
devraient être considérées comme une priorité, de même que les initiatives visant une
plus grande efficacité et meilleure réussite des systèmes de don d’organes.
40. Les nouvelles évolutions et possibilités comme la xénogreffe et l’utilisation de cellules
souches pour réparer les organes endommagés devraient faire l’objet d’un suivi
attentif. Avant leur application clinique, de telles technologies devraient être soumises
à des études scientifiques et de stricts contrôles de sûreté ainsi qu’à une étude éthique.
Lorsque, comme c’est le cas avec la xénotransplantation, il existe des risques
potentiels qui s’étendent au-delà des receveurs, ce procédé doit faire l’objet d’un débat
public.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2012-05-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
L’IMMUNISATION
Adoptée par la 63e
Assemblée Générale de l’AMM, Bangkok, Thaïlande, Octobre 2012
et réaffirmée par la 212e
session du Conseil de l’AMM, Santiago, Chili, Avril 2019
PREAMBULE
L’utilisation de la vaccination afin de prévenir une maladie remonte à 1796 lorsque Jenner
utilisa avec succès la vache pour vacciner contre la variole. Depuis, la vaccination et
l’immunisation ont été reconnues comme une stratégie efficace de prévention de plusieurs
maladies transmissibles et sont à présent développées pour lutter contre certaines maladies
non transmissibles.
Le développement de la vaccination et sa mise en œuvre constituent quelques unes des
mesures les plus importantes des temps modernes pour la santé mondiale. On estime que
l’immunisation évite actuellement env. 2,5 millions de morts par an en protégeant contre
des maladies telles que la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la rougeole. Environ 109
millions d’enfants de moins d’un an sont totalement protégés par un seul vaccin contre la
diphtérie-tétanos-coqueluche (DTP3).
La plupart du temps, le but ultime de l’immunisation est l’éradication totale d’une maladie
transmissible. Tel fut le cas en 1980 pour la variole et on peut raisonnablement envisager
l’éradication de la polio dans les prochaines années.
La ‘vaccination dans le monde: vision et stratégie (GIVS) 2006-2015′ était une stratégie
élaborée par l’OMS et l’UNICEF dans l’espoir d’atteindre les populations cibles qui actuel-
lement n’ont pas de services d’immunisation ou un niveau de couverture adéquat.
Les quatre stratégies promues dans cette vision sont les suivantes:
• Protéger davantage d’individus dans un monde en mutation
• Introduire de nouveaux vaccins et des technologies
• Intégrer l’immunisation, d’autres interventions sanitaires apparentées et une surveil-
lance dans les systèmes de soins
• Immuniser dans le contexte de l’interdépendance mondiale [1]
La recherche sur les vaccins met constamment à jour de nouvelles possibilités pour pro-
téger les populations contre les graves menaces sanitaires. De plus, de nouvelles souches
de maladie font leur apparition, ce qui nécessite l’adaptation des vaccins afin d’assurer la
protection.
Le processus d’immunisation requiert un environnement bénéficiant de ressources et de
personnels de santé appropriés afin de garantir une vaccination efficace et sûre. Souvent la
vaccination demande des injections et il faut toujours respecter des procédures sûres pour
ces injections.
S-2012-05-2019 ⏐ Tbilissi
Immunisation
Les calendriers d’immunisation peuvent varier en fonction du vaccin, certains demandant
plusieurs injections pour être efficaces. Il est capital que le calendrier soit suivi dans son
intégralité, afin de ne pas compromettre l’efficacité du vaccin.
Les bénéfices de l’immunisation ont eu un impact majeur sur les populations, non seule-
ment en termes de prévention d’une mauvaise santé mais aussi en permettant les res-
sources précédemment mobilisées pour soigner les maladies, d’être redirigées sur d’autres
priorités sanitaires. Des populations en meilleure santé sont économiquement profitables
aux pays et peuvent davantage apporter à la société.
Réduire la mortalité de l’enfant est le quatrième des Objectifs du millénaire pour le dé-
veloppement, l’immunisation des enfants ayant un impact majeur sur le taux de mortalité
des enfants de moins de 5 ans. Selon l’OMS, plus de 19 millions d’enfants n’ont pas reçu le
vaccin DTP3. De plus, il convient de mettre en place des services de santé de base pour la
santé maternelle avec du personnel de santé qualifié.
L’immunisation des adultes face à des maladies telles que la grippe et les infections à
pneumocoque a prouvé son efficacité, non seulement en diminuant le nombre de cas parmi
ceux ayant été immunisés mais aussi en réduisant le fléau des maladies dans la société.
La profession médicale dénonce toute prise de position non fondée et inexacte sur les
possibles dangers de la vaccination. De telles prises de position ont fait baisser le taux
d’immunisation dans certains pays. Il en est résulte une augmentation du taux de maladies
à prévenir avec de graves conséquences pour un certain nombre de personnes.
Les pays n’ont pas tous les mêmes priorités en termes d’immunisation, la prévalence et le
risque de maladies variant entre les populations. Tous les pays n’ont pas le même taux de
couverture ni les mêmes ressources pour acquérir, coordonner, distribuer ou bien admin-
istrer efficacement les vaccins à leurs populations, comptant souvent sur les organisations
non gouvernementales pour soutenir les programmes d’immunisation. Ces dernières à leur
tour s’appuient souvent sur des fonds extérieurs qui ne sont pas toujours sûrs. Dans cette
période de crise financière mondiale, le financement de tels programmes est soumis à des
pressions considérables.
Le risque de complications provoquées par des maladies évitables par la vaccination est
maximum chez ceux confrontés à des obstacles pour accéder aux services d’immunisation.
Ces obstacles peuvent être le facteur coûts, la localisation, la méconnaissance des services
d’immunisation et de leurs bénéfices pour la santé ou bien d’autres facteurs restrictifs.
Les individus souffrant de maladies chroniques, ou ayant des problèmes de santé ou d’au-
tres facteurs de risques, tel que l’âge, sont particulièrement exposés à de graves compli-
cations face à des maladies que l’on peut prévenir par la vaccination. Ils devraient donc
être ciblés pour assurer une immunisation adéquate.
Les chaînes d’approvisionnement peuvent s’avérer difficiles à sécuriser, notamment dans
des pays manquant de coordination ou de soutien au niveau de leurs programmes d’im-
munisation. Sécuriser les ressources appropriées par exemple avec des professionnels de
santé qualifiés, des équipements et un soutien administratif peut être un défi majeur.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2012-05-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
La collecte des données sur le taux d’administration de vaccination, sur les effets second-
aires des vaccins et la surveillance des maladies sont souvent difficiles à effectuer, parti-
culièrement dans les zones isolées et en manque de ressources. Néanmoins, signaler les
incidents et contrôler la propagation des maladies sont des outils essentiels pour lutter
contre les menaces sanitaires mondiales.
RECOMMANDATIONS
L’AMM soutient les recommandations de Vaccination dans le monde: vision et stratégie
(GIVS) 2006-2015 et lance un appel à la communauté internationale pour:
• Encourager les gouvernements à allouer des ressources aux programmes d’immuni-
sation visant à répondre aux besoins spécifiques de leurs pays.
• Reconnaître l’importance de la vaccination/immunisation en soutenant et en adoptant
toujours les mesures visant à atteindre des objectifs de vaccination au niveau mon-
dial et à satisfaire aux Objectifs du millénaire pour le développement, notamment le
quatrième (réduire la mortalité infantile), le cinquième (améliorer la santé mater-
nelle) et le sixième (lutter contre le VIH/SIDA, la malaria et d’autres maladies).
• Reconnaître la responsabilité mondiale de l’immunisation face aux maladies que l’on
peut éviter et soutenir le travail dans les pays ayant des difficultés à atteindre les
objectifs 2012 de l’Initiative Mondiale d’éradication de la polio [2].
• Soutenir les gouvernements nationaux ayant des populations vulnérables courant le
risque de maladies qui peuvent être prévenues par la vaccination ainsi que les
agences locales œuvrant à fournir des services d’immunisation et travailler avec elles
pour lever les obstacles empêchant l’accès aux services.
• Soutenir la recherche sur les vaccins et leur mise au point et s’impliquer via un
financement adéquat dans la recherche sur les vaccins.
• Promouvoir la vaccination et les bénéfices de l’immunisation, notamment en ciblant
les populations à risques et celles qui sont difficiles d’accès.
• Adhérer aux actions de suivi entreprises par l’OMS et d’autres autorités sanitaires.
• Promouvoir de hautes normes dans la recherche, le développement et l’administra-
tion des vaccins afin de garantir la sécurité des patients. Les vaccins doivent être
soigneusement testés avant leur mise en œuvre à grande échelle et contrôlés ensuite
afin de prévenir de possibles complications et des effets secondaires indésirables.
Pour leur succès, les programmes d’immunisation doivent recueillir la confiance du
public, ce qui dépend de la sécurité qui y est rattachée.
Dans le cadre de la délivrance de programmes de vaccination, l’AMM recommande:
• Un respect du calendrier complet d’immunisation pour garantir une couverture maxi-
male. Une gestion et un suivi du calendrier si possible par des personnes dûment
formées afin d’assurer un service intégral et une prise en charge rapide et appropriée
des effets secondaires des vaccins.
• Le recours à des stratégies pour atteindre des populations pouvant être isolées, pour
des raisons liées à leur localisation, leur race, leur religion, leur statut économique,
leur marginalisation sociale, leur sexe et/ou leur âge.
S-2012-05-2019 ⏐ Tbilissi
Immunisation
• S’assurer que des professionnels de santé qualifiés aient une formation complète
pour assurer des vaccinations et immunisations sûres, et que ces dernières ciblent
ceux en ayant le plus besoin.
• L’éducation de la population sur les bénéfices de l’immunisation et sur la manière
d’accéder à de tels services.
• La tenue de dossiers médicaux bien à jour afin que les données pertinentes sur
l’administration des vaccins et le taux de couverture soient disponibles, permettant
ainsi aux politiques d’immunisation de s’appuyer sur des preuves véritables et fiables.
• Les professionnels de santé devraient être considérés comme une population priori-
taire pour bénéficier d’une immunisation compte tenu de leur exposition aux patients
et aux maladies.
L’AMM appelle ses membres à agir sur les points suivants:
• Sensibiliser davantage les populations aux calendriers nationaux d’immunisation ainsi
qu’à leurs antécédents personnels (et ceux de leurs dépendants) en matière d’immuni-
sation.
• Travailler avec les gouvernements nationaux et locaux chargés d’alimenter et d’ap-
pliquer les programmes d’immunisation.
• Veiller à ce que le personnel de santé chargé de vacciner et d’immuniser reçoive une
formation théorique et pratique adéquate.
• Promouvoir l’efficacité basée sur la preuve de la vaccination et sensibiliser davant-
age sur les bénéfices de l’immunisation aussi bien les médecins que le public.
Références
[1] World Health Organization and United Nations Children’s Fund. Global Immunisation Vision
and Strategy, 2006-2015. Geneva, Switzerland: World Health Organization and United Nations
Children’s Fund; 2005. Disponible à l’adresse:
http://www.who.int/immunisation/givs/related_docs/en/index.html
[2] World Health Organization. Global Polio Eradication Initiative: Strategic Plan 2010-2012.
Geneva, Switzerland: World Health Organization; 2010. Disponible à l’adresse:
http://polioeradication.org/who-we-are/strategy/
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2012-06-2012
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LA VIOLENCE DANS LE SECTEUR DE LA SANTÉ DE LA PART DES
PATIENTS ET DES PERSONNES PROCHES
Adoptée par la 63e
Assemblée Générale de l’AMM, Bangkok, Thaïlande, Octobre 2012
(D) PREAMBULE
Toutes les personnes ont le droit de travailler dans un environnement sûr, sans être me-
nacées de violence. La violence sur le lieu de travail est de nature physique et non phy-
sique (psychologique). La violence non physique comme par ex. le harcèlement et les me-
naces, pouvant avoir de graves conséquences psychologiques, une définition plus large de
la violence sur le lieu de travail devrait être adoptée. Pour les besoins de cette prise de
position, nous utiliserons une définition largement acceptée pour parler de la violence sur
le lieu de travail et utilisée par l’OMS: La menace ou l’utilisation intentionnelle ou réelle
du pouvoir contre autrui ou contre un groupe, dans un contexte de travail, qui entraîne ou
risque fortement d’entraîner un traumatisme, un décès, des dommages psychologiques, un
mal développement ou des privations”.
La violence, mis à part les nombreux effets qu’elle peut avoir sur la santé des victimes,
comporte également des effets destructeurs sur le plan social. La violence contre les tra-
vailleurs sanitaires dont les médecins n’affecte pas uniquement les personnes travaillant
dans le domaine de la santé mais impacte l’ensemble du système de santé et son fonc-
tionnement. De tels actes de violence nuisent à la qualité de l’environnement professionnel
et donc potentiellement à la qualité des soins prodigués aux patients. De plus, la violence
nuit à la disponibilité des soins, notamment dans les zones défavorisées.
Alors que la violence sur le lieu de travail est indiscutablement une question de portée
mondiale, il faut prendre en compte les différences culturelles entre les pays afin de bien
comprendre le concept de la violence sur un plan universel. Il existe de grandes dif-
férences quant à ce qui constitue la violence et sur les formes spécifiques de violence les
plus probables sur le lieu de travail. Les menaces et les autres formes de violence psy-
chologique sont largement reconnues comme prévalant davantage que la violence phy-
sique. Les raisons et les causes de la violence dans les établissements de santé sont ex-
trêmement complexes.
Plusieurs études ont identifié des déclencheurs communs d’actes de violence dans le sec-
teur de la santé, à savoir des retards dans la délivrance du traitement et une insatisfaction
quant au traitement fourni1
. De plus, les patients peuvent être agressifs du fait de leur
pathologie ou des médicaments qu’ils prennent ou qu’ils consomment comme l’alcool et les
autres drogues. Un autre exemple important est celui des individus qui peuvent menacer
ou exercer une réelle violence physique à l’encontre des travailleurs sanitaires car ils s’y
opposent en raison de leurs croyances sociales, politiques ou religieuses, un domaine spé-
cifique de la pratique médicale.
S-2012-06-2012 ⏐ Bangkok
Violence dans le Secteur de la Santé
Une approche englobant différents aspects, à savoir la législation, la sécurité, la collecte de
données, la formation, les facteurs environnementaux, la sensibilisation du public et les
incitations financières, est nécessaire pour solutionner cette question de la violence dans le
secteur de la santé.
De plus, la collaboration des différentes parties intéressées (dont les gouvernements, les
Associations Médicales Nationales (AMN), les hôpitaux, les services de santé en général,
les dirigeants, les compagnies d’assurance, les formateurs et les précepteurs, les chercheurs,
la police et les instances judiciaires) est plus efficace que des efforts individuels de chacun
des acteurs. Les Associations Médicales Nationales en tant que représentantes des méde-
cins, devraient participer activement à la lutte contre la violence dans le secteur de la santé
et également encourager d’autres acteurs clés à intervenir ce qui protègerait encore plus
la qualité de l’environnement professionnel pour le personnel de santé et la qualité des
soins pour les patients.
Cette approche collaborative pour solutionner la violence dans le secteur de la santé doit
être encouragée dans le monde entier.
(E) RECOMMANDATIONS
L’AMM encourage les Associations Médicales Nationales (AMN) à agir dans les do-
maines suivants:
Stratégie – Les AMN devraient encourager les institutions de santé à élaborer et à ins-
taurer un protocole de prise en charge des actes de violence. Ce protocole devrait inclure
les points suivants:
• Une politique de tolérance zéro pour vis-à-vis de la violence sur le lieu de travail.
• Une définition universelle de la violence sur le lieu de travail.
• Un plan prédéfini pour préserver la sécurité sur le lieu de travail.
• Un plan d’action conçu pour les professionnels de santé à adopter face à des actes de
violence.
• Un système de signalement et d’enregistrement des actes de violence qui pourrait
inclure un signalement aux autorités judiciaires et/ou à la police.
• Des moyens pour veiller à ce que les employés signalant des actes de violence ne
subissent pas de représailles
Pour l’efficacité de ce protocole, il faut que la direction et l’administration des institutions
de santé communiquent et prennent les mesures nécessaires afin de garantir que tout le
personnel connait la stratégie.
Politique – Les priorités et les restrictions nationales concernant les soins médicaux de-
vraient être clairement traitées par les institutions gouvernementales afin de contribuer à
une plus grande satisfaction des patients.
L’Etat a l’obligation de garantir la sûreté et la sécurité des patients, des médecins traitants
et des autres travailleurs sanitaires. Cela inclut la mise à disposition d’un environnement
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2012-06-2012
Manuel des Politiques de l’AMM
physique approprié. A ce titre, les systèmes de santé devraient être conçus pour promou-
voir la sûreté du personnel soignant et des patients. Une institution dans laquelle a été
perpétré un acte de violence commis par un patient peut demander le renforcement de la
sécurité tout comme l’ensemble des travailleurs sanitaires ont le droit d’être protégés sur
leur lieu de travail.
Dans certaines juridictions, les médecins pourraient avoir le droit de refuser de traiter un
patient violent. Dans de tels cas, ils doivent veiller à ce que d’autres dispositions soient
prévues par les autorités concernées afin de sauvegarder la santé et le traitement du pa-
tient.
Les patients souffrant de troubles mentaux aigües, chroniques ou induits par une maladie
peuvent être violents envers le personnel soignant; ce personnel chargé de ces patients doit
être correctement protégé.
Formation – Un personnel bien formé et vigilant, suffisamment soutenu par la direction
des institutions de santé peut être dissuasif vis-à-vis de patients violents. Les AMN de-
vraient travailler avec les enseignants de premier et second cycle universitaires pour veil-
ler à ce que les professionnels de santé soient formés à la communication et à la prise en
charge des personnes potentiellement violentes et reçoivent une formation spécifique pour
savoir repérer et anticiper les situations très risquées afin de prévenir les actes de violence.
Cultiver une relation saine médecin-patient, basée sur le respect et la confiance mutuelle,
non seulement permettra d’améliorer la qualité des soins mais aussi de renforcer le senti-
ment de sécurité et donc de réduire les risques de violence.
Communication – Les AMN devraient travailler avec les autres principales parties in-
téressées à une plus grande sensibilisation à la violence dans le secteur de la santé. Si
nécessaire, elles devraient informer les travailleurs de santé et le public lorsque se pro-
duisent des actes de violence et encourager les médecins à signaler les actes de violence
via des réseaux ad hoc.
En outre, une fois l’acte de violence commis, la victime devrait être informée sur les pro-
cédures qui ont été ensuite engagées.
Soutien des victimes – Le personnel victime de menaces et/ou d’actes de violence au tra-
vail devrait bénéficier de conseils médicaux, psychologiques et juridiques et d’un soutien.
Collecte des données – Les AMN devraient faire du lobbying auprès de leurs gouverne-
ments et/ou leurs instances hospitalières pour instaurer des systèmes de signalement adé-
quats permettant à tout le personnel de santé de signaler anonymement et sans représailles
toutes les menaces ou les actes de violence. De tels systèmes devraient évaluer le nombre,
la nature et la gravité des incidents de violence au sein d’une institution ainsi que les
dommages corporels constatés. Il faudrait utiliser le système pour analyser l’efficacité des
stratégies de prévention. Des analyses et données cumulatives devraient être mises à la
disposition des AMN.
Investigations – Dans tous les cas de violence, il devrait y avoir certaines investigations
mieux pour comprendre les causes et aider à prévenir la future violence. Dans certains cas,
S-2012-06-2012 ⏐ Bangkok
Violence dans le Secteur de la Santé
les investigations peuvent conduire à des poursuites judiciaires, au civil ou au pénal. La
procédure devrait être autant que possible menée par les autorités et non compliquée pour
la victime.
Sécurité – Les AMN devraient coopérer pour veiller à ce que des mesures correctes de
sécurité soient instaurées dans tous les établissements de soins et à ce que les instances
chargées de faire appliquer la loi accordent une haute priorité aux actes de violence com-
mis dans les établissements de soins. Il conviendrait d’effectuer un contrôle routinier des
risques de violence afin d’identifier les métiers et les endroits où les risques de violence
sont maximaux. Parmi les zones à gros risques figurent les cabinets des généralistes, les
établissements psychiatriques et les zones à forte circulation dans les hôpitaux dont les
services des urgences.
Les risques de violence pourraient être minimisés en positionnant des vigiles dans ces
zones très risquées et à l’entrée des bâtiments, en installant des caméras de sécurité et des
alarmes à utiliser par les professionnels de santé et en éclairant suffisamment les zones de
travail ce qui contribuerait à un environnement propice à la vigilance et à la sécurité.
Financement – Les AMN devraient encourager leurs gouvernements à allouer des fonds
appropriés afin de maîtriser efficacement la violence dans le secteur de la santé.
1
Carmi-Iluz T, Peleg R, Freud T, Shvartzman P. Verbal and physical violence towards hospital-
and community- based physicians in the Negev: an observational study BMC Health Service
Research 2005; 5: 54
Derazon H, Nissimian S, Yosefy C, Peled R, Hay E. Violence in the emergency department
(Arti-cle in Hebrew) Harefuah. 1999 Aug; 137(3-4): 95-101, 175
Landua SF. Violence against medical and non-medical personnel in hospital emergency wards in
Israel Research Report, Submitted to the Israel National Institute for Health Policyand Health
Services Research, December 2004
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2013-01-2013
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LE DIAGNOSTIC ET LA PRISE EN CHARGE DE LA
MALADIE FONGIQUE
Adoptée par la 64e
Assemblée Générale de l’AMM, Fortaleza, Brésil, Octobre 2013
Les estimations annuelles de l’OMS concernant le fléau mondial des maladies attestent
que les maladies fongiques entrent pour une bonne part dans les problèmes sanitaires
mondiaux. Ces maladies incluent les infections fongiques cutanées qui touchent jusqu’à
un milliard de personnes et les candidoses vulvo-vaginales qui touchent des dizaines de
millions de femmes, souvent plusieurs fois par an.
Les maladies fongiques invasives et chroniques sont encore plus graves. On estime
qu’elles entraînent des taux de morbidité annuelle similaires à ceux provoqués par
les problèmes de santé communément reconnus dans le monde comme la malaria et la
tuberculose. En plus des décès, ces maladies fongiques conduisent souvent à une mauvaise
santé chronique dont la cécité avec kératite, la détresse respiratoire avec une aspergillose
bronchopulmonaire allergique (ABPA), l’asthme sévère avec une sensibilisation fongique
(SAFS) et l’aspergillose pulmonaire chronique (CPA), une perte de poids et une défi-
cience nutritionnelle avec candidose œsophagienne et une CPA ainsi qu’une incapacité à
avoir une vie sexuelle avec la candidose vulvo-vaginale.
De graves maladies fongiques sont souvent opportunistes, se manifestent suite à d’autres
maladies atteignant le système immunitaire telles que l’asthme, le SIDA, le cancer, les
médicaments anti-rejets immunodépresseurs et les corticothérapies. Certaines se pro-
duisent sur des patients gravement malades.
Malgré la possibilité de soigner de nombreuses maladies fongiques relativement aisément,
dans de nombreux cas ces maladies ne donnent lieu à aucun traitement. Les infections
fongiques seules ne sont souvent pas suffisamment identifiables pour permettre un diag-
nostic clinique. De même les cultures étant souvent faussement négatives, il est fréquent
de passer à côté du diagnostic. De plus, la fenêtre diagnostique étant relativement étroite,
le diagnostic n’est pas établi pour soigner les patients avec pour résultat de longs et
couteux séjours en hôpital, fréquemment avec une issue fatale. Malgré l’existence de
médicaments efficaces pour traiter les infections fongiques, souvent ceux-ci ne sont pas
disponibles lorsque et où ils sont requis.
PRISE DE POSITION
L’AMM met l’accent sur la nécessité de soutenir le diagnostic et la prise en charge des
S-2013-01-2013 ⏐ Fortaleza
Maladie Fongique
maladies fongiques et prie instamment les gouvernements de veiller à ce que les tests diag-
nostiques et les thérapies antifongiques soient disponibles pour leurs populations. En
fonction de la prévalence des maladies fongiques et de leurs maladies sous-jacentes, des
tests antigènes spécifiques ou une microscopie et une culture sont essentiels. Ces tests et
du personnel formé pour gérer et interpréter les tests devraient être disponibles dans tous
les pays où les infections fongiques systémiques sont observées. Cela signifie probable-
ment créer au moins un centre de diagnostic d’excellence avec un personnel suffisant et
formé au diagnostic. La toxicité des antifongiques devrait faire l’objet d’un suivi.
Les médecins seront le premier contact de la plupart des patients touchés par une infection
fongique et devraient être suffisamment formés sur le sujet afin d’assurer un diagnostic
efficace.
L’AMM encourage ses membres à entreprendre et soutenir des études épidémiologiques
sur le fléau des maladies fongiques dans leur pays et d’informer leur gouvernement des
résultats.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2013-02-2013
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LA VACCINATION CONTRE LE PAPILLOMAVIRUS HUMAIN
Adoptée par la 64e
Assemblée Générale de l’AMM, Fortaleza, Brésil, Octobre 2013
PREAMBULE
La vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) constitue une opportunité unique
et utile pour les médecins afin de prévenir de manière significative la morbidité et la mor-
talité de certains cancers dans toutes les populations et d’améliorer la santé maternelle. Le
vaccin HPV mérite donc d’être considéré par l’Association Médicale Mondiale (AMM) à
part des autres vaccins.
Le HPV est un virus sexuellement transmissible, si fréquent que la plupart des adultes
ayant une vie sexuelle sont infectés à un certain moment de leur vie. La plupart des infec-
tions sont asymptomatiques et se résolvent sans intervention médicale. Certains des 40
types de HPV peuvent cependant provoquer un cancer de l’utérus. HPV est à l’origine de
près de 100% des cancers de l’utérus et peut provoquer également des cancers du
vagin, de la vulve, de l’anus, du pénis ainsi que de la tête et du cou. Le cancer de l’utérus
représente plus de 10% des cancers féminins et la majorité des décès liés à un cancer de
l’utérus se situent dans les pays en voie de développement.
Les vaccins peuvent protéger contre l’infection par les types les plus communs du HPV et
assurer une protection contre le cancer. Le Comité Consultatif des E.U sur les pratiques
d’immunisation recommande la vaccination contre HPV aussi bien pour les femmes que
les hommes à partir de 11 ans et jusqu’à 26 ans. L’avantage de la vaccination des jeunes
hommes est non seulement de prévenir la transmission du HPV aux partenaires sexuels.
La protection supplémentaire apportée par le vaccin quadrivalent contre les verrues géni-
tales, le cancer de l’utérus et d’autres cancers devrait être prise en considération dans la
mise au point des programmes de vaccination contre HPV. Les vaccins HPV sont effi-
caces; des études post commercialisation ont montré une baisse de la prévalence du HPV
et des troubles apparentés tels que les verrues génitales et une cytologie anormale du col
de l’utérus. Les études concernant la sécurité des vaccins HPV ont été rassurantes.
Ces vaccins devraient être largement disponibles et encouragés par les médecins au titre
du bien-être individuel des patients et de la santé publique.
RECOMMANDATIONS
L’AMM demande expressément aux médecins de se former et d’éduquer leurs patients sur
HPV et sur les maladies apparentées, sur la vaccination HPV et le dépistage routinier du
S-2013-02-2013 ⏐ Fortaleza
Papillomavirus Humain
cancer de l’utérus ; et encourage la mise au point et le financement de programmes pour
assurer la disponibilité du vaccin HPV et permettre un dépistage du cancer de l’utérus
dans des pays ne possédant pas de programmes de dépistage du cancer de l’utérus or-
ganisés.
Les Associations Médicales Nationales (AMN) sont encouragées à assurer une large for-
mation de leurs membres et à les sensibiliser afin :
• D’améliorer la prise de conscience et la compréhension de HPV et des maladies
apparentées ;
• De comprendre le besoin d’accessibilité et l’efficacité des vaccins HPV;
• De comprendre la nécessité d’inclure les vaccins HPV dans les programmes d’im-
munisation nationaux;
• De comprendre la nécessité d’un dépistage routinier du cancer de l’utérus ; et
• D’intégrer les méthodes de prévention des cancers liés au HPV, la détection et le
dépistage précoces, le diagnostic, le traitement et les soins palliatifs dans les pro-
grammes actuels de formation permanente et de formation préparatoire. Une telle
formation aura un effet de levier sur les supports actuels en faveur de programmes
HPV et contribuera à développer des capacités et à améliorer l’assurance qualité.
Les AMN sont également encouragées à:
• Intégrer la vaccination HPV pour tous les adolescents et le dépistage routinier du
cancer de l’utérus pour les jeunes femmes dans tous les centres de santé et les
consultations;
• Favoriser la disponibilité du vaccin HPV et le dépistage routinier du cancer de
l’utérus pour les populations qui sont les premières à bénéficier de mesures pré-
ventives comprenant sans s’y limiter les patients à risques comme par ex. ceux à
faibles revenus, ceux défavorisés et pour les populations qui n’ont pas encore de
vie sexuelle;
• Recommander la vaccination HPV à toutes les populations concernées;
• Sensibiliser les membres à la prévention du HPV, aux soins et aux traitements; et
• Mettre en place un réseau de médecins et de praticiens désireux et capables de
piloter et de s’entraider et créer des passerelles avec le vaccin actuel HPV et les
réseaux de prévention des cancers.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2013-03-2013
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LES ORIENTATIONS NATURELLES DE LA SEXUALITÉ HUMAINE
Adoptée par la 64e
Assemblée Générale de l’AMM, Fortaleza, Brésil, Octobre 2013
PREAMBULE
En soignant, les professionnels de santé sont confrontés à la diversité humaine, y compris
les différentes orientations de la sexualité.
La majeure partie de la recherche scientifique précise que l’homosexualité est une variante
naturelle de la sexualité humaine sans impact intrinsèque nocif sur la santé.
En conséquence, l’homosexualité a été supprimée du manuel diagnostique officiel de
l’Association de Psychiatrie Américaine en 1973. L’Organisation Mondiale de la Santé
(OMS) l’a supprimée de sa CIM en 1990 après un processus similaire d’étude scientifique.
L’Organisation Panaméricaine de la Santé précise : “L’homosexualité ne constitue ni un
trouble ni une maladie dans aucune de ces manifestations individuelles et ne nécessite
donc aucun traitement”.
La discrimination directe et indirecte, la stigmatisation, le rejet par les pairs et l’intimida-
tion ont toujours un impact sérieux sur la santé psychologique et physique des personnes
homosexuelles ou bisexuelles. On observe chez les personnes qui en sont victimes, une
prévalence plus élevée de dépression, d’anxiété, d’abus des substances, de troubles sui-
cidaires et de tentatives de suicide. Le taux de suicide des adolescents et des jeunes adultes
bisexuels ou homosexuels est en effet trois fois plus élevé que celui de leurs pairs.
Cela peut être accentué par les thérapies dites de « conversion » ou « réparatrices » qui
prétendent être en mesure de convertir l’homosexualité en asexualité ou hétérosexualité et
donnent l’impression que l’homosexualité est une maladie. Ces méthodes ont été rejetées
par de nombreuses organisations professionnelles en raison de l’absence de preuve de leur
efficacité. Elles n’ont aucun fondement médical et représentent une menace sérieuse pour
la santé et les droits humains des personnes traitées.
RECOMMANDATIONS
L’AMM affirme fermement que l’homosexualité n’est pas une maladie mais plutôt une
orientation naturelle de la sexualité humaine.
L’AMM condamne toutes les formes de stigmatisation, de criminalisation et de discrimi-
nation basés sur l’orientation sexuelle.
S-2013-03-2013 ⏐ Fortaleza
Variante Naturelle de la Sexualite Humaine
L’AMM appelle à tous les médecins à classer les maladies physiques et psychologiques
sur la base de symptômes cliniques pertinents conformément aux 10 critères de la CIM,
indépendamment de l’orientation sexuelle, et à fournir une thérapie en accord avec les
traitements et protocoles reconnus sur le plan international.
L’AMM déclare que les approches psychiatriques ou psychothérapeutiques des traite-
ments ne doivent pas porter sur l’homosexualité en elle-même mais sur les conflits entre
l’homosexualité et les normes et préjugés religieux, sociaux et intériorisés.
L’AMM condamne les méthodes dites de « conversion » ou « réparatrices ». Elles consti-
tuent une violation des droits humains et sont des pratiques injustifiables qui doivent être
dénoncées et sanctionnées. Il est contraire à l’éthique pour les médecins de prendre part à
de telles procédures
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2013-04-2013
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LE DROIT À LA RÉHABILITATION DES VICTIMES DE TORTURE
Adoptée par la 64e
Assemblée Générale de l’AMM, Fortaleza, Octobre 2013
PREAMBULE
L’Association Médicale Mondiale observe avec une grande inquiétude le recours continu
à la torture dans de nombreux pays à travers le monde.
L’AMM réaffirme sa condamnation totale de toute forme de torture et de toute autre peine
ou traitement cruel, inhumain ou dégradant tel que défini par la Convention des NU contre
la torture (CAT, 1984). La torture est l’une des violations les plus graves de la loi sur les
droits humains internationaux et s’avère dévastatrice pour les victimes, leurs familles et la
société dans son ensemble. La torture provoque de graves blessures physiques et mentales
et constitue un crime totalement prohibé par la loi internationale.
L’AMM réaffirme ses politiques précédemment adoptées, à savoir:
• La Déclaration de Tokyo fournissant des directives aux médecins concernant la
torture et les autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants en lien
avec la détention et l’incarcération (1975) ;
• La Déclaration de Hambourg sur le soutien des médecins refusant de prendre part
ou de fermer les yeux sur l’usage de la torture ou d’autres peines ou traite-
ments cruels, inhumains ou dégradants (1997) ;
• La Résolution sur la responsabilité des médecins dans la documentation et la dé-
nonciation des actes de torture ou autres peines et traitements cruels, inhumains
ou dégradants (2003).
L’évaluation médicale est un facteur essentiel dans l’optique d’une documentation de la
torture et de la réparation des victimes de la torture. Les médecins ont un rôle décisif à
jouer pour la collecte des informations sur la torture, l’apport de preuves de torture à des
fins légales ainsi que pour le soutien et la réhabilitation des victimes.
L’AMM note l’adoption en novembre 2012 par le Comité des NU contre la torture du
Commentaire Général sur l’application de l’article 14 de la Convention contre la torture,
ayant trait au droit à la réparation pour les victimes de la torture.
Le Commentaire Général met l’accent sur le droit à la réhabilitation en tant qu’obligation
des Etats et spécifie la portée de ces services. L’AMM salue notamment:
• L’obligation des Etats d’adopter une « approche à long terme et intégrée ainsi que
d’assurer que des services spécialisés disponibles pour les victimes de la torture
S-2013-04-2013 ⏐ Fortaleza
Victimes de la Torture
ou de mauvais traitements, appropriés et rapidement accessibles » (parag. 13)
sans que l’accès à ces services soit lié à la demande de réparations judiciaires de
la part de la victime.
• La reconnaissance du droit des victimes à choisir le prestataire de services de
réhabilitation, qu’il s’agisse d’un établissement de l’état ou d’un prestataire de
services non gouvernemental financé par l’état.
• La confirmation que les victimes de la torture doivent bénéficier d’un accès aux
programmes de réhabilitation de la part de l’état dès que possible après Évalua-
tion par des professionnels de la médecine qualifiés et indépendants.
• Les références figurant au paragraphe 18 concernant les mesures visant à protéger
les professionnels de la santé et de la justice, à mettre au point une formation
spécifique sur le Protocole d’Istanbul pour les professionnels de santé et à pro-
mouvoir le respect des normes et codes internationaux de conduite de la part des
fonctionnaires y compris le personnel médical, les psychologues et le personnel
des services sociaux.
RECOMMANDATIONS
L’AMM souligne le rôle vital de la réparation des victimes de la torture et de leurs
familles pour qu’ils puissent reconstruire leur vie et se rétablir ainsi que le rôle des
médecins pour la réhabilitation;
L’AMM encourage ses associations membres à travailler avec les agences concernées,
gouvernementales ou non – travaillant à la réparation des victimes de la torture, notam-
ment en matière de documentation et de réhabilitation ainsi que de prévention;
L’AMM encourage ses membres à soutenir les agences menacées ou sujettes à des
mesures de rétorsion de la part des Etats en raison de leur implication dans l’apport de
preuves d’actes de torture, la réhabilitation et la réparation des victimes de torture;
L’AMM appelle ses membres à mettre à profit leur expérience médicale pour soutenir les
victimes de la torture en accord avec l’article 14 de la Convention des NU contre la
torture;
L’AMM appelle ses associations membres à soutenir et à faciliter la collecte de données
au niveau national pour contrôler que l’Etat remplisse ses obligations quant à la fourni-
ture de services de réhabilitation.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2013-05-2013
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LA RÉSOLUTION DES NATIONS UNIES POUR UN MORATOIRE SUR
LE RECOURS À LA PEINE DE MORT
Adoptée par la 64e
Assemblée Générale de l’AMM, Fortaleza, Brésil, Octobre 2013
PREAMBULE
La Résolution de l’AMM sur la participation des médecins à la peine capitale stipule qu’il
est contraire à l’éthique pour les médecins de prendre part à la peine capitale et la Déclara-
tion de Genève exige des médecins le plus grand respect de la vie humaine.
L’AMM reconnaît que l’opinion prévalant dans certains pays dont font partie des mem-
bres empêche ces derniers de s’opposer inconditionnellement à la peine de mort.
L’AMM soutient donc la suspension de l’utilisation de la peine de mort via un moratoire
mondial.
L’AMM a depuis longtemps reconnu qu’elle ne peut pas tenir ses membres – les associa-
tions médicales nationales – responsables des actions et politiques de leurs gouvernements
respectifs.
RECOMMANDATIONS
L’Association Médicale Mondiale soutient la Résolution de l’Assemblée Générale des
Nations Unies 65/206 demandant un moratoire sur l’utilisation de la peine de mort.
S-2014-01-2014 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LES TRAITEMENTS ESTHÉTIQUES
Adoptée par la 25e
Assemblée Générale de l’AMM, Durban, Afrique du Sud, Octobre 2014
PREAMBULE
Les traitements esthétiques sont de plus en plus fréquents depuis quelques années car la
société est davantage préoccupée par l’apparence physique. Ces traitements sont réalisés
par des praticiens dont l’expérience clinique et la formation varient amplement.
Cette prise de position considère le traitement esthétique comme une intervention ne
s’inscrivant pas dans le cadre des soins de santé classiques visant à soigner une blessure,
une maladie ou une déformation. Le traitement esthétique a pour unique objectif d’embel-
lir ou de modifier l’apparence physique de la personne concernée. Cette prise de position
fait référence au patient pour parler de la personne à laquelle s’applique le traitement. Les
traitements proposés sont très variés et vont des procédures chirurgicales aux injections et
diverses formes de traitements cutanés. Cette prise de position porte sur les interventions
qui sur le plan méthodologique sont proches ou similaires à celles pratiquées dans le cadre
des soins de santé. Le tatouage, la scarification et les interventions similaires ne sont donc
pas pris en considération dans cette prise de position.
L’image du corps a un impact sur l’estime de soi et sur la santé mentale. Elle est une
composante à part entière de la santé générale et du bien-être d’une personne. Les images
véhiculées par les media de « cors parfaits » sont toutefois devenues la norme ce qui
amène certaines personnes à se faire une image irréaliste et malsaine du corps.
De nombreux traitements esthétiques s’accompagnent de risques et peuvent nuire à la
santé du patient. Les mineurs* sont particulièrement vulnérables car leur corps n’est
souvent pas totalement formé. Afin de protéger les personnes envisageant ou subissant un
traitement esthétique, l’AMM a établi les principes de base suivants concernant les traite-
ments esthétiques.
Réaffirmant les principes de l’éthique médicale énoncés dans la Déclaration de Genève de
l’AMM, la Déclaration de Lisbonne de l’AMM sur les droits du patient et le Code Inter-
national d’Ethique Médicale de l’AMM et conformément au mandat de l’AMM, cette
prise de position s’adresse principalement aux médecins. L’AMM encourage cependant
d’autres praticiens réalisant des traitements esthétiques à adopter ces principes.
PRINCIPES
1.
1. La dignité, l’intégrité du patient et la confidentialité doivent toujours être res-
pectées.
2. Les médecins ont un rôle à jouer pour aider à identifier les images malsaines du
corps et pour aborder et traiter les troubles lorsqu’ils existent.
S-2014-01-2014 ⏐ Durban
Traitements Esthétiques
3. Les traitements esthétiques doivent être pratiqués uniquement par des praticiens
avec suffisamment de connaissances, compétences et expériences dans leur do-
maine d’intervention.
4. Tous les praticiens assurant des traitements esthétiques doivent être inscrits et/ou
agréés auprès des autorités de régulation appropriées. Idéalement, le praticien
devrait aussi être autorisé par ces autorités à effectuer ces traitements esthétiques
spécifiques.
5. Tous les traitements esthétiques doivent être précédés d’un examen approfondi du
patient. Le praticien devrait étudier tous les éléments, physiques et psychologiques,
susceptibles d’augmenter les risques de préjudice pour le patient et devrait refuser
de pratiquer un traitement si le risque est inacceptable. C’est notamment opportun
dans le cas des mineurs. Les praticiens devraient toujours choisir la solution thé-
rapeutique la plus appropriée plutôt que la plus lucrative.
6. Des mineurs peuvent avoir besoin ou bénéficier d’une chirurgie plastique mais les
procédures esthétiques pures ne devraient pas être effectuées sur des mineurs. Si,
dans des cas exceptionnels, le traitement esthétique est réalisé sur un mineur, il
devrait l’être uniquement avec une attention et un soin spécifiques et uniquement
s’il vise à éviter une dévalorisation physique de la personne, non pas une sur-
valorisation de cette personne. Il faut prendre en compte tous les facteurs médicaux
comme par exemple le fait que le mineur n’a pas achevé sa croissance ou que le
traitement devra être renouvelé ultérieurement.
7. Le patient doit donner un consentement explicite à tout traitement esthétique, de
préférence par écrit. Avant de rechercher le consentement, le praticien devrait in-
former le patient de tous les aspects du traitement y compris la manière dont la
procédure est réalisée, les risques possibles et le fait que bon nombre de ces traite-
ments peuvent être irréversibles. Le patient devrait avoir suffisamment de temps
avant le traitement pour étudier les informations reçues. Lorsque le patient de-
mandant à être traité est mineur, il faudrait obtenir le consentement éclairé de ses
parents ou de ses représentants légaux
8. Tous les traitements esthétiques devraient être soigneusement documentés par le
praticien. La documentation devrait inclure une description détaillée du traitement
pratiqué, des informations sur la médication mise en place et le cas échéant de tous
les autres aspects du traitement.
9. Les traitements esthétiques doivent être effectués uniquement dans de strictes
conditions d’hygiène et de sécurité médicale au sein des locaux, avec un personnel
et un équipement suffisants. Il doit y avoir un équipement pour traiter les réactions
allergiques potentiellement mortelles et d’autres complications possibles.
10. La publicité et le marketing des traitements esthétiques devraient être raisonnables
et ne pas promettre des résultats irréalistes. Des photographies irréalistes ou
corrigées montrant des patients avant et après le traitement ne doivent pas être
utilisées à des fins publicitaires.
11. La publicité et le marketing des traitements esthétiques ne devraient jamais cibler
les mineurs.
12. Les praticiens ne devraient jamais proposer ou faire la promotion d’un prêt d’ar-
gent pour le règlement du traitement esthétique.
* Dans cette prise de position, le terme “mineur” est défini comme une personne qui – selon la
législation nationale en vigueur – n’est pas un adulte.
S-2014-02-2014 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LA PRÉVENTION DE LA POLLUTION DE L’AIR
DUE AUX ÉMISSIONS DES VÉHICULES
Adoptées par la 10e
Assemblée Générale de l’AMM, Durban, Afrique du Sud, Octobre 2014
PREAMBULE
Il existe un certain nombre de moyens permettant de réduire le volume d’émissions nui-
sibles. Cela inclut d’encourager une diminution des trajets routiers, le transport actif (à
pieds ou à vélo) pour les personnes entreprenant des trajets relativement courts, l’utilisa-
tion de transport public par préférence aux véhicules individuels, et des sources alter-
natives d’énergie pour les véhicules, y compris les technologies électriques et hybrides.
Lorsque l’utilisation du véhicule est essentielle, des moyens de réduire leurs émissions
nuisibles devraient être privilégiés.
Les médecins dans le monde sont conscients de la pollution de l’air. Cette dernière nuit
à la qualité de vie de centaines de millions de personnes et crée un lourd fardeau de
maladies ainsi que des pertes économiques et des coûts de santé. Selon les données de
l’OMS, en 2012, la pollution urbaine liée à l’air extérieur a causé3,7 millions de décès par
an soit 6,7% du nombre total de décès (OMS, 2014).
En particulier, il a été prouvé que les particules de suie diesel notamment étaient carcino-
gènes (IARC, 07/2012). De plus elles ont de nombreux effets toxiques, en particulier au
niveau du système cardio-vasculaire (Brook et al. 2010) et respiratoire (ERS, 2010). De
plus, dans le contexte du réchauffement mondial, les suies associées au méthane sont con-
sidérées comme la deuxième substance majeure à effet de serre après le CO2 (Kerr, 2013).
Même si les nouveaux véhicules devront se conformer à des normes d’émission plus
strictes prenant en compte également les particules ultrafines les plus nocives, une flotte
de véhicules très polluants en circulation dont des véhicules tout terrain, des engins de
construction et des navires continuera à polluer pendant encore de nombreuses années.
CONTEXTE
Dans les villes très peuplées, les concentrations en fines poussières mesurables en tant
qu’aérosols sont 50 fois plus importantes que le niveau maximum recommandé par
l’OMS. Des moyens de transports importants, l’électricité provenant du charbon et la
pollution provoquée par les engins de construction sont autant de facteurs aggravants. Les
personnes vivant et travaillant à proximité de grandes artères (circulation très dense) sont
les plus touchées par les polluants.
S-2014-02-2014 ⏐ Durban
Pollution de l’air
Pour lutter contre les risques sanitaires ci-dessus mentionnés, il existe une série de
systèmes de filtres fiables et très efficaces sur le marché (filtres de la meilleure technique
disponible (MTD)1
). Ils s’appliquent à tous les moteurs de combustion interne et ils
réduisent par plus de 100 même les particules ultrafines les plus nocives.
Dès que 90% des véhicules poids lourds, aussi bien les véhicules neufs que les véhicules
mis aux normes, satisferont à cette norme, les problèmes de santé liés aux émissions des
poids lourds diminueront grandement et aucun autre renforcement des normes
d’émission ne sera possible ou même pas du tout nécessaire car le polluant aura presque
totalement été éliminé.
Dans divers pays sur des continents différents et dans des conditions variables, les pro-
grammes de mise en conformité ou de mise à niveau ont bien fonctionné. Le Groupe de
travail des NU sur la prévention de la pollution et l’énergie à Genève vient de proposer une
norme technique de réglementation dans les Etats membres qui sera applicable dans le
monde entier.
L’AMM soutient ces efforts et demande aux décideurs politiques dans tous les pays,
notamment dans les régions urbaines, de réglementer l’accès des véhicules sans filtre et/ou
de fournir une aide financière afin de favoriser la mise en conformité des véhicules en cir-
culation.
RECOMMANDATIONS
L’AMM recommande donc que toutes les AMN encouragent leurs gouvernements res-
pectifs à:
1.
1. Instaurer des normes MTD pour tous les nouveaux véhicules diesels (sur route et
tout terrain);
2. Inciter la mise en conformité avec des filtres MTD pour tous les moteurs en cir-
culation;
3. Contrôler et baisser la concentration de nano particules de suie dans l’air respiré en
ville;
4. Mener des études épidémiologiques pour détecter et différencier les effets sur la
santé des particules ultrafines;
5. Sensibiliser les professionnels et le public à l’importance de la suie diesel et aux
méthodes actuelles d’élimination des particules
6. Contribuer à la mise en place de stratégies pour protéger la population des parti-
cules de suie dans l’habitacle des avions, dans les trains, dans les maisons et dans
l’environnement en général. Ces stratégies devraient inclure des plans de développe-
ment et d’accroissement des moyens de transport publics.
S-2014-02-2014 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
Abréviations:
•
• CEE-ONU: Commission économique pour l’Europe des Nations unies
• GRPE: Groupe de travail sur la prévention de la pollution et l’énergie
• EPA: Environmental Protection Agency (US)
• ERS: European Respiratory Society
• CIRC: Centre international de recherche sur le cancer
• PAH: hydrocarbures aromatiques polycycliques; produits cancérigènes prove-
nant de la combustion incomplete
• PM10: particules en suspension dans l’air dont le diamètre est inférieur à 10 micro-
mètres
• EURO 6/VI: l’EURO 6/IV est la première directive de l’UE stipulant une limite
basée sur le nombre de particules pour les poids lourds et les véhi-
cules tout terrain. L’objectif est de protéger la santé humaine des
particules très dangereuses, les particules dites ultrafines, qui ne
sont pas comptabilisées dans les mesures de PM10 et PM2.5 en
raison de leur masse quasiment négligeable.
Références:
• Brook, Robert D. et al. (2010): AHA Scientific Statement: Particulate Matter Air
Pollution and Cardiovascular Disease. An Update to the Scientific Statement from
the American Heart Association. Circulation 121: 2331-2378.
• ERS (2010): The ERS report on air pollution and public health. European Res-
piratory Society, Lausanne, Switzerland. ISBN: 978-1-84984-008-8
• IARC (2012): “IARC: Diesel Engine Exhaust Carcinogenic”. Press Release No.
213. http://www.iarc.fr/en/media-centre/pr/2012/pdfs/pr213_E.pdf (access: 14/02/14)
• Kerr, Richard R. (2013): “Soot is Warming the World Even More Than Thought”.
In: Science 339(6118), p. 382.
• WHO (2014): “Burden of disease from Ambient Air Pollution for 2012.”
http://www.who.int/phe/health_topics/outdoorair/databases/AAP_BoD_results_Ma
rch2014.pdf?ua=1 (access: 26/08/14)
1
Euro 6/VI, US/EPA/CARB, normes chinoises et équivalentes.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2014-03-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
L’ISOLEMENT CELLULAIRE
Adoptée par la 65e
Assemblée Générale de l’AMM, Durban, Afrique du Sud, Octobre 2014
et révisée par la 70e
Assemblée Générale, Tbilissi, Géorgie, Octobre 2019
PREAMBULE
Dans de nombreux pays, un nombre considérable de détenus se trouvent placés à
l’isolement cellulaire. L’isolement consiste, dans un centre de détention à séparer une
personne de l’ensemble des détenus et à la maintenir seule dans une cellule ou une pièce
séparée jusqu’à 22 heures par jour. Cette forme de détention peut être désignée par
différents termes selon les juridictions : « ségrégation », « placement en quartier
disciplinaire », « séparation/coupure des autres détenus »… Les conditions et
l’environnement de l’isolement peuvent également varier d’un endroit à l’autre. Mais
quelle que soit la manière dont il est défini et mis en œuvre, l’isolement carcéral se
caractérise par un isolement social complet, l’absence de contact humain significatif, une
activité réduite et des stimuli environnementaux limités. Certains pays se sont dotés de
dispositions précises sur la durée et la fréquence auxquelles un détenu peut être placé à
l’isolement, mais de nombreux autres manquent de règles claires à cet égard.
L’isolement cellulaire peut être différencié d’autres interventions brèves qui visent à
séparer des détenus en réaction immédiate à un comportement violent ou perturbateur afin
de les protéger d’eux-mêmes ou des autres. De telles interventions ne doivent pas avoir
lieu dans un environnement d’isolement.
Les raisons du recours à l’isolement peuvent varier d’une juridiction à l’autre et cette
mesure peut être utilisée à différentes étapes du processus judiciaire. L’isolement
cellulaire peut être employé comme mesure disciplinaire pour maintenir l’ordre et la
sécurité, comme mesure administrative, aux fins d’une enquête ou d’un interrogatoire,
comme mesure préventive pour éviter toute atteinte au détenu lui-même ou à d’autres
détenus ou il peut s’agir d’un régime restrictif visant à limiter les contacts avec les autres.
L’isolement peut être imposé pour une durée en heures, voire en jours.
Conséquences médicales de l’isolement
Les personnes peuvent réagir à l’isolement de différentes manières : il a été démontré que
pour un nombre significatif de détenus, l’isolement peut causer de graves troubles
psychologiques, psychiatriques et parfois physiologiques, parmi lesquels l’insomnie, la
confusion, la psychose, des hallucinations, ainsi que l’aggravation de problèmes de santé
préexistants. L’isolement est également associé à un fort taux de comportements
suicidaires. Ces conséquences néfastes peuvent survenir après seulement quelques jours et
S-2014-03-2019 ⏐ Tbilissi
Confinement Solitaire
dans certains cas persister après la fin de l’isolement.
Certains groupes sont particulièrement vulnérables aux effets négatifs de l’isolement
carcéral. Les personnes atteintes de troubles psychotiques, de grave dépression, de stress
post-traumatique ou de graves troubles de la personnalité peuvent ne pas supporter
l’isolement, qui peut avoir d’importantes conséquences sur leur santé. L’isolement peut
compromettre la réussite du traitement de ces personnes une fois celles-ci de retour dans
leur lieu de détention ou au sein de la société. Les détenus atteints d’un handicap physique
ou d’un autre trouble médical voient souvent leur état s’aggraver en isolement, non
seulement du fait des contraintes physiques que cet isolement suppose, mais aussi parce
que leurs besoins particuliers ne sont souvent pas pris en compte dans cet environnement.
La pratique de l’isolement expose les enfants et les jeunes, qui se trouvent à un stade
crucial de leur développement, tant sur le plan social que psychologique et neurologique, à
de graves risques de troubles mentaux et physiques à long terme. Les dangers de
l’isolement pour les enfants et les jeunes font l’objet d’un consensus international
croissant, aussi certaines juridictions ont-elles complètement aboli cette pratique.
Normes internationales relatives à l’isolement
L’accumulation de preuves des conséquences délétères de l’isolement sur la santé des
détenus a conduit à l’élaboration d’une série de normes et de recommandations
internationales visant à réduire l’usage et les effets néfastes de l’isolement.
Les règles minima pour le traitement des détenus ont d’abord été adoptées en 1957 puis
elles ont été révisées et adoptées à l’unanimité par l’Assemblée générale des Nations unies
en 2015 sous le nom de Nelson Mandela Rules. Les règles minima constituent le principal
cadre international pour le traitement des prisonniers.
Les règles Nelson Mandela sont étayées et complétées par d’autres normes et
recommandations internationales, telles que les règles des Nations unies concernant le
traitement des détenues et l’imposition de mesures non privatives de liberté aux
délinquantes et commentaires, dites règles de Bangkok, les règles des Nations unies pour
la protection des mineurs privés de liberté ou encore les travaux du rapporteur spécial
chargé d’examiner les questions se rapportant à la torture.
Le recours abusif à l’isolement cellulaire peut se caractériser par une durée indéfinie ou
prolongée de l’isolement (définie comme telle à partir de 15 jours) mais aussi par une
sanction collective ou corporelle, la réduction de la ration alimentaire ou en eau potable du
détenu ou le placement de celui-ci dans une cellule sans lumière ou constamment éclairée.
L’usage abusif de l’isolement peut ainsi constituer une forme de torture ou de mauvais
traitement et à ce titre il doit être interdit, conformément au droit international des droits
humains et à l’éthique médicale.
L’AMM et ses membres réitèrent la position ferme qu’ils ont adoptée de longue date, à
savoir la condamnation de toute forme de torture ou de tout autre peine ou traitement
cruel, inhumain ou dégradant et réaffirment le principe fondamental selon lequel les
médecins ne sauraient cautionner ou participer à un acte de torture ou à tout traitement
inhumain ou dégradant.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2014-03-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
RECOMMENDATIONS
1. Du fait de la dangerosité de l’isolement, qui peut parfois constituer une forme de
torture ou de mauvais traitement, l’AMM et ses membres appellent à la mise en œuvre
des règles Nelson Mandela et d’autres normes et recommandations internationales
associées en vue de préserver les droits fondamentaux et la dignité des détenus.
2. L’AMM et ses membres insistent notamment sur le respect des principes suivants :
• Compte tenu des graves conséquences de l’isolement sur la santé physique et
mentale des détenus (notamment le risque accru de suicide ou d’automutilation), il
ne devrait être imposé que dans des cas exceptionnels, en dernier ressort et pour
une durée aussi brève que possible. L’autorité imposant l’isolement doit se
conformer à des règles claires quant à l’usage de cette mesure.
• Toutes les décisions relatives à l’isolement doivent être transparentes et conformes
à la loi. La durée de l’isolement doit être limitée par la loi. Le détenu doit être
informé de la durée de l’isolement, cette durée devant être déterminée avant la
mise en œuvre de la mesure. Les détenus placés à l’isolement doivent disposer
d’un droit de recours contre cette décision.
• L’isolement cellulaire ne saurait dépasser une durée de 15 jours consécutifs. Il doit
également être interdit de sortir un détenu de l’isolement pour une période limitée
en vue de le placer de nouveau à l’isolement juste après pour contourner la
limitation de durée.
• Interdiction du recours à l’isolement
3. L’isolement pour une durée indéterminée ou prolongée constituant un acte de torture
ou une peine ou un traitement cruel, inhumain ou dégradant, il doit être prohibé [1].
4. L’isolement des enfants, des jeunes (tels que définis par le droit national), des femmes
enceintes, des femmes ayant accouché depuis six mois ou moins, des femmes ayant
avec elles un enfant en bas âge et des mères qui allaitent [2] doit être interdit, de même
que l’isolement des détenus souffrant d’une pathologie mentale, cette mesure
conduisant souvent à l’aggravation des troubles de la santé mentale [3].
5. Le recours à l’isolement doit être interdit pour les détenus présentant un handicap
physique ou un autre problème médical qui pourrait être aggravé par cette mesure.
6. Lorsque des enfants ou des jeunes doivent être placés à l’écart pour assurer leur
sécurité ou la sécurité d’autrui, il convient de les placer dans un environnement où ils
ne seront pas seuls et où ils disposeront des ressources dont ils ont besoin, y compris
un contact humain régulier et une activité utile.
Conditions de l’isolement
7. La dignité humaine des détenus placés à l’isolement doit être respectée à tout moment.
8. Les détenus en isolement cellulaire doivent avoir accès, dans une mesure raisonnable,
S-2014-03-2019 ⏐ Tbilissi
Confinement Solitaire
à des contacts humains significatifs réguliers, à des activités, y compris de l’exercice
en plein air et à des stimuli environnementaux. Comme tous les détenus, ils ne
sauraient être soumis à des conditions extrêmes, physiquement ou mentalement
éprouvantes.
9. Les détenus ayant été placés à l’isolement doivent bénéficier d’une période de
réadaptation, durant laquelle ils doivent être examinés par un médecin, avant d’être
libérés de prison. Cette période ne saurait prolonger la durée de leur incarcération.
Rôle des médecins
10. Le rôle du médecin est de protéger, d’améliorer et de défendre la santé physique et
mentale des détenus, pas d’infliger une sanction. C’est pourquoi les médecins ne
sauraient participer en quelque mesure que ce soit au processus de décision conduisant
au placement en isolement, y compris en déclarant qu’une personne est «apte » à
supporter l’isolement ou en participant en une quelconque manière à sa mise en œuvre.
Cela ne saurait empêcher les médecins de procéder à des visites régulières aux
personnes placées à l’isolement afin d’évaluer leur état de santé, de dispenser des soins
et des traitements en cas de besoin et de signaler la détérioration de la santé d’une
personne.
11. La prestation de soins de santé doit répondre aux besoins médicaux et aux demandes
du détenu. Les médecins doivent se voir garantir un accès quotidien aux détenus placés
à l’isolement, de leur propre initiative. Il doit leur être accordé un accès plus fréquent
si les médecins l’estiment nécessaire.
12. Les médecins qui travaillent en prison doivent être en mesure d’exercer en toute
indépendance vis-à-vis de l’administration pénitentiaire. Aux fins de maintenir cette
indépendance, les médecins qui travaillent en prison doivent être employés et encadrés
par un organisme séparé de la prison et du système judiciaire pénal.
13. Les médecins ne doivent prescrire que des médicaments ou traitements nécessaires
d’un point de vue médical et ne sauraient prescrire de médicament ou de traitement,
quel qu’il soit, qui permette de prolonger la durée de l’isolement.
14. Les soins de santé doivent toujours être prodigués dans un environnement qui respecte
la dignité et l’intimité du détenu. Les médecins travaillant en centre de détention sont
liés par les codes déontologiques et principes d’éthique médicale comme ils le seraient
dans n’importe quel autre environnement de travail.
15. Tout médecin devrait signaler toute préoccupation relative à l’impact de l’isolement
sur la santé et le bien-être d’une personne détenue aux autorités chargées d’examiner
les décisions de placement en isolement. Si nécessaire, il conviendrait qu’il
recommande clairement que la personne soit sortie de l’isolement. Une telle
recommandation devrait être respectée par les autorités pénitentiaires et suivie d’effet.
16. Les médecins ont le devoir d’examiner les conditions d’isolement et d’informer les
autorités s’ils estiment qu’elles sont inacceptables ou constituent un traitement
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2014-03-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
inhumain ou dégradant. Il devrait exister, au sein de tout système judiciaire, des
mécanismes clairs permettant aux médecins de signaler de telles dérives.
Références
[1] Règle Nelson Mandela no 43.
[2] Règle 22 des Nations unies concernant le traitement des détenues et l’imposition de mesures
non privatives de liberté aux délinquantes et commentaires (règles de Bangkok).
[3] Rapport du rapporteur spécial des Nations unies sur la torture et autres peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants, A/66/268, 5 août 2011, § 68 (en anglais).
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2015-01-2015
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
LA SANTÉ MOBILE
Adoptée par la 66e
Assemblée Générale de l’AMM, Moscou, Russie, Octobre 2015
PREAMBULE
La santé mobile (mSanté) est une forme de santé électronique (eSanté) sans définition
précise. On l’a décrite comme une pratique de médecine et de santé publique assistée par
des appareils mobiles tels que des téléphones cellulaires, des appareils de monitoring, des
assistants numériques personnels (PDA) et d’autres dispositifs destinés à être utilisés avec
des appareils mobiles. Elle englobe les services de messagerie vocale (SMS), des
applications (apps) et l’utilisation d’un système de localisation mondiale (GPS).
Il faut instaurer des politiques et des mesures de précaution pour réglementer et sécuriser
la collecte, le stockage, la protection et le traitement des données des utilisateurs de
mSanté. Les utilisateurs des services de mSanté doivent être informés sur la manière dont
leurs données personnelles sont collectées, stockées, protégées et traitées. Il faut obtenir
leur consentement avant toute divulgation des données à des tiers, par ex. aux chercheurs,
aux gouvernements ou aux compagnies d’assurance.
Le suivi et l’évaluation de la mSanté devraient être instaurés soigneusement afin d’éviter
une inégalité d’accès à ces technologies. Le cas échéant, des services sociaux ou médicaux
devraient faciliter l’accès aux technologies de mSanté en tant que prestations de base tout
en prenant les précautions requises pour garantir la sécurité et la confidentialité des
données. L’accès aux technologies de mSanté ne devrait être refusé à personne, sous
prétexte d’une situation financière défavorable ou d’un manque de compétences
techniques.
Les technologies de mSanté remplissent un grand nombre de fonctions. On peut les
utiliser pour :
• Promouvoir la santé (mode de vie), à l’image des apps permettant aux utilisateurs
d’enregistrer les calories absorbées ou ces capteurs de mouvement permettant de
contrôler l’activité physique.
• Des services nécessitant l’expertise de médecins comme par ex. les services SMS
qui donnent des conseils aux femmes enceintes ou des capteurs portables pour
contrôler les maladies chroniques telles que le diabète. Les technologies de mSanté
de cette nature répondent fréquemment à la définition d’un appareil médical et
devraient faire l’objet d’une surveillance des risques et d’un réglementation pour
toutes ses implications.
La mSanté peut aussi servir à transmettre des informations entre professionnels de santé,
en fournissant par ex. aux médecins un accès libre via un téléphone portable indépendant
des réseaux de téléphonie dans les régions disposant de faibles ressources
S-2015-01-2015 ⏐ Moscou
Santé Mobile
L’évolution des technologies et la prévalence et la disponibilité grandissantes des
appareils mobiles ont conduit à une augmentation exponentielle du nombre et de la variété
des services de mSanté utilisés à la fois dans les pays développés et les pays en voie de
développement. Dans le même temps, ce secteur relativement nouveau et à évolution
rapide demeure grandement dépourvu d’une réglementation. Cela pourrait avoir des
conséquences sur la sécurité des patients.
La mSanté peut potentiellement compléter et développer des services de santé existants
en favorisant la prévalence d’appareils mobiles pour faciliter l’accès aux services de
santé, améliorer l’autogestion par le patient, permettre des interactions électroniques entre
patients et médecins et réduire les coûts de santé. En matière d’utilisation et de bénéfices
de la mSanté, les différences régionales et démographiques sont importantes. Le recours
aux services de mSanté peut s’avérer plus opportun dans certaines structures que d’autres.
Les technologies de mSanté impliquent généralement l’évaluation ou la saisie manuelle
de données médicales, physiologiques, de données sur le mode de vie, l’activité et
l’environnement ce qui est leur objectif premier. La grande quantité de données générées
de cette façon fournit aussi un énorme champ de recherche pour la délivrance efficace de
soins et la prévention des maladies. L’exploitation secondaire des données personnelles
n’est cependant pas sans risque d’abus potentiels et de nombreux utilisateurs de la mSanté
ne le savent pas.
L’expansion des services de mSanté a été grandement pilotée par le marché et de
nombreuses technologies ont été mises au point sans coordination, à titre expérimental et
sans respecter la protection des données et la sécurité des patients. Il est souvent
impossible pour les utilisateurs de savoir si les informations fournies via les systèmes de
mSanté proviennent d’une source médicale fiable. La qualité des technologies de mSanté
et leur apport pour l’objectif recherché par les patients ou les médecins constituent des
défis majeurs pour le marché de la mSanté.
Une réglementation et une évaluation approfondies de l’efficacité, de la qualité et du
rapport coût/efficacité des technologies et des services de mSanté font actuellement
défaut. Cela a des conséquences pour la sécurité des patients. Ces facteurs sont essentiels
pour l’intégration des services de mSanté dans la délivrance régulière de soins.
RECOMMANDATIONS
1. L’AMM reconnaît le potentiel de la mSanté pour compléter la façon traditionnelle
de gérer la santé et de fournir des soins. La mSanté tout en pouvant faire bénéficier
les patients d’un accès aux services des médecins qu’ils n’auraient pas autrement,
n’est pas systématiquement appropriée et pas toujours idéale pour établir un
diagnostic et soigner. Là où le traitement en face à face est possible, c’est toujours
mieux pour le patient.
2. La force motrice de la mSanté doit être de combler les lacunes en matière de
délivrance des soins ou d’améliorer leur qualité.
3. L’AMM exhorte les patients et les médecins à être extrêmement circonspects quant
à l’utilisation de la mSanté et conscients des possibles risques et conséquences.
4. Il faut distinguer clairement les technologies de mSanté utilisées pour améliorer le
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2015-01-2015
Manuel des Politiques de l’AMM
mode de vie et celles nécessitant l’expertise des médecins et répondant à la
définition d’appareils médicaux. Ces derniers doivent être correctement
réglementés, par exemple en tant que dispositifs médicaux, et les utilisateurs
doivent être en mesure de vérifier la source des informations fournies. Les
informations fournies doivent être claires, loyales et non techniques et donc
accessibles aux profanes.
5. Un travail concerté doit se faire pour améliorer l’interopérabilité, la fiabilité, la
fonctionnalité et la sécurité des technologies de mSanté, par ex. via l’élaboration
de normes et de protocoles de certification.
6. Une évaluation approfondie et indépendante doit être menée par des autorités
compétentes disposant des compétences médicales nécessaires de manière
régulière afin d’évaluer la fonctionnalité, les restrictions, l’intégrité des données, la
sécurité et la confidentialité des technologies de mSanté. Ces informations doivent
être mis à la disposition du public.
7. La mSanté peut contribuer à l’amélioration des soins uniquement si les services
sont justifiés médicalement parlant. Lorsque l’utilité clinique a été démontrée, il
conviendrait de le faire savoir dans des publications professionnelles et d’en
assurer la reproduction.
8. Il faut établir des modèles de remboursement adaptés de concert avec les
Associations Médicales Nationales et les prestataires de soins afin que les
médecins soient indemnisés pour leurs activités en matière de mSanté.
9. New
10. Un cadre juridique clair doit être établi afin d’identifier les responsabilités
potentielles liées à l’utilisation des technologies de mSanté.
11. Les médecins recourant aux technologies de mSanté pour soigner devraient tenir
compte de la charte éthique figurant dans la prise de position de l’AMM sur les
principes applicables à l’utilisation de la télésanté pour la fourniture de soins.
12. Il est important de tenir compte des risques liés à une utilisation excessive ou
inadéquate des technologies de mSanté et du possible impact psychologique sur les
patients.
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PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
LE BIEN-ÊTRE DES MÉDECINS
Adoptée par la 66e
Assemblée Générale de l’AMM, Moscou, Russie, Octobre 2015
PREAMBULE
Le bien-être du médecin fait référence à l’optimisation de tous les facteurs impactant la
santé biologique, psychologique et sociale et à la prévention ou au traitement des maladies
aigües ou chroniques des médecins dont les maladies mentales, les handicaps et blessures
liés aux dangers du travail, le stress professionnel et l’épuisement.
Le bien-être du médecin pourrait avoir un impact positif sur les soins aux patients mais
davantage de recherches sont nécessaires. La profession devrait donc encourager et
soutenir les recherches en cours sur la santé du médecin. Les preuves déjà existantes
devraient être mises à profit dans les politiques et la pratique. Les médecins sont enclins à
avoir des habitudes saines mais il est essentiel de favoriser leur santé en tant que moyen
d’améliorer la santé de la population entière.
A tous les stades de leur carrière, les médecins et les étudiants en médecine sont exposés à
la fois à des expériences positives et à une série de facteurs de stress et de blessures au
travail. La profession médicale devrait chercher à identifier et à réviser les politiques et les
pratiques contribuant à ces facteurs de stress, collaborer avec les AMN afin d’établir des
politiques et pratiques ayant un effet protecteur. Comme tous les êtres humains, les
médecins tombent malades et ont également des obligations familiales et d’autres
engagements en dehors de leur vie professionnelle dont il faudrait tenir compte.
Leur souci quant au maintien de la confidentialité et leur sentiment de mal à l’aise dans le
rôle du patient sont une raison expliquant pourquoi les médecins tardent à demander de
l’aide. Ils ressentent également un sentiment de responsabilité vis-à-vis de leurs patients et
sont sensibles aux attentes extérieures concernant leur santé. Les médecins doivent donc
avoir la certitude de bénéficier du même droit à la confidentialité que tout autre patient
lorsqu’ils cherchent à se faire soigner ou sont soignés. Le système de santé devrait peut-
être prévoir des dispositions spéciales pour les patients-médecins afin que soient garanties
la protection de la vie privée et la confidentialité. La prévention, l’assistance précoce et
l’intervention devraient être disponibles distinctement de toute procédure disciplinaire.
MENACES, OBSTACLES ET OPPORTUNITES POUR LE BIEN-ETRE DU MEDECIN
Rôles et attentes professionnelles
La profession médicale attire souvent les individus mus par un fort sens du devoir. Le fait
de réussir le long et intense cursus de formation confère aux médecins un grand respect et
de grandes responsabilités dans leurs communautés.
S-2015-02-2015 ⏐ Moscou
Bien-être des Médecins
Compte tenu de ce haut niveau de respect et de responsabilité les médecins suscitent
beaucoup d’attente de la part des patients, du public. Ces attentes peuvent contribuer à
donner la priorité à la prise en charge des autres et non pas de soi-même, générer un
sentiment de culpabilité et d’égoïsme s’ils s’occupent de leur propre bien-être.
Il existe une relation directe entre les pratiques de santé préventives des médecins et celles
des patients. Cette relation devrait encourager les systèmes de santé à mieux soutenir et
évaluer l’impact sur les patients d’une amélioration de la santé des médecins et des
étudiants en médecine.
Environnement de travail
Les conditions de travail dont la charge de travail et les horaires de travail jouent sur la
motivation du médecin, sur la satisfaction que lui procure le métier, sur sa vie personnelle
et sa santé psychologique tout au long de sa carrière.
Souvent les médecins sont perçus comme immunisés contre toute blessure et maladie
puisqu’ils s’occupent de leurs patients. La santé sur le lieu de travail et les programmes de
sécurité peuvent être occultés. Les médecins employés par de petites organisations ou à
leur compte peuvent même courir davantage de risques de maladies professionnelles et ne
pas avoir accès aux programmes de santé et de sécurité mis en place par les grands
établissements de santé.
De par leur mission professionnelle, les médecins et ceux en formation postdoctorale sont
souvent confrontés à des situations émotionnellement dures et traumatisantes, notamment
la souffrance, les traumatismes et la mort des patients. Les médecins peuvent également
être exposés à des dangers physiques tels que des radiations, le bruit, un manque
d’ergonomie et des dangers biologiques tels que VIH, TB et hépatite.
Certains systèmes de santé peuvent amplifier le stress en raison de la hiérarchie et de la
concurrence inhérente à ces systèmes. Les médecins en formation postdoctorale et les
étudiants en médecine peuvent être victimes de harcèlement et de discrimination au cours
de leur cursus médical. En raison de leur place dans la hiérarchie médicale, ils ne sont
peut-être pas en mesure de faire face à de tels comportements.
L’autonomie est l’un des facteurs essentiels participant à la satisfaction des médecins. Les
pressions croissantes exercées par la réglementation externe comme par exemple l’accent
indu mis sur la rationalisation des coûts et les conséquences liées au signalement des
erreurs médicales peuvent jouer sur la décision médicale et nuire à l’autonomie du
médecin.
Maladie
Même si les professionnels de la médecine reconnaissent qu’il est préférable d’identifier
et de traiter précocement la maladie, les médecins ont souvent tendance à cacher leur
propre maladie et à poursuivre leur exercice sans demander d’aide jusqu’à ce qu’ils ne
soient plus capables d’accomplir leur tâche. Il existe de nombreux obstacles potentiels à la
demande de soins de la part d’un médecin : déni, confidentialité, aversion pour la position
de patient, assurances, crainte de mesures disciplinaires et possible perte des privilèges
professionnels, perte financière basée sur la performance et l’efficacité de
l’automédication. En raison de ces obstacles, les médecins sont fréquemment peu enclins à
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Manuel des Politiques de l’AMM
se soigner ou à se faire soigner.
Les maladies peuvent être d’ordre mental et comportemental, physique. Il peut s’agir
d’épuisement, de problèmes de communication et de relations, de troubles cognitifs,
d’addiction à des médicaments. Ces problèmes et ces maladies peuvent se cumuler et se
produire tout au long de la vie professionnelle depuis la formation médicale de base
jusqu’à la retraite. Il est important de reconnaître l’importance du continuum de bien-être
du médecin, depuis une santé optimale jusqu’à une maladie mineure et une maladie
débilitante.
L’abus de médicaments peut perturber la vie personnelle du médecin et nuire également
beaucoup à sa capacité de prise en charge des patients. Un accès facile aux médicaments
peut faire courir aux médecins le danger d’abuser de drogues douces et de médicaments.
L’assistance avant la perte de capacités professionnelles préserve les médecins, leur
crédibilité professionnelle et leurs patients.
Une meilleure promotion du bien-être, des stratégies de prévention et une intervention
précoce peuvent atténuer la gravité des maladies mentales et physiques et aider à réduire
l’incidence des suicides chez les médecins, ceux en formation postdoctorale et les
étudiants en médecine.
RECOMMANDATIONS
L’Association Médicale Mondiale recommande à toutes les Associations Médicales
Nationales (AMN) de reconnaître et si possible de suivre les recommandations suivantes :
1. En partenariat avec les facultés de médecine et le milieu professionnel, les AMN
reconnaissent leur devoir d’éduquer à tous les niveaux sur le bien-être des
médecins. Les AMN devraient promouvoir d’une manière collaborative la
recherche pour établir les meilleures pratiques pour favoriser la santé des médecins
et déterminer l’impact du bien-être des médecins sur les soins aux patients.
2. Le bien-être des médecins devrait être encouragé et assuré au sein et à l’extérieur
du lieu de travail. Il peut s’agir entre autres de traitements médicaux, de conseils,
de réseaux de soutien, de programmes de santé reconnus et spécifiques aux
médecins, de réhabilitation professionnelle et de programmes de prévention
primaires dont la formation à la résilience et à la gestion des cas.
3. Les AMN devraient être conscientes de la forte corrélation entre les pratiques de
santé personnelles des patients et des médecins. C’est là une autre raison majeure
de promotion de la santé des médecins de la part des systèmes de santé.
4. Les programmes de santé destinés aux médecins peuvent aider tous les médecins à
s’aider eux-mêmes d’une manière proactive via des stratégies de prévention. Ils
peuvent aussi aider les médecins malades via un examen d’évaluation, la
prescription d’un traitement et un suivi. Les programmes et les ressources
favorisant la santé psychologique devraient être disponibles pour tous les
médecins. Une identification et une intervention précoces ainsi que des
dispositions spéciales pour la prise en charge des médecins-patients devraient
exister pour préserver la santé des médecins. Encourager une culture d’assistance
et d’acceptation est essentiel pour une prise en charge et une intervention précoces
S-2015-02-2015 ⏐ Moscou
Bien-être des Médecins
et réussies.
5. Les médecins risquant d’abuser de l’alcool ou de médicaments devraient avoir
accès un traitement adéquat et confidentiel et un grand soutien professionnel. Les
AMN devraient développer des programmes de retour à la vie professionnelle pour
les médecins avec une supervision appropriée à la fin de leur période de traitement.
Il faudrait davantage de recherches pour déterminer les meilleures pratiques de
prévention de l’abus de substances parmi les médecins et ceux en formation
postdoctorale.
6. Les médecins ont droit à des conditions de travail qui les aident à limiter les
risques d’épuisement et qui leur donnent la possibilité de prendre soin de leu santé
en équilibrant leurs engagements professionnels et leur vie et responsabilités
personnelles. Un nombre d’heures de travail consécutives et des horaires de travail
raisonnables, des périodes de repos et des congés adaptés font partie des
conditions de travail optimales. Les organisations concernées devraient travailler
sur l’autonomie professionnelle et l’équilibre entre vie professionnelle et vie
personnelle. Elles devraient impliquer les médecins dans les décisions concernant
leur vie professionnelle. Les conditions de travail ne devraient pas compromettre la
sécurité des patients ou des médecins. Enfin, les médecins devraient participer en
tant que partenaires et leaders dans l’établissement de conditions de travail
optimales.
7. Les postes de travail devraient promouvoir des conditions propices à des modes de
vie sains dont l’accès à des choix alimentaires, à de l’exercice physique, à des
conseils diététiques et à un soutien pour arrêter de fumer.
8. Les médecins, ceux en formation postdoctorale et les étudiants en médecine ont le
droit de travailler dans un lieu où ne règnent pas le harcèlement et la violence. Cela
inclut d’être dispensé d’attaques verbales et physiques.
9. Les médecins, ceux en formation postdoctorale et les étudiants en médecine ont le
droit à un lieu de travail basé sur la collaboration et sécurisé. Les lieux de travail
devraient favoriser le travail d’équipe interdisciplinaire. La communication entre
les médecins et tous les autres professionnels sur le lieu de travail devrait se
dérouler dans un esprit de coopération et de respect. Il faudrait prendre en
considération l’éducation à la communication, à la prise de conscience et au
travail d’équipe.
10. Le personnel médical devrait être formé à la communication et à l’identification, à
l’approche et à la communication avec les personnes potentiellement violentes. Les
établissements de santé devraient les protéger de la violence et instaurer des
contrôles routiniers des risques de violence, notamment dans les hôpitaux
psychiatriques et les services d’urgence. Le personnel victime de violence ou
signalant la violence devrait être soutenu par la direction et se voir offrir une
assistance médicale, psychologique et juridique.
11. Les facultés de médecine et les centres hospitaliers universitaires devraient
installer et entretenir des services confidentiels pour les médecins en formation
postdoctorale et les étudiants en médecine, sensibiliser davantage à de tels
programmes et à leur accès. Les lieux de travail devraient penser à proposer des
consultations médicales aux médecins en formation postdoctorale afin d’identifier
tout problème de santé à la fin de la formation postdoctorale.
12. Le soutien pour tous les médecins sur le lieu de travail devrait être facilement
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Manuel des Politiques de l’AMM
accessible et confidentiel. Les médecins examinant et traitant leurs confrères ne
devraient pas avoir à faire un rapport sur les soins prodigués au médecin-patient à
l’image ce qui se pratique pour les patients non médecins.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2015-03-2015
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
L’AIDE FOURNIE AUX ENFANTS DES RUES
Adoptée par la 66e
Assemblée Générale de l’AMM, Moscou, Russie, Octobre 2015
PREAMBULE
L’AMM reconnaît que la présence d’enfants dans les rues est inadmissible dans une
société même si cette situation est difficilement inévitable dans de nombreux pays au
monde.
L’AMM entend sensibiliser la société civile et médicale au rôle fondamental du contact
médical pour améliorer la situation des enfants des rues. Dans ce contexte le premier
contact avec les enfants des rues doit reposer sur la confiance. Le contact médical avec les
autres professionnels de santé et les travailleurs sociaux doit donc être envisagé comme
une première approche visant à resocialiser les enfants des rues en instaurant la confiance
entre le médecin et l’enfant de la rue. Ensuite une approche davantage pluridisciplinaire et
pluridimensionnelle peut suivre afin d’améliorer le bien-être des enfants des rues.
L’enfance et l’adolescence sont la période initiale d’un long processus de croissance
physique, psychique, culturel et social.
La bonne santé de la jeunesse détermine la santé de la population de demain.
La jeunesse contribue à la cohésion sociale et constitue l’une des richesses d’un pays.
Agir sur les déterminants sociaux de la santé est essentiel pour parvenir à l’équité en
matière de santé ; les déterminants sociaux, aboutissant à l’apparition et au développement
du phénomène des « enfants des rues », sont multiples et complexes.
Vivre dans les rues nuit à la santé de ces enfants, aussi bien en termes de risques sanitaires
supplémentaires encourus que de non accès aux soins de santé et à la prévention ; les
enfants des rues sont plus particulièrement vulnérables aux maladies graves et aux
blessures traumatiques. De plus, les enfants des rues ne bénéficient pas de soins préventifs
et de soins permanents car ils changent souvent de lieu.
La santé des enfants demeure critique et s’est encore dégradée du fait de la crise financière
et économique mondiale qui entraîne des ruptures familiales, des soulèvements sociaux,
un arrêt des soins de santé et une déscolarisation.
Les enfants sont victimes de discriminations liées au genre, à l’origine ethnique, à la
langue, à la religion, à l’opinion politique, au handicap, au statut social ou à la migration
des populations ; les enfants des rues sont particulièrement vulnérables aux abus, à la
violence, à l’exploitation, à l’instrumentalisation dont les trafics d’enfants.
L’enfant sans domicile fixe est souvent méconnu, tant sur le plan national qu’international
S-2015-03-2015 ⏐ Moscou
Aide Fournie Aux Enfants des Rues
car c’est une situation difficile à quantifier et à évaluer.Le bien-être du médecin fait
référence à l’optimisatio
RECOMMANDATIONS
1. L’AMM condamne fermement les violations des droits des enfants vivant dans la
rue et les atteintes à ces droits, tout particulièrement la discrimination, et la
stigmatisation et leur exposition aux abus, à la violence, à l’exploitation et à
l’instrumentalisation dont le trafic des enfants.
2. L’AMM en appelle aux gouvernements pour qu’ils étudient les facteurs amenant
des enfants à vivre dans les rues et qu’ils travaillent à appliquer toute la législation
spécifique et les systèmes de protection pour réduire les implications sanitaires
pour ces enfants mis dans une telle situation. Les autorités nationales sont dans
l’obligation de prendre en charge tous les enfants et si nécessaire de les
accompagner pour retrouver une vie normale. Cela implique aussi de protéger ces
enfants des risques sanitaires tels que les drogues, le sida, la cigarette et l’alcool.
3. L’AMM en appelle aux gouvernements, aux associations médicales nationales et
aux professionnels de santé pour qu’ils prennent davantage conscience de
l’ampleur du phénomène, et qu’ils organisent des campagnes de prévention et de
sensibilisation. Ces enfants doivent pouvoir accéder à toute l’étendue de la
protection sanitaire et sociale nécessaire.
4. L’AMM demande à toutes les associations médicales nationales de collaborer
avec leurs homologues juridiques, gouvernements, professionnels de santé et
autorités publiques afin de garantir les droits fondamentaux des enfants,
population particulièrement vulnérable et donc à protéger, notamment l’accès aux
soins et à l’éducation. Le droit à l’alimentation et à un logement devrait être
garanti et toute forme de discrimination ou d’exploitation doit être prohibée.
5. L’AMM condamne toute évaluation abusive de l’âge recourant à des
investigations cliniques ou para cliniques insuffisamment fiables. Les adolescents
jusqu’à leur majorité doivent jouir de leur statut d’enfant mineur, tel que reconnu
par la Convention internationale des droits de l’enfant des Nations Unies.
6. L’AMM exhorte les médecins à rester vigilants afin d’apporter tout le soutien
nécessaire à une prise en charge adéquate et globale des « enfants des rues ». Les
médecins doivent être conscients que l’absence de domicile fixe est un problème
très répandu. Ils doivent savoir quelles sont les personnes sans domicile fixe dans
leur propre patientèle; ils sont encouragés à rétablir une relation de confiance avec
ces enfants et à s’impliquer dans les programmes d’aide sociale et de défense.
7. L’AMM affirme que tout devrait être mis en œuvre pour que tous les enfants, en
particulier ceux sans domicile fixe accèdent à un environnement psychosocial
adapté et équilibré, respectueux de leurs droits, dont celui à la santé.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2015-04-2015
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
LES AGENTS CHIMIQUES ANTI-ÉMEUTES
Adoptée par la 66e
Assemblée Générale de l’AMM, Moscou, Russie, Octobre 2015
PREAMBULE
Les armes chimiques sont depuis longtemps un sujet de préoccupation. Malgré cela, on a
utilisé massivement les gaz toxiques au cours de la première guerre mondiale ce qui donné
lieu à un appel du Comité International de la Croix Rouge (CICR) en février 1918 pour un
arrêt de leur utilisation.
Ont alors vu le jour la convention sur les armes biologiques et à toxines en 1972 (CABT)
et la convention pour l’interdiction des armes chimiques (CIAC) de 1993.
Tous les pays au monde sauf six ont signé et ratifié la CIAC, et deux de plus l’ont signée
mais non encore ratifiée. C’est donc une convention presque universellement acceptée.
Les conventions interdisent la mise au point, la production et le stockage des armes
chimiques en plus de leur utilisation durant les guerres et demandent des mesures pour
démanteler ou détruire les stocks existants. La CIAC autorise cependant le recours à des
produits chimiques spécifiques pour faire appliquer les lois nationales et contrôler les
émeutes. Cela signifie que les Etats pourraient détenir des stocks de certains agents. Les
agents chimiques anti émeutes ne peuvent toutefois pas être utilisés pour des guerres ;
l’exclusion est passée dans le droit coutumier et leur utilisation est donc permise
uniquement dans le cadre national.
Même s’il existe un intérêt académique et militaire pour ce que l’on appelle souvent les
armes non létales, l’incidence de la morbidité et de la mortalité liée à l’utilisation des
armes n’est pas un critère retenu pour l’interdiction. Une approche à plusieurs niveaux
basée sur les degrés de létalité d’armes spécifiques est contraire à la philosophie des deux
conventions.
En cas d’importants troubles publics et de coups d’état ou autres, les gouvernements
peuvent hélas décider d’employer des agents chimiques anti émeutes. Même s’ils ne
violent pas les principes de la CIAC, leur emploi peut toujours occasionner des problèmes
médicaux, juridiques et éthiques.
Les agents chimiques anti émeutes sont conçus pour dissiper les émeutiers et ne devraient
donc pas causer des blessures directes persistantes ou des morts. Tout comme les autres
agents, la manière dont ils sont utilisés déterminera la dose d’exposition. Leur capacité à
chasser les manifestants pour réduire l’exposition peut aussi avoir un impact. On sait que
les facteurs individuels dont la santé en général et l’âge influent sur la réaction d’un
individu exposé à l’agent chimique.
S-2015-04-2015 ⏐ Moscou
Armes Chimiques
Des agents chimiques tels que les gaz lacrymogènes libérés dans un petit espace clos
exposeront les personnes à des doses bien plus fortes que celles normalement libérées au
cours des émeutes et génèreront une plus forte morbidité et potentiellement la mort.
Les agents chimiques anti émeutes utilisés abusivement provoquent de graves dommages
ou la mort des manifestants, exposent les individus à des doses excessives ou sont utilisés
pour réprimer les manifestants. Ils peuvent conduire à une violation des droits humains
touchant les personnes concernées, notamment le droit à la vie (article 3), le droit à la
liberté d’expression (article 19) et le droit à la liberté de réunion et d’association
pacifiques (article 20) de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme
Les gouvernements autorisant le stockage et l’utilisation de tels agents par leur police et
leurs services de sécurité sont priés de réfléchir aux conséquences fatales de leur
utilisation. Il est demandé aux gouvernements de veiller à une utilisation correcte
minimisant les risques de forte morbidité et de mortalité.
RECOMMANDATIONS
1. L’AMM reconnaît que l’utilisation inappropriée des agents chimiques anti émeutes
met en danger la vie des personnes ciblées et expose les gens autour, s’apparentant
ainsi à une violation potentielle de leurs droits humains, notamment le droit à la
vie, le droit à la liberté d’expression et le droit à la liberté de réunion et
d’association pacifiques comme stipulé dans la Déclaration Universelle des Droits
de l’Homme;
2. Lorsque des agents chimiques anti émeutes sont utilisés, l’AMM exhorte les Etats
à le faire d’une façon appropriée afin de minimiser le risque de graves dommages
pour les personnes et d’interdire leur usage en présence de populations vulnérables
telles que les enfants, les personnes âgées ou les femmes enceintes ;
3. L’AMM insiste sur le fait que les agents chimiques anti émeutes ne devraient
jamais être utilisés dans des espaces clos où les concentrations chimiques peuvent
atteindre des niveaux dangereux et où les personnes ciblées ne peuvent se dégager
des zones où ces agents sont très concentrés.
4. L’AMM insiste pour que les Etats forment la police et les autres services de
sécurité sur l’utilisation sûre et légale des agents chimiques anti émeutes afin de
minimiser les risques de dommages quand ils sont employés. Cela doit inclure
l’évacuation rapide de tout individu apparemment souffrant d’une forte exposition,
le non ciblage des personnes et la non utilisation excessive de l’agent ;
5. L’AMM insiste pour que les Etats pénalisent les individus qui font un abus
excessif des agents chimiques anti émeutes et qui mettent délibérément en
danger la vie des personnes et leur sécurité par l’utilisation inadéquate d’agents.
De telles utilisations excessives menant à de graves dommages physiques ou à la
mort des individus devraient faire l’objet d’enquêtes par des experts indépendants.
6. L’AMM demande un accès libre et protégé du personnel de santé afin qu’il puisse
remplir sa mission de secours des blessés comme stipulé dans la « Déclaration de
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2015-04-2015
Manuel des Politiques de l’AMM
l’AMM sur la protection des personnels de santé dans des situations de violence ».
7. Compte tenu des graves difficultés et risques pour la santé et la vie liés à
l’utilisation de tels agents chimiques anti émeutes, l’AMM recommande que les
Etats s’abstiennent de les utiliser dans toutes circonstances.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2015-05-2015
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
LES PERSONNES TRANSSEXUELLES
Adoptée par la 66e
Assemblée Générale de l’AMM, Moscou, Russie, Octobre 2015
PREAMBULE
Dans la majorité des cultures, le sexe d’une personne est déterminé le jour de sa naissance
selon des caractéristiques physiques basiques. Les personnes sont censées s’identifier au
sexe tel que défini (identité sexuelle) et se comporter selon des normes culturelles
spécifiques, grandement associées à leur expression sexuelle. L’identité sexuelle et
l’expression sexuelle constituent le concept de « sexe » proprement dit.
Certaines personnes expérimentent différentes manifestations de sexe non conformes à
celles typiquement associées à leur sexe à la naissance (« transsexualité »). Le terme «
transsexualité » se réfère aux personnes qui vivent une inadéquation de sexe que l’on
définit comme un décalage entre le sexe d’une personne et le sexe qui lui a été attribué à la
naissance.
Tout en concédant qu’il s’agit d’une question éthique complexe, l’AMM aimerait
souligner le rôle crucial joué par les médecins qui conseillent et consultent les personnes
transsexuelles et leurs familles sur les traitements désirés. L’AMM souhaite que cette prise
de position serve de guide dans le cadre des relations patient – médecin et à promouvoir
une meilleure formation afin que les médecins aient des connaissances plus complètes sur
la transsexualité, qu’ils soient davantage sensibilisés aux personnes transsexuelles et aux
questions de santé les concernent spécifiquement.
La transsexualité peut se vivre sous plusieurs formes. Certaines personnes tout en ayant
un sexe bien identifiable anatomiquement, cherchent à modifier totalement leurs
caractéristiques sexuelles primaires et secondaires et leur rôle sexuel afin de vivre comme
une personne du sexe opposé (transsexualité). D’autres personnes choisissent de
s’identifier sexuellement autrement que sur un mode binaire mâle ou femelle («
genderqueer »). Le terme générique « transsexuel » est une tentative de décrire ces
groupes sans stigmatisation ou caractérisation pathologique. On l’utilise aussi dans le but
d’une auto-identification positive. Cette prise de position ne traite pas explicitement des
individus qui s’habillent seulement dans un style ou d’une façon traditionnellement
associée au sexe opposé (par ex. les travestis) ou des individus nés avec des attributs
physiques des deux sexes très variés (intersexualité). Il y a cependant des travestis et des
individus intersexes qui s’identifient comme étant des transsexuels. Etre travesti ou
intersexe n’exclut pas le fait de pouvoir aussi être transsexuel. Il est important de
souligner que la transsexualité fait référence à l’identité sexuelle et doit être considérée
distinctement de l’orientation sexuelle d’une personne.
Même si la transsexualité n’implique pas des troubles mentaux, les transsexuels peuvent
avoir besoin de conseils pour mieux comprendre leur sexe et faire face aux questions
S-2015-05-2015 ⏐ Moscou
Personnes Transsexuelles
sociales et relationnelles complexes apparentées. Le manuel diagnostic et statistique des
troubles mentaux de l’Association Américaine de Psychiatrie (DSM-5) utilise le terme «
dysphorie sexuelle » pour identifier les gens qui vivent cliniquement des situations de
détresse grave consécutives à leur inadéquation sexuelle.
Les preuves suggèrent qu’un traitement à base d’hormones sexuelles ou une intervention
chirurgicale peuvent être bénéfiques aux personnes souffrant d’une dysphorie sexuelle
prononcée et durable et qui cherchent à changer de sexe. Les transsexuelles se voient
cependant souvent refuser l’accès à des soins adéquats (par ex. hormones, chirurgies, soins
psychiques) en raison, entre autres, de la politique des compagnies d’assurance, du régime
de prestations de la sécurité sociale nationale ou d’un manque de compétences cliniques
et culturelles des prestataires de soins. Les personnes transsexuelles risquent davantage de
renoncer aux soins de santé par crainte d’une discrimination.
Professionnellement et socialement, les transsexuels sont souvent désavantagés et
subissent une discrimination directe ou indirecte ainsi qu’une violence physique. En plus
de se voir refuser les mêmes droits civils, la législation sur la discrimination qui protège
les autres groupes minoritaires peut parfois ne pas inclure les transsexuels. Vivre les
désavantages et la discrimination peut avoir un impact négatif sur la santé physique et
mentale.
RECOMMANDATIONS
1. L’AMM souligne le fait que chacun a le droit de déterminer son propre sexe et
reconnaît la diversité des possibilités dans ce domaine. L’AMM demande aux
médecins de respecter le droit de toute personne à l’auto identification en matière
de sexe.
2. L’AMM affirme que l’inadéquation sexuelle n’est pas en soi un maladie mentale ;
elle peut toutefois mener à un inconfort ou à une détresse que l’on désigne sous le
terme dysphorie sexuelle (DSM-5).
3. L’AMM affirme qu’en général toute procédure ou traitement médical lié à la
transsexualité d’une personne, par ex. interventions chirurgicales, thérapie
hormonale ou psychothérapie, requiert le libre consentement éclairé et explicite du
patient.
4. L’AMM demande instamment à ce que tout soit tenté pour mettre en place des
soins personnalisés, pluridisciplinaires et interdisciplinaires des personnes
transsexuelles (y compris des thérapies par la parole, des traitements hormonaux,
des interventions chirurgicales et des soins psychiques) et qu’ils soient accessibles
à tous ceux vivant une inadéquation sexuelle afin de réduire ou de prévenir une
dysphorie sexuelle prononcée.
5. L’AMM rejette clairement toute forme de traitement coercitif ou de modification
forcée du comportement. Les soins des transsexuels visent à permettre à ces
personnes d’avoir la meilleure qualité de vie possible. Les Associations Médicales
Nationales devraient agir dans leurs pays afin d’identifier et combattre les obstacles
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2015-05-2015
Manuel des Politiques de l’AMM
aux soins.
6. L’AMM demande la mise en place de formations spécialisées pour les médecins à
tous les stades de leur carrière afin de leur permettre d’identifier et d’éviter toute
pratique discriminatoire et de fournir des soins appropriés et empreints de
sensibilité.
7. L’AMM condamne toutes les formes de discrimination, de stigmatisation et de
violence contre les personnes transsexuelles et demande des mesures juridiques
appropriées pour protéger leurs droits civiques. En tant que modèles, les médecins
devraient mettre à profit leurs connaissances médicales pour lutter contre les
préjudices dans ce domaine.
8. L’AMM réaffirme qu’aucune personne, quel que soit son sexe, son ethnie, son
statut socio-économique, sa maladie ou handicap, devrait être soumise ou
contrainte à une stérilisation durable (prise de position de l’AMM sur la
stérilisation forcée et contrainte). Cela concerne également la stérilisation comme
condition à remplir pour corriger le sexe enregistré sur les documents officiels suite
à un changement de sexe.
9. L’AMM recommande que les gouvernements maintiennent une vigilance en
matière de droits aux soins de santé des personnes transsexuelles, en menant des
recherches sur les services de santé au niveau national et en utilisant les résultats
pour établir des politiques sanitaires et médicales. L’objectif devrait être d’avoir un
système de santé réactif travaillant avec les personnes transsexuelles afin
d’identifier pour elles les meilleures options thérapeutiques.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2015-06-2015
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
LA CARENCE EN VITAMINE D
Adoptée par la 66e
Assemblée Générale de l’AMM, Moscou, Russie, Octobre 2015
PREAMBULE
La vitamine D joue un rôle majeur dans le métabolisme du calcium et des os. Les valeurs
normales sont 75-100 nmol/L (30-40 ng/ml). Une carence en vitamine D est constatée si le
taux sérique de l’hydroxy-vitamine D est inférieur à 50nmol/L (20 ng/ml), une
insuffisance s’il se situe entre 50 – 75 nmol/L (20-30 ng/ml).
Les études prouvent que la vitamine D est essentielle également pour la santé et le bien-
être en général. Dans le corps la vitamine D est produite lors d’une exposition au soleil et
à moindre degré via l’alimentation.
La vitamine D existe sous deux formes : la vitamine D3 (cholécalciférol chez les humains
et autres mammifères) et la vitamine D2 (ergocalciférol dans les plantes). Les deux ont un
métabolisme identique. La vitamine D3 est plus active que la vitamine D2.
La concentration sérique du métabolite de la vitamine D3produit au foie, la 25-hydroxy-
vitamine D, est considérée comme le meilleur biomarqueur du taux de vitamine D.
La carence en vitamine D est une importante question de santé dans le monde entier. On
estime que près d’un tiers de la population présente de faibles concentrations sériques de
vitamine D.
De nombreuses études ont montré qu’une carence en vitamine D affecte la croissance et
le développement. Les récepteurs de la vitamine D étant largement distribués dans les
tissus, une carence en vitamine D s’accompagne de troubles musculosquelettiques
(ostéoporose), de chutes, fractures, pathologies auto-immunes, maladies inflammatoires
chroniques, diabète type 2, problèmes cardiovasculaires, troubles neurologiques et
psychiatriques. Les groupes à risques sont les jeunes enfants, les personnes âgées et les
femmes enceintes. Les déterminants essentiels d’une carence en vitamine D incluent une
exposition réduite au soleil, une mauvaise alimentation, les aliments fortifiants, la prise de
compléments alimentaires.
RECOMMANDATIONS
Au vu de la forte occurrence de la carence/déficit en vitamine D, il est souhaitable d’attirer
l’attention sur des actions de prévention appropriées dans les populations à risques. Une
analyse de sang suffit pour déterminer le taux de vitamine D et une supplémentation par
voie orale est une méthode de traitement simple. L’exposition au soleil n’est généralement
S-2015-06-2015 ⏐ Moscou
Carence en Vitamine D
pas recommandée car elle peut accroître les risques de cancer de la peau.
L’Association Médicale Mondiale recommande que les Associations Médicales
Nationales :
• Soutiennent la recherche continuelle sur la vitamine D et ses métabolites
• Eduquent les médecins sur l’évolution de la science concernant la vitamine D et
sur son impact sur la santé (documents, brochures, posters)
• Encouragent les médecins à faire analyser les concentrations sériques de la des
patients à risques en matière de carence en vitamine D.
• Pilotent la rédaction de recommandations diététiques pour la vitamine D.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2015-07-2015
Manuel des Politiques de l’AMM
DIRECTIVES DE L’AMM
POUR LES INTERVENTIONS
MÉDIATIQUES PROMOTIONNELLES DES MÉDECINS
Adoptée par la 66e
Assemblée Générale de l’AMM, Moscou, Russie, Octobre 2015
Les media peuvent effectivement jouer différents rôles sur le plan de la communication
médicale. Les médecins en tant qu’experts et professionnels peuvent contribuer à une
meilleure santé publique en donnant des informations correctes sur la santé au public. Les
média constituent un canal par lequel les médecins peuvent apporter leur contribution à la
société via des interventions médiatiques positives.
Toutefois de plus en plus de médecins interviennent fréquemment dans les media pour
recommander des traitements ou des produits de santé non avérés et pour exploiter leurs
interventions à des fins de marketing. Cela pose un gros problème. Le public risque
d’accepter facilement les recommandations sans fondement de certains médecins et d’en
attendre des résultats irréalistes. La confusion et la déception en résultant peuvent alors
saper la relation médecin-patient.
Cette question est plus grave dans certains pays où les systèmes médicaux sont différents
et comportent aussi des médecines alternatives.
RECOMMANDATIONS
L’AMM recommande les directives suivantes concernant les interventions médiatiques
des médecins afin de leur éviter une implication dans des activités commerciales
éventuellement compromettantes sur le plan de l’éthique professionnelle et afin de
contribuer à la protection des patients en veillant à ce que les médecins diffusent des
informations exactes, actuelles et objectives.
Diffusion précise et objective d’informations médicales scientifiquement avérées
Lors de leurs interventions dans les media, les médecins devront fournir des informations
objectives et basées sur la preuve et ne pas recommander des procédures médicales ou des
produits non avérés ou justifiés médicalement.
Un médecin ne devra pas employer des expressions pouvant favoriser des attentes
irréalistes de la part des patients ou tromper le public sur la fonction et l’effet des
procédures médicales, des médicaments ou d’autres produits.
Les médecins devront inclure des informations importantes, y compris les possibles effets
indésirables et les risques lorsqu’ils expliqueront les procédures médicales, les
médicaments ou d’autres produits.
S-2015-07-2015 ⏐ Moscou
Interventions Médiatiques Promotionnelles des Médecins
Ne pas abuser des média à des fins publicitaires
Les médecins ne devraient pas recommander de produits spécifiques, soit en présentant
spécifiquement, soit en mettant intentionnellement en avant le nom ou la marque d’un
produit.
Les médecins devront être prudents quant à leurs interventions personnelles dans des
programmes de télé achats. Le médecin ne devrait percevoir aucune rémunération pour les
produits vendus.
Les médecins ne devront pas participer à une publicité sur les média portant sur des
produits nocifs pour l’être humain et/ou l’environnement.
Préservation de l’intégrité professionnelle
Les médecins ne devront pas réclamer ou bénéficier d’avantages économiques pour leurs
interventions médiatiques autres que des honoraires classiquement demandés pour une
intervention.
Les médecins ne devront pas offrir d’avantages économiques au personnel des média afin
de s’assurer de leurs interventions médiatiques.
Les médecins ne devront pas s’impliquer dans la promotion, la vente ou la publicité de
produits commerciaux et ne devront pas tenir des propos mensongers ou exagérés
concernant leurs qualifications, comme par ex. leur parcours académique, leur expérience
professionnelle, leur spécialité médicale et se déclarer comme spécialiste, au bénéfice
d’intérêts économiques d’une quelconque entité commerciale.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2016-01-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
LE VIEILLISSEMENT
Adoptée par la 67e
Assemblée Médicale Mondiale, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
PREAMBULE
La longévité augmente dans le monde à un rythme inégalé jusqu’à présent. Au cours du
siècle dernier, l’espérance de vie à la naissance (EVN) a augmenté d’environ 30 ans et
devrait encore augmenter à l’avenir. En 2050 l’EVN devrait être de 74 ans avec un
nombre toujours croissant de pays atteignant 80 ans et plus. En 1950 le nombre total
d’octogénaires et plus était de 14 millions. En 2050 on estime qu’ils seront 384 millions
soit 26 fois plus. En pourcentage, la population des personnes âgées fera plus que doubler
en passant de 10% en 2015 à 22% de la population totale en 2050. Ces améliorations sont
très variables ; bon nombre des communautés les plus pauvres dans tous les pays et un fort
pourcentage de la population dans les pays les plus pauvres ont peu gagné en termes
d’espérance de vie durant cette période.
L’augmentation de la longévité est allée de paire avec une diminution du nombre
d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes. De plus en plus de pays connaissent un taux
de fertilité total inférieur au taux de renouvellement, ce qui augmente l’âge moyen dans
ces pays.
Ces défis liés au vieillissement dans les pays en voie de développement se compliquent
car les infrastructures basiques ne sont pas toujours présentes. Dans certains cas, les
populations des pays en voie de développement vieillissent plus vite qu’au rythme auquel
sont créées les infrastructures.
La longévité est sans aucun doute la principale réalisation sociétale du 20e siècle mais
pourrait devenir un problème majeur au 21e siècle. L’Organisation Mondiale de la Santé
(OMS) définit le vieillissement actif de la manière suivante « Le processus consistant à
optimiser les possibilités de bonne santé, de participation et de sécurité afin d’accroître la
qualité de la vie pendant la vieillesse. ». Cela présuppose une perspective sur toute
l’étendue de la vie car les déterminants influençant le vieillissement agissent tout au long
de la vie d’une personne. Ils comprennent les déterminants comportementaux (styles de
vie), personnels (non seulement les facteurs héréditaires qui ne comptent que pour 25%
dans les chances de bien vieillir mais aussi les caractéristiques psychologiques),
l’environnement physique et les vastes déterminants sociaux et économiques. Tous
agissent à la fois individuellement sur les perspectives d’un vieillissement actif : mais sont
aussi en interaction : plus ils interagissent et se chevauchent, plus les chances d’un
vieillissement individuel actif sont grandes.
S-2016-01-2016 ⏐ Taipei
Vieillssement
PRINCIPES GENERAUX
Dépenses médicales
Il est clairement prouvé que les maladies chroniques font augmenter l’utilisation (et les
coûts) des services de santé plutôt que l’âge en lui-même.
Les maladies chroniques et les handicaps sont cependant davantage courants l’âge aidant.
De ce fait, le recours aux soins de santé et l’augmentation des dépenses vont de pair avec
l’âge.
Dans de nombreux pays, les dépenses de santé pour les personnes âgées ont augmenté au
fil des ans en raison du nombre croissant d’interventions et des nouvelles technologies
existantes pour les problèmes fréquents à un certain âge.
L’impact du vieillissement sur les systèmes de santé
Les systèmes de santé sont confrontés à deux défis majeurs liés à l’allongement de la
longévité : prévenir les maladies chroniques et les handicaps et fournir des soins de grande
qualité avec un bon rapport coût/efficacité, adaptés aux personnes quel que soit leur âge.
Dans les régions moins développées, le fléau des maladies à un âge avancé est plus élevé
que dans les régions plus développées.
Considérations sur les soins de santé spéciaux
Les principales maladies contribuant aux handicaps dans l’ensemble des régions sont les
maladies cardiovasculaires, les cancers, les maladies respiratoires chroniques, les troubles
musculo-squelettiques et les maladies neurologiques et mentales y compris la démence.
Certaines maladies fréquentes à un âge avancé sont particulièrement handicapantes et
doivent être dépistées et traitées précocement.
Les maladies chroniques fréquentes chez les personnes âgées rassemblent les maladies que
l’on peut éviter par des comportements et/ou des modes de vie sains et des services de
santé efficaces en termes de prévention. C’est typiquement le cas des maladies
cardiovasculaires, du diabète, des maladies pulmonaires obstructives chroniques et de
nombreux cancers. D’autres maladies sont plus étroitement liées aux processus de
vieillissement et ne sont pas suffisamment comprises pour les prévenir. Il s’agit de la
démence, de la dépression et de certains troubles musculo-squelettiques et neurologiques.
La recherche peut certes aboutir à la prévention ou à un traitement efficace des handicaps
mais une prise en charge précoce est primordiale pour gérer le handicap et/ou maintenir la
qualité de vie.
Les personnes âgées risquent d’être davantage vulnérables aux conséquences des accidents
chez elles ou à l’extérieur. Cela inclut les risques lors de l’utilisation d’équipements tels
que les véhicules routiers, mais également d’autres dispositifs potentiellement dangereux.
Lorsque les personnes âgées continuent de travailler, ces risques doivent être évalués et
gérés. Celles qui souffrent de blessures peuvent voir leur guérison se compliquer en raison
d’autres vulnérabilités médicales et de comorbidités.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2016-01-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
Considérations pour les professionnels de santé
Habituellement les soins de santé pour les personnes âgées nécessitent des professionnels
différents travaillant en équipe.
L’éducation et la formation des professionnels de santé pour le traitement et la prise en
charge des pathologies fréquentes chez les personnes âgées ne sont généralement pas assez
valorisées dans le cursus universitaire.
Réduire l’impact sur les soins de santé
Des services de santé permanents doivent être assurés urgemment car la population
vieillit. Cela devrait inclure la promotion de la santé, la prévention des maladies, des
traitements curatifs, la réhabilitation, la gestion et la prévention du déclin ainsi que les
soins palliatifs.
Diverses personnes et personnels de santé assurent ces services – qu’il s’agisse des
personnes elles-mêmes, de la famille/autres – parfois de bénévoles ou bien encore de
professionnels publics et d’institutions.
Instauration de systèmes de soins optimaux
La couverture maladie universelle devrait idéalement être accessible à tous, y compris les
personnes âgées.
La grande majorité des problèmes de santé peut et devrait être gérée au niveau de la
communauté. Afin de fournir des soins optimaux au niveau de la communauté et de bien
coordonner les soins dans le temps, il est essentiel de renforcer les services de soins de
santé primaires (SSP).
Pour renforcer les SSP et promouvoir ainsi un vieillissement actif, il faudrait tenir compte
des principes de l’OMS basés sur la preuve pour des SSP adaptés à l’âge dans trois
domaines : information/éducation/communication/formation, systèmes de gestion de la
santé et environnement physique.
Le secteur de la santé devrait encourager les systèmes de santé à soutenir l‘ensemble
des soins fournis aux personnes vieillissantes car la santé est indispensable pour
assurer la qualité de vie.
Spécificités des soins de santé
De nombreux systèmes de santé formels ont été conçus en mettant la priorité sur les «
soins de courte durée ou soins d’urgence » d’une population bien plus jeune, les maladies
transmissibles et/ou les traumatismes étant le principal secteur de focalisation. Les
systèmes de santé devraient mettre l’accent sur d’autres besoins, notamment sur la gestion
des maladies chroniques et le déclin cognitif lorsqu’ils traitent les personnes âgées.
Les services de soins primaires actifs sont certes essentiels à tous les âges mais ils ne
s’axent pas sur le maintien en bonne santé des personnes ou sur le soutien et les soins
permanents nécessaires à la gestion des maladies chroniques. Il convient de changer de
paradigme pour éviter de traiter les maladies chroniques comme s’il s’agissait de maladies
de courte durée.
S-2016-01-2016 ⏐ Taipei
Vieillssement
Les problèmes médicaux à un âge avancé sont souvent corrélés à des problèmes sociaux et
les professionnels de santé doivent tenir compte des deux. Les médecins, notamment les
spécialistes, devraient garder à l’esprit que les patients âgés ont peut-être d’autres
maladies chroniques concurrentes ou des comorbidités qui interagissent et que leur
traitement ne devrait pas provoquer des complications accidentelles et évitables.
Au départ du traitement pharmacologique d’une maladie chronique d’un patient âgé, les
prescripteurs devraient généralement débuter lentement (faibles doses) et avancer
doucement (augmentation des doses) pour satisfaire les besoins spécifique du patient.
Si le patient est incapable de décider pour lui-même en raison d’une forte prévalence de
troubles de la mémoire et cognitifs à un âge avancé, les médecins soignant les patients
âgés devraient communiquer activement avec les familles et fréquemment avec le
personnel soignant afin de mieux les renseigner sur l’état de santé du patient et sur
l’administration des médicaments afin d’éviter les complications.
Face à plusieurs options thérapeutiques, les médecins devraient toujours chercher à savoir
ce que souhaite le patient et reconnaître que pour certains patients la qualité de vie sera
plus importante que les possibles résultats d’options thérapeutiques plus agressives.
Education et formation des médecins
Tous les médecins devraient être bien formés pour diagnostiquer et traiter les problèmes
de santé des personnes âgées. Cela implique d’intégrer les questions de vieillissement dans
le cursus des médecins.
Les soins de santé secondaires pour les personnes âgées devraient être fournis lorsque
nécessaire. Ces soins devraient être holistiques, et inclure les aspects psycho-sociaux et
environnementaux. Les médecins devraient être conscients des risques de mauvais
traitements des personnes âgées et des mesures à prendre lorsque de tels abus sont
identifiés ou suspectés (voir la Déclaration de l’AMM de Hong-Kong sur les mauvais
traitements des personnes âgées).
Tous les médecins, notamment les généralistes, devraient avoir des informations et une
formation pour identifier et prévenir la polythérapeutique et les interactions
médicamenteuses néfastes, éventuellement plus fréquentes chez les patients âgés
La formation permanente des médecins sur des sujets ayant trait aux patients vieillissants
devrait être renforcée afin d’aider les médecins à bien diagnostiquer, soigner et gérer la
prise en charge complexe d’une population vieillissante.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2016-02-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
LES ATTAQUES CYBERNÉTIQUES DES INFRASTRUCTURES DE
SANTÉ ET AUTRES INFRASTRUCTURES ESSENTIELLES
Adoptée par la 67e
Assemblée Médicale Mondiale, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
PREAMBULE
• Les avancées dans le domaine des technologies de l’information (TI) modernes
ouvrent la voie à des améliorations dans la délivrance de soins de santé et
contribuent à rationaliser les procédures médicales, depuis la tenue de dossiers
médicaux jusqu’aux soins des patients. Dans le même temps, la mise en place de
nouvelles et plus sophistiquées infrastructures TI s’accompagne de défis et de
risques dont la menace d’attaques cybernétiques et de violation des données.
• Les menaces pesant sur la sécurité cybernétique sont la face sombre de l’ère de
l’information et de la communication numériques. Les attaques des infrastructures
essentielles et des ressources d’intérêt public vitales dont celles utilisées dans le
secteur de l’énergie, de l’approvisionnement en nourriture et en eau, des
télécommunications, des transports et de la santé, sont en augmentation. Elles
menacent sérieusement la santé et le bien-être du public en général.
• Avec la prolifération des dossiers médicaux et des systèmes de facturation
électroniques, le secteur de la santé est aujourd’hui particulièrement exposé aux
intrusions cybernétiques et une cible de choix pour les cybercriminels. Les
structures de santé et les partenaires commerciaux depuis le plus petit cabinet
médical privé jusqu’aux grands hôpitaux sont vulnérables non seulement aux vol,
altérations et à la manipulation des dossiers médicaux électroniques des patients et
des dossiers financiers mais aussi aux atteintes de plus en plus sophistiquées des
systèmes. Elles risquent de mettre en danger leurs capacités à prendre en charge les
patients et à répondre aux urgences sanitaires. La menace particulièrement
déconcertante est celle touchant au droit fondamental des patients en termes de
confidentialité et de sécurité. De plus, la réparation des dommages provoqués par
des attaques cybernétiques réussies peut être très onéreuse
• Les dossiers des patients exigent aussi une protection car souvent ils contiennent
des informations personnelles sensibles pouvant être utilisées par des criminels
pour accéder aux comptes bancaires, voler des identités ou obtenir des
prescriptions de manière illégale. C’est pourquoi souvent ils valent bien plus sur le
marché noir que les seules informations concernant des cartes de crédit. Des
modifications ou des utilisations abusives des dossiers de patients peuvent porter
atteinte à la santé, la sécurité et à la situation matérielle des patients. Dans certains
S-2016-02-2016 ⏐ Taipei
Attaques cybernétiques des infrastructures de santé
cas, ces atteintes peuvent même avoir des conséquences pour la vie même des
patients.
• Les procédures et stratégies de sécurité actuelles dans le secteur de la santé n’ont
pas suivi le volume et l’ampleur des attaques cybernétiques. Mal protégés les
systèmes d’information hospitaliers, les systèmes de gestion des cabinets ou les
systèmes de contrôle des dispositifs médicaux peuvent devenir des portes d’entrée
pour les cybercriminels. Les logiciels d’imagerie radiologique, les systèmes de
vidéo conférence, les caméras de surveillance, les appareils portables, les
imprimantes, les routeurs et les systèmes de vidéo numériques utilisés pour une
surveillance de la santé en ligne et les procédures à distance sont juste quelques
unes des nombreuses structures TI soumises à des risques.
• En dépit de ce danger, de nombreuses organisations et institutions de santé
manquent de ressources financières (ou d’une volonté de les fournir) et des
compétences administratives ou techniques nécessaires pour détecter et prévenir
les attaques cybernétiques. Elles peuvent également ne pas communiquer
correctement sur la gravité des menaces cybernétiques, à la fois au niveau interne,
au niveau des patients et des partenaires commerciaux extérieurs.
RECOMMANDATIONS
1. L’AMM reconnaît que les attaques cybernétiques des systèmes sanitaires et autres
infrastructures essentielles constituent un problème dépassant les frontières et une
menace pour la santé publique. Elle demande donc aux gouvernements, aux
politiques et aux responsables des infrastructures sanitaires et autres infrastructures
vitales à travers le monde de travailler avec les autorités compétentes sur la
sécurité cybernétique dans leurs pays respectifs et de coopérer sur le plan
international afin d’anticiper et de se défendre contre de telles attaques.
2. L’AMM exhorte les Associations Médicales Nationales à sensibiliser leurs
membres, les organismes de soins de santé et autres parties intéressées dans
l’industrie à la menace des attaques cybernétiques et à soutenir une stratégie TI
efficace dans le domaine de la santé afin de protéger la confidentialité des dossiers
médicaux sensibles et d’assurer la vie privée et la sécurité des patients.
3. L’AMM souligne les risques élevés d’intrusions cybernétiques et d’autres
violations des dossiers dans le secteur de la santé. Elle exhorte les établissements
de santé à mettre en place et à entretenir des systèmes complets de prévention des
intrusions, y compris mais sans s’y limiter, à assurer des formations pour que les
employés se conforment aux meilleures pratiques de traitement des données et
pour que la sécurité des ordinateurs soit préservée.
4. En cas de violation de la sécurité des données, les établissements de santé
devraient avoir des systèmes de réponse éprouvés opérationnels, y compris mais
sans s’y limiter, des services de signalisation et de protection pour les victimes
ainsi que des procédures de correction des erreurs dans les dossiers médicaux
consécutives à une utilisation frauduleuse des données volées. Les polices
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2016-02-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
d’assurance contre la violation des données pourraient être envisagées à titre de
précaution pour un remboursement des coûts liés à une possible intrusion
cybernétique.
5. L’AMM lance un appel aux médecins, aux responsables de la sécurité des patients
et de la confidentialité des dossiers afin qu’ils soient bien conscients du défi unique
que pourraient constituer les attaques cybernétiques pour l’exercice de leur
profession. Elle les exhorte à prendre toutes les mesures qui ont montré leur
efficacité pour sauvegarder les dossiers des patients, la sécurité des patients et
d’autres informations vitales
6. L’AMM recommande que le cursus médical universitaire et postuniversitaire
comporte des informations complètes sur la manière dont les médecins peuvent
utiliser à leur avantage les TI modernes et les systèmes de communication
électroniques tout en assurant la protection des données et en préservant les plus
hautes normes de conduite professionnelle.
7. L’AMM reconnaît que les médecins et les prestataires de santé peuvent ne pas
toujours avoir accès aux ressources (y compris financières), aux infrastructures et
aux compétences requises pour installer des systèmes de protection performants.
Elle met l’accent sur la nécessité pour les organismes publics et privés de les aider
à surmonter ces obstacles.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2016-03-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
LE DÉSINVESTISSEMENT DES ÉNERGIES FOSSILES
Adoptée par la 67e
Assemblée Médicale Mondiale, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
PREAMBULE
• Comme indiqué lors de la 65 Assemblée Médicale Mondiale à Durban en 2014, les
médecins du monde entier sont conscients que la pollution de l’air liée aux
énergies fossiles réduit la qualité de vie de millions de personnes dans le monde,
génère un lourd fléau de maladies, des pertes économiques et des coûts sanitaires.
• Selon les données de l’Organisation Mondiale de la Santé, en 2012, la pollution de
l’air a été responsable d’environ « 7 millions de décès, un décès sur huit du total
des décès dans le monde » (OMS, 2014).
• Le « Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Evolution du Climat » (GIEC)
des Nations Unies note que la croissance démographique et économique dans le
monde, dépendant d’une consommation accrue de charbon, est toujours la plus
grande responsable de l’augmentation des émissions de dioxyde de carbone. Ces
émissions sont la composante majeure d’une accélération des émissions de gaz à
effets de serre liées aux énergies fossiles d’origine humaine (GES) malgré
l’adoption de politiques d’atténuation des changements climatiques (GIEC 2014).
• Le fléau des maladies provoquées par les changements climatiques ne se répartira
pas de manière égale à travers le monde et tout en affectant tout le monde, les
populations les plus marginales seront les plus vulnérables aux impacts des
changements climatiques et auront le moins de capacités à s’y adapter.
CONTEXTE
• Dans de nombreuses villes très peuplées, les fines poussières mesurables dans l’air
sont jusqu’à 50 fois plus importantes que le niveau recommandé par l’OMS. Des
moyens de transports importants, l’électricité provenant du charbon et la pollution
provoquée par les engins de construction font partie des facteurs y contribuant
(AMM, SMAC 197, Prise de position sur la Pollution de l’air aux émissions des
véhicules 2014).
• Les preuves accumulées dans le monde montrent que les effets des changements
climatiques et des évènements climatiques extrêmes ont un impact significatif et
parfois dévastateur sur la santé humaine. 14 des 15 années les plus chaudes
enregistrées ont été observées au cours des 15 premières années de ce siècle
S-2016-03-2016 ⏐ Taipei
Désinvestissement des énergies fossiles
(Organisation Météorologique Mondiale 2014). Les plus vulnérables d’entre nous
dont les enfants, les personnes âgées, les personnes souffrant de maladies
cardiaques ou pulmonaires et les personnes vivant dans la pauvreté – sont les plus
à risques face à ces changements.
• L’AMM note que la Commission Lancet décrit les changements climatiques
comme étant « la plus grande menace pour la santé humaine du 21e siècle » et que
l’accord de Paris à la COP21 sur le climat exhorte les gouvernements «
lorsqu’elles prennent des mesures pour faire face à ces changements » à «
respecter, promouvoir et prendre en considération leurs obligations respectives
concernant les droits de l’homme (et) le droit à la santé ».
• Comme indiqué dans la Déclaration de Dehli de l’AMM sur la santé et les
changements climatiques, « Même si les gouvernements et les organisations
internationales sont principalement en charge d’instaurer des réglementations et de
légiférer pour atténuer l’impact des changements climatiques et aider les
populations à s’adapter, l’Association Médicale Mondiale, au nom de ses
associations médicales nationales et de ses membres médecins, se sent dans
l’obligation d’attirer l’attention sur les conséquences sanitaires des changements
climatiques et de proposer des solutions. (…) L’AMM et les AMN devraient
développer des plans d’action concrets/des mesures pratiques » pour à la fois
atténuer et s’adapter aux changements climatiques (AMM, 2009).
RECOMMANDATIONS
L’AMM recommande donc que ses AMN et toutes les organisations de santé :
1. Poursuivent l’éducation des scientifiques dans le secteur de la santé, des
entreprises, de la société civile et des gouvernements sur les bénéfices sur le plan
sanitaire d’une réduction des gaz à effet de serre et plaident en faveur d’une
intégration des estimations de l’impact sur la santé dans les politiques
économiques.
2. Encouragent les gouvernements à adopter des stratégies mettant l’accent sur de
strictes réglementations environnementales et des normes incitant les entreprises
du secteur de l’énergie à se tourner vers les sources d’énergie renouvelables.
3. Entament un processus de transfert de leurs investissements, si faisable sans
dommage, des entreprises du secteur de l’énergie dont l’activité première repose
sur l’extraction ou sur la génération d’énergie à partir des carburants fossiles sur
celles procurant de l’énergie issue des sources d’énergie renouvelables.
4. S’efforcent d’investir dans des entreprises respectant les principes
environnementaux du Pacte Mondial des Nations Unies
(http://www.unglobalcompact.org), et renoncent à investir dans des entreprises
n’adhérant pas à la législation en vigueur et aux conventions en matière de
responsabilité environnementale.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2016-04-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
LES CONSIDÉRATIONS ÉTHIQUES CONCERNANT LES STAGES DE
MÉDECINE DANS LE MONDE
Adoptée par la 67e
Assemblée Médicale Mondiale, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
PREAMBULE
• Les stagiaires en médecine participent de plus en plus à des expériences en matière
d’enseignement et de services dans le domaine de la santé. On les appelle
communément « Stages de médecine à l’étranger » (International medical
electives’= IMEs). Ces postes sont normalement à court terme, c’est-à-dire moins
de 12 mois et s’effectuent souvent dans les établissements aux faibles ressources
des pays à faibles et moyens revenus.
• Ces IME peuvent procurer une expérience pédagogique intéressante mais il faut
soupeser les risques pour la communauté d’accueil, la structure qui les organise et
le stagiaire. Des placements réussis contribuent à garantir des avantages mutuels et
réciproques à toutes les parties. Ces placements reposent sur une compréhension
acceptée des concepts dont l’absence de malveillance et le sens de la justice.
• Les directives éthiques publiées telles que Ethics and Best Practice Guidelines for
Training Experiences in Global Health du groupe de travail sur les directives
éthiques pour la formation globale en santé (WEIGHT) exhortent les entreprises
sponsors (par ex. universités et organisations facilitant les stages) à s’engager dans
des partenariats durables avec les établissements d’accueil et les communautés
locales. Il est également demandé à toutes les parties de travailler en collaboration
à la création de directives et normes professionnelles concernant les stages de
médecine.
• A leur tour, les stagiaires participant à des IME doivent adhérer aux principes
éthiques figurant dans les documents éthiques de l’AMM dont la Déclaration de
Genève, le Code international d’éthique de l’AMM et la Prise de position de
l’AMM sur l’utilisation professionnelle et éthique des réseaux sociaux.
RECOMMANDATIONS
L’AMM recommande donc ce qui suit :
1. Les entreprises sponsors travaillent en étroite collaboration avec les
S-2016-04-2016 ⏐ Taipei
Stages de médecine dans le monde
établissements d’accueil et les communautés locales pour établir des directives
professionnelles et éthiques sur les meilleures pratiques pour les médecins
stagiaires à l’étranger. Les deux parties devraient s’engager activement à
l’établissement de directives. L’organisation sponsor devrait étudier la candidature
du stagiaire en utilisant de telles normes avant d’approuver cette candidature.
2. Les directives devraient être adaptées au contexte local et inclure le développement
de partenariats durables, loyaux et avec des avantages mutuels entre les parties
concernées, les patients et la communauté locale dont la santé doit être la priorité.
Ces partenariats doivent tenir compte des directives de meilleure pratique, existant
déjà dans de nombreux pays.
3. Les directives doivent considérer la sécurité des patients et de la communauté
comme une absolue priorité et mettre en avant les procédures visant à garantir le
consentement éclairé, la confidentialité du patient, la vie privée et la continuité des
soins comme l’indique le Code International d’éthique médicale de l’AMM.
4. Les directives devraient aussi mettre en avant les procédures pour protéger la
sécurité et la santé du stagiaire et souligner les obligations du sponsor et des
établissements d’accueil afin d’assurer une supervision adéquate du stagiaire à tout
moment. Les établissements devraient envisager des moyens pour faire face à
d’éventuels désastres naturels, une instabilité politique et une exposition aux
maladies. Des soins d’urgence devraient être disponibles.
5. Le sponsor et les établissements d’accueil ont la responsabilité de bien planifier
les stages avec au minimum des briefings avant le départ. Ces derniers devraient
comporter une formation à la culture et à la langue, préciser l’interdiction de toute
activité s’apparentant à une forme d’exploitation, la mise à disposition de services
de traduction/interprétariat si nécessaire et la présentation et l’assistance
correctes dans l’établissement d’accueil. Un débriefing devrait être prévu au retour
du stagiaire dont une analyse de l’éthique là où a eu lieu le stage, un soutien
adéquat sur le plan émotionnel et médical.
6. Le stagiaire devrait bénéficier d’un feedback et d’une évaluation pour le stage
effectué afin de pouvoir bénéficier de crédits. Le stagiaire devrait avoir la
possibilité d’évaluer la qualité et l’utilité du stage.
7. Les stagiaires doivent être bien informés qu’ils ont le devoir de suivre les
instructions données par les superviseurs locaux et de traiter respectueusement le
personnel local et les patients.
8. Ces directives et procédures devraient être révisées et mises à jour régulièrement
au fur et à mesure que les sponsors et les établissements d’accueil acquièrent
ensemble de l’expérience.
9. Les Associations Médicales Nationales devraient établir les meilleures pratiques
pour les stages de médecine à l’étranger et favoriser leur adoption, autant que
possible, en tant que normes par les organismes d’agrément nationaux et régionaux
et leur application par les sponsors et les établissements d’accueil.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2017-01-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
L’INTIMIDATION ET LE HARCÈLEMENT AU SEIN DE LA
PROFESSION
Adoptée par la 68e
Assemblée Générale de l’AMM à Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PREAMBULE
1. L’intimidation sur le lieu de travail a été reconnue comme étant un facteur de stress
professionnel depuis le début des années 80.
2. L’intimidation sur le lieu de travail se caractérise par un comportement déraisonnable
et déplacé envers un ou une employée ou un groupe d’employés et qui crée un risque
pour la santé et la sécurité. Par définition, l’intimidation est une attitude répétée ou qui
se produit constamment plutôt qu’un évènement ponctuel. Un comportement
déraisonnable est une conduite qu’une personne raisonnable trouverait inadaptée dans
les mêmes circonstances. Il peut s’agir d’un comportement de nature à intimider,
offenser, victimiser, menacer, dégrader, insulter ou humilier. L’intimidation peut
prendre des formes psychologiques, sociales et physiques. Ce n’est pas la volonté
consciente de son auteur, mais la perception de la victime qui détermine la réalité
d’une intimidation.
3. Le harcèlement se caractérise par un comportement non souhaité, malvenu ou déplacé
qui produit chez une personne un sentiment d’humiliation, d’intimidation ou
d’offense. Le harcèlement peut être lié à l’origine ethnique, au genre, à l’orientation
sexuelle, au handicap ou à tout autre caractère d’une personne, y compris le fait qu’elle
puisse s’être plainte.
4. Les employeurs ont, de manière générale, une obligation légale d’assurer la santé, la
sécurité et le bien-être de leurs employés. Cela comprend le fait d’identifier tout acte
d’intimidation et de harcèlement et de prendre des mesures pour l’empêcher ou le faire
cesser. Les employés doivent généralement prendre raisonnablement soin de leur santé
et de leur sécurité, de même que de la santé et de la sécurité des autres personnes qui
pourraient être affectées par leur conduite sur leur lieu de travail.
5. Ces dernières années, l’intimidation et le harcèlement ont été davantage reconnus dans
la profession médicale. Les preuves sont là : un comportement perturbateur,
inapproprié et le harcèlement existent dans le milieu médical. Des recherches
internationales ont montré que l’intimidation dans la profession n’est pas liée à la
spécialité ou au sexe. Elle est répandue et touche toutes les spécialités et tous les
niveaux d’ancienneté, même s’il est juste de dire que l’intimidation se manifeste le
plus souvent par le fait d’un employé en poste depuis assez longtemps envers un
collègue plus jeune. Le caractère très hiérarchisé de la médecine et l’inégalité des
S-2017-01-2017 ⏐ Chicago
lntimidation et le harcèlement au sein de la profession
pouvoirs inhérente à cette hiérarchie créent cependant une culture de l’intimidation et
du harcèlement qui, dans certains cas, se généralise et s’institutionnalise.
6. L’intimidation sur le lieu de travail peut avoir des conséquences telles qu’une moindre
satisfaction au travail, une dépression, de l’anxiété et de l’absentéisme, qui tous ont
des conséquences négatives sur la stabilité du personnel et la qualité des soins.
RECOMMANDATIONS
7. L’AMM ne saurait excuser l’intimidation ou le harcèlement sous aucun prétexte.
Sensibiliser sur les attitudes inappropriées, les comportements perturbateurs et sur le
harcèlement dans la profession médicale est une étape majeure vers leur suppression.
L’AMM considère que c’est une question de professionnalisme et encourage les
associations médicales nationales, les facultés de médecine, les employeurs et les
universités de médecine à créer et à mettre en œuvre des politiques de lutte contre
l’intimidation et le harcèlement.
8. L’AMM recommande aux associations médicales nationales de reconnaître et si
possible de promouvoir les principes suivants :
8.1. L’intimidation sur le lieu de travail médical est un comportement totalement
dépourvu de professionnalisme et destructeur qui ne devrait pas être toléré.
8.2. Des mesures devraient être prises pour empêcher, faire face, signaler et éliminer
l’intimidation à tous les niveaux.
8.3. Les observateurs ont aussi la responsabilité d’intervenir.
8.4. Les jeunes médecins peuvent être confrontés à des obstacles majeurs pour parler
de l’intimidation exercée par des collègues seniors dont par exemple la peur d’un
blocage de leur carrière.
8.5. Le professionnalisme n’est pas simplement la manière dont nous traitons nos
patients, mais la manière dont nous nous traitons mutuellement, entre
professionnels. Agir avec professionnalisme signifie aussi être vigilant et
intervenir pour le bien de tous.
8.6. L’intimidation n’est pas une attitude professionnelle, elle va à l’encontre des
fondements de la profession et soulève la question de l’aptitude à la pratique
médicale.
8.7. Les soins de santé requièrent de bonnes équipes. Éliminer l’intimidation sécurise
l’environnement de l’équipe et l’environnement médical pour les patients.
8.8. Il est de la responsabilité des gestionnaires de maintenir un bon environnement de
travail et d’adresser tous les signes d’harcèlement et d’intimidation. Il devrait y
avoir aucune tolérance de l’intimidation et du harcèlement.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2017-02-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
LES CONFLITS ARMÉS
Adoptée par la 68e
Assemblée Générale de l’AMM à Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PRÉAMBULE
1. Les devoirs des médecins en temps de conflit armé sont énoncés dans la prise de
position de l’AMM sur les principes éthiques de soins de santé en temps de conflit
armé et autres urgences ainsi que dans les règles de l’AMM en temps de conflit armé
et autres situations de violence.
2. Les médecins devraient encourager les politiciens, les gouvernements et les autres
détenteurs du pouvoir à davantage prendre conscience des conséquences, notamment
sanitaires, de leurs décisions de provoquer ou de poursuivre un conflit armé.
3. Le conflit armé porte atteinte à la santé des individus et des populations ainsi qu’aux
infrastructures essentielles, y compris les établissements de soins, les habitations, les
systèmes d’approvisionnement eau potable et les réseaux d’assainissement. Il dégrade
aussi l’environnement. De telles destructions d’infrastructures indispensables ont des
conséquences délétères sur la santé : malnutrition, maladies infectieuses, maladies
d’origine hydrique comme le choléra et la fièvre typhoïde. La guerre détruit en outre
les infrastructures de travail, y compris les usines, les fabriques et l’agriculture. La
réparation de ces infrastructures ne peut commencer qu’une fois le conflit terminé.
4. Les guerres débutent pour de multiples raisons. Les efforts pour éviter les conflits sont
souvent insuffisants et inadéquats. Les dirigeants des pays peuvent ne pas chercher
toutes les alternatives. Il est toujours souhaitable d’éviter la guerre et de rechercher
d’autres solutions.
5. Il est essentiel que ceux qui prétendent qu’une guerre est « juste » comprennent qu’il
s’agit d’une situation rare et extrême qui ne doit pas être exagérément invoquée. Le
concept de « guerre juste » ne saurait être utilisé pour légitimer la violence.
6. La guerre et les autres formes de conflits armés ont tendance à aggraver les
souffrances des plus pauvres et à contribuer à causer les déplacements d’un grand
nombre de personnes à l’intérieur de leur pays et à créer des réfugiés.
7. Les médecins devraient chercher, au cours des conflits, à influencer les parties afin de
soulager les souffrances des populations.
S-2017-02-2017 ⏐ Chicago
Conflits armés
RECOMMANDATIONS
1. Pour l’AMM, le conflit armé devrait toujours être l’ultime recours. Les médecins et
leurs associations médicales nationales devraient alerter les gouvernements et les
acteurs non gouvernementaux au sujet des conséquences humaines de la guerre.
2. Les médecins devraient encourager les politiciens, les gouvernements et les autres
décideurs à davantage prendre conscience des conséquences de leurs décisions liées à
un conflit armé.
3. L’AMM affirme que les conflits armés produisent toujours des souffrances humaines
considérables. Les États, les gouvernements et les autres autorités, y compris les
acteurs non gouvernementaux, s’engageant dans un conflit armé doivent assumer leurs
responsabilités quant aux conséquences de leurs actions et être prêts à assumer ces
conséquences devant des cours de justice et des tribunaux internationaux, notamment.
L’AMM recommande en outre aux autorités de reconnaître ces faits et de coopérer
pour que les responsables répondent de leurs actions.
4. L’AMM affirme que l’impact d’un conflit armé est particulièrement fort sur les
femmes et les populations vulnérables, dont les enfants, les jeunes, les personnes âgées
et les membres les plus pauvres de la société. Les médecins devraient chercher à
assurer que l’allocation des ressources en soins médicaux n’a pas d’impact
discriminatoire.
5. Les médecins doivent sans cesse rappeler aux détenteurs du pouvoir la nécessité de
satisfaire les besoins fondamentaux des personnes qui se trouvent dans des zones
touchées et troublées par les conflits.
6. À la fin d’un conflit, il convient de reconstruire en priorité les infrastructures
nécessaires à une vie saine dont les logements et les réseaux d’assainissement et
d’approvisionnement en eau potable et en nourriture. S’ensuivront la réfection des
écoles et des locaux professionnels.
7. L’AMM demande que les parties en conflit respectent le droit humanitaire
international applicable et n’utilisent pas les établissements de santé comme
quartiers militaires, ni ne ciblent ces établissements de santé, le personnel
soignant ou les véhicules sanitaires. Les parties en conflit ne sauraient non plus
restreindre l’accès des personnes blessées et des patients aux soins, comme le
prévoit la Déclaration de l’AMM sur la protection des personnels de santé dans
des situations de violence.
8. Les médecins devraient travailler avec les organisations humanitaires et d’autres
agences pour veiller à ce que les parties au conflit protègent l’intégrité des familles et,
dans la mesure du possible, écartent les populations des dangers directs et immédiats.
9. Les médecins devraient garder à l’esprit la prévalence du syndrome de stress post-
traumatique (SSPT) et d’autres problèmes psychologiques et psychosomatiques
d’après conflit et fournir aux combattants et aux civils un accès adéquat aux soins et
aux traitements.
10. Les médecins, y compris les médecins légistes devraient aider les familles à veiller à
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2017-02-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
ce que les tentatives d’identification des personnes manquantes et décédées ne soient
pas détournées par les forces de l’ordre.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2017-03-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
RELATIVE À L’UTILISATION
THÉRAPEUTIQUE DU CANNABIS
Adoptée par la 68e
Assemblée Générale de l’AMM à Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PRÉAMBULE
1. Le terme « cannabis » est un terme générique scientifique pour parler de préparations
psychoactives de la plante cannabis sativa, qui pousse à l’état sauvage dans de
nombreuses régions du monde et que l’on connaît sous bien d’autres noms tels que : «
marijuana », « marie-jeanne », « weed », « beuh », « hashish » ou « chanvre ».
2. Le cannabis médical fait référence à l’utilisation du cannabis et de ses constituents,,
naturels ou de synthèse pour traiter les maladies ou soulager les symptômes, sous
contrôle médical; il n’existe toutefois pas de définition consensuelle.
3. Le cannabis récréatif fait référence à l’utilisation du cannabis dans le but de modifier
l’état mental d’une personne au niveau de ses émotions, de ses perceptions et de ses
sentiments à des fins récréatives.
4. Cette prise de position de l’AMM vise à se prononcer sur la législation concernant le
cannabis médical et à mettre en évidence les effets indésirables liés à son utilisation à
des fins récréatives.
5. L’utilisation du cannabis récréatif est une importante question sanitaire et sociale dans
le monde entier. C’est la drogue illicite la plus fréquemment utilisée dans le monde.
L’Organisation mondiale de la santé estime que près de 147 millions de personnes soit
2,5% de la population mondiale consomment du cannabis alors que 0,2% consomment
de la cocaïne et 0,2% des opiacés1.
6. L’AMM s’oppose à l’utilisation du cannabis récréatif en raison de ses graves effets
indésirables tels que le risque accru de psychose, d’accidents mortels de la route, de
dépendance ainsi que de troubles d’apprentissage du langage oral, de la mémoire et de
l’attention. L’utilisation du cannabis avant 18 ans multiplie par deux le risque de
troubles psychotiques4. Partout dans le monde la disponibilité toujours plus grande du
cannabis ou de ses dérivés dans les produits alimentaires tels que les sucreries et les «
concentrés » qui attirent beaucoup les enfants et adolescents requiert une grande
vigilance et une réglementation.
7. Les associations médicales nationales devraient soutenir des stratégies de prévention et
de réduction de l’utilisation du cannabis récréatif.
8. Données scientifiques pour une utilisation thérapeutique du cannabis
S-2017-03-2017 ⏐ Chicago
Thérapeutique du cannabis
8.1. Les cannabinoïdes sont des composants chimiques du Cannabis sativa qui
contiennent des éléments structurels similaires ; certains d’entre eux agissent sur
les cellules humaines réceptrices du cannabinoïde. Conceptuellement les
cannabinoïdes activant ces récepteurs (1) existent naturellement dans le corps
humain comme d’autres neurotransmetteurs endogènes ; (2) existent
naturellement dans la plante de cannabis (phytocannabinoïdes) et (3) sont des
préparations pharmaceutiques contenant soit des cannabinoïdes synthétiques (tel
que Delta9-Tetrahydrocannabinol, [dronabinol, Marinol™] ou un composant
apparenté, nabilone [Cesamet™] ou des extraits de phytocannabinoïdes
(nabiximols [Sativex™]).
8.2. Parmi les phytocannabinoïdes trouve à l’état naturel le Cannabis sativa, delta-9-
tétrahydrocannabinol (THC), le principal cannabinoïde bioactif et le principal
constituant psychoactif alors que le cannabidiol (CBD) est le second le plus
abondant. CBD manque d’importantes propriétés psychoactives mais peut avoir
des propriétés analgésiques et anticonvulsivantes.
8.3. Le système endocannabinoïde humain est censé être un médiateur des effets
psychoactifs du cannabis. Il est impliqué dans divers processus physiologiques
dont l’appétit, la sensation de douleur, l’humeur et la mémoire. Le fort potentiel
thérapeutique sur le plan médical et pharmacologique du système
endocannabinoïde a été largement reconnu.
8.4. Les bénéfices médicaux du cannabis signalés dans la littérature scientifique font
l’objet d’un vaste débat sur le plan mondial. On a utilisé le cannabis pour traiter
de graves spasticités dans de multiples scléroses, des douleurs chroniques, des
nausées et vomissements dus à des produits cytotoxiques et des pertes d’appétit et
une cachexie liées au SIDA. D’après les données, certains cannabinoïdes
sembleraient efficaces pour traiter les douleurs chroniques, notamment en tant que
solution alternative ou complémentaire à l’utilisation des opiacés là où l’on peut
éviter le développement d’une tolérance aux opiacés et leur suppression. Les
données en faveur d’une utilisation thérapeutique du cannabis sont pauvres ou peu
nombreuses et ne vont pas toutes dans le même sens. On peut l’expliquer en partie
par l’interdiction de l’utilisation du cannabis à des fins thérapeutiques. Sa
classification comme substance illégale dans de nombreux pays a limité la
recherche clinique de haute qualité.
8.5. Les effets indésirables à court terme du cannabis médical sont bien documentés.
Les effets indésirables à long terme sont en revanche moins bien compris,
notamment le risque de dépendance et de maladies cardiovasculaires. Les effets
du cannabis suscitent en outre des préoccupations au sujet des personnes
vulnérables comme les adolescents et les femmes qui allaitent.
8.6. En dépit des faibles données scientifiques à l’appui de son intérêt médical,
l’utilisation thérapeutique du cannabis a été légalisée dans plusieurs pays. Dans
d’autres, l’usage du cannabis à des fins thérapeutiques est interdit ou en débat.
9. Les professionnels de la médecine peuvent se retrouver pris dans un dilemme médico-
légal en tentant de trouver un équilibre entre leur responsabilité éthique vis-à-vis des
patients pour lesquels le cannabis peut être un traitement efficace et leur respect de la
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2017-03-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
législation locale. Ce dilemme peut se présenter à la fois avec des patients qui peuvent
médicalement bénéficier de la prise de cannabis et ceux qui ne le peuvent pas, mais
font pression sur le médecin pour s’en faire prescrire.
RECOMMANDATIONS
10. Recherche sur le cannabis
10.1.À la lumière des faibles données scientifiques sur les effets et l’efficacité
thérapeutiques du cannabis, il conviendrait de mener des recherches plus
approfondies sur un échantillon plus important de personnes avant que les
gouvernements ne puissent décider de légaliser l’utilisation du cannabis à des fins
thérapeutiques. Les critères de comparaison doivent intégrer les normes actuelles
de traitement. Il convient que ces recherches accrues soient convenablement
soutenues et qu’elles portent en outre sur les conséquences sociales, économiques
et sur la santé publique du cannabis.
10.2.Les gouvernements devraient envisager de réformer les lois régissant l’achat et la
possession de cannabis à des fins de recherche afin de permettre des études
fiables et de recueillir davantage de données scientifiques sur les effets sanitaires
et les bénéfices thérapeutiques du cannabis.
11. Des les pays où l’utilisation du cannabis à des fins thérapeutiques est légalisée, il
conviendrait d’appliquer les règles suivantes :
11.1.Règles pour les producteurs et les produits :
11.1.1. La fourniture à des fins thérapeutiques de produits à base de la plante
cannabis doit être conforme à la Convention unique des Nations unies sur
les narcotiques du 30 mars 1961 dont les règles de la Convention sur la
production, le négoce et la distribution. Il est ainsi essentiel que le cannabis
présent dans les produits délivrés pour un usage thérapeutique soit fourni et
manipulé conformément aux dispositions de la Convention.
11.1.2. Les dispositions doivent prévoir que les plantes de cannabis soient
conformes à des exigences de qualité appropriées sur le plan de la culture et
de la normalisation. Les produits dérivés du cannabis doivent avoir une
indication spécifique (intervalle) des ingrédients y compris la teneur en
delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) et cannabidiol (CBD) et bien préciser
les indications.
11.2.Règles de prescription et de délivrance du cannabis à des fins thérapeutiques :
11.2.1. Le cannabis doit être prescrit à des fins thérapeutiques par un
médecin/prescripteur autorisé conformément aux données scientifiques les
plus pertinentes et à la législation du pays concernant les médicaments.
11.2.2. Il est recommandé de traiter les patients avec des médicaments classiques
approuvés avant de recourir au cannabis.
11.2.3. Chaque médecin doit assumer la responsabilité de sa décision de traiter
S-2017-03-2017 ⏐ Chicago
Thérapeutique du cannabis
avec des produits dérivés du cannabis, conformément aux données les plus
probantes disponibles et aux indications spécifiques énoncées dans le pays.
11.2.4. Le cannabis utilisé à des fins thérapeutiques ne doit être délivré qu’en
pharmacie ou par des distributeurs agréés conformément à la législation du
pays en matière de médicaments.
11.2.5. Des mesures de contrôle efficaces doivent être mises en place pour
empêcher une utilisation illicite du cannabis prévu pour une utilisation
thérapeutique.
11.2.6. Il est nécessaire de mettre en place des systèmes de surveillance afin
d’effectuer un suivi de la prévalence de l’utilisation du cannabis et des
tendances en la matière.
12. Lors de l’examen des politiques et des législations concernant le cannabis, les
gouvernements, les associations médicales nationales, les décideurs politiques et les
autres parties concernées dans le domaine de la santé devraient mettre l’accent et
évaluer les effets sur la santé et les bénéfices thérapeutiques sur la base tout en
reconnaissant les divers facteurs contextuels tels que la capacité de régulation, le
rapport coût/efficacité, les valeurs sociétales, la situation sociale du pays et l’impact de
la santé publique sur la population dans son ensemble.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2017-04-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
LA COOPÉRATION DES ASSOCIATIONS MÉDICALES NATIONALES
PENDANT UN CONFLIT OU DANS LA PÉRIODE
SUIVANT UN CONFLIT
Adoptée par la 68e
Assemblée Générale de l’AMM à Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PRÉAMBULE
1. À travers l’histoire, il y a eu des conflits politiques au cours desquels les médecins et
leurs instances professionnelles ont adopté et consolidé les politiques de leurs
gouvernements respectifs en violation des normes éthiques médicales. Il y a aussi eu
des cas où les médecins eux-mêmes se sont engagés dans des activités criminelles et
ont rallié des idéologies dépourvues d’éthique. Même aujourd’hui, les conflits moraux
et politiques peuvent conduire les médecins et leurs organisations à faire fi des
obligations éthiques.
2. Pour éviter de telles violations du comportement éthique, les médecins et leurs
organisations ont la responsabilité de se placer au-dessus des conflits nationaux, de
favoriser le soutien professionnel mutuel et de baser leurs actions sur les plus hautes
normes éthiques médicales y compris sur l’obligation primaire du médecin envers la
santé de ses patients.
3. Toutes les associations médicales nationales et leurs membres ont l’obligation de
préserver l’éthique de la médecine, de faire preuve d’une absolue franchise et
honnêteté vis-à-vis des conflits passés et actuels ainsi que de sauvegarder les leçons
tirées de toutes les formes de comportement ne respectant pas l’éthique. Cela inclut de
toujours s’engager pour les droits humains, de rejeter explicitement toute forme de
discrimination, qu’elle soit fondée sur l’appartenance ethnique, la religion, le genre ou
l’orientation sexuelle ou autre et d’affronter les manquements moraux de la profession
médicale.
4. Les médecins ont une obligation professionnelle et éthique à s’élever au-dessus des
intérêts ethniques et nationaux. Les associations médicales ont un rôle à jouer pour
combler l’écart entre les différents groupes humains grâce à leurs codes médicaux et
éthiques, sans égard pour la politique, la religion, l’ethnie ou le contexte social. Le
savoir-faire médical tel qu’il est représenté dans les associations médicales pourrait
être un facteur puissant de rétablissement du respect des droits humains en général en
temps de guerre et d’autres conflits.
S-2017-04-2017 ⏐ Chicago
Coopération des AMN pendant un conflit ou dans la période suivant un conflit
RECOMMENDATIONS
5. L’Association médicale mondiale demande expressément aux associations médicales
nationales de :
5.1. Se réunir régulièrement dans un esprit de coopération durable et amicale ;
5.2. Prendre l’initiative d’inviter des collègues des associations médicales des pays en
conflit dans le but de rétablir un contact et une coopération entre ces associations ;
5.3. S’impliquer dans un échange véritable d’expérience et de connaissances avec la
communauté médicale régionale et mondiale afin de préserver les normes éthiques
et de soin les plus exigeantes ;
5.4. Veiller à ce que toutes les générations de médecins – y compris celles qui n’ont
jamais été impliquées dans de mauvaises actions – soient conscientes de
l’importance vitale de l’éthique médicale et des conséquences terribles de son
non-respect. Pour ce faire, il convient d’intégrer ces principes à la formation
médicale basique (voir la Résolution de l’AMM sur l’inscription de l’éthique
médicale et des droits de l’homme au programme des écoles de médecine du
monde entier) et à la formation continue tout au long de la carrière des médecins ;
5.5. Reconnaître leur obligation de travailler ensemble et avec d’autres autorités
compétentes pour ne jamais oublier les dérives de l’éthique médicale ou les
violations des droits humains et ainsi prévenir leur réapparition ;
5.6. Promouvoir la préservation et le développement de relations constructives au sein
de la profession médicale, même après de regrettables conflits passés ou des
conflits présents. Pour y parvenir, il est particulièrement important de s’impliquer
dans une communication permanente empreinte de collégialité professionnelle.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2017-05-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
LES ÉPIDÉMIE ET PANDÉMIES
Adoptée par la 68e
Assemblée Générale de l’AMM à Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PRÉAMBULE
1. L’histoire démontre que de nouvelles maladies peuvent émerger et d’anciennes
resurgir sans que l’on puisse les prévoir. Les déplacements rapides des personnes et
des biens à travers le monde entraînent la propagation des infections à un rythme sans
précédent. Les systèmes de santé doivent alors relever le défi et réagir en temps utile.
L’identification rapide et la réaction appropriée à de telles épidémies ou pandémies
doivent être le souci de tous les pays, avec une communication et une collaboration
efficaces entre eux.
2. Les épidémies peuvent être provoquées par toute une série d’agents infectieux aux
méthodes de transmission différentes. Ces maladies peuvent s’autolimiter,
s’accompagner de peu de symptômes manifestes ou avoir des conséquences à court ou
à long terme, parfois graves. Des pathologies relativement mineures seront
éventuellement mortelles pour certains individus vulnérables. Les personnes âgées et
les très jeunes enfants, ainsi que ceux dont l’immunité est compromise en font partie.
3. Investir dans les systèmes de santé publique améliorera la capacité à détecter et à
contenir efficacement des épidémies rares ou inhabituelles. Les services de santé
publique essentiels sont nécessaires pour dépister, enquêter et réagir à toutes les
épidémies. Un programme de surveillance mondial plus efficace permettra de mieux
réagir face aux maladies infectieuses, de mieux détecter et identifier de nouvelles
maladies ou des maladies émergentes. Les épidémies et pandémies se propagent
potentiellement plus vite dans les pays où les systèmes de santé publique sont
systématiquement sous-financés et sous-développés.
RECOMMANDATIONS
OSM et les gouvernements nationaux
4. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est chargée de coordonner la réponse
internationale aux épidémies et pandémies. Elle a établi des phases permettant une
approche progressive à la préparation, à la planification et à la réponse face à une
épidémie évolutive. L’AMM fait les recommandations suivantes :
4.1. L’OMS devrait s’assurer du recueil de l’ensemble des données sur le
développement des maladies infectieuses et leur propagation et de la coopération
avec les organisations humanitaires et non gouvernementales ainsi qu’avec les
S-2017-05-2017 ⏐ Chicago
Épidémies et pandémies
gouvernements locaux et nationaux qui suivent la situation dans des zones où la
documentation est limitée. Un système mondial de recueil des données et de
surveillance est essentiel pour dépister les maladies infectieuses et leurs
conséquences.
4.2. L’OMS devrait travailler étroitement avec les centres de contrôle des maladies
d’Atlanta et d’Europe (CDC et CDC-E) et leurs homologues nationaux, ainsi
qu’avec d’autres agences de santé publique régionales afin d’analyser les rapports
sur les modifications des modèles pathologiques et de déclarer les épidémies et
pandémies dès leur identification. L’émergence et l’identification peuvent se
dérouler sur des échelles de temps différentes.
4.3. L’OMS et d’autres devraient travailler avec les gouvernements nationaux et les
groupements internationaux de gouvernements afin de coordonner les réponses
aux maladies infectieuses émergentes et ré-émergentes.
4.4. L’OMS devrait collaborer avec les Associations médicales nationales et les autres
autorités sanitaires afin d’assurer la mise à disposition de données cliniques
précises et actualisées auprès des médecins et des prestataires de soins.
4.5. Au moment de l’émergence ou de la réapparition d’infections, l’OMS et d’autres
agences des Nations unies doivent veiller à la mise à disposition d’informations
faciles à comprendre et dans la langue locale auprès de toutes les personnes des
zones touchées, en travaillant avec les gouvernements et d’autres partenaires. Il
convient que les populations reçoivent notamment des informations sur la
prévention des maladies et les pratiques optimales d’hygiène et de prévention des
infections.
4.6. Lorsque les maladies provoquent des anomalies congénitales, les gouvernements
doivent apporter un soutien aux familles touchées.
4.7. Il conviendrait de créer un groupe de spécialistes de la santé publique à même
d’apporter une aide au cours d’une urgence sanitaire et obtenir le soutien de tous
les gouvernements.
Ces spécialistes et d’autres médecins devraient être préparés à se mettre à la disposition de
la lutte contre toute épidémie, en fonction de leurs compétences.
Associations médicales nationales (AMN)
5.1 Les AMN devraient clairement identifier leurs responsabilités au cours d’une
épidémie ainsi que l’ampleur de leur participation dans leur processus de
planification nationale des épidémies. Ces responsabilités devraient inclure la
communication des informations vitales au public et notamment aux
professionnels de santé.
5.2 Le cas échéant, les AMN devraient proposer des formations et des outils
d’assistance clinique aux médecins et aux associations médicales régionales, en
travaillant avec les autorités sanitaires et les établissements de formation.
5.3 Les AMN devraient être préparées à plaider pour un financement adéquat de leur
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2017-05-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
gouvernement, qui serait destiné à soutenir la main d’œuvre sanitaire et à se
préparer à une épidémie.
Médecins
6.1 Les médecins devraient être suffisamment formés sur les risques de transmission,
sur le contrôle des infections et sur la gestion concomitante des maladies
chroniques au cours d’une épidémie.
6.2 Les médecins étant les premiers à intervenir, ils doivent demeurer impliqués dans
la planification locale des épidémies, à toutes les étapes de la lutte contre les
épidémies.
6.3 Les médecins devraient prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger leur
propre santé et celle de leur personnel et de leurs collègues.
6.4 Les médecins doivent aider au recueil de données de base qui permettent de
réaliser le suivi de l’épidémie, tout en préservant la confidentialité de ces
informations et en protégeant les personnes vulnérables.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2017-06-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
LE RÔLE DES MÉDECINS DANS LA LUTTE CONTRE L’EXPLOITATION
DANS LE CADRE DES ADOPTIONS
Adoptée par la 68e
Assemblée Générale de l’AMM à Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PRÉAMBULE
1. L’article 21 de la Convention internationale des droits de l’enfant de l’UNICEF
comporte un appel en faveur d’un processus d’adoption digne et transparent dans
lequel l’intérêt supérieur de l’enfant est la considération primordiale.
2. La Convention de La Haye sur la protection des enfants et la coopération en matière
d’adoption internationale (Convention de La Haye sur l’adoption) visent à établir des
règles afin d’assurer que tout processus d’adoption internationale se déroule dans
l’intérêt supérieur de l’enfant. Les principes qui y sont énoncés forment le fondement
des pratiques d’adoption internationale dans le monde entier.
3. Les médecins peuvent être amenés à rencontrer des enfants qui vont être adoptés avec
leurs parents, leurs tuteurs ou les parents qui vont les adopter. Les médecins pouvant
faire face aux conséquences de l’exploitation lorsqu’elle a lieu dans le cadre d’une
adoption, leur rôle est essentiel pour garantir le respect des droits de l’enfant et
notamment de l’article 21 de la Convention de l’UNICEF sur les droits de l’enfant. Il
convient que les professionnels sachent ce que devrait être un processus d’adoption
légal est nécessaire pour protéger les droits et la santé des enfants.
RECOMMANDATIONS
4. L’AMM condamne toute forme d’exploitation dans le cadre de l’adoption d’un enfant.
Les pratiques inadmissibles comptent les actes criminels, y compris la traite des
enfants et les crimes sexuels.
5. L’AMM appelle les associations médicales nationales et les médecins à participer
activement à la prévention de l’exploitation dans les pratiques d’adoption.
6. Les médecins doivent être formés à la nature et à l’importance de leur rôle pendant le
processus d’adoption. Les médecins doivent posséder de solides connaissances en
matière de pratiques d’exploitation dans le cadre d’une adoption et doivent pouvoir
trouver les ressources qui les aideront à identifier une victime et à prendre les mesures
qui s’imposent.
S-2017-06-2017 ⏐ Chicago
Lutte contre l’exploitation dans le cadre des adoptions
7. Les médecins qui sont en contact avec des familles qui adoptent un mineur doivent
fortement les encourager à vérifier que les pratiques d’adoption sont conformes à la
législation et à la règlementation applicable dans leur juridiction.
8. L’AMM soutient que les familles qui envisagent d’adopter doivent être informées de
l’existence de réseaux qui pourraient exploiter des mineurs dans le cadre de l’adoption,
notamment lorsque l’adoption doit se dérouler entre différents environnements
juridiques nationaux.
9. Les médecins ayant une raison légitime de soupçonner que l’un de leurs patients,
enfant ou adulte, pourrait être associé à des pratiques d’exploitation dans le cadre
d’une adoption doivent le signaler aux autorités compétentes, telles que définies par la
législation nationale.
10. Les médecins doivent être formés à l’existence d’outils, y compris des tests ADN, qui
peuvent aider à identifier les membres de la famille d’enfants qui ont été adoptés.
11. L’AMM encourage toutes les activités scientifiques et professionnelles qui pourraient
contribuer aux efforts des autorités pour prévenir toute pratique d’exploitation dans le
cadre d’une adoption.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2018-01-2018
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
LES MÉDICAMENTS BIOSIMILAIRES
Adoptée par la 69e
Assemblée Générale de l’AMM à Reykjavik, Islande, Octobre 2018
PRÉAMBULE
1. L’expiration des brevets portant sur certains biomédicaments originaux a conduit à
l’élaboration et à l’autorisation de copies, dénommées « médicaments biosimilaires »
ou « biogénériques » qui ne sont pas identiques, mais similaires à un médicament
biologique déjà agréé, connu comme le « biomédicament de référence ».
2. Compte tenu du fait que les médicaments biosimilaires sont fabriqués dans des
organismes vivants, il peut exister des différences mineures entre ces derniers et leur
biomédicament de référence, tous les médicaments biologiques partageant la
caractéristique de variabilité mineure. La fabrication de médicaments biosimilaires
tend à être plus complexe que celle de molécules chimiques. Dès lors, la substance
active dans le médicament biosimilaire peut comporter un degré mineur de variabilité.
Les médicaments biologiques innovants varient également d’un lot à l’autre, c’est
pourquoi les médicaments biosimilaires ne sont pas forcément substituables aux
biomédicaments de référence, même après avoir été agréés par les autorités
compétentes.
3. Les médicaments biosimilaires ne sont pas des médicaments génériques. Un
médicament générique est une copie exacte du produit pharmaceutique actuellement
sous licence mais dont le brevet a expiré et doit contenir « les mêmes ingrédients actifs
que la formule originale ». Un médicament biosimilaire est un produit différent dont la
structure est similaire mais pas identique à la formule d’origine, et qui suscite une
réponse clinique similaire. Par conséquent, les médicaments biosimilaires peuvent
causer une réponse immunitaire non souhaitée. Alors que les médicaments génériques
sont interchangeables, ce n’est pas forcément le cas des médicaments biosimilaires.
4. Les médicaments biosimilaires sont disponibles en Europe depuis environ une
décennie, suite à l’agrément de l’Agence européenne du médicament (EMA) en 2005.
L’emploi du premier médicament biosimilaire a été approuvé par la Food and Drug
Administration (FDA) aux États-Unis en 2015.
5. Les médicaments biosimilaires ont transformé les perspectives des patients atteints
d’une maladie chronique débilitante car il est désormais possible d’obtenir un produit
d’une efficacité similaire à celle d’un médicament de référence, à moindre coût.
6. Les médicaments biosimilaires permettront en outre à davantage de patients qui
n’avaient pas accès au biomédicament d’origine d’accéder au traitement. Un meilleur
accès mondial à des traitements biosimilaires peut contribuer à réduire l’infirmité, la
morbidité et la mortalité associées à plusieurs maladies chroniques.
S-2018-01-2018 ⏐ Reykjavik
Médicaments biosimilaires
7. Toutefois, le coût potentiellement moins élevé des médicaments biosimilaires pourrait
entraîner un risque que les compagnies d’assurance favorisent les médicaments
biosimilaires au détriment du biomédicament de référence, même s’ils ne sont pas
adaptés au patient ou dans des situations où il n’a pas été démontré que les
médicaments biosimilaires sont cliniquement équivalents au médicament biologique
d’origine. La décision de prescrire ou non des médicaments biosimilaires ou de faire
passer un patient du biomédicament d’origine à un médicament biosimilaire doit être
prise par le médecin et non par une compagnie d’assurance.
RECOMMANDATIONS
1. Les associations médicales nationales devraient travailler avec leurs gouvernements à
l’élaboration d’instructions nationales relatives à la sécurité des médicaments
biosimilaires.
2. Les associations médicales nationales devraient défendre la délivrance de traitements
biosimilaires qui sont aussi sûrs et efficaces que leurs produits de référence.
3. Les associations médicales nationales devraient s’efforcer d’assurer que l’autonomie
des médecins est préservée pour ce qui est de la prescription d’un médicament
biologique.
4. Le cas échéant, les associations médicales nationales devraient militer contre toute
autorisation accordée aux compagnies d’assurance et aux mutuelles exigeant
l’interchangeabilité des médicaments biosimilaires et des biomédicaments de référence
et pour une réglementation sûre relative à l’interchangeabilité des médicaments
biosimilaires lorsque cela est autorisé.
5. Les médecins doivent assurer que les dossiers médicaux des patients indiquent
exactement le médicament biosimilaire prescrit et administré.
6. Les médecins ne sauraient prescrire un médicament biosimilaire à des patients traités
avec succès avec le biomédicament de référence, à moins que l’équivalence clinique
entre les deux n’ait été clairement démontrée et que les patients n’aient donné leur
accord après avoir été adéquatement informés. Aucune substitution ne devrait avoir
lieu entre des médicaments biosimilaires et d’autres médicaments sans le
consentement du médecin traitant.
7. Les médecins devraient s’efforcer d’améliorer leur compréhension des différences
entre les produits biosimilaires qui sont très similaires au biomédicament original ou
interchangeable avec lui et sensibiliser le grand public aux questions relatives aux
produits biosimilaires et à l’interchangeabilité, tout en militant pour un étiquetage clair
des produits biosimilaires.
8. Les médecins doivent rester vigilants et signaler au fabricant, ainsi qu’aux autorités
compétentes, tout effet indésirable rencontré par les patients qui utilisent un
biomédicament original ou un produit biosimilaire.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2018-02-2018
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
LA CRÉATION ET LA PROMOTION D’UN CARNET DE SANTÉ
MATERNELLE ET INFANTILE
Adoptée par la 69e
Assemblée Générale de l’AMM à Reykjavik, Islande, Octobre 2018
PRÉAMBULE
L’AMM estime qu’il est nécessaire pour améliorer la santé et le bien-être maternels et
infantiles d’assurer un continuum de soins et de donner des moyens d’action aux familles.
La réduction des taux de mortalité maternelle et infantile a constitué deux volets
importants des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). La réduction des
taux de mortalité maternelle, de mortalité néonatale et de mortalité des enfants de moins
de 5 ans fait également partie des Objectifs de développement durable (ODD).
Le carnet de santé maternelle et infantile est un livret complet à conserver chez soi, conçu
pour contenir toutes les informations de santé nécessaires et les antécédents de santé de la
mère et de l’enfant. Y figurent les informations relatives à la grossesse, l’accouchement,
les périodes néonatale et de prime enfance, la croissance de l’enfant et les vaccinations. Ce
carnet favorise l’intégration des services de soins de santé maternels, néonataux et
infantiles. Non seulement il contribue à l’éducation à la santé mais il aide les femmes et
les familles à s’approprier ces questions.
En 1948, le Japon est devenu le premier pays au monde à créer et à distribuer le carnet de
santé maternelle et infantile, afin de protéger et d’améliorer la santé et le bien-être de la
mère et de l’enfant.
Il en existe désormais des versions dans près de quarante pays, toutes adaptées à la culture
locale et au contexte socio-économique. Il existe de multiples sortes de carnets de santé et
de supports éducatifs relatifs à la santé des mères et des enfants dans de nombreux pays.
L’utilisation des carnets de santé maternelle et infantile a contribué à améliorer les
connaissances des femmes sur les principales questions de santé maternelle et infantile et à
modifier les comportements pendant la grossesse, l’accouchement et la période suivant la
naissance.
Le carnet de santé maternelle et infantile favorise la santé des femmes enceintes, des
nouveau-nés et des enfants en ce qu’il peut être utilisé comme un outil pour renforcer le
continuum de soins. Il permet également aux médecins de prendre de meilleures décisions
en leur donnant accès aux antécédents médicaux des patientes et des jeunes patients et aux
données rassemblés dans le carnet. L’utilisation du carnet de santé seul n’améliore pas les
indicateurs de santé. Ses bénéfices sont tangibles lorsque les femmes et les enfants ont
accès à des soins de santé adaptés sur la base des informations compilées dans le carnet.
C’est pourquoi l’utilisation de ce carnet devrait être partagée au niveau mondial.
S-2018-02-2018 ⏐ Reykjavik
Carnet de santé maternelle et infantile
Au Japon, c’est la version numérique du carnet qui se généralise progressivement. Le
carnet numérique doit être utilisé d’une manière qui permette de protéger la confidentialité
des informations de santé du patient. Certaines crèches et écoles primaires exigent d’avoir
accès au carnet de santé dans le cadre du processus d’admission dans l’établissement,
faisant peser sur les parents et les médecins une pression susceptible de les faire modifier
les informations figurant dans le carnet.
RECOMMANDATIONS
1. L’AMM recommande à ses associations membres d’encourager les autorités de santé
et les institutions sanitaires de leur pays à fournir des informations facilement
accessibles et intelligibles sur la santé maternelle et infantile. Le carnet de santé
maternelle et infantile ou son équivalent peuvent être des outils efficaces pour
améliorer la continuité des soins et assurer la promotion de la santé des mères, des
nouveau-nés et des enfants.
2. L’AMM recommande que les membres constituants et les professionnels de la
médecine favorisent l’adaptation à leur environnement et l’utilisation d’un tel carnet,
ou son équivalent, afin que les Objectifs de développement durable correspondants
soient réalisés pour toutes et tous, y compris les personnes illettrées, les familles en
situation de migration, les réfugiés, les minorités, ainsi que les mères, les nouveau-nés
et les enfants des zones les plus isolées ou sous dotées.
3. La confidentialité des informations de santé et la vie privée des mères et des enfants
doit être strictement protégée lorsqu’un carnet de santé maternelle et infantile ou des
documents de même type sont utilisés. Un tel carnet doit servir exclusivement à
améliorer la santé et le bien-être des mères, des nouveau-nés et des enfants. Il ne
saurait être utilisé dans le cadre de procédures d’admission dans un établissement de
garde ou scolaire.
4. Les associations qui comptent parmi les membres constituants devraient promouvoir la
recherche locale afin d’évaluer l’utilisation de carnets de santé maternelle et infantile,
ou son équivalent, et proposer des recommandations en vue d’améliorer la qualité des
soins dans leur pays.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2018-03-2018
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
LA PLACE DES FEMMES DANS LA MÉDECINE
Adoptée par la 69e
Assemblée Générale de l’AMM à Reykjavik, Islande, Octobre 2018
PRÉAMBULE
1. L’AMM observe à travers le monde l’augmentation du nombre de femmes qui
intègrent les facultés de médecine et la profession de médecin et estime que les études
et la profession doivent être, dans une certaine mesure, transformées pour favoriser
l’accès à la profession de médecin et son exercice pour toutes les personnes, quel que
soit leur genre. Il s’agit là d’un processus de modernisation essentiel, dans lequel le
souci de n’exclure personne passe par l’égalité des genres. La présente prise de
position propose des mécanismes permettant d’identifier et de surmonter les obstacles
qui produisent une discrimination entre les sexes.
2. Dans de nombreux pays à travers le monde, le nombre de femmes qui étudient et qui
pratiquent la médecine est en constante augmentation depuis plusieurs dizaines
d’années et dépasse même souvent les 50 %.
3. Cette évolution doit être soutenue par des mesures adéquates telles que :
• Mettre davantage l’accent sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie
personnelle, tout en favorisant l’évolution professionnelle du ou de la médecin ;
• Encourager les femmes à briguer des postes de direction, d’encadrement et des
postes universitaires ;
• Eliminer les disparités entre hommes et femmes en matière de perspectives de
carrière et de rémunération, de même que les obstacles à l’avancement des
médecins femmes.
4. La question de la place des femmes dans la médecine a déjà été abordée dans la
résolution de l’AMM sur l’accès à la santé des femmes et des enfants et sur le rôle des
femmes dans la profession médicale qui appelait, entre autres, à une représentation et à
une participation accrues des femmes dans la profession de médecin, notamment en
raison de leur entrée croissante dans les facultés de médecine. L’AMM appelait en
outre à accroître la proportion de femmes parmi les membres d’associations médicales
nationales, via l’autonomisation, de meilleures perspectives de carrière, la formation et
d’autres initiatives stratégiques.
RECOMMANDATIONS
Présence accrue des femmes à des postes de direction, d’encadrement et des postes
S-2018-03-2018 ⏐ Reykjavik
Place des femmes dans la médecine
universitaires.
5. Les associations médicales nationales, les facultés de médecine et les employeurs sont
instamment invités à faciliter la mise en œuvre de programmes de mentorat, de
partenariats et d’une discrimination positive dans le recrutement afin d’offrir aux
étudiantes en médecine et aux médecins femmes le soutien, l’aiguillage et les
encouragements nécessaires pour occuper des postes de direction et d’encadrement.
6. Il convient que les associations médicales nationales explorent les possibilités et les
incitations qui pourraient encourager de manière égale les femmes et les hommes à
poursuivre une carrière médicale non linéaire, à obtenir des postes d’enseignants-
chercheurs et à décrocher des postes universitaires, de direction et d’encadrement.
7. Les associations médicales nationales devraient faire pression pour une formation
médicale et des politiques professionnelles égalitaires pour les femmes et les hommes.
8. L’engagement égal des femmes comme des hommes dans des organisations actives
dans l’élaboration de politiques de santé et des organisations professionnelles de
médecins devrait être encouragé.
Meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée
9. Les médecins sont invités à reconnaître qu’un bon équilibre entre vie professionnelle
et vie privée bénéficie à tous les médecins, mais que les femmes peuvent être
confrontées à des difficultés particulières dans ce domaine en raison des attentes
sociales relatives au rôle selon le genre, attentes qui doivent être combattues pour
corriger ce déséquilibre. Les employeurs dans le domaine des soins de santé peuvent
démontrer leur leadership et contribuer à l’amélioration de la situation comme suit:
• Garantir aux femmes en congé maternité l’accès à tous les droits et bénéfices qui
leur sont dus ;
• Mettre en place des mesures encourageant les hommes et les femmes à prendre un
congé parental, afin que les femmes soient en mesure de poursuivre leurs carrières
et les hommes de consacrer du temps de qualité à leurs familles.
10. Il conviendrait que les hôpitaux et les autres établissements qui emploient des
médecins fournissent et encouragent la prestation de services de crèche de haute
qualité, abordables et flexibles pour les parents qui travaillent, y compris des services
d’hébergement sur place si cela est nécessaire. Ces services devraient être à la
disposition des médecins, hommes ou femmes, aux fins de reconnaître la nécessité
d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Les employeurs
devraient donner toutes les informations nécessaires sur les services disponibles
permettant d’assurer un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
11. Il conviendrait qu’au sein des hôpitaux et des autres établissements qui emploient des
médecins, il soit possible de disposer d’horaires de travail flexibles et permettant de
concilier travail et vie de famille, d’effectuer son internat ou d’occuper un poste à
temps partiel, le cas échéant.
12. Il est nécessaire d’accroître les recherches aux fins de parvenir à des calendriers de
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2018-03-2018
Manuel des Politiques de l’AMM
travail alternatifs et des possibilités de télécommunication qui permettraient une
meilleure flexibilité et un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie
personnelle.
13. Les associations médicales nationales devraient militer pour l’application et, lorsque
cela est nécessaire, l’instauration de congés maternité et parentaux appropriés et
convenablement rémunérés dans leur pays respectif.
14. Les établissements employant des médecins et les organisations professionnelles
devraient observer ou adopter des pratiques justes, impartiales et transparentes
permettant de donner aux médecins femmes et aux étudiantes en médecine un accès à
l’emploi et à une formation médicale initiale et continue égal à celui de leurs collègues
masculins.
Grossesse et parentalité
15. Il devrait être illégal pour un employeur de demander à des candidates ou à des
candidats à un poste de travail des informations sur une éventuelle grossesse ou la
planification familiale qu’elles ou ils envisagent.
16. Il incombe aux employeurs d’évaluer les risques que présente leur travail pour les
médecins enceintes et leur enfant à naître, pour les médecins qui viennent d’accoucher
ou les médecins qui allaitent. Lorsqu’il s’avère ou qu’un médecin estime qu’une
employée ou son enfant pourrait pâtir de la poursuite de ses obligations normales, il
revient à l’employeur de proposer à celle-ci des tâches ou un poste de travail adaptés,
sans modification de sa rémunération. Une médecin dans son troisième trimestre de
grossesse devrait avoir le droit de ne pas travailler la nuit ni d’être d’astreinte sans que
cela n’affecte ni son salaire ni sa carrière.
17. Les médecins enceintes doivent disposer des mêmes possibilités de formation continue
que les autres médecins.
18. Les parents devraient pouvoir prendre un congé parental adéquat sans que cela
n’affecte ni leur emploi, ni leur formation, ni leurs perspectives de carrière.
19. Les parents devraient avoir le droit de reprendre leur ancien poste après leur
congé parental sans craindre de perdre ce poste.
20. Les employeurs et les organismes de formation devraient fournir l’appui nécessaire à
tout médecin de retour après une période d’absence prolongée, y compris pour un
congé maternité, parental ou un congé d’assistance à une personne âgée.
21. Les mères devraient pouvoir allaiter ou réserver du temps pour pouvoir tirer leur lait
pendant leurs horaires de travail, conformément aux directives de l’OMS.
22. Les lieux de travail devraient comporter des locaux adéquats pour les femmes qui
allaitent, y compris des lieux calmes, propres et privées, spécialement réservés à
l’allaitement, le recours au tire-lait et la conservation du lait.
Changements de la culture organisationnelle
23. La profession médicale, ainsi que les employeurs de médecins devraient s’efforcer
S-2018-03-2018 ⏐ Reykjavik
Place des femmes dans la médecine
d’éliminer la discrimination et le harcèlement fondés sur le genre et de créer des
environnements plus favorables permettant des perspectives de formation, de carrière
et d’avancement égales pour toutes et tous.
24. Les hôpitaux et les autres établissements qui emploient des médecins devraient
disposer d’une culture organisationnelle compatible avec une vie de famille.
Planification des effectifs et recherche
25. Les gouvernements sont invités, dans le cadre d’une planification à long terme des
effectifs, à tenir compte du nombre croissant de femmes qui embrassent la profession
de médecin. Un effectif mixte est à la fois profitable au système et aux patients. Les
organisations de soins de santé devraient s’assurer que leurs services disposent des
ressources dont ils ont besoin et que toutes les personnes qui y travaillent peuvent
dispenser des soins de qualité aux patients et sont adéquatement et équitablement
rémunérées pour cela. Les gouvernements devraient travailler à corriger les attitudes et
les comportements négatifs, les préjugés, les normes et les valeurs archaïques, tant de
la part des personnes que des organisations.
26. Les gouvernements devraient investir dans des recherches visant à identifier les
facteurs qui poussent les femmes et les hommes à choisir certaines spécialisations
plutôt que d’autres au début de leurs études et de leur formation médicales et qu’ils
s’efforcent d’éliminer les obstacles qu’elles rencontrent afin de parvenir à une égale
représentation des femmes et des hommes dans tous les domaines de la médecine.
27. Les associations médicales nationales devraient encourager les gouvernements et les
employeurs à assurer que les femmes et les hommes reçoivent, à travail égal, une
rémunération égale et à combattre les écarts de salaire entre les hommes et les femmes
dans le domaine médical.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2018-04-2018
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
LE TOURISME MÉDICAL
Adoptée par la 69e
Assemblée Générale de l’AMM à Reykjavik, Islande, Octobre 2018
PRÉAMBULE
1. Le tourisme médical est un phénomène en pleine expansion, bien qu’aucune définition
avancée pour le caractériser n’ait fait l’objet d’un consensus. Les pratiques et les
protocoles diffèrent donc largement d’un pays à l’autre. Aux fins de la présente prise
de position, le tourisme médical est défini comme une situation dans laquelle des
patients traversent des frontières internationales de leur plein gré en vue d’obtenir un
traitement médical, le plus souvent à leurs frais. Les traitements recherchés occupent
une ample gamme de services médicaux, mais les plus communs sont les soins
dentaires, la chirurgie esthétique, la chirurgie élective et les traitements contre
l’infertilité.
2. La présente prise de position ne couvre pas le cas des patients qui sont orientés vers
des établissements étrangers par leur système de santé national ou leur hôpital pour y
recevoir un traitement aux frais du système de protection sociale ni le cas des patients
qui sont autorisés, comme c’est le cas en Union européenne selon des critères
légalement définis, à aller se faire soigner dans un autre État membre, aux frais de leur
système de protection sociale national. De même, les situations dans lesquelles les
patients se trouvent à l’étranger lorsqu’ils tombent malades et ont besoin de soins
médicaux dépassent la cadre de la présente prise de position.
3. S’il n’est pas convenablement règlementé, le tourisme médical peut avoir des
conséquences négatives et conduire à des problèmes éthiques et médico-légaux, parmi
lesquels une fuite des cerveaux, la formation d’un système de santé à deux vitesses et
la propagation de la résistance antimicrobienne. Il est donc impératif qu’une législation
et des règles claires régissent ce phénomène en pleine croissance.
4. Le tourisme médical est un secteur mondial émergent et des fournisseurs de soins de
santé de nombreux pays se font concurrence pour conquérir les patients étrangers, dont
le traitement constitue une source importante de revenus. La prise de conscience de la
santé en tant que bénéfice économique et la volonté d’investir en elle augmentent avec
la prospérité économique des pays et des milliards de dollars sont investis chaque
année partout dans le monde dans le tourisme médical. Les principaux acteurs de ce
secteur sont les patients, les courtiers, les gouvernements, les prestataires de soins de
santé, les compagnies d’assurance et les agences de voyage. La prolifération des sites
internet consacrés au tourisme médical et leur contenu soulèvent des questions sur la
circulation d’informations sanitaires non règlementées, voire fausses.
S-2018-04-2018 ⏐ Reykjavik
Tourisme médical
5. Le touriste médical est plus fragile et vulnérable que s’il était patient dans son propre
pays. C’est pourquoi le personnel soignant doit faire preuve d’une plus grande
sensibilité à tous les stades du traitement et des soins et fournir une aide linguistique et
culturelle lorsque cela est possible. Lorsqu’un patient se rend à l’étranger pour suivre
un traitement médical, cela peut nuire à la continuité des soins. C’est pourquoi il
convient de prendre des précautions particulières.
6. Le tourisme médical suscite de nombreuses préoccupations éthiques que tous les
acteurs doivent garder à l’esprit. Les touristes médicaux peuvent recevoir des soins à la
fois dans des établissements médicaux financés par l’État et dans des établissements
privés. Des règlementations doivent exister pour chacune de ces possibilités. Les
présentes recommandations s’adressent principalement aux médecins, mais l’AMM
invite toutes les personnes qui sont impliquées dans le tourisme médical à adopter ces
principes.
RECOMMANDATIONS
Recommandations d’ordre général
7. L’AMM insiste sur l’importance de développer des systèmes de santé dans tous les
pays pour éviter qu’un tourisme médical excessif ne prospère en raison des faibles
possibilités de traitement dans le pays du patient. Les incitations financières à se
rendre à l’étranger pour suivre un traitement médical ne doivent pas limiter les
alternatives thérapeutiques et de diagnostic dans le pays du patient ni restreindre les
possibilités d’aiguillage ou de traitement.
8. L’AMM appelle les gouvernements à examiner avec soin toutes les conséquences du
tourisme médical sur le système de soins de santé d’un pays et à mettre en place, après
consultation des parties concernées et en collaboration avec elles, des protocoles
complets et coordonnés ainsi qu’une législation applicables au tourisme médical. Ces
protocoles devraient comporter une évaluation des possibilités de chaque pays de
recevoir des touristes médicaux, un accord sur les procédures nécessaires et permettre
d’éviter les conséquences négatives sur les systèmes de santé du pays.
9. L’AMM appelle les gouvernements et les prestataires de soins de santé à assurer que le
tourisme médical n’entrave pas le bon usage des ressources limitées en matière de
santé ou la disponibilité de soins de qualité pour les habitants du pays hôte. Il convient
de prêter une attention particulière aux traitements qui supposent des temps d’attente
très longs ou qui nécessitent l’emploi de ressources médicales rares. Le tourisme
médical ne saurait faire la promotion de pratiques illégales ou contraires à l’éthique
comme le trafic d’organes. Les autorités, notamment le gouvernement, devraient
pouvoir mettre un terme au tourisme médical électif lorsqu’il met en péril la possibilité
de traiter la population locale de manière adéquate.
10. Il convient de ne jamais laisser l’accueil de touristes médicaux biaiser l’évaluation
normale des besoins de santé ni, le cas échéant, la création de listes d’attente ou les
listes de personnes à traiter en priorité. Une fois son cas accepté par un prestataire de
soins de santé, les touristes médicaux doivent être traités selon l’urgence que présente
leur état de santé. Lorsque cela est possible, il convient d’aiguiller les patients vers des
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2018-04-2018
Manuel des Politiques de l’AMM
établissements agréés par les autorités nationales ou accrédités par des organismes ad
hoc reconnus.
Précautions à prendre avant le départ
11. Les patients doivent être informés que les pratiques de soins et de traitement peuvent
être différentes de celles qui ont cours dans leur pays, et que les traitements sont
dispensés conformément aux lois et aux pratiques du pays d’accueil. Les patients
doivent être informés par le médecin/le prestataire de soins de leurs droits, des recours
juridiques dont ils disposent en cas de problème et des mécanismes d’indemnisation
qui existent avant leur retour dans leur pays pour l’éventuelle suite des soins.
12. Le médecin du pays d’accueil devrait établir un programme thérapeutique comprenant
un devis et les modalités de paiement avant le voyage du touriste médical vers le pays
hôte. De plus, le médecin et l’agence de tourisme médical (si elle existe) devraient
collaborer afin de s’assurer que toutes les dispositions sont prises conformément aux
besoins médicaux du patient. Il convient que les patients soient informés des risques
que comporte l’association d’interventions chirurgicales, de vols long-courriers et
d’activités de vacances.
13. Les touristes médicaux doivent être informés que les lois relatives à la vie privée sont
différentes dans chaque pays et qu’en raison des services annexes dont ils bénéficient
dans le cadre de ce voyage, il est possible que des informations relatives à leur état de
santé soient portées à la connaissance de personnes qui ne sont pas des professionnels
de santé (par exemple des interprètes). Si un touriste médical décide néanmoins de
recourir à ces services, il convient de lui fournir toute la documentation spécifiant les
services fournis par des praticiens non médicaux (y compris des interprètes) et des
explications sur les personnes qui auront accès à son dossier médical. Il convient
d’obtenir le consentement des touristes médicaux pour divulguer les informations qui
sont jugées nécessaires.
14. Tous les acteurs (personnel soignant ou administratif) associés aux soins des touristes
médicaux doivent connaître les obligations éthiques et de confidentialité qui leur
incombent. Il convient que les interprètes et le personnel administratif ayant accès aux
informations relatives à la santé du patient signent des accords de confidentialité.
15. Le touriste médical doit être informé de tout changement de son état de santé qui
conduirait à une modification du devis, de son programme de voyage ou des critères
d’obtention du visa.
16. Si le programme de traitement est modifié pour des raisons médicales qui se révèlent
après l’établissement du programme initial, le touriste médical doit être informé des
changements et de leur motif. Tout changement du programme de traitement doit
recevoir l’aval du patient.
17. Lorsqu’un patient souffre d’une maladie incurable, le médecin du pays d’accueil doit
fournir à ce patient des informations précises sur les options thérapeutiques, y compris
les limites du traitement, la capacité de ce traitement à modifier l’évolution de la
maladie de manière significative, à augmenter son espérance de vie et à améliorer sa
qualité de vie. Si après avoir étudié toutes les données, le médecin en conclut qu’il est
S-2018-04-2018 ⏐ Reykjavik
Tourisme médical
impossible d’améliorer l’état de santé du patient, il devrait en informer le patient et
tenter de le dissuader de voyager.
Traitement
18. Les médecins sont tenus de traiter toutes les personnes qui sont admises pour recevoir
un traitement, que ces personnes soient des nationaux ou des étrangers, sans
discrimination. Toutes les obligations qui leur incombent en vertu de la loi et des
codes d’éthique médicale internationaux s’appliquent au médecin, qu’il se trouve face
à des compatriotes ou à des touristes médicaux.
19. Les décisions médicales concernant le touriste médical doivent être prises par des
médecins, en coopération avec le patient, et non par du personnel non médical.
20. Tout en laissant le choix aux médecins traitants et lorsque les informations sont
disponibles et de bonne qualité, on ne devrait pas demander au touriste médical de se
soumettre à des tests précédemment effectués à moins d’une nécessité médicale.
21. Le patient doit être informé du traitement dans une langue qu’il comprend. Cela
comporte le droit à un résumé établi par le médecin responsable sur l’avancée du
traitement et sa date de fin, avec une traduction des documents si nécessaire.
22. Il est nécessaire de convenir, avant le lancement du traitement, du transfert des
résultats des examens et des images diagnostiques dans le pays du patient.
23. Dans la mesure du possible, il serait souhaitable que le médecin traitant du pays
d’accueil et le médecin traitant dans le pays d’origine communiquent avant le voyage
afin d’assurer les soins ultérieurs et le suivi clinique correct des problèmes médicaux
ayant conduit à traiter le patient.
24. Le médecin qui prépare le programme thérapeutique du patient doit confirmer le
diagnostic, le pronostic et les traitements reçus par le touriste médical.
25. Le patient doit recevoir une copie de son dossier médical à des fins de continuité des
soins et de suivi dans son pays. Si nécessaire, le patient devrait recevoir une liste
détaillée des consignes et recommandations du médecin pour la période suivant son
départ. Ces informations doivent comporter des indications sur le délai de
rétablissement estimé et sur le temps nécessaire avant de faire le voyage de retour.
Publicité
26. La publicité sur le tourisme médical, que ce soit par internet ou d’une autre manière,
doit être conforme aux principes d’éthique médicale convenus et comporter des
informations détaillées concernant les services fournis par l’établissement d’accueil.
Ces informations devraient en mentionner les spécialités, les médecins auxquels il fait
appel et les risques. Le statut d’accréditation des médecins et des établissements de
soins ainsi que les résultats de ces derniers devraient être facilement accessibles. Les
supports publicitaires devraient indiquer que tous les traitements médicaux comportent
des risques et que des risques supplémentaires spécifiques peuvent exister dans le
contexte du tourisme médical.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2018-04-2018
Manuel des Politiques de l’AMM
27. Les associations médicales nationales devraient faire tout ce qui est en leur pouvoir
pour empêcher la publicité mensongère ou la publicité violant les principes de
l’éthique médicale, notamment la publicité contenant des informations incorrectes ou
partielles et/ou toutes informations susceptibles de tromper les patients, comme une
exagération des bénéfices potentiels.
28. Une publicité exposant les avantages d’un traitement médical spécifique devrait aussi
mentionner les risques inhérents à ce traitement et ne saurait garantir un résultat,
susciter des attentes démesurées ou mettre en avant des bénéfices irréalistes.
Transparence et prévention des conflits d’intérêts
29. D’éventuels conflits d’intérêts peuvent être inévitables pour des médecins traitant des
touristes médicaux, y compris du fait de l’établissement qui les emploie. Il est essentiel
que toutes les relations et situations de soins soient gérées de manière ouverte et
transparente.
30. Un médecin doit pratiquer la transparence et faire savoir au touriste médical qu’un
conflit d’intérêts de nature personnelle, financière, professionnelle ou autre est
susceptible de se produire dans le cadre du traitement, qu’il soit réel ou perçu comme
tel.
31. Un médecin ne saurait accepter un quelconque bénéfice ni proposer au touriste
médical ou accepter de sa part une transaction financière ou personnelle aussi
longtemps que la relation médecin-patient perdure. Lorsque le médecin soigne le
touriste médical comme tout autre patient versant des honoraires, les mêmes règles
devraient s’appliquer au touriste médical qu’aux patients lui versant des honoraires.
32. Un médecin devrait veiller à ce qu’un contrat avec une agence de tourisme médical ou
avec un touriste médical ne constitue pas un conflit d’intérêts avec son emploi actuel
ou avec ses obligations éthiques et professionnelles vis-à-vis d’autres patients.
Transparence en matière de paiement des honoraires du médecin
33. Le programme de traitement et le devis estimatif doivent comporter une liste détaillée
de tous les coûts, y compris une ventilation des honoraires du médecin, à savoir :
honoraires de consultation et de chirurgie et honoraires supplémentaires que le patient
pourrait avoir à régler tels que : frais hospitaliers, assistance chirurgicale, prothèse (si
elle est comptée à part) et frais de soins postopératoires.
34. Le devis peut être modifié après remise du programme de traitement uniquement si
l’état clinique du patient a évolué ou lorsque les circonstances ont changé d’une
manière imprévisible ou inévitable. Si les coûts sont alors différents, le touriste doit
connaître les raisons ayant justifié cette révision des coûts aussi tôt que possible.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2018-05-2018
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
LE DÉVELOPPEMENT DURABLE
Adoptée par la 69e
Assemblée Générale de l’AMM à Reykjavik, Islande, Octobre 2018
PRÉAMBULE
1. L’AMM est convaincue que la santé et le bien-être dépendent de déterminants sociaux
de la santé (DSS), c’est-à-dire des conditions dans lesquelles les personnes sont nées,
grandissent, vivent, travaillent et vieillissent. Ces déterminants sociaux influent
directement sur la réalisation des Objectifs du développement durable des Nations
unies (ODD). Nombre des cibles et indicateurs qui ont été conçus pour mesurer les
progrès vers la réalisation de ces objectifs constitueront également des mesures utiles
de l’incidence des actions qui sont menées pour mettre en échec les déterminants
sociaux de la santé et notamment réduire les inégalités de santé.
2. La présente prise de position s’appuie sur la politique de l’AMM relative aux
déterminants sociaux de la santé tels qu’ils sont définis dans la Déclaration d’Oslo et
sur les principes fondamentaux de l’éthique médicale décrits dans la Déclaration de
Genève.
3. L’AMM reconnaît les efforts importants consentis par les Nations unies avec
l’adoption le 25 septembre 2015 de la résolution « Transformer notre monde : le
Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». Le programme de
développement durable repose sur cinq thèmes : l’humanité, la planète, la prospérité,
la paix et les partenariats et sur le principe de ne laisser personne de côté dans cette
quête collective. L’AMM proclame l’importance d’efforts mondiaux en faveur du
développement durable et l’impact qu’ils peuvent avoir sur l’humanité.
4. Les Objectifs du développement durable sont fondés sur les enseignements tirés des
succès et des échecs des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), y
compris les inégalités dans de nombreux aspects de la vie. Bien qu’il n’y ait pas de
concept supérieur permettant d’unifier les Objectifs de développement durable,
l’AMM estime que les inégalités de santé et de bien-être recouvrent une grande partie
du programme à l’horizon 2030. L’AMM constate que bien que seul le troisième
objectif soit spécifiquement centrés sur la santé, la plupart renferment d’importants
composants relatifs à la santé.
5. L’AMM reconnaît que tous les gouvernements doivent s’engager et investir beaucoup
pour remplir pleinement ces objectifs d’ici à 2030, conformément au Programme
d’action d’Addis Abeba. L’AMM convient en outre du risque que les ODD soient
considérés comme inabordables, en raison de leur coût estimé : entre 3,3 et 4,5 mille
milliards de dollars étasuniens par an.
S-2018-05-2018 ⏐ Reykjavik
Développement durable
6. L’AMM souligne la nécessité de compter sur des collaborations et des travaux
intersectoriels pour atteindre ces objectifs et considère que les questions de santé
doivent être prises en compte dans tous les ODD, et pas uniquement dans le troisième
ODD consacré à la santé.
PRIORITÉS DE LA POLITIQUE
7. Reconnaissance des questions de santé dans toutes les politiques et des déterminants
sociaux de la santé/approche sociale globale;
8. Certains domaines sont essentiels à la réalisation de l’Objectif de développement
durable n° 3:
• L’autonomisation et la sécurité du patient ;
• L’amélioration continue de la qualité dans les soins de santé ;
• Le dépassement de l’impact de l’âge sur les soins de santé ;
• La lutte contre la résistance antimicrobienne ;
• La sécurité et le bien-être du personnel de santé.
9. Harmonisation des politiques entre toutes les agences des Nations unies et des travaux
des organisations gouvernementales régionales telles que les États-Unis, l’Union
africaine, la Ligue arabe, l’ASEAN et l’Organisation des États américains.
10. L’AMM s’engage à soutenir la mise en œuvre des trois autres accords mondiaux
relatifs au processus de développement durable :
• Le programme d’action d’Addis-Abeba, qui est le mécanisme qui permettra
d’assurer le financement du Programme de développement durable à l’horizon
2030 ;
• L’Accord de Paris, qui est le mécanisme contraignant du processus de
développement durable fixant un plan d’action mondial à même de mettre le
monde en position d’éviter des conséquences trop dangereuses du changement
climatique en limitant le réchauffement bien en deçà du dépassement de 2°C des
niveaux préindustriels ;
• Le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, qui est l’accord
qui reconnaît en l’État le principal acteur de la réduction des risques de
catastrophe. Cette responsabilité doit cependant être partagée avec gouvernements
locaux, le secteur privé et d’autres parties prenantes.
RECOMMANDATIONS ET ENGAGEMENTS
11. L’AMM s’engage à travailler avec d’autres organisations intergouvernementales, y
compris les Nations unies, l’OMS, les organisations de professionnels de la santé et
d’autres acteurs à la mise en œuvre et au suivi de ce programme et des accords
internationaux y afférents, ainsi qu’à l’harmonisation des politiques et des efforts de
sensibilisation.
12. L’AMM s’engage à coopérer avec les associations qui la constituent aux fins de
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2018-05-2018
Manuel des Politiques de l’AMM
soutenir leur travail aux niveaux national et régional et avec leurs gouvernements
respectifs à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
13. L’AMM recommande que les associations médicales nationales créent des stratégies
relatives au recueil de données, à la mise en œuvre, au renforcement des capacités et
au plaidoyer, aux fins d’une meilleure cohérence entre les politiques et pour augmenter
autant que possible la mise en œuvre du Programme à l’horizon 2030 aux niveaux
national et mondial.
14. L’AMM recommande en outre que les associations médicales nationales collaborent
avec les banques de développement, les ONG, les organisations intergouvernementales
et d’autres parties prenantes qui travaillent également à mettre en œuvre le Programme
de développement durable à l’horizon 2030, notamment dans leur propre pays.
15. L’AMM encourage les Nations unies et l’OMS à rédiger des orientations sur la
manière dont le financement de la santé sera mis en œuvre pour atteindre les cibles
définies pour le Programme à l’horizon 2030 et les implications économiques des
maladies non transmissibles, du vieillissement et de la résistance antimicrobienne.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2019-01-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
L’UTILISATION DE L’INTELLIGENCE AUGMENTÉE DANS LES SOINS
MÉDICAUX
Adoptée par la 70e
Assemblée Générale, Tbilissi, Géorgie, Octobre 2019
PRÉAMBULE
L’intelligence artificielle (IA) est la possibilité pour une machine de simuler un
comportement intelligent, une caractéristique qui lui permet de fonctionner de manière
appropriée et avec anticipation dans son environnement. Le terme « intelligence artificielle
» recouvre tout un éventail de méthodes, de techniques et de systèmes. Parmi les exemples
courants de systèmes d’intelligence artificielle, on trouve le traitement automatique du
langage naturel (TALN), la vision par ordinateur et l’apprentissage automatique. Dans les
soins de santé comme en d’autres domaines, les solutions d’intelligence artificielle mettent
en œuvre une combinaison de ces systèmes et méthodes.
(Note : un glossaire figure en annexe de cette prise de position).
Dans le domaine des soins de santé, le terme le plus adapté est « intelligence augmentée »,
une autre conceptualisation qui reflète plus exactement l’objectif de ces systèmes, qui est
de coexister avec la prise de décision humaine (1). Dès lors, dans cette prise de position,
IA se réfère à l’intelligence augmentée.
Un système d’intelligence artificielle utilisant l’apprentissage automatique emploie un
algorithme programmé pour apprendre (« algorithme d’apprentissage ») à partir de
données appelées « données d’apprentissage ». L’algorithme d’apprentissage ajuste
ensuite automatiquement le modèle d’apprentissage automatique sur la base des données
d’apprentissage qu’il a reçues. Un système d’apprentissage automatique non supervisé met
à jour le modèle sans intervention humaine à mesure qu’il reçoit de nouvelles données,
alors que l’apprentissage automatique supervisé ne met pas à jour le modèle en traitant
automatiquement de nouvelles données. Dans les soins de santé, il est important de savoir
si l’algorithme d’apprentissage est supervisé ou non, c’est-à-dire s’il continue à apprendre
une fois intégré à la pratique clinique afin d’évaluer la qualité, la sécurité ou les biais du
système. Il est essentiel d’être capable de remonter à la source des données
d’apprentissage pour comprendre le risque associé à l’intégration de systèmes
d’intelligence augmentée dans les soins de santé pour des personnes dont les
caractéristiques sont significativement différentes de celles qui sont présentes dans les
données d’apprentissage.
L’intelligence augmentée dans les soins de santé désigne généralement des méthodes, des
outils et des solutions appliquées aux établissements de soins de santé et aux soins aux
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2019-01-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
patients. Outre les applications cliniques, il existe de nombreuses autres applications de
l’intelligence augmentée aux soins de santé : activités commerciales, recherche,
administration des soins de santé et santé de la population.
Les concepts d’intelligence augmentée et d’apprentissage automatique ont très tôt
intéressé les prestataires de soins de santé, mais la terminologie se rapportant à ces
concepts n’est souvent pas très établie. D’aucuns voient en l’intelligence augmentée la
panacée technique, mais la réalisation des promesses de l’intelligence augmentée pourrait
réserver des difficultés, qu’elles soient dues à la nécessité de faire évoluer la supervision
règlementaire pour assurer la sécurité et l’efficacité clinique, le manque de normes
communément acceptées, les questions de responsabilité, la nécessité de définir des lois et
règlementations claires eu égard à l’utilisation des données et l’absence de terminologie et
de définitions communément établies.
Parmi les usages les plus prometteurs de l’intelligence augmentée dans le domaine des
soins de santé, on peut citer l’analyse prédictive, la médecine de précision et le soutien aux
décisions cliniques. Ces domaines connaissent des progrès et les investissements dans
l’intelligence augmentée sont en hausse depuis plusieurs années [1]. Actuellement les
systèmes d’intelligence augmentée appliqués aux soins de santé ont commencé à produire
des résultats intéressants dans les domaines de la reconnaissance de formes, le TALN et
l’apprentissage en profondeur (« deep learning »). Les systèmes d’apprentissage
automatique sont conçus pour identifier les données douteuses et éviter de se fonder sur
ces données. Toutefois, les systèmes d’intelligence augmentée ne sauraient remplacer la
relation entre médecin et patient. Ces systèmes doivent améliorer les soins médicaux
prodigués par le médecin et non remplacer ce dernier.
Les systèmes d’intelligence augmentée doivent être transparents, reproductibles et fiables,
à la fois aux yeux des soignants et à ceux des patients. Les systèmes doivent être centrés
sur les besoins des usagers. Leur facilité d’emploi et leur efficacité doivent être évaluées
par des participants qui soient représentatifs des usagers finaux. Les médecins seront plus
enclins à recourir à des systèmes d’intelligence augmentée flexibles qui peuvent être
intégrés à leurs pratiques et les perfectionner, tout en améliorant les soins dispensés aux
patients.
Perspectives
L’intelligence augmentée appliquée aux soins de santé peut offrir un ensemble d’outils
transformationnels aux médecins et aux patients et pourrait rendre les soins de santé plus
sûrs et plus efficaces. L’automatisation de processus hospitaliers et administratifs pourrait
accroître la productivité des médecins. L’exploration de données pour extraire des données
exactes et utiles au bon moment pourrait permettre d’améliorer les dossiers médicaux
électroniques et l’accès aux informations utiles concernant le patient. Les résultats de
l’exploration de données pourraient en outre permettre de mettre au jour des tendances qui
serviraient à informer l’attribution de ressources et les décisions relatives à leur utilisation.
L’analyse de toutes les données connues sur un patient pourrait permettre un meilleur
diagnostic et un traitement plus adapté ou plus commode. L’expérience du patient, sa
sécurité et son adhésion au traitement pourraient également s’en trouver améliorées.
Les applications de l’intelligence augmentée dans la formation des futurs médecins sont
multiples et comprennent la formation continue, la simulation de situations, l’assistance à
S-2019-01-2019 ⏐ Tbilissi
Intelligence artificielle ou augmentée dans les soins médicaux
l’apprentissage et l’accompagnement des étudiants et des internes ainsi que la mise à
disposition d’outils objectifs d’évaluation des compétences. De telles applications
pourraient contribuer à personnaliser l’enseignement médical et à faciliter l’apprentissage
autonome, individuel ou en groupe.
Outre les médecins, nombre d’acteurs et de décideurs participent à influencer l’évolution
de l’intelligence artificielle dans le domaine des soins de santé, par exemple les
associations médicales, les entreprises, les gouvernements et le secteur des technologies de
pointe. Les médecins disposent d’une occasion exceptionnelle d’informer et d’influencer
de manière positive les discussions et les débats ayant actuellement cours au sujet de
l’intelligence augmentée. Ils ont tout intérêt à intervenir dans ces discussions pour assurer
que leurs points de vue soient entendus et pris en compte dans ces technologies en plein
essor.
Écueils
Les développeurs des systèmes d’intelligence augmentée appliquée aux soins de santé et
les autorités de règlementation doivent assurer l’information en bonne et due forme des
parties concernées et déterminer les avantages, les limites et la juste portée de ces
systèmes. Les médecins, eux ont besoin de comprendre les méthodes et systèmes
d’intelligence augmentée afin de se fonder sur des recommandations cliniques. Les
étudiants en médecine et les médecins en activité doivent être formés aux possibilités et
aux limites des systèmes d’intelligence augmentée dans le cadre des soins de santé, leur
implication étant essentielle à la bonne évolution du secteur. Les systèmes d’intelligence
augmentée doivent toujours être conformes aux valeurs professionnelles et aux règles
déontologiques ayant cours dans la profession médicale.
La protection de la confidentialité des données du patient, leur maîtrise et leur possession
est au fondement de la relation de confiance qui unit le patient à son médecin.
L’anonymisation des données ne protège pas suffisamment les informations relatives à un
patient dans la mesure où il suffit de trois points de données aux algorithmes
d’apprentissage automatique pour identifier une personne dans d’immenses corpus de
données complexes. Il convient de répondre aux attentes actuelles des patients en matière
de confidentialité de leurs données personnelles et à cette fin élaborer de nouveaux
modèles de bonne gestion des données et du consentement. On recherche actuellement
des solutions techniques viables pour limiter les risques afférents à ces systèmes. Elles
sont indispensables si les systèmes d’intelligence augmentée sont appelés à se généraliser
dans les soins de santé.
La structure et l’intégrité des données sont aujourd’hui les points faibles auxquels il
convient de remédier dès la conception des systèmes d’intelligence augmentée. Les
ensembles de données sur lesquels sont entraînés les systèmes d’apprentissage
automatique sont créés par des humains et sont susceptibles de refléter leurs préjugés et
leurs erreurs. C’est pourquoi ces systèmes peuvent normaliser des erreurs et des biais
présents dans leur corpus de données. Les minorités peuvent s’en trouver désavantagées :
il existe en effet moins de données sur les populations minoritaires. Il convient également
d’examiner la manière dont sera évaluée l’exactitude d’un modèle et donc d’analyser
minutieusement les ensembles de données d’entraînement et les relations qui les lient aux
ensembles de données utilisées pour évaluer les algorithmes.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2019-01-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
La généralisation des systèmes d’intelligence augmentée se heurte en outre à des questions
de responsabilité. À mesure que des modèles de supervision existants et nouveaux se
constituent au sein des systèmes d’intelligence artificielle, les meilleurs connaisseurs de
ces systèmes et donc les mieux placés pour en atténuer les risques seront ceux qui les ont
développés. Les développeurs des systèmes d’intelligence augmentée appliqués aux soins
de santé et ceux qui ont commandé de tels systèmes doivent être comptables des
évènements néfastes qui résulteraient d’un mauvais fonctionnement ou de résultats
inexacts. Les médecins trouvent souvent les dossiers médicaux électroniques peu
ergonomiques. Des systèmes conçus pour permettre les soins en équipe et d’autres types
de déroulement des tâches se révèlent souvent inadaptés. Outre les facteurs humains, la
conception et le développement des systèmes d’intelligence augmentée dans les soins de
santé doivent sérieusement prendre en compte le déploiement approprié de tels systèmes.
Tous les systèmes ne sont pas exploitables partout, du fait des variations des sources de
données.
Des travaux sont en cours pour faire progresser la législation relative aux systèmes
d’intelligence augmentée appliquée aux soins de santé et leur supervision, notamment
dans les domaines des normes relatives aux soins médicaux, des droits de propriété
intellectuelle, des procédures de certification ou des règlementations gouvernementales et
des considérations éthiques et légales.
RECOMMANDATIONS
L’AMM devrait :
• reconnaître le potentiel des systèmes d’intelligence augmentée appliquée aux soins
de santé en matière d’amélioration de l’état de santé des patients et de satisfaction
professionnelle des médecins, à condition que ces systèmes soient conformes aux
principes d’éthique médicale, de confidentialité des données relatives aux patients
et de non-discrimination ;
• soutenir le processus de fixation de priorités des systèmes d’intelligence
augmentée appliqués aux soins de santé ;
• encourager les possibilités de formation des patients, médecins, étudiants en
médecine, administrateurs de santé et tous les autres professionnels de santé pour
promouvoir une meilleure compréhension des nombreux aspects, positifs et
négatifs de l’intelligence augmentée dans les soins de santé.
L’AMM invite instamment ses organisations membres à :
• trouver des occasions de faire connaître les points de vue des médecins sur
l’élaboration, la conception, la validation et la mise en œuvre de l’intelligence
augmentée dans les soins de santé ;
• défendre l’implication directe des médecins dans le développement et la gestion
des systèmes d’intelligence augmentée appliquée aux soins de santé et une
supervision institutionnelle et professionnelle appropriée aux fins de produits et
services d’intelligence augmentée sûrs, efficaces, équitables, éthiques et
accessibles ;
S-2019-01-2019 ⏐ Tbilissi
Intelligence artificielle ou augmentée dans les soins médicaux
• défendre la transparence, la reproductibilité et la fiabilité de tous les systèmes
d’intelligence augmentée en matière de soins de santé tant pour les soignants que
pour les patients.
• défendre la primauté de la relation entre médecin et patient dans le développement
et la mise en œuvre de systèmes d’intelligence augmentée appliqués aux soins de
santé.
(1) Aux fins de la présente prise de position, le terme « intelligence augmentée dans les soins de
santé » fait référence à un système qui enrichit le travail des cliniciens mais ne s’y substitue pas.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2019-01-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
ANNEXE: GLOSSAIRE DES TERMES RELATIFS À L’INTELLIGENCE
AUGMENTÉE DANS LE DOMAINE DES SOINS DE SANTÉ
Algorithme : ensemble d’instructions détaillées et ordonnées qui sont suivies par un
ordinateur pour résoudre un problème mathématique ou réaliser un processus
informatique.
Intelligence artificielle : ensemble de méthodes informatiques utilisées pour produire des
systèmes qui réalisent des tâches témoignant d’un comportement intelligent indistinct d’un
comportement humain.
Intelligence augmentée (IA) : conceptualisation de l’intelligence artificielle centrée sur le
rôle d’assistance de cette dernière et conçue pour concourir à l’intelligence humaine plutôt
que pour la remplacer.
Vision informatique : champ scientifique interdisciplinaire traitant de la manière dont des
ordinateurs peuvent permettre une compréhension fine des images ou vidéos numériques
et visant à automatiser des tâches dont est capable l’organe visuel humain.
Exploration de données : sous-champ interdisciplinaire de l’informatique et de la
statistique dont le but général est d’extraire des informations (en utilisant des méthodes
intelligentes) d’un corpus de données et de les transformer en une structure
compréhensible pour un usage ultérieur.
Apprentissage automatique : étude scientifique d’algorithmes et de modèles statistiques
utilisés par des systèmes informatiques afin de réaliser des tâches spécifiques de manière
efficace avec le minimum d’intervention humaine et sans instruction précise, en apprenant
des données et de l’identification de formes.
Traitement automatique du langage naturel (TALN) : sous champ de l’informatique,
de l’ingénierie de l’information et de l’intelligence artificielle étudiant les interactions
entre les langages informatiques et humains, notamment la manière de programmer des
ordinateurs pour traiter et analyser de grandes quantités de données relatives au langage
naturel.
Données d’entraînement : ensemble de données utilisées pour former un algorithme. Il
s’agit généralement d’un certain pourcentage d’un corpus de données accompagné d’un
dispositif de test. De manière générale, meilleures sont les données d’entraînement, plus
l’algorithme est performant. Une fois l’algorithme entraîné, il est généralement évalué
grâce au dispositif de test. L’ensemble du système d’entraînement doit être étiqueté ou
enrichi pour accroître la fiabilité et l’exactitude de l’algorithme.
Référence
[1] CB Insights, The Race for AI: Google, Baidu, Intel, Apple in a Rush to Grab Artificial
Intelligence Startups. https://www.cbinsights.com/research/top-acquirers-ai-startups-ma-
timeline/ (en anglais).
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2019-02-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
LA CONSOMMATION DE BOISSONS SUCRÉES ET CONTENANT
DES SUCRES AJOUTÉS
Adoptée par la 70e
Assemblée Générale, Tbilissi, Géorgie, Octobre 2019
PRÉAMBULE
Les maladies non transmissibles constituent les principales causes de décès dans le monde.
Chaque année ce sont près de 40 millions de personnes qui meurent des suites de l’une de
ces pathologies [1], qui trouvent principalement leur origine dans un régime alimentaire
déséquilibré et la sédentarité. Une consommation élevée de sucres libres est souvent
associée aux maladies non transmissibles en raison de ses liens avec l’obésité et une
alimentation de mauvaise qualité.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la consommation de sucres libres, c’est-
à-dire les sucres ajoutés aux aliments et aux boissons par les personnes qui fabriquent,
cuisinent ou consomment le produit, conduit à un apport énergétique excessif, ce qui se
traduit par une augmentation de la masse corporelle.
L’OMS définit les sucres libres comme : « tous les sucres ajoutés aux aliments et aux
boissons pendant leur fabrication, ainsi que les sucres naturellement présents dans le miel,
les sirops, les jus de fruits et les jus de fruits à base de concentré ».
Le sucre s’est très largement répandu et sa consommation mondiale est passée de 130
millions de tonnes à 178 millions de tonnes par an au cours de la dernière décennie4.
La consommation excessive de sucre libre, notamment sous la forme de boissons sucrées,
menace la qualité de l’alimentation sur le plan des nutriments : elle contribue à l’apport
énergétique global sans ajouter de nutriments spécifiques. Elle contribue ainsi à une prise
de poids malsaine et à un risque accru de problèmes dentaires, d’obésité ou de maladie
non transmissible. On trouve parmi les boissons contenant des sucres ajoutés tous types de
boissons contenant des sucres libres (qu’il s’agisse de monosaccharides ou de
disaccharides), y compris les boissons sans alcool, les jus de fruits et de légumes ou les
boissons qui en contiennent, les concentrés liquides ou en poudre, les eaux aromatisées,
les boissons énergisantes, les boissons à base de thé ou de café prêtes à boire et les
boissons lactées aromatisées.
L’OMS recommande de réduire l’absorption de sucre à 5 % des apports énergétiques
totaux, soit près de six petites cuillers par jour et de ne pas dépasser les 10 % d’apports
énergétiques totaux [2].
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2019-02-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
Selon une méta-analyse menée aux États-Unis, l’élasticité de la consommation de boissons
sucrées par rapport au prix de vente est de -1,21, ce qui signifie qu’une augmentation du
prix de 10 % occasionne une réduction de la consommation de 12,1 %. Ainsi, au Mexique
une taxe sur le sucre a permis de faire diminuer la consommation de boissons contenant
des sucres ajoutés.
Les données et les expériences observées dans le monde entier montrent qu’une taxe sur le
sucre fonctionne mieux si elle fait partie d’une série d’interventions visant à s’attaquer au
problème de l’obésité et des maladies chroniques associées. Ces interventions
comprennent la régulation des publicités pour la nourriture, l’étiquetage des produits, les
campagnes de sensibilisation et les subventions aux produits alimentaires sains.
RECOMMANDATIONS
L’Association médicale mondiale (AMM) et ses membres constituants devraient :
• Appeler les gouvernements nationaux à mettre fin au faible coût des sucres libres
et des boissons contenant des sucres ajoutés par une taxation du sucre. Le produit
de cette taxe devrait être alloué à la promotion de la santé et à des programmes de
santé publique axés sur la prévention visant à réduire l’obésité et les maladies non
transmissibles dans leur pays.
• Encourager les fabricants de produits alimentaires à indiquer clairement la teneur
en sucre de leurs produits et exhorter leur gouvernement à imposer un tel
étiquetage ;
• Exhorter leur gouvernement à règlementer de manière stricte la publicité pour les
aliments et boissons sucrées destinée aux enfants ;
• Demander instamment aux gouvernements nationaux de restreindre la mise à
disposition de boissons et de produits sucrés dont la teneur en sucres libres est
élevée dans les établissements scolaires et de santé et de les remplacer par des
alternatives plus saines.
Les membres constituants de l’AMM et les médecins qui les composent devraient
travailler avec les parties prenantes nationales afin de :
• Militer pour une alimentation saine et durable limitant la consommation de sucres
libres à moins de 5 % des apports énergétiques totaux ;
• Encourager les formations en nutrition et les programmes de développement des
compétences sur la préparation de repas équilibrés avec des aliments sans sucres
ajoutés ;
• Créer ou soutenir les campagnes sur les habitudes alimentaires saines afin de
réduire la consommation de sucre ;
• Militer pour une approche exhaustive, multidisciplinaire et intersectorielle de la
réduction de la consommation de sucre.
S-2019-02-2019 ⏐ Tbilissi
Consommation des sucres
Références
[1] http://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/noncommunicable-diseases
[2] WHO Guideline: Sugars Intake for Adults and Children 2015
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2019-03-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
LA NÉCESSITÉ POUR TOUS DE RECEVOIR DES INFORMATIONS
DE SANTÉ
Adoptée par la 70e
Assemblée Générale, Tbilissi, Géorgie, Octobre 2019
PRÉAMBULE
La constitution de l’OMS prévoit que « l’admission de tous les peuples au bénéfice des
connaissances acquises par les sciences médicales, psychologiques et apparentées est
essentielle pour atteindre le plus haut degré de santé ». Il est essentiel que le grand public,
les patients et le personnel de santé aient accès à des informations de santé pertinentes,
fiables, objectives, à jour et fondées sur des données scientifiques, et ce dans tous les
aspects de la santé, notamment (sans s’y limiter) la formation dans le domaine de la santé,
l’information des choix, l’évolution professionnelle, la sécurité et l’efficacité des services
de santé et les politiques de santé publique.
Le manque d’accès aux informations de santé constitue une cause importante de morbidité
et de mortalité, notamment dans les pays à revenu faible et moyen, ainsi que parmi les
personnes vulnérables de tous les pays.
Les informations de santé ne sont utiles que si elles sont pertinentes, appropriées,
opportunes, à jour, compréhensibles et exactes. Elles couvrent un large spectre de sujets
tels que les pathologies, les traitements, les services, ainsi que la promotion et la
préservation de la santé.
La compréhension de la manière dont fonctionnent les services de santé et dont il convient
de les utiliser dépend largement de la maîtrise de ces informations. Les professionnels de
santé ont besoin d’avoir accès à des formations adéquates et d’une aide pour communiquer
avec les patients non initiés ou qui ont des difficultés à comprendre les informations de
santé, par exemple en raison d’un handicap.
Des milliers d’enfants et d’adultes dans le monde meurent simplement parce qu’ils n’ont
pas bénéficié d’une intervention basique qui aurait pu leur sauver la vie. Certaines de ces
interventions auraient pu être réalisées localement, mais elles n’ont pas eu lieu pour des
raisons d’indécision, de retard, d’erreur de diagnostic ou de traitement inadapté.
L’absence d’intervention vitale basique touche plus communément les personnes
défavorisées d’un point de vue socioéconomique.
Les enfants souffrant de diarrhée aiguë, par exemple, sont régulièrement victimes de
parents qui pensent qu’ils doivent éviter les liquides ou de soignants qui pensent qu’ils
doivent recevoir des antibiotiques plutôt que d’être réhydratés par voie orale. Ces idées
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2019-03-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
fausses, très répandues, causent chaque jour des milliers de décès évitables à travers le
monde.
Les gouvernements ont l’obligation morale d’assurer que les citoyens, les patients et le
personnel de santé ont accès aux informations de santé dont ils ont besoin pour préserver
leur propre santé et la santé des personnes qui sont sous leur responsabilité. Cette
obligation comprend le fait d’assurer une formation adéquate, tant sur la forme et que sur
le fond, qui leur permette d’identifier et d’utiliser ces informations efficacement.
Le grand public, les patients et le personnel de santé ont besoin d’un accès simple et fiable
à des informations de santé pertinentes dans le cadre d’un processus d’apprentissage tout
au long de la vie afin d’améliorer leur compréhension et de prendre des décisions éclairées
et en toute conscience sur leur santé, les choix thérapeutiques qui s’offrent à eux et les
soins qu’ils reçoivent. Ces groupes ont besoin que ces informations leur soient
communiquées dans leur propre langue, sous une forme et d’un niveau technique qui les
rendent compréhensibles, avec une bonne indication des services dont ils ont besoin. Ces
mesures doivent tenir compte des caractéristiques, des coutumes et des croyances de la
population à laquelle ces informations s’adressent et prévoir un système de retour
d’information. Le grand public, les patients et les familles ont besoin d’informations qui
soient adaptées à leur contexte précis et à leur situation, qui peuvent changer au fil du
temps. Ils ont besoin de conseils sur la manière et le moment de prendre d’importantes
décisions de santé, à savoir lorsqu’il est encore temps de réfléchir, de comprendre et de
discuter de la question.
Offrir au grand public, aux patients et au personnel soignant les informations dont ils ont
besoin est une condition sine qua non pour la réalisation d’une couverture santé
universelle de qualité et des objectifs de développement durable des Nations unies (ODD).
La cible 3.8 des ODD, consacrée à la couverture santé universelle, vise spécifiquement à
assurer à tout le monde un « accès à des services de santé essentiels de qualité et à des
médicaments et vaccins essentiels sûrs, efficaces, de qualité et d’un coût abordable ». La
réalisation de cet objectif suppose le renforcement des capacités des citoyens et des
patients ainsi que du personnel soignant, par la communication des informations dont ils
ont besoin et l’exercice de leurs droits et responsabilités de consulter, d’utiliser et de
fournir les services appropriés pour prévenir, diagnostiquer et prendre en charge les
pathologies.
La compilation et la mise à disposition d’informations scientifiques pertinentes dépend de
l’intégrité de l’ensemble du système d’informations relatives à la santé, qui rassemble,
entre autres, les chercheurs, les éditeurs, les réviseurs, les producteurs de contenu à
destination des utilisateurs finaux (y compris, mais sans s’y limiter, les éditeurs
universitaires, les enseignants et formateurs, les journalistes), les professionnels de
l’information, les décideurs, les médecins de première ligne et les représentants des
citoyens.
RECOMMANDATIONS
Consciente de ces éléments, l’Association médicale mondiale et ses membres constituants,
au nom des médecins qui les composent, apportent leur soutien et s’engagent à prendre les
mesures suivantes :
S-2019-03-2019 ⏐ Tbilissi
Nécessité pour tous de recevoir des informations de santé
1. promouvoir les initiatives visant à améliorer l’accès à des informations de santé
fondées scientifiquement, opportunes et actuelles à destination des professionnels
de santé, des patients et du grand public en vue de contribuer au processus de prise
de décision, au changement de comportement, tant pour ce qui est du mode de vie
que de l’orientation vers des soins de santé et d’améliorer la qualité des soins
dispensés aux patients, mettant ainsi en œuvre le droit à la santé.
2. promouvoir des bonnes pratiques et des normes éthiques à destination des
fournisseurs d’informations aux fins de garantir des informations de qualité,
fiables, produites avec le concours des médecins, des autres professionnels de
santé et des représentants des patients.
3. soutenir les recherches visant à identifier les aides et les obstacles à la mise à
disposition des informations relatives aux soins de santé, y compris les moyens
d’améliorer la production et la diffusion des informations scientifiques à
destination des citoyens et des patients comme des professionnels de santé, ainsi
que les mesures qui permettront d’accroître la maîtrise de ces sujets et d’aider à
trouver et à interpréter ces informations.
4. assurer que les professionnels de santé, aient accès à des informations fondées
scientifiquement sur le diagnostic et le traitement des pathologies communes, y
compris des informations impartiales sur les médicaments. Il convient à cet égard
de porter une attention particulière aux professionnels de santé assurant les soins
primaires dans les pays à revenu faible ou moyen.
5. combattre les mythes et les fausses informations en matière de soins de santé par le
biais de données scientifiques et cliniques validées et en exhortant les médias à
rendre compte des questions sanitaires de manière responsable. Cela suppose
l’étude des croyances en matière de santé qui sont ancrées dans des différences
culturelles et sociologiques. Cela permettra d’améliorer l’efficacité des activités de
promotion de la santé et de permettre la diffusion d’informations de santé vers des
groupes correctement ciblés au sein de la population.
6. inviter instamment les gouvernements à reconnaître l’obligation morale qui leur
incombe de prendre des mesures visant à améliorer la mise à disposition et
l’utilisation d’informations scientifiquement fondées en matière de soins de santé,
parmi lesquelles :
• la mise à disposition de ressources aux fins de sélectionner, compiler, intégrer
et orienter des informations et connaissances scientifiquement validées. Ces
ressources devraient être adaptées aux différents destinataires ciblés ;
• l’adoption de mesures visant à accroître la disponibilité des informations de
santé destinées au personnel de santé et aux patients des centres de santé ;
• l’exploitation au mieux des technologies de communication modernes et des
réseaux sociaux ;
• l’adoption de politiques à même de soutenir les efforts visant à accroître la
disponibilité et l’utilisation d’informations de santé fiables.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2019-03-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
7. inviter instamment les gouvernements à apporter le soutien politique et financier
nécessaire à l’OMS pour assurer un accès aux informations stratégiques et fiables
sur les questions concernant la santé des personnes, sur la base du programme de
travail général de l’OMS pour la période 2019-2023.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2019-04-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITIONDE L’AMM
SUR
L’ÉVALUATION MÉDICALE DE L’ÂGE DES DEMANDEURS D’ASILE
MINEURS NON ACCOMPAGNÉS
Adoptée par la 70e
Assemblée Générale, Tbilissi, Géorgie, Octobre 2019
PRÉAMBULE
Les déplacements de population dus à la guerre, à la violence ou aux persécutions ont des
conséquences multiples pour l’ensemble de la communauté mondiale. Les réfugiés, c’est-
à-dire les personnes qui ont été forcées de fuir leur pays d’origine pour ces raisons,
doivent généralement se soumettre à des procédures rigoureuses visant à déterminer leur
statut légal selon la législation du pays dans lequel elles demandent asile.
Un nombre croissant de réfugiés sont classés « mineurs non accompagnés », une catégorie
qui regroupe les enfants et les jeunes adultes de moins de 18 ans qui ont été séparés de leur
famille ou qui ont fui leur pays d’origine sans elle. En raison de leur particulière
vulnérabilité, les réfugiés mineurs non accompagnés sont éligibles à des protections
spéciales, telles que décrites dans la Convention des Nations unies sur les droits de
l’enfant, qui prévoit que l’intérêt supérieur de l’enfant soit une considération primordiale à
tous les stades du cycle de déplacement.
Compte tenu des différences de traitement et de protection entre les demandeurs d’asile
adultes et ceux qui sont mineurs non accompagnés, les pays d’accueil ont intérêt à vérifier
l’âge des demandeurs d’asile, hors de tout contexte judiciaire. Certains demandeurs d’asile
cependant ne disposent pas de papiers permettant de confirmer leur âge ou sont issus de
pays qui n’ont pas mis en place de registre national des naissances. En cas de doutes sur la
minorité ou la majorité d’un demandeur d’asile, par exemple si l’authenticité des papiers
disponibles est sujette à caution ou s’il existe une raison de penser que l’apparence
physique du demandeur témoigne d’une différence entre l’âge indiqué et son âge réel, les
autorités compétentes peuvent recourir à des méthodes, médicales ou non, d’évaluation de
l’âge du demandeur.
Les évaluations médicales de l’âge sont menées par des professionnels de la médecine et
peuvent prendre la forme d’examens radiographiques de la mâchoire, de la main ou du
poignet, d’une tomodensitométrie de la clavicule ou encore de l’examen des
caractéristiques sexuelles secondaires pour déterminer l’étape de la puberté du demandeur.
Ces examens et d’autres, ont cependant suscité des préoccupations éthiques : ils peuvent
potentiellement mettre en danger la santé des personnes examinées et porter atteinte à
l’intimité et à la dignité de jeunes gens qui ont parfois déjà été gravement traumatisés [1].
En outre, l’exactitude et la fiabilité des méthodes d’évaluation médicale de l’âge
disponibles font l’objet de données contradictoires. La marge d’erreur de ces méthodes est
L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2019-04-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
en tout cas significative [2]. Par exemple, certaines études ne tiennent pas compte des
éventuels retards de maturation du squelette causés par la malnutrition, alors que ce seul
facteur peut se traduire par l’affectation erronée du patient à une catégorie de demandeurs
d’asile [3]. Les évaluations comparatives sont en outre empêchées par un manque
d’images étalons pour certaines régions du monde [4]. L’évaluation erronée de l’âge d’une
personne peut avoir sur elle des conséquences déterminantes et parfois très indirectes sur
les plans administratif et éthique.
Les recommandations suivantes s’appliquent explicitement et exclusivement aux cas qui
ne relèvent pas du système pénal.
RECOMMANDATIONS
1. L’AMM reconnaît qu’il est parfois nécessaire d’évaluer l’âge d’un demandeur d’asile
afin d’assurer que les mineurs non accompagnés reçoivent les protections qui leur sont
accordées par les droits international et nationaux.
2. L’AMM recommande que les évaluations médicales de l’âge ne soient réalisées que
dans des cas exceptionnels et une fois que toutes les méthodes non médicales ont été
épuisées. L’AMM reconnaît que les méthodes non médicales, comme le fait de
questionner un enfant sur des évènements traumatisants, peuvent également avoir des
conséquences négatives et doivent donc être employées avec de grandes précautions.
Chaque cas doit être évalué avec attention en tenant compte de l’ensemble des
circonstances et principalement des preuves disponibles.
3. L’AMM affirme que dans les cas où il est inévitable de procéder à une évaluation
médicale de l’âge, il convient de placer la santé, la sécurité et la dignité du jeune
demandeur d’asile au cœur des priorités. Les examens physiques doivent être menés
par un médecin qualifié ayant une expérience appropriée des examens pédiatriques,
conformément aux normes d’éthique médicale les plus strictes, dans le respect du
principe de proportionnalité, de l’exigence d’un consentement éclairé et en tenant
compte des sensibilités culturelles et religieuses et de l’éventuelle barrière de la
langue. Le demandeur d’asile doit toujours être informé que l’examen est mené dans le
cadre d’une procédure visant à déterminer son âge et non de lui dispenser des soins de
santé.
4. L’AMM souligne que toutes les méthodes médicales qui pourraient présenter un risque
pour la santé du demandeur, comme les examens radiologiques sans indication
médicale ou qui pourraient porter atteinte à la dignité ou à l’intimité de personnes
potentiellement traumatisées, comme des examens des parties génitales, doivent être
évitées.
5. L’AMM souligne que les certificats médicaux indiquant les résultats des examens
visant à déterminer l’âge d’un demandeur d’asile doivent faire figurer les informations
relatives à l’exactitude et à la fiabilité des méthodes utilisées et les marges d’erreur
applicables.
6. L’AMM invite instamment ses membres constituants à développer ou à promouvoir le
développement de recommandations transdisciplinaires qui fassent état des bases
S-2019-04-2019 ⏐ Tbilissi
Demandeurs d’asile mineurs non accompagnés
scientifiques ainsi que des aspects éthiques et légaux de l’évaluation médicale de l’âge
des demandeurs d’asile, y compris les éventuels risques pour la santé et les
conséquences psychologiques associés à certaines procédures.
7. L’AMM souligne que dans les cas où les doutes relatifs à l’âge d’un demandeur
d’asile ne pourraient être levés avec certitude, l’incertitude subsistante doit être
interprétée en faveur du demandeur d’asile.
Références
[1] Zentrale Ethikkommission der Bundesärztekammer (2016): « Stellungnahme Medizinische
Altersschätzung bei unbegleiteten jungen Flüchtlingen ». Deutsches Ärzteblatt 2016; A1-A6.
/Comité central d’éthique de l’Association médicale allemande : prise de position de l’AMM sur
l’évaluation médicale de l’âge des réfugiés mineurs non accompagnés.
[2] Separated Children in Europe Programme (2012): Position Paper on Age Assessment in the
Context of Separated Children in Europe. http://www.scepnetwork.org/p/1/82/fr, consulté le
3/7/2018.
[3] Sauer PJJ, Nicholson A, Neubauer D, On behalf of the Advocacy and Ethics Group of the
European Academy of Paediatrics (2016): Age determination in asylum seekers: physicians should
not be implicated, European Journal of Pediatrics 175, (3): 299–303.
[4] Aynsley-Green et al. (2012): Medical, statistical, ethical and human rights considerations in the
assessment of age in children and young people subject to immigration control, British Medical
Bulletin 2012; 102: 39.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-1988-01-2015
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LES SANCTIONS OU BOYCOTTS ACADEMIQUES
Adoptée par la 40e
Assemblée Médicale Mondiale, Vienne, Autriche, Septembre 1988
et révisée par la 170e
Session du Conseil, Divonne-les-Bains, France, Mai 2005
et réaffirmée par la 200e
Session du Conseil de l’AMM, Oslo, Norvège, Avril 2015
ATTENDU QUE
les sanctions ou boycotts académiques sont des mesures discriminatoires portant sur les
libertés académiques, professionnelles et scientifiques qui excluent ou empêchent des mé-
decins et d’autres de participer à des réunions professionnelles, scientifiques, culturelles ou
autres manifestations favorisant l’échange d’informations et de connaissances, le but de ces
restrictions étant de s’élever contre les mesures politiques ou sociales de certains gouverne-
ments et
ATTENDU QUE
ces restrictions sont en contradiction directe avec les principaux objectifs de l’AMM, à
savoir, atteindre les normes internationales les plus élevées en matière d’enseignement mé-
dical, de science médicale, d’art médical et d’éthique médicale et
ATTENDU QUE
ces restrictions nuisent aux soins de santé, surtout pour les plus démunis, et entravent donc
l’objectif de l’AMM qui est d’obtenir les meilleurs soins de santé possibles pour tous les
peuples du monde;
ATTENDU QUE
ces restrictions entraînent une discrimination parmi les médecins et les patients en fonction
de doctrines politiques ou de décisions adoptées par leurs gouvernements et qu’elles sont
donc en opposition avec la Déclaration de Genève de l’AMM, la Déclaration sur la Non Dis-
crimination vis-à-vis des Medecins en Matiere d’Affiliation et d’Activites Professionnelles,
et la Déclaration sur la liberté de participer aux réunions médicales et
ATTENDU QUE
la première règle de la pratique médicale est de “primum non nocere”, c’est-à-dire, d’abord,
ne pas nuire,
R-1988-01-2015 ⏐ Oslo
Sanctions ou Boycotts Académiques
IL A DONC ETE DECIDE QUE L’AMM
considérerait l’application de telles restrictions comme des décisions arbitraires et
politiques visant à refuser l’échange international des connaissances et à mettre à l’index cer-
tains médecins ou groupements de médecins en raison de leur nationalité ou de la politique
de leurs gouvernements. L’AMM est fermement opposée à de telles restrictions et invite
les Associations Médicales Nationales à résister à l’application de ces mesures par tous les
moyens à leur disposition et à défendre la Déclaration sur la Non Discrimination vis-à-vis
des Medecins en Matiere d’Affiliation et d’Activites Professionnelles et la Déclaration sur
la liberté de participer aux réunions médicales.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-1997-01-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LES EMBARGOS ECONOMIQUES ET LA SANTÉ
Adoptée par la 49e
Assemblée générale Hambourg, Allemagne, Novembre 1997
et réaffirmée par la 58e
Assemblée Générale de l’AMM, Copenhague, Danemark,
Octobre 2007
et réaffirmée avec une révision mineure par la 207e
session du Conseil de l’AMM, Chicago,
Etats-Unis, Octobre 2017
RECONNAISSANT QUE :
Chacun a le droit de préserver sa santé;
Rappelant les normes du droit international des droits humains et notamment la
Déclaration universelle des droits de l’homme et le Pacte sur les droits économiques,
sociaux et culturels, qui en son article 12 énonce que les États parties au Pacte
« reconnaissent le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et
mentale qu’elle soit capable d’atteindre » ;
L’AMM invite instamment les associations médicales nationales à assurer que les
gouvernements qui emploient des sanctions économiques à l’encontre d’autres Etats
respectent les exceptions prévues pour les médicaments, les fournitures médicales et les
denrées alimentaires de base. Les exonérations ne sauraient être exploitées à des fins
inappropriées.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-1998-01-2018
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE SOUTIEN DE L’AMM
À LA CONVENTION D’OTTAWA
(Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des
mines antipersonnel et sur leur destruction)
Adoptée par la 50e
Assemblée Médicale Mondiale, Ottawa, Canada, Octobre 1998
amendée par la 59e
Assemblée Générale de l’AMM, Séoul, Corée, Octobre 2008
et réaffirmée par la 209e
session du Conseil de l’AMM, Riga, Lettonie, Avril 2018
L’Association Médicale Mondiale:
• exprime son soutien à la Convention d’Ottawa (connue aussi sous le nom de Con-
vention sur l’interdiction des mines terrestres) et
• demande à ses Associations Médicales Nationales Membres de faire pression sur
leurs gouvernements pour qu’ils signent et ratifient la convention.
• demande à ses Associations Médicales Nationales Membres de faire pression sur
leurs gouvernements pour qu’ils cessent la fabrication, la vente, le déploiement et
l’utilisation des mines terrestres.
R-1998-04-2009 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LA MAIN D’OEUVRE MÉDICALE
Adoptée par la 50e
Assemblée Générale de l’AMM, Ottawa, Canada, Octobre 1998
et amendée par la 60e
Assemblée Générale de l’AMM, New Delhi, Inde, Octobre 2009
PRÉAMBULE
La santé de nos pays dépend de notre capacité à maintenir la population en bonne santé.
Les soins de santé constituent un droit fondamental des individus. Ces soins sont fonction
de l’accès au personnel médical hautement qualifié et aux autres professionnels de
santé. Les systèmes de santé fonctionnant bien sont dépendants de ces ressources hu-
maines. Une planification complète et à grande échelle au niveau national s’impose pour
qu’un pays dispose d’une main d’œuvre médicale dans tous les domaines de la médecine à
même de répondre aux besoins de santé actuels et futurs de toute la population du pays.
Actuellement, la pénurie en ressources humaines dans le domaine de la santé est impor-
tante. Elle existe dans tous les pays mais de manière plus prononcée dans les pays en voie
de développement où les ressources humaines dans le domaine de la santé sont moindres.
Le problème est aggravé par le fait que de nombreux pays n’ont pas investi correctement
dans l’éducation, la formation, le recrutement et la préservation de leur main d’œuvre mé-
dicale. La population vieillissante dans les pays développés se reflète également au ni-
veau de la main d’œuvre médicale. La plupart des pays développés résolvent leur pénurie
de main d’œuvre médicale en attirant des professionnels de santé issus des pays en voie de
développement pour renforcer leurs propres systèmes de santé.
L’émigration des professionnels de santé des pays en voie de développement vers les pays
développés a également paralysé ces dix dernières années les systèmes de santé des pays
en voie de développement. La réalité économique avec l’insuffisance de ses investisse-
ments, et l’inadéquation de ses établissements et le manque de soutien des professionnels
de santé ont contribué à cette émigration.
L’Organisation Mondiale de la Santé, consciente que la grave pénurie de main d’œuvre
médicale nuit à la délivrance des soins de santé basiques et vitaux, a créé des structures
telle que l’Alliance Mondiale de la main d’œuvre dans le secteur de la santé sous la forme
d’un partenariat visant à identifier et à mettre en place des solutions aux problèmes de
main d’œuvre dans le secteur de la santé. L’OMS encourage la création et l’intégration
New Delhi ⏐ R-1998-04-2009
Main d’Oeuvre Médicale
d’assistants médicaux/cliniques au sein de la main d’œuvre médicale pour partiellement
résoudre la pénurie.
RECOMMANDATIONS:
Consciente que les systèmes de santé ont besoin d’un effectif approprié de professionnels
de santé qualifiés et compétents, l’Association Médicale Mondiale fait appel à toutes les
Associations Médicales Nationales pour participer et contribuer à répondre à ces néces-
sités et pour:
1. Demander à leurs gouvernements respectifs d’allouer des ressources financières suf-
fisantes pour l’enseignement, la formation, l’évolution, le recrutement et la presserva-
tion des médecins afin de répondre aux besoins médicaux de toute la population de
leurs pays.
2. Demander à leurs gouvernements respectifs de veiller à ce que l’enseignement, la
formation et l’évolution de professionnels de santé soient en adéquation avec les stan-
dards et les normes les plus élevés possible, y compris:
• la formation et l’évolution des assistants médicaux/cliniques là où cela est pos-
sible et opportun, et
• la fixation précise du champ d’exercice et les conditions requises pour un
soutien et une supervision corrects.
3. Demander à leurs gouvernements respectifs de veiller à ce que des ratios équilibrés
existent entre la population et la main d’œuvre médicale à tous les niveaux, ainsi que
des mécanismes pour résoudre le problème de l’accès limité aux soins dans les zones
rurales et reculées, en se basant sur les normes et standards internationaux reconnus
lorsque ces derniers existent;
4. Prendre des mesures pour attirer et soutenir les jeunes dans leurs pays à choisir la
profession médicale et également demander à leurs gouvernements respectifs de pren-
dre de telles mesures;
5. Plaider activement en faveur de programmes qui assureront la préservation des méde-
cins dans leurs pays respectifs et veiller à ce que les gouvernements reconnaissent
cette nécessité;
6. Demander à leurs gouvernements d’améliorer l’environnement professionnel du per-
sonnel soignant (y compris l’accès aux établissements, aux équipements, aux proto-
coles thérapeutiques et au soutien professionnel), la rémunération des médecins, le
cadre de vie des médecins et le plan de carrière de la main d’œuvre médicale à tous les
New Delhi ⏐ R-1998-04-2009
Main d’Oeuvre Médicale
niveaux;
7. Plaider en faveur de protocoles d’entente transparents entre les pays pour lesquels la
migration des professionnels de santé qualifiés est préoccupante, enrôler là où cela est
possible les AMN des pays d’origine et des pays hôtes pour aider ces médecins.
Manuel des Politiques de l’AMM
R-1999-01-2015 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
L’INSCRIPTION DE L’ETHIQUE MÉDICALE ET DES DROITS DE
L’HOMME AU PROGRAMME DES ECOLES DE MÉDECINE DU
MONDE ENTIER
Adoptée par la 51e
Assemblée générale de l’Association Médicale Mondiale,
Tel Aviv, Israël, Octobre 1999
et révisée par la 66e
Assemblée générale, Moscou, Russie, Octobre 2015
PREAMBULE
Les écoles de médecine sont conçues pour préparer les étudiants en médecine à la
profession de médecin. De plus en plus au-delà des connaissances essentielles
biomédicales et cliniques, les facultés incluent des connaissances en matière d’évaluation
critique et de réflexion. Ces qualifications supplémentaires contribuent à ce que les futurs
médecins comprennent et évaluent l’importance des publications relatives aux preuves
issues des travaux de recherche. Ils sont aussi en mesure de définir leur pratique par
rapport aux normes et standards nationaux et internationaux.
L’anatomie, la physiologie et la biochimie sont fondamentales pour comprendre le corps
humain, son fonctionnement, ses faiblesses ou ses dysfonctionnements et pour savoir
comment utiliser différents mécanismes de réparation des structures et des fonctions
déficientes. Il est tout autant nécessaire que les médecins en formation comprennent le
contexte social, culturel et environnemental dans lesquels ils exerceront. Cela passe par
une solide compréhension des déterminants sociaux de la santé.
Entre dans l’éthique médicale le contrat social passé entre les professions de santé et les
entreprises pour lesquelles elles travaillent, basé sur des principes établis, sur les limites
s’appliquant aux soins médicaux. Il comporte également un système ou un ensemble de
principes applicable aux nouveaux traitements ou aux autres interventions cliniques avant
de décider de leur acceptation dans la pratique médicale. L’éthique médicale, le devoir
des médecins vis-à-vis des patients et les droits des patients en tant que citoyens
s’imbriquent d’une manière complexe.
Dans le même temps, les médecins sont confrontés à des défis et des opportunités en lien
avec les droits humains de leurs patients et des populations, par exemple lorsqu’ils
imposent des traitements sans leur consentement. Ils seront souvent les premiers à relever
et à répertorier la violation de ces droits par les autres, y compris l’état. Le médecin
observateur endosse alors des responsabilités très spécifiques.
Les médecins ont le devoir d’utiliser leurs connaissances pour améliorer le bien-être et la
santé des patients et de la population. Cela signifie prendre en compte les changements
Moscou⏐ R-1999-01-2015
Manuel des Politiques de l’AMM
sociétaux et sociaux, notamment la législation et la réglementation. Tout cela n’est
possible que si les médecins ont une vue holistique des critères cliniques et éthiques.
Les médecins devraient faire pression auprès des gouvernements pour que la législation
relaie les principes de la pratique médicale.
Au vu de la nature intrinsèque de l’éthique médicale lorsqu’il s’agit d’établir la pratique
médicale d’une manière acceptable pour la société et sans que cette pratique viole les
droits humains civils, politiques et les autres droits humains, il est essentiel que tous les
médecins soient formés à une évaluation éthique de tous les cas cliniques qu’il sont
susceptibles de rencontrer tout en comprenant leur rôle qui est de protéger les droits
individuels.
La capacité des médecins à agir et à intervenir d’une manière respectueuse des valeurs du
patient est une condition sine qua non pour la réussite du traitement. Les médecins doivent
aussi être capables de travailler réellement en équipe avec d’autres professionnels de santé
dont d’autres médecins.
Lorsque les médecins ne reconnaissent pas leurs obligations éthiques vis-à-vis des patients
et des communautés, ils portent atteinte à la réputation des médecins à la fois localement
et mondialement. Il est donc essentiel d’enseigner à tous les médecins la compréhension et
le respect de l’éthique médicale et des droits humains, dès le début de le début de leurs
études de médecine.
Dans de nombreux pays, l’éthique et les droits humains font intégralement partie du
cursus médical mais pas dans tous. Trop souvent cet enseignement est assuré par des
volontaires et peut faire défaut si ces volontaires ne sont pas en capacité ou pas
disponibles ou bien si l’enseignement est idiosyncratique ou basé sur des scenarios
cliniques non appropriés.
L’enseignement de l’éthique médicale devrait devenir obligatoire et faire partie des
examens au cours du cursus dans toutes les écoles de médecine.
RECOMMANDATIONS
• L’AMM insiste sur la nécessité d’un enseignement obligatoire de l’éthique
médicale et des droits humains dans toutes les écoles de médecine et d’une
intégration de l’éthique médicale dans les examens. Cet enseignement devrait se
poursuivre à tous les stades de l’enseignement postuniversitaire et de la formation
continue.
• L’AMM pense que les écoles de médecine devraient s’assurer qu’elles sont
suffisamment compétentes pour enseigner l’éthique et les droits humains et
pérenniser ces cours.
• L’AMM demande que l’éthique médicale et les droits humains fassent partie de la
formation médicale postuniversitaire et de la formation permanente.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2002-05-2012
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
L’UTILISATION ABUSIVE DE LA PSYCHIATRIE
Adoptée par la 53e
Assemblée générale de l’AMM, Washington 2002
et révisée par la 63e
Assemblée générale, Bangkok, Thaïlande, Octobre 2012
L’Association Médicale Mondiale (AMM) note avec inquiétude que, dans de nombreux
pays, des dissidents politiques, des praticiens de diverses religions et des militants sociaux
sont détenus dans des établissements psychiatriques et sont l’objet de traitements injusti-
fiés à des fins répressives et non à des fins thérapeutiques dans le cadre d’une maladie psy-
chiatrique avérée.
L’AMM
• déclare que ces détentions et ces traitements non justifiés sont abusifs, contraires à
l’éthique et inacceptables;
• invite les médecins et les psychiatres à s’abstenir de prendre part à ces pratiques;
• invite les AMN à soutenir leurs membres qui refusent toute participation à ces
pratiques et
• invite les gouvernements à cesser de détourner la médecine et la psychiatrie de leur
finalité et les organisations non gouvernementales ainsi que l’Organisation Mondiale
de la Santé à œuvrer pour que cessent ces abus et
• Lance un appel aux gouvernements pour la défense du Pacte International des
Nations Unies relatif aux droits civils et politiques qui stipule que «Toutes les per-
sonnes sont égales devant la loi et ont droit sans discrimination à une égale pro-
tection de la loi.»
1.
• déclare que ces détentions et ces traitements non justifiés sont abusifs, contraires à
l’éthique et inacceptables;
• invite les médecins et les psychiatres à s’abstenir de prendre part à ces pratiques;
• invite les AMN à soutenir leurs membres qui refusent toute participation à ces
pratiques et
• invite les gouvernements à cesser de détourner la médecine et la psychiatrie de leur
finalité et les organisations non gouvernementales ainsi que l’Organisation Mondiale
de la Santé à œuvrer pour que cessent ces abus et
• Lance un appel aux gouvernements pour la défense du Pacte International des
Nations Unies relatif aux droits civils et politiques qui stipule que «Toutes les per-
sonnes sont égales devant la loi et ont droit sans discrimination à une égale pro-
tection de la loi.»
R-2002-06-2013 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LES DROITS DES FEMMES AUX SOINS DE SANTÉ ET LA
CORRÉLATION EXISTANTE AVEC LA PRÉVENTION DE
L’INFECTION VIH TOUCHANT LA MÈRE ET L’ENFANT
Adoptée par la 53e
Assemblée Générale de l’AMM, Washington, Octobre 2002
et modifiée par la 64 e
Assemblée Générale de l’AMM, Fortaleza, Brésil, Octobre 2013
PREAMBULE
Dans de nombreuses régions du monde, la prévalence de l’infection VIH ne cesse d’aug-
menter. L’un des Objectifs du millénaire pour le développement (MDG 6) cible spécifi-
quement la lutte contre VIH/SIDA, la malaria et d’autres maladies. L’objectif 2015 est de
freiner l‘infection VIH/SIDA et de commencer à inverser la propagation du VIH/SIDA.
De plus, on espérait avoir réalisé en 2010 un accès universel au traitement du VIH/SIDA
pour tous ceux le demandant. Une résolution des NU en décembre 2012 a déclaré que le
monde devait établir des programmes d’Accès à la Santé Universel après 2015 lorsque les
MDG seront terminés.
VIH/SIDA est une maladie touchant de manière disproportionnée les personnes dans leurs
années de fertilité même si aujourd’hui il y a également de nombreuses personnes touchées
plus âgées en raison de la meilleure prise en charge de la pathologie. De plus, ceux qui ont
été infectés dans leur enfance vont bientôt atteindre la maturité pour leur reproduction.
Dans les pays développés, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes et
les consommateurs de drogues par injection constituent un groupe à risques majeur pour le
VIH. Toutefois, dans les pays en voie de développement les femmes courent des risques
en raison de contacts hétérosexuels avec des partenaires infectés. En 2011 près de 58% des
personnes vivant avec le VIH dans l’Afrique subsaharienne étaient des femmes, soit près
de 13,6 millions de femmes atteintes du VIH et du SIDA pour 9,9 millions d’hommes
(UNAIDS ‘Global Fact Sheet 2012: World AIDS Day 2012).
Sans le VIH, la mortalité maternelle dans le monde serait 20% plus faible (Murray et al.
Maternal mortality for 181 countries, 1980~2008: a systematic analysis of progress
towards Millennium Development Goal 5).
L’infection VIH augmente par 22 le risque de cancer invasif du col de l’utérus, stade 2.
Des preuves tendraient à montrer que la thérapie antirétrovirale diminue le risque. De ce
fait, une prise en charge appropriée du VIH pourrait avoir un impact à long terme sur
d’autres aspects de la santé des femmes.
L’AMM considère que l’accès aux soins, les stratégies à la fois thérapeutiques et pré-
ventives, sont des droits humains fondamentaux. Cela donne obligation aux instances
Droit des Femmes aux Soins de Santé
R-2002-06-2002 ⏐ Washington, DC
gouvernementales de faire en sorte que ces droits humains soient totalement respectés et
préservés. Les inégalités entre les sexes doivent être combattues et éradiquées. Cela devrait
toucher tous les aspects des soins de santé.
La promotion et la protection des droits de reproduction des femmes sont décisives pour
réussir à combattre et éliminer la pandémie VIH/SIDA.
Il est reconnu que bon nombre des MDG portent sur le pouvoir d’action des femmes et la
promotion de leur rôle dans la société et en particulier en matière de soins de santé. On sait
que les MDG 5B notamment promeuvent un accès universel à la santé de reproduction y
compris l’accès à la contraception, à la réduction du taux de natalité parmi les adolescentes,
à la couverture des soins prénataux et à la prise en compte des besoins non satisfaits en
matière de planning familial. De plus, les MDG 3 faisant la promotion de l’égalité des
sexes et du pouvoir d’action des femmes ainsi que les MDG 1 et 2 joueront un rôle sur le
statut des femmes et donc de leur accès aux soins et la promotion de la santé.
RECOMMANDATIONS
L’AMM demande à toutes les associations membres d’encourager leurs gouvernements à
mener et à promouvoir les actions suivantes:
1. Développement des programmes de pouvoir d’action donné aux femmes de tous
les âges afin que les femmes ne subissent pas de discrimination et bénéficient d’un
accès universel et gratuit à l’éducation en matière de santé procréative et de forma-
tion en dynamique de vie. Il est ainsi recommandé de lancer et d’activer des cam-
pagnes dans les media, les réseaux sociaux et les programmes populaires à la radio
et à la télévision afin d’éradiquer les mythes, la stigmatisation et les stéréotypes
susceptibles de dégrader ou de déshumaniser les femmes. Cela doit inclure des
campagnes contre la mutilation génitale et les mariages forcés d’adolescents et
grossesses non désirées. De plus, la promotion d’une contraception disponible pour
les femmes, selon leur choix, sans nécessairement avoir besoin de l’avis de leurs
partenaires et l’existence de tests et de traitement pour le HIV sont essentielles
pour la santé procréative. Il est important aussi de donner les moyens économiques
aux populations contaminées pour la prévention, leur traitement et suivi médical.
2. Les femmes doivent avoir sans discrimination le même accès que les hommes à
l’éducation, à l’emploi, à l’indépendance économique, à l’information sur les
soins et les services de santé.
3. La législation, les politiques et les pratiques facilitant la reconnaissance et le
respect total des droits humains et la liberté fondamentale des femmes devraient
être mises en place ou révisées là où nécessaire. Il est essentiel que les femmes
puissent agir pour ce qui concerne leurs enfants, leur situation financière et leur
avenir.
4. Tous les gouvernements devraient établir des programmes assurant un traitement
prophylactique sous la forme d’antirétroviraux aux femmes qui ont été violées ou
abusées sexuellement. Un accès universel et gratuit à la thérapie antirétrovirale
doit être assuré à toutes les femmes infectées par le VIH.
5. Les femmes séropositives qui sont enceintes devraient bénéficier de conseils et
d’un accès à la prophylaxie ou au traitement antirétroviral afin que le VIH ne soit
pas transmis de la mère à l’enfant.
R-2003-01-2013 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
RESOLUTION DE L’AMM
SUR
LA PROCLAMATION D’UNE JOURNEE ANNUELLE
DE L’ETHIQUE MEDICALE
Adoptée par la 54e
Assemblée Générale de l’AMM, Helsinki, Finlande, Septembre 2003
et réaffirmée par la 194e
Session du Conseil de l’AMM, Bali, Indonésie, Avril 2013
Considérant que l’Association Médicale Mondiale fait de la défense de l’éthique médicale
une de ses missions principales et qu’elle a tenu sa première Assemblée générale le 18
septembre 1947, il est résolu que les AMN sont invitées à célébrer le 18 septembre comme
“Journée de l’éthique médicale”.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2003-02-2007
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LA RESPONSABILITE DES MEDECINS DANS LA DOCUMENTATION
ET LA DENONCIATION DES ACTES DE TORTURE OU DES
TRAITEMENTS CRUELS, INHUMAINS OU DEGRADANTS
Adoptée par la 54e
Assemblée Générale de l’AMM, Helsinki, Finlande, Septembre 2003
et amendée par la 58e
Assemblée Générale de l’AMM, Copenhague, Danemark,
Octobre 2007
L’Association Médicale Mondiale,
1. Vu le préambule de la Charte des Nations Unies du 26 juin 1945 proclamant solen-
nellement la foi des peuples des Nations Unies dans les droits fondamentaux de
l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine,
2. Vu le préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre
1948 qui énonce que la méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont con-
duit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité,
3. Vu l’article 5 de la même déclaration exprimant que nul ne sera soumis à la torture, ni
à des traitements cruels, inhumains et dégradants,
4. Vu la Convention américaine des droits de l’homme adoptée par l’Organisation des
Etats américains le 22 novembre 1969 et entrée en vigueur le 18 juillet 1978, ainsi que
la Convention interaméricaine contre la torture entrée en vigueur le 28 février 1987,
5. Vu la Déclaration de Tokyo, adoptée par l’A.M.M. en 1975, qui réaffirme l’inter-
diction de toute forme de participation médicale ou de présence médicale dans le
cadre de tortures ou de traitements inhumains ou dégradants,
6. Vu la Déclaration de Hawaï , adoptée par l’Association Mondiale de Psychiatrie) en
1977,
7. Vu la Déclaration de Koweït adoptée par la Conférence internationale des associa-
tions médicales islamiques en 1981,
8. Vu les Principes d’éthique médicale applicables au rôle du personnel de santé, en par-
ticulier aux médecins, dans la protection des prisonniers et des détenus contre la tor-
ture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, adoptés par l’As-
semblée générale des Nations Unies le 18 décembre 1982, et notamment le principe
n°2 qui stipule: “il y a violation flagrante de l’éthique médicale… si des membres des
professions de santé, en particulier des médecins, se livrent activement ou passive-
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2003-02-2007
Manuel des Politiques de l’AMM
ment à des actes par lesquels ils se rendent co-auteurs, complices ou instigateurs de
tortures et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, ou qui constituent une
tentative de perpétration…”,
9. Vu la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains
ou dégradants, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en décembre 1984
et entrée en vigueur le 26 juin 1987,
10. Vu la Convention européenne pour la prévention de la torture et des peines ou traite-
ments inhumains ou dégradants, adoptée par le Conseil de l’Europe le 26 juin 1987 et
entrée en vigueur le 1er février 1989,
11. Vu la Résolution sur les droits de l’homme adoptée par l’Association Médicale Mon-
diale à Rancho Mirage en octobre 1990 lors de la 42e
Assemblée générale et amendée
par les 45e
, 46e
et 47e
Assemblées générales,
12. Vu la Déclaration de Hambourg, adoptée par l’Association Médicale Mondiale en
novembre 1997 lors de la 49e Assemblée générale et qui appelle les médecins à s’éle-
ver individuellement contre les mauvais traitements, et les organisations médicales
nationales et internationales à soutenir les médecins dans ces actions,
13. Vu le Protocole d’Istanbul (Manuel pour enquêter efficacement sur la torture et autres
peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants), adopté par l’Assemblée gene-
rale des Nations Unies le 4 décembre 2000.
14. Vue la Convention sur les droits de l’enfant, adoptée par les Nations Unies le 20
novembre 1989 et entrée en vigueur le 2 septembre 1990 et
15. Vue la Déclaration de l’Association Médicale Mondiale de Malte sur les grévistes de
la faim, adoptée par la 43e Assemblée Médicale Mondiale à Malte en novembre 1991
et amendée par l’Assemblée Générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud, en
2006
CONSIDÉRANT
1. Qu’une documentation prudente et ample ainsi qu’une dénonciation par les médecins
des cas de torture et de leurs auteurs participe à la préservation de l’intégrité physique
et psychique des victimes, et d’une façon générale, à la lutte contre une atteinte ma-
jeure à la dignité humaine,
2. Que les médecins, en constatant les séquelles et en traitant les victimes de la torture,
soit peu après ou ultérieurement, représentent des témoins privilégiés de cette atteinte
aux droits de l’homme,
3. Que les victimes, du fait des séquelles psychologiques dont elles souffrent ou des
pressions qui s’exercent sur elles, sont souvent dans l’incapacité d’exprimer elles-
mêmes des plaintes contre les auteurs des sévices qu’elles ont subis,
R-2003-02-2007 ⏐ Copenhague
Dénonciation des Actes Torture
4. Que le fait de ne pas documenter et dénoncer des actes de torture peut s’assimiler à une
forme de tolérance à l’égard de celle-ci et de non-assistance à l’égard de ses vic-times,
5. Que cependant il n’est pas fait régulièrement et explicitement mention dans les codes
professionnels d’éthique médicale et dans les textes législatifs de l’obligation faite aux
médecins de documenter, signaler ou dénoncer des faits de torture ou de traitement
inhumain ou dégradant dont ils ont connaissance.
RECOMMANDE QUE LES ASSOCIATIONS MÉDICALES NATIONALES
1. Tentent d’assurer aux détenus ou aux victimes de tortures ou de cruauté ou de mauvais
traitements des soins immédiates et indépendants. Tentent de veiller à ce que les mé-
decins incluent une évaluation et une documentation des symptômes de torture ou de
mauvais traitement dans les dossiers médicaux, en prenant les précautions procédu-
rales nécessaires afin de ne pas mettre en danger les détenus.
2. Travaillent à une plus grande sensibilisation au Protocole d’Istanbul et à ses principes
sur l’investigation et la documentation concrètes des actes de torture et d’autres traite-
ments cruels, inhumains ou dégradants. Ce travail doit être fait au niveau du pays en
ayant recours à différentes méthodes pour diffuser les informations; y compris la for-
mation, les publications et Internet.
3. Assurent la diffusion du Protocole d’Istanbul auprès des médecins
4. Forment davantage les médecins pour qu’ils sachent identifier les différents types de
torture, en recensant les symptômes physiques et psychologiques propres au mode de
torture et en s’aidant des techniques de documentation prévues dans le Protocole
d’Istanbul pour établir une documentation utilisable en tant que preuve dans le cadre de
procédures judiciaires ou administratives.
5. Permettent que soit établie une meilleure corrélation entre les examens cliniques, la
connaissance des méthodes de torture et les allégations des patients sur les abus
commis.
6. Facilitent l’établissement de rapports médicaux de grande qualité sur les victimes de la
torture pour soumission aux corps judiciaires et administratifs.
7. Veillent au mieux à ce que les médecins respectent le consentement éclairé et évitent
de mettre en danger des individus en documentant des stigmates de torture et de
mauvais traitement.
8. Veillent à ce que les médecins incluent l’évaluation et la documentation des symp-
tômes de torture ou de mauvais traitement dans les dossiers médicaux, avec les pré-
cautions procédurales nécessaires pour ne pas mettre en danger les détenus.
9. Appuient l’adoption dans leur pays de règles déontologiques et de dispositions légis-
latives:
• visant à affirmer l’obligation éthique des médecins de signaler ou de dénoncer les
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2003-02-2007
Manuel des Politiques de l’AMM
actes de torture ou les traitements cruels, inhumains ou dégradants dont ils ont
connaissance. Le signalement ou la dénonciation sera effectué, selon les circon-
stances, auprès d’autorités nationales ou internationales, médicales, judiciaires,
auprès d’organisations non gouvernementales ou auprès de la Cour pénale inter-
nationale. Les médecins useront ici de leur pouvoir d’appréciation, tout en gardant
en mémoire le paragraphe 68 du Protocole d’Istanbul;
• instituant à cet effet une exception éthique et législative au secret professionnel
permettant au médecin de procéder au signalement de mauvais traitements, dans la
mesure du possible avec le consentement du sujet, mais sans le consentement
explicite de la victime lorsque celle-ci est incapable de s’exprimer librement;
• prévenant le médecin d’éviter de mettre en danger les personnes en signalant no-
minément une victime privée de liberté, subissant des contraintes ou des menaces
ou dont la situation psychologique est compromise.
10. Mettent à leur disposition toutes informations utiles sur les procédures de signalement
à destination notamment des autorités nationales, des organisations non gouverne-
mentales ainsi que de la Cour Pénale Internationale.
Protocole d’Istanbul, paragraphe 68: Il arrive aussi que deux obligations morales s’oppo-
sent. Les instruments nationaux et les codes d’éthique imposent de rendre compte à une
instance compétente de tout acte de torture ou autre mauvais traitement. Dans certains
pays, ce devoir est confirmé par la législation nationale. Dans certains cas, toutefois, les
intéressés refusent qu’on les examine à ces fins ou qu’on divulgue les informations recueil-
lies lors de l’examen, en général par crainte de représailles à leur encontre ou contre leur
famille. Les professionnels de la santé sont alors écartelés entre deux responsabilités : vis
à vis de leur patient vis à vis de la société dans son ensemble, dans l’intérêt de laquelle il
importe que justice soit rendue et que les tortionnaires soient châtiés. Face à de tels
dilemmes, l’obligation de ne pas causer de préjudice au patient doit prévaloir. Les profes-
sionnels de la santé doivent donc chercher des solutions permettant de servir la justice sans
avoir à violer le secret professionnel, en sollicitant si besoin est l’avis d’organisme dignes
de confiance (selon les cas, ils pourront faire appel à leur association médicale nationale
ou à des organisations non gouvernementales). Parfois, on parvient cependant à convain-
cre le patient de consentir à la divulgation d’informations le concernant, sous certaines
réserves.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2003-03-2014
Manuel des Politiques de l’AMM
RESOLUTION DE L’AMM
SUR
LA NON-COMMERCIALISATION DES
ELEMENTS HUMAINS DE REPRODUCTION
Adoptée par la 54e
Assemblée générale de l’AMM, Helsinki, Septembre 2003
et révisée par la 65e
Assemblée générale de l’AMM, Durban, Afrique du Sud, Octobre 2014
PREAMBULE
Les progrès rapides des technologies biomédicales ont entrainé une forte augmentation de
la procréation assistée qui a tendance à être faiblement régulée. Même si de nombreux
gouvernements ont des lois interdisant la commercialisation du matériel de reproduction,
la plupart n’ont pas réussi à empêcher universellement la vente d’ovules, de sperme et
d’embryons humains sur Internet et ailleurs. La valeur marchande du matériel humain dont
les cellules, les tissus et le tissu cellulaire peut être lucrative, créant en cela un conflit
potentiel pour les médecins et les autres entre les intérêts économiques et les obligations
éthiques professionnelles.
Dans l’optique de cette résolution, le matériel humain de reproduction est constitué de
gamètes et d’embryons.
Selon l’OMS, le mercantilisme des matériaux de transplantation « est une politique ou une
pratique par laquelle les cellules, les tissus ou les organes sont traités comme des produits
de consommation, pouvant être achetés ou vendus ou utilisés pour obtenir du matériel
humain. » 1
Le principe selon lequel « le corps humain et ses parties ne doit pas en tant que tel donner
lieu à des gains financiers » 2
figure dans de nombreuses déclarations et recommandations
internationales.3
La Prise de position de l’AMM sur le don et la transplantation d’organes
humains datant de 2006 et la Prise de position de l’AMM sur le don d’organes et de tissus
datant de 2012 demandent une interdiction de la vente d’organes et de tissus à des fins de
transplantation. La prise de position de l’AMM sur les technologies de procréation assistée
(2006) stipule également que de l’argent ou des avantages de même nature ne doivent pas
être proposés pour inciter aux dons de matériel humain de reproduction.
Les mêmes principes devraient s’appliquer à l’utilisation de matériel humain de reproduc-
tion dans le domaine de la recherche médicale. Dans son rapport sur les aspects éthiques
de la recherche sur les cellules embryonnaires humaines le Comité International de Bio-
éthique de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture
(UNESCO IBC) stipule que le transfert d’embryons humains ne doit pas donner lieu à une
transaction commerciale et que des mesures doivent être prises pour décourager toute
incitation financière.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2003-03-2014
Non-Commercialisation des Eléments Humains de Reproduction
Il est important de faire la distinction entre la vente de services de procréation assistée
clinique qui est légale et la vente de matériel humain de reproduction qui habituelle-
ment est illégale. Compte tenu de la nature spécifique des embryons humains, la com-
mercialisation de gamètes est différente de celle d’autres cellules et tissus, le sperme et les
ovules pouvant en effet créer un enfant si la fécondation est réussie.
Avant de faire don de matériel humain de reproduction, le donneur doit donner son con-
sentement éclairé sans aucune contrainte. Pour cela, il faut que le donneur soit considéré
en pleine possession de ses moyens et ait reçu toutes les informations disponibles con-
cernant l’intervention et ses résultats. Si des recherches doivent être menées sur le ma-
tériel, elles doivent faire l’objet d’un processus de consentement distinct respectant les
dispositions de la Déclaration d’Helsinki de l’AMM. Il ne doit y avoir aucune incitation à
faire un don ni aucune offre de compensation.
La compensation financière versée à des personnes pour des pertes économiques, des frais
ou des désagréments associés au prélèvement de matériel de reproduction donné devrait
être distinguée du paiement lié à l’acquisition de matériel de reproduction.
RECOMMENDATIONS
• Les Associations Médicales Nationales (AMN) devraient faire pression auprès de
leurs gouvernements pour interdire les transactions commerciales d’ovules, de
sperme et d’embryons humains et de tout matériel humain à des fins de repro-
duction.
• Les médecins impliqués dans la collecte et l’utilisation d’ovules, de sperme et
d’embryons devraient établir un protocole afin de garantir que le materiel est
acquis de manière correcte avec le consentement et l’autorisation des individus
donneurs. En procédant ainsi, ils sont en mesure de respecter le principe éthique de
non commercialisation de matériel humain de reproduction.
• Les médecins devraient consulter les donneurs potentiels avant le don afin de
s’assurer de leur consentement libre et éclairé.
• Les médecins devraient respecter la prise de position de l’AMM sur les conflits
d’intérêt lorsqu’ils ont en charge des patients qui sont en demande de services de
procréation.
1
Glossaire de termes et définitions sur les donations et transplantations, OMS, novembre 2009
2
Convention européenne sur les Droits de l’Homme et la biomédecine – Article 21 – Prohibition
des gain financiers
3
Déclaration d’Istanbul, principe 5
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2004-01-2014
Manuel des Politiques de l’AMM
RESOLUTION DE L’AMM
SUR
LES STANDARDS GENERAUX WFME POUR L’AMELIRATION DE LA
QUALITE DE L’ENSEIGNEMENT MEDICAL
Adoptée par la 55e
Assemblée générale de l’AMM, Tokyo, Japon, Octobre 2004
et réaffirmée par la 197e
Session du Conseil de l’AMM, Tokyo, Japon, Juin 2014
L’AMM:
• Reconnaît la nécessité et l’importance de bons standards généraux pour améliorer la
qualité de l’enseignement médical;
• Atteste de la relation spéciale de l’AMM avec la World Federation for Medical Edu-
cation (WFME), liée au fait d’avoir été l’un des fondateurs de la Fédération;
• Reconnaît être représentée au Conseil Exécutif de la WFME et à ce titre co-
responsable du Projet WFME sur les standards internationaux de l’enseignement
médical, en cours depuis 1997 1
;
• Reconnaît la récente progression de la trilogie WFME de documents sur les standards
généraux pour l’amélioration de qualité de l’enseignement médical, recouvrant l’en-
seignement médical de base2
et universitaire3
ainsi que de la formation continue des
docteurs en médecine 4
;
• Reconnaît avoir approuvé5
les standards généraux WFME lors de la conférence
mondiale sur l’enseignement médical: Global Standards in Medical Education for
Better Health Care, à Copenhague, au Danemark en mars 20036
;
Et par la présente:
• Encourage et soutient le travail en cours pour la mise en place de la Trilogie des
Documents WFME sur les Standards Généraux pour l’Enseignement Médical.
1
The Executive Council, The World Federation for Medical Education: International standards in
medical education: assessment and accreditation of medical schools´ educational programmes. A
WFME position paper. Med Ed 1998; 32: 549-558.
2
World Federation for Medical Education: Basic Medical Education. WFME Global Standards for
Quality Improvement. WFME, Copenhagen 2003. http://www.wfme.org
3
World Federation for Medical Education. Postgraduate Medical Education. WFME Global Standards
for Quality Improvement. WFME, Copenhagen 2003. http://www.wfme.org
4
World Federation for Medical Education: Continuing Professional Development (CPD) of
Medical Doctors. WFME Global Standards for Quality Improvement. WFME Copenhagen 2003.
5
J.P. de V. van Niekerk. WFME Global Standards receive ringing endorsement. Med Ed, 2003;
37: 586-587.
6
WFME website: http://www.wfme.org
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2005-05-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
L’APPLICATION DE LA CONVENTION CADRE DE L’OMS SUR LA
LUTTE ANTITABAC
Adoptée par la 170e
Session du Conseil de l’AMM à Divonne les Bains, France,
15 Mai 2005
et révisée par la 67e
Assemblée Générale de l’AMM, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
L’Association Médicale Mondiale :
Reconnaît le rôle essentiel des professionnels de la santé dans la lutte anti tabac et exhorte
les Associations Médicales Nationales à utiliser la Journée Mondiale Sans Tabac chaque
année pour plaider en faveur de mesures pour la lutte anti-tabac
Confirme l’importance de la Convention Cadre de l’OMS sur la lutte antitabac (CCLAT)
en tant que mécanisme de protection des populations contre une exposition et une
dépendance au tabac
Encourage les Etats membres de la Convention à reconnaître (ratifier, accepter, approuver,
confirmer ou souscrire) le Protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du
tabac
Encourage les Associations Médicales Nationales à travailler assidûment et énergiquement
afin que leurs gouvernements au minimum mettent en place les mesures énoncées dans la
CCLAT
Exhorte les gouvernements à instaurer des réglementations et d’autres mesures décrites
dans la CCLAT. Les gouvernements devraient également interdire de fumer dans les lieux
publics et les locaux professionnels en tant qu’intervention urgente de santé publique. Les
gouvernements devraient aussi étudier des mesures supplémentaires notamment les
mesures de la lutte contre le tabac qui se sont avérées efficaces dans d’autres pays
Encourage vivement les gouvernements à établir une méthode distincte sécurisant le
financement adéquat pour la lutte contre le tabac et la recherche.
Exhorte les gouvernements à favoriser un accès aux conseils et services pour un arrêt du
tabac à tous les fumeurs dont les enfants
Reconnaît le rôle essentiel des professionnels de la santé dans l’éducation sanitaire
publique et dans la promotion de l’arrêt du tabac.
Exerce un suivi très étroit des tactiques de l’industrie du tabac afin d’éviter toute menace à
l’encontre des personnes et des communautés
Contribue aux améliorations et à l’actualisation des règlementations internationales de
lutte contre le tabac si nécessaire.
R-2006-01-2017 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
L’ASSISTANCE MÉDICALE PENDANT LES VOYAGES EN AVION
Adoptée par la 57e
Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et révisée par la 68e
Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
INTRODUCTION
1. Pour des déplacements lointains, l’avion est le mode de transport préféré des gens dans
le monde entier. Ce mode de transport étant de plus en plus pratique et accessible, le
nombre de passagers augmente. De plus, les vols long courrier se démocratisant de
plus en plus, la probabilité d’une urgence médicale pendant ces vols est plus élevée.
2. L’environnement dans les avions commerciaux n’est pas propice à la prestation de
soins médicaux de qualité, notamment en cas d’urgence médicale. Le bruit, le
mouvement de l’avion, l’espace très confiné, la présence d’autres passagers
éventuellement en état de stress ou apeurés par la situation, l’insuffisance ou l’absence
complète de matériel de diagnostic et de traitement ainsi que d’autres facteurs peuvent
souvent générer des conditions extrêmement difficiles pour établir un diagnostic ou
traiter. Même le professionnel de santé le plus expérimenté qui soit se trouvera
probablement en difficulté dans un tel environnement.
3. La plupart des compagnies aériennes demandent du personnel navigant formé aux
premiers secours. En outre, beaucoup d’entre elles prennent en charge certaines
qualifications plus approfondies et transportent également certains médicaments et
équipements d’urgence à bord. Quelques transporteurs ont même la possibilité
d’assurer à distance la lecture d’un ECG et des services d’assistance médicale. La
norme (obligatoire) de l’organisation de l’aviation civile internationale (OACI) prévoit
que les avions disposent de fournitures médicales, mais leur nature exacte et leur
quantité font l’objet de recommandations non obligatoires. Les exigences applicables à
chacune des compagnies aériennes sont définies par les autorités nationales chargées
de l’aviation civile. Les exigences relatives au programme de formation de l’équipage
en cabine sont également définies par ces autorités nationales, les normes de l’OACI à
ce sujet prévoyant que l’opérateur (la compagnie aérienne) crée et tienne à jour un
programme de formation agréé par l’État dans lequel il est immatriculé.
4. Même bien formé, le personnel navigant n’a souvent que des connaissances et une
expérience limitées et ne peut fournir la même assistance qu’un médecin ou d’autres
professionnels de santé agréés. Dans certains endroits, les médecins peuvent
actuellement suivre des formations médicales spécifiques aux urgences en avion.
5. Les médecins hésitent souvent à fournir une assistance du fait de l’incertitude
Chicago ⏐ R-2006-01-2017
Voyages en Avion
entourant leur responsabilité légale, notamment sur les vols internationaux ou les vols
dans l’espace aérien des États-Unis. Bien que de nombreuses compagnies aériennes
proposent une assurance de responsabilité pour les professionnels médicaux et les
profanes qui proposent leur aide pendant un vol, ce n’est pas toujours le cas et même si
cette assurance existe, ses termes ne peuvent pas toujours être correctement expliqués
et compris lors d’une situation d’urgence médicale. Les conséquences financières et
professionnelles des procès intentés contre des médecins qui ont offert leur assistance
peuvent être très lourdes même si les cas effectivement observés sont très limités. La
législation du « bon samaritain » devrait être adoptée dans toutes les juridictions afin
de permettre aux médecins de prodiguer des soins d’urgence au cours des vols sans
crainte de poursuites juridiques.
6. D’importantes mesures ont été prises pour protéger la vie et la santé des passagers
aériens mais la situation est encore loin d’être idéale et doit encore être améliorée. Bon
nombre de problèmes pourraient être allégés par de simples mesures prises à la fois par
les compagnies aériennes et les législateurs, idéalement en collaboration mutuelle et
avec l’Association Internationale du Transport Aérien (AITA ou IATA en anglais) afin
de parvenir à des politiques et des programmes coordonnés et basés sur un consensus
international.
7. Les associations médicales nationales ont un rôle de leadership important à jouer pour
promouvoir des mesures visant à améliorer la disponibilité et l’efficacité des soins
médicaux pendant les vols. Il incombe aux médecins qui voyagent de décider s’ils font
ou non savoir à l’équipage qu’ils sont disponibles pour fournir si nécessaire une
assistance médicale.
RECOMMANDATIONS
8. C’est pourquoi l’Association Médicale Mondiale demande à ses membres d’inciter les
compagnies aériennes nationales, en particulier celles assurant des vols commerciaux à
longue et moyenne distance à prendre les mesures suivantes:
8.1 Equiper les avions avec des équipements et des médicaments médicaux d’urgence
qui:
8.1.1 Sont conditionnés d’une façon normalisée et facilement identifiables ;
8.1.2 Sont accompagnés d’informations et d’instructions en anglais ainsi que
dans les principales langues des pays de départ ; et
8.1.3 Incluent des DEA qui sont considérés comme faisant partie de l’équipement
standard pour les soins avancés de maintien des fonctions vitales et assurent
qu’au moins un membre de l’équipage est formé à l’utilisation du modèle
particulier de DEA fourni.
8.2 Fournir une assistance médicale que l’on puisse contacter par radio ou téléphone
soit pour aider le personnel de bord soit pour assister un professionnel de santé
bénévole s’il s’en trouve un disponible et acceptant de fournir son aide sur le vol.
R-2006-01-2017 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
8.3 Mettre en place des plans d’urgence médicale pour guider le personnel navigant à
répondre aux besoins médicaux des passagers.
8.4 Donner des instructions médicales et logistiques suffisantes au personnel de bord,
allant au déjà de la formation classique aux premiers secours, afin qu’il puisse
mieux répondre aux besoins des passagers et aider les professionnels médicaux qui
se portent volontaires pendant les urgences.
8.5 Fournir une assurance suffisamment complète aux professionnels médicaux et
aider le personnel non médical à se protéger des actions en dommages et
responsabilités (d’ordre matériel et immatériel) consécutifs à un diagnostic et à un
traitement en vol
8.6 Lobbying pour des lois de Bon samaritain.
9. L’Association Médicale Mondiale demande à ses membres d’inciter leurs législateurs
et autorités de l’aviation nationales à fournir des rapports annuels sur les accidents
médicaux en vol, basés sur des modèles normalisés pour tout incident médical
nécessitant la délivrance de premiers secours ou toute autre assistance médicale et/ou
modifiant les plans de vol.
10. L’Association Médicale Mondiale demande à ses membres d’inciter leurs législateurs
à légiférer pour assurer l’immunité juridique des médecins fournissant une assistance
d’urgence adéquate au cours d’incidents médicaux en vol.
11. En l’absence d’immunité judiciaire applicable aux médecins, la compagnie devrait
accepter toutes les conséquences juridiques et financières liées à toute assistance
fournie par un médecin.
12. L’Association Médicale Mondiale demande à ses membres de :
12.1 Se mobiliser afin que les défis possibles liés aux urgences médicales en vol soient
abordés lors des sessions de formation ordinaires des médecins qui portent sur les
soins d’urgence ;
12.2 Informer les médecins sur les possibilités de formation ou promouvoir
l’instauration de programmes de formation lorsqu’ils n’existent pas;
12.3 Encourager les médecins à réfléchir à la question de savoir s’ils souhaitent ou non
se faire connaître spontanément avant le départ comme volontaires pour apporter
une aide en cas d’urgence médicale, et
12.4 Encourager les médecins à discuter des problèmes éventuels avec leurs propres
patients à haut risque pour qu’ils demandent une assistance médicale en vol avant
de prendre l’avion.
12.5 Encourager les médecins à vérifier si leur assurance de responsabilité comporte
une garantie relative à ce type d’assistance.
12.6 Informer et encourager les médecins à assister à des formations sur ce sujet de
Chicago ⏐ R-2006-01-2017
Voyages en Avion
façon à pouvoir prendre des décisions éclairées lorsqu’ils déclarent leurs patients
aptes à prendre l’avion.
13. L’Association Médicale Mondiale demande à l’AITA de poursuivre l’établissement de
normes précises dans les domaines suivants et si besoin est, de travailler avec les
gouvernements à la mise en place de ces normes en tant qu’obligations légales:
13.1 Équipements médicaux et médicaments à bord pour les moyens et longs courriers;
13.2 Normes de conditionnement et d’étiquetage, y compris des descriptions et
instructions dans les langues requises;
13.3 Procédures d’urgence médicale et programmes de formation pour le personnel
médical.
R-2006-02-2016 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LA SÉCURITÉ DES ENFANTS PENDANT LES VOYAGES EN AVION
Adoptée par la 57e
Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et réaffirmée par la 203e
Session du Conseil de l’AMM, Buenos Aires, Argentine,
Avril 2016
1. Considérant que l’avion est un mode de transport commun et que beaucoup de gens de
tout âge l’utilisent tous les jours;
2. Considérant que pour les passagers adultes, les normes de sécurité en avion sont
maintenant très élevées;
3. Considérant que pendant les voyages en avion, les procédures de sécurité strictes en
vigueur augmentent considérablement dans les situations d’urgence les chances de
survie des adultes bien attachés;
4. Considérant que pendant les situations d’urgence en avion, les nourrissons et les en-
fants ne bénéficient pas toujours de mesures de sécurité correctes et adaptées;
5. Considérant que des systèmes de fixation et de sécurité pour les nourrissons et les
enfants ont été testés avec succès pour limiter les risques de blessures au cours de
situations d’urgence en avion;
6. Considérant que des systèmes de fixation pour enfants ont été agréés sur les avions
classiques destinés au transport de personnes et mis en place avec succès par plusieurs
compagnies aériennes;
Dans ces conditions, l’Association Médicale Mondiale
1. Exprime une grande inquiétude sur le fait que des systèmes de sécurité corrects pour
les nourrissons et les enfants n’aient pas été mis en place partout;
2. Appelle toutes les compagnies aériennes à prendre des mesures immédiates pour
fournir des systèmes de fixation sûrs pour les enfants, soigneusement testés et nor-
malisés;
3. Appelle toutes les compagnies aériennes à former leur personnel à la manipulation et
à l’usage corrects des systèmes de fixation pour enfants; et
Sécurité des Enfants Pendent les Voyages en Avion
Pilanesberg ⏐ R-2006-02-2006
4. Demande l’établissement d’une norme ou de spécifications universelles pour le test et
la fabrication de systèmes de fixation pour les enfants; et
5. Exhorte les législateurs et les autorités chargées de la sécurité aérienne à:
a. demander pour les nourrissons et les enfants, sous la forme d’une loi, des systèmes
de fixation individuels et sûrs approuvés pour une utilisation dans les avions
classiques destinés au transport de personnes;
b. veiller à ce que les compagnies aériennes fournissent des systèmes de fixation
pour les enfants ou acceptent que les passagers utilisent leur propre système si
celui-ci est agréé pour l’avion en question;
c. interdire l’usage de “ceintures de sécurité à passant” fréquemment utilisées pour
attacher les nourrissons et les enfants dans les avions.
d. fournir des informations sur la sécurité des nourrissons et des enfants à bord des
avions à tous les passagers des compagnies aériennes.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2006-04-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LES ESSAIS NUCLÉAIRES DE LA CORÉE DU NORD
Adoptée par la 57e
Assemblée Générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et réaffirmée par la 203e
Session du Conseil de l’AMM, Buenos Aires, Argentine,
Avril 2016
EN RAPPELANT la Déclaration de l’AMM sur les Armes nucléaires, adoptée à l’Assem-
blée Générale de l’AMM à Ottawa, Canada, en octobre 1998;
L’AMM:
1. Dénonce les essais nucléaires de la Corée du Nord effectués dans une période de
vigilance mondiale accrue sur les essais et les arsenaux nucléaires;
2. Appelle à un arrêt immédiat des essais d’armes nucléaires; et
3. Demande à toutes les Associations Médicales Nationales membres de faire pression
auprès de leurs gouvernements afin qu’ils comprennent les conséquences néfastes sur
la santé et l’environnement des essais et de l’utilisation des armes nucléaires.
Manuel des Politiques de l’AMM
R-2006-05-2017 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LA TUBERCULOSE
Adoptée par la 57e
Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud,
Octobre 2006
et révisée par la 68e
Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PRÉAMBULE
1. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la tuberculose est une menace
considérable pour la santé publique dans le monde. Les pays du Sud-Est asiatique et
d’Afrique sont les plus touchés.
2. Dans les pays en voie de développement, l’incidence de la tuberculose a augmenté de
façon spectaculaire en raison de la prévalence élevée du VIH/SIDA. Les migrations de
populations, l’urbanisation et la surpopulation accrues aggravent encore le phénomène.
L’incidence et la gravité de la maladie sont étroitement associées aux conditions de vie
sociales et économiques au sein d’une population.
3. L’émergence de souches de la bactérie tuberculosis résistantes aux médicaments de
première intention est devenue une menace majeure pour la santé publique, sous les
formes de la tuberculose multi résistante (MDR-TB) et ultrarésistante (XDR-TB).
Cette résistance croissante de la maladie aux médicaments antimicrobiens est
complexe et trouve son origine dans de multiples facteurs, ce qui nécessite l’adoption
d’une approche multisectorielle. Les souches MDR-TB et XDR-TB constituent une
menace considérable à la promotion et à la sécurité de la santé mondiale.
4. La sensibilisation de la communauté, l’éducation à la santé et la promotion de la santé
sont aujourd’hui des outils essentiels de la prévention de la tuberculose.
5. Le dépistage des groupes à haut risque (tels que les personnes vivant avec le
VIH/SIDA) et des populations vulnérables (migrants, prisonniers, personnes sans
domicile fixe) doit être considéré dans chaque contexte épidémiologique national
comme un composant de la prévention de la tuberculose. Il est également recommandé
de procéder à un dépistage systématique auprès de toutes les personnes ayant été en
contact avec les personnes infectées.
6. Le diagnostic rapide à l’aide de tests moléculaires et un traitement quotidien précoce et
rigoureusement supervisé devraient contribuer à stopper la propagation de la maladie.
7. La vaccination BCG (vaccin bilié de Calmette et Guérin) dès que possible après la
naissance devrait se poursuivre, conformément aux critères de l’Union internationale
contre la tuberculose et les maladies respiratoires (IUATLD), jusqu’à ce qu’un
Tuberculose
R-2006-05-2017 ⏐ Chicago
nouveau vaccin plus efficace soit disponible.
8. L’intensification de la recherche et de l’innovation sont également considérés comme
des impératifs dans la lutte contre l’épidémie et les formes résistantes de la maladie qui
émergent actuellement.
RECOMMENDATIONS
9. L’Association médicale mondiale (AMM), en consultation avec l’OMS et les autorités
sanitaires nationales et internationales poursuivra son travail de sensibilisation de la
population sur les symptômes de la tuberculose et de renforcement des capacités du
personnel soignant pour identifier précocement les personnes atteintes de la
tuberculose, établir un diagnostic et assurer un traitement de brève durée sous
surveillance directe (DOTS), ou un autre traitement adapté.
10. L’AMM soutient la stratégie mondiale de lutte contre la tuberculose de l’OMS, sa
vision, ses objectifs et ses étapes intermédiaires.
11. L’AMM soutient les appels en faveur de moyens financiers, matériels et humains
adéquats pour la recherche sur la tuberculose et le VIH/SIDA et la prévention de ces
maladies, y compris du personnel soignant bien formé et des infrastructures de santé
publique adaptées. L’AMM participera avec des professionnels de santé à
l’information sur la tuberculose et sur son traitement.
12. Il convient que les professionnels de santé aient accès à tous les équipements
médicaux et de protection dont ils ont besoin afin de limiter le risque d’infection et de
propagation de la maladie.
13. L’AMM encourage la poursuite des efforts de renforcement des capacités des
professionnels de santé pour l’emploi de méthodes diagnostiques rapides, pour
accroître la disponibilité de ces méthodes dans le secteur public comme dans le secteur
privé et pour une meilleure gestion de la tuberculose, y compris ses formes multi-
résistante et ultra-résistante.
14. L’AMM appelle les associations médicales nationales à soutenir le programme
national de lutte contre la tuberculose de leur pays en sensibilisant les professionnels
de santé à la prise en charge de la tuberculose et au signalement rapide des cas de
tuberculose au sein de la population.
15. L’AMM demande aux associations médicales nationales de promouvoir les méthodes
de prévention de la tuberculose telles que l’hygiène respiratoire, les mesures d’hygiène
en cas de toux et l’élimination sûre des expectorations.
16. Il convient que les associations médicales nationales encouragent leurs membres à
signaler en temps utile aux autorités compétentes tous les patients chez qui on a
diagnostiqué la tuberculose ou qui ont été placé sous traitement antituberculeux à des
fins de dépistage de sujets contacts et à réaliser un suivi adéquat de ces patients
jusqu’à la fin du traitement.
17. En outre, les Membres constituant devraient encourager une pharmacovigilance
Tuberculose
Chicago ⏐ R-2006-05-2017
efficace ainsi qu’un suivi et une gestion actifs de la sécurité des médicaments
antituberculeux afin de détecter, de traiter et de signaler tout cas présumé ou confirmé
de toxicité médicamenteuse. Les associations médicales nationales sont également
invitées à encourager leurs membres à contribuer activement à ces systèmes de
gestion.
18. Les associations médicales nationales devraient coordonner leurs actions et celles de
leur programme national de lutte contre la tuberculose et promouvoir les lignes
directrices qui ont été adoptées auprès de tous leurs membres.
19. L’AMM appuie les efforts de l’OMS et appelle tous les gouvernements, les
communautés, la société civile et le secteur privé à agir ensemble pour éliminer
totalement la tuberculose dans le monde.
Manuel des Politiques de l’AMM
R-2007-01-2017 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
RÉSOLUTION SUR L’ABUS
EN MATIÈRE DE SANTÉ ET
DE DROITS DE L’HOMME AU ZIMBABWE
Adoptée par la 58e
Assemblée Générale de l’AMM, Copenhague, Danemark, Octobre 2007
et réaffirmée par la 206e
Session du Conseil de l’AMM, Livingstone, Zambia, Avril 2017
PRÉAMBULE
Au vu des informations et des rapports sur la violation systématique et répétée des droits
de l’homme, le non respect du droit à la santé au Zimbabwe, l’incapacité à fournir des res-
sources essentielles pour la délivrance des soins médicaux basiques, la dégradation de
l’état de santé de la population du Zimbabwe, les doubles loyautés et les menaces à l’en-
contre du personnel de santé tentant de préserver son indépendance clinique, le refus d’ac-
cès aux soins pour les personnes accusées d’être associées aux partis politiques d’oppo-
sition et l’augmentation de la torture organisée par l’état, l’AMM souhaite réitérer son sou-
tien et son engagement sur les points suivants:
L’attachement au principe de l’Organisation Mondiale de la Santé « la possession du
meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre constitue l’un des droits fondamentaux
de tout être humain »
La défense de l’objectif fondamental des médecins qui est de soulager la détresse des
patients et de ne pas laisser les considérations personnelles, collectives ou politiques
prévaloir sur cet objectif
Le soutien de la fonction des médecins qui est de placer les droits de l’homme au premier
plan de leurs obligations professionnelles vis-à-vis des patients
Le soutien des médecins persécutés pour fidélité à l’éthique médicale
RECOMMANDATION
Dans ces conditions, l’Association Médicale Mondiale consciente de l’effondrement du
système de soins et de la crise sanitaire du Zimbabwe, fait appel à ses associations médi-
cales nationales pour:
1. Dénoncer publiquement les abus en matière de droits de l’homme et les violations du
droit à la santé au Zimbabwe
2. Protéger activement les médecins menacés ou intimidés pour leurs actions conformes
à leurs obligations éthiques et professionnelles
3. S’associer à l’association médicale du Zimbabwe (ZiMA) afin de garantir l’autonomie
de la profession médicale au Zimbabwe
4. Demander et aider la ZiMA à faire appel à une mission d’inspection internationale au
Zimbabwe, en tant que mesure d’urgence pour s’occuper de la santé et des besoins
Droits Humains au Zimbabwe
Livingstone ⏐ R-2007-01-2017
sanitaires de la population du Zimbabwe.
De plus, l’AMM encourage la ZiMA, en tant que membre de l’AMM, à:
1. Confirmer son adhésion aux Déclarations de l’AMM de Tokyo, de Hambourg et de
Madrid ainsi qu’à la prise de position de l’AMM sur l’accès aux soins de santé.
2. Faciliter un environnement où toute la population du Zimbabwe a un accès identique
à des soins et à des traitements médicaux de qualité, quelle que soit son affiliation
politique.
3. S’engager à éradiquer la torture et les traitements inhumains et dégradants infligés à la
population du Zimbabwe
4. Réaffirmer sa défense de l’indépendance clinique des médecins qui soignent tous les
citoyens du Zimbabwe
5. Obtenir et à diffuser des informations véridiques et nécessaires sur l’état des services
de santé au Zimbabwe
6. Plaider pour que les droits de l’homme fassent partie du cursus médical tout comme
les obligations éthiques des médecins qui sont de conserver une totale indépendance
clinique vis-à-vis des patients en situation vulnérable.
L’AMM encourage la ZimA à rechercher de l’aide pour réaliser ce qui précède en se
rapprochant de l’AMM, de l’Association Médicale du Commonwealth et des AMM des
pays voisins ainsi qu’à donner des informations régulières sur les progrès accomplis.
Manuel des Politiques de l’AMM
R-2007-02-2017 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
RESOLUTION DE L’AMM
SUR
LE SOUTIEN AUX ASSOCIATIONS MEDICALES
EN AMERIQUE LATINE ET AUX CARAÏBES
Adoptée par la 58e
Assemblée Générale de l’AMM, Copenhague, Danemark, Octobre 2007
et réaffirmée avec une révision mineure par la 207e
session du Conseil de l’AMM, Chicago,
Etats-Unis, Octobre 2017
Des rapports sérieux font état d’accords entre le gouvernement cubain et certains
gouvernements d’Amérique Latine et des Caraïbes pour fournir du personnel de santé
cubain destiné à remplir les fonctions de médecins dans ces pays, court-circuitant en cela
les systèmes mis en place pour protéger les patients et dont le but est de contrôler
l’autorisation d’exercer et les compétences des médecins.
L’Association médicale mondiale (AMM) est très préoccupée par les risques encourus par
les patients du fait de ces pratiques médicales non réglementées et rappelle sa prise de
position sur les directives éthiques pour le recrutement des médecins au niveau
international, qui contient les recommandations suivantes : « les médecins qui, à titre
permanent ou temporaire, exercent leur profession dans un autre pays que leur pays
d’origine doivent être traités sur un même pied d’égalité que les autres médecins du pays »
(paragraphe 7) et « rien ne doit empêcher les pays de signer, conformément au droit
international et en bonne connaissance des règles internationales sur les droits de
l’homme, des accords bilatéraux et des accords de compréhension mutuelle pour assurer
une coopération utile en matière de prestation de soins de santé, y compris les échanges de
médecins » (paragraphe 8).
Dans ces régions, il existe déjà des associations médicales dûment déclarées et légales qui
sont chargées du recensement des médecins et qui doivent être consultées par leurs
ministres de la santé respectifs.
En conséquence, l’AMM:
1. Condamne toute action menée par les gouvernements en matière de politiques et de
pratiques contournant ou court-circuitant les normes reconnues pour l’exercice de la
médecine et la délivrance de soins médicaux.
2. Demande aux gouvernements d’Amérique Latine et des Caraïbes de travailler avec les
associations médicales pour toutes les questions ayant trait à la certification des méde-
cins et à la pratique de la médecine et de respecter le rôle et les droits de ces associa-
tions médicales et l’autonomie de la profession médicale.
3. Au vu de la gravité de la situation, demande instamment aux gouvernements
d’Amérique latine et des Caraïbes de respecter le Code international d’éthique
Associations Médicales en Amérique Latine et aux Caraïbes
R-2007-02-2017 ⏐ Chicago
médicale de l’AMM, les déclarations de l’AMM sur la régulation assurées par la
profession, sur l’autonomie professionnelle et l’indépendance clinique ainsi que la
prise de position de l’AMM sur les directives éthiques pour le recrutement des
médecins au niveau international, qui fixent des règles pour la pratique médicale des
médecins dans le monde entier.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2008-01-2018
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LA COLLABORATION ENTRE LA MÉDECINE HUMAINE ET VÉTÉRINAIRE
Adoptée par la 59e
Assemblée Générale de l’AMM, Séoul, Corée, Octobre 2008
et réaffirmée avec une révision mineure par la 210e
Session du Conseil, Reykjavik,
Islande, Octobre 2018
PRÉAMBULE
La plupart des maladies infectieuses humaines existantes, y compris les agents
bioterroristes, sont des zoonoses. Les zoonoses peuvent par définition infecter aussi bien
les animaux et que les humains. De par leur nature même, la médecine humaine et la
médecine vétérinaire sont complémentaires et en synergie pour faire face, maîtriser et
prévenir toute infection d’une espèce à l’autre par les maladies zoonotiques.
La collaboration et la communication entre la médecine humaine et la médecine
vétérinaire ont été très limitées au cours des dernières décennies. Les défis du 21e siècle
imposent toutefois une collaboration entre les deux médecines : le risque de maladies
zoonotiques est en effet accru par la mondialisation des échanges et les changements
climatiques, ainsi que par les changements de comportement des humains.
L’initiative dite « One Health » en cours d’exécution vise à améliorer la vie de toutes les
espèces, par la prise en compte à la fois de la médecine humaine et de la médecine
vétérinaire(1). « One Health » vise à promouvoir et à établir un dialogue et une étroite
collaboration entre la médecine humaine, la médecine vétérinaire et toutes les sciences de
la santé apparentées afin de renforcer l’efficacité de la santé publique humaine et des soins
de santé modernes pour les humains (et les animaux), par le biais d’une recherche
biomédicale comparée.
L’Association médicale mondiale reconnaît l’impact des animaux et des soins vétérinaires
sur la santé et les maladies humaines, au travers de ses propres politiques actuelles,
notamment de sa prise de position sur l’utilisation des animaux dans la recherche
biomédicale, sur la résistance aux antibiotiques et sur la pandémie de grippe aviaire.
L’AMM reconnaît également l’impact des changements climatiques sur la santé par le
biais de sa déclaration sur la santé et le changement climatique. L’AMM travaille déjà
avec d’autres professions de santé y compris les dentistes, les infirmières et les
pharmaciens par l’intermédiaire de l’Alliance mondiale des professionnels de santé.
RECOMMANDATIONS
L’Association médicale mondiale devrait :
Reykjavik ⏐ R-2008-01-2018
Médecine Vétérinaire
• soutenir la collaboration entre médecine humaine et médecine vétérinaire ;
• soutenir le concept d’efforts éducatifs communs entre les facultés de médecine
humaine et les écoles vétérinaires ;
• encourager les efforts communs en matière de soins cliniques par l’évaluation, le
traitement et la prévention de la transmission des maladies d’une espèce à l’autre ;
• soutenir les efforts de santé publique en matière de surveillance et de maîtrise des
maladies pouvant se transmettre d’une espèce à l’autre, en particulier par
l’identification précoce des maladies et de leurs canaux de propagation ;
• soutenir les efforts collectifs pour la mise au point, l’adoption et l’évaluation de
méthodes de dépistage, de médicaments, de vaccins, de systèmes de surveillance et
de politiques pour la prévention et la maîtrise des maladies qui se transmettent
d’une espèce à l’autre ;
• engager un dialogue avec l’Association mondiale vétérinaire (AMV) au sujet des
stratégies favorisant la collaboration entre les professions médicales vétérinaires et
humaines sur le plan de la formation, des soins cliniques, de la santé publique et de
la recherche biomédicale ;
• encourager les associations médicales nationales à nouer un dialogue avec leurs
confrères vétérinaires au sujet de stratégies de collaboration entre les professions
médicales humaines et vétérinaires dans leurs propres pays.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2009-01-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LA LÉGISLATION CONTRE L’AVORTEMENT AU NICARAGUA
Adoptée par la 60e
Assemblée générale de l’AMM, New Delhi, Inde, Octobre 2009
et révisée par la 70e
Assemblée Générale, Tbilissi, Géorgie, Octobre 2019
CONSIDÉRANT,
qu’en 2006, le Nicaragua a adopté un code pénal criminalisant l’avortement quelles que
soient les circonstances, y compris tout traitement médical d’une femme enceinte qui
aurait pour conséquence la mort ou une lésion de l’embryon ou du fœtus ;
que selon le Fonds des Nations unies pour la population, en dépit d’une amélioration des
indicateurs nationaux relatifs à la santé sexuelle et reproductive, le Nicaragua présente
toujours les taux de grossesses chez les adolescentes et de mortalité maternelle parmi les
plus élevés d’Amérique, notamment au sein des populations rurales pauvres.
Cette législation :
• a un impact négatif sur la santé des femmes au Nicaragua et provoque le décès,
pourtant évitable, de femmes et de l’embryon ou fœtus qu’elles portent ;
• fait courir aux médecins le risque d’être emprisonnés pour avoir fait avorter des
femmes, même dans le seul but de leur sauver la vie, à moins qu’ils n’aient
respecté les protocoles obstétriques de 2006 du ministère de la Santé du Nicaragua
(MINSA), qui ne prévoient pourtant que les cas d’urgence ;
exige des médecins qu’ils signalent à la police les femmes et les jeunes filles soupçonnées
d’avortement, en contradiction avec le secret médical qui s’impose à eux, les plaçant au
cœur d’un conflit entre la loi et l’éthique médicale ;
La prise de position de l’AMM sur l’interruption médicale de grossesse d’octobre 2018
prévoit que : « les lois, normes et pratiques cliniques nationales ayant trait à l’interruption
de grossesse doivent protéger et favoriser la santé des femmes et leurs droits en tant
qu’êtres humains, notamment leur consentement volontaire et éclairé, leur autonomie de
décision et leurs droits à la confidentialité et la vie privée. Les associations médicales
nationales devraient militer pour que les politiques sanitaires nationales défendent ces
principes ».
L’AMM réaffirme sa résolution sur la pénalisation de la pratique médicale d’octobre
2013, dans laquelle elle recommande à ses membres qu’ils « s’opposent à l’intrusion des
gouvernements dans la pratique de la médecine et dans la décision d’apporter des soins, y
compris s’agissant de la possibilité pour les gouvernements de définir une pratique
médicale appropriée par application de sanctions pénales ».
Tbilissi⏐ R-2009-01-2019
Législation contre l’Avortement au Nicaragua
EN FOI DE QUOI, l’Association médicale mondiale et ses membres constituants demandent
expressément au gouvernement du Nicaragua d’abroger cette disposition du Code pénal
criminalisant l’avortement et d’adopter à sa place une législation qui encourage et protège
les droits fondamentaux des femmes, leur dignité et leur santé, y compris leur accès aux
soins de santé reproductifs et qui autorise les médecins à remplir leurs obligations
conformément à l’éthique médicale, en particulier le secret médical.
Manuel des Politiques de l’AMM
R-2009-02-2009 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
RÉSOLUTION DE L’AMM D’URGENCE DÉFENDANT
LES DROITS DES PATIENTS ET DES MÉDECINS
EN RÉPUBLIC ISLAMIQUE D’IRAN
Adoptée par la 60e
Assemblée générale de l’AMM, New Delhi, Inde, Octobre 2009
CONSIDERANT QUE,
Les médecins dans la République Islamique d’Iran ont reporté:
Des pratiques troublantes de personnes blessées envoyées en prison sans traitement médi-
cal correct et sans l’accord du médecin traitant;
Le fait que des médecins seraient empêchés de traiter les patients;
Des inquiétudes s’agissant de la véracité de la documentation relative au décès de patients
et des médecins forcés de cautionner des documents falsifiés;
L’existence de cadavres et de prisonniers politiques et religieux gravement blessés qui
auraient été admis dans des hôpitaux avec des traces de torture brutale dont des abus
sexuels.
DANS CES CONDITIONS, L’ASSOCIATION MÉDICALE MONDIALE
1. Réaffirme sa Déclaration de Lisbonne: Déclaration sur les droits du patient, qui sti-
pule que si jamais une législation, une mesure gouvernementale, une administration ou
une institution prive les patients de son droit aux soins médicaux, les médecins doivent
rechercher les moyens appropriés de les garantir ou de les recouvrer.
2. Réaffirme sa Déclaration de Hambourg: Déclaration sur le Soutien aux Médecins qui
Refusent toute Participation ou Caution à l’Utilisation de la Torture ou autre Forme de
Traitement Cruel, Inhumain ou Dégradant, qui encourage les médecins à respecter leur
serment de servir l’humanité et à résister aux pressions qui seraient contraires aux
principes éthiques régissant leurs activités.
3. Réaffirme sa Déclaration de Tokyo: Directives à l’intention des médecins en ce qui
concerne la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants en
relation avec la détention ou l’emprisonnement, qui:
• Interdit aux médecins de participer ou même d’être présents pendant des actes de
torture ou d’autres formes de traitements cruels, inhumains ou dégradants;
• Qui stipule que les médecins doivent garder le respect absolu de la vie humaine
même sous la menace et ne pas faire usage de connaissances médicales contraire
aux lois de l’humanité.
Droits des Patients et des Médecins en Iran
New Delhi ⏐ R-2009-02-2009
4. Réaffirme sa Résolution sur la responsabilité des médecins dans la documentation et la
dénonciation des actes de torture ou des traitements cruels, inhumains ou dégra-dants
qui:
• Stipule que les médecins doivent essayer de veiller à ce que les détenus ou les
victimes de la torture ou de cruauté ou de mauvais traitements aient un accès à des
soins de santé immédiats et indépendants;
• Stipule qu’il faut veiller à ce que les médecins incluent une évaluation et une
documentation des symptômes de torture ou de mauvais traitement dans les dos-
siers médicaux, en prenant les précautions procédurales nécessaires afin de ne pas
mettre en danger les détenus.
5. Se réfère au Code International d’Ethique Médicale de l’AMM, qui stipule que les
médecins se consacreront en toute indépendance professionnelle et morale à la pre-
station de soins compétents avec compassion et respect pour la dignité humaine.
6. Demande expressément au gouvernement de la République Islamique d’Iran de res-
pecter le Code International d’Ethique Médicale et les normes inclues dans les décla-
rations ci-dessus mentionnées qui engagent les médecins.
7. Demande expressément aux Associations Médicales nationales d’exprimer leur sou-
tien à cette résolution.
Manuel des Politiques de l’AMM
R-2009-03-2019 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LE TRANSFERT DE TÂCHES DEPUIS LA PROFESSION MÉDICALE
Adoptée par la 60e
Assemblée générale de l’AMM, New Delhi, Inde, Octobre 2009
et réaffirmée par la 212e
session du Conseil de l’AMM, Santiago, Chili, Avril 2019
1. Le terme “Transfert des tâches” est utilisé dans le secteur de la santé pour décrire une
situation dans laquelle une tâche normalement assurée par un médecin est déléguée à
un professionnel de santé dont le niveau de formation et d’expérience est moindre ou
différent ou à une personne spécialement formée pour effectuer une tâche donnée sans
posséder la formation médicale officielle. Le transfert des tâches existe à la fois dans
les pays confrontés à une pénurie de médecins et dans ceux non confrontés à une telle
pénurie
2. La pénurie de travailleurs qualifies du fait de l’émigration ou d’autres facteurs est un
facteur essential à l’origine du transfert des tâches. Dans les pays confrontés à une
grave pénurie de médecins, on peut éventuellement recourir au transfert des tâches
pour former des professionnels de santé ou des profanes à effectuer des tâches
généralement considérées comme étant du ressort des médecins. La raison invoquée
pour un tel transfert de tâches est que le service ne serait sinon pas fourni à ceux qui
en ont besoin. Dans ces pays, le transfert des tâches cible les populations extrêmement
vulnérables et vise à palier la pénurie de professionnels de santé ou de faire face à des
questions sanitaires spécifiques telle que VIH. Dans les pays où la pénurie de
médecins est dramatique, de nouvelles structures constituées de travailleurs sanitaires
ont été mises en place. Toutefois, ces personnes assumant les tâches des médecins
n’ont pas les vastes connaissances et l’expérience des médecins et doivent effectuer
leurs tâches selon des protocoles sans avoir les compétences, l’expérience et le
jugement professionnel pour prendre les bonnes décisions en cas de complications ou
d’autres imprévus. Cette pratique peut s’avérer judicieuse dans des pays où sans le
transfert des tâches, aucun soin ne serait prodigué mais devrait être étendue aux pays
où la situation n’est pas la même.
3. Dans les pays où ne règne pas une grave pénurie de médecins, le transfert des tâches
peut exister pour diverses raisons d’ordre social, économique, professionnel, parfois
avec pour prétexte l’efficacité, le fait de vouloir faire des économies ou pour d’autres
raisons non fondées. Les professions cherchant à étendre ou à protéger leur domaine
traditionnel peuvent inciter ou empêcher le transfert des tâches. Il peut être instauré par
les autorités sanitaires, par des professionnels de santé suppléants et parfois par les
médecins eux-mêmes. Le transfert des tâches peut être le fait des progrès de la
technologie médicale qui standardisent la mise en œuvre et l’interprétation de certaines
tâches et permettent ainsi de faire effectuer ces dernières par des non professionnels
de santé ou des assistants techniques en lieu et place des médecins. Cela s’est produit
Tranfert de Tâches
Santiago ⏐ R-2009-03-2019
en principe à l’initiative ou en coopération étroite avec la profession médicale. Il faut
toutefois reconnaître que la médecine ne peut jamais être considérée uniquement
comme une discipline technique.
4. Le transfert des tâches peut avoir lieu au sein d’une équipe médicale déjà en place,
avec pour effet une redistribution des rôles et des fonctions assurés par les membres
de l’équipe. Il peut aussi générer de nouveaux personnels dont la fonction est d’assister
d’autres professionnels de santé, notamment les médecins, et du personnel formé pour
assurer des tâches spécifiques de manière autonome.
5. Même si le transfert des tâches peut parfois s’avérer nécessaire et parfois améliorer la
qualité des soins cliniques, il comporte des risques importants. Parmi ces risques, le
principal est la détérioration de la qualité des soins, en particulier si le jugement
médical et la décision médicale sont délégués. Hormis le fait que le patient peut
éventuellement être soigné par un professionnel moins expérimenté, certains critères
de qualité sont aussi mis en cause y compris la raréfaction des contacts entre le patient
et le médecin, un service fragmenté et inefficace, un manque de véritable suivi, un
diagnostic et un traitement inadéquats et une incapacité à gérer les complications.
6. De plus, le transfert des tâches qui déploie du personnel d’assistanat peut
éventuellement augmenter la demande en médecins. Les médecins auront de plus en
plus de responsabilités en tant que formateurs et superviseurs ce qui leur laissera peu
de temps pour leurs nombreuses autres tâches comme par exemple soigner des
patients en direct. Ils peuvent aussi endosser davantage de responsabilité
professionnelle et/ou juridique pour les soins prodigués par les travailleurs de santé
sous leur supervision.
7. L’Association Médicale Mondiale exprime sa grande inquiétude sur le fait que le
transfert des tâches puisse être instauré par les autorités sanitaires sans consultation des
médecins et de leurs associations professionnelles.
RECOMMENDATIONS
8. De ce fait, l’Association Médicale Mondiale recommande que toutes les Associations
Médicales Nationales soutiennent et promeuvent les directives suivantes:
8.1 Les soins continus de qualité ainsi que la sécurité des patients ne doivent jamais
être compromis et devraient constituer la base pour toutes réformes et législations
se rapportant au transfert de tâches.
8.2 Les propres tâches des médecins étant transférées, ces derniers ainsi que leurs
associations professionnelles devraient être consultés et étroitement impliqués dès
le départ dans toutes les considérations relatives à la mise en place du transfert
des tâches, notamment dans la réforme de la législation et de la réglementation.
Les médecins pourraient éventuellement étudier une nouvelle structure
d’assistants sous leur autorité et en accord avec les principes de sécurité et dans le
respect de la qualité des soins aux patients.
Manuel des Politiques de l’AMM
R-2009-03-2019 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
8.3 Les normes d’assurance qualité et les protocoles thérapeutiques doivent être
définis, mis en place et supervisés par les médecins. Les systèmes d’accréditation
devraient être conçus et instaurés en simultané avec la mise en place du transfert
des tâches afin d’assurer la qualité des soins. Il convient de définir clairement les
tâches que seuls les médecins peuvent accomplir. La responsabilité du diagnostic
et de la prescription devrait notamment être soigneusement étudiée.
8.4 Dans les pays où règne une grave pénurie de médecins, le transfert des tâches
devrait être envisagé comme une solution provisoire avec une stratégie de sortie
bien définie. Toutefois, dans les pays où cette solution sera probablement de
longue durée, il convient alors de mettre en place une stratégie durable.
8.5 Le transfert des tâches ne devrait pas remplacer la création de systèmes de santé
durables et fonctionnant à plein temps. Le personnel d’assistance ne devrait pas
être engagé au détriment de professionnels de santé sans emploi ou sous-
employés. Le transfert des tâches ne devrait pas remplacer l’éducation et la
formation des médecins. L’objectif devrait être de former et d’employer des
travailleurs plus qualifiés plutôt que de transférer des tâches à des travailleurs
moins qualifiés.
8.6 Le transfert des tâches ne devrait pas être entrepris ou considéré uniquement
comme une mesure d’économie car les économies dégagées par le transfert des
tâches restent à prouver et parce que les solutions justifiées par la baisse des coûts
ont peu de chance de donner de bons résultats pour les patients. Les avantages
économiques du transfert des tâches devraient être bien analysés afin d’évaluer
les résultats en matière de santé, de rapport coûts/bénéfices et de productivité.
8.7 Le transfert des tâches devrait être complété par des mesures d’incitation pour la
préservation des professionnels de santé comme par ex. une augmentation de leur
salaire et une amélioration de leurs conditions de travail.
8.8 Les raisons sous tendant la nécessité de transférer les tâches variant d’un pays à
l’autre et de ce fait des solutions convenant à un pays ne peuvent pas convenir
automatiquement à d’autres.
8.9 L’impact du transfert des tâches sur le fonctionnement global des systèmes de
santé n’est pas clair. Il conviendrait d’évaluer l’impact du transfert des tâches au
niveau du patient et au niveau de la santé ainsi que sur l’efficacité de la fourniture
de soins. Lorsque le transfert des tâches est appliqué notamment en réponse à des
questions de santé spécifiques, comme par ex. le VIH, il conviendrait d’évaluer
régulièrement et de suivre de près l’ensemble du système de santé. Un tel travail
est essentiel afin de s’assurer que ces programmes améliorent la santé des
patients.
8.10 Le transfert des tâches doit être étudié et évalué indépendamment, pas sous les
auspices de ceux désignés pour assurer ou financer les mesures de transfert des
Tranfert de Tâches
Santiago ⏐ R-2009-03-2019
tâches.
8.11 Le transfert des tâches n’est qu’une réponse à la pénurie de main d’œuvre dans le
secteur de la santé. D’autres méthodes comme par ex. le fait de travailler en
collaboration ou en équipe devraient être parallèlement développées.et
considérées comme la référence absolue. Le transfert des tâches ne devrait pas
remplacer la création d’équipes de santé solidaires et interactives, coordonnées
par un médecin où chaque membre peut apporter sa propre contribution aux soins
prodigués.
8.12 Pour assurer le succès d’un travail en collaboration, il faut améliorer la formation
au leadership et au travail d’équipe. Chacun doit bien comprendre ce pour quoi
l’autre est formé et ce qu’il est capable de faire. De même, chacun doit savoir de
quoi il est responsable. Tout le monde doit accepter d’utiliser une terminologie
bien précise.
8.13 Le transfert des tâches devrait être précédé par une étude, une analyse et une
discussion systématique des besoins, des coûts et des bénéfices potentiels. Il ne
devrait pas être instauré uniquement en réaction à d’autres évolutions dans le
système de santé.
8.14 Une recherche doit être conduite afin d’identifier les modèles de formation
éprouvés. Le travail devra être aligné sur divers modèles actuellement en place.
La recherche devrait également s’axer sur la collecte et le partage des
informations, des preuves et des résultats. La recherche et l’analyse doivent être
approfondies et les médecins doivent être impliqués.
8.15 Lorsque le cas s’y prête, les Associations Médicales Nationales devraient
coopérer avec les associations d’autres professionnels de santé pour établir les
infrastructures inhérentes au transfert des tâches. L’AMM devra envisager
d’établir une structure pour le partage des informations sur cette question au sein
de laquelle les membres pourront discuter des évolutions dans leur pays et des
conséquences sur les soins.
Manuel des Politiques de l’AMM
R-2010-01-2010 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
RESOLUTION DE L’AMM
SUR
LA PRESCRIPTION DE MEDICAMENTS
Adoptée par la 61e
Assemblée Générale de l’AMM, Vancouver, Canada, Octobre 2010
PRÉAMBULE
Depuis le début de leurs études et tout au long de leur carrière professionnelle, les méde-
cins acquièrent les connaissances, la formation et les compétences requises afin de traiter
leurs patients avec le plus haut niveau de soins et de compétence.
Les médecins établissent le diagnostic le plus précis et le traitement le plus efficace pour
soigner la maladie ou soulager ses effets en tenant compte de l’état général du patient.
Les produits pharmaceutiques sont souvent une composante essentielle de l’approche thé-
rapeutique. Afin de pouvoir prendre de bonnes décisions conformes aux principes éthiques
et professionnelles de pratique médicale, le médecin doit connaître et comprendre totale-
ment les principes de la pharmacologie et les éventuelles interactions entre différents mé-
dicaments et leurs effets sur la santé du patient.
La prescription de médicaments est une intervention clinique importante qui devrait être
précédée de multiples procédures, intégrées pour évaluer le patient et déterminer le diag-
nostic clinique correct. Ces procédures comportent:
• Faire le point sur l’état de santé actuel et effectuer une anamnèse;
• La capacité à établir un diagnostic différentiel;
• Comprendre les multiples maladies, chroniques et complexes, en jeu;
• Faire un bilan des médicaments actuellement administrés avec succès ou sup-
primés précédemment et avoir connaissance des possibles interactions.
Des médicaments mal prescrits sans de bonnes connaissances et un diagnostic correct
peuvent causer de sérieux dommages à la santé du patient. Au vu des graves conséquences
possibles pouvant résulter d’une décision thérapeutique inappropriée, l’AMM affirme les
principes suivants pour que les traitements soient de grande qualité et que la sécurité des
patients soit assurée:
PRINCIPES
La prescription de médicaments devrait reposer sur un diagnostic correct de l’état de santé
du patient et devrait être effectuée par ceux qui ont suivi avec succès un cursus complet
sur les mécanismes de la maladie, les méthodes de diagnostic et le traitement médical de la
maladie en question.
Prescription de Medicaments
Vancouver ⏐ R-2010-01-2010
Les ordonnances établies par les médecins sont vitales pour la sécurité des patients et la
sécurité est essentielle pour préserver la relation de confiance entre les patients et leurs
médecins.
Même si les infirmières et les autres travailleurs de santé coopèrent au niveau du traite-
ment global des patients, le médecin est la personne la plus qualifiée pour prescrire des
médicaments d’une manière autonome. Dans certains pays, la législation peut éventuelle-
ment autoriser d’autres professionnels à prescrire des médicaments dans certaines situa-
tions particulières, généralement avec une formation et un enseignement complémentaires
et le plus souvent sous une supervision médicale. Dans tous les cas, le médecin doit de-
meurer responsable du traitement. Le système médical de chaque pays devrait assurer la
protection des intérêts et de la sécurité des patients dans le cadre du diagnostic et du traite-
ment des patients. Si un système n’est pas en mesure de respecter ce cadre basique pour
des raisons sociales, économiques ou des raisons incontournables, tous les efforts devront
être entrepris pour améliorer la situation et restaurer la sécurité des patients.
Manuel des Politiques de l’AMM
R-2010-02-2010 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
RESOLUTION DE L’AMM
SUR
LA VIOLENCE À L’ENCONTRE DES FEMMES ET DES JEUNES FILLES
Adoptée par la 61e
Assemblée Générale de l’AMM, Vancouver, Canada, Octobre 2010
La violence est un phénomène institutionnalisé dans le monde entier et un sujet complexe
se traduisant de multiples façons. La nature de la violence subie par les victimes dépend en
partie du contexte social, culturel, politique et économique dans lequel vivent les victimes
et leurs agresseurs. Il existe une violence délibérée, systématique et répandue alors que
d’autres formes de violence demeurent cachées. C’est notamment le cas de la violence
domestique dans les zones du monde où les femmes ont le même statut juridique que les
hommes et bénéficient d’une protection légale face aux hommes violents. Culturellement
cependant, elles risquent de subir une violence domestique les mettant en danger de mort.
Dans la plupart des pays, il est prouvé que les hommes peuvent être et sont souvent
victimes de violence y compris de la part de leur partenaire. Statistiquement ils risquent de
subir bien davantage la violence de rue. La recherche montre que les hommes vivent fré-
quemment ce type de violence mais que cette violence n’est pas conjuguée à des abus sys-
tématiques en termes de droits. Par conséquent, les femmes vivent des choses bien pires
dans de nombreuses cultures. Cet article ne considère pas pour autant qu’il faille fermer
les yeux sur la violence à l’encontre des hommes et des jeunes garçons. Les actions
destinées à protéger les femmes et les jeunes filles limiteront probablement les actes de
violence à l’encontre de tout le monde.
DÉFINITION DE LA VIOLENCE
Il y a plusieurs définitions de la violence (voir note de bas de page) mais il est essentiel
que les différentes formes que peut prendre la violence soient reconnues par les décideurs
politiques. La violence contre les femmes et les jeunes filles inclut celle au sein de la
famille, de la communauté ainsi que la violence perpétrée (ou occultée) par l’état. On
donne de multiples excuses à la violence généralement et spécifiquement. En termes cul-
turels et sociétaux, ces excuses comprennent la tradition, les croyances, les mœurs, les
valeurs et la religion. Même si rarement cité, la force supérieure des hommes par rapport
aux femmes est aussi une cause majeure de violence.
Au sein de la famille et de la maison, la violence inclut le déni des droits et des libertés
dont jouissent les hommes et les jeunes garçons. En font partie la destruction des fœtus de
sexe féminin et l’infanticide des filles, le manque de soins systématique et délibéré des
jeunes filles, avec en autres une alimentation insuffisante et le refus d’un accès à l’éduca-
tion1
ainsi que la violence directe physique, psychologique et sexuelle. Certaines pratiques
culturelles portant atteinte aux femmes dont la mutilation génitale féminine, le mariage
forcé, la violence liée à la dot et les crimes dits « d’honneur » sont toutes des pratiques qui
peuvent exister au sein des familles.
Violence à l’encontre des Femmes et des Jeunes Filles
Vancouver ⏐ R-2010-02-2010
L’attitude à l’égard du viol, des violences sexuelles et du harcèlement sexuel, l’intimida-
tion au travail ou dans l’éducation, l’esclavage moderne, la traite des femmes et la prosti-
tution forcée sont toutes des formes de violence que certaines sociétés occultent. Une
forme extrême de violence est la violence sexuelle utilisée comme arme de guerre. Dans
plusieurs conflits récents (dans les Balkans, au Rwanda), le viol a été associé au nettoyage
ethnique et plus spécifiquement dans certains cas utilisé pour propager le SIDA dans
une communauté. Le CICR a examiné la question et reconnaît que cette violence
sexuelle pouvait être perpétrée communément sur les femmes et les jeunes filles2
.
La violence sexuelle ou la menace sexuelle peuvent être également utilisées à l’encontre
des hommes mais culturellement les femmes sont plus touchées et plus souvent ciblées.
Les conflits actuels ne reposent pas sur des batailles menées au loin; ils se concentrent de
plus en plus autour de centres très peuplés ce qui expose les femmes aux soldats et aux
groupes armés. Au moment d’une guerre et après une guerre, le tissu sociétal peut se désa-
gréger ce qui vulnérabilise les femmes encore plus par rapport aux attaques de groupes.
Le manque d’indépendance économique et d’éducation basique signifie aussi que les
femmes qui survivent à des actes de violence sont ou seront ou deviendront probablement
plus dépendantes de la société et moins en mesure de s’auto-suffire et de contribuer à la
société dans laquelle elles vivent. Sur le plan biologique et comportemental, les femmes
survivent en principe aux hommes; ne pas avoir la possibilité d’être indépendante éco-
nomiquement crée une société où bon nombre de femmes âgées sont économiquement
dépendantes.
L’état peut fermer les yeux sur toutes ces formes de violence ou garder le silence, refusant
en cela de les condamner ou de les combattre. Dans certains cas, l’état peut même légi-
férer pour autoriser des pratiques violentes (par exemple le viol dans le cadre du mariage)
et devenir lui-même un acteur de cette violence.
Tous les êtres humains jouissent de certains droits humains fondamentaux ; les exemples
de violence à l’encontre des femmes et des jeunes filles ci-dessus énoncés impliquent le
déni de bon nombre de ces droits et tous les mauvais traitements peuvent être examinés à
la lumière de la Convention des NU sur les droits humains (et pour les enfants de la Con-
vention sur les droits de l’enfant)3
.
En matière de santé, le déni des droits et la violence elle-même ont des conséquences pour
les femmes et les jeunes filles et pour la société dont elles font partie. Au-delà des con-
séquences physiques et sanitaires spécifiques et directes, la façon dont sont généralement
traitées les femmes et les jeunes filles peut conduire à une recrudescence de problèmes de
santé mentale; le suicide est la seconde cause majeure de mort prématurée chez les
femmes.
CONSÉQUENCES DE LA VIOLENCE
Les conséquences directes de la violence sur la santé dépendent de la nature des actes. La
mutilation génitale féminine par exemple peut tuer la femme au moment où elle est per-
pétrée, peut rendre difficile l’élimination par le corps des déchets dont ceux de la menstru-
ation et rendre difficile les grossesses. Elle renforce également l’idéologie qui consiste à
Manuel des Politiques de l’AMM
R-2010-02-2010 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
penser que les femmes sont la possession des hommes (en soi, une forme de mauvais
traitement) et qu’ils contrôlent leur sexualité. Les viols en réunion ou d’autres formes de
violence sexuelle peuvent à long terme générer des problèmes gynécologiques, urologi-
ques et intestinaux avec entre autres apparition de fistules et d’incontinence. Tout cela ne
favorise pas le soutien de la société en faveur des femmes abusées.
Les conséquences de la violence à court et long terme sur la santé mentale peuvent en-
suite avoir un grave impact sur le bien-être, la joie de vivre, le rôle social et la capacité à
bien soigner les personnes dépendantes.
Les médecins ont un rôle important à jouer dans le domaine de la collecte des preuves.
Actuellement de nombreux pays n’ont pas de registre des naissances obligatoire ce qui
rend difficile la documentation des infanticides ou de l’impact du manque de soins. Dans
le même ordre d’idées, certains pays autorisent le mariage à tout âge exposant ainsi les
jeunes filles à de grands risques de grossesse avant que leur corps ne soit totalement
formé, sans parler des risques pour la santé mentale que cela implique. Les conséquences
sanitaires de telles politiques et leur relation aux autres coûts pour la santé doivent être
mieux documentées.
Leur refuser la possibilité de bien se nourrir conduit des générations de femmes en mau-
vaise santé, à des problèmes de croissance et de développement. Ces femmes sont alors
moins en mesure de survivre à une grossesse et un accouchement ou à entretenir leurs
familles. Ne pas donner un accès à l’éducation nuit à la santé de tous les membres de la
famille ; une bonne éducation est un facteur majeur en ce qui concerne la qualité des soins
prodigués par la mère à toute sa famille. Au-delà de ce qu’elle a de condamnable en elle-
même, la violence contre les femmes est aussi dommageable socialement et économique-
ment pour la famille et la société. Les conséquences directes et indirectes de la violence à
l’encontre des femmes sur le plan économique vont bien au delà des coûts directs pour le
secteur de la santé.
Le coût et les conséquences de la violence y compris le manque de soins, à l’encontre des
femmes ont été expliqués dans de nombreux forums notamment à l’OMS4
. Les consé-
quences sanitaires pour les femmes, leurs enfants et donc la société sont claires et doivent
être explicitées aux décideurs politiques.
QUE PEUT FAIRE L’AMM?
L’AMM a un certain nombre de politiques sur la violence dont la Prise de position de
l’AMM sur la violence et la santé et la Prise de position de l’AMM sur la violence fa-
miliale. Cette présente (prise de position/résolution/déclaration) rassemble certaines de ses
politiques avec un ensemble d’actions coordonnées pour l’AMM, les AMN et les méde-
cins individuels.
Les êtres humains cherchant d’abord des avantages pour eux-mêmes, leurs familles et
leurs communauté, permettre le changement, bien expliquer dès le départ les avantages du
changement s’avère être une solution « gagnant-gagnant ». S’axer d’abord sur les consi-
dérations sanitaires pour les femmes, leurs enfants et la famille au sens plus large, est une
méthode bien utile pour lancer le débat.
Violence à l’encontre des Femmes et des Jeunes Filles
Vancouver ⏐ R-2010-02-2010
Les médecins sont bien placés pour juger des effets combinés sur la qualité de l’en-
vironnement social, culturel, économique et politique. Si toutes les personnes doivent
accéder à un bon état de santé et au bien-être, il faut que tous ces facteurs fonctionnent en
synergie. La vision holistique qu’ont les médecins peut servir à influencer la société et les
politiques. Il faut donc absolument obtenir le soutien de la société afin d’améliorer les
droits, la liberté et le statut des femmes.
ACTIONS
L’AMM:
• Fait valoir que la violence n’est pas uniquement de nature physique, psycho-
logique et sexuelle mais s’étend aussi aux mauvais traitements tels que des prati-
ques culturelles et traditionnelles nuisibles et des actions comme par ex. la com-
plicité en matière de traite des femmes et que c’est là une crise de santé publique
majeure.
• Reconnaît le lien entre d’une part une meilleure éducation et les autres droits des
femmes et d’autre part la santé familiale et sociétale et le bien-être. Elle met l’ac-
cent sur le fait que l’équité en matière de libertés civiles et de droits humains est
une question de santé.
• Préparera un briefing et des supports de sensibilisation/défense pour les AMM à
utiliser auprès des gouvernements nationaux et des groupes intergouvernemen-taux
étudiant les implications de la discrimination envers les femmes et les jeunes filles
sur la santé et le bien-être. Cette documentation inclura des références sur l’impact
de la violence sur le bien-être familial et la stabilité financière de la so-ciété.
• Travaillera avec d’autres pour préparer et distribuer aux médecins et aux autres
travailleurs sanitaires un briefing et des supports de sensibilisation/défense sur les
pratiques culturelles et traditionnelles nuisibles y compris la mutilation génitale
féminine, les crimes pour dot et les crimes d’honneur; Elle soulignera l’impact
sanitaire et les violations des droits humains.
• Préparer des exemples pratiques de l’impact de la violence et des stratégies pour la
réduire comme par ex. des directives consensuelles basées sur les meilleures
preuves disponibles.
• Plaidera auprès de l’OMS, des autres agences des NU et ailleurs pour que cessent
la discrimination et la violence envers les femmes.
• Travaillera avec d’autres pour préparer des matrices de supports éducatifs à l’in-
tention des praticiens afin qu’ils puissent documenter et signaler des cas de mau-
vais traitements.
• Encourage les autres à créer des supports éducatifs gratuits sur Internet pour con-
seiller les travailleurs sanitaires situés en première ligne et confrontés à des cas de
mauvais traitements, les informer de l’impact de ces mauvais traitements et des
stratégies de prévention.
• Encourager la législation qui range le viol en réunion utilisé comme arme de
Manuel des Politiques de l’AMM
R-2010-02-2010 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
guerre dans la catégorie des crimes contre l’humanité, relevant de la compétence
de la Cour Pénale Internationale.
LES AMN DEVRAIENT:
• Utiliser et promouvoir les supports disponibles sur la prévention et la prise en
charge des conséquences de la violence à l’encontre des femmes et des jeunes filles
et les défendre dans leur propre pays.
• Veiller à ce que les enseignants dans le domaine médical connaissent le taux de
probabilité d’exposition à la violence, ses conséquences et les stratégies de pré-
vention efficaces; y mettre l’accent dans l’enseignement universitaire, postuniver-
sitaire et la formation permanente des travailleurs sanitaires.
• Reconnaître l’importance de comptes-rendus plus complets sur les séquelles de la
violence et encourager la mise en place d’une formation sensibilisant à la vio-lence
et à sa prévention. Il faudrait également mieux signaler et étudier l’inci-dence, la
prévalence et l’impact sanitaire de toutes les formes de violence.
• Encourager les revues médicales à publier davantage de recherches sur les inter-
actions complexes dans ce domaine ce qui contribuerait à une sensibilisation con-
stante de la profession, à la création de bases solides de recherche et d’une docu-
mentation sur les formes de violence et leur incidence.
• Encourager les revues médicales à envisager de publier des articles thématiques sur
la violence y compris sur le manque de soins des femmes et des jeunes filles.
• Plaider pour un enregistrement universel des naissances et une limite d’âge plus
élevée pour le mariage.
• Plaider pour une application effective des droits humains universels.
• Plaider pour une éducation des parents et une assistance en matière de soins,
d’alimentation, de développement, d’éducation et de protection des enfants, en
particulier des filles.
• Plaider pour un suivi des statistiques sur les enfants, incluant aussi bien des indi-
cateurs positifs que négatifs sur la santé et le bien-être et les déterminants sociaux
de la santé.
• Plaider pour une législation interdisant certaines pratiques nuisibles dont la des-
truction des fœtus de sexe féminin, la mutilation génitale féminine, le mariage
forcé et les châtiments corporels.
• Plaider pour la criminalisation du viol dans toutes les circonstances y compris au
sein du mariage.
• Condamner la pratique du viol en réunion comme tactique de guerre et travailler
avec d’autres pour le documenter et le signaler.
• Plaider pour la création de données sur la recherche concernant l’impact de la
violence et du manque de soins sur les victimes primaires et secondaires et sur la
société et pour un financement accru de ce type de recherches.
• Plaider pour la protection de ceux qui déclarent les mauvais traitements y compris
des médecins et des travailleurs sanitaires.
Violence à l’encontre des Femmes et des Jeunes Filles
Vancouver ⏐ R-2010-02-2010
LES MÉDECINS DEVRAIENT:
1. Utiliser les supports conçus pour leur formation pour mieux s’informer eux-
mêmes des effets des mauvais traitements et des stratégies efficaces de préven-
tion.
2. Soigner et protéger les enfants (notamment en périodes de crise), documenter et
signaler tous les cas de violence envers les enfants, en veillant à préserver l’inti-
mité du patient autant que possible.
3. Traiter et éliminer si possible les complications et les effets secondaires de la
mutilation génitale féminine et adresser les patientes aux services d’entraide so-
ciale.
4. S’opposer à la publication ou à la diffusion du nom des victimes, de leur adresse
ou de leur portrait sans leur autorisation expresse.
5. Evaluer les risques de violence familiale dans le cadre d’une recherche routinière
de l’histoire sociale.
6. Etre vigilant sur une dépendance à l’alcool ou à la drogue chez les femmes qui
peut avoir pour origine un passé de mauvais traitements.
7. Soutenir les collègues qui s’engagent personnellement pour mettre un terme à de
mauvais traitements.
8. Travailler à l’instauration d’une relation de confiance nécessaire avec les femmes
et les enfants victimes de mauvais traitements, y compris le respect de la confi-
dentialité.
9. Soutenir une action mondiale et locale pour une meilleure compréhension des
conséquences sanitaires à la fois des mauvais traitements et du déni des droits ;
plaider pour davantage de services aux victimes.
1
A 1ère vue, la négligence ne semble pas comparable à la violence. Mais l’acceptation de la
négligence et les droits moins nombreux octroyés aux femmes et petites filles constituent des
facteurs majeurs renforçant une acceptation de la violence causale et systématique. En ce sens,
les droits de base sont niés. Beaucoup tendent à classifier la négligence comme une forme de
violence en soi.
2
Le viol est considéré comme une arme de guerre lorsque les forces armées les utilisent aux fins
de torturer, blesser, obtenir des informations, dégrader, déplacer, intimider, punir ou simplement
détruire le tissu social. La simple menace de violence sexuelle peut provoquer la fuite de com-
munautés entières – Women and War, ICRC 2008
3
Women’s Health and Human Rights: the Promotion and Protection of Women’s Health through
International Human Rights Law. Rebecca Cook. Presented at the 1999 Adapting to Change Core
Course
4
Women and Health: Today’s Evidence, Tomorrow’s Agenda. WHO November 2009. ISBN 978
92 4 156385 7
Manuel des Politiques de l’AMM
R-2011-01-2011 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
L’ACCÈS À DES TRAITEMENTS ANTI-DOULEURS APPROPRIÉS
Adoptée par la 62e
Assemblée générale de l’AMM, Montevideo, Uruguay, Octobre 2011
PRÉAMBULE
Dans le monde, des dizaines de millions de personnes atteintes d’un cancer ou d’une autre
maladie éprouvent des douleurs modérées à intenses sans avoir accès à un traitement
approprié. Ces personnes souffrent beaucoup, souvent pendant des mois à la fin, et un
grand nombre finissent par mourir dans la souffrance. Ce n’est pas nécessaire et on peut
presque toujours l’éviter et le traiter. Les personnes ayant éventuellement des difficultés à
exprimer correctement leur douleur comme par ex. les enfants et les personnes intellect-
tuellement déficientes ou présentant des troubles de la conscience risquent tout parti-
culièrement de ne pas recevoir le traitement antidouleurs approprié.
Il est important de connaître les conséquences indirectes d’un traitement inadéquat de la
douleur, comme par exemple un impact économique négatif ainsi que des souffrances
personnelles liées directement à l’absence de traitement de la douleur.
La plupart des souffrances peuvent être stoppées ou soulagées avec des traitements peu
chers et relativement simples. Ces traitements peuvent améliorer considérablement la
qualité de vie des patients.
Il est reconnu que certaines douleurs sont particulièrement difficiles à traiter et demandent
la mise en œuvre de techniques complexes par exemple par des équipes
pluridisciplinaires Parfois, notamment en cas de sévères douleurs chroniques, les facteurs
psycho-émotion-nels sont même plus importants que les facteurs biologiques.
Le manque d’éducation des professionnels de santé en matière d’évaluation et de traite-
ment de la douleur et des autres symptômes ainsi que l’inutilité des restrictions gouverne-
mentales (dont l’accès aux médicaments opiacés) constituent les deux principales raisons
de cette absence de traitement.
1.
PRINCIPES
Le droit d’avoir accès à traitement de la douleur pour toutes les personnes sans discrimi-
nation, comme stipulé dans les normes et directives professionnelles et les lois inter-
nationales, devrait être respecté et appliqué dans les faits.
•
Les médecins et les autres professionnels de santé ont le devoir éthique d’évaluer
correctement les douleurs subies par leurs patients et de leur proposer un traitement appro-
Traitements Anti-Douleurs Appropries
Montevideo ⏐ R-2011-01-2011
prié ce qui peut nécessiter la prescription de médicaments dont des analgésiques opiacés,
à des doses appropriées. Cela s’applique aussi aux enfants et aux autres personnes qui ne
sont éventuellement pas capables d’exprimer correctement les douleurs ressenties.
La formation sur la prise en charge de la douleur dont une formation clinique, des con-
férences et des cas pratiques, devrait figurer obligatoirement dans tous les cursus des mé-
decins et des autres personnels de santé et dans leur formation continue. Une telle for-
mation devrait comporter des thérapies de la douleur basées sur la preuve à la fois phar-
macologiques et non pharmacologiques. La formation sur la thérapie antidouleur par les
opiacés devrait indiquer les bénéfices et les risques d’une telle thérapie. Il faudrait soulig-
ner les problèmes de sécurité concernant la thérapie par les opiacés afin d’autoriser le
recours à des doses adéquates d’analgésiques tout en limitant les conséquences négatives
de la thérapie. De même la formation devrait inclure la détection de la douleur chez ceux
qui ne sont éventuellement pas en mesure de l’exprimer dont les enfants et les personnes
ayant des troubles cognitifs et mentalement handicapées.
Les gouvernements doivent veiller à ce que des médicaments contrôlés soient bien dispo-
nibles, dont les opiacés, pour soulager la douleur et les souffrances. Les agences gouverne-
mentales de contrôle des médicaments devraient reconnaître les douleurs sévères et/ou
chroniques comme une grave et fréquente question de santé et bien jauger le besoin de
soulager la souffrance par rapport au potentiel d’usage illégal des médicaments analgési-
ques. Dans le cadre du droit à la santé, les individus confrontés à la douleur ont le droit à
une prise en charge de la douleur appropriée, dont une médication efficace comme celle
basée sur la morphine. Ne pas traiter la douleur est une violation du droit à la santé et
éventuellement un acte médicalement non éthique.
De nombreux pays manquent des ressources nécessaires sur le plan économique, humain
et logistique pour fournir des traitements antidouleurs optimaux à leurs populations. Les
raisons amenant à ne pas soulager correctement la douleur doivent donc être totalement
clarifiées et rendues publiques avant de proférer des accusations quant à la violation du
droit à la santé.
Les politiques de contrôle des médicaments, nationales et internationales, devraient pren-
dre en compte la nécessité de mettre à disposition et d’assurer l’accès à des médicaments
contrôlés comme la morphine et les autres opiacés pour soulager la douleur et les souf-
frances et agir pour éviter l’utilisation illicite de ces substances contrôlées. – Les pays de-
vraient revoir leurs politiques et réglementations sur le contrôle des médicaments afin
qu’elles ne contiennent pas des dispositions restreignant inutilement la mise à disposition
et l’accès à des médicaments contrôlés pour le traitement de la douleur. Là où existent des
politiques inutiles ou disproportionnées en matière de restrictions, il conviendrait de les
réviser afin d’assurer une bonne mise à disposition des médicaments contrôlés.
Tous les gouvernements devraient fournir les ressources nécessaires pour concevoir et
instaurer un plan national de traitement de la douleur dont un mécanisme de suivi et une
procédure de dépôt de plaintes lorsque la douleur est mal traitée.
Manuel des Politiques de l’AMM
R-2011-02-2011 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LE BAHREIN
Adopté par la 62e
Assemblée générale de l’AMM, Montevideo, Uruguay, Octobre 2011
L’Assemblée générale de l’AMM fait les constatations suivantes:
Un certain nombre de médecins, infirmières et autres professionnels de santé du Royaume
de Bahreïn ont été arrêtés en mars 2011 suite aux troubles civils dans le pays puis jugés
par des pouvoirs d’exception devant un tribunal spécial présidé par un juge militaire. Les
20 personnes du groupe ont été jugées coupables d’un certain nombre de faits et con-
damnées le 29 septembre 2011 à 15, 10 ou 5 ans de prison.
Ces procès ne respectent pas les normes internationales de procédure et notamment le fait
que les accusés ne sont pas autorisés à s’exprimer pour se défendre, que les avocats ne sont
pas non plus autorisés à interroger les témoins. Une enquête n’a pas été conduite sur les
allégations des accusés et de leurs avocats relatives à des mauvais traitements, des abus et
à d’autres violations des droits humains lors de leur arrestation et pendant leur détention.
Parmi les différentes accusations, il semble que la principale porte sur le fait d’avoir ap-
porté des soins à tous les patients s’étant présentés dont les leaders et les membres de la
rébellion. Les autres accusations semblent être en lien étroit avec la délivrance de ces
soins ce qui n’a pas été prouvé en tout cas conformément aux normes qui prévalent dans
une procédure judiciaire. Soigner des patients sans prendre en considération les circon-
stances de leurs blessures constitue pour ces professionnels de santé un devoir éthique tel
que stipulé dans la Déclaration de Genève.
L’AMM salue donc l’annonce du gouvernement du Bahreïn en date du 6 octobre 2011
indiquant que les 20 personnes seront jugées à nouveau devant un tribunal civil.
L’AMM demande donc qu’aucun médecin ou autre professionnel de santé ne soit arrêté,
accusé ou jugé pour avoir soigné des patients, quelle que soit l’origine des blessures ou de
la maladie de ces patients.
L’AMM demande expressément que tous les états comprennent, respectent et honorent le
concept de neutralité médicale. Cela signifie aussi assurer des conditions de travail aussi
sûres que possible, même dans des situations difficiles dont les conflits armés ou les trou-
bles civils.
L’AMM exige que pour tout individu poursuivi en justice, y compris pour les profes-
sionnels de santé, les procédures soient respectées, également lors de l’arrestation, des
interrogatoires et du procès, conformément aux plus hautes normes des lois interna-
tionales.
Montevideo ⏐ R-2011-02-2011
Bahrein
L’AMM demande à ce que les états mènent une enquête sur toutes les allégations de
torture ou de traitement cruel ou inhumain des prisonniers perpétrés par leurs agents et
agissent rapidement pour mettre un terme à de tels abus.
L’AMM recommande que des assesseurs internationaux indépendants soient autorisés à
suivre les procès et rencontrent en privé les accusés de manière. L’état du Bahreïn pro-
uvera ainsi à la communauté internationale que les procédures judiciaires à venir se dé-
rouleront de manière équitable.
L’AMM est consciente que les travailleurs sanitaires et les établissements de santé sont de
plus en plus attaqués pendant les guerres, les conflits et les troubles civils. Nous exigeons
que les états dans le monde entier reconnaissent, respectent et honorent le principe de la
neutralité médicale et leur devoir de protection des institutions et établissements de santé
pour des raisons humanitaires.
R-2011-03-2011 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM RÉAFFIRMANT LA RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LES EMBARGOS ÉCONOMIQUES ET LA SANTÉ
Adoptée par la 62e
Assemblée générale, Montevidéo, Octobre 2011
L’Association Médicale Mondiale est très inquiète suite aux rapports faisant état de
l’impact potentiellement grave sur la santé des sanctions économiques imposées par
l’Union Européenne à l’encontre du président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo et de
nombreuses personnes et sociétés associées au régime dont deux grands sociétés por-
tuaires liés au gouvernement de Gbagbo. Les sanctions visent à empêcher les navires en-
registrés en UE de faire des affaires avec ces ports ce qui pourrait entraver la livraison des
médicaments nécessaires et vitaux.
L’Assemblée Générale de l’AMM réitère la position suivante extraite de la Résolution de
l’AMM sur les embargos économiques et la santé:
“Chacun a le droit de préserver sa santé; et la Convention de Genève (Article 23,
Numéro IV, 1949) demande la libre circulation des fournitures médicales destinées aux
civils.”
L’AMM demande donc urgemment à l’Union Européenne de prendre des mesures im-
médiates pour assurer la livraison de fournitures médicales à la Côte d’Ivoire afin de pro-
téger la vie et la santé de la population.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2011-04-2011
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
L’INDEPENDANCE DES ASSOCIATIONS MEDICALES
Adopté par la 62e
Assemblée générale de l’AMM, Montevideo, Uruguay, Octobre 2011
Les Associations Médicales Nationales ont pour vocation de représenter leurs médecins et
de négocier en leur nom, parfois en tant que syndicats ou instances de régulation, mais
aussi en tant qu’associations professionnelles reflétant l’expertise des médecins dans le do-
maine de la santé publique et du bien-être.
Elles représentent les opinions de la profession médicale, y compris sa volonté d’assurer
une pratique médicale éthique, des soins médicaux de bonne qualité et de faire respecter
de hautes normes par tous les praticiens.
Ces associations peuvent aussi mener des campagnes ou des actions de sensibilisation/
défense au nom de leurs membres, souvent dans le domaine de la santé publique. De telles
actions ne sont pas toujours appréciées des gouvernements qui peuvent éventuellement
considérer qu’elles s’inscrivent dans une opposition politique alors qu’en réalité elles repo-
sent sur une compréhension des évidences médicales et sur les besoins des patients et des
populations.
L’AMM est consciente qu’en raison de ces actions de défense/sensibilisation, certains
gouvernements tentent de faire taire les associations médicales en plaçant leurs propres
représentants à des postes de pouvoir au sein de ces associations afin que les messages
soient plus acceptables pour eux.
L’AMM dénonce de tels comportements et exige qu’aucun gouvernement n’interfère sur
l’indépendance des associations médicales nationales et sur leur fonctionnement. Elle en-
courage les gouvernements à mieux comprendre les motivations de leurs associations mé-
dicales nationales, à considérer l’évidence médicale et à travailler avec les médecins pour
améliorer la santé et le bien-être de leurs populations.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2012-02-2012
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
L’EMBALLAGE NEUTRE DES CIGARETTES
Adoptée par la 63e
Assemblée Générale de l’AMM, Bangkok, Thaïlande, Octobre 2012
L’AMM reconnait que:
• Les cigarettes menacent sérieusement la vie et la santé des personnes qui les utilisent
et représentent un coût considérable pour les services de santé de tous les pays.
• Les fumeurs dans leur majorité ont commencé à fumer au cours de leur adolescence.
• Il existe un lien prouvé entre le fait de reconnaître une marque et la probabilité de
commencer à fumer.
• La reconnaissance de la marque est extrêmement liée à l’emballage des cigarettes.
• L’emballage neutre réduit l’impact d’une marque, la promotion et la commerciali-
sation des cigarettes.
L’AMM encourage les gouvernements nationaux à soutenir les avancées en faveur d’un
emballage neutre des cigarettes, à l’exemple du gouvernement australien, pour briser le
cycle ‘reconnaissance de la marque/commencer à fumer’ et recommande l’adoption de cette
politique aux gouvernements nationaux. L’AMM déplore les actions juridiques menées par
l’industrie du tabac pour contrecarrer cette politique.
R-2012-03-2012 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM VISANT À RÉAFFIRMER
L’INTERDICTION FAITE AUX MÉDECINS DE PARTICIPER
À LA PEINE CAPITALE
Adoptée par la 63e
Assemblée Générale de l’AMM, Bangkok, Thaïlande, Octobre 2012
Tout le monde s’accorde à dire que les médecins ne doivent pas participer aux exécutions,
cela étant incompatible avec le rôle de guérisseur qu’est celui du médecin. Le recours aux
connaissances des médecins et à leur expérience clinique dans des buts autres que la pro-
motion de la santé, du bien-être va à l’encontre du fondement éthique de la médecine, à
savoir ne pas nuire avant tout.
La déclaration de Genève de l’AMM stipule ce qui suit : « Je garderai le respect absolu de
la vie humaine » et « Je n’utiliserai pas mes connaissances médicales pour enfreindre les
droits de l’homme et les libertés civiques, même sous la menace. »
En tant que citoyens, les médecins ont le droit de se faire une opinion sur la peine capitale
reposant sur leurs croyances morales personnelles. En tant que membres de la profession
médicale, ils doivent respecter l’interdiction de toute participation à la peine capitale.
RÉSOLUTION est donc prise dans les termes suivants:
• Les médecins ne faciliteront pas l’importation ou la prescription de médicaments à
des fins d’exécution.
• L’AMM réaffirme: «Qu’il est contraire à l’éthique pour les médecins de participer à
la peine capitale de quelque façon que ce soit ou à quelle phase que ce soit du pro-
cessus d’exécution, y compris la planification et les instructions et/ou la formation
des personnes chargées de l’exécution» et
• L’AMM réaffirme: Que les médecins garderont «le respect absolu de la vie hu-
maine» et n’utiliseront pas leurs «connaissances médicales pour enfreindre les droits
de l’homme et les libertés civiques, même sous la menace.»
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2012-04-2012
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
EN SOUTIEN AU
PROFESSEUR CYRIL KARABUS
Adoptée par la 63e
Assemblée Générale de l’AMM, Bangkok, Thaïlande, Octobre 2012
L’AMM accueille favorablement la liberté sous caution accordée le 11 octobre au Pro-
fesseur Cyril Karabus âgé de 78 ans, médecin hématologue et pédiatre, compte tenu de ses
conditions de santé inquiétantes. Dr Karabus été arrêté à Dubaï où il était en transit avant
de rejoindre l’Afrique du Sud. Cette arrestation fait suite à de charges présumées liées à la
courte période en 2002 où il a travaillé dans les EAU. Il souffre d’une pathologie car-
diaque.
Le Professeur Karabus n’avait pas été informé des charges qui pesaient contre lui, pas plus
du procès qui s’est tenu en son absence et consécutif au décès d’un enfant souffrant d’une
leucémie aigüe et qu’il soignait durant sa mission en 2002 aux EAU. L’avocat chargé de sa
défense n’a pas pu avoir accès aux documents ou dossiers relatifs à l’affaire susceptible de
lui servir à assurer sa défense.
Résolution:
L’Assemblée Générale de l’AMM lance un appel urgent aux autorités des Emirats Arabes
Unis pour veiller à ce que le Professeur Karabu:
• Soit assuré d’avoir un procès équitable conforme aux normes internationals
• Ait un accès aux documents ou aux informations dont il pourrait avoir besoin pour
préparer sa défense.
R-2013-01-2013 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LA CRIMINALISATION DE LA PRATIQUE MÉDICALE
Adopté par la 64e
Assemblée Générale de l’AMM, Fortaleza, Brésil, Octobre 2013
PRÉAMBULE
Les médecins qui commettent des actes criminels sans lien avec les soins aux patients sont
passibles de sanctions tout comme l’ensemble des membres de la société. De graves abus
en matière de pratique médicale doivent faire l’objet de sanctions, habituellement par le
biais de procédures disciplinaires professionnelles.
Les gouvernements dans le monde entier font de nombreuses tentatives pour contrôler la
pratique des médecins au niveau local, régional et national. Les médecins y voient une
tentative de:
• Prévenir des procédures médicalement indiquées;
• Mandater des procédures médicales qui ne sont pas indiquées; et
• Mandater certaines prescriptions de médicaments.
Des fautes pénales ont été imputées aux médecins sur divers aspects de la pratique médi-
cale dont les erreurs médicales, en dépit de l’existence de peines non pénales adéquates.
Criminaliser la prise de décision médicale dessert les patients.
En temps de guerre et de conflits civils, des tentatives ont été menées pour pénaliser les
soins médicaux de compassion prodigués aux blessés lors de ces conflits.
RECOMMANDATIONS
L’AMM recommande donc que ses membres:
1. S’opposent à l’intrusion des gouvernements dans la pratique de la médecine et dans la
décision d’apporter des soins, y compris à la possibilité pour les gouvernements de dé-
finir une pratique médicale appropriée par application de condamnations pénales.
2. S’opposent à la pénalisation d’un jugement médical.
3. S’oppose à la pénalisation des décisions de soins, notamment aux décisions diver-
gentes des directives et des normes.
4. S’opposent à la pénalisation des soins médicaux prodigués à des patients blessés dans
des conflits civils;
5. Instaurent des plans d’action pour alerter les leaders d’opinion, les élus et les média
sur l’impact néfaste sur les soins de santé de la pénalisation des décisions médicales.
6. Soutiennent les principes énoncés dans la Déclaration de Madrid de l’AMM sur l’auto-
nomie professionnelle et l’autorégulation.
7. Soutiennent les conseils figurant dans les Règles de l’AMM en temps de conflit armé
et autres situations de violence.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2013-02-2013
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LA SITUATION DES SOINS DE SANTÉ EN SYRIE
Adoptée par la 64e
Assemblée Générale de l’AMM, Fortaleza, Brésil, Octobre 2013
PRÉAMBULE
Pendant les guerres et les conflits armés, les hôpitaux et les autres centres médicaux sont
souvent attaqués et mal utilisés, les patients et le personnel médical tués ou blessés. De
telles attaques constituent une violation des Conventions de Genève (1949), des
Protocoles additionnels aux Conventions de Genève (1977) et des politiques de
l’Association Médi-cale Mondiale (AMM), notamment la Prise de position sur la
protection et l’intégrité du personnel médical dans les conflits armés et autres situations de
violence (Montevideo 2011) ainsi que les Règles de l’AMM en temps de conflit conflits
armés et autres situa-tions de violence (Bangkok 2012).
L’Association Médicale Mondiale a vivement condamné les attaques signalées à l’en-
contre du personnel médical et des établissements dans les conflits armés, y compris les
guerres civiles. Les Conventions de Genève et les Protocoles additionnels doivent servir
à protéger le personnel, les centres médicaux et leurs patients dans les conflits armés
internationaux et non internationaux. Les parties des deux côtés du conflit ont le devoir
moral et légal de ne pas interférer sur les soins médicaux prodigués aux combattants et
civils blessés ou malades et de ne pas attaquer, menacer ou entraver le travail du personnel
médical. Il faut préserver et respecter la neutralité des médecins et des autres personnels
de santé qui ne doivent pas être empêchés d’accomplir leurs tâches.
RECOMMANDATIONS
• L’AMM lance un appel à toutes les parties impliquées dans le conflit syrien pour
que la sécurité du personnel de santé et des patients, des structures médicales et du
transport médical soit assurée.
• L’AMM demande à ses membres de se rapprocher de leurs gouvernements afin de
faciliter la coopération internationale aux sein des Nations Unies, de l’Union
Européenne ou des autres instances internationales avec pour objectif d’assurer la
fourniture sécurisée de soins de santé du peuple syrien.
R-2013-03-2013 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
L’INTERDICTION DES ARMES CHIMIQUES
Adoptée par la 64e
Assemblée Générale de l’AMM, Fortaleza, Brésil, Octobre 2013
PRÉAMBULE
Depuis des siècles, on sait que certains agents chimiques peuvent affecter la conscience ou
d’autres facteurs participant à la capacité d’un individu à prendre part à des combats,
essentiellement au cours des guerres. Plus récemment, certains agents ont été utilisés pour
paralyser temporairement des participants lors de troubles civils, de manifestations ou
d’émeutes. L’histoire a montré qu’au cours d’une guerre, de tels agents entraînent une
morbidité et mortalité importantes. Les gaz neurotoxiques et les agents apparentés font
partie de ces agents.
En dépit d’une large condamnation, de telles armes ont été massivement utilisées au début
du 20e
siècle. Un mouvement mondial pour bannir l’utilisation de ces armes a abouti à la
création de la Convention sur les armes chimiques (CAC) instaurée en 1997 après ouver-
ture à la signature en 1993. Actuellement seuls six pays ne l’ont pas ratifiée ou n’y ont pas
adhéré.
La production, le stockage et l’utilisation des AC sont interdits. Malgré cela, de telles
armes ont été utilisées par les forces gouvernementales et par des acteurs non gouverne-
mentaux dans certains pays. De par leur nature, ces armes ne font aucune distinction. Leur
utilisation a causé des morts, des blessés et des souffrances humaines dans ces pays.
Les agents chimiques utilisés dans les interventions de la police y compris dans celles
menées en son nom par les militaires sont autorisés par la CAC. Actuellement des discus-
sions ont lieu sur le plan international pour définir de tels agents et les situations dans les-
quelles ils peuvent être utilisés. La CAC semble supposer que de tels agents n’auront pas
d’effet létal mais quel que soit l’agent, des conséquences fatales ne peuvent pas être
exclues. Ceux qui les utilisent ou autorisent leur usage doivent s’assurer que ces agents ne
sont pas utilisés d’une manière qui risque de tuer ou de blesser gravement les personnes
ciblées.
RECOMMANDATIONS
L’AMM note que la mise au point, la production, le stockage et l’utilisation des armes
chimiques sont interdits par la CAC et que l’utilisation de telles armes est considérée par
certains comme un crime contre l’humanité, peu importe que les populations ciblées soient
civiles ou militaires.
R-2013-03-2013 ⏐ Fortaleza
Interdiction des Armes Chimiques
L’AMM demande expressément à toutes les parties concernées de s’efforcer de respecter
l’interdiction de la CAC concernant la mise au point, la production, le stockage et l’utilisa-
tion des armes chimiques.
L’AMM demande instamment à tous les Etats parties de soutenir la CAC afin que tous les
stocks d’armes chimiques soient sûrement détruits.
L’AMM soutient les initiatives des UN visant à identifier les responsables de l’utilisation
des armes chimiques et à les poursuivre en justice.
L’AMM demande aux Etats de considérer avec attention le recours aux agents chimiques
lors d’émeutes et de situations similaires, et de minimiser les risques et si possible de
s’abstenir de les utiliser. Toute utilisation doit donner lieu préalablement à la mise en place
des procédures nécessaires afin de limiter les risques de décès et de blessures graves. Les
armes chimiques ne doivent pas être utilisées d’une manière à augmenter délibérément le
risque de blessures, de dommages et ou de décès des personnes ciblées.
R-2013-04-2013 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LA NORMALISATION DANS LA PRATIQUE MÉDICALE ET LA
SÉCURITÉ DU PATIENT
Adoptée par la 194e
Session du Conseil de l’AMM à Bali, Indonésie, Avril 2013
et adoptée par la 64e
Assemblée Générale de l’AMM, Fortaleza, Brésil, Octobre 2013
Assurer la sécurité des patients et la qualité des soins est au cœur de la pratique médicale.
Des performances de haut niveau peuvent être d’une importance vitale pour les patients.
Les conseils et la normalisation en matière de soins de santé doivent donc reposer sur des
preuves médicales solides et prendre en compte l’éthique.
Actuellement, on observe dans l’Union Européenne une tendance à introduire des normes
dans les soins cliniques, médicaux, normes qui sont élaborées par des agences de normali-
sation non médicales n’ayant soit pas les compétences professionnelles éthiques et tech-
niques requises soit aucun mandat public.
L’AMM est très inquiète face à de telles tendances qui risquent de porter atteinte à la
qualité des soins médicaux. Elle demande aux gouvernements et aux autres institutions de
ne pas confier la normalisation des soins médicaux à des instances non médicales auto-
proclamées.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2013-05-2013
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LE SOUTIEN À L’ASSOCIATION MÉDICALE BRÉSILIENNE
Adoptée par la 64e
Assemblée Générale de l’AMM, Fortaleza, Brésil, Octobre 2013
Des rapports crédibles font état d’un programme – « Mais Médicos » – conçu par le
gouvernement brésilien et destiné à créer davantage d’écoles de médecine, à prolonger la
formation médicale, à obliger les étudiants se trouvant en dernière année de médecine à
travailler dans le secteur public et à attirer des médecins étrangers dans des zones reculées
du pays et dans les banlieues les plus pauvres des grandes villes. Ce programme n’a pas
fait l’objet d’une consultation de la communauté médicale et des écoles de médecine et
repose sur un diagnostic erroné quant aux raisons de l’insuffisance des soins de santé au
Brésil. Tel qu’il se présente, ce programme court-circuite les systèmes en place pour le
contrôle des diplômes de médecine, des compétences et des connaissances linguistiques,
destinés à protéger les patients.
L’Association Médicale Mondiale s’inquiète des risques encourus par les patients du fait
d’un exercice de la médecine non réglementé, de l’insuffisance de compétences médicales,
des possibles malentendus au niveau de la communication avec les patients et de la non
compréhension de l’étiquetage des médicaments et fournitures médicales.
L’AMM dans ces conditions:
• Condamne toute politique et pratique contraire aux normes acceptées en termes
d’accréditation et de soins dans le secteur médical;
• Lance un appel au gouvernement brésilien afin qu’il coopère avec la communauté
médicale et les écoles de médecine sur toutes les questions relatives à la formation
médicale, la certification des médecins et la pratique de la médecine, qu’il respecte
le rôle de l’Association Médicale Brésilienne, porte-parole des médecins brésiliens
et de la population;
• Exhorte le gouvernement brésilien, compte tenu de la gravité du sujet, à respecter
le Code International d’Ethique Médicale qui guide la pratique médicale des méde-
cins dans le monde entier.
R-2014-01-2014 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LA MALADIE VIRALE EBOLA
Adoptée par la 65e
Assemblée Générale de l’AMM, Durban, Afrique du Sud, Octobre 2014
(I) CONTEXTE
Un certain nombre de maladies virales ont donné lieu à des urgences sanitaires dans
certaines régions d’Afrique, sous la forme d’épidémie ou de pandémie. Parmi celles-ci
figurent les maladies à virus Lassa, Marburg et Ebola (MVE). La flambée de MVE en
2013-2014 en Afrique de l’Ouest s’est avérée plus difficile à contenir que les épidémies
précédentes et touche à présent la Sierra Leone, le Liberia et la Guinée avec plus de 2000
morts. Cette épidémie semble s’accompagner d’une mortalité d’env. 55% alors que les
pourcentages varient de 50 à 95% pour MVE.
Après contamination, pendant une période de 2 à 21 jours, les patients ne présentent pas
de symptômes et les tests pour le virus sont négatifs. Les patients ne sont pas contagieux et
ne constituent donc pas un risque de santé publique. Une fois les symptômes apparus,
MVE se propage par contact avec les fluides corporels dont le sang. La diarrhée, les
nausées et les saignements font partie des symptômes et tous ces fluides corporels sont
potentiellement des sources de contamination.
La prise en charge commence par un contrôle de l’infection, le port d’un équipement de
protection personnel (EPP) pour le personnel soignant et pour ceux chargés de l’élimina-
tion des fluides corporels et des corps ainsi que par des soins dispensés aux patients
malades avec recours à des solutions intraveineuses et des agents inotropes. Le traçage des
contacts est également important mais peut s’avérer difficile dans de nombreuses com-
munautés touchées actuellement. Les vaccins sont en cours de développement tout comme
certains antiviraux. Ils ne seront pas disponibles avant un certain temps et seulement
lorsque leur efficacité aura été prouvée.
Le personnel soignant au sein des communautés infectées pointe un manque évident de
ressources et notamment de personnel et d’EPP ainsi qu’un manque de formation à la lutte
contre les infections du personnel de santé, du personnel soignant et des autres personnes
impliquées. Combattre l’épidémie n’en est que plus difficile.
Pour répondre à l’urgence certains gouvernements ont fait savoir qu’ils allaient construire
de nouveaux centres de soins dans les zones touchées. D’autres fournissent directement
des équipements de protection personnels et d’autres fournitures.
(II) RECOMMANDATIONS
1. L’AMM rend hommage à ceux qui travaillent dans ces circonstances exception-
R-2014-01-2014 ⏐ Durban
Virus Ebola
nelles et recommande vivement que les gouvernements nationaux et les agences
internationales offrent aux parties intéressées une formation et une assistance pour
réduire les risques qu’ils encourent en traitant les patients et en tentant de maitriser
l’épidémie.
2. L’AMM salue les pays qui ont mobilisé des ressources pour la mise au point de
nouveaux traitements et la création de centres d’isolement dans les pays et régions
lourdement touchés. L’AMM demande à tous les pays un soutien renforcé afin de
lutter contre l’épidémie de MVE.
3. L’AMM demande à la communauté internationale, via les Nations Unies et ses
agences ainsi que les organismes d’aide internationale, de fournir immédiatement
les EPP nécessaires au personnel soignant et au personnel auxiliaire afin de limiter
le risque d’infection croisée. Il fau t y inclure la fourniture de gants adéquats, de
masques et de blouses. Les centres de soins à tous les niveaux doivent aussi être
approvisionnés.
4. L’AMM demande à ceux chargés de la gestion de l’épidémie, agences et gouverne-
ments locaux et nationaux comme par ex. l’OMS, d’assurer une formation adéquate
à la lutte contre les infections ce qui inclut les EPP pour tout le personnel sus-
ceptible d’être en contact avec des substances infectieuses.
5. L’AMM demande aux gouvernements nationaux et locaux d’intensifier la com-
munication au niveau public des pratiques basiques de lutte contre l’infection.
6. L’AMM demande à l’OMS de faciliter la recherche d’une meilleure efficacité et
rapidité des interventions internationales afin que la planification et la réponse aux
futures urgences sanitaires soient améliorées.
7. L’AMM demande expressément à tous les pays, notamment ceux qui ne sont pas
encore touchés, d’instruire les prestataires de soins sur la définition actuelle du cas
en plus d’un renforcement des méthodes de contrôle de l’infection et du traçage des
contacts afin de prévenir la transmission dans leurs pays.
8. L’AMM demande aux AMN de prendre contact avec leurs gouvernements pour
agir conformément à ce qui est décrit dans ce document.
R-2014-02-2014 ⏐ L’Association Médicale Mondiale
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LA SANTÉ ET LA SÉCURITÉ DES
TRAVAILLEURS MIGRANTS AU QATAR
Adoptée par la 65e
Assemblée Générale de l’AMM, Durban, Afrique du Sud, Octobre 2014
PREAMBULE
Des rapports crédibles signalent que les travailleurs migrants au Qatar sont exploités et
que leurs droits sont violés. Les besoins basiques des travailleurs, par ex. l’accès à l’eau et
à la nourriture en quantité suffisante, ne sont pas satisfaits. Moins de la moitié des travail-
leurs peuvent bénéficier de soins. Des centaines de travailleurs sont déjà décédés sur les
chantiers de construction depuis 2010, le pays se préparant à accueillir la Coupe du Monde
de la FIFA1
en 2022. Les travailleurs ne sont pas libres de partir lorsque leur situation est
sans espoir ou leur santé mise en péril car on leur a confisqué leurs passeports.
Malgré les appels lancés par les organisations internationales du travail et des droits
humains telles que la CIS (Confédération Internationale des Syndicats) et Amnesty Inter-
national, le gouvernement du Qatar n’a pas fourni une réponse adéquate pour régler la
situation. La FIFA a été inefficace et ne s’est pas montrée pleinement responsable
pour faciliter l’amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs.
L’Association Médicale Mondiale rappelle que la santé est un droit humain qui devrait
être préservé dans toutes les situations.
L’Association Médicale Mondiale s’inquiète de constater que les travailleurs migrants
courent continuellement des risques sur les chantiers de construction au Qatar et que leur
droit à la liberté de mouvement et aux soins de santé ainsi qu’à des conditions de travail
sûres n’est pas respecté.
RECOMMANDATIONS
1. L’AMM exhorte le gouvernement du Qatar et les entreprises du bâtiment à veiller à la
santé et à la sécurité des travailleurs migrants;
2. L’AMM demande à la FIFA en tant qu’organisation responsable de la Coupe du
monde d’agir immédiatement pour en changer le lieu dès que possible;
3. L’AMM lance un appel à ses membres pour qu’ils se rapprochent des gouverne-ments
locaux afin de faciliter la coopération internationale avec pour objectif de garantir la
santé et la sécurité des travailleurs migrants au Qatar.
1
Fédération Internationale de Football Association
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2014-03-2014
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LES THÉRAPIES NON PROUVÉES ET LE VIRUS EBOLA
Adoptée par la 65e
Assemblée Générale de l’AMM, Durban, Afrique du Sud, Octobre 2014
Dans le cas du virus Ebola, l’AMM soutient fermement l’intention du paragraphe 37 de la
Déclaration d’Helsinki révisée en 2013, à savoir:
Dans le cadre du traitement d’un patient, faute d’interventions avérées ou faute d’effica-
cité de ces interventions, le médecin, après avoir sollicité les conseils d’experts et avec le
consentement éclairé du patient ou de son représentant légal, peut recourir à une interven-
tion non avérée si, selon son appréciation professionnelle, elle offre une chance de sauver
la vie, rétablir la santé ou alléger les souffrances du patient. Cette intervention devrait faire
l’objet d’une recherche pour en évaluer la sécurité et l’efficacité. Dans tous les cas, les
nouvelles informations doivent être enregistrées et, le cas échéant, rendues publiques.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2015-01-2015
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
POUR LA FIN DES ATTAQUES
CONTRE LE PERSONNEL DE SANTÉ ET
LES CENTRES DE SOINS EN TURQUIE
Adoptée par la 66e
Assemblée Générale de l’AMM, Moscou, Russie, Octobre 2015
PREAMBULE
Plusieurs média signalent que depuis ces deux derniers mois de conflit en Turquie des
membres du personnel de santé ont été tués, blessés ou menacés par une arme. Certains
médecins ont été extirpés des ambulances et battus. Les forces de sécurité bloquent l’accès
aux blessés et des ambulances ainsi que des centres de soins sont régulièrement pris pour
cibles. Une étude assez poussée menée par l’Association Médicale Turque confirme ces
agissements.
Tout indique que les attaques menées contre le personnel de santé et les obstacles à la
fourniture de soins sont politiquement délibérés et à des fins d’intimidation, privant ainsi
les personnes concernées de leurs droits démocratiques.
Les parties impliquées dans les conflits armés ont l’obligation de protéger la fourniture de
soins aux blessés et aux malades et de prévenir les attaques ou les menaces à l’encontre de
l’exercice médical, du personnel soignant et des centres de soins. Les médecins et les
autres membres du personnel de santé ne devraient pas être empêchés de remplir leur
mission. De telles attaques constituent une violation flagrante des droits humains
internationaux, notamment du droit inhérent à la vie qui doit être protégé par la loi et le
droit à jouir des plus hautes normes de santé[1].
Ces attaques sapent gravement aussi les principes fondamentaux de l’éthique médicale,
notamment le Code International d’Ethique médicale de l’AMM et les Principes Ethiques
des soins de santé en temps de conflit armé et autres situations d’urgence, adoptés par les
organisations de santé civiles et militaires[2], stipulant que : « Le personnel de santé, les
structures et moyens de transport sanitaires, qu’ils soient militaires ou civils, doivent être
respectés par tous. Le personnel de santé est protégé dans l’exercice de ses fonctions et
doit pouvoir faire son travail dans les meilleures conditions de sécurité possibles. »
RECOMMANDATIONS
L’AMM exhorte toutes les parties à :
1. Cesser les attaques contre le personnel de santé et les patients, les établissements
de santé et les ambulances et assurer leur sécurité,
Moscou⏐ R-2015-01-2015
Santé et les Centres de soins en Turquie
2. Respecter l’autonomie professionnelle et l’impartialité du personnel de santé,
3. Se conformer intégralement à la loi sur les droits humains internationaux ainsi qu’à
toute autre réglementation internationale auxquelles a souscrit la Turquie en tant
qu’Etat Membre et
4. Documenter et enregistrer toutes les violations et en poursuivre les auteurs comme
il se doit.
[1] Convention internationale sur les droits économiques, sociaux et culturels, article 12 Décembre
1966
[2] Adopté par le CICR, l’AMM, le Comité International de Médecine militaire (CIMM), le
Conseil international des infirmières (CII) et la Fédération Internationale Pharmaceutique (FIP) –
Juin 2015
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2015-02-2015
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LE BOMBARDEMENT DE L’HOPITAL DE MSF A KUNDUZ
Adoptée par la 66e
Assemblée Générale de l’AMM, Moscou, Russie, Octobre 2015
Après les évènements du 3 octobre à Kunduz (Afghanistan), l’AMM :
• Adresse ses plus sincères condoléances aux familles, collègues et amis des
médecins, du personnel soignant et des patients tués dans le bombardement.
• Regrette et condamne vivement le bombardement de l’hôpital de MSF, en le
considérant comme une violation des droits humains.
• Réaffirme ses prises de position sur les « Soins de santé en danger » et lance un
appel à tous les pays pour le respect du personnel de santé dans les situations de
conflit.
• Demande qu’une enquête soit lancée immédiatement par une organisation
indépendante et que les auteurs de ce bombardement assument leurs
responsabilités.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2015-03-2015
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LA CRISE MONDIALE DES RÉFUGIÉS
Adoptée par la 66e
Assemblée Générale de l’AMM, Moscou, Russie, Octobre 2015
L’AMM reconnaît que les mouvements de masse suivent souvent les catastrophes liées
aux conflits armés ou aux phénomènes naturels, les populations cherchant à échapper au
danger et au dénuement. Les mouvements de masse actuels des populations tentant
d’échapper aux conséquences des conflits armés – bombardements, absence d’accès aux
services et à l’eau potable, destruction des maisons, écoles et hôpitaux –sont d’une
ampleur supérieure à tout autre mouvement de masse des populations au cours des 70
dernières années.
L’AMM reconnaît l’inquiétude des pays quant à leur capacité à absorber un grand nombre
de migrants mais aussi que les personnes fuyant la guerre ou les phénomènes naturels le
font par désespoir et souvent dans des conditions mettant leur vie en danger. Ces
personnes craignent pour leur vie, leur sécurité et celle de leurs familles les
accompagnant.
La plupart des pays ont signé des traités internationaux où ils s’engagent à apporter aide
et assistance aux réfugiés et aux demandeurs d’asile. Selon l’AMM, en présence
d’évènements générant des crises de réfugiés tels que les conflits en cours, les
gouvernements doivent intensifier leurs efforts pour fournir une assistance à ceux dans le
besoin.
Cette assistance devrait inclure un passage sécurisé pour les réfugiés et un soutien
approprié après leur entrée dans le pays d’accueil. En reconnaissant que le désastre qu’ils
ont fui et les vicissitudes de leur périple peuvent entraîner des problèmes de santé, il est
essentiel que les pays d’accueil mettent en place des systèmes assurant les soins
médicaux des réfugiés.
Les gouvernements devraient chercher à garantir aux réfugiés et aux demandeurs d’asile
de vivre dignement dans le pays d’accueil et faire tous les efforts pour leur intégration
dans leur nouvelle société. La communauté internationale devrait tenter d’obtenir une
solution pacifique en Syrie permettant à la population d’être en sécurité chez elle ou pour
ceux ayant déjà quitté le pays, de pouvoir revenir chez eux en sécurité.
L’AMM reconnaît que les mouvements de masse des populations peuvent créer de grosses
tensions dans les populations des pays d’accueil ou chez ceux ayant le statut de réfugiés. A
notre avis, les gouvernements et les agences internationales dont les Nations Unies doivent
faire davantage d’efforts concertés pour réduire les pressions conduisant à de tels
mouvements, y compris des secours rapides après un phénomène naturel, et pour éviter ou
stopper les conflits armés. Restaurer la sécurité alimentaire et l’approvisionnement en eau,
Moscou⏐ R-2015-03-2015
Crise Mondiale des Réfugiés
redonner un toit, assurer l’éducation et les soins médicaux et améliorer la sécurité
publique, tout cela devrait avoir un impact significatif et réduire le nombre de réfugiés.
L’AMM :
• Reconnaît que le passage au statut de réfugié est dommageable pour la santé
physique et mentale ;
• Félicite les pays qui ont accueilli et pris en charge les réfugiés, notamment ceux
fuyant actuellement la Syrie;
• Demande aux autres pays de faire preuve d’une plus grande volonté pour accueillir
les réfugiés et les demandeurs d’asile ;
• Demande aux gouvernements de garantir aux réfugiés et aux demandeurs d’asile
de vivre dignement en leur fournissant un accès aux services essentiels;
• Demande à tous les gouvernements d’œuvrer ensemble pour mettre un terme aux
conflits locaux, régionaux et internationaux et protéger la santé, la sécurité des
populations ;
• Demande à tous les gouvernements de coopérer pour fournir une aide immédiate
aux pays confrontés à des phénomènes naturels en ayant à l’esprit que ceux déjà les
plus défavorisés sur le plan socio-économique seront confrontés aux plus grands
défis ;
• Demande aux média mondiaux de traiter la crise des réfugiés en respectant la
dignité des réfugiés et des personnes déplacées et d’éviter le sectarisme et les
préjudices raciaux ou autres dans leur traitement de la crise.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2016-01-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LA PROTECTION DES ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ ET DU
PERSONNEL EN SYRIE
Adoptée par la 67e
Assemblée Générale de l’AMM, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
PRÉAMBULE
L’Association Médicale Mondiale (AMM) note avec une grande inquiétude les attaques
récentes et répétées des établissements de santé, des personnels de santé et des patients en
Syrie, notamment à Alep. Ces attaques ont tué et blessé des civils et les plus vulnérables
d’entre eux, les enfants et les patients. Depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, on
estime à 270 le nombre d’établissements de santé attaqués et à 760 le nombre de
soignants tués. L’AMM est profondément inquiète de cette situation d’autant que les
établissements de santé et le personnel devraient, conformément à la loi internationale,
être protégés par les parties prenantes du conflit.
L’AMM dans ces conditions:
Regrette et condamne profondément les bombardements récents et répétés des hôpitaux
d’Alep, en estimant qu’il s’agit là d’une violation des droits humains;
Réaffirme sa prise de position sur « Les soins de santé en danger » et demande que tous
les pays assurent la sécurité du personnel de santé et des patients dans les situations de
conflit;
Lance un appel à tous les pays pour que soit totalement appliquée la Résolution des NU
2286 (2016) qui demande à toutes les parties impliquées dans des conflits armés de
remplir intégralement leurs obligations fixées par la loi internationale, à savoir assurer le
respect et la protection de tout le personnel médical et humanitaire uniquement engagé
dans des missions médicales, de tous leurs moyens de transport et équipements ainsi que
des hôpitaux et autres établissements de santé;
Demande une enquête immédiate et impartiale sur les attaques des établissements de santé
et du personnel et des actions à l’encontre des responsables, conformément à la loi du pays
et la loi internationale.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2016-02-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LA SANTÉ ET LA SÉCURITÉ AU TRAVAIL ET DANS
L’ENVIRONNEMENT
Adoptée par la 67e
Assemblée Générale de l’AMM, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
PRÉAMBULE
La santé et la sécurité au travail et dans l’environnement (OEHS) font intégralement partie
de la santé publique et du système de soins de santé primaires (SSP) en particulier parce
qu’il s’agit du premier niveau de contact des personnes, de la famille et de la communauté
avec un système de santé, en rapprochant les soins de santé au plus près possible de
l’endroit où vivent et travaillent personnes.[1]
Les travailleurs représentent au moins la moitié de la population mondiale et sont la
colonne vertébrale de nombreuses économies. Il se peut cependant qu’ils n’aient qu’un
accès minimal aux services de santé professionnels et environnementaux[2]. Un travail
décent répond aux aspirations des personnes dans leur vie professionnelle. Cela implique
des possibilités de travailler de manière productive et rémunératrice, la sécurité sur le lieu
de travail et une protection sociale pour la famille, de meilleures perspectives d’évolution
personnelle et d’intégration sociale, la liberté d’exprimer ses préoccupations, d’organiser
et de participer aux décisions affectant leur vie et l’égalité en matière d’opportunités et de
traitement pour toutes les femmes et tous les hommes.
Toutes les 15 secondes, un travailleur décède d’une maladie ou d’un accident du travail[3]
et chaque année il y a 160 millions de cas de maladies liées au travail/professionnelles ;
313 millions d’accidents du travail se produisent chaque année et plus de 2,3 millions de
personnes meurent suite à des accidents de travail et des maladies professionnelles[4].
Malgré cela, la proportion d’accidents du travail et de maladies professionnelles
enregistrés et déclarés est incroyablement faible. En fait, moins de 1% des maladies
professionnelles estimées sont enregistrées.[5]
Les objectifs de développement durable 3, 5, 8 et 13 du Programme de développement des
Nations Unies appellent à agir pour promouvoir la santé pour tous à tous les âges, l’égalité
de genre, un travail décent et la gestion de l’impact des changements climatiques ; l’OEHS
est bien placée pour agir positivement sur le lieu de travail en faveur de tous les objectifs
de développement durable ci-dessus mentionnés.
Les médecins ont un rôle crucial à jouer en matière de prévention/protection, de
diagnostic, de traitement et de signalement des accidents du travail et des maladies
Taipei ⏐ R-2016-02-2016
Santé et la sécurité au travail et dans l’environnement
professionnelles. Les informations, les compétences et les attributions des médecins
forment la base des modèles de services variables d’un pays à l’autre et constituent les
éléments clés pour traiter l’OEHS. De plus, les médecins devraient faire leur possible pour
une intégration à la vie professionnelle afin que même les employés handicapés puissent
demeurer intégrés dans une vie professionnelle décente.
De nombreux gouvernements et organisations d’employeurs et de travailleurs mettent
désormais davantage l’accent sur la prévention des maladies professionnelles. Même ainsi,
la prévention ne bénéficie pas de la priorité qu’elle mérite au vu de l’ampleur et de la
gravité de l’épidémie de maladies professionnelles.
Les médecins et les Associations Médicales Nationales peuvent contribuer à identifier les
problèmes, à établir des systèmes de signalement nationaux et à formuler des politiques
adaptées dans le domaine de l’OEHS.
Des conditions de travail insatisfaisantes et insécurisées jouent un rôle majeur dans le
développement de maladies et d’accidents professionnels qui à leur tour sont une cause de
mortalité parmi les travailleurs. Les femmes subissent le fardeau du travail qui souvent les
fragilise davantage dans la vie professionnelle.
RECOMMANDATIONS
Les médecins devraient jouer un rôle central dans le développement d’une main d’œuvre
formée aux déterminants sociaux de la santé et à même de sensibiliser sur le lieu de travail
aux déterminants sociaux de la santé.
Il faudrait accorder à l’OEHS l’importance requise à la fois dans les études de médecine
universitaires et postuniversitaires.
Tous les travailleurs devraient avoir accès aux services de l’OEHS basés sur les risques
dès leur premier jour de travail et au-delà de leur dernier jour de travail car les maladies
professionnelles ont une longue période de latence. Le contenu des services devrait être
standardisé et le rôle des médecins devrait être reconnu dans la planification et la mise en
place des systèmes de l’OEHS qui sont essentiellement d’ordre préventif et protecteur.
Les Associations Médicales Nationales devraient agir activement et encourager la portée
des services de l’OEHS, prévenir et réduire les maladies et les accidents professionnels, la
santé reproductive et protéger l’environnement. Elles devraient aussi promouvoir l’égalité
de genre sur le lieu de travail et améliorer les systèmes d’enregistrement et de
signalement. De plus, elles devraient s’axer sur le développement de capacités,
l’enseignement et la formation, la recherche collaborative et améliorer les qualifications de
leurs membres dans ce domaine.
Les Associations Médicales Nationales, avec les gouvernements, devraient jouer un rôle
actif, le cas échéant, dans la formulation et la création de « systèmes nationaux facilitant la
prévention de l’OEHS et l’enregistrement et le signalement des maladies professionnelles
» dans leurs pays respectifs et amener leurs médecins membres à faire des efforts dans ce
domaine.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2016-02-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
Les maladies et accidents professionnels sont souvent traités dans le contexte des
assurances et des indemnisations. En l’absence de ces dernières, les Associations
Médicales Nationales devraient plaider pour la protection des travailleurs via des
mécanismes d’assurance ou de sécurité sociale.
Les Associations Médicales Nationales devraient s’impliquer pour établir une « causalité
médicale » dans le contexte du signalement des accidents et des maladies, informer le
public que l’impact sur la santé des dangers et des facteurs de risques inhérents à la vie
professionnelle peut être estimé et enregistré uniquement via un système de signalement
bien conçu.
En tant que partie impliquée dans les soins médicaux, les médecins chargés d’évaluer
l’indemnisation des travailleurs devraient être accrédités dans le domaine de la médecine
de travail et de la médecine environnementale. Le premier contact peut être avec le
médecin traitant du patient qui devrait systématiquement obtenir l’historique des
expositions professionnelle et environnementale du patient. Si le médecin établit une
relation entre le diagnostic et ces expositions, il doit le signaler aux autorités concernées et
idéalement adresser le patient pour un contrôle auprès d’un médecin accrédité dans le
domaine de la médecine de travail et de la médecine environnementale.
Les Associations Médicales Nationales devraient envisager de créer une instance interne
en charge des problèmes des médecins exerçant dans ce domaine et les encourager à
contribuer aux études scientifiques dans ce même domaine.
Les Associations Médicales Nationales devraient promouvoir les opportunités offertes aux
médecins de bénéficier dans leur pratique professionnelle quotidienne de systèmes
identifiant les risques et dangers environnementaux/ professionnels impactant la santé et la
sécurité des travailleurs y compris des femmes enceintes. Dans ce contexte, mis à part les
listes de classification internationale des maladies de l’OMS et de l’Organisation
Internationale du Travail (OIT), il faudrait promouvoir un système pratique à utiliser pour
« explorer, enregistrer et signaler les risques et facteurs environnementaux » que les
médecins pourraient utiliser facilement.
Les gouvernements devraient collaborer à la création d’un système international
d’évaluation des dangers professionnels et développer des stratégies pour protéger la santé
des travailleurs.
Les gouvernements devraient établir des cadres législatifs protégeant les droits et la santé
des travailleurs, y compris la santé reproductive et l’impact sanitaire du travail à domicile.
La participation active des organisations d’employeurs et de travailleurs est essentielle
pour établir des politiques nationales et des programmes de prévention des maladies
professionnelles.
Les employeurs devraient assurer un environnement de travail sûr, reconnaître et prendre
en considération l’impact de mauvaises conditions de travail sur les personnes et sur la
société.
Dans le cadre des services fournis à un employeur, les médecins devraient plaider pour
que les employeurs remplissent les conditions minimales énoncées dans les standards
professionnels de l’OIT, notamment lorsque de telles conditions ne figurent pas dans la
Taipei ⏐ R-2016-02-2016
Santé et la sécurité au travail et dans l’environnement
législation nationale. Les médecins doivent conserver leur autonomie et leur indépendance
vis-à-vis des employeurs.
[1] Organisation Mondiale de la Santé : Déclaration d’Alma Ata : Conférence Internationale sur
les soins de santé primaires, Alma-Ata, URSS, 6-12 septembre 1978.
[2] Organisation Mondiale de la Santé : Santé des travailleurs : plan mondial d’action AMS 60.26
[3] Organisation Internationale du Travail (Internet). Sécurité et santé au travail. OIT ; (mise à
jour 2016; cité 19 janvier 2016). Disponible auprès de
http://www.ilo.org/global/topics/safety-and-health-at-work/lang–en/index.htm
[4] Sécurité et santé au travail, OIT
La prévention des maladies professionnelles. Journée Mondiale de la sécurité et de la santé au
travail 28 avril 2013
[5] La prévention des maladies professionnelles. Journée Mondiale de la sécurité et de la santé au
travail 28 avril 2013
Système national d’enregistrement et de notification des maladies professionnelles – Guide
pratique
Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé apparentés
(ICD-10) Dans Santé professionnelle. Organisation Mondiale de la Santé Genève 1999.
Améliorer la santé des travailleurs dans le monde : Mise en place du plan mondial d’action de
l’OMS sur la santé des travailleurs. GOHNET NEWSLETTER N°22. Edition Novembre
2013
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2016-03-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LES RÉFUGIÉS ET LES MIGRANTS
Adoptée par la 203e
Session du Conseil de l’AMM à Buenos Aires, Avril 2016
comme résolution du Conseil
et adoptée par la 67e
Assemblée Générale de l’AMM, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
PREAMBULE
Actuellement, un très grand nombre de personnes cherchent un refuge et/ou sont
demandeurs d’asile ; certaines fuient les zones de guerre ou d’autres conflits, d’autres
fuient la pauvreté, la violence et d’autres terribles injustices et mauvais traitements.
L’impact sur la santé mentale et physique peut être très délétère.
La communauté mondiale s’est mal préparée à gérer la crise des réfugiés, notamment à
traiter les besoins sanitaires des personnes à la recherche d’un refuge.
L’AMM considère que la migration de masse se poursuivra à moins que les personnes ne
se contentent de demeurer dans leur pays de naissance car elles y entrevoient des
opportunités de vivre relativement en paix et en sécurité pour elles et leurs familles, de se
réaliser de diverses manières, y compris en améliorant leur situation économique. La
communauté mondiale porte la responsabilité de tenter d’améliorer la situation de toutes
les populations dont celles des pays actuellement les plus défavorisés sur le plan
économique et confrontés à d’autres éléments majeurs. Le développement durable donnera
à toutes les populations davantage de sécurité et d’options économiques.
L’AMM considère que la guerre et d’autres conflits armés dont les troubles civils
permanents, l’instabilité et la violence conduiront immanquablement à des mouvements de
population. Plus le conflit est grave, plus le pourcentage de personnes voulant quitter la
zone de conflit est élevé. La communauté mondiale, notamment les leaders politiques, ont
le devoir d’œuvrer en faveur de la paix et de la résolution des conflits.
L’AMM reconnaît et condamne la migration forcée qui est inhumaine et doit être stoppée.
De tels cas devraient faire l’objet d’un renvoi vers la Cour Pénale Internationale.
PRINCIPES
1. L’AMM réitère la Prise de position de l’AMM sur les soins médicaux pour les
réfugiés, adoptée à l’origine à Ottawa, Canada en 1998 dont la teneur est la suivante :
• Les médecins ont, quel que soit l’état civil ou politique de leurs patients, le
devoir de fournir des soins médicaux appropriés et les gouvernements ne
Taipei ⏐ R-2016-03-2016
Réfugiés et les Migrants
doivent pas refuser aux patients le droit de recevoir de tels soins, ni empêcher
les médecins de remplir leurs obligations de soins basées uniquement sur les
nécessités cliniques.
• Les médecins ne peuvent pas être contraints de participer à une action punitive
ou judiciaire impliquant des réfugiés dont les demandeurs d’asile, les
demandeurs d’asile non admis et les émigrants sans papiers ou des personnes
déplacées internes ou d’effectuer des diagnostics ou des traitements
médicalement non justifiés tel que l’administration d’un sédatif afin de faciliter
leur expulsion d’un pays ou leur déplacement géographique.
• Les médecins doivent disposer de suffisamment de temps et de ressources pour
évaluer l’état physique et psychologique des réfugiés à la recherche d’un
d’asile.
• Les Associations Médicales Nationales et les médecins devraient activement
soutenir et promouvoir le droit pour tous de bénéficier de soins médicaux basés
uniquement sur les nécessités cliniques et dénoncer les législations et les
pratiques qui violent ce droit fondamental.
2. L’AMM exhorte les gouvernements et les autorités locales à assurer un accès à des
soins de santé appropriés ainsi que des conditions de vie décentes à tous quel que soit
leur statut juridique.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2016-04-2016
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
L’INFECTION PAR LE VIRUS ZIKA
Adoptée par la 203e
Session du Conseil de l’AMM à Buenos Aires, Avril 2016
comme résolution du Conseil
et adoptée par la 67e
Assemblée Générale de l’AMM, Taipei, Taiwan, Octobre 2016
Reconnaissant que l’OMS considère l’infection par le virus Zika comme une urgence
sanitaire mondiale, l’AMM énonce les recommandations suivantes :
1. L’OMS coopère avec ECDC, CDC et d’autres organisations de contrôle des maladies
pour mieux comprendre l’histoire naturelle et l’épidémiologie actuelle de l’infection
par le virus.
2. Les informations doivent être largement diffusées afin de conseiller et de protéger
toutes les femmes et les hommes qui vivent ou voyagent dans des zones touchées par
Zika et qui envisagent d’avoir un enfant. Parmi les conseils doivent également figurer
des recommandations pour les femmes déjà enceintes et susceptibles d’avoir été
directement exposées au virus Zika ou dont les partenaires vivent ou ont voyagé dans
les zones touchées par Zika.
3. Les agences compétentes dont l’OMS devraient collecter des données sur l’efficacité
des méthodes de contrôle du moustique, y compris sur la nocivité potentielle ou sur les
effets tératogènes de l’utilisation de divers insecticides.
4. Le travail à faire sur les tests diagnostiques, les antiviraux et les vaccins devrait se
poursuivre en mettant l’accent sur la fabrication d’un produit sûr pour les femmes
enceintes. La recherche sur un tel produit devrait faire l’objet d’un financement public.
Lorsque de tels produits seront mis au point, les états devront veiller à leur mise à
disposition et leur accès aux personnes courant le plus de risques.
5. Les Etats ayant constaté la naissance d’un certain nombre de bébés avec une
microcéphalie et d’autres anomalies du cerveau fœtal doivent s’assurer que ces
nouveaux-nés seront correctement suivis par les services de santé et autres, que les
familles bénéficieront d’une assistance pour un enfant présentant des anomalies de
croissance. Dans la mesure du possible, les recherches sur les conséquences d’une
microcéphalie devraient être publiées afin de mieux informer les futurs parents et
permettre la mise à disposition d’excellents services.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2017-01-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
RELATIVE À LA POLOGNE
Adoptée par la 207e
Session du Conseil de l’AMM à Chicago, Octobre 2017
comme résolution du Conseil
et adoptée par la 68e
Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
CONTEXTE
Les médecins en cours de spécialisation en Pologne protestent contre le manque de
financement des services de santé, qui constitue un obstacle à l’accès de la population aux
soins de santé et les salaires très faibles pour les médecins en formation à des fins de
spécialisation. Les dépenses de santé actuelles en Pologne représentent 6,1 % du PIB
(lorsque la moyenne mondiale s’élève à 9 %). Les médecins en cours de spécialisation
reçoivent un salaire compris entre 510 et 518 euros après retrait des impôts et nombre
d’entre eux doivent occuper plusieurs emplois pour pouvoir se loger et vivre décemment.
Depuis plus de huit jours, certains médecins ont entamé une grève de la faim à Varsovie,
alors que des négociations étaient en cours. Ces négociations ont maintenant capoté.
RÉSOLUTION
L’Association médicale mondiale observe avec une grande préoccupation le litige entre
les médecins en cours de spécialisation et le gouvernement polonais qui porte sur le
financement du secteur de la santé et le salaire des jeunes médecins, dont beaucoup sont
obligés d’occuper plusieurs emplois pour vivre décemment.
Nous constatons qu’un certain nombre de médecins sont actuellement, et depuis plusieurs
jours, en grève de la faim et que les négociations avec le ministre de la Santé sont
rompues.
Il est indispensable qu’une solution soit trouvée avant que ces médecins ne subissent des
conséquences irréversibles, voire perdent la vie, en essayant d’améliorer leurs conditions
de travail et celles de leurs collègues. Il est également essentiel d’accroître le financement
des soins de santé pour la population dans son ensemble.
Nous exhortons le Premier ministre à reprendre la main et à négocier une solution
acceptable qui permette de préserver la vie des médecins en cours de spécialisation et en
particulier ceux qui sont actuellement en grève de la faim, tout en profitant de cette
occasion pour accroître le financement des services de santé, au bénéfice de toute la
population.
Nous, médecins de l’Association médicale mondiale, sommes solidaires avec les médecins
en Pologne.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2017-02-2017
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LES EXAMENS ANAUX FORCÉS POUR APPORTER LA PREUVE
D’ACTIVITÉS HOMOSEXUELLES
Adoptée par la 68e
Assemblée Générale de l’AMM à Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PRÉAMBULE
1. La déclaration de Tokyo de l’Association médicale mondiale interdit formellement au
personnel médical de participer à des actes de torture ou à d’autres formes de
traitement cruel, inhumain ou dégradant et les appelle à préserver la confidentialité des
informations médicales.
2. Les « Principes d’éthique médicale applicables au rôle du personnel de santé, en
particulier des médecins, dans la protection des prisonniers et des détenus contre la
torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants » interdisent en
outre au personnel de santé, en particulier aux médecins, de se livrer, activement ou
passivement à des actes par lesquels ils se rendent coauteurs, complices ou instigateurs
de tortures et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants ».
3. Depuis 2011, dans au moins huit pays, le personnel médical a participé à des examens
anaux forcés d’hommes et de femmes transgenres, accusés de relations sexuelles entre
adultes consentants du même sexe, en vue de prouver cette accusation.
4. Le Rapporteur spécial des Nations unies sur la torture et d’autres formes de traitement
cruel, inhumain et dégradant a décrit les examens anaux forcés comme une forme de
torture ou de traitement cruel, inhumain et dégradant « médicalement infondé ».
5. En outre, le groupe indépendant d’experts légistes, composé de spécialistes de la
médecine médico-légale du monde entier, a établi que « l’examen n’a aucune valeur
pour détecter des anomalies de la tonicité du sphincter anal pouvant être attribuées de
façon crédible à des rapports sexuels anaux consentis ».
6. L’AMM est profondément choquée de la complicité du personnel médical dans ces
examens non volontaires et non scientifiques, y compris dans la préparation de
rapports médicaux utilisés au cours de procès visant à condamner des hommes et des
femmes transgenres pour relations sexuelles consenties avec des personnes du même
sexe.
7. Bien que des membres du personnel médical mettent en avant le fait que les personnes
accusées donnent leur consentement pour de tels examens, la capacité de personnes en
détention de donner un consentement libre et éclairé est limitée. Même lorsque ce
consentement est librement donné, le personnel médical devrait s’abstenir d’effectuer
Chicago ⏐ R-2017-02-2017
Examens anaux forcés
des actes médicalement infondés, discriminatoires et potentiellement incriminants.
RECOMMANDATIONS
Reconnaissant que les personnes qui ont subi des examens anaux forcés ont décrit ces
examens comme douloureux, humiliants et s’apparentant à des agressions sexuelles,
l’AMM :
8. Appelle ses membres et les autres professionnels de santé à s’abstenir de participer à
des examens anaux forcés ;
9. Demande expressément aux associations médicales nationales de rédiger des règles
écrites interdisant à leurs membres de participer à de tels examens.
10. Demande expressément aux associations médicales nationales de former les médecins
et les professionnels de santé à la nature non scientifique des examens anaux forcés et
de leur faire savoir qu’il s’agit d’une forme torture ou d’un traitement cruel, inhumain
et dégradant.
11. Appelle l’Organisation mondiale de la santé à prendre officiellement position pour
condamner les examens anaux forcés visant à prouver des relations sexuelles entre
personnes du même sexe en tant que violation de l’éthique médicale, scientifiquement
infondés.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2018-01-2018
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LES MIGRATIONS
Adoptée par la 69e
Assemblée Générale de l’AMM à Reykjavik, Islande, Octobre 2018
Nous faisons face aujourd’hui à des tendances migratoires accrues au niveau mondial.
Cette situation, loin d’avoir trouvé une solution, s’est empirée au cours des derniers mois,
exacerbée par des évènements politiques, sociaux et économiques et a des conséquences
graves sur les personnes, dégradant leur qualité de vie et dans certains cas, les mettant en
danger de mort. De telles situations entravent leur droit fondamental à la santé et dans de
nombreux cas les forcent à abandonner leur pays à la recherche d’une vie meilleure.
Les migrations internationales constituent un phénomène mondial, causé par des facteurs
multiples, parmi lesquels les inégalités démographiques et économiques entre les pays, les
conflits armés, la faim et les catastrophes naturelles. Les politiques migratoires adoptées
par la plupart des pays d’accueil deviennent de plus en plus restrictives à l’endroit des
migrants économiques.
L’Association médicale mondiale (AMM) considère que la santé est un besoin primaire,
un droit humain et l’un des principaux moteurs du développement économique et social.
L’accroissement des migrations est un phénomène lié aux progrès et aux tendances à
l’œuvre en ce début de XXIe siècle.
L’AMM réaffirme la résolution sur les réfugiés et les migrants qu’elle avait adoptée en
octobre 2016.
L’AMM, ses membres constituants et la communauté internationale de la santé devraient
plaider pour :
1. un engagement fort et continu des médecins pour la défense des droits humains et
la dignité de tous les peuples à travers le monde, et pour la lutte contre la
souffrance, la douleur et la maladie ;
2. la priorisation des soins pour tous les êtres humains sur tout autre intérêt ou
considération ;
3. la fourniture des soins de santé nécessaires, par la coopération internationale au
bénéfice des pays qui reçoivent et accueillent le plus grand nombre de migrants ;
4. que les gouvernements parviennent à des accords politiques qui permettent
d’accorder les ressources de santé nécessaires à la prestation de soins de manière
adéquate et coordonnée aux personnes en situation de migration.
L’AMM souligne que le rôle des médecins est de soutenir et de promouvoir activement les
Reykjavik ⏐ R-2018-01-2018
Migrations
droits de toutes les personnes à des soins médicaux, fondés sur la seule nécessité clinique
et de protester contre toute législation ou pratique qui irait à l’encontre de ce droit
fondamental.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2018-02-2018
Manuel des Politiques de l’AMM
PROPOSITION DE RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
PROHIBITION DE LA PARTICIPATION DES MÉDECINS
À LA PEINE CAPITALE
Adoptée par la la 210e
session du conseil de l’AMM à Reykjavik, Islande, Octobre 2018*
Tout le monde s’accorde à dire que les médecins ne doivent pas participer aux exécutions,
cela étant incompatible avec le rôle de soignant qu’est celui du médecin. Le recours aux
connaissances des médecins et à leur expérience clinique dans des buts autres que la
promotion de la santé et du bien-être va à l’encontre du fondement éthique de la médecine.
La déclaration de Genève de l’AMM est rédigée comme suit : « je garderai le respect
absolu de la vie humaine » et « je n’utiliserai pas mes connaissances médicales pour
enfreindre les droits de l’homme et les libertés civiques, même sous la menace ».
En tant que citoyens, les médecins ont le droit de se faire une opinion sur la peine capitale
sur la base de leurs convictions morales personnelles. En tant que membres de la
profession médicale, ils doivent respecter l’interdiction de participer à la peine capitale.
Dès lors, l’Association médicale mondiale :
AFFIRME qu’il est contraire à l’éthique des médecins de participer à la peine capitale de
quelque façon que ce soit ou à quelque phase que ce soit du processus d’exécution, y
compris la planification et les instructions ou la formation des personnes chargées de
l’exécution ;
PRIE instamment ses Membres constituants d’informer tous les médecins que toute forme
de participation à la peine capitale, comme précédemment indiqué, est contraire à
l’éthique ;
DEMANDE instamment à ses Membres constituants de faire pression auprès des
gouvernements et des législateurs nationaux aux fins de bannir toute participation des
médecins à la peine capitale.
*La résolution de l’AMM sur l’interdiction faite aux médecins de participer à la peine
capitale est le résultat d’une révision mineure en ce qu’elle est une fusion de deux autres
politiques de l’AMM existantes, la résolution de l’AMM sur la participation des médecins
à la peine capitale de 2008 et la résolution de l’AMM visant à réaffirmer l’interdiction
faite aux médecins de participer à la peine capitale de 2012. Par suite de l’adoption de
cette nouvelle politique, ces deux dernières ont été supprimées et archivées.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2019-01-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
L’URGENCE CLIMATIQUE
Adoptée par la 70e
Assemblée Générale, Tbilissi, Géorgie, Octobre 2019
Les professionnels de santé ont un rôle important à jouer en matière de plaidoyer en faveur
de la protection de la santé des citoyens à travers le monde et il leur incombe donc de
réclamer une action plus ambitieuse contre le changement climatique.
Le sommet des Nations unies sur l’action climatique qui a eu lieu en septembre 2019
montre de nouveau la prise de conscience croissante qu’il est impératif d’accélérer les
mesures face au changement climatique, de nombreux pays s’engageant à parvenir à
l’objectif de zéro émission nette au plus tard en 2050 et d’autres à renforcer leurs plans
d’action nationaux d’ici 2020.
Un consensus émerge au sein de la profession médicale au niveau mondial en faveur d’une
accélération de l’action visant à atténuer le changement climatique.
L’AMM, ses membres constituants et la communauté médicale internationale :
• déclarent l’état d’urgence climatique et appellent la communauté internationale des
professionnels de santé à rejoindre leur mobilisation ;
• s’engagent à défendre la protection de la santé des citoyens à travers le monde eu
égard au changement climatique ;
• appellent les gouvernements nationaux à travailler rapidement à parvenir à la
neutralité carbone d’ici 2030, afin de réduire les effets délétères du changement
climatique sur la santé ;
• doivent reconnaître l’empreinte environnementale du secteur de la santé à l’échelle
mondiale, et agir afin de réduire les déchets et prévenir la pollution pour garantir la
durabilité des soins de santé.
L’Association Médicale Mondiale ⏐ R-2019-02-2019
Manuel des Politiques de l’AMM
RÉSOLUTION DE L’AMM
SUR
LE RETRAIT, PAR L’OMS DE SES RECOMMANDATIONS
RELATIVES À L’EMPLOI D’OPIACÉS
Adoptée par la 70e
Assemblée Générale, Tbilissi, Géorgie, Octobre 2019
L’Association médicale mondiale exprime ses vives préoccupations à la suite du retrait
inopiné, par l’OMS de ses recommandations publiées en 2011 : « Assurer l’équilibre dans
les politiques nationales relatives aux substances sous contrôle : orientation pour la
disponibilité et l’accessibilité des médicaments sous contrôle » et en 2012 : « WHO
guidelines on the pharmacological treatment of persisting pain in children with medical
illnesses » (recommandations de l’OMS sur le traitement pharmaceutique des douleurs
persistantes chez les enfants souffrant de pathologies, document non traduit en français).
L’abandon de ces recommandations, qui a eu lieu cet été sans que la communauté
médicale ait été consultée, privera de nombreux médecins de soutien et d’orientations dans
les pays dépourvus de législation nationale à cet égard, ce qui pourrait compromettre leur
emploi, médicalement justifié, de ces substances. Des patients seront en définitive privés
des moyens permettant d’atténuer leurs douleurs.
L’AMM constate que ce retrait a été décidé de manière unilatérale, sans que ne soit
apporté de justification ni de solution de substitution. Ces recommandations ont même été
entièrement supprimées du portail des publications en ligne de l’OMS, ce qui empêche les
médecins de motiver et de valider rétrospectivement l’utilisation de médicaments sous
contrôle et les expose à d’éventuelles poursuites pénales.
En l’absence d’informations supplémentaires, l’AMM considère qu’il est nécessaire de
rétablir ces recommandations jusqu’à ce qu’elles soient modifiées ou remplacées.
L’AMM exige le respect du principe selon lequel l’élaboration de recommandations de
traitement doit être fondée sur des preuves scientifiques. Ce principe doit s’appliquer à la
définition, à la modification et à l’abandon de telles recommandations, et s’ajoute au
principe de précaution. Les fondements justifiant le retrait des recommandations relatives
aux opiacés doivent pouvoir être examinés scientifiquement, c’est pourquoi ils doivent
être publiés.
L’AMM salue les efforts visant à rassembler une nouvelle équipe d’experts et
recommande vivement la tenue d’un processus ouvert et transparent, comprenant un
mécanisme fiable à même d’assurer l’éviction des experts en situation de conflit d’intérêts.