S-2005-04-2015_OVF

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L’Association Médicale Mondiale ⏐ S-2005-04-2015
Manuel des Politiques de l’AMM
PRISE DE POSITION
DE
L’AMM CONCERNANT LA RÉFORME SUR LA
RESPONSABILITÉ MÉDICALE
Adoptée par la 56
e
Assemblée générale de l’AMM, Santiago, Chili, Octobre 2005
et réaffirmée par la 200
e
Session du Conseil de l’AMM, Oslo, Norvège, Avril 2015
1. La multiplication du nombre de procès que connaît le monde aujourd’hui affecte de
façon hostile la pratique de la médecine et corrode la qualité et l’accès aux services de
santé. Certaines associations médicales nationales signalent une responsabilité médi-
cale en état de crise alors que le développement des poursuites en justice contribue à
augmenter les coûts de santé, à limiter l’accès aux services de soins et à brider les
efforts permettant d’améliorer la sécurité du patient et la qualité. Dans d’autres pays,
les réclamations pour faute médicale sont moins rampantes mais les associations
médicales nationales doivent être attentives aux problèmes et circonstances suscepti-
bles d’augmenter la fréquence et l’exigence des demandes d’indemnité pour faute
réclamées aux médecins.
2. Les demandes d’indemnité pour faute ont provoqué une forte augmentation des coûts
de santé, en déviant les ressources de soins limitées en direction du système judiciaire
et en les détournant de leur destination directe, à savoir, les soins du patient, la re-
cherche et la formation médicale. La multiplication du nombre de procès a également
quelque peu voilé la distinction entre négligence et effets indésirables inévitables,
avec souvent pour résultat une énonciation aléatoire des normes de santé. Cela a
donné lieu à des extrapolations faisant valoir que n’importe qui peut intenter un procès
pour presque n’importe quoi, en faisant le pari de gagner le gros lot. De tels agisse-
ments engendrent cynisme et méfiance envers les systèmes à la fois médicaux et
juridiques et entraînent des conséquences préjudiciables à la relation médecin/patient.
3. Par l’adoption de la présente prise de position, l’Association Médicale Mondiale invite
instamment les associations médicales nationales à demander que soit mis en place
dans leurs pays respectifs un système de justice médicale fiable. Les systèmes juridi-
ques doivent s’assurer que les patients sont protégés contre des pratiques préjudi-
ciables, que les médecins sont protégés contre les actions en justice condamnables et
que l’énonciation des normes de santé sont cohérentes et fiables de sorte que chacune
des parties sait ce qu’elle doit faire.
4. L’Association Médicale Mondiale souhaite par la présente déclaration informer les
associations médicales nationales des faits et problèmes relatifs aux demandes d’in-
demnité pour faute médicale. Dans chaque pays, compte tenu des systèmes législatif
et juridique tout comme des traditions sociales et conditions économiques, certaines
parties de la présente prise de position peuvent ne pas s’appliquer à toutes les Asso-
ciation Médicale Nationales mais ne remettent pas en cause l’importance cruciale
d’une telle prise de position.
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Manuel des Politiques de l’AMM
5. L’augmentation de la fréquence et de la gravité des réclamations pour faute médicale
peut notamment résulter de l’une ou plusieurs des circonstances suivantes:
a. Les progrès des connaissances et des techniques médicales qui permettent au-
jourd’hui aux médecins de réaliser des choses autrefois impossibles, provoquent
cependant dans bien des cas des risques considérables.
b. Les pressions exercées sur les médecins par les organismes de santé privés ou les
systèmes de santé publics dans le but de limiter les coûts des soins médicaux.
c. La confusion entre, le droit à l’accès aux soins, qui peut être acquis, et le droit à la
santé et à son maintien, qui ne peut être garanti.
d. La responsabilité des médias qui poussent à la méfiance à l’égard des médecins
en mettant en doute leur compétence, leurs connaissances, leur comportement et
la gestion des patients et par l’invitation de ces patients à formuler des plaintes
contre les médecins.
6. Il importe de faire une distinction entre un préjudice résultant d’une négligence et un
effet indésirable survenu en cours de soins ou de traitement dont le médecin n’est pas
responsable.
a. Un préjudice causé par une négligence est la résultante directe d’une absence de
conformité de la part du médecin avec les normes de soins permettant le traite-
ment de la pathologie en présence, voire un manque de compétences du médecin
dans le domaine de la prestation de soins au patient.
b. Un effet indésirable est un préjudice, survenant pendant le traitement médical,
qui ne résulte pas d’un manque de compétences ou de connaissances du médecin
traitant et pour lequel le médecin ne doit porter aucune responsabilité.
7. Le détermination du montant de l’indemnité des patients faisant l’objet d’une faute
médicale doit être différent selon qu’il s’agit d’une réclamation pour faute ou d’un effet
indésirable survenu en cours de soins et de traitement à moins qu’il y ait un système
autre tel qu’un système de non faute ou un système de résolution alternatif.
a. Concernant le cas d’un effet indésirable pour lequel le médecin n’est pas res-
ponsable, chaque pays doit décider de la nécessité de dédommager le patient
pour les préjudices subis et préciser, le cas échéant, la source du financement.
En fonction de ses conditions économiques, le pays décidera de la mise à dis-
position d’un fonds de solidarité permettant d’indemniser le patient sans aucune
charge pour le médecin.
b. Les lois régissant chacune des juridictions doivent prévoir les modalités per-
mettant de décider de la responsabilité dans les réclamations pour faute et de
déterminer le montant de l’indemnité due au patient dans le cas d’une négligence
éprouvée.
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Réforme sur la Responsabilité Médicale
S-2005-04-2015 ⏐ Oslo
8. Les Associations Médicales Nationales examineront attentivement une partie ou la
totalité des possibilités suivantes, dans un souci de traiter avec justesse et équité à la
fois les médecins et les patients:
a. Etablissement de programmes d’enseignement public sur les risques inhérents
aux derniers progrès concernant les modes de traitement et la chirurgie et les
programmes d’enseignement professionnel sur la nécessité d’obtenir le consente-
ment éclairé du patient sur ces traitements et chirurgie.
b. Mise en place de programmes de sensibilisation du public expliquant les pro-
blèmes de la médecine et de la prestation de soins de santé résultant d’une stricte
limitation de la maîtrise des coûts.
c. Amélioration du niveau et la qualité de l’enseignement médical pour tous les
médecins, y compris le développement de la pratique en formation clinique.
d. Développement et participation aux programmes permettant aux médecins
d’améliorer la qualité des soins et des traitements médicaux.
e. Elaboration des directives appropriées sur la formation de rattrapage pour les mé-
decins présentant des compétences ou des connaissances insuffisantes, y com-
pris des limitations d’exercice professionnel jusqu’au rattrapage du retard.
f. Information du public et le gouvernement du danger que les différentes formes
de médecine défensive peuvent présenter (la multiplication des actes médicaux
ou, au contraire, la non-intervention des médecins, la désaffection des jeunes
médecins pour certaines spécialités à risques ou l’hésitation des médecins ou des
hôpitaux à traiter les patients à haut risque).
g. Information du public sur les risques de préjudice encourus pendant un traite-
ment médical peuvent ne pas résulter d’une négligence de la part du médecin et
établissement de procédures simples pour permettre aux patients d’avoir des expli-
cations en cas d’accidents et d’être informés des mesures à prendre pour obtenir
compensation, si existante.
h. Préconisation d’une protection légale pour les médecins lorsque les patients sont
l’objet d’effets indésirables qui ne sont le produit d’aucune négligence et parti-
cipation aux décisions concernant le bien fondé de l’instaurant de compensations
à fournir aux patients blessés pendant un traitement médical sans aucune pré-
sence de négligence.
i. Participation à l’élaboration des lois et des procédures applicables aux réclama-
tions pour faute médicale.
j. Opposition active aux réclamations sans valeur ou peu sérieuses et aux fac-
turations fortuites des avocats.
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k. Exploration des nouvelles règles de procédure de résolution des conflits comme
l’arbitrage à l’amiable, plutôt que la procédure judiciaire, pour traiter les récla-
mations pour faute médicale.
l. Encouragement des médecins à souscrire à une assurance personnelle pour se
protéger des réclamations pour faute médicale, à la charge des praticiens eux-
mêmes ou de l’employeur, pour les médecins salariés.
m. Encouragement au développement de systèmes bénévoles, confidentiels et lé-
galement protégés permettant le signalement des effets indésirables ou des er-
reurs médicales, à des fins d’analyse et de recommandations sur la réduction des
effets indésirables et sur l’amélioration de la sécurité du patient et de la qualité
des soins.
n. Endiguer la criminalisation croissante ou la responsabilité pénale des actes médi-
caux par les tribunaux.
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