Prise de position de l’AMM sur la coopération des associations médicales nationales pendant un conflit ou dans la période suivant un conflit
Adoptée par la 68e Assemblée Générale de l’AMM à Chicago, Etats-Unis, Octobre 2017
PRÉAMBULE
1. À travers l’histoire, il y a eu des conflits politiques au cours desquels les médecins et leurs instances professionnelles ont adopté et consolidé les politiques de leurs gouvernements respectifs en violation des normes éthiques médicales. Il y a aussi eu des cas où les médecins eux-mêmes se sont engagés dans des activités criminelles et ont rallié des idéologies dépourvues d’éthique. Même aujourd’hui, les conflits moraux et politiques peuvent conduire les médecins et leurs organisations à faire fi des obligations éthiques.
2. Pour éviter de telles violations du comportement éthique, les médecins et leurs organisations ont la responsabilité de se placer au-dessus des conflits nationaux, de favoriser le soutien professionnel mutuel et de baser leurs actions sur les plus hautes normes éthiques médicales y compris sur l’obligation primaire du médecin envers la santé de ses patients.
3. Toutes les associations médicales nationales et leurs membres ont l’obligation de préserver l’éthique de la médecine, de faire preuve d’une absolue franchise et honnêteté vis-à-vis des conflits passés et actuels ainsi que de sauvegarder les leçons tirées de toutes les formes de comportement ne respectant pas l’éthique. Cela inclut de toujours s’engager pour les droits humains, de rejeter explicitement toute forme de discrimination, qu’elle soit fondée sur l’appartenance ethnique, la religion, le genre ou l’orientation sexuelle ou autre et d’affronter les manquements moraux de la profession médicale.
4. Les médecins ont une obligation professionnelle et éthique à s’élever au-dessus des intérêts ethniques et nationaux. Les associations médicales ont un rôle à jouer pour combler l’écart entre les différents groupes humains grâce à leurs codes médicaux et éthiques, sans égard pour la politique, la religion, l’ethnie ou le contexte social. Le savoir-faire médical tel qu’il est représenté dans les associations médicales pourrait être un facteur puissant de rétablissement du respect des droits humains en général en temps de guerre et d’autres conflits.
RECOMMENDATIONS
5. L’Association médicale mondiale demande expressément aux associations médicales nationales de :
5.1 Se réunir régulièrement dans un esprit de coopération durable et amicale ;
5.2 Prendre l’initiative d’inviter des collègues des associations médicales des pays en conflit dans le but de rétablir un contact et une coopération entre ces associations ;
5.3 S’impliquer dans un échange véritable d’expérience et de connaissances avec la communauté médicale régionale et mondiale afin de préserver les normes éthiques et de soin les plus exigeantes ;
5.4 Veiller à ce que toutes les générations de médecins – y compris celles qui n’ont jamais été impliquées dans de mauvaises actions – soient conscientes de l’importance vitale de l’éthique médicale et des conséquences terribles de son non-respect. Pour ce faire, il convient d’intégrer ces principes à la formation médicale basique (voir la Résolution de l’AMM sur l’inscription de l’éthique médicale et des droits de l’homme au programme des écoles de médecine du monde entier) et à la formation continue tout au long de la carrière des médecins ;
5.5 Reconnaître leur obligation de travailler ensemble et avec d’autres autorités compétentes pour ne jamais oublier les dérives de l’éthique médicale ou les violations des droits humains et ainsi prévenir leur réapparition ;
5.6 Promouvoir la préservation et le développement de relations constructives au sein de la profession médicale, même après de regrettables conflits passés ou des conflits présents. Pour y parvenir, il est particulièrement important de s’impliquer dans une communication permanente empreinte de collégialité professionnelle.