Déclaration de Montevideo de l’AMM sur la Préparation aux Catastrophes et sur la Réponse Médicale


Adopté par la 62e Assemblée générale de l’AMM, Montevideo, Uruguay, octobre 2011

Ces dix dernières années, le monde entier a été confronté à une série de graves évènements qui ont éprouvé les moyens existants sur place pour assurer les soins de santé et qui ont dépassé les systèmes de réponse médicale d’urgence. Les conflits armés, les attaques terroristes et les catastrophes naturelles telles que les séismes, les inondations et les tsunamis dans différentes parties du monde non seulement ont affecté la santé de la population vivant dans ces zones mais ont sollicité le soutien et une réponse de la communauté internationale

De nombreuses associations médicales nationales ont envoyé des équipes d’intervention dans de telles situations désastreuses.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le Centre de recherche sur l’épidémiologie des catastrophes (CRED), la fréquence, la magnitude et le coût de ces catastrophes naturelles et du terrorisme sont en augmentation partout dans le monde. Au siècle dernier, près de 3millions et demi de personnes ont été tuées dans le monde à cause de catastrophes naturelles ; près de 200 millions ont été tués en raison de désastres d’origine humaine (guerres, terrorisme, génocides par ex.). Tous les ans, les désastres entraînent des centaines de morts et coûtent des milliards de dollars du fait de l’interruption du commerce et de la destruction de l’habitat et des infrastructures essentielles.

La vulnérabilité des populations (en autre du fait de la plus grande densité de population, de l’urbanisation, du vieillissement) a accru le risque de catastrophes et de situations d’urgence en matière de santé publique. La mondialisation reliant tous les pays via une interdépendance économique a conduit à une augmentation des voyages et du commerce international. Une telle activité a conduit à une plus grande densité de population dans les villes et un déplacement plus important des  populations   vers les zones côtières et les autres régions sensibles en termes de catastrophes. L’augmentation des voyages internationaux pourrait accélérer le rythme auquel une maladie infectieuse émergente ou un agent du bioterrorisme se diffuse à travers le globe. Les changements climatiques et le terrorisme sont devenus des facteurs majeurs pouvant influencer la fréquence des catastrophes et nécessitent donc un suivi et une attention continus.

L’émergence des maladies infectieuses telles que la grippe H1N1 et le syndrome respiratoire aigue sévère (SRAS) ainsi que la récente apparition du virus du Nil occidental et de la variole simienne dans l’hémisphère occidental renforce la nécessité d’être constamment vigilant et de planifier la préparation et la réponse aux nouvelles émergences de santé publique inattendues.

La probabilité croissante de catastrophes liées au  terrorisme et affectant de vastes populations civiles concerne tous les pays. L’inquiétude demeure quant à la sécurité de l’arsenal nucléaire, chimique et biologique mondial ainsi que du recrutement de personnes capables de le produire ou de l’utiliser. La nature potentiellement catastrophique d’une attaque terroriste « réussie » configure un évènement pouvant exiger des ressources  et  une préparation des professionnels d’une ampleur disproportionnée.  Des catastrophes naturelles telles que les tornades, les ouragans, les inondations et les séismes ainsi que celles liées à l’industrie et aux transports sont beaucoup plus fréquentes et peuvent aussi placer dans une situation de grave tension les infrastructures  médicales, la santé publique et les systèmes de réponse aux situations d’urgence.

A la lumière des récents évènements mondiaux, il devient de plus en plus clair que tous les médecins doivent être de plus en plus professionnels dans la reconnaissance, le diagnostic et le traitement des  nombreuses victimes, avec une approche tous risques à la gestion et à la réponse aux catastrophes. Ils doivent pouvoir reconnaitre les caractéristiques  générales des catastrophes et des urgences de santé publique, savoir comment les signaler et où obtenir davantage d’informations, si besoin est. Les médecins sont sur la ligne de front lorsqu’ils traitent des blessures et des maladies – qu’elles soient dues à des microbes, à des dangers environnementaux, des catastrophes naturelles, des collisions autoroutières, au terrorisme ou à d’autres calamités.  Une détection et un suivi précoces sont essentiels pour minimiser le nombre de victimes via un travail d’équipe avisé dans le secteur de la santé publique et privé et via du personnel d’intervention d’urgence.

L’AMM, représentant les médecins du monde, exhorte ses membres à une défense/sensibilisation de ce qui suit :

  • Promouvoir un ensemble de compétences standards afin d’assurer une cohérence au sein des programmes de formation aux catastrophes dans toutes les spécialités de médecine. De nombreuses AMN organisent des formations aux catastrophes et possèdent une expérience en matière de réponse aux catastrophes. Ces AMN peuvent partager leurs connaissance et  plaider en faveur d’un certain niveau normalisé de formation pour tous les médecins, peu importe leur spécialité ou nationalité.
  • travailler avec les gouvernements nationaux et locaux pour établir ou actualiser des banques de données  régionales et un mappage géographique d’informations sur les ressources de santé, les capacités, les aptitudes et la logistique afin de participer aux efforts de secours médical dans le pays et  dans le monde, là où cela est nécessaire. Cela pourrait inclure  des informations sur les organisations de secours locales, l’état des hôpitaux locaux et des infrastructures sanitaires, des maladies endémiques et des maladies émergentes ainsi que d’autres informations importantes de santé publique et touchant à la clinique pour contribuer à une intervention médicale en cas de catastrophe. De plus, les systèmes destinés à communiquer directement avec les médecins et les autres prestataires de soins sur le front devraient être identifiés et renforcés.
  • travailler avec les gouvernements nationaux et locaux afin d’établir et de tester des programmes de gestion des catastrophes pour les soins cliniques et la santé publique y compris les bases éthiques pour la fourniture de tels programmes.
  • encourager les gouvernements au niveau national et local à travailler au delà des frontières classiques départements et autres à l’établissement d’une planification nécessaire. planification.

L’AMM pourrait être un canal de communication pour les AMN pendant de telles crises en leur permettant de coordonner leurs activités et de travailler ensemble.

Déclaration
Désastre, Epidémiologie, Santé publique, Soins d'urgence, Système de réponses médicales urgentes