Adoptée par la 55e Assemblée générale de l’AMM, Tokyo, Japon, octobre 2004
et supprimée par la 65e Assemblée Générale de l’AMM, Durban, Afrique du sud, octobre 2014 

  1. INTRODUCTION

    1. A la fin 2002, un nouveau syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) est apparu en Chine du sud. La maladie provoquée par le coronavirus SRAS s’est disséminée sur toute la planète à la fin de février 2003. Les pays les plus touchés furent la Chine, le Canada, Singapour et le Vietnam, tous ayant vu apparaître la maladie avant la diffusion d’alertes globales par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Selon les données de l’OMS, 8422 cas au total ont été identifiés dans 29 pays et 908 cas ont été mortels dans les quatre pays précédemment mentionnés.
    2. Le SRAS était une nouvelle pathologie particulièrement difficile à diagnostiquer et à traiter. Elle se transmet rapidement d’une personne à l’autre, n’a besoin d’aucun vecteur, ne possède pas d’affinités géographiques spécifiques, présente des symptômes similaires à ceux de nombreuses autres maladies, touche principalement le personnel hospitalier et se répand dans le monde à une vitesse alarmante. La dissémination du SRAS par les moyens de transport aériens mondiaux souligne le fait que les agents pathogènes ne connaissent aucune frontière et qu’il est impératif d’établir des stratégies sanitaires publiques globales.
    3. Le SRAS a principalement touché les zones disposant de systèmes sanitaires bien développés. Si le SRAS s’était déclaré dans des zones à faible infrastructure sanitaire, il n’aurait probablement pas été endigué aussi rapidement. Cela dit, même dans les systèmes de soins développés, cette épidémie a mis en évidence certaines lacunes très importantes :
      • Absence de réseaux de communication en temps réel, efficaces et bilatéraux avec les médecins situés en première ligne;
      • Absence de ressources appropriées, de stocks de médicaments et de fournitures pour faire face à ce genre de catastrophes;
      • Absence de capacité médicale d’urgence au sein des systèmes sanitaires publiques et des unités de soins actifs.
    4. Un fossé entre les autorités sanitaires publiques (nationales et internationales) et la médecine clinique a été mis en évidence au cours de cette période. Lors de son Assemblée Générale de septembre 2003, l’AMM a adopté une résolution sur le SRAS qui: « encourage vivement l’Organisation Mondiale de la Santé à améliorer son protocole de réponse aux situations d’urgence afin d’obtenir un engagement et une implication précoce, durable et conséquente de l’ensemble de la communauté médicale.
  2. PRINCIPES DE BASE

    1. La Communauté Internationale doit être constamment en alerte vis à vis des menaces d’apparition de maladies et prête à répondre avec une stratégie globale. Le Réseau « Alerte et Action » (GOARN) de l’OMS a un rôle important à jouer au niveau de la sécurité sanitaire générale en :
      • luttant contre la dissémination des nouvelles maladies dans le monde,
      • en s’assurant que l’assistance technique adéquate atteigne rapidement les états contaminés
      • en contribuant à une préparation à long terme contre les épidémies et à une mise en place des moyens requis

      L’AMM a été activement impliquée dans le réseau GOARN là où cela est nécessaire. Le rôle du GOARN doit cependant être reconnu et vivement encouragé au sein de la profession médicale.

    2. Les états souverains ont la mission de traiter les besoins sanitaires dans leurs territoires. Aujourd’hui, de nombreux risques pour la sécurité sanitaire ne sont cependant pas traités uniquement à un niveau national. Il est nécessaire pour répondre efficacement aux situations d’urgence sanitaire publique touchant la communauté internationale que les systèmes de surveillance nationaux efficaces détectent précocement des maladies peu courantes et dangereuses pour la santé publique et que fonctionne la coopération internationale entre l’OMS, ses états membres et les partenaires non gouvernementaux tel que l’AMM. Nous obtiendrons d’autres ressources pour le contrôle général des épidémies en renforçant les règles sanitaires internationales, en élargissant ainsi leur rayon d’action aux questions d’urgence sanitaire nouvelles et futures et en permettant à l’OMS d’aider activement les états à répondre à des menaces sanitaires internationales.
    3. Une communication efficace entre l’OMS et l’AMM, l’AMM et ses Associations Médicales Nationales membres (AMN) et les AMN et les médecins peut favoriser les échanges d’informations entre l’OMS et ses états membres durant les périodes d’urgence sanitaire publique.
    4. Les médecins sont souvent les premiers en contact avec les nouvelles maladies; ils sont donc en mesure d’aider à l’établissement du diagnostic, au traitement et à la déclaration des patients touchés et à la prévention de la maladie. Les médecins possédant des compétences clés doivent être intégrés dans les procédures de décision concernant les questions d’urgence sanitaire. L’impact des directives nationales et internationales sur les orientations cliniques et les soins aux patients sera alors compris.
    5. L’OMS et ses états membres doivent travailler avec l’AMM et les AMN à la sécurité des patients et des professionnels de santé impliqués dans les soins aux personnes affectées par les nouvelles maladies. Tout retard dans l’identification et la fourniture d’équipements de protection aux professionnels de la santé et à leurs patients accroît l’anxiété et le risque de propagation de la maladie infectieuse. Il convient de créer ou de favoriser les systèmes nationaux et internationaux qui assurent la mise à disposition de moyens adéquats et leur acheminement vers les zones touchées. Tous les principes mis en place pour garantir la sécurité des patients doivent être respectés dans des cas d’urgence tel que celui du SRAS.
  3. RECOMMANDATIONS

    1. L’AMM et les AMN membres doivent travailler en étroite collaboration avec l’OMS, les gouvernements et les autres entités professionnelles pour promouvoir les éléments de cette déclaration.
    2. L’AMM invite les médecins a) à demeurer vigilants face à l’émergence de maladies et de décès non expliqués dans la communauté, b) à être compétents en matière de surveillance et de contrôle des maladies afin de réagir face à des groupes de maladies, de symptômes et de manifestations et assidus dans la transmission en temps voulu des rapports sur les maladies inexpliquées aux autorités compétentes; c) utiliser des procédures appropriées afin de prévenir pour eux-mêmes et les autres l’exposition à des agents pathogènes infectieux d) comprendre le principe de la communication à risque afin qu’ils puissent communiquer clairement et sans crainte avec leurs patients, leurs familles et les media sur des sujets tels que les risques d’exposition et les mesures potentielles de prévention (par ex. vaccinations); et e) comprendre le rôle des systèmes de santé publique, d’urgence médicale, de gestion des urgences et de gestion des accidents en réponse à une crise sanitaire et le rôle de tous les professionnels de santé dans ces systèmes.
    3. L’AMM encourage les médecins, les AMN et les autres sociétés médicales à collaborer avec les autorités locales, nationales et internationales pour développer et mettre en place des mesures de préparation aux désastres et des protocoles de réponse à l’apparition de maladies infectieuses naturelles. Ces protocoles doivent servir de référence pédagogique pour le médecin et le patient.
    4. L’AMM demande aux AMN de promouvoir et de soutenir le réseau GOARN de l’OMS en tant qu’instrument de coordination des contrôles dans la lutte contre tout ce qui menace globalement la sécurité sanitaire.
    5. L’AMM demande l’établissement d’un accord de partenariat stratégique avec l’OMS afin qu’en cas d’épidémies, la communication sanitaire soit considérablement renforcée et que les informations circulent dans les deux sens.
    6. L’OMS doit coordonner l’établissement d’un inventaire sur les ressources existantes afin que celles-ci puissent rapidement être déployées et accessibles aux médecins impliqués dans les soins aux victimes.
    7. L’OMS doit renforcer les règles sanitaires internationales pour élargir leur rayon d’action, inclure des rapports sur les nouvelles et futures urgences sanitaires et permettre à l’OMS d’assister activement les états en répondant aux menaces sanitaires internationales.
    8. Des accords internationaux doivent être étudiés pour faciliter le déplacement des professionnels de la santé spécialistes de la gestion des épidémies.
    9. La recherche dans le domaine de la préparation aux situations d’urgence doit être favorisée par les gouvernements nationaux et les AMN là où cela est nécessaire afin de mieux appréhender les lacunes du système et améliorer la préparation future à ce type de situations d’urgence.
    10. L’enseignement et la formation des médecins doivent être revues afin de prendre en compte les réalités et les besoins spécifiques dans des cas d’urgence et d’assurer une grande vigilance vis-à-vis de la sécurité des patients et du personnel de santé qui traitent des patients atteints de maladies infectieuses aigues.
    11. Partout dans le monde, les médecins, y compris ceux de Taiwan, ont un accès sans limite aux programmes et aux informations de l’OMS concernant les urgences sanitaires.

9.10.2004

Adoptée par la 54ème Assemblée générale de l’AMM, Helsinki, septembre 2003
réaffirmée par la 194ème Session du Conseil, Bali, Indonésie, avril 2013, et
réaffirmée avec des révisions mineures par le 224ème Conseil de l’AMM, Kigali, Rwanda, octobre 2023

 

PRÉAMBULE

 La « directive anticipée » est un document écrit et signé (parfois une déclaration verbale certifiée en tient lieu) par lequel une personne consigne ses volontés quant aux soins médicaux qu’elle veut ou ne veut pas recevoir si elle est devenue inconsciente ou si elle se trouve dans un état tel qu’elle n’est plus capable d’exprimer sa volonté.

Ce document porte des noms différents selon les États (par exemple, « living will » ou « testament biologique »). L’acceptabilité et le statut juridique des directives anticipées varient d’un pays à l’autre en fonction des facteurs sociaux, culturels, religieux et autres.

La plupart des personnes qui rédigent de telles directives craignent surtout le caractère excessif, inefficace de l’acharnement thérapeutique en phase terminale alors que leur déchéance physique ou intellectuelle s’avère manifestement irréversible.

La Déclaration de Lisbonne de l’AMM sur les droits du patient énonce que si le patient est inconscient et « si, en l’absence du représentant légal, il y a nécessité urgente d’intervention médicale, le consentement du patient sera présumé, à moins que sur la base d’une conviction ou ferme déclaration préalable, il ne soit évident et indéniable qu’il aurait, dans pareil cas, refusé l’intervention. »

 

RECOMMENDATIONS

  1. Une directive anticipée dûment élaborée doit être respectée à moins que n’existent des raisons bien fondées de supposer qu’elle n’est pas valide parce qu’elle ne représente plus les souhaits du patient ou que sa capacité de compréhension était imparfaite au moment de la préparation de la directive. Toutefois, si la directive anticipée est contraire à ses convictions, le médecin concerné prendra les dispositions appropriées pour que le traitement du patient soit transféré à un confrère consentant.
  2. Si le médecin n’est pas assuré de la validité d’une directive anticipée demandant l’arrêt de tout traitement susceptible de prolonger la vie, il doit demander l’avis des membres de la famille ou des représentants légaux et d’au moins un confrère ou du comité d’éthique. Les membres de la famille ou les représentants légaux seront désignés dans la directive anticipée ; ils devront être de confiance et disposés à témoigner des intentions exprimées par le signataire de la directive. Le médecin devra tenir compte de la législation en vigueur concernant la décision des représentants légaux pour les patients incapables.
  3. Les patients et les membres de leur famille devraient être sensibilisés à la possibilité de rédiger des directives anticipées et invités à actualiser périodiquement les leurs.
  4. En l’absence d’une directive anticipée ou d’un représentant légal désigné pour prendre les décisions, le médecin administrera le traitement qu’il estimera être le mieux adapté à l’intérêt supérieur du patient.
  5. Les membres constituants des pays qui n’ont pas élaboré de cadre légal ni de protocoles hospitaliers pour des directives anticipées sont encouragés à travailler avec les autorités compétentes pour le faire, à intégrer ensuite ces changements à la fois dans le cursus de médecine et dans l’information générale au grand public et à faire connaître ces modalités parmi les médecins en exercice via des programmes de formation continue.

 

 

Adoptée par la 54ème Assemblée générale de l’AMM, Helsinki, septembre 2003
modifiée par la 64ème Assemblée Générale de l’AMM, Fortaleza, Brésil, octobre 2013
et réaffirmée avec des révisions mineures par le 224ème Conseil de l’AMM, Kigali, Rwanda, octobre 2023

PRÉAMBULE

Sur les trois dernières décennies, les investigations médico-légales sur le sort des personnes assassinées et disparues dans le cadre d’un conflit armé, d’autres situations de violence ou d’une catastrophe de grande ampleur ont constitué une contribution importante à l’action humanitaire au nom des victimes décédées et de leurs familles endeuillées. Ces investigations ont aussi aidé à ce que justice soit rendue et que les victimes obtiennent réparation.

En 2003, la Conférence internationale sur les personnes portées disparues et leurs familles, organisée par le Comité international de la Croix Rouge (CICR), a adopté une série de recommandations afin d’aider à prévenir la disparition de personnes et à élucider les affaires des personnes déjà disparues lors de conflits armés et d’autres situations de violence. Les recommandations comprennent des principes éthiques, scientifiques, et juridiques à appliquer aux investigations médico-légales pour la recherche, la récupération, la prise en charge et l’identification de restes humains. Ces principes ont été plus amplement développés depuis et fournissent un cadre à l’action médico-légale humanitaire dans les situations de conflits armés, de violence et de catastrophes de grande ampleur [1]. Ils assurent également la gestion digne et professionnelle des dépouilles mortelles [2], le respect des pratiques religieuses et culturelles et contribuent également à apporter des réponses aux personnes endeuillées.

L’AMM et ses membres constituants ont un rôle à jouer afin de promouvoir ces principes et encourager leur respect, d’assurer le respect des plus hautes normes éthiques et scientifiques en matière d’investigations médico-légales destinées à faire face aux conséquences humanitaires des conflits armés, d’autres situations de violence et de catastrophes de grande ampleur.

RECOMMANDATIONS

  1. L’AMM appelle ses membres constituants à:
    • attirer l’attention des praticiens sur les directives de bonnes pratiques rédigées par le CICR, les Nations unies et Interpol et recommander ou si possible demander le respect de ces normes ;
    • contribuer à ce que lorsque leurs membres médecins prennent individuellement part à des investigations médico-légales à des fins humanitaires et de défense des droits humains, ces investigations s’accompagnent d’un mandat clair basé sur les plus hautes normes éthiques, scientifiques et juridiques, conforme aux principes et à la pratique des investigations médico-légales humanitaires tels qu’élaborés par le CICR [3] et les Nations unies [4] ;
    • connaître les principes compilés par les différentes autorités sur les investigations médico-légales s’appliquant à l’action humanitaire et à la défense des droits humains, notamment ceux établis par le CICR et les Nations unies afin de prévenir de nouvelles disparitions et d’élucider les disparitions constatées, ainsi qu’à aider leurs membres à promouvoir ces principes pour les investigations médico-légales partout dans le monde ;
    • diffuser ces principes et à soutenir les médecins qui refusent de prendre part à des investigations inacceptables sur le plan éthique ou autre ;
    • s’assurer que les praticiens de médecine légale respectent les principes figurant dans le droit humanitaire international relatifs à la gestion digne et professionnelle des dépouilles mortelles, qui comprend la prise de toutes les mesures permettant leur identification, tout en assurant le respect dû à leur famille.
  1. L’AMM invite les AMN à être attentifs aux qualifications universitaires et aux qualités éthiques indispensables qui permettent aux médecins de médecine légale d’exercer avec compétence et indépendance.

 

[1] En anglais les termes « catastrophe » et « disaster » peuvent tous deux désigner une catastrophe, naturelle ou non. Le CICR désigne par le terme « catastrophe » (en anglais) une catastrophe de grande ampleur. Voir : M. Tidball-Binz, Managing the dead in catastrophes: guiding principles and practical recommendations for first responders. International review of the Red Cross, vol. 89 numéro 866 june 2007 p. 421-442

[2] La « gestion des dépouilles mortelles » désigne l’ensemble du processus allant de l’information ou du signalement du décès à la remise du corps du défunt à sa famille, à la délivrance du certificat de décès et aux dernières dispositions.

[3] Principes directeurs pour garantir une gestion digne des morts dans les situations d’urgence humanitaire et éviter qu’ils ne deviennent des personnes disparues ; Le processus d’identification forensique ; Gestion des dépouilles mortelles lors de catastrophes : manuel pratique à l’usage des premiers intervenants ; Guidelines for the use of Forensic Genetics in Investigations into Human Rights and International Humanitarian Law Violations (en anglais).

[4] Le protocole du Minnesota des Nations unies s’applique à la gestion des dépouilles mortelles dans un contexte de violation des droits humains et d’enquête pénale.

 

Adoptée par la 54ème Assemblée Générale de l’AMM, Helsinki, septembre 2003
réaffirmée par la 59ème Assemblée Générale de l’AMM, Seoul, Corée, octobre 2008 

et révisée par la 70ème Assemblée Générale, Tbilissi, Géorgie, octobre 2019

 

PRÉAMBULE

La violence est définie par l’OMS comme : « l’utilisation intentionnelle de la force physique, de menaces à l’encontre des autres ou de soi-même, contre un groupe ou une communauté, qui entraîne ou risque fortement d’entraîner un traumatisme, des dommages psychologiques, des problèmes de développement ou un décès ».

De fait, la violence est multidimensionnelle et résulte de nombreux facteurs. Elle peut être physique, sexuelle, psychologique ou exercée par le biais d’actes de privation ou de négligence.

L’Association médicale mondiale (AMM) a élaboré des politiques qui condamnent différentes formes de violence. On trouve parmi ces politiques la résolution sur la violence à l’encontre des femmes et des jeunes filles, la prise de position sur la violence dans la famille, la prise de position sur les mauvais traitements et la négligence envers les enfants, la déclaration de Hong Kong sur les mauvais traitements envers les personnes âgées, la prise de position sur le suicide des adolescents, la prise de position sur la violence dans le secteur de la santé de la part de patients et de personnes proches, la déclaration sur la protection du personnel de santé dans les situations d’urgence et la récente prise de position sur les conflits armés.

La violence est une manifestation de la situation sanitaire, socio-économique, politique, légale et de sécurité d’un pays. Elle se manifeste dans toutes les classes sociales et elle est étroitement associée à la défaillance des pouvoirs publics et du gouvernement et à des déterminants sociaux tels que le chômage, la pauvreté, les inégalités de santé et entre les sexes et à l’inégalité des chances en matière d’accès à l’éducation.

L’ampleur et le poids de la violence touchent les régions et les territoires nationaux de manière totalement hétérogène, des disparités que l’on retrouve en matière de disponibilité des données. Il est cependant une certitude : les conséquences de la violence peuvent être mortifères ou non. Parmi ces conséquences, on peut citer l’anéantissement de la vie personnelle, familiale et communautaire et les troubles du développement social, économique et politique des nations.

La violence pèse également sur l’économie en raison d’un accroissement des dépenses sanitaires et administratives dû à une activité accrue de la justice pénale, des services de répression et des systèmes de protection sociale. La violence mine en outre la productivité du pays par la perte de capital humain et de productivité de la main d’œuvre.

 

IMPACTS SUR LA SANTÉ

Les effets de la violence sur la santé peuvent être de portée variable et se manifester à court ou à long terme. La violence peut avoir des conséquences sur la santé, parmi lesquelles la dépression, les troubles de stress post-traumatique et d’autres troubles de la santé mentale, les grossesses non désirées, les fausses-couches et les infections sexuellement transmissibles.

Les facteurs de risque comportementaux tels que la consommation de tabac, d’alcool ou de drogue peuvent donner lieu à des comportements violents et constituer des facteurs de risque de cancer, de maladies cardiovasculaires et vasculaires cérébrales.

Les victimes directes de violence sont plus souvent sujettes aux expériences traumatisantes comme les mauvais traitements physiques, psychologiques et sexuels et peuvent être réticentes ou incapables de faire part de leur expérience ou de la signaler aux autorités en raison d’un sentiment de honte, de tabous culturels, de peur de la stigmatisation ou de représailles ou encore de la lenteur du système judiciaire.

Dans les institutions comme les établissements de santé, la violence est souvent interpersonnelle et peut être perpétrée par des soignants contre des patients, par des patients et des proches de ceux-ci contre des membres du personnel de santé ou entre professionnels de santé. Elle peut prendre la forme d’une agression, d’intimidation ou de harcèlement.

Les professionnels de santé et les établissements de santé sont de plus en plus souvent la cible d’attaques violentes. Une telle violence et des attaques visant du personnel de santé, des personnes malades ou blessées ou des établissements de santé constituent une atteinte directe à l’éthique médicale et aux droits international humanitaire et des droits humains.

Bien qu’un nombre croissant de pays reconnaissent la nécessité d’adopter des programmes de prévention de la violence sur leur territoire, la prévention et la gestion de ce fléau demeurent des gageures : en effet les systèmes de compte-rendu de données sont inadéquats ou inexistants, les programmes de prévention de la violence et de soutien aux victimes sont insuffisamment financés et la législation relative à la lutte contre la violence est peu appliquée, y compris les mesures visant à restreindre l’accès à l’alcool.

Reconnaissant que la violence demeure un défi considérable en matière de santé publique, qu’elle est par nature multidimensionnelle et évitable et affirmant le rôle d’exemplarité des médecins et leur place prépondérante dans la prise en charge et l’accompagnement des victimes de violence, l’Association médicale mondiale (AMM) s’engage à combattre ce fléau mondial.

 

RECOMMANDATIONS

L’AMM encourage ses membres constituants à :

  1. informer, éclairer et conseiller les élus et les fonctionnaires à tous les niveaux d’autorité en leur apportant les connaissances et les données scientifiques adéquates relatives aux retombées d’investissements accrus dans la prévention de la violence ;
  2. défendre et soutenir la bonne gouvernance fondée sur l’état de droit, la transparence et la responsabilité ;
  3. mener et soutenir des campagnes médiatiques efficaces en vue de sensibiliser le grand public au poids et aux conséquences de la violence et à la nécessité de la prévenir ;
  4. sensibiliser le grand public aux règlementations, normes et codes éthiques internationaux qui traitent de la protection du personnel et des établissements de santé à la fois en temps de paix et pendant les conflits ;
  5. intégrer et soutenir l’intégration aux cursus universitaires, y compris à la formation médicale initiale, à l’internat et à la formation médicale continue, des cours sur la violence et sa prévention ;
  6. envisager d’organiser des programmes de renforcement des capacités et des formations continues à l’intention des médecins dans les domaines de la prévention de la violence, des soins aux victimes ainsi que de la préparation et de la réponse aux situations d’urgence de même que la reconnaissance précoce des signes de violence interpersonnelle et sexuelle.

L’AMM invite instamment les gouvernements à :

  1. travailler en vue de parvenir à une tolérance zéro de la violence, par le biais de programmes de prévention, la création d’établissements de prévention de la violence et de soutien aux victimes et de refuges pour les victimes de violence domestique, une hausse des investissements publics et privés en faveur de la sécurité de la population et du renforcement des systèmes éducatifs et de santé ;
  2. encourager la coopération en matière de prévention de la violence, notamment par la prise en compte de la prévention de la violence et du soutien aux victimes au sein des établissements de santé ;
  3. assurer la justice sociale et l’égalité par l’élimination des inégalités et des iniquités qui créent les conditions de la violence ;
  4. s’attacher à neutraliser les déterminants sociaux de la santé par la création et l’amélioration de l’infrastructure socio-économique, éducative et sanitaire et des chances dans ces domaines et par l’élimination des attitudes et pratiques culturelles préjudiciables et oppressives et toutes les formes d’inégalités ou de discrimination fondées sur le sexe, biologique ou social, les principes, l’origine ethnique, la nationalité, l’affiliation politique, la race, l’orientation sexuelle, le statut social, l’état de santé ou le handicap ;
  5. assurer la promulgation et la mise en œuvre d’une législation relative à la prévention de la violence, à la protection et au soutien aux victimes de violence et à la sanction des auteurs de violence ;
  6. renforcer les institutions compétentes en matière de sécurité ;
  7. élaborer des politiques et mettre en œuvre la législation visant à réguler l’accès à l’alcool ;
  8. élaborer et mettre en œuvre des cadres légaux efficaces pour la protection des personnes et des organismes qui dispensent des soins de santé. De tels cadres légaux devraient garantir la protection des médecins et des autres professionnels de santé ainsi que l’accès libre et sûr du personnel de santé et des patients aux établissements de santé ;
  9. soutenir des recherches approfondies sur la nature et le caractère des différentes formes de violence, y compris l’efficacité des stratégies qui lui sont opposées afin de les aider à préparer et à mettre en œuvre des politiques, des lois et des stratégies de prévention de la violence, de protection et de soutien aux victimes et de sanction des auteurs de violence ;
  10. impliquer et favoriser l’implication de multiples parties prenantes, et encourager la collaboration entre les entités et les organisations concernées aux niveaux mondial, national et local aux fins de l’élaboration, de la mise en œuvre et de la promotion de la prévention de la violence et des stratégies de management, y compris par l’association de dirigeants politiques, religieux et traditionnels ;
  11. nouer des partenariats multisectoriels solides aux niveaux local et national afin de promouvoir l’inscription de la prévention de la violence parmi les priorités de tous les ministères, y compris ceux de la Santé, de l’Éducation, du Travail et de la Défense ;
  12. lancer une initiative pour des soins de santé sûrs garantissant la sécurité des médecins et des autres personnels du domaine de la santé, des établissements de santé et la prestation ininterrompue des services de santé, en temps de paix comme en période de conflit.
  13. Cette initiative devrait comporter les éléments suivants :
    • un audit régulier des risques de violence ;
    • des mécanismes de surveillance et de compte-rendu efficaces de la violence ;
    • une enquête transparente et rapide pour tous les cas de violence signalés ;
    • un système de protection des patients et du personnel de santé qui signalent les cas de violence ;
    • un soutien juridique aux médecins et aux autres personnels de santé subissant des actes de violence sur leur lieu de travail ;
    • la création, si nécessaire, de postes de sécurité dans les établissements de santé ;
    • la prise en charge financière du personnel médical et de santé victime de violence ;
    • la mise en place de congés de rétablissement payés pour le personnel médical et de santé victime de violence.

 

Adoptée par la 53e Assemblée générale de l’AMM, Washington, Octobre 2002,
modifiée par la 64e Assemblée Générale de l’AMM, Fortaleza, Brésil, Octobre 2013
et par la 72e Assemblée générale de l’AMM (en ligne), Londres, Royaume-Uni, Octobre 2021

 

PREAMBULE

Depuis le début de l’épidémie mondiale de VIH, les femmes et les filles de nombreuses régions ont été touchées de manière disproportionnée par le virus. Les jeunes femmes (entre 15 et 24 ans) et les adolescentes (entre 10 et 19 ans) en particulier, représentent la grande majorité des nouvelles infections par le VIH.

Les inégalités entre les femmes et les hommes contribuent à la propagation du VIH. Elles accroissent les taux d’infection et réduisent la possibilité des femmes et des filles de pallier l’épidémie. Souvent, ce sont elles qui sont le moins informées sur le VIH et qui disposent du moins de ressources pour prendre des mesures de prévention. Les violences sexuelles, les violations courantes des droits des femmes, exacerbent le risque de transmission du VIH.

De nombreuses femmes et filles qui vivent avec le VIH subissent stigmatisation et exclusion, des situations qui sont aggravées par le manque de droits. Les femmes devenues veuves à cause du Sida ou qui vivent avec le VIH peuvent être confrontées à des conflits en matière de droits de propriété avec leur belle-famille, compliqués par un accès limité à la justice pour défendre leurs droits. Quel que soit leur statut vis-à-vis du VIH, les femmes assument généralement une part démesurée du fardeau que représentent les soins aux malades du Sida, aux mourants et aux orphelins qui restent. Cette situation réduit d’autant leurs perspectives d’instruction et d’emploi. Elle peut en outre réduire considérablement les efforts et stratégies de prévention de la transmission mère-enfant (PTME) du virus.

L’accès aux soins de santé, qu’il s’agisse de prévention ou de thérapie, est un droit humain fondamental, ce qui impose au gouvernement l’obligation d’assurer que ce droit humain est pleinement respecté et protégé. Les inégalités entre les femmes et les hommes doivent être traitées et éradiquées. Cela aurait des effets salutaires sur tous les aspects des soins de santé.

La promotion et la protection des droits reproductifs des femmes sont essentielles pour le succès de la lutte contre la pandémie de VIH/Sida.

 

RECOMMANDATIONS

L’AMM demande à toutes les associations nationales qui comptent parmi ses membres d’encourager leur gouvernement à prendre et à promouvoir les mesures suivantes :

  1. élaborer des programmes d’autonomisation des femmes de tous âges afin d’assurer que les femmes soient mieux soutenues, ne subissent plus de discrimination et qu’elles jouissent d’un accès universel et gratuit à une éducation à la santé reproductive et à une préparation à la vie courante ;
  2. élaborer des programmes visant à dépister le VIH et à assurer un traitement prophylactique sous la forme d’antirétroviraux à toutes les survivantes d’agression,
  3. assurer un accès universel aux thérapies et aux traitements antirétroviraux pour toutes les femmes infectées par le VIH et pour les femmes enceintes afin d’éviter la transmission du virus de la mère à l’enfant ;
  4. assurer le dépistage du VIH pour toutes les femmes enceintes dans le cadre des soins périnataux ordinaires et en les informant du droit du patient de refuser le dépistage. Ce dépistage doit être accompagné, dans le respect de la vie privée de la patiente, de conseils de base et d’informations sur le traitement approprié, le cas échéant ;
  5. L’information donnée aux patients doit être conforme aux principes du consentement éclairé. Toutes les femmes enceintes séropositives doivent en outre avoir un accès universel et gratuit à une thérapie antirétrovirale afin d’éviter la transmission du virus de la mère à l’enfant.

Adoptée par la 53e Assemblée générale de l’AMM, Washington, Octobre 2002,
réaffirmée par la 191e session du Conseil, Prague, République Tchèque, Avril 2012
et révisée par la 70e Assemblée Générale, Tbilissi, Géorgie, Octobre 2019

 

L’AMM est extrêmement préoccupée par la pratique du fœticide féminin et de l’avortement sexo-sélectif, courante dans certains pays.

L’AMM dénonce le fœticide féminin et l’avortement sexo-sélectif comme une forme de discrimination sexuelle absolument intolérable.

L’AMM estime que l’avortement sexo-sélectif pour des raisons de préférence est discriminatoire, lorsqu’il résulte uniquement d’une préférence parentale et lorsqu’il n’y a pas d’implication sur la santé du foetus ou de la femme.

L’Association médicale mondiale appelle les associations médicales nationales à :

  • dénoncer la pratique du fœticide féminin et l’utilisation de l’avortement sexo-sélectif pour des raisons de préférence de sexe;
  • attirer l’attention des pouvoirs publics sur ce point.

Adoptée par la 53ème Assemblée générale de l’AMM, Washington, octobre 2002
réaffirmée avec des révisions mineures par le 192ème Conseil de l’AMM, Bangkok, Thailande, octobre 2012
et par le 221ème Conseil de l’AMM, Berlin, Allemagne, octobre 2022

 

PRÉAMBULE

L’Organisation mondiale de la Santé estime à des milliards le nombre d’injections administrées chaque année dans le cadre des soins de santé. Or, beaucoup d’entre elles sont pratiquées dans des conditions peu sûres.

Les maladies les plus courantes provoquées par ces injections peu sûres sont l’hépatite B, l’hépatite C et le VIH.

Les médecins sont impliqués dans la prescription et/ou l’administration des injections. Ils sont donc bien placés pour apporter des changements de comportement qui permettraient une utilisation sûre et appropriée des injections.

L’AMM est consciente que les injections dangereuses résultent d’un manque de formation, de la surutilisation des injections thérapeutiques et de pratiques à risque, parmi lesquelles : l’utilisation de seringues et d’aiguilles non ou insuffisamment stérilisées, la réutilisation de seringues et la mauvaise utilisation d’équipements et de fournitures.

Les injections dangereuses participent du gaspillage des ressources de soins de santé qui pourrait être évité par la mise en place d’un certain nombre de mesures et l’adoption de stratégies efficaces de sensibilisation à l’échelon local, national et régional.

L’attitude du médecin et des règles inappropriées d’exercice de la profession peuvent contribuer à l’utilisation excessive d’injections thérapeutiques, le médecin supposant parfois à tort que la satisfaction du patient dépend de la prescription d’injections ou acceptant des incitations en échange d’une prescription superflue d’injections.

Il convient de promouvoir un changement d’attitude des patients et des professionnels de santé afin d’assurer la sécurité des injections et de limiter toute utilisation excessive.

Des pratiques sûres d’injection permettent d’éviter tout préjudice au receveur, à l’administrateur de l’injection, mais aussi à l’ensemble de la population, tout en évitant la propagation de différents pathogènes comme les hépatites B et C et le VIH. Elles font ainsi partie intégrante de la prévention de ces infections.

 

RECOMMANDATIONS

Compte tenu des différentes parties impliquées pour parvenir à une plus grande sécurité des injections, l’AMM appelle :

ses Membres constituants

  1. à coopérer avec leurs gouvernements ou d’autres autorités compétentes pour élaborer des politiques efficaces d’utilisation appropriée et sûre des injections, comprenant notamment un financement suffisant, l’évaluation des pratiques actuelles d’injection et l’élaboration d’un programme complet ;
  2. à élaborer un tel programme, appuyant la mise à disposition de fournitures adaptées pour des injections sûres, comprenant des mesures pour l’application de normes de stérilisation appropriées selon que de besoin et la gestion des déchets piquants et coupants ainsi que des programmes de formation décourageant l’utilisation excessive des injections et promouvant les pratiques d’injection sûres.

les médecins du monde entier

  1. à informer leurs patients que nombre de médicaments non injectables sont aussi efficaces et fiables que les injections ;
  2. à prescrire, dans la mesure du possible, des médicaments par voie non parentérale et promouvoir les médications non parentérales équivalentes aux injections ;
  3. à ne recourir aux injections que lorsqu’elles sont sans danger et appropriées et à veiller à ce que ces injections ne causent de préjudice ni à la personne qui les reçoit, ni à la personne qui les administre, ni à la population ;
  4. à n’utiliser pour l’élimination des matériels vulnérants (aiguilles, lames de bistouris, etc.) usagés que des récipients destinés à cet effet et à ne pas réutiliser les étuis d’origine tout en veillant si possible à n’utiliser que des seringues jetables ;
  5. à sensibiliser les patients et les professionnels de santé aux risques que présentent les injections peu sûres et à les encourager à changer leur comportement afin de promouvoir la sécurité des injections. La formation des soignants devrait insister sur l’importance de ne pas réutiliser l’étui des aiguilles.

Adoptée par la 53ème Assemblée générale de l’AMM, Washington, octobre 2002
Réaffirmée par le 191ème Conseil, Prague, République Tchèque, avril 2012
et réaffirmée avec des révisions mineures par le 221ème Conseil de l’AMM, Berlin, Allemagne, octobre 2022

 

PRÉAMBULE

La présente prise de position a pour objectif de fournir aux médecins et à leurs patients des recommandations pour une automédication responsable.

On distingue généralement deux catégories de produits pharmaceutiques : les médicaments délivrés sur ordonnance et les médicaments en vente libre. Cette classification peut cependant varier d’un pays à l’autre. Les autorités nationales doivent assurer que les médicaments en vente libre offrent une garantie suffisante qu’ils ne présentent pas de risques pour la santé.

Les médicaments délivrés sur ordonnance sont des médicaments qui ne peuvent être obtenus que sur prescription d’un médecin ou d’un autre professionnel de santé autorisé à la suite d’une consultation. Consommés en dehors de toute supervision par un professionnel de santé, ces médicaments ne sont pas sans danger en raison notamment de leur toxicité ou d’autres effets néfastes possibles (accoutumance, par exemple), de leur mode d’utilisation ou des mesures connexes nécessaires à leur utilisation.

L’automédication responsable, au sens du présent document, est l’emploi par une personne, de sa propre initiative ou sur les conseils d’un professionnel de santé, de médicaments légalement délivrés sans ordonnance, c’est-à-dire en vente libre. L’utilisation, sans ordonnance préalable, de médicaments délivrés seulement sur ordonnance, ne relève pas d’une automédication responsable.

 

RECOMMANDATIONS

  1. La sécurité, l’efficacité et la qualité des médicaments en vente libre doivent obéir aux mêmes principes que celles utilisées pour les médicaments délivrés sur ordonnance.
  2. Compte tenu des risques que présentent l’emploi de médicaments non prescrits ou l’automédication imprudente, l’AMM formule les recommandations suivantes.

Pour les personnes

  1. Les patients devraient informer leur médecin et les autres professionnels de santé concernés des produits qu’ils utilisent en automédication, y compris combinés avec des médicaments prescrits. Un traitement peut combiner médicaments en vente libre et médicaments délivrés sur ordonnance, de manière concomitante ou séquentielle. Le patient doit être informé des interactions possibles entre les médicaments délivrés sur ordonnance et les médicaments en vente libre. C’est pourquoi il devrait être encouragé à indiquer à son médecin ou au professionnel de santé qui le suit les produits qu’il utilise en automédication.
  2. Le patient ayant recours à l’automédication est le principal responsable de l’emploi des produits qu’il utilise. Une attention particulière doit être portée aux personnes vulnérables lorsqu’elles recourent à l’automédication, notamment les enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes.
  3. Lorsqu’une personne décide de recourir à l’automédication, elle doit être capable :
  • d’identifier les symptômes ou la maladie qu’elle entend traiter ;
  • de s’assurer que l’automédication convient à son état de santé ;
  • de choisir le médicament approprié ;
  • de suivre le mode d’emploi indiqué sur la notice.

Pour les professionnels de santé

  1. Les médecins et les autres professionnels de santé concernés doivent informer leurs patients des risques de l’automédication et des précautions à observer pour une automédication judicieuse et les encourager à rechercher un avis médical en cas de doute. Cette recommandation est particulièrement importante pour les patients dont l’état de santé rend l’automédication risquée.
  2. Le médecin ou professionnel de santé devrait également avertir son patient des risques que présentent les pseudosciences et les pseudothérapies, qui sont dépourvues de base scientifique, comme le rappelle l’AMM dans sa déclaration sur les pseudosciences et les pseudothérapies dans le domaine de la santé.
  3. Les professionnels de santé devraient encourager leurs patients à lire avec attention les notices d’utilisation et les étiquettes s’il y en a, à rechercher un avis médical en cas de besoin et à identifier les situations dans lesquelles l’automédication n’est pas, ou n’est plus, appropriée.
  4. Les pharmaciens ont le devoir professionnel de recommander aux patients de consulter un médecin, notamment lorsque leurs symptômes l’imposent ou si les patients demandent un médicament qui n’est disponible que sur ordonnance.
  5. Les professionnels de santé devraient chercher à repérer les recours à l’automédication qui pourraient être pertinents au cours des consultations médicales, de la délivrance de médicaments à la pharmacie et au cours des interventions d’infirmerie à domicile.

Pour les autres entités concernées

  1. Les pouvoirs publics doivent reconnaître et faire reconnaître l’importance de la distinction entre les médicaments délivrés sur ordonnance et les médicaments en vente libre et veiller à ce que les personnes qui recourent à l’automédication soient bien informées et protégées contre d’éventuels préjudices ou conséquences négatives à long terme.
  2. Les fabricants, tout spécialement, doivent se conformer à la réglementation en vigueur afin que l’information fournie aux consommateurs soit appropriée tant du point de vue du fond que de la forme. Cela concerne notamment l’étiquetage, la publicité et surtout les notices des médicaments en vente libre.
  3. La publicité et la commercialisation des médicaments en vente libre doivent être fiables, fournir des renseignements clairs et exacts et donner des informations authentiques sur les avantages et les risques que présente le médicament. La promotion et la commercialisation ne sauraient constituer une incitation à une automédication inconsidérée, à l’achat de médicaments non appropriés ou à l’achat de médicaments en quantité supérieure à ce qui est nécessaire.
  4. La pharmacovigilance concernant l’automédication devrait être organisée et renforcée à la fois par les gouvernements et le secteur pharmaceutique pour maîtriser les risques qui sont associés à l’automédication.

Pour tout le monde

  1. Toute personne associée de près ou de loin à l’automédication doit considérer que les médicaments, qu’ils soient délivrés sur ordonnance ou en vente libre, sont des produits particuliers et qu’il importe de suivre les précautions habituelles, notamment en termes de conservation et d’emploi, conformément aux conseils d’un professionnel.
  2. Les personnes recourant à l’automédication doivent avoir conscience des avantages et des risques des produits utilisés. Le rapport risques/avantages de chaque médicament devrait être communiqué de manière claire et exacte sans surestimer les uns ou les autres.

 

Adoptée par la 40ème Assemblée Médicale Mondiale, Vienne, Autriche, septembre 1988
Révisée par la 49ème Assemblée Générale de l’AMM, Hambourg, Allemagne, novembre 1997,
la 58ème Assemblée Générale de l’AMM, Copenhague, Danemark, octobre 2007,
la 62ème Assemblée Générale de l’AMM, Montevideo, Uruguay, octobre 2011
et la 73ème Assemblée générale de l’AMM, Berlin, Allemagne, octobre 2022

 

PRÉAMBULE

Plus de 80 % des 1,3 milliard de fumeurs à travers le monde vivent dans des pays à revenu faible ou moyen. La consommation de tabac nuit à chacun des organes du corps et constitue l’une des principales causes de cancer, de pathologies cardiaques, d’infarctus, de maladies respiratoires obstructives chroniques, d’anomalies fœtales et d’autres problèmes de santé. Les fumeurs ont jusqu’à 50 % plus de risques de développer une forme grave de Covid-19 et d’en mourir. Le tabac et ses produits dérivés sont à l’origine de huit millions de décès dans le monde chaque année. Le tabac tuera un milliard de personnes au cours du 21e siècle à moins d’une intervention efficace.

L’exposition au tabac se produit partout où du tabac est brûlé dans un espace clos. Il n’y a pas de niveau bénin au tabagisme passif qui cause des millions de décès chaque année. Le tabagisme passif est particulièrement nocif pour les enfants et les femmes enceintes. Le 29 mai 2007, l’OMS a appelé à une interdiction mondiale de fumer au travail et dans les lieux publics clos afin d’éliminer le tabagisme passif et d’encourager les gens à arrêter de fumer.

Le phénomène connu sous le nom de « fumée tertiaire » désigne l’imprégnation des surfaces intérieures par la nicotine et les autres résidus chimiques, qui peut persister longtemps après que la fumée se soit dissipée. Elle est de plus en plus reconnue comme un danger potentiel, notamment pour les enfants, qui non seulement peuvent inhaler, mais aussi ingérer ces résidus après avoir touché les sols, murs et meubles de la pièce.

Mesures de l’Organisation mondiale de la santé

Dans l’espoir de limiter les effets de la consommation de tabac, les États membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont adopté à l’unanimité la Convention-cadre pour la lutte antitabac (FCTC) en 2003. En vigueur depuis 2005, elle a été ratifiée par 182 pays, représentant plus de 90 % de la population mondiale. Renforcer la mise en œuvre de cette convention-cadre est l’une des cibles des Objectifs de développement durable (ODD) pour 2030 : c’est la cible 3a. L’AMM soutient depuis longtemps la FCTC de l’OMS (résolution de l’AMM sur l’application de la convention-cadre de l’OMS sur la lutte antitabac). Le Protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac, le premier protocole de la FCTC, a été adopté en 2012 pour faire face à la croissance du trafic international de produits du tabac. L’objet du protocole est l’élimination de toute forme de commerce illicite de produits du tabac, conformément à l’article 15 de la FCTC de l’OMS.

Produits nouveaux et émergents de la nicotine

La prise de position de l’AMM sur les cigarettes électroniques et les autres systèmes d’administration électronique de nicotine souligne la méconnaissance actuelle des risques associés à ces produits. L’utilisation de cigarettes électroniques par les jeunes a augmenté de manière spectaculaire : dans certains pays, elle est même devenue plus populaire que de fumer du tabac. La nicotine, quel que soit le mode d’exposition, peut nuire au développement du cerveau et conduire à une addiction.

Des formes nouvelles, ou remises au goût du jour, d’ingestion du tabac et de nicotine sont également en pleine croissance, en particulier :

  • le tabac soluble, sous forme de pastilles ressemblant à des bonbons qui contiennent du tabac et de la nicotine et que l’on mange, mâche ou suce jusqu’à leur dissolution ;
  • le snus, du tabac en poudre humide qui se consomme par voie orale contient des cancérigènes. Il se présente généralement en petits sachets;
  • les narguilés, une pipe à eau où l’on brûle un tabac aromatisé avec du miel, de la mélasse ou des fruits et dont la fumée est aspirée par un long tuyau. L’OMS signale que fumer le narguilé équivaut à fumer cent cigarettes, parce que fumer le narguilé prend généralement beaucoup de temps.
  • les bidîs, des cigarettes sans filtre et qui contiennent jusqu’à cinq fois plus de nicotine que les cigarettes ordinaires, ainsi que les cigarettes au clou de girofle (kreteks), qui contiennent plus de nicotine, de monoxyde de carbone et de goudron que les cigarettes ordinaires ;
  • d’autres produits du tabac qui sont équipés d’un dispositif chauffant avec lequel une tige, une prise ou une capsule contenant du tabac est chauffée. La chaleur fait se dégager de la nicotine (et d’autres produits chimiques) qui peuvent alors être aspirés dans les poumons, bien que le tabac ne chauffe pas suffisamment pour brûler. Ces dispositifs sont différents des cigarettes électroniques;
  • les sachets de nicotine sans tabac, aromatisés à différents parfums et qui se placent dans la bouche.

Enfants et patientes enceintes

Fumer ou consommer de la nicotine pendant la grossesse peut avoir de nombreuses conséquences néfastes, telles qu’un faible poids de naissance, une naissance prématurée, une microcéphalie, des problèmes placentaires, voire un risque d’enfant mort-né ou de fausse couche. Le tabagisme passif pendant la grossesse accroît également le risque d’accoucher d’un bébé de poids inférieur à la normale et les bébés qui sont exposés à la fumée présentent un risque accru de mort subite du nourrisson.

Une exposition prénatale au tabac peut également avoir des conséquences sur la santé et le développement de l’enfant : insuffisance pulmonaire (toux, rhumes, bronchites et pneumonies), respiration sifflante, asthme et troubles de la vue tels que le strabisme, les erreurs de réfraction ou la rétinopathie. Les enfants exposés au tabagisme passif sont plus susceptibles de souffrir d’otite, de toux, de rhume, de bronchite et de pneumonie. Les enfants qui grandissent auprès de parents fumeurs sont plus susceptibles de devenir fumeurs à leur tour ou de souffrir d’effets à long terme similaires à ceux dont souffrent des adultes fumeurs.

Équité en santé

L’équité en santé dans la prévention et la lutte antitabac s’attache à la possibilité pour chacun de vivre une vie saine, quels que soient son appartenance ethnique, son niveau d’éducation, son identité de genre, son orientation sexuelle, son métier, sa situation géographique ou son handicap. Les programmes de lutte antitabac, y compris les services éprouvés d’aide à l’arrêt du tabac, peuvent tendre vers l’équité en santé en centrant leurs efforts sur la diminution de la consommation de tabac et de l’exposition à la fumée secondaire ou tertiaire, en améliorant l’accès aux ressources de la lutte antitabac parmi les populations au sein desquelles le poids des pathologies dues au tabac, sur le plan sanitaire comme financier, est le plus lourd.

Marketing du secteur du tabac

Le secteur du tabac dépense chaque année des milliards de dollars en publicité, promotion et parrainage à travers le monde. Les techniques marketing prédatrices et manipulatrices du secteur du tabac permettent d’accroître la consommation de ces produits et permettent de remplacer les fumeurs qui arrêtent de fumer ou qui meurent. L’industrie du tabac investit des sommes gigantesques dans les pays à revenu faible ou moyen dans le but d’améliorer leur image et celle du tabac dans la société. L’industrie du tabac emploie de longue date des stratégies qui ciblent les enfants, en commercialisant des paquets fantaisie, des cigarettes aromatisées ou encore des cartouches de cigarettes électroniques et utilise internet, les textos et les réseaux sociaux pour annoncer des évènements sponsorisés ou des promotions.

 La meilleure stratégie pour combattre les techniques marketing de l’industrie du tabac est d’adopter et de faire appliquer des interdictions de publicité, de promotion du tabac et du sponsoring, comme l’indique la FCTC de l’OMS.

Les industriels du tabac prétendent qu’ils sont engagés à découvrir la vérité scientifique au sujet des effets du tabac sur la santé, à la fois en menant des recherches internes et en participant au financement de recherches extérieures. Ils ont cependant constamment nié, retiré et supprimé les informations relatives aux effets néfastes de la consommation de tabac.

Les industriels du tabac manipulent également l’attitude du grand public à leur égard et prétendent souvent témoigner de leur responsabilité sociale en tant qu’entreprise, alors qu’ils engagent des activités visant à promouvoir leurs produits tout en se présentant comme des entreprises citoyennes.

  

RECOMMANDATIONS 

L’AMM recommande aux gouvernements nationaux :

  1. d’accroître les taxes sur le tabac et les produits qui en sont dérivés : c’est la mesure la plus efficace pour réduire la consommation de tabac selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). C’est également un outil rentable en ce qu’il ne coûte pas cher. Le produit de ces impôts devrait être alloué à des programmes de prévention, des programmes et des services d’aide au sevrage tabagique fondés sur des preuves et à d’autres mesures de santé ;
  2. d’exhorter l’Organisation mondiale de la santé d’ajouter les médicaments antitabac à sa Liste modèle des médicaments essentiels ;
  3. de ratifier et de mettre en œuvre pleinement la Convention-cadre de l’OMS sur la lutte antitabac (FCTC) ;
  4. de faire appliquer une règlementation exhaustive de la fabrication, de la vente, de la distribution et de la promotion du tabac et des produits dérivés du tabac, y compris des interdictions complètes de la publicité pour le tabac, de sa promotion et des activités de parrainage par les industriels du tabac, y compris à l’étranger. D’imposer le paquet neutre pour tous les produits du tabac (comme le prévoit la résolution de l’AMM sur le paquet neutre de cigarettes, de cigarettes électroniques et d’autres produits à fumer) et une mention écrite accompagnée d’une image, bien visibles avertissant des dangers du tabac ;
  5. d’interdire de fumer dans tous les espaces publics clos, y compris les transports publics, les prisons, les aéroports et les avions. D’imposer à toutes les facultés de médecine, les instituts de recherche biomédicale, les hôpitaux et les autres établissements de santé d’interdire de fumer, de vapoter ou d’utiliser tout autre produit dérivé du tabac dans leurs locaux ;
  6. d’interdire la vente, la distribution et l’accessibilité des cigarettes et d’autres produits du tabac aux enfants et aux adolescents. d’interdire la production, la distribution et la vente de bonbons qui représentent des produits du tabac ou qui y ressemblent ;
  7. d’interdire toute subvention gouvernementale du tabac ou des produits dérivés du tabac et d’aider les producteurs de tabac à passer à d’autres cultures. D’exclure les produits du tabac des accords commerciaux internationaux et de travailler à limiter, voire à interdire le trafic de tabac et de produits dérivés du tabac ainsi que la contrebande de produits du tabac ;
  8. Financer la recherche sur la prévalence de la consommation de tabac et les effets du tabac et des produits dérivés du tabac sur l’état de santé de la population. 

L’AMM recommande aux associations médicales nationales :

  1. de refuser tout financement ou tout support éducatif provenant de l’industrie du tabac et d’exhorter les facultés de médecine, les instituts de recherche et les chercheurs à faire de même ;
  1. d’adopter des politiques de lutte contre la consommation de tabac et de produits dérivés du tabac et de faire connaître ces politiques au grand public. d’adopter ou de promouvoir les directives cliniques sur le traitement de la consommation de tabac et de la dépendance au tabac ;
  1. d’interdire de fumer, de vapoter ou tout autre consommation de tabac dans tous les locaux des associations médicales nationales et toutes les réunions commerciales, sociales, scientifiques et les cérémonies des associations médicales nationales, comme l’a fait l’Association médicale mondiale ;
  1. d’élaborer, de soutenir et de participer aux programmes visant à informer les professionnels de la médecins et le grand public aux dangers de la consommation de tabac (y compris l’addiction au tabac) et du tabagisme passif ;
  1. de lancer ou de renforcer des programmes éducatifs à destination des étudiants en médecine et des médecins afin de les préparer à identifier et à traiter la dépendance au tabac de leurs patients ;
  1. de s’élever contre la déviation des stratégies marketing de l’industrie du tabac vers les pays les moins développés, les jeunes et d’exhorter les gouvernement nationaux à faire de même;
  1. de mettre fin aux investissements dans des entreprises qui produisent du tabac ou des produits dérivés du tabac ou qui promeuvent leur consommation. et de retirer leurs financements des actifs qui soutiennent la production ou la promotion du tabac.

L’AMM recommande aux médecins :

  1. de montrer un exemple positif en ne consommant pas de tabac ou de produits dérivés du tabac et de se faire l’écho des informations sur les effets sanitaires délétères de la consommation de tabac et les bénéfices de l’arrêt du tabac ;
  1. de soutenir un accès large aux traitements éprouvés de la dépendance au tabac par des consultations individuelles, du conseil, la pharmacothérapie, des programmes collectifs de sevrage tabagique, des services d’assistance téléphonique, des services internet d’aide à l’arrêt du tabac et d’autres programmes de ce type ;
  1. de garder à l’esprit que le tabagisme passif peut nuire aux enfants. Les médecins devraient notamment s’efforcer : 
  • de promouvoir les environnements sans tabac pour les enfants ;
  • de cibler les parents fumeurs et les patientes enceintes pour des séances d’aide à l’arrêt du tabac ;
  • de promouvoir les programmes qui contribuent à la prévention et à la diminution de la consommation de tabac et de produits dérivés du tabac par les jeunes ;
  • de soutenir les politiques limitant l’accès au tabac et la publicité pour le tabac et les produits dérivés du tabac et accorder plus d’importance à la recherche sur les effets pédiatriques du tabac.

 

Adoptée par la 49e Assemblée générale Hambourg (Allemagne), Novembre 1997
E
t réaffirmée par la 176e session du Conseil, Berlin, Allemagne, Mai 2007
Et supprimée par la 68e Assemblée générale de l’AMM, Chicago, USA, octobre 2017

L’Association Médicale Britannique (AMB) demande que l’Association Médicale Mondiale (AMM) soutienne une proposition émise par un réseau d’organisations médicales* traitant des problèmes de droits de l’homme, en vue de la création d’un poste de rappporteur des Nations Unies sur l’indépendance et l’intégrité des professionnels de santé.

Le rôle de ce rapporteur serait de compléter le travail déjà effectué par d’autres rapporteurs de l’ONU, notamment sur la torture, les exécutions arbitraires, la violence contre les femmes, etc. Il aura pour mission de vérifier, que, dans les régions en état de guerre ou dans des situations de tensions politiques, les médecins jouissent d’une totale liberté de mouvement et que les patients, de leur côté, aient accès aux soins médicaux sans aucune discrimination pour motif de nationalité ou d’origine ethnique. Les détails de ces fonctions sont exposés aux pages 2, 3 et 4 de ce document.

A l’origine, cette proposition émane de Cees Flinterman, professeur de droit institutionnel et international à l’Université du Limbourg, à Maastricht. Elle a reçu l’appui des organisations de médecins énumérées ci-dessous* et qui s’intéressent à la défense des droits de l’homme et à la protection des médecins qui agissent avec impartialité dans des situations de conflit. Ce groupe procèdera à de larges consultations et, avec l’aide de la Commission internationale de juristes, s’efforcera de susciter l’intérêt de l’ONU à l’égard de sa proposition.

En 1996, après débat, le Conseil de l’AMB apportait son appui à cette proposition. La campagne serait considérablement renforcée si l’AMM à son tour lui apportait son soutien. Il s’agit fondamentalement de protéger les médecins et les malades dans des situations de conflit et dans tous les cas où l’indépendance de la médecine serait menacée par des factions politiques ou militaires.
* Le réseau est composé des organisations suivantes: Amnesty international; Association Médicale Britannique; Centre d’études sur la santé et affaires connexes (Bombay); Graza Community Mental Health; Comité international de la Croix-Rouge; Physicians for Human Rights (Danemark, Israël, Afrique du Sud, Royaume-Uni et Etats-Unis); Association Médicale Turque; et la Johannes Wier Foundation.

CREATION A L’ONU D’UN POSTE DE RAPPORTEUR SUR L’INDEPENDANCE ET L’INTEGRITE DES PROFESSIONNELS DE SANTE

Buts

Dans de nombreuses situations de conflit politique (guerres civiles ou internationales, par exemple) ou de tension politique (état d’urgence avec suspension des droits civiques, etc.) les professionnels de santé, après les milieux militaires ou officiels, sont les premiers à avoir une connaissance détaillée des violations des droits de l’homme, à commencer par le droit des populations à avoir accès aux soins de santé. Fort de cette constatation, un réseau de médecins milite pour l’institution de mécanismes d’information, nationaux et internationaux, dont les tâches seraient les suivantes:

  1. s’informer des conditions de travail des professionnels de santé dans les cas où sont constestés, soit leur droit de soigner les malades, soit le droit des malades d’avoir accès aux soins;
  2. lancer des appels pour assurer la protection des professionnels de santé qui se trouvent exposés à des dangers du seul fait de leur activité professionnelle ou de défense des droits de l’homme;
  3. défendre les intérêts des patients dont les droits fondamentaux sont menacés du seul fait qu’ils prétendent accéder à des soins médicaux;
  4. inciter les professionnels de santé à signaler les cas de violation des droits de la personne;
  5. analyser les renseignements relatifs à des personnels de santé qui adopteraient délibérément des pratiques discriminatoires.

Le groupe estime qu’il convient d’élargir les modalités d’enquête de l’ONU. Parmi toutes les propositions de réforme, la création d’un poste de rapporteur est la plus intéressante. Il serait chargé de regrouper les renseignements provenant d’autres mécanismes de l’ONU et de faire des propositions sur la création à plus long terme d’autres réseaux d’information locaux et nationaux. C’est sur la base des matériaux préparés par le département de Droit de l’Université du Limbourg de Maastricht publiés par la Johannes Wier Fondation, une organisation médicale néerlandaise, que le groupe fait campagne pour la création d’un poste de rapporteur de l’ONU sur l’indépendance et l’intégrité des professionnels de santé.

Contenu de la mission

Il est impossible de définir dans tous ses détails le rôle du futur rapporteur. En effet, sa mission sera fonction de sa propre expérience et du caractère pratique des buts recherchés. Elle comportera toutefois les éléments suivants:

  • enregistrer, évaluer, vérifier et transmettre les allégations d’actes de répression perpétrés à l’encontre des professionnels de santé ou visant à empêcher les patients de se faire soigner. Le rapporteur sera le point focal où parviendront les rapports de personnes privées, de groupes de médecins, d’ONG, etc. Il devra également rechercher les informations de sa propre initiative, notamment sur le terrain.
  • à partir des principes énoncés dans le droit humanitaire et les codes d’éthique médicale applicables en cas de conflit armé ou politique, élaborer des directives spécifiques sur l’impartialité des médecins. Inciter l’Association Médicale Mondiale et les associations médicales nationales à transmettre ces recommandations aux professionnels de santé pendant leur formation. A partir de cet encadrement, établir un ensemble de mesures permettant d’aider ces derniers à se protéger dans des situations comportant un risque de violation des droits de l’homme.
  • le rapporteur aura également un rôle consultatif. Il cherchera à connaître la position des associations professionnelles nationales et internationales, des organisations humanitaires et des droits de l’homme en matière de protection des professionnels de santé et de la défense de leur droit de traiter les patients impartialement.
  • il vérifiera toute information relative à des professionnels de santé accusés de trangresser délibérément les règles d’impartialité et de non-discrimination.

Attributions du rapporteur

L’objectif premier est de garantir que la relation médecin-patient reste à l’abri d’actes d’ingérence injustifiés, mais il s’agit aussi d’empêcher la transgression délibérée des règles d’impartialité, par les professionnels de santé. Le rôle du rapporteur sera donc d’assurer leur indépendance, leur intégrité et leur impartialité. Pour parvenir à ces objectifs, les conditions suivantes devront être remplies:

  • les professionnels de santé doivent pouvoir prendre les décisions relatives au traitement à l’abri de toutes pressions abusives des autorités;
  • leur intégrité physique et la possibilité d’agir en accord avec leurs principes professionnels doivent être protégées;
  • la possibililité de dispenser un traitement correspondant aux besoins du patient doit être respectée;
  • les patients doivent avoir accès au traitement médical nécessaire en toute sécurité;
  • les professionnels de santé dispensateurs de soins de santé doivent jouir d’une totale liberté de mouvement et pouvoir atteindre les personnes qui requièrent leurs soins.

Le rapporteur devra également étudier dans quelle mesure l’existence de pressions extérieures peut avoir une influence négative sur l’accès aux soins médicaux.

  • La portée de sa fonction sera internationale.
  • Il arrive souvent que faute de mécanismes d’information, les professionnels de santé soient impuissants à agir contre les violations des droits du patient. Le rapporteur aura donc notamment le rôle de suivre la parution, au niveau national ou local, de textes législatifs, de dispositions civiles militaires ou autres qui interdisent ou limitent l’accès aux soins médicaux ou infirmiers à certaines catégories de patients.
  • Il aura le pouvoir de fournir aux autorités médicales compétentes et aux gouvernements concernés des éléments de preuve ou des informations relatifs à des cas de violation du devoir d’impartialité des médecins et même des professionnels de santé bénévoles.
  • Il examinera d’éventuelles restrictions génériques imposées aux groupes plus vulnérables – réfugiés, demandeurs d’asile, détenus, minorités ethniques et autres. Il contribuera à donner aux professionnels de santé le pouvoir d’apporter une réponse collective à l’érosion des droits du patient.
  • Il examinera les menaces, les manoeuvres d’intimidation ou les pressions exercées sur les professionnels de santé dans le but de pratiquer une discrimination fondée sur des considérations purement non-médicales telles que l’appartenance à un groupe religieux, ethnique ou racial, quand bien même ces menaces ne seraient pas concrétisées par des actes.
  • Il examinera toute information concernant le harcèlement de professionnels ou leur mise en détention en raison de leur profession ou de l’exercice de leur profession. Il examinera également toute mesure de répression destinée à empêcher les professionnels de santé de signaler les cas de violations de l’intégrité médicale. En consultation avec d’autres organismes, il proposera des mesures visant à inciter les professionnels de santé à établir des dossiers et à rendre compte de ces violations.
  • Il examinera enfin les informations relatives aux patients faisant l’objet d’une provocation ou une interdiction d’accès aux soins médicaux disponibles.

Questions n’entrant pas dans ses attributions

Il est tout aussi important de préciser les questions qui n’entrent pas dans les attributions du rapporteur. Il est certain que le temps et l’expérience permettront d’être plus précis encore. Il est proposé, en attendant, que:

  • les professionnels de santé, dans tous les pays, reçoivent une formation sur leurs responsabilités éthiques envers leurs patients et leurs patients potentiels. S’il n’est pas dans les attributions du rapporteur d’assurer cette formation, il lui faudra en revanche tenir le rôle de talentueux conseiller sur l’impartialité des médecins. A terme, l’idéal serait de mandater une délégation dans les écoles de médecine, les organisations professionnelles et les réseaux nationaux de bénévoles;
  • si les mesures gouvernementales de régularisation des soins de santé (par exemple, la répartition équitable des ressources de soins de santé ou l’accord de priorités en fonction des besoins pour certains traitements) ne relèvent généralement pas des compétences du rapporteur, il lui incombe par contre de surveiller et rechercher les mesures radicales susceptibles de priver certains groupes de patients d’accès aux soins médicaux ou infirmiers;
  • l’échec total des gouvernements à assurer une promotion sanitaire ou un traitement à l’ensemble ou une partie des secteurs de la communauté n’entre pas dans les attributions du rapporteur;
  • le principal souci du rapporteur étant d’assurer un traitement médical aux patients qui en ont besoin et qui le souhaitent, la décision délibérée de certains individus ou groupes de patients de s’exclure (pour des raisons religieuses ou culturelles, par exemple) de la médecine orthodoxe, ne fait pas partie de ses fonctions.

Adoptée par la 48e Assemblée Générale, Somerset West, République d’Afrique du Sud, Octobre 1996,
Amendée par la 58e Assemblée Générale, Copenhague, Danemark, Octobre 2007
Et réaffirmée avec une révision mineure par la 207ème session du Conseil de l’AMM, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017

 

PRÉAMBULE

L’AMM reconnaît que des grossesses non désirées ou trop rapprochées peuvent affecter gravement la santé d’une femme et de ses enfants. Le décès prématuré des femmes fait partie des conséquences néfastes de grossesses non désirées. Lorsque les familles sont dans l’incapacité d’assumer tous leurs enfants, ces derniers peuvent également souffrir de dénutrition, de négligence ou d’abandon et donc en mourir ou être en mauvaise santé. Leur vie sociale et leur épanouissement peuvent également être mis à mal.

L’AMM rappelle sa Déclaration d’Ottawa sur la santé des enfants et promeut les droits universels aux soins de santé pour tous les enfants à travers le monde.

L’AMM reconnaît les avantages que représente pour les femmes le fait de pouvoir contrôler leur fertilité. Elles doivent être aidées à la contrôler et à en parler avec leurs partenaires. La possibilité d’agir par choix et non par hasard est une composante principale de la santé physique et mentale des femmes tout comme de leur bien-être social.

L’accès à des méthodes appropriées de contrôle de la fertilité n’est pas universel ; de nombreuses femmes parmi les plus pauvres au monde n’y ont pas du tout accès. Connaître le fonctionnement de son corps, savoir comment contrôler sa fertilité et les éléments requis pour faire de tels choix font partie des droits de l’homme universels et fondamentaux pour toutes les femmes.

L’objectif 5 de développement durable, cible 6 appelle à assurer l’accès de tous aux soins de santé sexuelle et procréative… ».

RECOMMANDATIONS

L’AMM recommande aux associations médicales nationales :

  • De promouvoir l’éducation à la planification familiale, en travaillant avec les gouvernements, les ONG et d’autres entités pour fournir des services et une assistance de haute qualité et fiables ;
  • D’exiger des gouvernements qu’ils fassent en sorte que ces informations, ces documents, ces produits et ces services soient disponibles pour toutes sans considération de nationalité, de croyance, de couleur, de race, de religion ou de statut social.

Adoptée par la 39e Assemblée Médicale Mondiale Madrid (Espagne), Octobre 1987
et supprimée à l’Assemblée générale de l’AMM, Santiago 2005

L’Association Médicale Mondiale a adopté la déclaration suivante afin d’aider les médecins à résoudre les problèmes éthiques et professionnels qui se posent à eux en raison des progrès de la science dans le domaine de la génétique.

ORIENTATION GENETIQUE

Il existe deux domaines fondamentaux de diagnostic génétique:

  1. Sélection et évaluation des futurs parents afin de détecter une maladie génétique qui pourrait entraîner la conception d’un enfant anormal.
  2. Examen intra-utérin après la conception, tels que l’ultrasonographie, l’analyse du liquide amniotique et la foetoscopie, afin de déterminer l’état du foetus.

Les médecins qui assurent l’orientation génétique ont le devoir éthique de donner aux futurs parents les informations de base permettant à ces derniers de prendre, en toute connaissance de cause, leur décision quant à la conception d’un enfant. En donnant ces informations aux couples qui décident de procréer, les médecins doivent respecter les prescriptions éthiques et les normes professionnelles régissant la pratique de la médecine dans la communauté et établies par l’association médicale nationale membre ou l’organisation médicale compétente.

Les progrès de la technologie ont rendu plus précis la prévision et le dépistage des troubles génétiques. Lorsqu’un défaut génétique est détecté au niveau du foetus, les futurs parents peuvent souhaiter, ou non, recourir à l’avortement. Le médecin, pour des raisons morales personnelles, peut s’opposer, ou non, à la contraception, à la stérilisation ou à l’avortement, dans le cadre de l’orientation génétique. Qu’il soit favorable ou opposé à ces méthodes, le médecin doit éviter d’imposer ses valeurs morales personnelles et de substituer son propre jugement moral à celui des futurs parents.

Le médecin qui estime que la contraception, la stérilisation et l’avortement vont à l’encontre de ses valeurs morales et de sa conscience peut décider de ne pas avoir recours à ces méthodes. Il a toutefois l’obligation, le cas échéant, d’avertir les futurs parents qu’il existe un problème génétique potentiel et d’informer le patient qu’il devrait demander une orientation génétique médicale à un spécialiste qualifié.

MANIPULATIONS GENETIQUES

A mesure que se développe la recherche dans le domaine des manipulations génétiques, des normes appropriées doivent être établies par la communauté scientifique, les médecins, les secteurs professionnels concernés, le gouvernement et le public afin de réglementer cette recherche.

Lorsque le remplacement d’un gène par un ADN normal sera une réalité pratique pour le traitement de troubles humains, l’Association Médicale Mondiale insiste sur la prise en considération des éléments suivants:

  1. Si la manipulation a lieu dans un établissement de recherche, il faudra tenir compte de la Déclaration d’Helsinki de l’AMM sur la recherche biomédicale impliquant des sujets humains.
  2. Si la manipulation n’a pas lieu dans un établissement de recherche, toutes les normes habituelles relatives à la pratique médicale et à la responsabilité profesionnelle, y compris celles de la Déclaration d’Helsinki, devront être respectées.
  3. La procédure envisagée doit être discutée de manière détaillée avec le patient. Le consentement du patient ou de son représentant légal doit être éclairé, spontané et écrit.
  4. Il ne doit y avoir aucun virus dangereux ou non désiré dans l’ADN viral contenant le gène de remplacement ou de correction.
  5. L’ADN doit fonctionner normalement dans la cellule receptrice afin d’éviter tout dommage métabolique qui pourrait altérer les tissus sains et la santé du patient.
  6. L’efficacité de la thérapie génétique doit être évaluée avec la plus grande précision possible. Cette procédure comprendra la détermination de l’historique naturel de la maladie et l’examen suivi des générations suivantes.
  7. Ces procédures ne devraient être entamées à l’avenir qu’après examen minutieux de la disponibilité et de l’efficacité des autres thérapies possibles. S’il existe un traitement plus simple et plus sûr, il doit être appliqué.
  8. Ces dispositions doivent être reconsidérées comme il convient en fonction de l’évolution des techniques et de l’information scientifique.

Adoptée par la 36e Assemblée Médicale Mondiale Singapour, Octobre 1984
et réaffirmée avec une révision mineur par la 215e Session de Conseil de l’AMM, Octobre 2020

L’indépendance et la liberté professionnelles sont indispensables au médecin pour lui permettre de dispenser les soins les plus appropriés à ses patients. C’est pourquoi il ne devrait exister aucun obstacle, fondé sur une pathologie ou un handicap, la croyance, l’origine ethnique, le genre, la nationalité, l’affiliation politique, l’orientation sexuelle ou le statut social ou tout autre facteur empêchant les médecins de participer à des activités à caractère professionnel qui leur permettent d’acquérir information, connaissances, habilité et technique indispensables à la prestation de soins de santé adéquats à leurs patients.

Dans la mesure où le but de l’AMM est de servir l’humanité en s’efforçant d’atteindre les niveaux internationaux les plus élevés en matière d’enseignement médical, de science médicale, d’art de la médecine et d’éthique médicale, et d’apporter les soins de santé à tous les peuples du monde, il ne devrait se dresser aucune barrière devant le médecin qui désire assister à des réunions de l’AMM ou à d’autres manifestations médicales, quel que soit le lieu où celles-ci sont organisées.