Résolution du Conseil de l’AMM sur l’utilisation d’agents de lutte antiémeute et sur les violations des droits humains à l’encontre de manifestants en Turquie


Adoptée par la 229ème session du Conseil de l’AMM, Montevideo, Uruguay, avril 2025

PRÉAMBULE

En réaction à l’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu, et d’autres figures de l’opposition en mars dernier, d’importantes manifestations s’organisent à travers la Turquie. Les médias relatent l’utilisation par la police de gaz lacrymogènes, de balles en plastique et de canons à eau pour réprimer les manifestants et les passants de tout âge, y compris des enfants.

Parmi les conséquences graves à court et à long terme pour la santé qui ont été répertoriées à la suite de l’utilisation de gaz lacrymogènes et d’autres agents de lutte antiémeute, nous pouvons citer des troubles respiratoires, des lésions oculaires, des irritations cutanées et d’éventuels traumatismes psychologiques, affectant non seulement les manifestants, mais également les passants, les riverains et le personnel médical.

Il a également été signalé des mauvais traitements et d’autres pratiques contraires aux normes internationales, telles que « l’Ensemble de règles minima des Nations Unies concernant le traitement des détenus » (les règles Nelson Mandela) et les principes éthiques de l’AMM. En voici quelques exemples :

  • des détenus ont été menottés dans le dos par la police et fouillés alors qu’ils étaient toujours menottés ;
  • des médecins ont été contraints de procéder à des examens médicaux sur des détenus, dans des conditions susceptibles de compromettre leur éthique professionnelle, leur indépendance et le bien-être des détenus.

RECOMMANDATIONS

Rappelant les principes éthiques de l’AMM et son engagement en faveur de la santé et des droits humains de tous et de toutes, y compris le droit de réunion pacifique, le Conseil de l’AMM, réuni à Montevideo les 24 et 25 avril 2025,

  • dénonce l’utilisation inappropriée d’agents de lutte antiémeute qui mettent en danger la vie des personnes visées et exposent les personnes se trouvant à proximité, ce qui s’apparente à une violation potentielle des droits Humains, comme l’indique la Prise de Position de l’AMM sur les agents chimiques anti-émeutes;
  • condamne sans équivoque toute pression ou contrainte exercée sur les médecins pour qu’ils effectuent des examens médicaux sur les détenus dans les centres de détention.

Le Conseil de l’AMM demande donc instamment aux autorités turques de :

  • cesser immédiatement d’utiliser des gaz lacrymogènes et d’autres agents de lutte anti-émeute contre les manifestants pacifiques ;
  • veiller à ce que toutes les personnes blessées aient accès sans entrave à des soins médicaux pendant les manifestations et s’abstenir de toute action susceptible d’entraver ou de mettre en danger le personnel médical ;
  • veiller à ce que les professionnels de la santé puissent exercer leur activité dans le respect de leurs obligations éthiques, sans crainte de représailles;
  • respecter et protéger les droits des manifestants pacifiques ;
  • mener des enquêtes approfondies et impartiales sur les allégations de violations des droits humains à l’encontre des manifestants et traduire les auteurs de ces actes en justice.
Résolutions du Conseil
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