Résolution de l’AMM sur le soutien aux associations médicales en Amérique latine et aux Caraïbes
Adoptée par la 58ème Assemblée Générale de l’AMM, Copenhague, Danemark, octobre 2007
réaffirmée avec une révision mineure par la 207ème session du Conseil de l’AMM, Chicago, Etats-Unis, octobre 2017 et
révisée par la 74ème Assemblée générale de l’AMM, Kigali, Rwanda, octobre 2023
PRÉAMBULE
La pénurie de médecins, notamment dans les zones sensibles et périurbaines, constitue un phénomène mondial aux graves conséquences pour les systèmes de santé et exige l’adoption de politiques de recrutement et de rétention du personnel de santé. La mise en œuvre de programmes comme Más Médicos (PMM, « plus de médecins ») dans des zones défavorisées d’Amérique latine et des Caraïbes a permis de faire venir des médecins en renfort de soins de santé primaires qui autrement n’auraient pu être pratiqués, en raison de la pénurie de médecins.
Le PMM a notamment permis de faire venir un grand nombre de médecins étrangers, principalement cubains, pour travailler dans les systèmes de soins de santé primaires de nombreux pays où le maillage du territoire en médecins de soins de santé primaires était insuffisant.
Pendant la pandémie de COVID-19 notamment, Cuba a envoyé des milliers de médecins à dans le monde entier pour couvrir les besoins de nombreux pays. Des établissements de santé internationaux comme l’Organisation panaméricaine de la santé ont en outre facilité l’affectation de médecins cubains.
Cependant, des programmes tels que le PMM sont également préoccupants:
- Les éventuels bénéfices sanitaires du programme Más Médicos sont sapés par l’affectation massive de médecins dans des zones non prioritaires où ils remplacent les ressources locales.
- Le gouvernement cubain garde les trois quarts du salaire des personnels de santé qu’il envoie et de nombreux médecins se plaignent de terribles conditions de travail.
- Des rapports circonstanciés font état d’arrangements entre le gouvernement cubain et certains gouvernements d’Amérique latine et des Caraïbes pour court-circuiter les systèmes de validation des acquis mis en place pour contrôler les compétences des médecins et protéger les patients. Les patients pourraient donc être mis en danger par des pratiques médicales non règlementées et des médecins non qualifiés.
RECOMMANDATIONS
Rappelant sa prise de position sur les directives éthiques pour le recrutement des médecins au niveau international, qui énonce : « les médecins qui, à titre permanent ou temporaire, exercent leur profession dans un autre pays que leur pays d’origine doivent être traités sur un pied d’égalité vis-à-vis des autres médecins du pays » et « rien ne doit empêcher les pays de signer, conformément au droit international et en bonne connaissance des règles internationales sur les droits de l’homme, des accords bilatéraux et des accords de compréhension mutuelle pour assurer une coopération utile en matière de prestation de soins de santé, y compris les échanges de médecins », l’AMM :
- condamne toute politique ou action menée par des gouvernements conduisant à subvertir ou contourner les normes reconnues pour l’exercice de la médecine et la délivrance de soins médicaux ;
- appelle les gouvernements d’Amérique latine et des Caraïbes à travailler avec les associations médicales de la région pour toutes les questions ayant trait à la certification des médecins et à la pratique de la médecine et à respecter le rôle et les droits de ces associations médicales et l’autonomie de la profession médicale ;
- exhorte, au vu de la gravité de la situation, les gouvernements à respecter le Code international d’éthique médicale de l’AMM, la déclaration de Madrid de l’AMM sur la régulation assurée par la profession et la déclaration de Séoul de l’AMM sur l’autonomie professionnelle et l’indépendance clinique ainsi que sa prise de position sur les directives éthiques pour le recrutement des médecins au niveau international ;
- appelle à engager en priorité des investissements suffisants et pérennes dans les systèmes de santé nationaux afin d’assurer que l’ensemble de la population dispose de soins conformes aux normes de qualité les plus exigeantes.