Prise de position de l’AMM sur la recherche sur les cellules souches


Adoptée par la 60e Assemblée générale de l’AMM, New Delhi, Inde, Octobre 2009
et révisée par la 71e Assemblée générale de l’AMM (en ligne), Cordoue, Espagne, Octobre 2020

 

PREAMBULE

La recherche sur les cellules souches fait aujourd’hui partie des domaines de la biotechnologie où la croissance est la plus rapide.

Les cellules souches peuvent être prélevées sur un tissu formé (cellules souches adultes) ou dans le sang placentaire via le cordon ombilical. Ces sources de prélèvement ne donnent lieu, a priori, à aucun dilemme éthique particulier.

On peut aussi obtenir des cellules souches d’un embryon en formation (cellules souches embryonnaires). L’obtention et l’utilisation de ces cellules souches soulèvent des questions éthiques spécifiques et, pour certaines personnes, peuvent s’avérer problématiques. La recherche peut également recourir aux cellules souches pluripotentes induites, que l’on peut obtenir à partir de tissus adultes et qui, dans certains cas, peuvent être équivalentes aux cellules souches embryonnaires d’un point de vue fonctionnel.

Certaines juridictions ont interdit l’utilisation de cellules souches embryonnaires D’autres ont autorisé l’usage d’embryons dits « en excédent » issus de procédures de fécondation in vitro à des fins de recherche, mais la production d’embryons à seule fin de recherche peut être interdite. D’autres juridictions n’ont pas de loi ou de règlementation spécifique concernant les cellules souches embryonnaires.

Les embryons humains sont considérés par certaines personnes comme relevant d’un statut éthique spécifique. Ce débat divise les spécialistes de l’éthique, les philosophes, les théologiens, les cliniciens, les scientifiques, les professionnels de santé, le grand public et les législateurs.

La fécondation in vitro implique la production d’embryons à l’extérieur du corps humain Dans de nombreux cas, certains des embryons produits ne sont pas nécessaires pour parvenir à une ou plusieurs grossesses. Ceux qui ne sont pas utilisés peuvent être donnés pour le traitement d’autres personnes, pour la recherche ou stockés pendant un certain temps avant d’être détruits.

Les cellules souches peuvent servir à la recherche sur la biologie du développement, la physiologie humaine et la pathogenèse. Il existe actuellement de nombreux programmes de recherche sur l’utilisation des cellules souches pour traiter des maladies humaines. Les thérapies par cellules souches adultes, parmi lesquelles l’utilisation de moelle osseuse, de sang ombilical ou de cellules souches dérivées du sang à des fins de transplantation, reposent sur plusieurs progrès cliniques importants et largement confirmés. En revanche, les études cliniques n’ont pas encore validé l’utilisation des cellules souches embryonnaires à des fins thérapeutiques.

Les cellules souches embryonnaires peuvent cependant se révéler supérieures aux cellules pluripotentes induites pour certaines applications. C’est pourquoi la recherche sur les cellules souches embryonnaires pourrait demeurer nécessaire. Certains experts anticipent le recours à un éventail de thérapies basées sur les cellules souches, y compris la transplantation de tissus génétiquement compatibles. Il est cependant trop tôt pour évaluer les probabilités de succès d’une thérapie basée sur les cellules souches.

Les opinions représentées au sein du grand public concernant la recherche sur les cellules souches sont aussi variées que celles des médecins et des scientifiques.  Le débat public porte principalement sur les inquiétudes que suscitent la mauvaise utilisation de la technologie, l’éventuel préjudice pour les patients et l’utilisation des embryons. Les produits issus de la recherche sur les cellules souches peuvent également poser des risques inédits, parce qu’on ignore leurs effets à long terme sur la santé, comme d’éventuelles mutations.

Il est probable que l’adoption de lois conformes aux principes éthiques établis rassurerait de nombreuses personnes dans le grand public, en particulier si de telles lois font l’objet d’une application et d’un suivi sérieux et fiables.

 

RECOMMANDATIONS

  1. Dans la mesure du possible, la recherche devrait être menée sur des cellules souches qui ne sont pas d’origine embryonnaire. La recherche sur des cellules souches issues d’embryons surnuméraires après une opération de procréation in vitro ne devrait avoir lieu que s’il n’est pas possible d’utiliser d’autres types de cellules souches (notamment les cellules pluripotentes induites) pour obtenir les résultats escomptés. Toute recherche et toute autre utilisation devrait être conforme à la résolution de l’AMM sur la non-commercialisation des éléments humains de reproduction.
  2. Toutes les recherches sur les cellules souches, quelle que soit leur origine, doivent être menées en respectant les principes éthiques établis et avec le consentement éclairé des personnes concernées. La législation, existante et à venir, doit également respecter ces principes afin d’éviter toute confusion ou tout conflit entre la loi et l’éthique
  3. Les principes éthiques devraient si possible être conformes aux accords internationaux En reconnaissant que divers groupes ont des opinions très différentes sur l’utilisation, notamment, des cellules souches embryonnaires, ces principes devraient être suffisamment flexibles pour permettre aux différentes juridictions de règlementer de manière appropriée leur niveau de recherche.
Prise de position
Cellule Souche Adulte, Cellule Souche Embryonnaire, CSA Dilemme éthique, CSE