L’AMM demande expressement aux Nations Unies d’abandonner l’approche en silo pour les maladies non transmissibles


Les Nations Unies ont été instamment priées par l’Association Médicale Mondiale de changer de stratégie en ce qui concerne les maladies non transmissibles et d’étendre leurs actions à d’autres maladies évitables.

Dans un discours ce jour (Lundi) au sommet des NU à New York, le Président de l’AMM, Dr. Wonchat Subhachaturas, a fait part de ses inquiétudes sur l’approche actuelle des maladies non transmissibles en cours d’adoption par les NU parce que cette approche est restrictive et centrée sur des maladies.

« En mettant principalement l’accent sur les maladies cardiovasculaires, le cancer, le diabète et les maladies respiratoires chroniques, nous craignons que les gouvernements  se focalisent uniquement sur les améliorations dans ces secteurs, en occultant les importants besoins d’autres MNT majeures  telles que les maladies mentales, les maladies musculosquelettiques, les maladies bucco-dentaires et les accidents. Conséquence de cette approche linéaire ou « en silo », les autres grands secteurs de la santé seront privés de ressources ».

En saluant l’intégration des troubles mentaux, des maladies bucco-dentaires et des maladies ophtalmiques dans la déclaration politique de la réunion au sommet des NU, le Dr. Subhachaturas a déclaré que le fléau des MNT était souvent multiple et chronique, les pathologies et souffrances des individus nombreuses et que seule une approche mixte, basée sur des soins primaires, sur la collaboration et holistique pourrait réussir.

« Nous plaidons pour une approche complète reliant les facteurs de risques individuels aux déterminants sociaux et économiques de la santé, aux conditions de naissance, de développement, de vie, de travail ainsi qu’à l’âge et aux influences sociétales. D’entrée de jeu, les Etats membres doivent traiter les MNT avec les déterminants sociaux de la santé et les maladies transmissibles – et non pas de manière isolée. »

Il a posé une question : pourquoi l’espérance de vie d’un enfant naissant aujourd’hui devrait être  plus courte que celle de ses parents.

« C’est malheureusement le risque que nous courons à présent si nous ne travaillons pas tous ensemble après cette réunion des Nations Uniessur des stratégies visant à réduire le fléau à la fois des maladies non transmissibles et des maladies transmissibles. C’est le lourd héritage que nous transmettons  aux nouveaux-nés actuels. «

Il a expliqué qu’il fallait mettre l’accent sur le fait que l’accès à de véritables soins de santé constituait un droit humain. En considérant la réussite en matière de santé comme un simple enjeu statistique, on prive les individus des soins auxquels ils ont droit.

« Nous craignons beaucoup que les discussions actuelles, notamment sur les objectifs en termes de maladies, réduisent les soins de santé à des dispositions techniques très limitées. Cette approche oublie les approches de santé centrées sur la personne et celles de santé publique centrées sur la population, toutes autant importantes. Elles sont vitales pour tous et actuellement inexistantes dans beaucoup trop de systèmes  de santé.

« Pour progresser, il convient d’établir des systèmes de santé basés sur de solides soins primaires. Ces derniers ne peuvent pas se limiter à servir des intérêts particuliers. Les maladies ne se réduisent pas à une catégorie chez un patient. Nous savons qu’un patient peut présenter des troubles mentaux, un diabète et de l’hypertension – tout en même temps.

Il a déclaré que l’AMM avec d’autres professions de santé au sein de l’Alliance Mondiale des Professions de Santé avait lancé un appel aux Etats membres pour qu’ils accordent plus d’attention à la prévention, au traitement et à la rééducation dans le cadre des MNT dont beaucoup ont des causes réversibles.  Il a instamment demandé que soient prises des mesures immédiates et durables pour lutter contre cette sérieuse menace pour la santé humaine et le développement humain et que les actions suivantes soient menées :

  • Adopter une approche holistique des facteurs de risque communs
  • Passer d’un nombre limité de maladies à la vaste multitude des MNT.
  • Se concentrer sur un accès équitable aux soins de santé en tant que droit humain afin de s’attaquer aux disparités au sein et entre les pays.
  • Accorder une attention au lien entre les maladies non transmissibles et les déterminants sociaux de la santé, en mettant l’accent sur des facteurs plus vastes ayant un impact sur les comportements et les risques sanitaires associés.
  • Mettre l’accent sur les soins de santé primaires en tant que manière de renforcer les systèmes de soins par une approche complète intégrant la prévention, les traitements spécialisés et la rééducation.