Déclaration de l’AMM sur la pandémie de grippe aviaire
Adoptée par la 57e Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud, Octobre 2006
et amendée par la 69e Assemblée Générale de l’AMM à Reykjavik, Islande, Octobre 2018
Préambule
La pandémie de grippe humaine se produit trois ou quatre fois par siècle. La grippe pandémique est due à l’apparition d’un nouveau virus de la grippe A qui se transmet facilement d’une personne à l’autre et contre laquelle l’être humain n’est pas ou peu immunisé. La prévention et les mesures d’éloignement social (éviter les foules) peuvent contribuer à ralentir la propagation du virus. Il peut être difficile d’élaborer un vaccin car on ne peut prévoir les souches de la grippe qui apparaîtront. C’est pourquoi il est essentiel de maintenir un approvisionnement adéquat en antiviraux pour traiter les populations à risque et maîtriser tout risque de propagation de la maladie.
La grippe aviaire est une infection zoonotique qui, outre les oiseaux et les volailles, peut se transmettre sporadiquement aux humains. Les oiseaux infectés abritent de grandes quantités de virus dans leurs fèces, muqueuses et salive. De plus, une nouvelle pandémie peut se développer si un humain est infecté simultanément par les virus de la grippe humaine et de la grippe aviaire, avec pour conséquence une permutation de gènes et une nouvelle souche virale pour laquelle il n’y aurait pas d’immunité. Les humains peuvent être exposés au virus, et infectés par la bouche, les yeux ou par l’inhalation de particules du virus. Nous disposons également de données limitées selon lesquelles il existe des cas de transmission d’un humain à un autre.
Cette prise de position, ainsi que la prise de position de l’AMM sur les épidémies et les pandémies, vise à guider les associations médicales nationales et les médecins sur la manière dont ils peuvent s’impliquer dans le processus de planification d’une pandémie ou lutter contre une épidémie de grippe ou de grippe aviaire dans leurs pays respectifs.
Recommandations
Grippe aviaire
Lorsqu’on observe l’émergence d’une souche de grippe aviaire, il convient de prendre les mesures suivantes :
- éviter les sources d’exposition autant que faire se peut, c’est la mesure de prévention la plus efficace ;
- utiliser un équipement de protection individuel et adopter des mesures d’hygiène des mains, pour toutes les personnes manipulant des volailles comme pour les membres du personnel de santé
- détruire tous les oiseaux infectés/exposés et mettre les carcasses au rebut de manière appropriée, désinfecter soigneusement les fermes ou les mettre en quarantaine ;
- maintenir des stocks de vaccins et d’antiviraux en prévision d’une éventuelle poussée épidémique ;
- utiliser éventuellement des médicaments antiviraux comme des inhibiteurs de la neuraminidase.
Préparation à une pandémie de grippe
OMS et autorités sanitaires nationales :
Il incombe à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de coordonner la réaction internationale à une pandémie de grippe. L’OMS privilégie actuellement une approche « tous risques », pour permettre une réponse coordonnée fondée sur le degré de gravité de la pandémie.
L’OMS devrait :
- offrir, autant que de besoin, une assistance technique et de laboratoire aux pays touchés et réaliser le suivi permanent des niveaux d’activité des souches de grippe responsables de la pandémie et, le cas échéant, déclarer en temps utile une urgence de santé publique de portée internationale.
- superviser et coordonner les processus mis en œuvre par les gouvernements pour partager les éléments biologiques dont ils disposent, comme les souches de virus, afin de faciliter la production de vaccins et leur diffusion au niveau mondial ;
- communiquer au plus tôt les informations dont elle dispose sur l’activité de la grippe afin de permettre une réaction en temps opportun.
Les gouvernements nationaux sont appelés à mettre en place des plans d’action nationaux en vue d’assurer :
- que les capacités locales en matière de diagnostic et de surveillance permettent le suivi permanent de l’activité de la grippe à travers le pays ;
- que les capacités de mobilisation rapide des hôpitaux, laboratoires et infrastructures de santé publiques sont suffisantes et les améliorer au besoin ;
l’identification des cadres légaux, éthiques et des structures de gouvernance relatifs à la planification de la pandémie ; - l’identification des mécanismes adéquats et des autorités concernées afin de lancer et intensifier les interventions visant à ralentir la propagation du virus au sein de la communauté : fermetures d’écoles, mises en quarantaine, fermeture de frontières, etc.
- la préparation des stratégies de communication de crise et de messages d’alerte pour prévenir l’inquiétude de la population et des médias ;
- le partage des éléments biologiques dont ils disposent, comme les souches de virus, afin de faciliter la production de vaccins et leur diffusion au niveau mondial ;
- que les efforts de diagnostic et de surveillance se poursuivent et que les stocks de vaccins et d’antiviraux soient adéquats ;
- que soient mis en place des protocoles de gestion des patients au sein des communautés, d’orientation au sein des établissements de santé, de gestion de la ventilation ainsi que d’élimination des déchets infectieux ;
- l’attribution de doses de vaccins, d’antiviraux et de lits d’hôpital est coordonnée avec des experts ;
- que la vaccination bénéficie prioritairement aux groupes à hauts risques, notamment les personnes qui maintiennent la continuité des services de base, notamment les services de santé ;
- l’orientation et l’information en temps utile vers les services de santé régionaux, les organisations de santé et les médecins ;
- la préparation d’une augmentation de la demande de soins de santé et de l’absence de nombreux soignants, notamment si la maladie s’avère d’une gravité clinique élevée. Dans de tels cas, le classement par priorité et la coordination des ressources disponibles est indispensable. Il pourrait s’avérer nécessaire de mobiliser les capacités du secteur privé si les ressources de l’État se révélaient insuffisantes ;
- le financement adéquat de la préparation et de la lutte contre la pandémie, ainsi que de la réponse à ses conséquences sanitaires et sociales ;
- que les mécanismes permettant de garantir la sécurité des établissements de soins de santé, du personnel et la chaîne d’approvisionnement en vaccins et en antiviraux soient en place, le cas échéant ;
- la promotion et le financement de la recherche en vue d’élaborer des vaccins et des traitements efficaces à long terme contre la grippe ;
- que soit encouragée la collaboration entre la médecine humaine et vétérinaire pour la prévention, la recherche et la lutte contre la grippe aviaire.
Les associations médicales nationales sont appelées à :
- définir leur implication dans le plan de préparation à une épidémie nationale de grippe, ce qui pourrait supposer de renforcer les capacités au sein de la communauté des médecins, participer à l’élaboration de recommandations et d’une communication avec des professionnels de santé ;
- aider à informer la population au sujet de l’épidémie de grippe et de grippe aviaire ;
- lorsque cela est possible, coopérer avec des homologues étrangers et d’autres organisations de professionnels de santé pour identifier les difficultés communes et les politiques idoines permettant de préparer l’arrivée de l’épidémie de grippe et d’y répondre ;
- le cas échéant, envisager de mettre en œuvre des stratégies de soutien aux membres impliqués dans la lutte contre l’épidémie comme les services de santé mentale, les équipes d’intervention d’urgence et les suppléants, entre autres ;
- défendre, avant ou au cours d’une épidémie, l’attribution des ressources appropriées pour satisfaire les besoins prévisibles ou qui se feraient jour au sein du secteur de la santé, des patients et de la population ;
- encourager le personnel de santé à se protéger en se faisant vacciner ;
- créer des plans de poursuite de l’activité propres à leur organisation afin d’assurer un appui permanent à leurs membres.
Les médecins :
- doivent être suffisamment formés aux épidémies de grippe et aux risques de transmission, y compris en termes d’épidémiologie locale, nationale et internationale ;
- devraient mettre en œuvre des mesures de lutte contre l’infection, y compris la vaccination, afin de se protéger et de protéger leur personnel pendant les épisodes épidémiques de grippe, notamment saisonnière ;
- doivent participer à la planification, à la préparation et à la formation à la lutte contre les épidémies de grippe, au niveau local et régional ;
- créer des plans de poursuite de l’activité pour faire face à d’éventuelles perturbations au sein de services de base et à des manques de personnel.