Les médecins du monde entier priés de parler des inégalités en matière de santé *


Dans son discours inaugural en tant que nouveau Président de l’Association Médicale Mondiale, Sir Michael Marmot a lancé un appel aux médecins du monde entier pour qu’ils parlent des inégalités et des causes de mauvaise santé.

S’adressant à l’Assemblée Générale de l’AMM à Moscou, Sir Michael, Directeur de l’Institute of Health Equity au Collège UCL de l’université de Londres, a dit qu’il avait passé sa vie de chercheur  à montrer que les déterminants clés de la santé ne  se situaient pas dans le système de santé  mais au niveau des conditions dans lesquelles naissent, grandissent, vivent, travaillent et vieillissent les individus et  que les inégalités en termes de pouvoir, d’argent et de ressources généraient des inégalités sur le plan de la vie quotidienne.

« La manière dont nous organisons nos affaires au niveau communautaire ou à vrai dire  au niveau de la société, est une question de vie ou de mort. En tant que médecins nous ne pouvons pas rester à rien faire alors  que nos patients souffrent de la façon dont sont organisées nos sociétés. Les injustices  sur le plan social et économique sont au cœur du problème. »

Sir Michael veut que les médecins du monde soient désormais impliqués. Il a déclaré : « L’Association Médicale Mondiale défend les plus hautes normes éthiques dans la pratique médicale. Elle n’a pas peur de s’exprimer lorsque le droit des médecins d’accomplir  leur noble vocation est menacé. En tant que Président je veux que l’AMM adopte la même clairvoyance pour agir contre les causes de mauvaise santé et contre ce que j’appelle les causes des causes – les déterminants sociaux de la santé.

Dans son discours aux délégués de plus de 50 Associations Médicales Nationales, Sir Michael a déclaré : « Nous pouvons nous faire entendre, c’est ce que nous faisons et devons  faire, sur les inégalités sociales qui nuisent à la santé des populations que nous servons.

« Nous   devrions  nous exprimer à voix haute sur les grandes injustices observées  dans le monde qui génèrent des inégalités en matière de santé. En fait, j’estime que le lien entre la situation sociale et la santé est tel que les inégalités en matière de santé sont un bon indicateur du progrès social, bien davantage que la croissance des revenus. La santé et l’égalité en matière de santé non seulement sont essentielles mais reflètent aussi beaucoup d’autres choses qui font que la vie mérite d’être vécue :  la liberté de mener  la vie que nous avons raison d’apprécier. En tant que médecins, nous nous épanouissons dans la cause de la justice sociale. »

Beaucoup d’argent circule. De grandes inégalités  entre les pays et au sein des pays bloquent l’argent dépensée au  bénéfice des pauvres et des  nécessiteux. Sir Michael a illustré son propos en disant que si les 25 plus grands gestionnaires de fonds spéculatifs américains abandonnaient leurs revenus pendant un an, soit environ 23 milliards de $, le revenu de la Tanzanie doublerait.

Le meilleur moment pour commencer à traiter les inégalités en matière de santé est dès le départ l’équité  – un bon développement au cours de la petite enfance au sein de  la société. Une intervention à tous les stades de la vie pourrait aussi faire la différence. Permettre aux jeunes d’avoir un emploi, secourir les adultes dans la pauvreté, assurer un salaire décent, réduire la pauvreté énergétique, améliorer les conditions de travail, améliorer le voisinage et agir pour réduire l’isolement social des personnes âgées, tout cela sauve des vies.

En se référant à la stratification du développement au cours de la petite enfance, Sir Michael a déclaré :  si cela était causé par un produit chimique dans les aliments ou l’eau, nous pourrions en réclamer le retrait. Stopper les injustices maintenant. Involontairement peut-être nous tolérons de telles   injustices et sans  réclamer de grand changement, semble-t-il. La pauvreté n’est pas le seul agent polluant, les difficultés sociales également. Celles-ci ont un impact majeur sur le développement des cerveaux et limitent le développement intellectuel et social  des enfants. Il  existe un gradient social clair dans le développement intellectuel, social et émotionnel – plus le niveau social des familles est élevé, plus les enfants s’épanouissent et plus leur note est satisfaisante dans les mesures de développement. »

Sir Michael a souligné la question de la violence domestique. Il a indiqué que la prise de pouvoir par les femmes via l’éducation était la clé de la prévention. Il a ajouté : ‘Les preuves sont là : plus les femmes sont éduquées, moins elles sont exposées à la violence domestique. »

Sir Michael a dit qu’il y avait beaucoup d’injustice dans le monde mais qu’il était optimiste quant au fait que nous pouvions faire la différence.

Pour le texte complet de son discours, cliquer sur here.