Déterminants Sociaux
Les déterminants sociaux de la santé pour combattre les inégalités
Les inégalités en santé entre les personnes d’un même pays ou de pays différents sont l’un des aspects de la justice sociale, qui nécessitent une action urgente. Il est clair que ces inégalités en santé trouvent leur origine dans les différentes circonstances dans lesquelles les personnes naissent, grandissent, vivent, travaillent, vieillissent et meurent. Ces circonstances dépendent de facteurs plus globaux : sociaux, politiques, culturels, environnementaux et économiques.
Consciente de l’existence des déterminants sociaux de la santé (DSS), l’Association médicale mondiale (AMM) a adopté en 2011 la Déclaration d’Oslo, dans laquelle non seulement elle souligne l’importance de reconnaître l’incidence des déterminants sociaux de la santé, mais elle se propose également de participer à la lutte contre ces facteurs en diffusant des connaissances et des compétences médicales et en rassemblant des informations sur les moyens dont disposent les médecins pour mettre en échec ces déterminants sociaux.
Inégalités en santé
Face à des préoccupations croissantes liées à la persistance ou à l’aggravation des inégalités, l’OMS a créé en 2005 une Commission des déterminants sociaux afin de guider les États membres et ses propres programmes en recueillant des données factuelles sur les déterminants sociaux de la santé et les manières de réduire ces inégalités. Le rapport final de la Commission, « Combler le fossé en une génération », a été publié en août 2008. Il contient les statistiques suivantes :
– Le risque de décès pendant ou peu après la grossesse n’est que de 1 sur 17 400 naissances en Suède alors qu’il est de 1 sur 8 en Afghanistan.
– Dans les bidonvilles de Manille, plus de 39 % des enfants âgés de 5 à 9 ans sont déjà infectés par la tuberculose, soit le double de la moyenne nationale.
– Au Costa Rica, le renforcement des soins de santé primaires a permis de réduire le taux de mortalité infantile de 60 pour 1000 naissances vivantes en 1970 à 19 pour 1000 en 1985.
– En Asie, les paiements directs versés par les patients au moment de la prestation des services de santé ont propulsé 2,7 % de la population totale de 11 pays à revenu faible et moyen au-dessous du seuil d’extrême pauvreté de 1 USD par jour.
– En Bolivie, la mortalité des enfants dont la mère n’a pas d’instruction est supérieure à 100 pour 1000 naissances vivantes alors que celle des enfants dont la mère a au moins achevé l’enseignement secondaire est inférieure à 40 pour 1000.
Agir sur les déterminants sociaux de la santé
Le rapport contient une évaluation de l’impact des déterminants sociaux de la santé et des recommandations qui permettraient d’améliorer les conditions de vie et de travail afin d’atteindre le niveau d’égalité sociale nécessaire pour donner à tout le monde la possibilité d’exercer son droit à la santé. Le rapport met l’accent sur la nécessité d’une approche multidisciplinaire pour parvenir à l’équité en santé. Le seul renforcement du secteur de la santé ne suffit pas. Les politiques à long terme visant à améliorer l’état de santé de la population doivent se décliner dans tous les secteurs de la société. Les auteurs du rapport appellent le gouvernement, la société civile, les organisations internationales et les décideurs qui façonnent les conditions de vie des personnes à agir. Le rapport se conclut sur trois recommandations globales : améliorer les conditions de vie quotidienne, mettre fin à la répartition inégalitaire des pouvoirs, de l’argent et des ressources et mesurer et analyser le problème et évaluer l’efficacité de l’action menée.
L’Assemblée mondiale de la santé a adopté en mai 2009 une résolution intitulée « Réduire les inégalités en matière de santé par une action sur les déterminants sociaux de la santé », qui appelle la communauté internationale, notamment les agences des Nations unies, les entités intergouvernementales, la société civile et le secteur privé à travailler en collaboration avec les États membres de l’OMS et son secrétariat pour évaluer les conséquences des politiques et des programmes consacrés aux inégalités en santé et prendre des mesures pour déjouer les déterminants sociaux de la santé. En outre, les bureaux régionaux de l’OMS ont commandé des études de cas (en anglais) en vue de la Conférence mondiale sur les déterminants sociaux de la santé. Ces études de cas présentent des exemples de mesures efficaces mises en œuvre pour réduire les inégalités en santé dans un grand nombre de domaines, comme les transferts monétaires conditionnels, les programmes de lutte contre la violence fondée sur le genre ou contre la tuberculose ou encore les politiques de renforcement de la santé maternelle et infantile.
En 2014, l’AMM a accueilli, avec l’Association médicale australienne, le sommet international de la santé, qui a été l’occasion d’insister sur l’importance des déterminants sociaux de santé et d’inviter instamment la communauté médicale à intensifier ses efforts en la matière. L’AMM collabore actuellement avec l’OMS à la rédaction d’un livre numérique sur les déterminants.