Résolution de l’AMM sur la collaboration entre la médecine humaine et vétérinaire
Adoptée par la 59ème Assemblée Générale de l’AMM, Séoul, Corée, octobre 2008,
réaffirmée avec une révision mineure par la 210ème Session du Conseil, Reykjavik, Islande, octobre 2018
et par le 224ème Conseil de l’AMM, Kigali, Rwanda, octobre 2023
PRÉAMBULE
La plupart des maladies infectieuses humaines existantes qui apparaissent, y compris les agents du bioterrorisme, sont des zoonoses. Les zoonoses peuvent par définition infecter aussi bien les animaux et que les humains. De par leur nature même, la médecine humaine et la médecine vétérinaire sont complémentaires et en synergie pour faire face, maîtriser et prévenir toute infection d’une espèce à l’autre par les maladies zoonotiques.
La collaboration et la communication entre la médecine humaine et la médecine vétérinaire ont été très limitées au cours des dernières décennies. Les défis du 21ème siècle imposent toutefois une collaboration entre les deux médecines : le risque de maladies zoonotiques est en effet accru par la mondialisation des échanges et les changements climatiques, ainsi que par les changements de comportement des humains.
L’initiative dite « One Health » (« Une seule santé ») en cours d’exécution vise à améliorer la vie de toutes les espèces, humaine et animales, par la prise en compte à la fois de la médecine humaine et de la médecine vétérinaire(1). « One Health » vise à promouvoir et à établir un dialogue et une étroite collaboration entre la médecine humaine, la médecine vétérinaire et toutes les sciences de la santé apparentées afin de renforcer l’efficacité de la santé publique humaine et des soins de santé modernes pour les humains (et les animaux), par le biais d’une recherche biomédicale comparée.
Pour entretenir cette collaboration et cette communication, l’AMM travaille avec d’autres professions de santé par l’intermédiaire de l’Alliance mondiale des professions de santé, mais aussi l’Association vétérinaire mondiale.
L’AMM reconnaît l’impact des animaux et des soins vétérinaires sur la santé et les maladies humaines, au travers de ses propres politiques actuelles, notamment de ses prises de position sur l’utilisation des animaux dans la recherche biomédicale, sur la résistance aux antimicrobiens et sur la pandémie de grippe aviaire. L’AMM reconnaît également l’impact des changements climatiques sur la santé par le biais de sa déclaration sur la santé et les changements climatiques.
RECOMMANDATIONS
L’Association médicale mondiale devrait :
- soutenir la collaboration entre médecine humaine et médecine vétérinaire ;
- soutenir l’idée d’efforts éducatifs communs entre les facultés de médecine humaine et les écoles vétérinaires ;
- encourager les efforts communs en matière de soins cliniques par l’évaluation, le traitement et la prévention de la transmission des maladies d’une espèce à l’autre ;
- soutenir les efforts de santé publique en matière de surveillance et de maîtrise des maladies pouvant se transmettre d’une espèce à l’autre, en particulier par l’identification précoce des maladies et de leurs canaux de propagation ;
- Rappelant sa Déclaration sur la résistance aux antimicrobiens, demander instamment un engagement commun en faveur de la prévention et du contrôle de la résistance aux antimicrobiens en évitant l’utilisation excessive et abusive d’antimicrobiens en médecine humaine et vétérinaire, ainsi que dans la production alimentaire ;
- soutenir les efforts collectifs pour la mise au point, l’adoption et l’évaluation de méthodes de dépistage, de médicaments, de vaccins, de systèmes de surveillance et de politiques pour la prévention et la lutte contre les maladies qui se transmettent d’une espèce à l’autre ;
- poursuivre et renforcer son dialogue avec l’Association mondiale vétérinaire (AMV) au sujet des stratégies favorisant la collaboration entre les professions médicales vétérinaires et humaines sur le plan de la formation, des soins cliniques, de la santé publique et de la recherche biomédicale ;
- encourager ses membres constituants à nouer un dialogue avec leurs confrères vétérinaires au sujet de stratégies de collaboration entre les professions médicales humaines et vétérinaires dans leurs propres pays.