R-2011-01-2011_OVF

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Manuel des Politiques de l’AMM
World Medical Association  R-2010-02-2010
RESOLUTION DE L’AMM
SUR
L’ACCES A DES TRAITEMENTS ANTI-DOULEURS APPROPRIES
Adoptée par la 62e
Assemblée générale de l’AMM, Montevideo, Uruguay, Octobre 2011
PRÉAMBULE
Dans le monde, des dizaines de millions de personnes atteintes d’un cancer ou d’une autre
maladie éprouvent des douleurs modérées à intenses sans avoir accès à un traitement
approprié. Ces personnes souffrent beaucoup, souvent pendant des mois à la fin, et un grand
nombre finissent par mourir dans la souffrance. Ce n’est pas nécessaire et on peut presque
toujours l’éviter et le traiter. Les personnes ayant éventuellement des difficultés à exprimer
correctement leur douleur comme par ex. les enfants et les personnes intellectuellement
déficientes ou présentant des troubles de la conscience risquent tout particulièrement de ne
pas recevoir le traitement antidouleurs approprié.
Il est important de connaître les conséquences indirectes d’un traitement inadéquat de la
douleur, comme par exemple un impact économique négatif ainsi que des souffrances
personnelles liées directement à l’absence de traitement de la douleur.
La plupart des souffrances peuvent être stoppées ou soulagées avec des traitements peu
chers et relativement simples. Ces traitements peuvent améliorer considérablement la
qualité de vie des patients.
Il est reconnu que certaines douleurs sont particulièrement difficiles à traiter et demandent
la mise en œuvre de techniques complexes par exemple par des équipes
pluridisciplinaires Parfois, notamment en cas de sévères douleurs chroniques, les facteurs
psycho-émotion-nels sont même plus importants que les facteurs biologiques.
Le manque d’éducation des professionnels de santé en matière d’évaluation et de traitement
de la douleur et des autres symptômes ainsi que l’inutilité des restrictions gouvernementales
(dont l’accès aux médicaments opiacés) constituent les deux principales raisons de cette
absence de traitement.
PRINCIPES
Le droit d’avoir accès à traitement de la douleur pour toutes les personnes sans
discrimination, comme stipulé dans les normes et directives professionnelles et les lois
internationales, devrait être respecté et appliqué dans les faits.
Les médecins et les autres professionnels de santé ont le devoir éthique d’évaluer
correctement les douleurs subies par leurs patients et de leur proposer un traitement
approprié ce qui peut nécessiter la prescription de médicaments dont des analgésiques
Traitements Anti-Douleurs
R-2011-01-2011 Montevideo
opiacés, à des doses appropriées. Cela s’applique aussi aux enfants et aux autres personnes
qui ne sont éventuellement pas capables d’exprimer correctement les douleurs ressenties.
La formation sur la prise en charge de la douleur dont une formation clinique, des
conférences et des cas pratiques, devrait figurer obligatoirement dans tous les cursus des
médecins et des autres personnels de santé et dans leur formation continue. Une telle
formation devrait comporter des thérapies de la douleur basées sur la preuve à la fois
pharmacologiques et non pharmacologiques. La formation sur la thérapie antidouleur par
les opiacés devrait indiquer les bénéfices et les risques d’une telle thérapie. Il faudrait
souligner les problèmes de sécurité concernant la thérapie par les opiacés afin d’autoriser
le recours à des doses adéquates d’analgésiques tout en limitant les conséquences négatives
de la thérapie. De même la formation devrait inclure la détection de la douleur chez ceux
qui ne sont éventuellement pas en mesure de l’exprimer dont les enfants et les personnes
ayant des troubles cognitifs et mentalement handicapées.
Les gouvernements doivent veiller à ce que des médicaments contrôlés soient bien
disponibles, dont les opiacés, pour soulager la douleur et les souffrances. Les agences
gouvernementales de contrôle des médicaments devraient reconnaître les douleurs sévères
et/ou chroniques comme une grave et fréquente question de santé et bien jauger le besoin
de soulager la souffrance par rapport au potentiel d’usage illégal des médicaments
analgésiques. Dans le cadre du droit à la santé, les individus confrontés à la douleur ont le
droit à une prise en charge de la douleur appropriée, dont une médication efficace comme
celle basée sur la morphine. Ne pas traiter la douleur est une violation du droit à la santé et
éventuellement un acte médicalement non éthique.
De nombreux pays manquent des ressources nécessaires sur le plan économique, humain
et logistique pour fournir des traitements antidouleurs optimaux à leurs populations. Les
raisons amenant à ne pas soulager correctement la douleur doivent donc être totalement
clarifiées et rendues publiques avant de proférer des accusations quant à la violation du
droit à la santé.
Les politiques de contrôle des médicaments, nationales et internationales, devraient
prendre en compte la nécessité de mettre à disposition et d’assurer l’accès à des
médicaments contrôlés comme la morphine et les autres opiacés pour soulager la douleur
et les souffrances et agir pour éviter l’utilisation illicite de ces substances contrôlées. – Les
pays devraient revoir leurs politiques et réglementations sur le contrôle des médicaments
afin qu’elles ne contiennent pas des dispositions restreignant inutilement la mise à
disposition et l’accès à des médicaments contrôlés pour le traitement de la douleur. Là où
existent des politiques inutiles ou disproportionnées en matière de restrictions, il
conviendrait de les réviser afin d’assurer une bonne mise à disposition des médicaments
contrôlés.
Tous les gouvernements devraient fournir les ressources nécessaires pour concevoir et
instaurer un plan national de traitement de la douleur dont un mécanisme de suivi et une
procédure de dépôt de plaintes lorsque la douleur est mal traitée.