Le président de l’AMM met en garde contre un burnout généralisé des médecins
Le nouveau Président de l’Association médicale mondiale (AMM) a tiré la sonnette d’alarme aujourd’hui sur la pandémie de dépression due au surmenage qui touche les médecins du monde entier.
Le Dr Leonid Eidelman, ex-président de l’Association médicale israélienne, a prononcé son discours d’intronisation lors l’assemblée générale annuelle de l’AMM, qui se tient actuellement à Reykjavik, en Islande. C’est au cours de ce discours qu’il a déclaré que près de la moitié des dix millions de médecins dans le monde présentaient des symptômes de burnout, tels qu’épuisement émotionnel, désengagement interpersonnel et faible sentiment d’accomplissement personnel.
Les causes de cette pandémie, « un choc pour la médecine moderne », sont à chercher, entre autres, dans des conditions de travail très exigeantes et soumises à une évolution rapide.
Il a ajouté : « Le burnout des médecins est le symptôme d’un mal plus diffus : un système de soins de santé qui sollicite exagérément, et de plus en plus les médecins, tout en sous-évaluant leurs besoins de santé ».
Le Dr Eidelman a mis en garde contre le danger que représente cet état de burnout pour l’ensemble de la société : « Pendant des années, la pratique de la médecine a suivi des traditions anciennes : un médecin possédait un ensemble unique de connaissances, qu’il mobilisait dans le cadre des soins qu’il dispensait à ses patients. Ce type d’interaction entre médecin et patient était au fondement d’une relation personnelle, la relation de soin. Mais les forces à l’œuvre dans l’évolution de la société et de la médecine du XXIe siècle transforment cette tradition ».
Il a indiqué qu’il consacrerait cette année à la présidence de l’AMM à la question de l’évolution de la médecine et du rôle du médecin à l’horizon 2030.
« Je crois qu’il est temps pour l’AMM de porter un regard renouvelé, complexe et scientifique sur l’avenir et d’aider les médecins comme les patients à se préparer aux grands changements qui toucheront la médecine au fil de la prochaine décennie.
On nous prédit une médecine reposant sur des dossiers médicaux électroniques, des robots, l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique, ainsi que sur des moyens de communication hautement perfectionnés.
Nous pouvons prédire que les médecins fourniront des services intégrés dans le cadre d’équipes multidisciplinaires et qu’ils assureront des tâches plus complexes, dans un environnement de travail de plus en plus complexe également. La question qui subsiste cependant est : qui dirigera ces équipes ? »
Le Dr Eidelman a souligné que le surmenage des médecins compromettait la qualité des soins et écourtait le temps de vie pendant lequel un médecin était en capacité d’exercer son métier.
« Cette “espérance de vie professionnelle” réduite pose un gros problème dans une société qui souffre déjà d’un manque de médecins, ce qui est le cas de la plupart des pays du monde. À l’avenir, outre la couverture santé universelle, nous aurons besoin d’un nombre croissant de médecins en bonne santé ».
La qualité et la sécurité des soins apportés aux patients dépendent de médecins hautement performants.
« Les médecins sont confrontés à un niveau de stress professionnel effarant, entre des tâches administratives croissantes, des frais de fonctionnement en hausse, l’adaptation à des technologies nouvelles et une demande de soins de première ligne de plus en plus forte de la part des patients ».
Le Dr Eidelman a conclu : « Quels que soient les changements qui nous attendent, les patients et les médecins continueront d’exister, et nous continuerons d’honorer notre contrat social.
Chaque jour, nos patients nous accordent le grand privilège d’être invités dans leur vie. Nous les assistons quand ils naissent et quand ils meurent, nous leur donnons des conseils et du réconfort, nous prévenons, traitons et suivons leurs pathologies. Nos patients nous font confiance et nous avons toujours pris très au sérieux notre rôle militant. Ce rôle fait partie intégrante de notre professionnalisme et nous maintiendrons nos patients au cœur de toutes nos actions ».