Les craintes liées à l’utilisation de la morphine conduisent des millions de patients à souffrir inutilement, explique une consultante


Les préjugés et les craintes des professionnels de santé liés à l’utilisation de la morphine pour soulager la douleur conduisent des millions de patients à souffrir inutilement.

Dr. Mary Cardosa, une anesthésiste et une spécialiste de la douleur, également Présidente sortante de l’Association Médicale Malaysienne, a déclaré que des dizaines de millions de personnes dans le monde souffrent inutilement et présentent des symptômes débilitants liés à des maladies telles que le cancer, le diabète avancé, les maladies cardiaques, d’autres maladies non transmissibles et le VIH et la TB.

« Ces patients ont besoin de soins palliatifs, de services de santé à même de restaurer ou de préserver leur qualité de vie et de leur permettre de vivre dignement. En dépit de ce fort besoin, les services de soins palliatifs demeurent rares dans une grande partie du monde » a dit le Dr. Cardosa lors de la semaine de l’Assemblée Mondiale de la Santé, à Genève.

Dr Cardosa a ajouté : « Au-delà de politiques nationales sur la douleur et les soins palliatifs, des efforts doivent être accomplis y compris dans le domaine de l’éducation du public et des professionnels de santé afin de surmonter les obstacles à une gestion efficace de la douleur et des soins palliatifs.

« Parmi les grands défis à relever figurent les préjugés et les craintes des professionnels de santé quant à l’utilisation de la morphine qui est essentielle pour soulager  les patients souffrant de douleurs aigües ainsi que ceux dont le cancer est à un stade avancé ou ceux souffrant d’autres pathologies douloureuses.

« La morphine est un analgésique bon marché et efficace pour de tels patients mais est souvent inaccessible en raison des obstacles légaux ou pire parce que les professionnels de santé craignent une accoutumance et des effets secondaires, parce que l’on ne sait pas prescrire correctement la morphine et les substances apparentées pour soulager les souffrances de ces patients. »

Dr. Cardosa a indiqué que l’Alliance Mondiale des soins palliatifs estimait que près d’une centaine de pays ne possédaient pas de services de soins palliatifs, que 74 pays avaient de tels services mais limités à des zones isolées et ne touchant qu’une petite part des patients en ayant besoin.

Elle a fait savoir que le bureau exécutif de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’Assemblée Mondiale de la Santé (AMS) devaient discuter l’année prochaine des besoins en soins palliatifs et des obstacles. La réunion de l’AMM aujourd’hui, organisée avec d’autres instances dont Human Rights Watch et l’Association Africaine pour les soins palliatifs, avait pour objectif de discuter des modèles efficaces de  soins palliatifs dans diverses régions du monde et d’échanger des points de vue sur la manière dont une éventuelle résolution de l’AMS pourrait promouvoir le plus efficacement les soins palliatifs.

Dr. Cardosa a dit que la création d’une coalition mondiale pour les soins palliatifs permettrait de mettre un terme aux souffrances inutiles liées aux symptômes que l’on peut soigner pour des millions de personnes touchées, notamment dans les pays où les services de soins palliatifs n’existent pas encore.

La réunion aujourd’hui a été subventionnée par les missions permanentes auprès des NU du Panama, de l’Ouganda et des Etats Unis et organisée par l’AMM avec l’Association Africaine pour les soins palliatifs, l’Asociacion Latino americana de Cuidados Paliativos,  l’Hospice Africa Uganda, Human Rights Watch,  l’International Association for Hospice and Palliative Care, le Kenya Hospice Palliative Care Association, les Open Society Foundations l’Union for International Cancer Control.

En 2011, l’AMM a adopté une Déclaration sur les soins médicaux en fin de vie avec des recommandations sur la gestion de la douleur et un appel à toutes les Associations Médicales Nationales pour l’élaboration de politiques nationales sur les soins palliatifs.