Déclaration de Hong Kong de l’AMM sur les Mauvais Traitements des Personnes Agées
Adoptée par la 41e Assemblée Médicale Mondiale Hong Kong, Septembre 1989,
révisée par la 126e Session du Conseil Jérusalem, Israël, Mai 1990
et par la 170e Session du Conseil, Divonne-les-Bains, France, Mai 2005,
réaffirmée par la 200ème Session du Conseil, Oslo, Norvège, Avril 2015,
et, avec des révisions mineures, par le 227ème Conseil de l’AMM, Helsinki, Finlande, octobre 2024
PRÉAMBULE
Les personnes âgées peuvent souffrir de problèmes pathologiques comme les troubles moteurs et psychiques et les difficultés d’orientation. Il résulte de ces problèmes que les personnes âgées peuvent avoir besoin d’une assistance dans leurs activités quotidiennes qui les place en état de dépendance. Une telle situation peut alors amener la famille et la collectivité à les considérer comme une charge et en conséquence à réduire les soins et les services dont ils bénéficient ou à ne pas les assurer.
Les mauvais traitements ou la négligence vis-à-vis des personnes âgées peuvent se manifester de multiples manières, sur le plan physique, psychologique, émotionnel, financier et/ou matériel et médical. Les mauvais traitements envers les personnes âgées donnant lieu à de multiples définitions, il est difficile de comparer les conclusions sur la nature et les causes du problème. Un certain nombre d’hypothèses préliminaires ont été proposées concernant l’étiologie des mauvais traitements des personnes âgées, dont notamment: la dépendance envers autrui en matière de prestation de services ; le manque de liens familiaux étroits ; la violence dans la famille ; le manque de ressources financières ; la psychopathologie de l’auteur de mauvais traitements ; le manque de protection sociale ; et les facteurs institutionnels tels que les bas salaires et les mauvaises conditions de travail qui contribuent au mécontentement des soignants.
Les mauvais traitements des personnes âgées est un fait de plus en plus reconnu par les institutions médicales et les organismes sociaux. La première étape en faveur de la prévention des mauvais traitements et de l’isolement des personnes âgées consiste à élargir la conscience et la connaissance des médecins et autres professionnels de santé. Une fois identifiées les familles et les personnes à haut risque, les médecins peuvent participer à une prévention élémentaire en signalant les mauvais traitements au centre de service social ou communautaire approprié. Ils peuvent également aider et informer directement les patients et leur famille sur les situations à haut risque. Simultanément, les médecins devraient faire faire preuve d’attention et de sensibilité pour conserver la confiance du patient et sa vie privée, notamment dans le cas de patients compétents.
Par conséquent, l’Association médicale mondiale adopte les principes suivants concernant les mauvais traitements envers les personnes âgées.
Principes généraux
- Les personnes âgées ont les mêmes droits aux soins, au bien-être et au respect que les autres êtres humains.
- Les médecins ont la responsabilité de veiller à prévenir toutes les formes de mauvais traitements des personnes âgées.
- Les médecins, appelés par l’aîné directement, par la maison de retraite ou de soins, ou par la famille, veillent à ce que le patient reçoive les meilleurs soins possibles.
- Les médecins qui, selon les termes de la présente déclaration, constatent ou suspectent des mauvais traitements, devront discuter de la situation avec les responsables, qu’il s’agisse de la maison de retraite ou de la famille. S’ils constatent un cas de mauvais traitements ou s’ils considèrent un décès comme suspect, ils en informent les autorités compétentes.
- Afin de garantir la protection des personnes âgées dans leur environnement, il ne doit pas y avoir de restriction quant au droit de choisir librement son médecin. Les associations médicales devraient faire tout leur possible pour s’assurer que ce libre choix est garanti dans le système médico-social.
- L’Association médicale mondiale formule également les recommandations suivantes pour les médecins traitant des personnes âgées et invite ses membres constituants à faire connaître la présente déclaration à leurs membres et au public.
RECOMMANDATIONS
Les médecins traitant des personnes âgées devraient :
- tenter encore davantage d’établir un climat de confiance avec leurs patients afin de les encourager à se faire soigner lorsque cela est nécessaire et à se sentir à l’aise dans leur relation avec le médecin ;
- examiner et traiter les blessures par suite de mauvais traitements et/ou de négligences ;
- essayer d’établir ou de maintenir un lien thérapeutique avec la famille (le médecin est souvent le seul professionnel qui maintienne des relations à long terme avec le patient et la famille) tout en préservant dans toute la mesure du possible la vie privée du patient ;
- signaler tous les cas suspects de mauvais traitements et/ou de négligences de personnes âgées conformément à la législation locale ;
- faire appel, quand cela est possible, à une équipe multidisciplinaire de responsables issus des professions médicales, sociales, psychiatriques et juridiques ;
- encourager le développement et l’utilisation de ressources communautaires de soutien dispensant des soins à domicile, assurant une trêve des soins et réduisant les tensions pour les familles à haut risque.