Prise de position de l’AMM sur la Sécurité des Injections dans les Soins de Santé
Adoptée par la 53ème Assemblée générale de l’AMM, Washington, octobre 2002
réaffirmée avec des révisions mineures par le 192ème Conseil de l’AMM, Bangkok, Thailande, octobre 2012
et par le 221ème Conseil de l’AMM, Berlin, Allemagne, octobre 2022
PRÉAMBULE
L’Organisation mondiale de la Santé estime à des milliards le nombre d’injections administrées chaque année dans le cadre des soins de santé. Or, beaucoup d’entre elles sont pratiquées dans des conditions peu sûres.
Les maladies les plus courantes provoquées par ces injections peu sûres sont l’hépatite B, l’hépatite C et le VIH.
Les médecins sont impliqués dans la prescription et/ou l’administration des injections. Ils sont donc bien placés pour apporter des changements de comportement qui permettraient une utilisation sûre et appropriée des injections.
L’AMM est consciente que les injections dangereuses résultent d’un manque de formation, de la surutilisation des injections thérapeutiques et de pratiques à risque, parmi lesquelles : l’utilisation de seringues et d’aiguilles non ou insuffisamment stérilisées, la réutilisation de seringues et la mauvaise utilisation d’équipements et de fournitures.
Les injections dangereuses participent du gaspillage des ressources de soins de santé qui pourrait être évité par la mise en place d’un certain nombre de mesures et l’adoption de stratégies efficaces de sensibilisation à l’échelon local, national et régional.
L’attitude du médecin et des règles inappropriées d’exercice de la profession peuvent contribuer à l’utilisation excessive d’injections thérapeutiques, le médecin supposant parfois à tort que la satisfaction du patient dépend de la prescription d’injections ou acceptant des incitations en échange d’une prescription superflue d’injections.
Il convient de promouvoir un changement d’attitude des patients et des professionnels de santé afin d’assurer la sécurité des injections et de limiter toute utilisation excessive.
Des pratiques sûres d’injection permettent d’éviter tout préjudice au receveur, à l’administrateur de l’injection, mais aussi à l’ensemble de la population, tout en évitant la propagation de différents pathogènes comme les hépatites B et C et le VIH. Elles font ainsi partie intégrante de la prévention de ces infections.
RECOMMANDATIONS
Compte tenu des différentes parties impliquées pour parvenir à une plus grande sécurité des injections, l’AMM appelle :
ses Membres constituants
- à coopérer avec leurs gouvernements ou d’autres autorités compétentes pour élaborer des politiques efficaces d’utilisation appropriée et sûre des injections, comprenant notamment un financement suffisant, l’évaluation des pratiques actuelles d’injection et l’élaboration d’un programme complet ;
- à élaborer un tel programme, appuyant la mise à disposition de fournitures adaptées pour des injections sûres, comprenant des mesures pour l’application de normes de stérilisation appropriées selon que de besoin et la gestion des déchets piquants et coupants ainsi que des programmes de formation décourageant l’utilisation excessive des injections et promouvant les pratiques d’injection sûres.
les médecins du monde entier
- à informer leurs patients que nombre de médicaments non injectables sont aussi efficaces et fiables que les injections ;
- à prescrire, dans la mesure du possible, des médicaments par voie non parentérale et promouvoir les médications non parentérales équivalentes aux injections ;
- à ne recourir aux injections que lorsqu’elles sont sans danger et appropriées et à veiller à ce que ces injections ne causent de préjudice ni à la personne qui les reçoit, ni à la personne qui les administre, ni à la population ;
- à n’utiliser pour l’élimination des matériels vulnérants (aiguilles, lames de bistouris, etc.) usagés que des récipients destinés à cet effet et à ne pas réutiliser les étuis d’origine tout en veillant si possible à n’utiliser que des seringues jetables ;
- à sensibiliser les patients et les professionnels de santé aux risques que présentent les injections peu sûres et à les encourager à changer leur comportement afin de promouvoir la sécurité des injections. La formation des soignants devrait insister sur l’importance de ne pas réutiliser l’étui des aiguilles.