Adoptée par la 68e Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017

PRÉAMBULE

L’enseignement médical a pour objectif de préparer les praticiens à mettre à profit leurs dernières connaissances scientifiques pour promouvoir la santé, prévenir et soigner les maladies humaines ainsi que d’appliquer les normes éthiques gouvernant la pensée et la conduite des médecins. Tous les médecins ont une responsabilité vis-à-vis d’eux-mêmes, de la profession et de leurs patients qui est de préserver des normes exigeantes pour l’enseignement médical initial.

Des programmes d’assurance qualité bien planifiés et bien exécutés sont essentiels pour garantir que les facultés de médecine remplissent ces objectifs et attentes. La qualité de l’enseignement médical initial est très menacée. La capacité à fournir une formation de haut niveau peut être remise en cause par la disponibilité des infrastructures, des ressources cliniques, le niveau de préparation des facultés et les finances. De même l’évolution de l’enseignement médical initial dans le monde, l’augmentation rapide du nombre d’écoles de médecine dans certains pays sont sources d’inquiétude quant à la qualité des diplômes2. Un programme d’assurance qualité bien conçu permet aux écoles d’identifier et de corriger les conditions qui menacent la qualité de leur enseignement médical de base. De tels programmes doivent être mis en place dans toute la mesure du possible au sein des écoles de médecine dans le monde.

CONTEXTE

Les normes établies par et pour une faculté de médecine sont conçues afin de refléter les mesures que la faculté juge importantes du point de vue de la qualité. Les contrôles institutionnels utilisant de telles normes conçues en interne sont à même de garantir que les missions sont remplies et que les étudiants sont préparés à réaliser les objectifs fixés. L’existence d’un programme d’assurance qualité institutionnel utilisant ses propres critères et soutenu par du personnel compétent peut être important pour pérenniser la qualité du programme éducatif.

Les résultats seraient toutefois probablement meilleurs si l’on incluait également une deuxième dimension d’examen reposant sur une perspective externe. Un système d’assurance qualité national comporte l’utilisation de normes de qualité conçues et approuvées au niveau national ou régional. Évaluer une faculté de médecine en se basant sur ce que le pays ou la région attend de ses programmes d’enseignement médical amène à une préparation des étudiants d’un niveau supérieur et plus cohérent.

À moins que les facultés de médecine se conforment aux normes fixées par un système d’évaluation national, il n’y a aucune garantie que les écoles entreprennent une évaluation interne ou corrigent les problèmes nuisant à la qualité de l’enseignement. L’Association médicale mondiale (AMM) reconnaît l’importance de bonnes normes globales assurant la qualité de l’enseignement médical initial[1].

Un système d’agrément/accréditation est un mécanisme d’assurance qualité de plus en plus fréquent dans le monde. Les systèmes d’agrément/accréditation sont basés sur des normes de qualité éducative établies pour répondre aux besoins du pays et faisant appel à des procédures validées, fiables et largement reconnues pour évaluer la conformité des écoles à ces normes. Une fois déterminée la conformité aux normes, la coopération et la coordination entre les diverses parties intéressées au sein et à l’extérieur de la faculté de médecine sont requises pour appliquer des solutions aux problèmes identifiés.

PRINCIPES POUR LES SYSTÈMES D’ACCRÉDITATION

Un système d’accréditation analyse les programmes éducatifs ou les établissements à partir d’un ensemble prédéterminé (propre au pays) de procédures et de normes. Les systèmes d’accréditation existants dans le monde sont très diversifiés. Dans certains pays, l’accréditation des écoles de médecine existe depuis des décennies ; dans d’autres pays, l’accréditation est relativement nouvelle. Participer à une accréditation peut être un acte obligatoire ou volontaire de la part des écoles de médecine et les audits peuvent se dérouler à différents moments.

L’accréditation se définit comme l’évaluation de programmes éducatifs ou d’établissements reposant sur une série de normes claires et spécifiques. Les directives d’accréditation devraient s’énoncer comme des normes créées en ayant à l’esprit les besoins nationaux et avec la contribution des parties intéressées au sein du pays.

Un système d’accréditation devrait reposer sur certains principes généraux afin de valider les procédures et de fiabiliser les décisions relatives à la qualité des programmes. Ces principes incluent la transparence, l’absence de conflits d’intérêts, la fiabilité/cohérence. La transparence signifie que les normes et procédures d’accréditation sont connues et comprises par les écoles, les évaluateurs et les décideurs. Pour limiter les conflits d’intérêts potentiels, les évaluateurs et les décideurs ne devraient avoir avec l’établissement évalué ou d’autres institutions aucun lien susceptible de nuire à l’impartialité de leur jugement. La fiabilité/cohérence nécessite une compréhension identique de ce que signifie la conformité aux normes et autant que possible que cette compréhension soit bien appliquée au niveau des examens et des décisions dans les écoles.

Les normes d’accréditation peuvent être évaluées mais n’ont pas besoin d’être quantitatives. Les normes sont généralement conçues à la fois pour les processus et les résultats d’un programme d’enseignement médical. Des informations spécifiques devraient être identifiées pour évaluer la conformité. Par exemple, les normes relatives aux processus pourraient traiter des objectifs pour le cursus et sa structure ; les qualifications pour l’admission en faculté et la possibilité d’y enseigner ; la disponibilité des ressources en soutien du programme, y compris des finances adéquates, des compétences suffisantes et une infrastructure éducative appropriée pour les phases scientifiques et cliniques de la formation. Les résultats du programme d’enseignement sont alors évalués afin de vérifier si les diplômés sont bien préparés selon les objectifs de l’école.

Pour une efficacité maximale, les normes utilisées pour l’accréditation doivent être largement diffusées et parfaitement expliquées. Les écoles de médecine, les évaluateurs et les décideurs auront ainsi une même compréhension de leur signification et des attentes en matière de conformité. À des fins de compétence et de transparence les enseignants, les évaluateurs chargés de juger de la conformité des écoles de médecine avec les normes d’accréditation et les décideurs chargés d’accorder ou non l’accréditation requièrent une formation.

Les établissements auront atteint leur objectif lorsqu’ils auront assuré constamment la conformité aux normes d’accréditation et lorsque le suivi interne sera devenu une responsabilité officielle pour une ou plusieurs personnes de l’école de médecine ayant accès aux informations relatives à la qualité (par exemple aux résultats des enquêtes de satisfaction menées auprès des étudiants et aux performances des étudiants). Une analyse de quelques-unes ou de toutes les normes d’accréditation permet aux écoles de traiter les domaines à problèmes avant leur identification lors du contrôle officiel de l’accréditation et de garantir la haute qualité constante des programmes éducatifs.

Si un contrôle d’accréditation conclut à des améliorations à apporter dans certains domaines, l’école devrait le faire rapidement. L’organisme d’accréditation/agrément fixe normalement une période de suivi et à son échéance le programme éducatif devra être capable de démontrer les actions entreprises et les résultats obtenus. Pour les écoles de médecine/facultés, il peut s’avérer nécessaire de disposer de ressources financières, de consacrer du temps, des efforts et d’affecter des infrastructures pour apporter les corrections requises.

Afin d’aider les écoles à pallier les manques, un soutien pourrait être fourni par le personnel de l’organisme d’accréditation ou d’autres personnes compétentes. Pour éviter les conflits d’intérêts, les conseillers ne devraient pas être impliqués dans le contrôle de l’accréditation ou dans la décision d’accorder ou non l’accréditation.

RESPONSABILITÉS DES GROUPES CONCERNÉS INTERNES OU EXTERNES AUX FACULTÉS DE MÉDECINE

La création d’un système d’accréditation répondant aux critères de validation et de fiabilité nécessite l’action d’une série de groupes intéressés tels que :

  • Les instances qui subventionnent les organismes d’accréditation (par ex. les gouvernements, les associations médicales) doivent s’assurer que l’organisme est correctement financé et doté de personnel suffisant pour accomplir sa mission. Les fonds peuvent provenir de partenaires et/ou de la capacité de l’organisme à s’autofinancer par les honoraires perçus. Dans certains pays ces organismes peuvent avoir besoin de fonds et de personnel supplémentaires pour faire face au nombre croissant d’écoles de médecine.
  • Les directeurs d’école devraient créer un environnement valorisant les actions en faveur de l’assurance qualité. Le corps enseignant devrait avoir du temps et être reconnu pour sa participation à l’évaluation des programmes et aux démarches en vue d’une accréditation. Les étudiants en médecine devraient être préparés et encouragés à donner leur avis sur tous les aspects relatifs au programme d’enseignement médical.

RECOMMANDATIONS

L’AMM appelle les associations médicales nationales (AMN) à encourager les facultés de médecine à développer des programmes d’assurance qualité en vue du contrôle de la qualité du programme de formation.

L’AMM appelle les AMN à soutenir et favoriser le développement permanent de systèmes nationaux et régionaux d’accréditation pour les facultés de médecine. Ces systèmes devraient être conçus et gérés par des médecins en collaboration avec des formateurs médicaux expérimentés et la contribution d’autres spécialistes dans le domaine.

L’AMM appelle les AMN à exhorter les décideurs publics et privés à assurer aux organismes d’accréditation des ressources adéquates pour leurs activités. Cela inclut un financement suffisant et cohérent pour soutenir les infrastructures et le personnel de l’organisme d’accréditation.

L’AMM recommande que les systèmes d’accréditation utilisent les normes du pays appliquées constamment par des évaluateurs formés et des décideurs lors du contrôle des facultés de médecine.

L’AMM encourage les AMN à plaider auprès des décideurs politiques pour que les écoles de médecine soient soumises à un système d’accréditation national.

L’AMM appelle les AMN à exhorter les organismes d’accréditation nationaux à participer à des contrôles externes de leurs politiques, pratiques et normes. Cela peut comporter une demande d’agrément de la Fédération mondiale pour l’enseignement de la médecine (WFME). Les organismes d’accréditation reconnus et les organisations similaires doivent créer un forum de discussion et de collaboration entre les organismes d’accréditation nationaux afin de partager les meilleures pratiques et les mécanismes permettant de surmonter les difficultés.

Les médecins doivent être encouragés à diriger et à participer activement à des activités liées à des démarches d’accréditation en tant qu’évaluateurs et décideurs, ainsi qu’à des activités relatives à l’assurance qualité dans leurs propres écoles.

Adoptée par la 207ème Session du Conseil de l’AMM à Chicago, Octobre 2017 comme résolution du Conseil
adoptée par la 68ème Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
et supprimée par la 73ème Assemblée Générale de l’AMM, Berlin, Allemagne, octobre 2022

CONTEXTE

Les médecins en cours de spécialisation en Pologne protestent contre le manque de financement des services de santé, qui constitue un obstacle à l’accès de la population aux soins de santé et les salaires très faibles pour les médecins en formation à des fins de spécialisation. Les dépenses de santé actuelles en Pologne représentent 6,1 % du PIB (lorsque la moyenne mondiale s’élève à 9 %). Les médecins en cours de spécialisation reçoivent un salaire compris entre 510 et 518 euros après retrait des impôts et nombre d’entre eux doivent occuper plusieurs emplois pour pouvoir se loger et vivre décemment.

Depuis plus de huit jours, certains médecins ont entamé une grève de la faim à Varsovie, alors que des négociations étaient en cours. Ces négociations ont maintenant capoté.

RÉSOLUTION

L’Association médicale mondiale observe avec une grande préoccupation le litige entre les médecins en cours de spécialisation et le gouvernement polonais qui porte sur le financement du secteur de la santé et le salaire des jeunes médecins, dont beaucoup sont obligés d’occuper plusieurs emplois pour vivre décemment.

Nous constatons qu’un certain nombre de médecins sont actuellement, et depuis plusieurs jours, en grève de la faim et que les négociations avec le ministre de la Santé sont rompues.

Il est indispensable qu’une solution soit trouvée avant que ces médecins ne subissent des conséquences irréversibles, voire perdent la vie, en essayant d’améliorer leurs conditions de travail et celles de leurs collègues. Il est également essentiel d’accroître le financement des soins de santé pour la population dans son ensemble.

Nous exhortons le Premier ministre à reprendre la main et à négocier une solution acceptable qui permette de préserver la vie des médecins en cours de spécialisation et en particulier ceux qui sont actuellement en grève de la faim, tout en profitant de cette occasion pour accroître le financement des services de santé, au bénéfice de toute la population.

Nous, médecins de l’Association médicale mondiale, sommes solidaires avec les médecins en Pologne.

Adoptée par la 37e Assemblée Médicale Mondiale Bruxelles (Belgique), Octobre 1985,
et amendée par la 38e Assemblée Médicale Mondiale Rancho Mirage (Etats-Unis), Octobre 1986
et supprimée à l’Assemblée générale de l’AMM, Santiago 2005

Dans chaque pays, les personnes concernées par l’organisation des programmes d’études de médecine devraient faire savoir aux étudiants en médecine combien il est important que ceux-ci acquièrent une expérience pratique réelle de la médecine pour arriver à être des médecins compétents; elles devraient également les informer sur la nécessité d’une pratique continue pour conserver cette compétence. Les étudiants en médecine devraient être avertis du fait qu’il n’est guère facile d’appliquer le résultat de l’enseignement médical dans la pratique d’autres professions.

Lorsqu’il n’est pas certain que l’étudiant en médecine aura la possibilité d’acquérir l’expérience nécessaire lui ouvrant les portes de la compétence médicale de base, il devra être invité à reconsidérer la valeur de la formation médicale.

Adoptée par la 36e Assemblée Médicale Mondiale Singapour, Octobre 1984,
amendée par la 38e Assemblée Médicale Mondiale Rancho Mirage (Etats-Unis), Octobre 1986
et supprimée à l’Assemblée générale de l’AMM, Santiago 2005

  • ATTENDU QUE, l’Association Médicale Mondiale s’efforce de service l’humanité en cherchant à atteindre les plus hauts niveaux internationaux dans le domaine de l’enseignement de la médecine;
  • ATTENDU QUE, l’Association Médicale Mondiale et ses associations médicales nationales ont toujours encouragé un enseignement médical de haute qualité;
  • ATTENDU QUE, la qualité des soins de santé fournis par les médecins ne peut être supérieure à la qualité de l’enseignement de la médecine que ces médecins ont reçu;
  • L’ASSOCIATION MEDICALE MONDIALE,réaffirme qu’elle est en faveur de normes élevées en matière d’enseignement médical qui permettent une formation de haute qualité aux étudiants en médecine;que seuls les candidats qualifiés devraient avoir accès aux études médicales;

    que le nombre d’étudiants admis aux études de médecine ne doit pas être supérieur au nombre auquel les ressources disponibles en matière d’enseignement permettent de dispenser une formation de qualité;

    que les conditions d’admission requises par les écoles de médecine doivent être déterminées de manière objective par les facultés de médecine.

Adoptée par la 43e Assemblée Médicale Mondiale Malte, Novembre 1991
et supprimée à l’Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud, octobre 2006

La formation médicale est un continuum qui commence dès l’entrée à l’école de médecine pour se terminer en fin d’exercice de la profession. En tant que telle, elle constitue la préoccupation première de toutes les associations médicales nationales et de l’Association Médicale Mondiale.

Les associations médicales de tous les pays devront s’attacher à réunir les fonds nécessaires pour dispenser et conduire un enseignement médical de qualité. Cela devra s’inscrire dans un contexte de conformité d’effectif et de facilité d’accès aux facultés, installations et ressources.

L’attribution d’une aide publique et professionnelle à l’enseignement médical requiert des associations médicales, quelque soit leur pays, une juste connaissance des besoins du citoyen, mais aussi de ses opinions, de ses expectatives et du principe de dignité de la personne humaine.

Faisant suite aux délibérations de la 5e Conférence Mondiale sur l’enseignement médical, l’Association Médicale Mondiale déclare que:

  • la formation de médecins compétents en matière d’éthique et soucieux du respect du rôle à jouer dans la relation médecin-patient est l’objectif de l’enseignement médical;
  • cette compétence sera formée par les éléments de savoir, de talent, de valeurs, de conduite et de principes éthiques qui permettront au patient et à la collectivité de pouvoir bénéficier de soins curatifs et préventifs de qualité;
  • la recherche, l’enseignement et une éthique de prestation de soins sont autant de facteurs essentiels et indissociables à la formation de médecins compétents;
  • la mise en place d’un tronc commun international s’avère nécessaire pour permettre la subsistance de ces compétences médicales au-delà des frontières internationales;
  • les méthodes d’évaluation et de validité des compétences, élaborées sur une base internationale, seront appliquées à l’enseignement supérieur et à la formation médicale continue;
  • les problèmes de santé publique et d’épidémiologie doivent faire l’objet d’un rapide libre-échange d’informations médicales à l’échelle internationale et ainsi permettre l’élaboration d’une politique au service de l’intérêt général et la formation du médecin et du public;
  • l’établissement de normes internationales d’évaluation des programmes dispensées pendant la formation est nécessaire;
  • la formation en tant que responsabilité morale devra, pendant toute la carrière du médecin, être rattachée à un code international d’éthique médicale;
  • les organisations médicales de tous les pays devront répondre avec rapidité à toute menace d’intégrité de la formation médicale;
  • l’efficacité, la sécurité et les applications des technologies nouvelles devront très rapidement être identifiées et intégrées dans le continuum de la formation médicale.

Adoptée par la 39e Assemblée Médicale Mondiale Madrid (Espagne), Octobre 1987
et supprimée à l’Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud, octobre 2006

PREAMBULE

La formation médicale est un enseignement permanent qui débute avec l’admission dans une école de médecine et se termine avec la cessation des activités professionnelles. Elle a pour but de préparer les étudiants en médecine, les médecins en formation et les médecins praticiens à mettre en application les dernières découvertes scientifiques en vue de la prévention et du traitement des maladies qui peuvent atteindre l’homme ainsi que du soulagement des souffrances causées par les maladies actuellement incurables. La formation médicale doit aussi inculquer aux médecins les critères éthiques de pensée et de comportement qui les conduiront à aider les autres plutôt qu’à chercher un profit personnel. Chaque médecin, quel que soit son domaine de pratique, est membre du corps médical. En tant que membre de la profession médicale, tous les médecins doivent accepter la responsabilité de maintenir un niveau élevé à la formation médicale, non seulement pour eux-mêmes, mais également pour l’ensemble de la profession. Cette formation médicale doit être fondée sur les principes suivants:

PRINCIPES DE LA FORMATION MEDICALE

  • PRINCIPE I
    Principes fondamentaux de la formation médicale

    La formation médicale comprend la formation menant au diplôme de base, la formation clinique préparatoire à l’exercice de la médecine générale ou d’une spécialité et la formation permanente du médecin tout au long de sa vie active. La profession, les facultés et autres institutions d’enseignement, ainsi que le gouvernement se partagent la responsabilité de garantir le haut niveau et la qualité de l’enseignement médical.

  • PRINCIPE II
    La formation médicale universitaire

    Le but de l’enseignement médical est de former des médecins aptes, en raison de leur préparation, à pratiquer leur profession sans limitation.

    Le diplôme de base devrait sanctionner l’accomplissement d’un programme qui qualifie l’étudiant pour un éventail de carrières possibles comprenant les soins aux patients, la santé publique, la recherche fondamentale ou clinique, ou l’enseignement médical. Chacun de ces choix suppose une formation complémentaire au-delà du diplôme de base.

  • PRINCIPE III
    L’enseignement de la faculté

    L’enseignement médical sanctionné par la diplôme de base doit être dispensé par une faculté qui doit, pour ce faire, disposer des qualifications académiques appropriées qui ne peuvent être acquises qu’à travers la formation professionnelle et l’expérience. La sélection de la faculté devrait se faire sur la base des qualifications de l’individu, indépendamment de toute considération d’âge, de sexe, de race, de croyance, d’appartenance politique ou de nationalité. Il appartient à la faculté de créer un environnement académique au sein duquel enseignement et recherche pourront s’épanouir au mieux. A cet égard, les institutions académiques doivent poursuivre des recherches approfondies visant au progrès de la science médicale et à la fourniture de soins de la plus haute qualité, pour faire la preuve des meilleurs critères médicaux.

  • La responsabilité des buts, du contenu, de la présentation et de l’évaluation de l’enseignement dispensé incombe à l’institution d’enseignement avec la participation de l’association médicale nationale. Il appartient à la faculté d’organiser son propre programme de base dans un contexte académique libre au sein duquel enseignement et recherche pourront s’épanouir au mieux.Des réexamens fréquents des programmes, tenant compte des besoins de la communauté et de l’apport des médecins praticiens, devraient être réalisés par les facultés pour autant que les besoins de la communauté ne nuisent pas à la qualité de l’enseignement médical. L’accréditation des facultés suppose la mise à disposition de bibliothèques, laboratoires de recherche, équipements cliniques et auditoires permettant de répondre aux besoins des étudiants. Par ailleurs, une structure administrative adéquate doit être mise sur pied et des dossiers académiques doivent être tenus. Lorsque les éléments nécessaires sont réunis, la formation clinique des praticiens et des spécialistes peut être patronnée par une université ou par un hôpital.
  • PRINCIPE IV
    Le contenu de l’enseignement médical

    L’enseignement pratique devrait inclure l’étude des sciences biologiques et du comportement, ainsi que des aspects socio-économiques des soins de santé. Ces sciences sont indispensables à l’appréhension de la médecin clinique. Le sens critique et l’autodidactisme devraient aussi être exigés de même qu’un profond attachement aux règles éthiques qui régissent la profession.

  • PRINCIPE V
    La formation clinique

    La partie clinique de la formation médicale doit être centrée sur l’observation des patients et doit inclure des expériences directes de diagnostic et de traitement des maladies.

    Cette partie clinique doit comprendre le diagnostic personnel et l’expérience thérapeutique avec un accès progressif aux responsabilités. Le nombre d’étudiants admis aux études et à la formation au chevet des patients doit être adéquatement adapté.

    Avant de se lancer dans la pratique indépendante, tout médecin devrait se soumettre à une formation clinique structurée. Cette formation, généralement d’au moins une année, devrait se caractériser par un accroissement contrôlé de la responsabilité en matière de prise en charge des problèmes cliniques.

    Il incombe à la faculté de s’assurer que les étudiants qui recevront le diplôme de base ont acquis une connaissance élémentaire de la médecine clinique, les aptitudes requises pour évaluer les problèmes cliniques et prendre leurs décisions de manière indépendante, et qu’ils ont une attitude et une personnalité conformes à l’éthique médicale.

  • PRINCIPE VI
    Sélection des étudiants

    Un enseignement libre est hautement souhaitable avant d’entreprendre des études de médecine. La sélection des étudiants en médecine devrait s’opérer sur la base de leurs motivations, de leur formation antérieure et de leur personnalité. Le nombre d’étudiants en médecine ne doit pas excéder les moyens mis à disposition de l’enseignement et les besoins de la population. La sélection des étudiants ne devrait pas être fonction de l’âge, du sexe, de la race, des croyances, des tendances politiques ou de la nationalité.

  • PRINCIPE VII
    L’enseignement médical de troisième cycle

    Il est souhaitable que le médecin suive un cours de troisième cycle après l’obtention du diplôme de base et qu’il choisisse une spécialisation entre les soins aux patients, la santé publique, la recherche clinique ou fondamentale, ou l’enseignement de la médecine. Des programmes structurés de formation clinique devraient précéder l’exercice de la médecine en pratique indépendante qui comprend tant les spécialités que la médecine générale. La profession médicale a la responsabilité de s’assurer que ces programmes de formation clinique qui suivent le diplôme de base ont bien été suivis.

  • PRINCIPE VIII
    La formation médicale continue

    Chaque médecin doit s’engager à étudier sa vie durant. Ces programmes de formation sont indispensables si la médecine veut se tenir au courant des progrès de la médecine et s’il veut entretenir la connaissance et les aptitudes nécessaires pour dispenser des soins de qualité. Les progrès scientifiques sont indispensables à des soins de santé appropriés.

    Les écoles de médecine, les hôpitaux et sociétés professionnelles se partagent la responsabilité de promouvoir et de mettre à la portée de tous les médecins des programmes de formation permanente.

    La demande de soins médicaux, de prévention des maladies et de conseils en matière de santé exige le plus haut niveau de l’enseignement universitaire de troisième cycle, ainsi que de la formation médicale continue.

Adoptée par la 200e Session du Conseil de l’AMM à Oslo, Avril 2015,
Et adoptée avec amendements par la 72e Assemblée générale de l’AMM (en ligne), Londres, Royaume-Uni, Octobre 2021

 

PRÉAMBULE

Les accords commerciaux sont des traités conclus entre deux pays ou plus comportant des dispositions relatives au commerce de biens et/ou de services. Les accords commerciaux sont des outils de la mondialisation et visent généralement à favoriser la richesse par la dérégulation des échanges commerciaux. Ils peuvent avoir des effets considérables sur les déterminants sociaux, commerciaux, politiques et écologiques de la santé, ainsi que sur la prestation de soins de santé. 

Le commerce international contribue de manière significative à accroître la richesse nationale, ce qui est un facteur essentiel de l’établissement de systèmes de santé robustes.  

Bien que les accords commerciaux visent à produire des profits financiers et de la richesse, il est essentiel de tenir compte de leurs conséquences sur la santé publique.  

Les négociations devraient prendre en considération leurs conséquences au sens large pour assurer que le droit à la santé et le droit à un environnement naturel et social sain demeurent au cœur des préoccupations. Les accords commerciaux devraient avoir pour objectif de contribuer à la richesse mondiale et à l’équité. 

Les accords commerciaux peuvent promouvoir la santé et le bien-être de tous à condition qu’ils soient bien conçus et qu’ils visent à protéger la santé et préserver la capacité des gouvernements à légiférer, règlementer et planifier la promotion de la santé, la prestation de soins et l’équité en matière de santé. 

Les récentes négociations commerciales ont cherché à établir une nouvelle structure de gouvernance mondiale pour le commerce. Leur dimension, leur portée et leur opacité sont sans précédent. Le manque de transparence et le partage sélectif des informations entre un nombre limité de parties intéressées sont anti-démocratiques. 

L’importance du partage de l’innovation en santé publique doit être reconnue. Cela est particulièrement vrai en période d’urgence sanitaire. L’accès aux médicaments et aux fournitures médicales est essentiel pour remédier aux grandes crises de santé publique comme les pandémies. 

Le règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE) procure aux investisseurs un mécanisme qui leur permet de porter plainte contre les gouvernements et de demander à être indemnisés. Ce système fonctionne en dehors des systèmes existants de responsabilité et de transparence. Le RDIE dans des accords commerciaux actuels a servi à remettre en cause des lois de santé publique fondées sur des preuves, dont celles sur le paquet neutre de cigarettes. Un tel mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États à grande échelle pourrait menacer les actions de santé publique fondées sur des preuves et mises au point pour lutter contre le tabac et l’alcool, pour règlementer les aliments et les boissons obésogènes, l’accès aux médicaments, aux services de santé, les protections contre les effets des changements climatiques et les mesures de préservation de l’environnement, de la santé environnementale et de la santé au travail. Jusqu’à présent, les efforts de l’industrie pour mettre en échec les législations et les règlementations nationales de santé publique ont ciblé les nations dont les ressources juridiques sont limitées et les populations les plus vulnérables du monde [2]. 

L’accès à des médicaments abordables est crucial pour combattre le fléau mondial des maladies transmissibles et non transmissibles. L’accord de l’Organisation mondiale du commerce sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) a établi une série de règles internationales communes régissant la protection de la propriété intellectuelle, dont le dépôt de brevet sur les produits pharmaceutiques. Les garde-fous des ADPIC et les dérogations à ces dispositions, comme la licence obligatoire, visent à assurer que la protection des brevets ne supplante pas la santé publique [1]. 

La prise de position de l’AMM sur le dépôt de brevet pour les procédures médicales proclame que le dépôt de brevet pour des techniques de diagnostic, de traitement et de chirurgie est contraire à l’éthique et « menace sérieusement la pratique efficace de la médecine en limitant potentiellement la disponibilité de nouvelles procédures pour les patients ». 

Les accords commerciaux ne devraient pas constituer une nouvelle difficulté dans l’accès aux médicaments, notamment pour les pays en développement et les populations les plus vulnérables. 

Il devrait y avoir un équilibre juste entre les prix des médicaments et la protection de la propriété intellectuelle par les brevets. 

L’AMM estime que le dépôt de brevets sur les médicaments et les vaccins doit être règlementé conformément aux principes éthiques et aux valeurs de la profession médicale afin d’assurer une action mondiale efficace et résolue pour la santé publique. C’est pourquoi elle reconnaît qu’il peut être nécessaire de lever temporairement les brevets tout en assurant une juste compensation des droits de propriété intellectuelle des titulaires desdits brevets. De plus, pour produire des résultats rapides et complets, les solutions pérennes aux questions relatives aux brevets doivent être complétées par le transfert de technologie, de connaissances, de savoir-faire de fabrication, l’investissement mondial dans des sites de production, la formation de personnel et le contrôle de la qualité. 

La résolution de l’AMM sur la main d’œuvre médicale indique que l’AMM reconnaît la nécessité d’investir dans l’enseignement de la médecine et demande aux gouvernements « …[d’] allouer suffisamment de ressources financières pour l’éducation, la formation, le perfectionnement, le recrutement et la rétention des médecins afin de satisfaire les besoins médicaux de toute la population. » 

La déclaration de Delhi de l’AMM sur la santé et les changements climatiques rappelle que les changements climatiques mondiaux ont eu et auront encore de graves conséquences sur la santé.  

La déclaration de l’AMM sur le commerce équitable de produits et de fournitures médicaux plaide en faveur de politiques d’achat de biens médicaux fabriqués dans des conditions justes et éthiques, de conditions de travail sûres et de l’éradication de l’esclavage moderne tout au long des chaînes d’approvisionnement. Les fabricants de matériel médical devraient adopter un plan de continuité de fourniture des produits vitaux pour éviter autant que possible les ruptures de stock. Un tel plan devrait permettre de restaurer, voire de doubler les capacités de production pour réduire les ruptures d’approvisionnement. 

 

RECOMMANDATIONS 

C’est pourquoi l’AMM appelle les gouvernements nationaux et les associations nationales adhérentes : 

1. à plaider pour la transparence et l’accessibilité de toutes les négociations d’accords commerciaux, notamment pour la possibilité pour le grand public, d’accéder aux textes en cours de négociation et pour les parties intéressées, de s’impliquer dans les débats ; 

2. à appeler à la réalisation d’une évaluation préalable des effets anticipés de tous les accords commerciaux sur la santé, les droits humains et l’environnement ; 

3. à plaider en faveur d’accords commerciaux qui protègent, favorisent et donnent la priorité à la santé publique sur les intérêts commerciaux et politiques, et qui prévoient de larges exceptions afin de sauvegarder les services d’intérêt général, notamment ceux ayant un impact sur la santé individuelle et publique. Ces accords devraient comporter de nouvelles modalités concernant la prestation de soins de santé dont l’e-santé ; 

4. à veiller à ce que les accords commerciaux n’aient pas de conséquences négatives sur les systèmes de santé, les ressources humaines de la santé et la couverture santé universelle (CSU). À veiller à ce que les accords commerciaux n’interfèrent pas avec la capacité des gouvernements à protéger et à règlementer la santé et les soins ou à garantir le droit à la santé pour tous. L’action des gouvernements pour protéger et promouvoir la santé ne devrait pas pouvoir être contestée par le règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE) ou par un mécanisme similaire ; 

5. à s’efforcer d’assurer que les brevets sur les médicaments et les vaccins soient règlementés conformément aux principes de l’éthique médicale afin de protéger la santé publique dans les situations d’urgence sanitaire mondiale ;  

6. et pour ce faire, à exhorter les associations médicales nationales à promouvoir la levée temporaire des brevets sur les médicaments et les vaccins afin de protéger la santé publique dans les situations d’urgence sanitaire mondiale tout en assurant une juste compensation des droits de propriété intellectuelle des titulaires desdits brevets, des investissements mondiaux dans des sites de production et de transfert de connaissances ; à promouvoir la santé publique, l’équité, la solidarité et la justice sociale et à protéger les pays et les peuples qui sont les plus faibles sur les plans économiques et de la santé, et donc les plus vulnérables ; 

7. à s’opposer à toutes les dispositions d’accords commerciaux qui mettraient en péril l’accès aux services de santé ou aux médicaments telles que : 

  • le dépôt de brevet (ou l’application d’un brevet) pour des techniques de diagnostic, de traitement et de chirurgie ; 
  • la mise à jour continue de brevets ou la protection par brevet de modifications mineures de médicaments existants ; 
  • l’établissement d’un lien entre brevet et commercialisation ou d’autres ajustements concernant les brevets servant d’obstacles à la commercialisation de médicaments génériques ; 
  • l’exclusivité des données pour les produits biologiques ; 
  • tout effort pour saper les garanties des ADPIC ou restreindre la flexibilité des ADPIC, y compris la licence obligatoire ; 
  • les limites à la transparence sur les données des essais cliniques. 

 8. à s’opposer à tous les accords commerciaux qui réduiraient le soutien public ou faciliteraient la commercialisation de l’enseignement de la médecine ; 

 9. à s’opposer à tout accord commercial qui faciliterait la privatisation inopportune de services publics dans des domaines comme la conservation du milieu naturel, l’éducation, les soins de santé et les services collectifs essentiels comme l’énergie et l’eau ; 

10. à veiller à ce que les accords commerciaux favorisent la protection de l’environnement et contribuent aux efforts de réduction des activités responsables des changements climatiques ; 

 11. à assurer que les accords commerciaux favorisent l’équité, les droits humains et comportent des mécanismes de reddition de comptes pour faire suite à leur mise en œuvre. 

 

Adoptée par la 57e Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud, Octobre 2006
et révisée par la 68e Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017

PRÉAMBULE

1.      La formation médicale consiste en une formation de base, une formation postuniversitaire et la formation permanente. La formation médicale est un processus dynamique ; elle commence avant l’admission à la formation médicale de base (faculté de médecine) et se poursuit jusqu’à ce que le médecin prenne sa retraite. Son objectif est de préparer les praticiens médicaux à mettre en œuvre les plus récentes connaissances médicales pour promouvoir la santé, prévenir et soigner les maladies humaines ainsi que pour atténuer les symptômes. Les médecins sont responsables personnellement, devant l’ensemble de la profession et devant leur patientèle du maintien d’une formation médicale de haute qualité.

PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA FORMATION MÉDICALE

2.      La formation médicale est un entraînement qui vise à assurer que les praticiens acquièrent les compétences, savoir-faire et aptitudes qui leur permettront d’exercer leur profession avec un haut degré de professionnalisme et d’éthique. Tous les médecins, l’ensemble de la profession, les facultés de médecine, les établissements d’enseignement et les gouvernements partagent la responsabilité de garantir une formation médicale de haute qualité tout au long de cursus médical.

I.       FORMATION MÉDICALE DE BASE

3.          La formation médicale de base a pour objectif de former les étudiants et de veiller à ce qu’ils acquièrent les connaissances, les compétences et un comportement professionnel les préparant à une gamme d’options de carrière, incluant entre autres, les soins cliniques, la santé publique, la recherche clinique ou fondamentale, la direction et gestion d’un établissement de santé ou l’enseignement médical. Chacune de ces options de carrière nécessitera une formation complémentaire.

4.      Dans une faculté de médecine, les connaissances, les compétences et le comportement professionnel que les étudiants doivent acquérir devraient être basés sur le jugement professionnel de la faculté et répondre aux besoins sanitaires de la région et à la mission de la faculté. Ces décisions détermineront la sélection des étudiants, le type de cursus et son contenu, le système d’évaluation des étudiants et des objectifs atteints ou non par la faculté. Ces décisions doivent en outre être régies par les normes applicables, les objectifs de justice et d’accessibilité et la diversité et la prise en compte de l’ensemble du personnel médical.

II.          SELECTION DES ETUDIANTS

5.          Avant d’entrer à la faculté de médecine, les étudiants devraient avoir acquis une bonne formation, incluant idéalement des connaissances dans le domaine des arts, des lettres et des sciences sociales ainsi que dans celui de la biologie et de la physique. Les futurs étudiants en médecine devraient être sélectionnés sur leurs capacités intellectuelles, leur motivation pour la médecine, leur expérience précédente dans le domaine, leur personnalité et leur intégrité. La sélection des étudiants ne saurait être discriminatoire et se doit de refléter l’importance d’accroître la diversité du personnel médical. Une faculté de médecine devrait considérer comme sa mission de définir les exigences liées à l’admission.

6.          Dans une région ou un pays donné, il devrait y avoir assez d’étudiants en médecine pour répondre aux besoins locaux et régionaux. Les Associations médicales nationales (AMN) et les gouvernements nationaux devraient coopérer pour limiter les obstacles économiques empêchant des personnes d’entrer en faculté de médecine et d’y faire leurs études.

7.          Cursus et évaluation

7.1    Le programme de formation d’une faculté de médecine devrait reposer sur un ensemble d’objectifs éducatifs répondant aux besoins sanitaires de la région ou du pays. Ces objectifs éducatifs devraient servir à sélectionner le contenu du cursus, à élaborer le système d’évaluation des étudiants et des objectifs atteints ou non par la faculté conformément aux normes règlementaires et éducatives applicables.

7.2    Le cursus médical devrait apporter aux étudiants une riche base de connaissances générales médicales. En font partie les sciences biologiques et comportementales ainsi que les aspects économiques des soins de santé, les déterminants sociaux de la santé et la santé publique. Ces disciplines sont basiques pour comprendre et exercer la médecine clinique. L’AMM recommande que le contenu relatif à l’éthique médicale et aux droits humains soit essentiel dans le cursus médical1. Les étudiants devraient aussi être initiés aux principes et à la méthodologie de la recherche médicale et à la manière dont sont exploités cliniquement les résultats des recherches.  Students should have opportunities, if desired or required by the medical school, to participate in research. Les aptitudes cognitives de l’apprentissage autodirigé, un mode de pensée critique et la résolution des problèmes médicaux devraient figurer dès le début dans le cursus médical afin de préparer les étudiants à la phase clinique de leur formation.

7.3    Avant d’entamer la pratique indépendante, tous les médecins devraient suivre un programme officiel de formation clinique supervisé. Au sein de la formation médicale de base, les expériences cliniques devraient s’étendre des soins primaires aux soins tertiaires, dans toute une gamme de consultations en secteur hospitalier et ambulatoire, dans les centres hospitaliers universitaires, les hôpitaux publics, les cliniques, les cabinets médicaux et autres établissements de soins. La composante clinique de la formation médicale devrait constituer une forme d’apprentissage comportant des objectifs définis et doit impliquer des expériences directes en matière de diagnostic et de traitement des maladies avec une prise de responsabilité graduelle des étudiants, en fonction de leurs connaissances et aptitudes démontrées. Les expériences et la formation au sein des équipes interprofessionnelles coopérant aux soins des patients sont importantes pour préparer à la pratique les étudiants en médecine.

7.4    La faculté de médecine est chargée de veiller à ce que les étudiants qui sont diplômés et qui ont obtenu leur premier diplôme professionnel aient acquis une compréhension basique de la médecine clinique, possèdent les compétences requises pour juger des problèmes cliniques et prennent les bonnes décisions, fassent preuve d’un comportement et d’une personnalité dignes d’un médecin éthique. Le système d’évaluation au sein de la faculté de médecine devrait comporter des méthodes adaptées et validées attestant que tous les diplômés ont répondu à chacune de ces attentes. Il serait utile aux facultés de médecine d’être en contact avec des spécialistes de l’évaluation des étudiants, soit issus des facultés de médecine, soit d’autres secteurs.

8.      Soutien aux étudiants

8.1    Les étudiants en médecine devraient bénéficier d’un soutien académique et social, tel qu’un conseil en cas de problèmes personnels et des programmes visant à favoriser le bien-être pour répondre aux exigences des facultés de médecine. Le soutien académique inclut le tutorat et le conseil pour les études et la gestion du temps. Le soutien social inclut l’accès à des activités visant à promouvoir leur bien-être physique et mental ainsi qu’un accès aux services de santé générale et mentale. Il devrait aussi y avoir des tuteurs et conseillers pour aider les étudiants à choisir leur spécialité et planifier leur carrière.

9.      Faculté et ressources institutionnelles

9.1    La formation médicale de base doit être dispensée dans des facultés par un personnel ayant les compétences requises, qui ne peuvent s’obtenir que par une formation théorique et une expérience. Il devrait y avoir un nombre suffisant de facultés afin de répondre à la mission éducative, aux besoins de la recherche et aux autres missions des facultés de médecine. Le processus de sélection en faculté ne saurait être discriminatoire. La faculté devrait être impliquée officiellement en tant que faculté de médecine, par exemple être agréée, faire partie et être soumise à la gouvernance des facultés de médecine et des structures départementales.

9.2    Il incombe à la faculté d’établir un cursus médical et un système d’évaluation des étudiants. En tant que tels, les objectifs du programme de formation, le contenu, le format du cursus et l’évaluation du cursus incombent à la faculté. La faculté devrait réviser fréquemment le cursus proposé, idéalement en exploitant les statistiques sur les performances des étudiants et l’avis des étudiants, des diplômés et de la communauté des médecins en exercice. De plus, la faculté doit régulièrement évaluer la qualité de chaque unité d’enseignement via la contribution des étudiants et des pairs. Les facultés de médecine devraient fournir des possibilités de développement afin de soutenir l’acquisition et la préservation des compétences pédagogiques et des aptitudes à l’évaluation. Elles rempliraient ainsi leurs devoirs en matière de programme de formation médicale et d’habiletés de développement des programmes.

9.3    Les facultés de médecine doivent assurer un environnement académique favorisant l’apprentissage et les exigences des facultés, notamment par un programme actif de recherche institutionnelle pour faire progresser les connaissances médicales et la qualité des soins. Les facultés de médecine devraient apporter un soutien pour enrichir leurs compétences dans le domaine de la recherche et participer à la recherche indépendante ou collaborative.

9.4    Au-delà d’un nombre suffisant de facultés bien préparées, les facultés, doivent veiller à l’existence en quantité suffisante de bibliothèques adéquates, de ressources en matière de technologie de l’information, de classes, de laboratoires de recherche, d’équipements cliniques et de salles d’étude afin de répondre aux besoins des étudiants. Il doit exister une structure d’assistance administrative pour des choses telles que la conservation et l’enregistrement des dossiers académiques.

10.    Financement de la formation médicale

10.1  Les AMN, les gouvernements et les facultés de médecine devraient collaborer pour créer des mécanismes de financement afin de soutenir la formation médicale basique. Les étudiants et les facultés de médecine elles-mêmes ont besoin de soutien. Les ressources financières devraient être suffisantes pour que les facultés de médecine forment le nombre requis d’étudiants en médecine afin de répondre aux besoins sanitaires nationaux et régionaux.

III.   POSTGRADUATE MEDICAL EDUCATION

11.    Un diplômé de la faculté de médecine doit suivre une formation clinique approfondie avant d’être habilité officiellement à pratiquer la médecine de manière indépendante et, le cas échéant, doit obtenir une autorisation d’exercer. La formation médicale postuniversitaire, la seconde phase de la formation médicale permanente, prépare les médecins à la pratique d’une discipline ou d’une spécialité de la médecine. Cette formation se concentre sur des compétences spécifiques, telles que requises pour la pratique de cette spécialité.

12.    Les programmes de formation médicale postuniversitaire, appelés aussi programmes d’internat, incluent des expériences éducatives en faveur de l’acquisition de connaissances et compétences caractéristiques de la spécialité choisie. En fonction de cette dernière, les programmes postuniversitaires feront appel à une gamme de consultations cliniques en secteur hospitalier ou ambulatoire, y compris à des dispensaires, des hôpitaux ou d’autres établissements de santé. La formation des internes devrait associer un cursus didactique et une activité clinique incluant le diagnostic et la prise en charge des patients avec un niveau correct de supervision. Un programme d’internat doit veiller à ce que tous les internes puissent s’occuper d’un nombre adéquat de patients afin d’acquérir une expérience sur les maladies entrant dans leur spécialité. Ces expériences cliniques devraient se faire dans des établissements de haute qualité, la qualité de la formation et la qualité des soins étant étroitement liées et doivent être assurées afin de s’améliorer mutuellement.

13.    Il convient de conserver un juste équilibre afin que les internes ne soient pas recrutés pour répondre aux besoins des services cliniques au détriment de leur formation. Le programme d’internat devrait aussi permettre une activité estudiantine visant à favoriser la pensée critique, la résolution des problèmes cliniques et l’aptitude à continuer d’apprendre tout au long de la vie. Ces possibilités seront mises en place au cours de la formation médicale basique et devraient être consolidées au cours de l’internat afin de préparer et de motiver les internes à exercer ces compétences au cours de la pratique. En outre, il convient de maintenir un équilibre entre pratique clinique, formation et vie personnelle.

14.    Au cours du programme d’internat, un interne aura de plus en plus de responsabilités envers les patients, en fonction de la richesse de son expérience, de ses connaissances et ses aptitudes. Permettre à l’interne d’avoir de plus en plus de responsabilités nécessite un système d’évaluation pour suivre le gain de connaissances et d’aptitudes de l’interne au fil du temps. Il conviendrait également d’adopter une procédure pour déterminer si l’interne est prêt à exercer de manière indépendante dans sa spécialité.

15.    La formation continue post-universitaire doit être dispensée par des établissements agréés ou dont la qualité de la formation a été éprouvée.

IV.    FORMATION MÉDICALE CONTINUE

16.    La formation professionnelle continue* se définit comme toutes les formations qui maintiennent, développent ou augmentent les connaissances, les compétences, les performances et les relations professionnelles qu’un médecin utilise au quotidien pour servir les patients, le public et la profession. La formation professionnelle continue peut comporter des activités telles que l’implication dans les associations médicales nationales ou régionales; un travail au sein des comités dans les hôpitaux ou des cabinets de groupe ; l’enseignement, le tutorat et la participation à la formation au sein de sa propre spécialité ou plus largement au sein de la médecine.

17.    L’une des composantes de la formation professionnelle continue est la formation médicale permanente dans laquelle le médecin participe à des activités de formation en lien avec la médecine. Les médecins doivent renforcer leur formation médicale tout au long de leur carrière, y compris en acquérant de nouvelles connaissances et aptitudes en réponse aux découvertes scientifiques et à l’introduction de nouveaux traitements. De telles expériences éducatives sont essentielles pour les médecins : pour rester en phase avec les évolutions dans le domaine de la médecine clinique et l’environnement thérapeutique et pour continuer à entretenir les connaissances et les compétences inhérentes à des soins de grande qualité. Dans de nombreuses juridictions, la FMP est définie par spécialité et peut être exigée pour conserver son autorisation d’exercer.

18.    L’objectif de la formation professionnelle continue est d’aider et d’encourager largement les médecins compétents. Les écoles de médecine, les hôpitaux et les associations professionnelles partagent ensemble la responsabilité d’établir et de mettre à la portée de tous les médecins des programmes de formation professionnelle continue, y compris la formation médicale permanente.

 

RECOMMANDATIONS

19.    On exige des médecins qu’ils soignent, préviennent les maladies et donnent des conseils aux patients, au public et aux politiques sur les questions de santé. Cela signifie donc que la formation de base, la formation post-universitaire et la formation professionnelle continue doivent répondre aux plus hautes normes médicales. Les recommandations sont les suivantes :

19.1  L’AMM encourage les AMN, les gouvernements et les autres groupes intéressés à s’impliquer dans la planification pour une formation médicale permanente de qualité au niveau national, répondant aux besoins sanitaires de la population et déterminée par ces besoins.

19.2  L’AMM encourage les AMN à coopérer avec les facultés de médecine pour planifier et favoriser le développement des facultés afin d’enrichir les compétences des enseignants et des chercheurs.

19.3  L’AMM encourage les AMN et les gouvernements à dialoguer sur le financement des facultés de médecine et des programmes post-universitaires afin de disposer d’un nombre suffisant de médecins bien formés à même de répondre aux besoins sanitaires des pays.

19.4  Les AMN et les gouvernements doivent collaborer pour limiter les obstacles économiques qui empêchent des personnes qualifiées d’entrer en faculté de médecine et d’y faire leurs études.

19.5  L’AMM encourage les AMN à fournir des opportunités au niveau individuel et communautaire pour la formation professionnelle des médecins et la formation médicale permanente.

 

Note terminologique : le terme de formation professionnelle continue est utilisé de différentes manières. Il décrit par exemple les activités qui contribuent au perfectionnement professionnel d’un médecin y compris son implication dans la médecine organisée, comité de travail en hôpital ou dans des cabinets de groupe, l’enseignement, le tutorat et la lecture. L’une des composantes de la FPC devrait être la formation médicale permanente qui dans de nombreuses juridictions est bien définie et peut être requise pour être autorisé à exercer.

Adoptée par la 55ème Assemblée générale de l’AMM, Tokyo, Japon, octobre 2004,
réaffirmée par la 197ème Session du Conseil de l’AMM, Tokyo, Japon, avril 2014

et par la 217ème Session du Conseil de l’AMM, Séoul (en ligne), avril 2021
et révisée par la 74ème Assemblée générale de l’AMM, Kigali, Rwanda, octobre 2023

 

L’AMM :

  1. Reconnaît la nécessité et l’importance de bons standards généraux pour améliorer la qualité de l’enseignement médical;
  2. Atteste de la relation spéciale de l’AMM avec la World Federation for Medical Education (WFME), liée au fait d’avoir été l’un des fondateurs de la Fédération;
  3. Reconnaît être représentée au Conseil Exécutif de la WFME et à ce titre co-responsable du Projet WFME sur les standards internationaux de l’enseignement médical, en cours depuis 19971;
  4. Reconnaît le développement de la trilogie WFME de documents sur les standards généraux pour l’amélioration de qualité de l’enseignement médical, recouvrant l’enseignement médical de base2 et universitaire3 ainsi que de la formation continue des docteurs en médecine4;
  5. Reconnaît avoir approuvé5 les standards généraux WFME lors de la conférence mondiale sur l’enseignement médical: Global Standards in Medical Education for Better Health Care, à Copenhague, au Danemark en mars 20036;

Et par la présente,

  1. Encourage et soutient le travail en cours pour la mise en place de la Trilogie des Documents WFME sur les Standards Généraux pour l’Enseignement Médical.

 

Références:

  1. The Executive Council, The World Federation for Medical Education: International standards in medical education: assessment and accreditation of medical schools´ educational programmes. A WFME position paper. Med Ed 1998; 32: 549-558.
  2. World Federation for Medical Education: Basic Medical Education. WFME Global Standards for Quality Improvement. WFME, Copenhagen 2003. http://www.wfme.org
  3. World Federation for Medical Education. WFME Standards for Postgraduate Medical Education 2023
  4. World Federation for Medical Education: Continuing Professional Development (CPD) of Medical Doctors. WFME Global Standards for Quality Improvement. WFME Copenhagen 2003. http://www.wfme.org
  5. J.P. de V. van Niekerk. WFME Global Standards receive ringing endorsement. Med Ed, 2003; 37: 586-587.
  6. WFME website: http://www.wfme.org