Il est demandé à l’Organisation mondiale de la santé d’agir face aux attaques subies par le personnel de santé et les centres médicaux


Un grand nombre d’organisations de santé et d’organisations non gouvernementales ont demandé à l’Organisation Mondiale de la Santé de prendre des mesures face à l’augmentation continuelle des attaques subies par le personnel de santé et les centres médicaux dans les zones de conflit et de troubles civils.

Dans un courrier commun adressé au Dr. Margaret Chan, Directrice Générale de l’OMS, les organisations font savoir  que ces attaques menacent la santé, les systèmes de santé et le maintien sur place de travailleurs sanitaires. Elles demandent instamment à l’OMS de réunir un groupe d’experts pour trouver une solution afin de collecter systématiquement les informations concernant de tels agissements au  niveau mondial et d’étudier la manière de renforcer la protection des systèmes de santé.

Extrait du courrier : « Ces dernières semaines, des rapports font état d’arrestations et d’attaques subies par les médecins dans l’accomplissement de leur devoir éthique qui est de soigner les patients dans le besoin. Ces rapports ne fournissent qu’un aperçu d’un problème bien plus vaste qui est celui du manque de protection du personnel de santé pendant les périodes de crise. Ces attaques non seulement empêchent l’accès aux soins mais  constituent aussi un véritable défi pour les systèmes de santé en limitant leur fonctionnement pendant des périodes d’instabilité et en entravant le développement d’infrastructures sanitaires afin de répondre aux besoins en ressources humaines, une fois la stabilité retrouvée.

Le courrier indique que l’OMS fait autorité pour assister tous les personnels de santé dans des situations où ils risquent leur vie pour soigner leurs patients en apportant ses compétences spécifiques dans la mise au point de méthodes destinées à collecter les preuves de ces attaques.

Les organisations demandent la création d’un programme de collecte des informations afin d’en assurer le signalement,  l’identification des besoins pour mieux comprendre le problème et des conseils pour une meilleure protection. Cela s’inscrit dans les fonctions essentielles de l’OMS qui sont de fournir des statistiques sur la santé et de « réduire les conséquences sur la santé des situations d’urgence, des désastres, des crises et des conflits et de minimiser leur impact social et économique. » Le courrier indique qu’il est crucial d’avoir des preuves manifestes si l’on veut comprendre la nature et la portée à court et long terme des crises sur les systèmes de santé et si l’on doit intervenir à titre préventif. Les organisations signataires du courrier sont : l’Association Médicale Mondiale, le Corps Médical International,Human Rights Watch, Save the Children UK, Merlin, IntraHealth International, Medact, Physicians for Human Rights, International Federation of Health and Human Rights Organizations, Le Conseil International de Réhabilitation pour les victimes de la Torture, the International Rescue Committee, Health Poverty Action UK et l’International Health Protection Initiative, la Public Health Institute, Management Sciences for Health, Family Care International et People’s Health Movement. Hormis ce courrier, l’Association Médicale Mondiale, la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health et IntraHealth International se réuniront le Mardi 17 mai, dans la semaine où se tient l’Assemblée Mondiale de la Santé à Genève. Cette rencontre vise  à encourager également les actions de la communauté sanitaire internationale pour protéger des attaques pendant les périodes de conflit les médecins, les infirmières, les autres travailleurs sanitaires et les patients. Le gouvernement des Etats Unis co-sponsorise l’évènement. Dr. Wonchat Subhachaturas, Président de l’AMM, a déclaré : « Les nombreux rapports récents faisant état de l’arrestation et de l’attaque de médecins pendant les périodes de troubles civils mettent en évidence le fait que la communauté sanitaire internationale et l’OMS doivent fournir le leadership requis. Il a ajouté « Prendre la santé pour cible non seulement est préjudiciable pour les patients ayant un cruel besoin de soins mais porte aussi gravement atteinte à la capacité de service à long terme des institutions de santé et des  gouvernements. « Leonard Rubenstein, chercheur à la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health  et impliqué depuis longtemps dans les droits à la santé et les droits humains, a déclaré: « Une solide documentation est toujours la première chose requise pour la protection des droits humains mais dans le cas d’attaques à la santé, elle reste une exception. »

Maurice Middleberg, Vice-président des politiques mondiales chez IntraHealth International, a ajouté: « La mort de travailleurs sanitaires est déjà un obstacle majeur aux services fondamentaux des personnes pauvres et vulnérables. La violence ou les menaces de violence sapent totalement les efforts entrepris pour pallier ce problème. Les travailleurs sanitaires sont tués, blessés, kidnappés, dans l’incapacité d’accéder aux patients ou doivent fuir. Il faut agir de toute urgence. »

Parmi les intervenants à cette réunion figureront le Dr. Nils Daulaire, Directeur, Bureau des Affaires sanitaires mondiales, Département américain des services sanitaires et sociaux: Dr. Robin Coupland, Conseiller médical, Comité International de la Croix Rouge; Dr. Torunn Janbu, Président du Comité d’éthique de l’AMM ; Miatta Gabanya, infirmière et ambassadrice pour Merlin et Leonard Rubenstein, Chercheur à la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health.

Maurice Middleberg d’IntraHealth, sera le modérateur de la réunion.