Résolution de l’AMM sur la Tuberculose
Adoptée par la 57ème Assemblée générale de l’AMM, Pilanesberg, Afrique du Sud, octobre 2006
Révisée par la 68ème Assemblée générale, Chicago, Etats-Unis, octobre 2017
Et réaffirmée avec des révisions mineures par le 221ème Conseil de l’AMM, Berlin, Allemagne, octobre 2022
PRÉAMBULE
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la tuberculose est une menace considérable pour la santé publique dans le monde. Les pays du Sud-Est asiatique et d’Afrique sont les plus touchés.
Dans les pays en voie de développement, l’incidence de la tuberculose (TB) a augmenté de façon spectaculaire en raison de la prévalence élevée du VIH/SIDA, qui accroît les migrations de populations, l’urbanisation et la surpopulation. L’incidence et la gravité de la maladie sont étroitement associées aux conditions de vie sociales et économiques au sein d’une population, ainsi qu’aux ressources disponibles dans le système de santé.
La tuberculose constitue également une menace grave pour les patients souffrant de cancers, les patients ayant subi une transplantation d’organe et les patients sous thérapie immunologique.
L’émergence de souches de la bactérie tuberculosis résistantes aux médicaments de première intention est devenue une menace majeure pour la santé publique mondiale, sous les formes de la tuberculose multirésistante (MDR-TB) et ultrarésistante (XDR-TB). Cette résistance croissante de la maladie aux médicaments antimicrobiens est complexe et ses origines sont multiples, ce qui nécessite l’adoption d’une approche multisectorielle.
La sensibilisation de la population, l’éducation à la santé et la promotion de la santé sont aujourd’hui des outils essentiels de la prévention de la tuberculose.
Le dépistage des groupes à haut risque (tels que les personnes vivant avec le VIH/SIDA), du personnel de santé dans les pays où la tuberculose est endémique et des populations vulnérables (migrants, prisonniers, personnes sans domicile fixe) doit être envisagé en fonction de chaque contexte épidémiologique national comme un composant de la prévention de la tuberculose. Il est également recommandé de procéder à un dépistage systématique auprès de toutes les personnes ayant été en contact avec les personnes infectées.
Le diagnostic rapide à l’aide de tests moléculaires et le lancement d’un traitement quotidien précoce et rigoureusement supervisé devraient contribuer à stopper la propagation de la maladie.
La vaccination BCG (vaccin bilié de Calmette et Guérin) dès que possible après la naissance devrait se poursuivre, conformément aux critères de l’Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires (IUATLD), jusqu’à ce qu’un nouveau vaccin plus efficace soit disponible.
L’intensification de la recherche et de l’innovation sont également considérées comme des impératifs dans la lutte contre l’épidémie et les formes résistantes de la maladie qui émergent actuellement.
RECOMMANDATIONS
Conformément à sa déclaration d’Oslo sur les déterminants sociaux de la santé et sa déclaration d’Edimbourg sur les conditions carcérales et la propagation de la tuberculose et d’autres maladies transmissibles, l’Association médicale mondiale insiste sur le fait que la tuberculose est une maladie associée à des facteurs socioéconomiques tels que la pauvreté, le mal-logement, la malnutrition et la stigmatisation et recommande de tenir compte de ses facteurs et de les intégrer aux politiques de lutte contre la tuberculose.
L’AMM appuie la stratégie de l’OMS pour en finir avec la tuberculose et appelle tous les gouvernements, la population, la société civile et les secteurs privés à agir ensemble pour éliminer totalement la tuberculose dans le monde.
L’Association médicale mondiale, en consultation avec l’OMS et les autorités sanitaires nationales et internationales poursuivra donc son travail de sensibilisation de la population aux symptômes de la tuberculose et de renforcement des capacités du personnel de santé pour identifier et diagnostiquer précocement les personnes atteintes de la tuberculose et assurer un soutien à un traitement centré sur le patient, y compris un traitement complet de brève durée sous surveillance directe (DOTS), ou une autre thérapie adaptée.
L’AMM appelle en outre :
les États membres
- à assurer un accès équitable aux dispositifs existants de lutte contre la tuberculose ;
- à accorder les moyens financiers, matériels et humains adéquats à la recherche sur la tuberculose et le VIH/SIDA et à la prévention de ces maladies, notamment du personnel soignant bien formé et des infrastructures de santé publique adaptées ;
- à assurer que les professionnels de santé aient pleinement accès à tous les équipements médicaux et de protection dont ils ont besoin afin de limiter le risque d’infection et de propagation de la maladie ;
- à appuyer les efforts de renforcement des capacités des professionnels de santé en matière de méthodes diagnostiques rapides, pour accroître la disponibilité de ces méthodes dans le secteur public comme dans le secteur privé et assurer une meilleure gestion de la tuberculose, y compris ses formes multirésistante et ultrarésistante.
- à s’attaquer à la charge que représentent la tuberculose MDR et la tuberculose XDR pour les populations carcérales en pratiquant le plus tôt possible des tests de sensibilité aux médicaments sur des isolats de patients présentant une tuberculose active et lorsque le patient peine à prendre son traitement convenablement, mettre en œuvre un programme de thérapie sous surveillance directe.
ses Membres constituants
- à soutenir le programme national de lutte contre la tuberculose de leur pays en sensibilisant les professionnels de santé à la prise en charge de la tuberculose et au signalement rapide des cas de tuberculose au sein de la population ;
- à promouvoir les méthodes de prévention de la tuberculose telles que l’hygiène respiratoire, les mesures d’hygiène en cas de toux et l’élimination sûre des expectorations ;
- à encourager leurs membres à signaler en temps utile aux autorités compétentes tous les patients chez qui on a diagnostiqué la tuberculose ou qui ont été placés sous traitement antituberculeux à des fins de dépistage de sujets contacts et à réaliser un suivi adéquat de ces patients jusqu’à la fin du traitement ;
- à encourager une pharmacovigilance efficace ainsi qu’un suivi et une gestion actifs de la sécurité des médicaments antituberculeux afin de détecter, de traiter et de signaler tout cas présumé ou confirmé de toxicité médicamenteux. Les Membres constituants sont également invités à encourager leurs membres à contribuer activement à ces systèmes de gestion ;
- à coordonner leurs actions et celles de leur programme national de lutte contre la tuberculose et promouvoir les lignes directrices qui ont été adoptées auprès de tous leurs membres.