Conseil international des infirmières favorable au droit d’un infirmier de refuser d’alimenter de force des prisonniers détenus à Guantánamo


Genève – Le Conseil international des infirmières (CII) et l’Association Médicale Mondiale (AMM) appellent la Marine des États-Unis à respecter les droits de l’infirmier militaire ayant refusé de prendre part à l’alimentation forcée de prisonniers détenus à la base de Guantanamo, et à réintégrer cet infirmier dans ses fonctions.

Citant la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Code déontologique du CII pour la profession infirmière et la prise de position du CII sur le rôle du personnel infirmier dans les soins aux détenus et aux prisonniers, le Dr David Benton, directeur général du Conseil international des infirmières, « affirme haut et fort que le personnel infirmier ne devrait pas être appelé à participer volontairement à quelque infliction de souffrance que ce soit, physique ou mentale. En agir autrement reviendrait à bafouer le code de pratique éthique de la profession infirmière. »

Le Dr Xavier Deau, Président de l’AMM, a déclaré: « L’AMM soutient pleinement le CII sur les droits des professionnels de la santé de refuser de forcer les prisonniers à s’alimenter. Notre position sur alimentation forcée est tout à fait claire; il est violent et contre le principe de l’autonomie individuelle, et aucun médecin ou infirmière devrait être forcé de prendre part à une telle pratique. Au-delà d’être une approche tout à fait inappropriée pour sauver des vies, la pratique est un traitement dégradant, inhumain et pourrait équivaloir à de la torture. »

Selon ses avocats, l’infirmier militaire a refusé de participer à l’alimentation forcée d’un groupe de détenus dans la prison de Guantánamo, à Cuba. Ces détenus ont entamé une nouvelle grève de la faim pour dénoncer leur détention arbitraire et illimitée. Le chef du personnel de la Marine des États-Unis doit encore rendre sa décision sur le sort de l’infirmier.

Le CII affirme que le personnel infirmier doit être protégé contre les représailles liées à la défense des prisonniers et des détenus ou au refus de participer à des soins forcés ainsi qu’à des traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Le CII a collaboré étroitement avec l’American Nurses Association (ANA) et les Physicians for Human Rights dans le soutien public de l’infirmier. L’ANA souligne que son code de déontologie « défend clairement le droit du personnel infirmier enregistré de poser un jugement indépendant et éthique quant à l’opportunité de participer ou non à telle ou telle activité ».

Le CII, conscient du fait que les sociétés doivent adopter des mesures de sécurité pour protéger leurs citoyens et empêcher les actes terroristes, insiste cependant sur la nécessité de trouver un juste équilibre à cet égard, dans le respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Cette nécessité a été soulignée de manière éloquente par le président des États-Unis, M. Barack Obama, dans un discours prononcé le 23 mai 2013 à la National Defense University « Que penser d’une situation où nous alimentons de force des détenus en grève de la faim ? Cela nous ressemble-t-il vraiment ? Nos Pères fondateurs avaient-ils prévu une chose pareille? Et qu’en penseront nos enfants ? Notre sens de la justice est plus fort que cela1. »“

1 Bureau de presse de la Maison-Blanche (23 mai 2013). Remarques du Président devant la National Defense University, Fort McNair, Washington D.C., USA. www.whitehouse.gov/the-press-office/2013/05/23/remarks- president-national-defense-university