Prise de position de l’AMM sur les droits des femmes aux soins de santé et leur corrélation avec la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant
Adoptée par la 53e Assemblée générale de l’AMM, Washington, Octobre 2002,
modifiée par la 64e Assemblée Générale de l’AMM, Fortaleza, Brésil, Octobre 2013
et par la 72e Assemblée générale de l’AMM (en ligne), Londres, Royaume-Uni, Octobre 2021
PREAMBULE
Depuis le début de l’épidémie mondiale de VIH, les femmes et les filles de nombreuses régions ont été touchées de manière disproportionnée par le virus. Les jeunes femmes (entre 15 et 24 ans) et les adolescentes (entre 10 et 19 ans) en particulier, représentent la grande majorité des nouvelles infections par le VIH.
Les inégalités entre les femmes et les hommes contribuent à la propagation du VIH. Elles accroissent les taux d’infection et réduisent la possibilité des femmes et des filles de pallier l’épidémie. Souvent, ce sont elles qui sont le moins informées sur le VIH et qui disposent du moins de ressources pour prendre des mesures de prévention. Les violences sexuelles, les violations courantes des droits des femmes, exacerbent le risque de transmission du VIH.
De nombreuses femmes et filles qui vivent avec le VIH subissent stigmatisation et exclusion, des situations qui sont aggravées par le manque de droits. Les femmes devenues veuves à cause du Sida ou qui vivent avec le VIH peuvent être confrontées à des conflits en matière de droits de propriété avec leur belle-famille, compliqués par un accès limité à la justice pour défendre leurs droits. Quel que soit leur statut vis-à-vis du VIH, les femmes assument généralement une part démesurée du fardeau que représentent les soins aux malades du Sida, aux mourants et aux orphelins qui restent. Cette situation réduit d’autant leurs perspectives d’instruction et d’emploi. Elle peut en outre réduire considérablement les efforts et stratégies de prévention de la transmission mère-enfant (PTME) du virus.
L’accès aux soins de santé, qu’il s’agisse de prévention ou de thérapie, est un droit humain fondamental, ce qui impose au gouvernement l’obligation d’assurer que ce droit humain est pleinement respecté et protégé. Les inégalités entre les femmes et les hommes doivent être traitées et éradiquées. Cela aurait des effets salutaires sur tous les aspects des soins de santé.
La promotion et la protection des droits reproductifs des femmes sont essentielles pour le succès de la lutte contre la pandémie de VIH/Sida.
RECOMMANDATIONS
L’AMM demande à toutes les associations nationales qui comptent parmi ses membres d’encourager leur gouvernement à prendre et à promouvoir les mesures suivantes :
- élaborer des programmes d’autonomisation des femmes de tous âges afin d’assurer que les femmes soient mieux soutenues, ne subissent plus de discrimination et qu’elles jouissent d’un accès universel et gratuit à une éducation à la santé reproductive et à une préparation à la vie courante ;
- élaborer des programmes visant à dépister le VIH et à assurer un traitement prophylactique sous la forme d’antirétroviraux à toutes les survivantes d’agression,
- assurer un accès universel aux thérapies et aux traitements antirétroviraux pour toutes les femmes infectées par le VIH et pour les femmes enceintes afin d’éviter la transmission du virus de la mère à l’enfant ;
- assurer le dépistage du VIH pour toutes les femmes enceintes dans le cadre des soins périnataux ordinaires et en les informant du droit du patient de refuser le dépistage. Ce dépistage doit être accompagné, dans le respect de la vie privée de la patiente, de conseils de base et d’informations sur le traitement approprié, le cas échéant ;
- L’information donnée aux patients doit être conforme aux principes du consentement éclairé. Toutes les femmes enceintes séropositives doivent en outre avoir un accès universel et gratuit à une thérapie antirétrovirale afin d’éviter la transmission du virus de la mère à l’enfant.