Family_Violence-Oct2010_F
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ASSOCIATION MEDICALE MONDIALE, INC.
PRISE DE POSITION DE L’AMM
SUR
LA VIOLENCE DANS LA FAMILLE
Adoptée par la 48e Assemblée générale Somerset West, Afrique du Sud, octobre 1996,
révisée par l’Assemblée Générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud, octobre 2006 et
par l’Assemblée générale de l’AMM, Vancouver, Canada, octobre 2010
Préambule
L’Association Médicale Mondiale, fortement préoccupée par la violence en tant que problème de
santé publique, rappelle la Déclaration de l’Association Médicale Mondiale de Hong Kong sur les
mauvais traitements des personnes âgées et la Déclaration de l’Association Médicale Mondiale sur
les mauvais traitements et la négligence envers les enfants, et exhorte les associations médicales
nationales à intensifier et déployer leurs efforts pour traiter le problème de la violence dans la
famille.
Le terme de violence dans la famille est utilisé pour désigner les mauvais traitements physiques
et/ou psychologiques infligés par une relation intime de la victime. Il englobe la violence conjugale
(parfois connue sous le nom de conjoints, de maris et de femmes battues), les mauvais traitements,
l’abandon et la violence sexuelle sur des enfants, les mauvais traitements des personnes âgées et un
grand nombre d’agressions sexuelles. La violence dans la famille est présente dans tous les pays du
monde et ne connaît pas de barrières sexuelles, raciales, ethniques, religieuses et socio-
économiques. Bien que différemment définie d’une culture à l’autre, la violence dans la famille
représente, en vertu du nombre de décès, de sévices et de traumatismes dont elle est la cause, un
problème majeur de santé publique. Pour beaucoup de victimes, les préjudices corporels ou
psychologiques peuvent signifier une incapacité chronique ou permanente. La violence dans la
famille est liée à l’augmentation des risques de dépression, d’anxiété, d’abus des drogues, et de
comportement préjudiciable contre soi-même, y compris le suicide. Souvent, les victimes de
mauvais traitements commettent elles-mêmes par la suite des actes de violence ou sont entraînées
dans des relations de violence. Bien que ce document traite essentiellement de la protection de la
victime, les besoins de celui qui commet des actes de violence ne devraient pas être négligés.
Bien que les causes de la violence dans la famille soient complexes, on en connaît certains facteurs.
On citera notamment la pauvreté, le chômage et autres formes de stress exogène, un comportement
d’acceptation de la violence pour résoudre les conflits, l’abus des drogues, l’abus d’alcool, la rigidité
des rôles masculin et féminin, le manque d’autorité parentale, l’ambiguïté des rôles dans la famille,
le manque de réalisme des attentes formulées par les membres de la famille, les conflits entre les
membres de famille, la réalité ou la virtualité de la vulnérabilité physique ou psychologique des
victimes par les auteurs de la violence, leur recherche du pouvoir et du contrôle d’autrui, et
l’isolation sociale de la famille, entre autres.
Position
Il est de plus en plus nécessaire d’aborder la réflexion et les mesures pratiques contre la violence de
façon globale plutôt que de se concentrer sur un type particulier de victime ou de communauté.
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Dans de nombreuses familles, lorsque l’un des conjoints, par exemple, est maltraité, il est fort
possible que les enfants et/ou les personnes âgées le soient également, souvent par une seule et
même personne. Par ailleurs, il existe de solides preuves que les enfants, victimes de mauvais
traitements ou témoins de violences à l’égard d’un autre membre de la famille, présentent de plus
grands risques de revivre plus tard, à l’adolescence ou à l’âge adulte, une situation dans laquelle ils
seront de nouveau les victimes ou les auteurs de mauvais traitements. Enfin, l’analyse de données
plus récentes fait apparaître que les victimes de violence dans la famille, du moins dans certaines
cultures, peuvent également commettre des violences à l’encontre des relations non intimes. Cela
veut dire que la violence dans la famille pourra non seulement avoir des répercussions sur le
développement de la violence au niveau de la famille, mais aussi au niveau plus large de la société
Les médecins et les associations médicales nationales devraient condamner des pratiques aussi
violentes que les meurtres liés à la dot et les crimes d’honneur.
Les médecins et les associations médicales nationales devraient s’opposer à la pratique du mariage
des enfants.
Les médecins ont un rôle important à jouer dans la prévention et le traitement de la violence dans la
famille. Naturellement, ils traiteront les préjudices, les maladies et problèmes psychiatriques des
victimes de mauvais traitements. Mais aussi, dans le cadre de la relation thérapeutique
médecin/patient, ils peuvent aider la victime à leur confier qu’elle est ou qu’elle a été victime de
mauvais traitements. Ils doivent régulièrement se renseigner sur d’éventuelles violences, notamment
lorsqu’ils se trouvent en présence de symptômes cliniques qui peuvent être associés à de mauvais
traitements. Ils peuvent aider les patients à trouver les moyens d’assurer leur sécurité et d’avoir
l’accès aux ressources de la communauté qui leur apporteront la protection et/ou l’intervention
nécessaire. Ils peuvent informer les parents de l’évolution et des effets préjudiciables de la violence
dans la famille, de la façon de gérer le stress, des différentes possibilités de traitement de la santé
mentale et, à titre préventif, des comportements qu’ils doivent adopter. Enfin, les médecins, en leur
qualité de citoyens, de notables de la communauté, et de spécialistes, peuvent prendre part à des
activités locales et nationales dont le but est de diminuer la violence dans la famille.
Les médecins reconnaissent que les victimes de violence trouvent peut-être difficile de faire
confiance à leur médecin dès le départ. Les médecins doivent être préparés à devoir instaurer une
relation de confiance au fil du temps avec leur patient pour que ce dernier accepte des conseils, de
l’aide et une intervention.
Recommandations
L’AMM recommande que les ANM adoptent les directives suivantes pour les médecins:
• Tous les médecins devraient recevoir une formation appropriée aux aspects médicaux,
sociologiques, psychologiques et préventifs de toutes les formes de violence dans la famille.
Cette formation devrait comprendre notamment une formation médicale générale de base, un
enseignement spécialisé au cours de la formation postuniversitaire et de la formation médicale
continue sur la violence dans la famille. Des instructions adéquates doivent être données aux
participants sur le rôle que joue le sexe, le pouvoir et d’autres éléments de la dynamique
familiale dans la présence de la violence au sein de la famille. La formation devrait également
porter sur la manière de rassembler des preuves et de signaler les cas de mauvais traitements.
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• Les médecins devront savoir faire un historique approprié des mauvais traitements présents ou
passés en tenant compte de la sensibilité culturelle de leur patient.
• Les médecins devraient toujours examiner et prêter attention à la présence de signes révélateurs
de mauvais traitements présents ou passés, dans le cadre d’un dépistage général ou en réaction à
des constatations cliniques symptomatiques.
• Les médecins devraient être incités à mettre à disposition des fiches, des brochures, des vidéos
et autres matériels éducatifs dans les salles de réception et services d’urgence afin d’offrir aux
patients une information générale en matière de violence dans la famille et de leur faire
connaître les secours et services dont ils peuvent disposer localement.
• Les médecins devraient avoir connaissance des services sociaux, communautaires et autres
pouvant aider les victimes de la violence. Ils devraient les utiliser et y envoyer leurs patients en
cas de besoin.
• Les médecins ont l’obligation d’envisager le signalement aux services de protection appropriés
des cas de violence suspectée contre les enfants et les autres membres de la famille qui ne
disposent pas de la capacité jurique.
• Les médecins devraient être bien conscients de la nécessité de conserver la confidentialité dans
les cas de violence familiale.
• Les médecins devraient être encouragés à prendre part aux activités communautaires dont
l’objectif est de réduire l’importance et l’impact de la violence dans la famille.
• Les médecins devraient être incités à s’abstenir de porter des jugements sur les personnes en
situation de violence familiale, de façon à accroître leur influence auprès des victimes, des
survivants et des auteurs. Il faudrait par exemple juger l’attitude et non la personne.
• Les associations médicales nationales devraient encourager et faciliter la coordination des
actions de lutte contre la violence dans la famille, entre les composantes du système de soins de
santé, les systèmes de justice criminelle, les organes chargés de l’application des lois, les
tribunaux pour les enfants et les affaires familiales ainsi que les organisations d’aide aux
victimes. Elles devraient aussi soutenir la prise de conscience par l’opinion publique et
l’éducation de la communauté.
• Les associations médicales nationales devraient encourager et faciliter la recherche afin de
comprendre la prévalence, les facteurs de risques et les conséquences de la violence, et une
prestation de soins optimale pour les victimes.
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